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  • Espionnage du téléphone de Sanchez: Une étrange coïncidence

    Espionnage du téléphone de Sanchez: Une étrange coïncidence

    Espionnage du téléphone de Sanchez: Une étrange coïncidence – Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Emmanuel Macron, Pegasus,

    Selon les informations officielles, le téléphone portable du président Pedro Sanchez a été espionné en mai 2021, une date qui ne peut être hasardeuse puisqu’elle comporte toute une série d’événements d’une gravité extrême.

    Premièrement, c’est au mois de mai 2021 que l’Elysée a annoncé que le portable du président français Emmnauel Macron a été espionné. Selon l’équipe « Project Pegasus », le Maroc se trouve derrière l’opération. Depuis lors, les relations entre Paris et Rabat sont au froid même si l’on tente de sauver les apparences.

    Deuxièmement. Le 17 mai 2021, le Maroc a ouvert les vannes de l’émigration laissant plus de 10.000 personnes entrer illégalement à la nage au conclave espagnol de Ceuta laissant lieu à une grave crise diplomatique avec Madrid. Une décision motivée par la présence du président sahraoui Brahim Ghali dans un hôpital espagnol pour se soigner du coronavirus. Est-ce de la sorte que les autorités marocaines ont appris que Ghali se trouvait à Logroño? Très probable.

    La question pertinente est : Qui pourrait donc être à l’origine de l’espionnage de Sánchez et Robles ? A qui profite le crime?

    En outre, les rapports de l’époque indiquaient également que d’autres dirigeants mondiaux importants avaient été espionnés depuis le Maroc ces dernières années, comme Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que Charles Michel, président du Conseil européen, lorsqu’il était Premier ministre belge.

    Manolo Martín, Malaga (Espagne)

    #Espagne #PedroSanchez #Pegasus #Maroc #SaharaOccidental #BrahimGhali #Ceuta

  • L’ennemi commun

    L’ennemi commun

    L’ennemi commun – Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, UE,

    Malgré les nombreuses vulnérabilités dont le royaume marocain, certainement plus pourri que celui du Danemark, souffre, dans plusieurs domaines :

    – Le Maroc occupe militairement le Sahara Occidental, depuis 1974 ;

    – Il est, de loin, le premier producteur de haschich au monde ;

    – Il pratique un odieux chantage à l’émigration clandestine, avec ses voisins de l’UE et l’Algérie, pour leur arracher des concessions économiques et financières ou les déstabiliser ;

    – 70% de sa population sont berbères ;

    – 70% d’entre-elle sont de tendance islamiste ;

    – L’économie marocaine est fortement dépendante du tourisme et notamment du tourisme sexuel et des investissements étrangers ;

    – Une population majoritairement pauvre et analphabète ;

    – Autant de bombes à retardement dans un royaume archaïque, en crise.

    Les dirigeants de ce pays voisin, s’obstinent à mener une politique étrangère agressive, voire ouvertement hostile et belliqueuse, essentiellement fondée sur un expansionnisme, qui remonte à des siècles et sur une soumission à l’occident, qui exploite ses ressources humaines et naturelles, sans scrupules, en contrepartie d’une protection du trône contre toutes tentatives de déstabilisation militaire, politique ou sociale.

    Cette politique suicidaire a amené les pays voisins du Maroc, du Nord (l’Espagne), du Sud ( la Mauritanie et l’ex-Sahara Occidental espagnol) et de l’Est, (l’Algérie), à déclarer ce pays « premier danger et première menace » contre leurs pays, dont le Maroc a agressé militairement, à plusieurs reprises, les territoires de certains d’entre eux, dans le passé.

    Que ce soit donc de sa propre volonté ou sur ordre de ses alliés (Israël et la France notamment), le Maroc, qui a longtemps profité des faiblesses structurelles et de la complaisance de la diplomatie du président algérien destitué, le 1er avril 2019, pour imposer ses vues dans plusieurs dossiers, au détriment des intérêts stratégiques de notre pays, a mené, ces deux dernières décennies, une offensive diplomatique, à la limite de l’agression militaire, visant notamment la sécurité, la cohésion et l’unité nationales algériennes.

    En persévérant dans leurs provocations et menaces dangereuses, les dirigeants marocains, qui font aujourd’hui face à des difficultés inextricables sur les plans politique, social et économique, ont poussé leurs homologues algériens, à rompre, le 23 août 2021, les relations diplomatiques de leur pays avec un royaume, qui risque , selon les spécialistes, de connaitre, à moyen terme, de profonds bouleversements, en raison notamment de la grave maladie du souverain marocain.

    L’ultimatum lancé par ce dernier, à la fin du mois de juillet 2021, à l’occasion de la fête du trône, au Président algérien, M. Abdelmadjid Tebboune, pour ouvrir la frontière terrestre entre les deux pays et commencer d’urgence des négociations sur les problèmes existant entre eux, a eu l’effet inverse pour un Maroc arrogant et de plus en plus menaçant à l’encontre des pays qui ne partagent pas, comme l’Allemagne, par exemple, ses thèses et positions sur le problème du Sahara Occidental, géré par l’ONU et l’Union Africaine, comme le dernier territoire à décoloniser , en Afrique.

    En tout état de cause, chacun de ses voisins suit attentivement l’évolution de la situation diplomatique, militaire, politique , économique et sociale prévalant actuellement au Maroc.

    De surcroît, un centre de coordination permanente entre les pays qui pourraient être menacés par la politique belliciste du Maroc, devrait être érigé entre eux pour faire face collectivement à d’éventuelles initiatives aventureuses de cette monarchie absolue.

    Rabah Toubal

    Diplomatie algérienne, 26/08/2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #FrontPolisario

  • Sahara occidental: L’Onu dément et accule le Maroc

    Sahara occidental: L’Onu dément et accule le Maroc

    Sahara occidental: L’Onu dément et accule le Maroc – Front Polisario, MINURSO, Alexander Ivanko, Staffan de Mistura,

    L’Organisation des Nations unies s’est vue obligée de monter au créneau pour la deuxième fois en quelques jours pour démentir des propos prêtés à ses responsables sur le conflit au Sahara occidental.

    Cette fois-ci, c’est à une contre-vérité concernant l’attaque contre des civils au Sahara occidental, qui a été menée par l’armée marocaine le 13 avril dernier, que le porte-parole adjoint de l’Onu tord le cou. Vendredi 21 avril, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a qualifié de « déformation des faits » une information de la presse espagnole faisant état de la prétendue satisfaction de Staffan De Mistura, envoyé personnel du SG, quant au revirement de l’Espagne sur la question du Sahara occidental. Mardi 26 avril, un porte-parole adjoint des Nations unies a démenti d’autres propos mensongers, cette fois prêtées par la presse marocaine au chef de sa mission au Sahara occidental (Minurso), Alexander Ivanko. Ce dernier aurait déclaré, selon des médias marocains, que ses services se sont rendus sur les lieux de l’attaque qui a ciblé le 13 avril des civils au Sahara occidental et ont conclu que l’attaque, menée par l’armée marocaine, a visé une colonne du Front Polisario transportant des armes.

    Attaque aérienne contre un convoi de trois véhicules

    « Nous avons reçu des précisions de notre mission de maintien de la paix au Sahara occidental concernant des comptes rendus dans la presse marocaine indiquant que le représentant spécial et chef de la mission, Alexander Ivanko, a déclaré qu’un raid aérien a ciblé des véhicules du front polisario transportant des armes. Le représentant spécial n’a pas déclaré cela », a indiqué le porte-parole adjoint dans un communiqué lu en conférence de presse mardi. Il a ensuite donné la version de la Minurso concernant cette attaque : « Une délégation de la Minurso a pu se rendre sur les lieux de l’attaque présumée du 13 avril où elle a constaté trois véhicules (deux camions et un véhicule léger) qui semblent touchés par des armes aériennes. La mission n’a pas pu confirmer s’il y avait des personnes atteintes dans cet incident. Le conseil de sécurité a été informé le 20 avril. » Le 21 avril, M. Dujarric avait précisé que « toute déclaration sur la position de M. De Mistura ou ses activités qui n’est pas publiée par lui ou mon bureau est trop souvent une déformation des faits ».

