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  • Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    EAU, Emirats Arabes Unis, Qatar, Frères Musulmans, Mohammed bin Zayed, Irak, Iran, Yémen, Libye,

    Résumé : la fin du blocus du Qatar l’année dernière a, en apparence, apaisé les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais si l’on regarde un peu plus en profondeur, l’animosité demeure.

    Nous remercions Matthew Hedges pour la newsletter d’aujourd’hui. Matthew est un universitaire qui se concentre sur les régimes autoritaires, et plus particulièrement sur les monarchies des États du Golfe. Contributeur régulier d’AD, il est l’auteur de Reinventing the Sheikhdom : Clan, Power and Patronage in Mohammed bin Zayed’s UAE, publié par Hurst en juin. Vous pouvez retrouver la conversation podcast de Matthew sur le livre ici.

    Alors que le blocus du CCG s’est officiellement relâché et que l’engagement diplomatique reprend, les Émirats arabes unis ont poursuivi leurs manœuvres. Le deuxième tour a commencé. Malgré l’ignorance sélective de l’Occident à l’égard des relations étrangères des EAU avec la Russie, les EAU ont beaucoup appris de la stratégie de « guerre hybride » de Moscou. Cette nouvelle phase n’a pas été initiée par le piratage de l’agence de presse qatarie (QNA) (utilisée par les Émiratis pour lancer avec les Saoudiens leur blocus du Quartet en 2017,) mais une reprise de l’animosité historique.

    Depuis l’ascension de Mohammed bin Zayed à la présidence des Émirats arabes unis en mai de cette année, il y a eu un processus de consolidation interne pour centraliser davantage le pouvoir au sein de la branche Bani Fatima de la famille et maintenir une approche unitaire de la politique étrangère (voir notre bulletin d’information du 6 juin.) Sous cette direction, l’hostilité à long terme des Émirats arabes unis envers les Frères musulmans reste un élément central de sa stratégie de politique étrangère dans la région MENA. C’est à ce stade que le Qatar est visé pour son soutien historique à l’organisation islamiste.

    Fin août, dans la ville nord-égyptienne d’El-Alamein, MbZ a dirigé une réunion de personnalités politiques de Bahreïn, d’Égypte et de Jordanie afin de discuter des questions de sécurité régionale et d’apporter un soutien financier et économique à l’Égypte et à l’Irak. Ces deux États, qui comptent parmi les acteurs les plus importants de la région sur le plan historique, se trouvent à la croisée des chemins et sont confrontés à d’importants problèmes économiques et politiques. Sous la direction du président Sisi, le Caire a poursuivi son approche de la gouvernance axée sur la sécurité, en limitant l’influence des islamistes, mais il a été durement touché par la hausse de l’inflation mondiale et l’augmentation des coûts alimentaires. Les EAU ont organisé un afflux de réserves de liquidités pour aider à stabiliser l’Égypte et à maintenir le régime de Sisi.

    Pendant ce temps, en Irak, l’instabilité politique récente découlant de la démission du puissant religieux chiite Muqtada al-Sadr a gelé les plans de renforcement d’une coalition irakienne qui cherche à s’affranchir de Téhéran. Alors que les EAU sont occupés à orchestrer leurs plans pour une région MENA réimaginée, ils s’opposent directement à Doha et Téhéran qui cherchent également à maintenir leur réseau d’influence populaire. Si les messages officiels ne ciblent pas directement le Qatar et l’Iran, les médias des EAU ont lancé une campagne visant à s’attaquer à ce qu’ils considèrent comme l’influence déstabilisatrice de leurs concurrents.

