Étiquette : François Soudan

  • Qui finance les publications de Jeune Afrique ?

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    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Obtenue par Maroc Leaks, une facture prouve que le Makhzen a payé, pour la période 2010-2011, le montant de 700.000 euros au magazine de la Françafrique.
    En 2005, le Journal Hebdomadaire a enquêté sur les liens occultes existant entre le Makhzen et Jeune Afrique. Voici le texte intégral de leur enquête :

    Le Makhzen finance le Groupe Jeune Afrique
    Le Journal Hebdo, 04-10-2005

    Comment le régime « finance » le Groupe de Béchir Ben Yahmed pour soigner son image.

    Quelle est la vraie nature des liens que tisse le Maroc avec le Groupe Jeune Afrique ? Un coin du voile est désormais levé sur la face cachée des relations, entre le royaume et le groupe de presse Jeune Afrique.

    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Cet échéancier d’encaissement stipule que le Maroc doit s’acquitter de ce montant en trois tranches ou versements, étalés sur un an. Toutefois, les modes de règlement n’ont pas été précisés…

    Qu’a obtenu le Makhzen en contrepartie de ces 994.000 euros ? DIFCOM s’est-elle engagée à assurer la publication d’une série d’articles positifs sur le Maroc ? La constellation Jeune Afrique mettait-elle à la disposition du royaume son réseau « France-Afrique » ? Pourquoi payer autant d’argent à ce Groupe pour qu’il soigne l’image du Roi du Maroc ?.

    Les échéanciers de DIFCOM attestent qu’en 2002 et 2003, les présidents de pays comme la Mauritanie, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Togo, ou le Rwanda ont assuré au Groupe Jeune Afrique une manne de plusieurs millions d’euros.

    Pourquoi le Maroc recourrait-il à ce qui semble bien être des stratagèmes de républiques bananières pour soigner son image ? A noter que l’Algérie passe aussi à la caisse pour un montant quasi égal à celui versé par le Maroc (950.000 euros). Preuve, sans doute, des talents de négociateurs des dirigeants de Jeune Afrique qui savent tirer le maximum des rivalités régionales sur le continent africain.

    Les visites du « Grand blond »

    Les articles de JAI consacrés au royaume et au roi du Maroc, en 2003 par exemple, se passent de tout commentaire. Les visites de François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, au Maroc se suivent et se ressemblent. Elles sont régulières.

    Le « grand blond normand », comme l’appellent familièrement ses amis, est royalement accueilli. Logé dans les meilleurs palaces. François Soudan dispose, pendant tout son séjour au Maroc, d’une voiture et d’un chauffeur 24h/24. Ce traitement VIP dont bénéficie le Directeur de la rédaction de Jeune Afrique au royaume fait vraisemblablement partie de ce fameux « contrat de communication ». En tout cas, François Soudan multiplie les « missions spéciales » au Maroc. Il est reçu et briefé par tous les hommes forts du pouvoir comme Fouad Ali El Himma, Hamidou Laânigri, Meziane Belfkih et André Azoulay.

    Au Maroc et ailleurs, les accusations pointent constamment du doigt le Groupe Jeune Afrique. Un article du Canard Enchaîné, daté du 8 juin 1994 considère Jeune Afrique, comme le « spécialiste des dossiers de pub politique». Et enchaîne, à propos d’une commande encensant l’ex-dictateur du Togo : « A croire que cirer les pompes du général Eyadema, un peu massacreur sur les bords, ne gêne en rien les dirigeants de Jeune Afrique. Des récidivistes, d’ailleurs ».

    Pour développer et rentabiliser ses «marchés » sur le continent noir, Béchir Ben Yahmed profitait de son amitié avec un certain Jacques Foccart, le Monsieur Afrique de la France. Ce dernier, pour mener à bien sa diplomatie parallèle, mettait le patron de Jeune Afrique sur des sujets « porteurs ».

    Cette amitié avec l’homme qui joua un rôle de premier plan dans le maintien de la dépendance des pays africains en dit long sur l’action émancipatrice du groupe Jeune Afrique, véritable machine à sous ! Les sommes versées par le Maroc pour s’adjuger les faveurs éditoriales de Jeune Afrique est une pratique qui ne date pas seulement du nouveau règne. Hassan II a souvent eu du mal à gérer BBY.