    Un organe onusien condamne le Maroc pour faits de torture

    Le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) a condamné le royaume du Maroc pour faits de torture et de mauvais traitements, sur le prisonnier sahraoui du groupe de Gdeim Izik, Mohamed Bourial, l’appelant à « indemniser équitablement le détenu et à ouvrir une enquête impartiale » pour juger les tortionnaires. Mohamed Bourial, né en 1970 au Sahara occidental, a été arrêté le 8 novembre 2010, le jour où les forces marocaines ont démantelé sauvagement le campement de Gdeim Izik, qui comprenait environ 6.500 tentes installées par des Sahraouis u mois plus tôt pour protester contre les mauvaises conditions socio-économiques au Sahara occidental occupé par le Maroc depuis 1975.

    Il affirme être victime de violations par le Maroc de ses droits protégés au titre des articles 1, 2, 11, 12, 13, 14, 15 et 16 de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le détenu sahraoui « a été victime de torture, il doit être indemnisé de façon adéquate et équitable, y compris avec les moyens nécessaires à une réadaptation la plus complète possible, et recevoir un traitement de réhabilitation », selon la décision adoptée par le CAT en vertu de l’article 22 de la Convention, concernant la communication n 923/2019 relative à la plainte de Mohamed Bourial, déposée par l’avocat de la défense du groupe Gdeim Izik, Olfa Ouled. Le Comité appelle également Rabat à l’ »ouverture d’une enquête impartiale et approfondie sur les événements en question (torture et mauvais traitements), conformément au protocole d’Istanbul, pour juger les tortionnaires et les responsables » de ces faits.

    Il exhorte aussi les autorités d’occupation marocaines à « mener une enquête immédiate et effective concernant les allégations de représailles dénoncées par le requérant (Bourial) et à s’abstenir de tout acte de pression, d’intimidation ou de représailles susceptible de nuire à l’intégrité physique et morale du prisonnier, qui constituerait autrement une violation des obligations du Maroc au titre de la Convention de coopérer de bonne foi avec le Comité pour l’application des dispositions ». Le détenu Mohamed Bourial doit « recevoir la visite d’un médecin de son choix, recevoir la visite de sa famille et de son avocat et être transféré dans une prison plus proche de sa famille » au Sahara occidental occupé, recommande le CAT. Et de préciser dans ce sens que « le Maroc dispose de 90 jours à compter de la date de la décision pour l’informer des mesures qu’il aura prises pour donner suite aux observations cidessus. Si le Maroc ne se conforme pas à la décision du CAT, il viole son engagement envers la Convention contre la torture et le protocole additionnel à la convention, qui ont tous deux été ratifiés par le royaume », avertit-il.

    Dans sa requête, le plaignant Mohamed Bourial indique, entre autres, qu’il a été soumis à de mauvais traitements pendant sa détention, sans accès à un médecin de son choix en dépit de son mauvais état de santé, a été placé en conditions d’isolementet a été privé de recevoir régulièrement la visite de sa famille. En outre, le détenu de Gdeim Izik a indiqué que sa condamnation était uniquement fondée sur des aveux obtenus par la torture alors même qu’il affirme n’avoir rien avoué, mais avoir été contraint d’apposer sa signature sur un document dont il ne connaissait pas le contenu, alors qu’il était menotté et avait les yeux bandés.

    En ne procédant à aucune vérification et en utilisant de telles déclarations dans la procédure judiciaire contre le requérant, le Maroc a manifestement violé ses obligations au regard de l’article 15 de la Convention. Par ailleurs, l’avocate Olfa Ouled a indiqué qu’elle espérait, à court terme, que les « conditions de détention de l’ensemble des prisonniers sahraouis s’améliorent et que c’était le combat actuel de leur familles ». Pour rappel, la Cour de cassation marocaine avait condamné en novembre 2020 « définitivement » tous les prisonniers de Gdeim Izik à une peine allant de 20 ans à la perpétuité. Depuis, de nombreux appels ont été lancés par des organisations internationales, des militants et des activistes pro-sahraouis étrangers pour la libération des détenus politiques sahraouis qui font l’objet de traitements « cruels et inhumains » dans les prisons marocaines.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 28/04/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #ONU #MINURSO #Alexander_Ivanko

  • Maroc-Algérie: course aux armes et tension croissante -SIPRI-

    Maroc-Algérie: course aux armes et tension croissante -SIPRI-

    Maroc-Algérie: course aux armes et tension croissante -SIPRI- Sahara Occidental, Front Polisario, Ukraine, Russie,

    La course aux armements Maroc-Algérie s’intensifie dans des relations tendues, tout comme les dépenses militaires mondiales – SIPRI

    Un rapport international indique que la course aux armements militaires maroco-algérienne se poursuivra en raison de la détérioration des relations entre les deux pays et de l’escalade continue, à un moment où l’ampleur des dépenses mondiales d’armement augmente, avec l’intensification de la guerre russo-ukrainienne.

    Selon le rapport, les dépenses militaires en Afrique ont augmenté de 1,2 % en 2021 pour atteindre 39,7 milliards de dollars.

    Le rapport, publié par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), a révélé lundi que les pays d’Afrique du Nord ont atteint le total des dépenses militaires estimées en Afrique de 51 %.

    Malgré les répercussions économiques de la pandémie de Covid-19, les pays du monde entier ont augmenté leur arsenal, où les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 0,7 % l’an dernier.

    « Même au milieu des répercussions économiques de la pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont atteint des niveaux records », a déclaré Diego Lopez da Silva, chercheur principal pour le programme SIPRI sur les dépenses militaires et la production d’armes.

    « En raison de l’inflation, il y a eu un ralentissement du taux de croissance en valeur réelle, mais en termes de valeur nominale, les dépenses militaires ont augmenté de 6,1% », a déclaré Da Silva.

    Le rapport place le Maroc et l’Algérie parmi les pays qui ont alloué un énorme budget aux dépenses militaires en 2021, en raison des tensions croissantes entre les deux pays.

    Selon le rapport, les dépenses militaires algériennes ont fortement diminué par rapport aux années précédentes, mais elles se sont stabilisées à 6,1 %, où l’Algérie a dépensé un total de 9,1 milliards de dollars de son budget dans le domaine militaire, tandis que les dépenses du Maroc ont augmenté de 3,4 %, car il dépensé 5,4 milliards de dollars en 2021.

    Les dépenses de la Russie ont augmenté de 2,9 % pour la troisième année consécutive de croissance, pour atteindre 65,9 milliards de dollars.

    Les dépenses militaires de l’Ukraine ont augmenté de 72 % depuis l’annexion de la Crimée ; il a diminué de plus de 8 % en 2021 pour atteindre 5,9 milliards de dollars. Cependant, il représente encore 3,2 % du PIB de l’Ukraine.

    Le rapport indique que les États-Unis, qui ont dépassé tous les pays en dépenses de 801 milliards de dollars, ont en fait évolué à contre-courant de la tendance mondiale et ont réduit leurs dépenses de 1,4 % en 2021.

    La Chine est arrivée à la deuxième place mondiale, avec des dépenses militaires estimées à 293 milliards de dollars et 4,7 %. Il a enregistré une augmentation de ses dépenses pour la vingt-septième année consécutive.

    Selon le rapport, le Royaume-Uni arrive en quatrième position, après avoir augmenté ses dépenses militaires de 3 % pour atteindre 68,4 milliards de dollars. Il a remplacé l’Arabie saoudite, qui a réduit ses dépenses de 17 % à environ 55,6 milliards de dollars.

    MEMO, 26/04/2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #Armement #Ukraine #Russie

  • L’ONU dément des déclarations attribuées au chef de la MINURSO

    L’ONU dément des déclarations attribuées au chef de la MINURSO – Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Alexander Ivanko, convoi d’armes,

    Sahara occidental

    Nous avons reçu des éclaircissements de notre mission de maintien de la paix au Sahara occidental, la MINURSO, concernant un certain nombre de reportages dans les médias marocains suggérant que le Représentant spécial Alexander Ivanko a déclaré qu’une frappe aérienne avait touché un convoi de véhicules du Front Polisario qui transportait des armements. Le Représentant spécial n’a pas dit cela.

    La MINURSO a pu se rendre sur les lieux de l’attaque présumée du 13 avril et a trouvé trois véhicules — deux camions et un véhicule léger — qui semblaient avoir été touchés par des munitions aéroportées. La MINURSO n’a pas pu confirmer de manière indépendante s’il y avait eu des victimes dans l’incident. Cette information a été dûment communiquée au Conseil de sécurité le 20 avril.