    De même, au Yémen, les Émirats arabes unis continuent de soutenir le Conseil de transition du Sud (CTS) et de proposer une option viable pour la fin des hostilités au Yémen, la sécession du Sud et la recréation du Yémen du Sud, ce qui frustre non seulement les acteurs régionaux mais aussi une partie importante de la population yéménite. Les médias des Émirats arabes unis ont directement mis en évidence et sécurisé la menace perçue de la version yéménite des Frères musulmans, al-Islah. Depuis la formation du Conseil présidentiel (PLC) en avril, l’accent a été mis à nouveau sur l’élimination d’Al-Islah, ce qui non seulement porterait atteinte à l’Arabie saoudite, qui possède un réseau d’influence important par le biais de l’organisation, mais réduirait également la capacité de Doha à obtenir un soutien au Yémen. Si les liens entre Al-Islah et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP) ont été soutenus par le passé, le média émirati Al-Ain s’est récemment concentré sur le soutien tacite et la coopération entre Al-Islah, AQAP et les Houthis.

    Cette démarche vise à maintenir la position des Émirats arabes unis selon laquelle le Qatar coopère avec Téhéran et les extrémistes violents pour compromettre la sécurité dans la péninsule arabique et dans l’ensemble de la région MENA. Al-Ain a directement diffusé ce point de vue et a été contré par Al-Jazeera, basée à Doha, qui a mis en lumière l’opération menée par le STC et les forces des brigades Giants pour cibler et évincer Al-Islah du Yémen du Sud. Non seulement cette opération accroît les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais elle entraîne également Mascate dans la discussion, car Oman représente la principale route de contrebande entre l’Iran et le Yémen et accueille la délégation houthie, considérée comme le principal instigateur de la guerre qui dure depuis plus de sept ans.

    Il est intéressant de noter que si l’Iran est depuis longtemps le croque-mitaine des Émirats arabes unis, Abu Dhabi n’a pas propagé d’attaques contre la politique étrangère de Téhéran en raison de l’élargissement des possibilités de relations commerciales. Au contraire, la majeure partie de sa propagande s’est concentrée sur le Qatar et ses ambitions dans la région.

    Plus loin, en Afrique du Nord, les EAU restent discrètement engagés dans leur soutien au général Haftar. La récente flambée de violence à Tripoli doit être considérée comme un élément de la contestation plus large entre les EAU et le Qatar, les deux États soutenant des camps opposés. Haftar n’a pas réussi à prendre le pouvoir à Tripoli, mais reste une force dominante dans la majeure partie du reste du pays. S’il est peu probable qu’Abou Dhabi réengage des moyens militaires en Libye, il ne faut pas oublier la confluence des intérêts entre Abou Dhabi, Le Caire et Moscou en Afrique du Nord. Les Émirats arabes unis sont également liés à la Tunisie voisine, où les prochaines élections parlementaires feront l’objet d’un examen minutieux de la part de la communauté internationale. Les diplomates émiratis se concentrent sur l’ »ingérence » des Frères musulmans et soutiennent le maintien du président Kais Saied au pouvoir. Il est probable que les opérations d’information d’Abu Dhabi et du Qatar se multiplient, ce qui renforcera encore la tension entre les deux États.

    De même, Abu Dhabi a maintenu son soutien à la gouvernance militaire au Soudan, qui est au bord d’une nouvelle guerre civile. Le vice-président Mohamed Hamdan Dagalo, « Hemeti », reste l’option préférée d’Abu Dhabi, le président Abdel Fattah al-Burhan étant de plus en plus considéré comme un obstacle à la tentative des EAU d’imposer leur influence en Afrique de l’Est. Il est important de noter que la perception négative d’Abou Dhabi à l’égard de Burhan a été finalisée après qu’il ait libéré un groupe de personnalités des Frères musulmans de leur prison à Khartoum. Le Soudan conserve une société civile saine, où les Frères musulmans occupent une place importante dans la société.

    L’organisation est active dans tous les secteurs, mais elle reste déterminée à forcer ses membres à se retirer de la vie politique. Si, par le passé, le Qatar a entretenu des liens étroits avec Khartoum et l’Iran, il n’y a pas eu récemment le même degré d’attention. Néanmoins, si l’influence des Émirats arabes unis venait à diminuer, il est probable qu’Abu Dhabi mettrait en avant les interférences de Doha et de Téhéran. Cela refléterait ses campagnes médiatiques contre ses adversaires au Yémen, en Libye et en Égypte.