    Une vieille histoire

    Tantôt, il profite de ses écrits panégyriques, tantôt, il subit ses foudres «éditoriales ». Cela dépend-il de la générosité du Palais royal ? Il y eut des hauts et des bas. Irrité par la méchanceté de BBY qui n’hésite pas à l’attaquer personnellement dans ses éditos, Hassan II décide d’interdire la diffusion de Jeune Afrique au Maroc pendant toute une décennie, entre 1965 et 1975.

    Mais, pendant toute cette période, Ben Yahmed profite du soutien inconditionnel de l’Algérie de Houari Boumediene. « Béchir a eu tout ce qu’il voulait d’Alger. Jeune Afrique était ouvertement pro-algérien et catégoriquement anti-marocain », explique un ancien journaliste rescapé de la boîte, qui coule sa retraite à Paris.

    « L’anti-marocanisme » de Jeune Afrique est alors essentiellement décliné par des enquêtes accusant l’implication des barbouzes du roi dans l’enlèvement de Medhi Ben Barka, et des articles soutenant les deux putschs avortés contre Hassan II, en 1971 et 1972.

    Des papiers qui portent la signature de Younes Berri, qui n’est autre que l’ancien opposant socialiste exilé à Paris, Hamid Barrada. Toutefois, grâce aux bons offices de Houphouët Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire, et un lobby pro-marocain mené par Serge Guetta, un financier parisien, ami de Ben Yahmed et André Azoulay, alors directeur commercial du groupe français Scoa, les relations entre Rabat et Jeune Afrique reprennent de plus belle.

    Profitant d’un incident avec l’Algérie, Ben Yahmed ferme, sans hésiter, son bureau à Alger en février 1975, tourne le dos à Houari Boumediene et entame une nouvelle page avec le Maroc. Désormais, BBY compte sur ses appuis dans l’entourage du Roi « C’était Mohamed Cherkaoui, alors ambassadeur du roi dans l’Hexagone et son beau-frère qui était l’émissaire de Hassan II auprès de Jeune Afrique », nous révèle cet ancien collaborateur de Jeune Afrique.

    A quelques mois de la Marche verte, Jeune Afrique lâche Alger et épouse, corps et âme, la thèse de Hassan II, conseillé par Ahmed Réda Guédira.

    L’hebdo va d’ailleurs jouer un grand rôle dans la médiatisation de sa version du dossier Sahara auprès d’une grande partie de l’Afrique francophone. A la manière d’un attaché de presse… Boumediene fulmine, il se sent trahi. Lui qui comptait beaucoup sur Ben Yahmed et son canard dans sa campagne de propagande en faveur de la RASD.

    Au sein même de la rédaction de la rue d’Auteuil, trois journalistes défendent, depuis quelques années déjà, la cause marocaine. Il s’agit de l’Algérien Hamza Kaidi, du Tunisien Abdelaziz Dahmani et du Marocain Mohamed Selhami. Ce trio dispose d’un bon carnet d’adresses au royaume. Leurs rapports avec les décideurs marocains sont plus qu’excellents. Ce qui arrange inévitablement les affaires de Ben Yahmed. Ce dernier accueille, les bras ouverts le général Ahmed Dlimi, un de ses contacts marocains les plus privilégiés, à chacun de ses passages à Paris.

    « Avec Dlimi, Ben Yahmed finissait toujours par avoir ce qu’il voulait du Maroc », nous explique-t-on. La lune de miel entre Rabat et Jeune Afrique ne va pas pour autant être affectée par la mort subite de l’ex-patron du CAB1. Et puis, en pleine guerre du Sahara, Hassan II a toujours besoin des « précieux services » du magazine des « présidents africains ».

    Driss Basri, ministre de l’Intérieur et de l’Information, l’a d’ailleurs très bien compris. Il répond favorablement à toutes les sollicitations et les démarches de François Soudan, désormais le journaliste attitré et l’émissaire officiel de Ben Yahmed au Maroc.

    Opération séduction à 1 million

    « Pendant plusieurs années, nous avons financièrement soutenu Jeune Afrique Et l’on n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire leurs doléances qui étaient récurrentes », reconnaît D.Basri.