    Source: Point de presse quotidien du Bureau du porte-parole du Secrétaire général, 26/04/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #ONU #MINURSO #

  • En crise avec l’Algérie, Madrid sollicite la médiation de l’UE

    En crise avec l’Algérie, Madrid sollicite la médiation de l’UE

    En crise avec l’Algérie, Madrid sollicite la médiation de l’UE – Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Josep Borrell, gaz, Italie, Maroc

    Par Mohamed Kouini

    Le gouvernement espagnol est aujourd’hui préoccupé par la nouvelle tournure prise dans ses relations avec l’Algérie. Selon des médias ibériques, notamment le quotidien El Confidencial, l’Espagne cherche à rétablir le contact avec les autorités algériennes, dans le but de débloquer la situation et de désamorcer la tension qu’elle a elle-même crée, en s’alignant sur les thèses marocaines dans son occupation injustifiée des territoires du Sahara occidental.

    Selon ce quotidien, Madrid a vainement tenté de contacter le gouvernement algérien sur plusieurs dossiers restés en suspens ou qui viennent de se poser sur la table depuis le rappel de l’ambassadeur d’Algérie et la rupture des canaux diplomatiques. L’Espagne aurait évoqué des mesures de représailles de la part des autorités algériennes, notamment sur le plan commercial.

    Ainsi, les observateurs citent surtout le gel des fréquences de la compagnie aérienne Iberia, la suspension des licences d’importation d’animaux vivant, notamment des bovins espagnols et de la viande rouge. Aux appréhensions des éleveurs espagnols s’ajoutent maintenant les angoisses des grands industriels qui exercent dans la céramique et la faïence, dont le chiffre d’affaires a sensiblement augmenté grâce aux achats algériens depuis ces quinze dernières années.

    Mais, Madrid craint déjà les effets du recul manifeste du flux des marchandises qui transitent par le port de Valence, duquel passe une grande partie des importations algériennes. Ce port risque de connaitre dans les mois prochains une réduction importante de son activité portuaire. Sans parler des craintes sur la perte de ses projets de devenir un hub gazier grâce aux approvisionnements en gaz algérien, au profit de l’Italie.

    Pour les observateurs espagnols, c’est le prix de la trahison de Sanchez à la position de neutralité historique de son pays à l’égard de la question du Sahara occidental, son ancienne colonie espagnole.

    Pour régler la crise qu’il a provoquée avec Alger, le gouvernement de Madrid a sollicité l’Union européenne. Le journaliste espagnol spécialiste de la question sahraouie, Ignacio Cembrero, a balancé un tweet, dans lequel il annonce que « le ministre des affaires étrangères d’Espagne José Manuel Albares demande à Josep Borrell (Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères) de l’aider à surmonter la crise avec l’Algérie. Il n’arrive pas à contacter Alger depuis que Madrid soutient Rabat au Sahara ».

    Le quotidien El Confidencial évoque à ce sujet une rencontre qui aurait eu à la demande d’Albares, entre Borrell et Lamamra le 26 mars à Doha (Qatar), en marge de la tenue d’un forum international. «Bien que l’Algérie considère que son problème est avec l’Espagne et non avec l’UE, Lamamra a accepté de rencontrer Borrell pour discuter du différend avec le gouvernement espagnol», écrit le rédacteur de l’article qui ajoute : «La réponse du ministre algérien a été que son pays respecterait ses engagements en matière d’approvisionnement en gaz, mais comme le prévoient les contrats énergétiques actuels, il augmentera son prix pour le rapprocher du prix du marché ».

    Ce samedi, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a estimé que le revirement de l’Espagne sur la question sahraouie est « éthiquement et historiquement inadmissible ». Toutefois, le chef de l’Etat a tenu à faire la différence entre le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez et l’Etat espagnol.

    « Nous devons faire la distinction entre le gouvernement espagnol et l’Etat espagnol avec lequel nous avons des liens très forts. Nous exigeons l’application du droit international afin que les relations reviennent à la normale avec l’Espagne », a-t-il dit.

    Le Jeune Indépendant, 24/04/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #Autonomie #Gaz #Italie

  • Tebboune: Sanchez « a cassé » les relations avec l’Espagne

    Tebboune: Sanchez « a cassé » les relations avec l’Espagne

    Tebboune: Sanchez « a cassé » les relations avec l’Espagne – Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, autonomie,

    LE PRÉSIDENT DE L’ALGÉRIE S’EXPRIME
    Tebboune : « Nous avions des relations très solides avec l’Espagne, mais [Pedro Sánchez] a tout cassé ».
    M. Tebboune, 76 ans, a donné une interview à la télévision publique algérienne samedi soir, dans laquelle il a évoqué pour la première fois la crise avec l’Espagne.

    Par Ignacio Cembrero

    « Nous avions des relations très solides avec l’État espagnol, mais le chef du gouvernement [Pedro Sánchez] a tout cassé », a déclaré samedi soir le président algérien, Abdelmajid Tebboune. Ce qu’il a fait au Sahara occidental est « éthiquement et historiquement inadmissible », a-t-il ajouté. « Nous exigeons l’application [par l’Espagne] du droit international afin que nos relations puissent revenir à la normale. » « L’Espagne ne doit pas renoncer à sa responsabilité historique et doit revoir sa position. M. Tebboune, 76 ans, a accordé samedi soir une interview à la télévision publique algérienne dans laquelle, pour la première fois, il a évoqué la crise avec l’Espagne déclenchée par la lettre que le président Pedro Sánchez a envoyée le 14 mars au roi Mohammed VI – ce dernier l’a rendue publique le 18 mars – dans laquelle il s’aligne sur la solution proposée par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental. Il consiste à accorder une autonomie à cette ancienne colonie espagnole, qui resterait sous souveraineté marocaine, indépendamment d’un référendum d’autodétermination des Sahraouis.

    L’Algérie a rappelé son ambassadeur en Espagne, Said Moussi, pour des consultations le 19 mars afin de protester contre ce changement dans la politique étrangère espagnole. Moussi « est à la maison, il est bien ici », a répondu Tebboune à une question sur le retour de l’ambassadeur à son poste, laissant ainsi entendre que la crise sera longue. Pour qu’il puisse revenir, « nous exigeons l’application du droit international afin que les relations avec l’Espagne puissent revenir à la normale ». Tebboune a donc fait une demande à l’Espagne qu’il n’a pas faite à la France ou à l’Allemagne lorsqu’elles ont pris des mesures similaires à celles prises par Sánchez. Les ministères des affaires étrangères de Paris et de Berlin n’ont jamais écrit un texte aussi exaltant que celui du président espagnol avec l’offre d’autonomie du Maroc. M. Sánchez l’a décrit comme « la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste » pour résoudre le différend.

    L’Espagne, une puissance administrante

    Si Tebboune est plus sévère envers le gouvernement espagnol qu’envers d’autres, c’est parce que « l’Espagne ne doit pas oublier qu’elle continue à avoir une responsabilité au Sahara occidental, en tant que puissance administrante du territoire, conformément au droit international, jusqu’à ce qu’une solution, de quelque nature que ce soit, soit trouvée à la question du Sahara occidental ». C’est une « responsabilité que Madrid semble ignorer », a-t-il déploré. L’Algérie, pour sa part, « ne renoncera pas à [défendre] le Sahara occidental ou la Palestine, car tous deux sont des questions de décolonisation en suspens ». En bref, le président algérien a subordonné la réconciliation avec l’Espagne à la condition que cette dernière « revoie sa position » et revienne à l’apparente neutralité qu’elle observait jusqu’à ce que Sánchez la rompe en envoyant sa lettre au monarque alaouite. Dix-neuf jours après avoir été rendu public, M. Sánchez a finalement pu se rendre à Rabat, mais à ce jour, un seul point du communiqué conjoint hispano-marocain du 7 avril a été mis en œuvre : la reprise du trafic maritime de passagers à travers le détroit de Gibraltar. « Le gouvernement espagnol n’a pas écouté les opinions des autres sur la question sahraouie, bien qu’elles aient été soulevées au parlement espagnol et par l’opinion publique espagnole », a poursuivi Tebboune, rappelant que le 7 avril, le Congrès des députés a approuvé à une large majorité une motion – seul le PSOE a voté contre – préconisant la tenue d’un référendum au Sahara.