    Bien qu’Abu Dhabi n’ait pas été ouvertement critique et hostile envers Doha, la propagation subtile de son message n’est pas passée inaperçue. Son évolution stratégique a tiré les leçons de la Russie, avec une vision à long terme visant à maintenir l’opposition à l’égard du Qatar et de sa politique étrangère, sans pour autant l’élever au rang d’engagement malveillant direct. Cette stratégie va probablement s’intensifier, en mettant l’accent sur les messages locaux. Alors que le monde entier se concentre sur la guerre en Ukraine et les tensions à Taïwan, les tensions entre les Émirats arabes unis et le Qatar vont continuer à s’intensifier dans le cadre d’une guerre de l’information.

    Les membres peuvent laisser des commentaires sur cette lettre d’information sur la page Lettre d’information du jour du site web de l’Arab Digest.

    Source: Arab Digest, 12/09/2022

    #EAU #Emirats #Qatar #Frères_musulmans #Libye #Tunisie #Irak #Iran

  • l’Imam Iquioussen, ou la fuite dans les idées

    l’Imam Iquioussen, ou la fuite dans les idées

    Hassan Iquioussen, France, Maroc, expulsion, Frères Musulmans, Islam, séparatisme,

    Dans une ordonnance du 30 août 2022, le juge des référés du Conseil d’État, pour une fois réuni en formation collégiale, annule la décision du juge des référés du tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu l’expulsion de l’imam Iquioussen. L’affaire fait beaucoup de bruit, en raison de la personnalité très controversée d’un imam qui n’hésite pas à tenir des propos violemment discriminatoires et qui est actuellement en fuite. La médiatisation est d’ailleurs accrue par le ministre de l’Intérieur lui-même, enclin à une communication souvent un peu intempestive.

    Sur le plan juridique toutefois, la décision du 30 août 2022 n’est guère surprenante. Il est vrai que le Conseil d’État annule l’ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris, mais ce dernier est coutumier des « jurisprudences de combat », celles destinées à témoigner d’affirmer le droit tel qu’il devrait être, en sachant parfaitement que le Conseil d’État va ensuite énoncer le droit tel qu’il est.

    En matière d’expulsion, le droit est d’ailleurs relativement souple, car la situation de l’étranger est appréciée dans sa globalité. La décision d’expulsion est prise au regard à la fois de l’effectivité de la menace pour l’ordre public que représente la présence de l’étranger sur le territoire et des conséquences sur sa vie familiale qu’entraine la mesure d’éloignement. Ces différents critères s’articulent de manière relativement variable, sous le contrôle du juge administratif, qui, lui aussi, adopte une jurisprudence impressionniste.

    Le droit de mener une vie familiale normale

    Le tribunal administratif de Paris, dans son ordonnance suspendant l’expulsion de l’imam, s’est essentiellement appuyé sur l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qui garantit le droit de mener une vie familiale normale. Il est exact que, dans une jurisprudence ancienne Moustaquim c. Belgique du 18 février 1991, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) considérait déjà que l’expulsion d’une personne dont les attaches familiales et culturelles sont exclusivement dans le pays d’accueil portait une atteinte excessive à sa vie familiale. Le Conseil d’État avait immédiatement appliqué cette jurisprudence dans un arrêt Belgacem du 19 avril 1991, sanctionnant l’expulsion d’un Algérien immigré « de la seconde génération », qui n’avait aucun lien avec son pays d’origine.

    Pour le tribunal administratif de Paris, l’imam Iquioussen était dans une situation identique. Né à Denain en 1964, de nationalité marocaine, il bénéficiait d’une carte de résident depuis 1982, titre de séjour constamment renouvelé jusqu’à sa dernière date d’expiration, en juin 2022. Pour le tribunal administratif, les liens de l’intéressé avec son pays d’origine étaient fort ténus, se limitant finalement au fait qu’il avait toujours refusé de prendre la nationalité française.

    Mais ce n’est pas si simple, car la jurisprudence européenne a beaucoup évolué depuis la jurisprudence Moustaquim. Dans l’affaire Levakovic c. Danemark du 23 octobre 2018, la CEDH ne voit pas d’atteinte à la vie privée dans le cas d’un immigré condamné pour des infractions graves à l’âge adulte, qui n’avait ni enfants ni famille à charge, et qui avait constamment démontré son refus de se soumettre à la loi.