    Ce dernier confie ainsi à Othmane Bouabid, son chef de Cabinet, la gestion du « dossier Jeune Afrique ». Le soutien financier auquel fait allusion l’ancien ministre de l’Intérieur se répartit globalement en éditions spéciales et autre manne publicitaire des annonceurs institutionnels publics marocains, voire même privés.

    Après son retrait spectaculaire de l’OUA, en 1984, Hassan II ne peut pas se permettre pour autant le luxe de la politique de la chaise vide. Il a compris que la bataille du Sahara se joue aussi dans les médias. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, en 1985, le Maroc commande à Jeune Afrique une édition spéciale de cent mille exemplaires consacrée au dossier du Sahara, en trois langues. Mais en raison d’un problème technique, la photo de Hassan II en couverture de cette édition a été déformée. Les Marocains ont demandé et obtenu son ramassage. Trois semaines plus tard, Béchir Ben Yahmed exige et finit tout de même par être payé malgré son édition ratée. L’opération aurait coûté la bagatelle de 1 million de francs français.

    Mais Hassan II en a ras-le-bol. La chute du mur de Berlin, le cessez-le-feu avec le Polisario en 1991 et le plan de référendum proposé par l’ONU, finissent par convaincre Hassan II de la caducité de son « partenariat » avec Jeune Afrique.

    « Nous avons alors décidé d’arrêter notre collaboration pour des considérations mutuelles, en 1993 » (sic !), dira D. Basri. Ce dernier avoue même avoir personnellement donné quelque temps après l’ordre d’interdire la distribution de Jeune Afrique au Maroc, et ce à maintes reprises.

    Malgré ce « divorce », Jeune Afrique a continué à souffler le chaud et le froid sur Hassan II, depuis sa maladie jusqu’à son décès, et même après ! Dans Jeune Afrique n°2012, du 30 juillet au 9 août 1999, qui contient un spécial sur la mort de Hassan II, Béchir Ben Yahmed fait d’une pierre deux coups. Il instruit un procès de Hassan II à titre posthume et envoie des messages codés à son successeur. Messages que son entourage aurait finir par recevoir cinq sur cinq !

    Le trône « Peopolisé »

    Cette évolution est intéressante car elle souligne une régression notable dans la gestion de l’image du nouveau règne. Déjà, Hassan II avait pu se passer des services d’une presse « commerciale » puisque les réformes entamées durant les dernières années de son règne se « vendaient toutes seules ».

    La presse économique internationale a, la première, souligné les réformes économiques du Royaume avec, notamment, un programme de privatisation et de réforme des marchés financiers qui a suscité les commentaires favorables des quotidiens d’affaires les plus crédibles.

    Le Financial Times consacre ainsi, dès 1994, un supplément, à la tonalité positive, sur l’économie marocaine. Avec l’alternance et la nomination d’Abderrahman Youssoufi à la tête du gouvernement, Hassan II réalise une formidable opération de marketing politique. La très anti-monarchiste «l’Huma » titre un de ces articles sur le royaume en avril 1999, c’est-à-dire 4 mois avant le décès de Hassan II : « Le printemps marocain ».

    L’avènement du règne de Mohammed VI est accueilli avec encore plus d’enthousiasme. Le Wall Street Journal se fend d’un article, à la limite du dithyrambe, pour saluer l’arrivée du nouveau roi.

    Time Magazine publie la première interview du successeur de Hassan II avec reportage photo à l’appui. Avec les premiers errements, et notamment les dérapages sécuritaires, l’image du régime s’étiole. Les architectes de la communication de la monarchie réagissent par la «peopolisation » de la famille royale avec l’octroi d’un accès privilégié aux reporters de Paris Match.

    L’autre réaction, nous le savons aujourd’hui, est le retour des bonnes vieilles méthodes avec ce cher Jeune Afrique. L’année 2003 est symptomatique de ce revirement. Pourquoi ? D’abord parce que c’est l’année, avec 2002, où l’existence d’un contrat de communication entre le Maroc et Difcom est prouvée.

    Mais aussi parce que 2003 est l’année où, depuis l’accession de Mohammed VI au trône, le pouvoir a le plus eu besoin de « communiquer » avec la communauté internationale et avec les Marocains. Flash-back. 2003 est sans conteste l’« annus horribilis » pour le Maroc. Tout d’abord avec les attentats de Casablanca le 16 mai qui traumatisent l’opinion et relancent le débat sur la place des islamistes en politique. Mais aussi avec l’encaissement d’un sérieux revers diplomatique lorsque Washington avalise le plan Baker II rejeté par un Maroc sommé de faire une contre-proposition.