    « Nous n’allons pas nous immiscer dans les affaires intérieures de l’Espagne, mais l’Algérie, en tant que pays observateur dans la question du Sahara occidental, ainsi que les Nations unies, considèrent que l’Espagne est la puissance administrante du territoire jusqu’à ce qu’une solution au conflit soit trouvée », a insisté Tebboune. Le gouvernement espagnol rejette ce rôle, bien qu’il continue, par exemple, à exercer un contrôle sur l’espace aérien saharien, qui s’effectue depuis la tour de contrôle de l’aéroport de Las Palmas. Dans l’avis rédigé en 2002 par Hans Corell, alors chef du département juridique de l’ONU, il est souligné que l’Espagne est la puissance administrante de jure du territoire. En juillet 2014, l’Assemblée plénière de la Chambre criminelle, alors présidée par l’actuel ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a également déclaré le principe de territorialité en considérant que l’Espagne est la  » puissance administrante  » de son ancienne colonie.

    « Nous n’allons pas nous immiscer dans les affaires intérieures de l’Espagne, mais l’Algérie, en tant que pays observateur dans la question du Sahara occidental, ainsi que les Nations unies, considèrent que l’Espagne est la puissance administrante du territoire jusqu’à ce qu’une solution à ce conflit soit trouvée », a insisté Tebboune. Le gouvernement espagnol rejette ce rôle, bien qu’il continue, par exemple, à exercer un contrôle sur l’espace aérien saharien, qui s’effectue depuis la tour de contrôle de l’aéroport de Las Palmas. Dans l’avis rédigé en 2002 par Hans Corell, alors chef du département juridique de l’ONU, il est souligné que l’Espagne est la puissance administrante de jure du territoire. En juillet 2014, l’Assemblée plénière de la Chambre criminelle, alors présidée par l’actuel ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a également déclaré le principe de territorialité en considérant que l’Espagne est la  » puissance administrante  » de son ancienne colonie.

    Sans être interrogé, Tebboune a envoyé un message d’apaisement sur la relation énergétique avec l’Espagne à la fin de son discours. « L’Algérie ne renoncera pas à son engagement de fournir du gaz à l’Espagne, quelles que soient les circonstances » de leur relation bilatérale. Il n’a pas parlé d’augmenter le prix du gaz qu’il fournit, mais Toufik Hakkar, le président de Sonatrach, la compagnie publique algérienne d’hydrocarbures, a fait savoir le 1er avril que parmi les clients de l’Algérie, l’Espagne connaîtrait la plus forte hausse de prix. Outre l’annonce de la hausse des prix, faite publiquement le 1er avril par Toufik Hakkar, président de Sonatrach (la compagnie publique d’hydrocarbures), l’Algérie a pris d’autres mesures : Le 29 mars, le ministère algérien des transports a refusé d’autoriser Iberia à augmenter ses fréquences entre Madrid et Alger ; le 2 avril, le dernier rapatriement par bateau d’immigrants algériens illégaux arrivant en Espagne a eu lieu, et Alger ne délivrera plus de sauf-conduits pour faciliter les retours ; le 13 avril, les éleveurs espagnols ont constaté une suspension soudaine des licences d’importation d’animaux vivants, notamment de bovins, par l’Algérie. En 2021, l’Algérie a été le premier client de l’Espagne, achetant 20 090 tonnes d’animaux vivants pour une valeur de 47 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 8,4 millions d’euros pour les achats de viande bovine découpée.

    El Confidencial, 24/04/2022

    #Algérie #Espagne #PedroSanchez #SaharaOccidental #Maroc #Gaz

  • Nouvelle tournée de De Mistura au Sahara occidental

    Nouvelle tournée de De Mistura au Sahara occidental

    Nouvelle tournée de De Mistura au Sahara occidental – Maroc, ONU, Staffan de Mistura, Front Polisario,

    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a obtenu un soutien de poids de la part des membres du Conseil de sécurité.

    Alors que les observateurs pensaient que le revirement surprenant de Madrid sur la question et son soutien aux thèses de l’occupant marocain est synonyme de la mise à mort de sa mission, le Conseil de sécurité vient de lui octroyer un quitus pour poursuivre ses efforts, visant à relancer le processus de négociation politique entre les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc.

    Au cours de la session consacrée à l’examen des derniers développements au Sahara occidental, l’envoyé onusien s’est félicité du “large soutien qu’il a reçu, pour la relance du processus politique”, relevant que “tout le monde a soutenu (ses) efforts” pour relancer le processus de négociation visant à trouver une solution à ce conflit.

    A l’issue de la réunion du Conseil de sécurité, Staffan de Mistura a en outre annoncé qu’il entamerait prochainement une nouvelle tournée dans la région pour tenter de faire avancer le processus de paix visant à résoudre le conflit au Sahara occidental occupé.

    L’émissaire onusien n’a pas précisé la date de son déplacement dans la région, ni les lieux où il comptait se rendre. Selon des sources diplomatiques, de Mistura devrait certainement élargir ses consultations, en incluant cette fois ci l’Espagne, en tant que pays qui a une responsabilité historique sur le territoire sahraoui.

    Auparavant, et selon le plan de règlement onusien, c’est uniquement l’Algérie et la Mauritanie qui étaient prévus comme étant pays voisins. Mais d’autres sources exclut toute escale à Madrid pour de Mistura, en raison de la dernière décision des autorités espagnoles, qui ont apporté leur soutien au plan de rattachement du Sahara occidental au territoire marocain.

    Lors de sa prochaine visite, De Mistura effectuera sa deuxième tournée dans la région depuis sa nomination en octobre dernier. De Mistura avait effectué une tournée dans la région entre le 12 et le 19 janvier 2022, partant du Maroc, puis visitant les camps de réfugiés sahraouis avant de se rendre en Mauritanie et en Algérie en tant que pays voisins.

    La réunion s’est tenue en application du paragraphe 10 de la résolution 2602 (2021) adoptée par le Conseil de sécurité le 29 octobre 2021, demandant au secrétaire général de tenir des briefings réguliers, dans les six mois suivant la date de renouvellement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), sur la mise en œuvre de ladite résolution et sur les défis auxquels sont confrontées les opérations de la mission onusienne et les mesures prises pour y faire face.

    A la veille de la rencontre, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU et coordonnateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, a rencontré Staffan de Mistura à New York, où il l’a informé sur la position du Front Polisario concernant le processus de paix des Nations unies au Sahara occidental.

    Par ailleurs, le président de la République sahraouie, secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali a fait part, dans une lettre qu’il a adressée au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avant la réunion du Conseil, de la condamnation par les autorités sahraouies de “la poursuite des actes atroces et inhumains perpétrés par les autorités d’occupation marocaines contre les civils sahraouis et les militants des droits de l’homme dans les territoires occupés”.

    Il a notamment lancé un appel urgent pour “actionner la responsabilité juridique et morale des Nations unies envers le peuple sahraoui, en particulier les civils et les militants des droits de l’homme dans les territoires occupés, ce qui nécessite l’utilisation de mécanismes internationaux de protection et des mesures pratiques pour assurer sa sécurité, y compris la création d’un mécanisme indépendant et permanent des Nations unies pour protéger les droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés”.

    Par Mohamed Kouini

    Le Jeune Indépendant, 22/04/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #Staffan_de_Mistura #FrontPolisario

  • L’avenir du Sahara incertain face au nouvel ordre mondial

    L’avenir du Sahara incertain face au nouvel ordre mondial

    L’avenir du Sahara incertain face au nouvel ordre mondial – Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie, Maghreb, Etats-Unis, Israël

    Le 19 mars, l’Espagne a reconnu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Cette région a été colonisée par l’Espagne jusqu’en 1975. Depuis lors, elle demande l’indépendance tandis que le Maroc revendique le Sahara occidental comme faisant partie de son propre territoire. Pour en savoir plus sur cette question du point de vue du Sahara Occidental, le rédacteur en chef du Kootneeti, Niranjan Marjani, s’est entretenu avec M. El Bachir Ahmed (nom changé), un chercheur du Sahara Occidental.

    Niranjan Marjani : Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous parler du contexte du Sahara Occidental ? Comment la région a été colonisée et quel en est le statut après le retrait de l’Espagne en 1975 ? Quelles sont les raisons de la demande d’indépendance du Sahara Occidental ?

    El Bachir Ahmed : Le Sahara Occidental est situé à l’ouest du Maghreb et partage une frontière avec : le Maroc au nord ; au nord-est de l’Algérie avec laquelle elle partage une courte frontière ; et enfin la Mauritanie à l’est, et dans tout le sud, tandis que toute sa frontière occidentale surplombe l’Atlantique. Sa superficie est d’environ 266 000 km².