    D’une manière générale, la Cour laisse une large marge d’appréciation aux États, dès lors que les juges internes ont examiné les faits avec soin, en toute indépendance et impartialité. Dans ce cas, la Cour se borne à s’assurer qu’il n’y a pas de « raisons sérieuses » de déroger à ce principe, les juges internes étant parvenus à des conclusions « ni arbitraires, ni déraisonnables », formule employée dans l’arrêt Kemal Hamesevic c. Danemark du 16 mai 2017.

    Le juge des référés du Conseil d’État applique donc cette jurisprudence récente. Il observe que l’intéressé n’a jamais demandé la nationalité française et qu’il n’a plus la charge de ses cinq enfants, tous majeurs. Quant à son épouse, elle est également de nationalité marocaine, ce qui signifie qu’il pourrait mener une vie familiale normale dans le pays dont il est le ressortissant.

    L’ordre public

    La décision d’expulsion de l’imam a pour fondement l’article L 631-3 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Il interdit certes l’expulsion des étrangers résidant en France depuis l’âge de treize ans, ce qui est le cas de l’imam, mais il pose une exception « en cas de comportements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes ».

    Contrairement à ce qu’affirment les défendeurs de l’imam, l’absence de condamnation pénale est sans influence sur une décision d’expulsion fondée sur l’article L 631-3. Le Conseil d’État, dans un arrêt du 4 octobre 2004 ministre de l’Intérieur c. Bouziane, admet ainsi l’expulsion de l’imam de Vénissieux, en l’absence de toute condamnation, en raison de son appartenance à la mouvance salafiste, avérée par des notes des services de renseignement.

    Le juge des référés du tribunal administratif de Paris avait estimé, un peu hâtivement, que l’imam Iquioussen avait certes tenu des propos antisémites, mais c’était en 2004, et d’ailleurs il s’en était excusé. Celui du Conseil d’État pousse un peu plus loin l’étude du dossier. Il constate que l’imam s’est en effet excusé, à la suite d’un scandale provoqué par l’un de ses discours en 2004. Mais il résulte de l’instruction que d’autres propos antisémites ont ensuite été tenus dans des interventions toujours disponibles sur internet. L’imam n’a d’ailleurs jamais fait aucune démarche pour obtenir le retrait de ces vidéos.

    La discrimination à l’égard des femmes

    Le plus intéressant dans la décision est sans doute la référence claire à la discrimination envers les femmes, considérée comme entrant dans le champ de l’article L 631-3 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. La provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes peut donc s’appliquer aux femmes.

    Le juge des référés du Conseil d’État fait observer que l’imam a toujours théorisé « la soumission de la femme à l’homme », refusant notamment que les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Il y a donc une atteinte délibérée au principe d’égalité, et l’imam a mis en ligne de nombreuses interventions en ce sens, les dernières datant de 2021.

    On ne peut que se réjouir que le juge des référés du Conseil d’État intègre ainsi l’atteinte aux droits des femmes parmi les motifs justifiant une expulsion pour des motifs d’ordre public. De toute évidence, cette intégration des droits des femmes dans l’ordre public est porteuse d’intéressantes potentialités en matière jurisprudentielle. On peut aussi regretter, évidemment, de voir la Ligue des droits de l’homme soutenir le recours de l’imam et admettre donc, au moins implicitement, que la soumission des femmes constitue une idéologie acceptable.

    En tout cas, les soutiens de l’imam vont devoir réviser quelque peu leurs éléments de langage. Ce bon père de famille, jamais condamné et parfaitement respectueux des lois, est aujourd’hui en fuite. Or, aux termes de l’article L 849-9 de ce même code sur l’entrée et le séjour des étrangers : « Est puni de trois ans d’emprisonnement le fait, pour un étranger, de se soustraire ou de tenter de se soustraire à l’exécution d’une (…) décision d’expulsion ». Il faudra attendre qu’on le rattrape pour savoir s’il sera poursuivi sur ce fondement, ou immédiatement expulsé.