    A cela s’ajoutent des éléments de politique intérieure déstabilisants pour le régime : le sempiternel débat sur la sacralité du roi dans une hypothétique réforme de la Constitution, des rumeurs portant sur des irrégularités lors du scrutin de septembre 2002, la montée du PJD et d’Al Adl wal Ihsane… Sans oublier un durcissement à l’encontre de la presse indépendante comme en témoigne l’affaire Ali Lmrabet.

    Dès lors, on devine les tentations du régime : rebondir sur les attentats de Casablanca pour positionner le roi au sein d’une nouvelle donne alors qu’il entre dans sa 4è année de règne et prête le flanc à un vrai premier bilan. Et, pourquoi pas, au passage, en profiter pour affaiblir les islamistes, grand défi à la monarchie pour les années à venir et cette presse dite « indépendante » qui stigmatise chaque faux pas ? Résultat : ballottée au rythme de l’actualité, l’image du royaume se ternit au point que de réelles avancées comme la réforme de la Moudawana ne suffisent plus à redorer son blason. D’où la tentation d’emprunter des chemins de traverse…

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  • Maroc: Les factures de Jeune Afrique payées par l’Intérieur

    Maroc: Les factures de Jeune Afrique payées par l’Intérieur

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    Dans ce courrier du directeur du cabinet de la DGED, Mourad El ghoul transmet « une facture envoyée par M. François Soudan, à remettre à Monsieur le Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, suite communication téléphonique avec Monseur le Directeur Général » (en alussion au patron des services de renseignement extérieur du Maroc, Yassine Mansouri).

    Selon cette facture, pour un « contrat de communication » de Jeune Afrique pour l’année 2010-2011 le Maroc paie 700.000 euros « exonérés de TVA ».

    Selon l’auteur François Xavier Verschave, le magazine Jeune Afrique existe pour maintenir la Françafrique, ce système de « connivences franco-africaines » au détriment des peuples africains sournoisement conçu pour faire éche au mouvement de décolonisation imposé à la France, après la 2ème Guerre Mondiale, par les grandes puissances de l’époque : Les Etats-Unis et l’ex-URSS.

    Hasard ou nécessité, un curieux phénomène veut que la mise sur pied de cette politique de confiscation de l’indépendance des pays africains coïncide étrangement avec la naissance du journal « Jeune Afrique », fondé le 17 Octobre 1960 à Paris par le Tunisien Béchir Ben Yahmed.

    De prime abord, l’appellation « Jeune Afrique », sous-entend ce sinistre paternalisle dont le colon français n’arrivera jamais à se défaire, voulant toujours faire croire que l’Afrique — vieille de plusieurs millénaires et berceau de l’Humanité et de la civilisation — n’a existé qu’avec sa venue. Lui qui n’a qu’une histoire d’à peine quelques siècles. Lui qui n’a commencé à exister qu’avec son contact avec l’Afrique.

    La création de ce canard néocolonialiste relève de tout, sauf du hasard. C’est encore Verschave qui lève le voile sur ce point : « Vous savez que le JOURNAL FRANCO-AFRICAIN JEUNE AFRIQUE est devenu le LÉGATAIRE UNIVERSEL des œuvres de JACQUES FOCCART! Dans ses MÉMOIRES, celui-ci explique que, depuis 1983, il mangeait tous les mois avec BÉCHIR BEN YAHMED, le patron de Jeune Afrique. Ce  »MARIAGE » est le plus ancien et le plus connu… » (sic)

    Que peut-on rajouter à cette CONFESSION NON ÉQUIVOQUE? Sinon rappeler que ce « mariage » entre le FAUCON FOCCART et le VAUTOUR BEN YAHMED, cette UNION INCESTUEUSE entre le PRÉDATEUR et le CHAROGNARD – l’un abattant la victime pour se sustenter de sa chair fraîche, l’autre se repaissant des miettes de sa charogne – remonte bien plus longtemps que ce que le premier affirme dans ses mémoires, c’est à dire, à l’origine même de la ’’FRANÇAFRIQUE’’, de 1958 à 1960.