    Au moment de son occupation par l’Espagne en 1884, le territoire du Sahara Occidental était essentiellement occupé par des tribus guerrières, maraboutiques et tributaires, organisées et indépendantes les unes des autres. Entre-temps, les différentes expéditions marocaines sur ce territoire n’ont pas abouti à une soumission effective des populations indigènes aux sultans du Maroc. Dans cette optique, en 1767, la signature du traité de Marrakech entre le sultan marocain Muhammad bin Abdullah et le roi espagnol Carlos III, dans lequel le sultan marocain reconnaît qu’il n’a aucune souveraineté après Wadi Noun en référence au Sahara occidental depuis le fleuve de Oued Noun en fait au sud de la ville marocaine de Guelmim.

    La société actuelle du Sahara Occidental est formée par la fusion des deux ethnies arabes et populations berbères, avec un élève noir d’Afrique sub-saharienne qui forme la base de la société du Sahara Occidental. Il faut savoir, que la Mauritanie partage avec le peuple du Sahara Occidental la même culture du « Baydan » (les blancs) et le même dialecte Hassaniya.

    Conformément à l’Acte de Berlin, le gouvernement espagnol annonce son protectorat sur le Rio de Oro et la région adjacente. Ainsi, en 1887, la région fut placée sous l’autorité du gouverneur général des îles Canaries. C’est dans cette perspective que l’Espagne a continué à coloniser le Sahara Occidental. Mais l’occupation espagnole du Sahara occidental devint effective aux yeux des autres grandes puissances coloniales européennes à partir des accords suivants : les accords du 27 juin 1900, l’accord du 3 octobre 1904 et l’accord du 12 novembre 1912, dans lesquels la France reconnaissait l’Espagne droits sur Rio de Oro, Saquia El Hamra et les terres comprises entre 27°40 de latitude Nord et le cours de l’Oued Draa.

    En 1950, le général Franco a effectué sa première visite au Sahara Occidental afin de démontrer la vitalité du Sahara Occidental pour son régime, pour convaincre le monde occidental, que le Sahara Occidental pouvait avoir une importance stratégique dans la lutte occidentale contre le communisme.

    Avec la revendication marocaine sur le Sahara Occidental après son indépendance en 1956, l’Espagne a déclaré le Sahara Occidental comme province d’Espagne numéro 53. Suite à cette politique, de nombreux indigènes sahraouis ont été établis au sein du conseil provincial. L’Espagne a installé la nouvelle Djemma, connue sous le nom d’Assemblée des Sahariens, qui représentait toutes les tribus du Sahara occidental. La citoyenneté espagnole a été accordée à tous les indigènes.

    Dans ce contexte, l’Espagne a construit une coopération forte entre la France et le Maroc concrétisée en 1958 par l’opération baptisée Ecouvillon pour mettre fin à la résistance des tribus du Sahara Occidental. Et à partir de ce moment, nous pouvons dire que le Sahara Occidental est passé totalement sous la domination de l’Espagne.

    L’exploitation active des phosphates au début des années 1960, pour participer au développement de la région et stimuler la croissance de l’économie espagnole a vu un grand flux d’immigrants de l’Espagne vers le Sahara Occidental.

    Indiscutablement, le conflit du Sahara occidental est né comme un héritage du colonialisme. Ce territoire a été qualifié de territoire non autonome par les Nations Unies en 1963 alors que le Sahara Occidental était encore une colonie espagnole.

    En effet, depuis 1965, les Nations Unies ont fait des efforts pour mettre fin à la décolonisation du Sahara Occidental, sur la voie du respect du droit des peuples du Sahara Occidental à en disposer, généralement par le biais d’un référendum libre où ils peuvent choisir leur destin.

    Cependant, ni l’Espagne, qui a occupé le Sahara Occidental de 1884 à 1976, ni le Maroc aujourd’hui n’ont respecté le droit international de la décolonisation. C’est la raison de la décolonisation inachevée au Sahara Occidental.

    Le peuple sahraoui est le peuple nomade. Ils ne croient pas aux frontières. Ces personnes ont été utilisées par le Maroc pour lutter contre la domination coloniale française au Maroc et en Mauritanie en utilisant le concept de Jihad dans la religion musulmane contre les chrétiens.

    Ainsi, le peuple sahraoui s’est senti menacé pour la première fois de son existence, lorsque les autorités espagnoles, françaises et marocaines ont discrètement accepté de mener des attaques meurtrières contre la population sahraouie au cours de l’année 1958, communément appelées l’opération des écouvillons.

    Ce chantage politique a été scellé entre le Maroc et l’Espagne par un accord dans lequel l’Espagne a donné une tranche de la région de Tarfaya au Sahara Occidental au Maroc. Lorsque l’Espagne cède la ville de Tarfaya au Maroc en 1959, les Sahraouis se sentent blessés dans cette nouvelle équation géopolitique.

    L’autre cause importante fut l’indépendance de la Mauritanie en 1962, sur le flanc sud du Sahara occidental, un territoire qui partage la même culture, le même dialecte et les mêmes liens tribaux. Nous assistons dès lors à la naissance du nationalisme sahraoui, en formant un mouvement pour sauver l’identité sahraouie des cendres de l’oubli. Ce sont les principales raisons de la résistance sahraouie pour son indépendance jusqu’à aujourd’hui.

    NM : Comment analyseriez-vous l’Espagne reconnaissant la revendication du Maroc sur le Sahara Occidental ? Selon vous, quels sont les facteurs à l’origine de ce pas de l’Espagne ?

    EBA : La décision de Madrid de soutenir les positions de Rabat au Sahara Occidental semble davantage motivée par sa volonté de renouer des liens avec le Maroc, que de contribuer à faire avancer la paix, en changeant une chose par une autre.

    A noter que d’autres pays européens comme la France ont longtemps décrit le plan comme « une base de discussion sérieuse et crédible ». Et dans un effort pour réparer ses propres liens tendus avec Rabat, Berlin s’est également dirigé dans cette direction en décembre dernier, le qualifiant de « contribution importante ». Mais en promouvant le plan marocain comme la base « la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste » pour résoudre le conflit du Sahara Occidental, l’Espagne devient le plus ardent défenseur des positions marocaines en Europe.

    La décision du gouvernement espagnol de modifier sa position historique par rapport au Sahara Occidental a généré un rejet dans de multiples secteurs de la population espagnole et de l’arc parlementaire.

    Il convient de noter que l’Espagne est, aux yeux des Nations unies, la puissance administrante du Sahara occidental et que, par conséquent, elle a l’obligation juridique et politique de prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’autodétermination effective de le peuple sahraoui.

    Sans oublier, que le plan marocain d’autonomie est entaché d’un vice de forme sans entrer dans le débat sur le fond qui est loin d’être démocratique.

    En effet, une partie du territoire est sous occupation marocaine et une autre est contrôlée par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Etat membre de l’Union africaine. Pour cette raison, ce plan d’autonomie est également impossible à appliquer dans la partie inoccupée du territoire du Sahara Occidental.

    C’est-à-dire que nous vivons un moment où le camp occidental est acquis pour le Maroc et non pour la loi. Les nouvelles relations du Maroc avec Israël du point de vue de l’Espagne semblent menacer la stratégie espagnole au niveau non seulement du Sahara Occidental, mais aussi des deux villes espagnoles Ceuta et Melilla principalement en termes d’immigration et de sécurité. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Espagne a changé sa position.

    A cela s’ajoute la rivalité algéro-marocaine en Afrique du Nord où l’Espagne n’est plus acquise au Maroc ; parce qu’il suit la politique de l’Union européenne en matière de gaz ; et où l’Algérie est un puissant État gazier qui peut utiliser cette arme dans des circonstances futures.

    Ainsi l’Espagne croit en la stratégie américaine qui voulait faire de l’Espagne le principal transitaire de pétrole et de gaz pour l’UE, et l’hypothétique gaz du Nigeria vers l’Espagne est une autre raison, où le Maroc jouera le rôle d’intermédiaire, sachant que ce gaz devrait passer à travers le Sahara Occidental.

    L’autre facteur à notre avis est interne. Les deux villes Ceuta et Melilla sont favorables à l’électorat de droite. Le président Sánchez veut remporter des sièges dans ces deux villes lors des prochaines élections sans s’allier avec d’autres partis politiques.