    Sur l’expulsion des étrangers : Chapitre 5, section 2, § 2, B du manuel de libertés publiques sur internet

    Source

    #Iquioussen #Maroc #Imam #Islam #Frères_musulmans #Expulsion

  • Seïf el-Islam Kadhafi, la clé de la solution en Libye?

    Seïf el-Islam Kadhafi, l’option au règlement de la crise libyenne?

    Par Mahmoud Benmostefa

    Et si Seïf el-Islam revenait au pouvoir en Libye ? La question peut paraitre farfelue tant les événements qu’a connu ce pays depuis février 2011 ont été d’une violence extrême avec une traque systématique du clan de l’ancien Guide de la Révolution libyenne, Mouammar Kadhafi lui-même exécuté dans des conditions inhumaines.
    Dix ans plus tard, les Libyens, las des guerres par procuration dont ils sont victimes, n’excluent pas un retour de celui qui fut le dauphin de son père pour diriger la Libye post-Kadhafi. Le rejet des milices et le discrédit de la confrérie des Frères Musulmans participent justement à faciliter le retour de Seïf el-Islam aux affaires.

    Dans une Libye meurtrie par dix ans de guerre civile et de guerre par procuration, toute perspective de retour à un pouvoir fort et charismatique est considérée comme une lueur d’espoir. L’instabilité chronique qui a succédée à un pouvoir fort et très centralisé, celui du clan Kadhafi, a laissé les Libyens perplexes. A choisir entre une «démocratie» instable et fragile et un pouvoir même autoritaire mais garantissant la stabilité, le second choix est vite plébiscité. C’est ce qui se dit du côté de Tripoli, où les milices des Frères Musulmans n’ont plus le vent en poupe.

    Après des années de chaos, les arrangements inter-libyens et surtout par puissances interposées sont arrivés à une conclusion : remettre en selle une personnalité consensuelle pour briguer le poste de président lors des présidentielles du 24 décembre prochain. Et la personnalité la plus en vue actuellement n’est autre que le fils du défunt Guide de la Jamahirya. Seïf el-Islam Kadhafi avance désormais vers un nouveau destin national avec l’assentiment des tribus libyennes, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de la Russie.

    Le cousin de son père, Ahmed Kadhaf Eddam, établi au Caire dispose de fonds considérables non seulement pour financer une éventuelle campagne électorale, mais surtout pour redorer le blason de son parent à travers une campagne médiatique sur les chaines de télévisions égyptiennes et celles établies à Dubaï.

    Toujours présents dans les joutes politiques du pays, les kadhafistes pèsent dans les alliances locales en vue de doter la Libye d’institutions de transition. C’était le cas de Omar Abou Cherida, un des dirigeants loyaux à Seif el-Islam Kadhafi, s’est porté candidat aux élections du Conseil présidentiel, représentant la région du Fezzan.
    C’est d’ailleurs le même Abou Cherida qui a fait, le 15 janvier dernier, le déplacement de Moscou avec Meftah el-Werfelli afin de rencontrer l’émissaire spécial du président russe pour la région du Moyen-Orient et en Afrique, Mickaël Bogdanov. Juste avant, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine avait mis l’accent sur la nécessité d’associer les sympathisants de Mouammar Kadhafi au Dialogue national inter-libyen.

    La désescalade pour juguler la crise

    La Russie qui tente de se repositionner dans la région après l’erreur stratégique de février 2011, où le président Dimitri Medvedev avait donné son accord pour appliquer la no fly zone, prétexte pour bombarder la Libye, entend garder intactes toutes ses chances pour peser sur la future équation politico-militaire mais aussi économique et énergétique.

    Le retrait des troupes étrangères et notamment les combattants étrangers a été une condition sine qua non posée par l’Onu pour faire avancer les négociations politiques. En décembre dernier, l’Onu estimait à quelque 20.000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye: des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens et des Soudanais pour le compte de Haftar, les jihadistes de Syrie, emmenés par la Turquie, aux cotés des milices des Frères Musulmans.