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  • François Soudan, un spadassin médiatique du Makhzen, selon un journal algérien

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    Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, un spadassin médiatique du Makhzen !
    Par Nadji Azouz
    C’est de notoriété publique : le Makhzen dispose en France de lobbys efficaces et de relais médiatiques partagés entre sympathisants spontanés et agents d’influence intéressés à divers titres. Chose normale. Mais il existe parmi ces serviteurs des intérêts stratégiques du Maroc et de son image de marque dans l’Hexagone, des spadassins médiatiques dont fait partie François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
    Ce vice-président du groupe éponyme éditeur, a signé un récent éditorial anti-algérien, un de plus, s’érigeant en la circonstance en avocat de la diplomatie alaouite et en procureur de la diplomatie algérienne.
    Commentant la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, à l’initiative de l’Algérie, le célèbre laudateur médiatique des autocrates aux longs règnes en Afrique, présente le ministre des Affaires étrangères algérien comme un « pyromane ». « Ramtane Lamamra, pompier ou pyromane ? », s’interroge-t-il d’emblée, et sur un ton faussement détaché. 
    En effet, le titre interrogateur de son plaidoyer éditorial pour le Maroc est juste une clause de style pour mieux suggérer que M. Lamamra serait plutôt du genre incendiaire. Sous-entendu, un faucon belliqueux soucieux d’envenimer les relations bilatérales déjà au point mort. Et François Soudan de s’appliquer par la suite à « décrypter » le communiqué par lequel l’ancien Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine a annoncé, le 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.
    Dans un exercice de style combinant plaidoyer et réquisitoire, le courtier médiatique du Makhzen s’attarde, d’entrée de jeu, sur la phrase du communiqué qui dit qu’il est « historiquement et objectivement établi que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles, inamicales et malveillantes à l’encontre de notre pays et ce, depuis l’indépendance de l’Algérie. » 
    Il s’en empare pour mieux inverser les rôles, et souligner que le Maroc pourrait dire la même chose en affirmant que ce serait plutôt l’Algérie qui aurait œuvré délibérément à placer la relation bilatérale dans une nouvelle impasse diplomatique. Pour mieux illustrer l’idée de l’arroseur arrosé, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique revisite l’épisode de la Guerre des sables (1963) en en « retraçant le contexte ».
    Cette manière de réécrire l’Histoire est destinée à suggérer, sans ambages, que c’est l’Algérie qui aurait déclenché cette guerre, mue qu’elle aurait été par sa supposée volonté de ne pas céder au Maroc les territoires de Tindouf. Il évoque alors le soutien bien réel du roi Mohamed V aux indépendantistes algériens et son prétendu « refus, qui fut déterminant pour la suite, d’accéder au troc que lui proposaient les Français : la rétrocession de la wilaya de Tindouf (laquelle était rattachée à la province d’Agadir jusqu’en 1952) en échange de la liquidation des sanctuaires de l’ALN dans l’Oriental » marocain.
    Sur ce point du rattachement territorial de Tindouf au royaume, François Soudan ne semble même pas craindre le ridicule en prenant le risque d’être confronté à la simple réalité historique. Il feint d’ignorer que Tindouf, auparavant objet de rivalités violentes entre tribus des Réguibat et des Tadjakant, qui vivent à cheval dans les zones frontalières, a été définitivement occupée le 31 mai 1934, au nom de la France, par le colonel Trinquet, commandant de la place militaire de Ain Sefra (Algérie). Une fois occupée, Tindouf est d’abord rattachée à la « commune indigène » de Béni-Abbès (dans le Territoire de Aïn Safra), avant de devenir en 1935 le centre administratif de la « commune indigène » de la Saoura, puis quatorze ans plus tard, en vertu de l’arrêté préfectoral du 5 septembre 1949, le chef-lieu de l’annexe de Tindouf. Enfin, le 9 décembre 1956, est créée la Commune de Tindouf dont le conseil municipal est présidé par un fonctionnaire nommé par le Préfet de l’Oranie.