    NM : Plus tôt en 2020, les États-Unis avaient reconnu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de l’établissement de relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. C’était une phase où un certain nombre de pays arabes ont changé leur position envers Israël. Où se situe le Sahara occidental dans la compétition géopolitique de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ?

    EBA : Le 10 décembre 2020, le président sortant des États-Unis, Donald Trump, a officiellement annoncé qu’Israël et le Royaume du Maroc normaliseraient leurs relations bilatérales, étant le quatrième pays arabe à reconnaître Israël à la suite des accords d’Abraham.

    Dès que le président Donald Trump a tweeté le 10 décembre 2020 qu’il signait une « proclamation » reconnaissant l’occupation marocaine illégale du Sahara Occidental, des condamnations ont éclaté à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis considérant la décision du président sortant contraire au droit international.

    Il convient de noter qu’en 2004, Robert B. Zoellick a déclaré que l’accord de libre-échange existant entre les États-Unis et le Maroc ne s’appliquait pas au Sahara Occidental.

    Mais le Maroc veut diluer la question du Sahara occidental dans les problèmes du Moyen-Orient, afin de profiter des pays monarchiques du Golfe, et d’investir dans l’animosité algéro-israélienne et l’animosité arabe algérienne. Premièrement, isoler l’Algérie en aidant principalement le peuple sahraoui avec l’Afrique du Sud, et deuxièmement, bloquer le processus de décolonisation au Sahara Occidental en utilisant le lobbying des pays arabes et d’Israël. C’est une nouvelle approche géopolitique avec l’intervention de différents acteurs.

    NM : Pourriez-vous nous parler du Front Polisario et de son rôle ?

    EBA : Le Front Polisario succède au Mouvement de libération du Sahara qui existait dans les années 1960, sous l’impulsion de Mohammed Bassiri, et dont le soulèvement a été écrasé par les troupes franquistes.

    Refusant l’occupation marocaine et mauritanienne, le Front Polisario engage aussitôt la lutte. En février 1976, il proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD), un État non reconnu internationalement mais reconnu par environ 84 pays principalement d’Afrique et d’Amérique latine, qui revendiquent la souveraineté du territoire. Des dizaines de milliers de Sahraouis, fuyant les bombardements marocains, se sont réfugiés dans des camps installés autour de Tindouf, dans le sud-ouest algérien.

    En effet, le début des années 1970 verra des changements marqués s’opérer dans la région. Les voisins immédiats du Sahara occidental ont fini par former un front commun, après le règlement par le Maroc de son différend frontalier avec l’Algérie, ainsi que sa reconnaissance de la souveraineté de la Mauritanie.

    Ce bloc a décidé de faire pression sur l’Espagne, tandis que de l’autre côté, les Nations unies appelaient de plus en plus l’Espagne à organiser un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental.

    Le Front de libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro (Front Polisario), est né le 10 mai 1973 et a été soutenu par l’Algérie. Le 20 mai de la même année, le front Polisario attaque le commissariat espagnol d’El Khanga et encouragé par ce geste, ouvre les hostilités vis-à-vis de l’occupation et pour la fierté nationale.

    NM : Quelle est exactement la nature de l’implication de l’Algérie au Sahara Occidental ?

    EBA : Il faut d’abord savoir que l’Algérie a été l’objet d’une guerre surprise du Maroc en 1963, à savoir la Guerre des Sables, alors que l’Algérie venait d’accéder à l’indépendance. Pour le Maroc plusieurs régions de l’ouest de l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara Occidental sont marocaines jusqu’aux confins du Sénégal, une partie du « grand Maroc ».

    En 1969, le traité d’Ifrane est signé pour régler les différends frontaliers entre l’Algérie et le Maroc afin d’effacer les stigmates de la Guerre des Sables de 1963 et des escarmouches qui l’avaient précédée.

    Quelques années plus tard, le 15 juin 1972, un accord bilatéral ratifie le tracé de la frontière entre les deux pays. Par ce texte, Alger et Rabat s’engagent à respecter les frontières héritées de la période coloniale, reprenant celle-ci comme l’un des principes fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, devenue depuis l’Union Africaine) l’appelant comme l’intangibilité de les frontières héritées de la période coloniale. Mais le Maroc ne le reconnaît pas jusqu’à aujourd’hui dans sa constitution. Cette situation est dangereuse pour la stabilité et l’avenir du Maghreb.

    Outre la question des territoires, il y a aussi une question de géopolitique. Les deux régimes ont des alliances différentes, et l’Algérie voit dans le Maroc un État impérialiste et colonial.

    Que les Algériens veuillent un débouché sur l’Atlantique pourrait aussi en être une des causes, sans oublier que la doctrine algérienne de sa politique étrangère respecte le droit international de décolonisation, puisque l’Algérie est le résultat d’une guerre meurtrière de décolonisation.

    NM : Quel serait le statut des résolutions de l’ONU sur le Sahara Occidental ? La résolution 690 du Conseil de sécurité a créé la MINURSO en 1991. Plus tard en 2016, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2285 et a appelé le Maroc et le Front Polisario à mener des négociations plus intensives et plus substantielles. En 2021, l’ONU a adopté la résolution 2602 et a prolongé le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2022.

    EBA : C’est en 1984 que le Maroc s’est retiré de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour protester contre l’admission de la RASD dans cette organisation. En décembre 1985, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 40/50 sur le Sahara, invitant le président de l’OUA de l’époque et le secrétaire général des Nations unies à œuvrer en vue d’amener les parties à négocier dans les meilleurs délais. C’était en conformité avec la résolution de l’ONU (citée ci-dessus) et pour créer les conditions d’un cessez-le-feu et élaborer les modalités d’organisation d’un référendum au Sahara Occidental.

    En avril 1991, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 690 (1991) approuvant la constitution sous son autorité de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Celui-ci comprend trois composantes : l’unité civile, l’unité de sécurité et l’unité militaire.

    Jusqu’à présent, seul l’accord de cessez-le-feu pour le règlement de la paix a été suivi favorablement. Le blocage de la deuxième partie a conduit les Nations unies à faire de nouvelles propositions : en 2001 et 2002.

    A l’origine de ce blocage se trouve la question des électeurs : les personnes habilitées à voter. En effet, le Maroc veut à tout prix que les électeurs éligibles soient en sa faveur. Pour cela il a tout fait pour bloquer le processus référendaire, afin de ne pas passer par les urnes comme un choix démocratique.

    Cette situation joue en faveur du Maroc et qui a conduit au blocage du plan de règlement de paix de l’ONU aidé en cela par les Etats-Unis et la France, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité.

    Les Nations unies ont commencé à explorer d’autres voies dites de « troisième voie » ou un accord-cadre, qui accorde une plus grande autonomie au Sahara occidental tout en le rattachant au Maroc pour cinq ans après quoi un référendum sera organisé sur le territoire.

    Pour les résolutions 2285 de 2016 et celle de 2602 de 2021, l’ONU semble favorable à une solution qui privilégie davantage le Maroc que les Sahraouis en affirmant que les deux parties doivent négocier une proposition politique juste et mutuellement acceptable ce qui ne peut être atteint, sans la volonté politique réelle du Conseil de sécurité. Ainsi, cette situation encourage une impasse continue.

    NM : Quelles sont les perspectives d’avenir pour le Sahara Occidental ?

    EBA : Le soutien de l’Espagne au plan d’autonomie du Maroc de 2007 vise à régler la crise dans laquelle Madrid et Rabat sont plongées depuis des mois et représente une « violation grave du droit international ».

    L’avenir du Sahara Occidental est de plus en plus incertain face au nouvel ordre mondial. Après la guerre en Ukraine, les choses semblent se remodeler. Le Maroc a pu balkaniser la situation politique, en s’alliant à Israël (qui représente un puissant lobbying politique auprès des décideurs politiques américains), et en même temps, Israël sera un allié militaire sur le terrain. Sans compter que les entreprises israéliennes persisteront à récolter les fruits des relations du Maroc avec Israël pour explorer et exploiter les énormes richesses que recèle le territoire du Sahara Occidental. Il se compose de matériaux précieux tels que le phosphate, le fer, l’or, ainsi que le poisson ou l’agriculture et d’autres matériaux rares, etc.