    Le rejet quasi-total des partis et des parties proches des Frères Musulmans a conduit leurs sponsors turc et qatari à revoir leurs desseins géopolitiques. Il ne servait à rien de vouloir maintenir le peuple sous le joug de la violence, d’où les séries de rapprochements entre Ankara et Le Caire, et entre Doha et Le Caire. La désescalade en Libye était parmi les points les plus discutés pour juguler la crise.

    Sur le terrain maintenant, certains parient sur le fait que le Courant «La Libye de l’Avenir» que conduit Abdelhamid Dbaibah, le chef de gouvernement désigné, n’est que le prolongement du projet «La Libye de demain» lancé par Seif el-Islam en 2006. A l’époque, Dbaibah était l’un des points cardinaux de ce plan de réforme du régime de l’Intérieur et qui visait à développer le pays.
    Ayant occupé plusieurs postes, dont celui de Directeur général de la Compagnie d’Investissement national intérieur et de président du Conseil d’administration d’une holding qui compte 15 entreprises internationales dans le domaine du développement ainsi que celui de président du Conseil d’administration de la Compagnie libyenne pour le développement et l’investissement, Abdelhamid Dbaibah est considéré comme faisant partie du premier cercle proche de Seif el-Islam.

    Le Chef du gouvernement désigné et bien qu’il ait annoncé sa dissension prématurée du Régime de Kadhafi, il n’en demeure pas moins qu’il reste un homme pragmatique qui favorise la réconciliation. Il n’est pas, d’ailleurs, exclu qu’il ait obtenu l’appui de parties considérées comme proches de l’ancien Régime, lors de l’ultime et décisif round du vote, qu’il a remporté avec Mohamed al-Manfi, contre la liste de Aguila Salah, Oussama Jouili et Fathi Bachagha. Sur la base de cela, il est attendu que les sympathisants de Seif el-Islam Kadhafi multiplient leurs activités au cours de la phase transitoire, dans le cadre du mouvement «Rachahnak» (Nous t’avons désigné candidat).

    Une série d’obstacles

    Condamné à mort par un tribunal de Zenten, au nord-ouest de la Libye avant d’être remis en liberté, il y a dix ans, le plus politique des enfants du Guide assassiné n’a pas été vu en public. La dernière fois, lors de la chute de son père, en 2011 suivie de son arrestation par la milice Katibat Abou Bakr al-Seddik ou encore, par vidéoconférence, en juin 2014, durant son procès, dénoncé comme expéditif par l’ONU et des ONG.

    Condamné à mort en 2015, il a été libéré en 2017 par la même milice qui l’avait arrêté, au nom d’une loi d’amnistie promulguée en 2015 par le Parlement établi dans l’est du pays.
    Néanmoins, une série de d’obstacles d’ordre juridique empêche la candidature de Kadhafi fils à la Présidentielle du 24 décembre prochain. Seif el-Islam a été, en effet, condamné à mort par contumace, par un tribunal de Tripoli, mais ses sympathisants espèrent qu’il bénéficiera d’une amnistie générale dans le cadre d’une Réconciliation nationale.

    De plus, la Cour Pénale Internationale (CPI) réclame son extradition, étant accusé de crimes contre l’Humanité. A la fin de l’année 2019, la CPI a affirmé qu’il est encore dans la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli), bien que le régiment de «Abou Bakr al-Seddik», qui le séquestrait depuis 2011, avait annoncé sa libération en juin 2017.
    Depuis cette date, Seif el-Islam n’a pas été aperçu en public, à telle enseigne que le journal «Al-Ounwan» (Le Titre, proche de Haftar) avait rapporté qu’il était décédé après avoir été atteint de la tuberculose dans son lieu de détention, quelques jours avant l’annonce de sa libération.