    Le 7 août 1957, le nouveau département de la Saoura est mis en place, dont Tindouf est l’un des nouveaux arrondissements. Tindouf qui fera partie intégrante de l’Algérie en 1962, du fait d’avoir été libérée grâce au sang des martyrs, et en vertu du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation définie dans la charte de l’OUA à sa création en mai 1963.
    La suite de l’éditorial est à l’avenant. François Soudan banalise notamment l’annonce par le représentant du Maroc à l’ONU du soutien actif au séparatisme en Kabylie. Et il le fait pour mieux mettre sur le même pied d’égalité l’appui clair, constant et connu depuis toujours de l’Algérie à la lutte du peuple sahraoui pour sa libre autodétermination. 
    Alors même que le Premier ministre marocain s’applique à dire que cette position de son diplomate aux Nations unies n’est pas celle, officielle, de l’Etat marocain, l’éditorialiste complaisant de Jeune Afrique s’ingénie pour sa part à mettre sur une balance équilibrée une question de décolonisation (reconnue comme telle par l’ONU) et une entreprise de division territoriale de l’Algérie. Il a même justifié cette même position comme étant une réaction logique à ce qu’il a considéré comme étant de la part de l’Algérie une réactivation de « la crise saharienne » via l’abcès de fixation de Guerguerat, point de passage économique stratégique pour le Maroc vers l’Afrique de l’Ouest.
    Le pistoléro médiatique du Makhzen refuse par ailleurs de voir en la nouvelle alliance stratégique entre le Maroc et Israël une des raisons essentielles à la base de la décision de rupture des relations diplomatiques avec le voisin de l’Ouest. Un voisin «enhardi par la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur l’ex-Sahara occidental et le rétablissement de ses relations avec Israël », comme il le reconnait lui-même. Un Maroc « enhardi » par le fait d’être désormais une base arrière franche et une tête de pont israéliennes contre l’Algérie. Une Algérie leader de la résistance à la normalisation dans le monde arabe, et d’autre part hostile à la présence d’Israël, à quelque titre que ce soit, au sein de l’Union africaine (UA).
    François Soudan veut se convaincre enfin que la décision de rupture des relations diplomatiques serait un acte de « diversion » de la part du pouvoir algérien « très critiqué en interne pour sa gestion déficiente des incendies de forêts qui ont ravagé une partie du pays et l’ont contraint à solliciter l’aide de l’ancien colonisateur ». N’échappant pas lui-même à la tentation de la diversion, le supplétif médiatique du Makhzen verse alors, et allègrement, dans l’indignité. Précisément, en établissant un lien indu entre l’achat ancien de l’Airbus médicalisé du président Abdelaziz Bouteflika et le nombre de Canadairs anti-feux que l’Algérie aurait pu acquérir avec le prix de cet appareil onéreux. Quant on est à court d’arguments convaincants, on choisit alors, hors contexte, hors temps et hors sujet, une rhétorique spécieuse !
    Le zèle déployé par François Soudan à cirer les babouches royales à coup d’arguments captieux et jésuitiques n’est guère étonnant.
    Pas si surprenant que ca de la part d’un pilier d’une entreprise de presse qui ne sépare pas toujours publireportages rétribués et reportages, et qui maîtrise, à la perfection et quand cela arrange ses intérêts financiers, le journalisme de connivence.
    Comme dans le cas de la République du Congo où son épouse, une parente du président Denis Sassou Nguesso et ex-attachée de presse à la présidence de la république, est ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo. Et en même temps, membre du politburo du Parti congolais du travail, le PCT au pouvoir. C’est aussi le cas du Burundi, de la Guinée Conakry, du Bénin et surtout du Maroc.
    En 2017, suite à la publication d’une Une du magazine qui a fortement déplu au Palais royal après les attentats terroristes de Barcelone et de Cambrils, perpétrés par des djihadistes marocains, François Soudan est discrètement allé à Rabat présenter ses plates excuses au cabinet du roi. Après la parution de cette Une illustrée par un drapeau marocain dans lequel on pouvait distinguer les visages des terroristes, avec la mention « born in Morocco », plusieurs contrats publicitaires avaient été annulés, dont ceux de l’OCP, la BMCE et Attijariwafa Bank. 200000 euros pour chaque contrat ! Il a alors supplié le cabinet de les rétablir et a obtenu gain de cause, selon des publications confidentielles françaises.

    Le Jeune Indépendant, 28/08/2021