    L’objectif principal est de perpétuer le conflit, ou de forcer le peuple sahraoui à accepter le fait accompli. Cette situation conduira nécessairement à une guerre en Afrique du Nord. Il faut savoir qu’actuellement il y a une guerre entre le Front Polisario et les forces militaires marocaines, mais son intensité est faible, juste sur le mur de sable qui sépare le territoire du Sahara Occidental en deux parties, l’une sous Contrôle marocain (80%) et une autre partie sous contrôle du Polisario (20%).

    En effet, une guerre probable entre l’Algérie et le Maroc conduira à des alliances avec plusieurs États et conduira à la mondialisation du conflit. L’objectif principal pour le Maroc, la France et l’Espagne est de changer la nature de la question du Sahara occidental, d’un conflit de décolonisation et de droits, à un conflit de guerre géopolitique entre les grandes puissances (où le territoire sahraoui est un champ de bataille).

    De nos jours, les relations internationales sont guidées par des actions politiques plutôt que par l’adhésion des États aux principes du droit international. Par conséquent, le droit international continuera d’être bafoué au Sahara Occidental, car les questions de décolonisation et d’autodétermination des peuples s’inscrivent davantage dans le temps historique que dans l’actualité européenne ou dans des calculs géostratégiques spécifiques.

    The Kootneeti, 21/04/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #Algérie #Maghreb #EtatsUnis #Israël

  • Le conflit du Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie

    Le conflit du Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie – Front Polisario, Maghreb, Union Européenne, UE, Russie, Israël, migration,

    Comment le conflit du Sahara occidental alimente de nouvelles tensions entre le Maroc et l’Algérie.

    Résumé
    -Les tensions entre le Maroc et l’Algérie ont augmenté ces derniers temps, et le risque de conflit armé est désormais plus élevé.
    -Cette escalade trouve son origine dans le conflit sur le statut du Sahara occidental, où le Maroc semble estimer que sa revendication de souveraineté bénéficie d’un soutien international.
    -Le Maroc et l’Algérie entretiennent des relations importantes avec Israël et la Russie respectivement, mais ils ont également en commun des partenaires importants qui pourraient jouer un rôle dans la prévention de l’aggravation de l’impasse.
    -Le Maroc et l’Algérie ont des intérêts en Europe que l’UE et les États membres peuvent utiliser pour minimiser les tensions, et réduire le risque d’instabilité et d’augmentation des flux migratoires à travers la Méditerranée.
    -Pour y parvenir, les Européens devraient établir une relation plus équilibrée avec le Maroc, sans aliéner l’Algérie, tout en cherchant à consolider leur engagement avec l’Algérie.

    Introduction
    Le Maroc et l’Algérie, les pays dominants du Maghreb, sont enfermés dans une impasse diplomatique. Leur rivalité remonte à plusieurs décennies, mais elle a pris une tournure dramatique au cours de l’année dernière. Depuis août 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, coupé les livraisons de gaz qui passaient auparavant par le Maroc pour atteindre l’Espagne, et accusé les forces marocaines d’avoir tué trois citoyens algériens dans le territoire contesté du Sahara occidental. Les tensions entre ces deux pays lourdement armés ont suscité des inquiétudes dans la région et en Europe, qui craignent que le Maroc et l’Algérie ne dérivent vers un conflit ouvert, risquant de déstabiliser massivement l’Afrique du Nord avec toutes les conséquences que cela impliquerait pour l’Union européenne.spa

    L’escalade est intervenue après que les relations déjà médiocres entre les deux pays ont été perturbées par une série de développements, notamment un changement de position des puissances extérieures. Un moment décisif a été la décision du président Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020 en échange de la normalisation des relations du Maroc avec Israël. Elle a placé le pays le plus puissant du monde dans le camp du Maroc sur une question d’importance fondamentale pour le royaume, à un moment où les tensions sur le Sahara occidental s’étaient déjà ravivées après la rupture d’un cessez-le-feu de longue date entre le Maroc et le mouvement indépendantiste Front Polisario. Le réchauffement des liens entre le Maroc et Israël fait entrer pour la première fois cette puissance régionale polarisante dans le délicat équilibre des pouvoirs au Maghreb. De son côté, l’Algérie a récemment mené des exercices militaires conjoints en Ossétie du Sud avec la Russie, qui fournit depuis longtemps une grande partie des armes de l’Algérie.

    Il existe de nombreux cas dans l’histoire récente du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans lesquels l’implication de puissances extérieures a conduit à l’escalade du conflit. Cependant, il y a également des raisons de penser que l’impasse entre l’Algérie et le Maroc pourrait rester contenue. Les deux pays ont des raisons d’éviter un conflit ouvert, notamment le besoin urgent de se concentrer sur les préoccupations économiques nationales. Un autre facteur important est que de nombreux partenaires extérieurs importants ont des liens avec les deux pays et ont intérêt à atténuer les tensions plutôt que de les attiser.

    Les États européens et l’UE figurent en bonne place parmi ces partenaires. Ils jouent un rôle clé en Afrique du Nord en raison de leurs liens historiques, de leur proximité et de leurs liens économiques avec la région. L’UE et ses États membres pourraient contribuer à réduire les tensions entre le Maroc et l’Algérie – mais pour ce faire, ils doivent maintenir une position équilibrée dans leurs relations avec les deux pays. Au lieu de cela, les dirigeants européens semblent souvent peu disposés à s’opposer aux exigences du Maroc, encourageant ainsi ses politiques maximalistes et sapant leur crédibilité auprès de l’Algérie. Plus récemment, l’Espagne a changé de politique pour approuver le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, suite à une campagne de pression marocaine soutenue qui comprenait l’envoi de vagues de migrants sur le territoire espagnol.

    Laisser le Maroc définir les termes de ses relations avec l’UE risque d’encourager le pays à s’affirmer encore plus et de projeter une image de faiblesse stratégique qui va à l’encontre de l’objectif de l’UE de devenir une puissance géopolitique. Elle compromet également sa capacité à jouer un rôle modérateur en Afrique du Nord et menace ainsi de nuire aux intérêts européens plus larges dans la région. L’UE devrait recalibrer ses politiques afin de mieux réaliser ses ambitions à long terme dans ses relations avec le Maroc et l’Algérie, notamment en influençant la dynamique de l’escalade entre les deux rivaux.

    L’évolution des relations algéro-marocaines

    Les mouvements indépendantistes algériens et marocains ont entretenu des liens étroits, mais lorsque l’Algérie a rejoint le Maroc en tant qu’État indépendant en 1962, les relations entre les pays se sont rapidement détériorées[1]. La cause immédiate des frictions était un différend frontalier portant sur un morceau de territoire désertique que les administrateurs coloniaux français avaient attribué à l’Algérie et que le Maroc cherchait à récupérer après l’indépendance des deux pays. Les tentatives marocaines de s’emparer de ce territoire en 1963 ont entraîné une brève flambée de combats entre les deux pays, surnommée la « guerre des sables ». Après quelques semaines, alors que l’on craignait que l’implication de puissances extérieures ne conduise à une nouvelle escalade, les parties ont convenu d’un cessez-le-feu grâce à des négociations menées par l’Éthiopie et le Mali. Néanmoins, les tensions ont persisté. Cela s’explique en partie par les différences idéologiques entre la monarchie conservatrice du Maroc et le rôle prépondérant de l’Algérie en tant que soutien des mouvements révolutionnaires du tiers-monde, mais un facteur plus important était probablement leur rivalité géopolitique pour le rôle de leader dans la région. Selon l’historien britannique Michael Willis, les tensions persistantes entre le Maroc et l’Algérie sont « enracinées dans des différences sur des questions plus profondes que l’idéologie »[2].

    Depuis 1975, la question dominante entre les deux pays est le conflit du Sahara occidental. Après le retrait des forces de l’ancienne puissance coloniale espagnole et le transfert du contrôle du territoire au Maroc et à la Mauritanie, l’Algérie a apporté son soutien aux revendications d’autodétermination du peuple sahraoui et au mouvement Polisario qui lutte en son nom. L’Algérie avait été réticente à soutenir la position du Polisario avant le retrait de l’Espagne et semblait même disposée à accepter les revendications du Maroc en échange du règlement de son propre différend frontalier avec ce pays. Cependant, une fois que le Maroc s’est emparé de la majeure partie du Sahara occidental, l’Algérie a commencé à fournir un soutien militaire au Polisario et a permis à ses dirigeants (ainsi qu’à de nombreux réfugiés sahraouis) de s’établir sur le territoire algérien ; il y a même eu des escarmouches en 1976 entre les forces marocaines et algériennes sur le territoire. Comme Hugh Lovatt et Jacob Mundy l’ont écrit pour l’ECFR, l’Algérie était motivée en grande partie par « la menace stratégique qu’elle voyait de plus en plus dans un Maroc enhardi et expansionniste ». L’Algérie a également été l’un des principaux soutiens diplomatiques de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), l’État proclamé par le Polisario en 1976.