    Par ailleurs, Berlin va accueillir le mercredi 23 juin la deuxième conférence sur la paix en Libye sous l’égide de l’Onu et avec, pour la première fois, la participation du gouvernement de transition libyen. «Nous voulons soutenir le gouvernement libyen pour que les élections prévues le 24 décembre puissent avoir lieu», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, précisant que la rencontre se ferait au niveau des ministres des Affaires étrangères.
    Les participants feront notamment le point sur la transition politique en Libye depuis la précédente conférence tenue le 19 janvier 2020 et «les prochaines étapes nécessaires en vue d’une stabilisation durable», a précisé le ministère allemand dans un communiqué. «L’accent sera mis sur les préparatifs en vue des élections prévues le 24 décembre et le retrait prévu selon les termes du cessez-le-feu des troupes étrangères et des mercenaires de Libye», a poursuivi le ministère.

    Seïf el-Islam Kadhafi a-t-il ses chances pour revenir sur le devant de la scène politique dans son pays. Tous les indices concourent à une réponse positive. Reste quelques réglages politique avant une probable annonce de sa candidature. Ce qui fut jadis impossible ne l’est plus désormais ; un Kadhafi pourra succéder à un autre.

    Le Jeune Indépendant, 20 juin 2021

    Etiquettes : Libye, Seïf El Islam Kadhafi, frères musulmans, tribus libyennes, Egypte, Emirats arabes unis, Russie,

  • La stratégie de l’Algérie face aux groupes terroristes

    La stratégie de l’Algérie face aux groupes terroristes

    La stratégie de l’Algérie face aux groupes terroristes … Mesures préventives pour la confrontation … Démantèlement des mouvements extrémistes dans le pays et à l’étranger … et mise sur liste noire des organisations

    La stratégie de l’Algérie face aux groupes terroristes … Mesures préventives pour la confrontation … Démantèlement des mouvements extrémistes dans le pays et à l’étranger … et mise sur liste noire des organisations

    L’Algérie s’est occupée des groupes terroristes au cours des derniers mois selon une stratégie par laquelle elle surveille les mesures prises par ces groupes terroristes qui cherchent à mettre en œuvre leur embargo visant à déstabiliser la sécurité et la stabilité du pays. L’organisation internationale des Frères musulmans a reçu une nouvelle coup dur en Algérie, les autorités algériennes annonçant officiellement l’inclusion du mouvement des Frères musulmans « Rashad » et le « MAC » séparatiste est sur les listes des terroristes. Ceci est intervenu après une réunion du Conseil suprême de sécurité présidé par le président Abdel Majid Tebboune, en présence de le commandant d’état-major de l’armée, les chefs des services de sécurité intérieure et extérieure et les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur et de la justice.

    La décision des autorités algériennes est intervenue après avoir étudié « les actes d’hostilité et d’incitation commis par les mouvements dits » Rashad « et » MAC « , qui visent à déstabiliser le pays et à compromettre sa sécurité ».

    Les autorités algériennes de sécurité et de justice ont déclaré qu’elles avaient «préparé un dossier lourd sur les membres de la Fraternité, qui contenait des preuves irréfutables de l’implication de ses membres dans le soutien et le financement d’actes terroristes en Algérie et dans d’autres pays et la formation d’un groupe terroriste à l’étranger».

    Mounir Adeeb, chercheur sur les mouvements extrémistes et le terrorisme international, a déclaré que placer le mouvement des Frères musulmans « Rashad » sur les listes terroristes en Algérie fait partie d’une tendance arabe à affronter les groupes islamistes politiques et les organisations de violence et d’extrémisme, ajoutant que l’Égypte est à la tête de la Région arabe pour confronter toutes les organisations extrémistes avec des extensions Droit international impliqué dans l’utilisation ou l’incitation à la violence.

    Adeeb a souligné que l’Algérie a souffert du terrorisme pendant plus de 10 ans dans ce que l’on appelle la décennie noire depuis 1992 et après, en raison de l’expansion des organisations extrémistes, au premier rang desquelles se trouvaient le Front du Salut et le mouvement des Frères musulmans, et après cette période, l’Etat a réussi à étendre son contrôle et son autorité et à démanteler ces organisations au niveau de la structure de l’organisation et au niveau des idées.

    Sur l’importance de cette étape malgré l’existence de ce mouvement depuis 14 ans, Adeeb a déclaré que l’Algérie est l’un des pays les plus importants qui porte une vision stratégique face aux organisations extrémistes, et a donc choisi le moment opportun pour la mettre en œuvre. les listes terroristes, mais cette étape a été précédée par le démantèlement du mouvement à l’intérieur de l’Algérie, d’autant plus qu’elle a grandi hors d’Algérie, et a aussi démonté ses idées, et ici, placer le mouvement sur des listes terroristes a été bénéfique pour l’éliminer complètement.

    Le chercheur dans les affaires des mouvements extrémistes et du terrorisme international a confirmé que ce mouvement est l’héritier légitime du Front du Salut et recevait un soutien et un soutien pour le mouvement des Frères musulmans à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie, et qu’il était donc confronté à la nécessité d’affronter tous les incubateurs qui initialement l’a soutenu et en a coupé les lignes de ravitaillement, d’autant plus que les services de renseignement algériens ont réussi à capturer des réunions qui ont eu lieu à l’étranger avec les services de renseignement de pays étrangers qui soutenaient l’orientation armée du mouvement dans son pays.

    Actuexpress.net, 2021-05-22

    Etiquettes : Algérie, MAK, Rachad, frères musulmans, terrorisme,

  • La Turquie dit qu’elle s’oppose toujours à ce que l’Égypte qualifie de «  terroristes  » les Frères musulmans

    ANKARA (Reuters) – La Turquie reste opposée à ce que les Frères musulmans soient déclarés « terroristes » par l’Egypte malgré une récente tentative de réparer les liens tendus entre les deux pays, a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

    Il a déclaré que la Turquie considérait les Frères musulmans comme un mouvement politique.

    Le mois dernier, la Turquie a déclaré qu’elle avait repris ses contacts diplomatiques avec l’Égypte, huit ans après que les liens se sont effondrés après le renversement par l’armée égyptienne d’un président des Frères musulmans près d’Ankara en 2013.

    Interrogé sur les liens de la Turquie avec les Frères musulmans dans une interview avec le radiodiffuseur Haberturk, Cavusoglu a déclaré que les relations internationales de la Turquie n’étaient pas fondées sur des partis ou des individus, et que le problème d’Ankara avec le Caire découlait de ce qu’il considère comme un « coup d’État ».

    «Nous étions contre le coup d’État en Égypte, pas parce que c’était les Frères musulmans. Si (le président égyptien Abdel Fattah al) Sissi était en fonction ce jour-là et que quelqu’un d’autre avait effectué un coup d’État, nous aurions montré la même position de principe», a déclaré Cavusoglu mentionné.

    « Nos liens ne sont pas liés à une personne ou à un parti. Mais, nous nous opposons à ce que les Frères musulmans soient déclarés organisation terroriste. C’est un mouvement politique qui tente d’accéder au pouvoir par des élections », a-t-il déclaré.

    Un dégel des liens entre les puissances régionales pourrait avoir des répercussions sur le pourtour méditerranéen. Ils ont soutenu des camps rivaux dans la guerre en Libye et ont scellé des accords maritimes conflictuels avec d’autres États côtiers. Mais la Turquie a déclaré qu’une nouvelle période dans les relations Turquie-Egypte avait commencé et Cavusoglu a déclaré jeudi qu’Ankara ne voyait pas « la Libye comme une zone de compétition » avec l’Egypte.

    Dans le premier signe concret d’un dégel, Ankara a demandé le mois dernier aux chaînes de télévision d’opposition égyptiennes opérant en Turquie de modérer leurs critiques à l’égard de l’Égypte. Cavusoglu a déclaré jeudi que la Turquie avait également fait une demande similaire à d’autres chaînes étrangères de ce type, et qu’elle n’était pas spécifique à l’Égypte.

    La semaine dernière, Cavusoglu a déclaré que la Turquie enverrait une délégation en Égypte début mai à l’invitation du Caire, et qu’il rencontrerait son homologue égyptien Sameh Shoukry plus tard.

    Swissinfo, 20 avr 2021

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