    Avec le soutien de l’Algérie, le Polisario a pu causer de sérieux problèmes aux forces marocaines au Sahara occidental, mais le conflit s’est stabilisé au milieu des années 1980 après la construction par le Maroc d’un énorme mur de sable, ou berme, le long de la frontière du territoire qu’il contrôle. Dans la dernière partie de la décennie, les tensions entre l’Algérie et le Maroc se sont apaisées. Les relations diplomatiques, que le Maroc avait rompues en 1976, ont été rétablies en 1988. Cette réconciliation partielle a à son tour rendu possible l’accord d’une nouvelle organisation régionale regroupant les cinq pays du Maghreb (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie), l’Union du Maghreb arabe (UMA), en 1989. En 1991, le Maroc et le Polisario ont convenu d’un plan de règlement pour le Sahara occidental sous les auspices de l’ONU, impliquant un cessez-le-feu sous surveillance de l’ONU et l’engagement d’organiser un référendum sur le statut du territoire dans les deux ans.

    Cependant, le référendum promis n’a jamais eu lieu, en partie à cause de différends sur les personnes autorisées à voter. L’incapacité à progresser sur la question du Sahara occidental et la réaffirmation du contrôle interne par les militaires algériens (traditionnellement hostiles au Maroc) à la suite de l’annulation des élections de 1992 et de l’assassinat du président algérien six mois plus tard, ont entraîné une détérioration progressive des relations entre l’Algérie et le Maroc. Après que le Maroc a accusé l’Algérie d’être impliquée dans une attaque terroriste à Marrakech en 1994 et a imposé une obligation de visa aux Algériens se rendant au Maroc, l’Algérie a fermé la frontière entre les deux pays. Elle n’a jamais été rouverte, malgré les appels périodiques du Maroc à rétablir des relations normales. Loin de fournir un forum pour un engagement plus profond, l’UMA a été largement paralysée par la rivalité entre l’Algérie et le Maroc.

    Comme il est devenu clair que le plan de règlement ne fournirait pas la base pour résoudre le statut du Sahara Occidental, les Nations Unies ont renouvelé leur recherche d’un accord négocié. Les envoyés successifs de l’ONU ont essayé de trouver un accord mutuellement acceptable – mais ont eu peu à montrer pour leurs efforts. Le Maroc et l’Algérie ont été en désaccord sur le format des négociations : Le Maroc, considérant le Polisario comme une création largement algérienne, a cherché à inclure l’Algérie ainsi que la Mauritanie dans les pourparlers, tandis que l’Algérie a insisté pour que des discussions bilatérales aient lieu entre le Maroc et le Polisario, ce dernier étant le représentant légitime du peuple sahraoui. En 2018 et 2019, grâce à une concession algérienne, des pourparlers ont eu lieu à Genève sous forme de table ronde, l’Algérie et la Mauritanie y participant avec le statut d’observateurs.

    Les causes de la rupture

    En 2017, le Maroc a réintégré l’Union africaine après une interruption de 33 ans, après avoir quitté son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine, en 1984 pour protester contre l’admission de la RASD en tant que membre de l’organisation. Le retour du Maroc a été le signe d’une nouvelle énergie diplomatique et d’une confiance dans sa politique régionale, à un moment où la politique étrangère algérienne semblait stagner en raison de l’incapacité de son président malade, Abdelaziz Bouteflika. Le Maroc a également réussi à persuader une vague de plus de 20 pays arabes et africains d’ouvrir des consulats sur le territoire, indiquant ainsi leur acceptation de la revendication de souveraineté du Maroc.

    Ces démarches diplomatiques ont été suivies par une réouverture des hostilités entre le Maroc et le Polisario en novembre 2020. Le Polisario a annoncé la fin du cessez-le-feu après que les forces marocaines ont traversé la zone tampon de Guerguerat, patrouillée par l’ONU, pour déloger des manifestants sahraouis qui, selon le Maroc, bloquaient le trafic de marchandises sur la route principale reliant le Maroc à la Mauritanie en passant par le Sahara occidental. Malgré l’action du Polisario, la décision de Trump, le mois suivant, de reconnaître la souveraineté marocaine sur le territoire semblait confirmer que la nouvelle affirmation du Maroc portait ses fruits. Mais, pour l’Algérie, le rapprochement du Maroc avec Israël est apparu comme une menace directe : Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a déclaré que l’Algérie avait été « visée » par « l’arrivée à ses portes de l’entité sioniste ». Lorsque le ministre israélien des affaires étrangères Yaïr Lapid s’est rendu au Maroc, il a critiqué le rôle de l’Algérie dans la région et s’est inquiété de ses liens avec l’Iran.

    Dans ce contexte, deux autres actions marocaines ont semblé confirmer les affirmations algériennes selon lesquelles l’Algérie était confrontée à une plus grande menace de la part de son voisin. La publication d’une enquête journalistique détaillée sur l’utilisation mondiale du logiciel de piratage téléphonique Pegasus a montré que le Maroc avait espionné de manière extensive des cibles algériennes, ciblant plus de 6 000 personnes – une action particulièrement mal perçue car le logiciel a été développé par une société israélienne, NSO Group. Dans le même temps, le Maroc a lancé une campagne visant à renverser le soutien algérien au Polisario en promouvant la cause du mouvement séparatiste dans la région de Kabylie en Algérie. En juillet 2021, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, a distribué une note affirmant que « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination. »

    Ce fut la goutte d’eau qui a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur, puis à rompre ses relations diplomatiques. Un diplomate algérien aurait déclaré que le Maroc avait touché à deux des plus grands tabous de la politique algérienne : son souci de l’unité nationale et sa politique envers Israël. L’Algérie a également accusé le Maroc et Israël d’avoir collaboré avec le groupe séparatiste kabyle MAK pour déclencher une série d’incendies de forêt qui ont causé d’importants dégâts au cours de l’été 2021. L’Algérie a pris de nouvelles mesures contre le Maroc à l’automne 2021, en fermant son espace aérien aux avions marocains et en mettant fin aux livraisons de gaz par le gazoduc Maghreb-Europe qui relie l’Algérie, le Maroc et l’Espagne – et qui fournissait le gaz utilisé pour environ un dixième de l’approvisionnement en électricité du Maroc.

    Manœuvres militaires

    L’élément le plus alarmant de cette impasse est la reprise des combats au Sahara occidental et la possibilité que l’Algérie et le Maroc entrent en conflit direct. Le Polisario a mis fin au cessez-le-feu en réaction à l’incursion du Maroc dans la zone tampon, mais sa décision répondait également à une impatience à plus long terme parmi les jeunes combattants du Polisario, frustrés par l’incapacité de la diplomatie à obtenir des résultats. Depuis lors, le conflit est resté à un faible niveau d’intensité, selon l’ONU. Les combattants du Polisario ont déclaré aux journalistes qu’ils avaient attaqué à plusieurs reprises des bases marocaines le long du mur de sable, mais rien n’indique que leurs actions aient causé de graves problèmes au Maroc. De son côté, le Maroc aurait utilisé des drones fournis par la Turquie et la Chine pour attaquer les combattants du Polisario dans la zone qu’ils contrôlent, notamment le chef de la gendarmerie du Polisario, Addah Al-Bendir, tué en avril 2021.

    En novembre 2021, un convoi commercial de chauffeurs routiers algériens traversant la partie du Sahara occidental contrôlée par le Polisario a été touché par un attentat à la bombe apparent, tuant trois hommes. Dans une déclaration, l’Algérie a affirmé que l’attaque avait été menée par les forces marocaines à l’aide d’ »armes sophistiquées », laissant entendre qu’il s’agissait d’une attaque de drone. Le Maroc a nié toute responsabilité. Il s’agit d’un moment de danger dans l’impasse algéro-marocaine, et l’Algérie a averti que les meurtres « ne resteraient pas impunis ». Cependant, malgré sa rhétorique belliqueuse, l’Algérie n’a jamais fourni de preuve que le Maroc avait mené l’attaque, et elle ne semble pas avoir effectué d’acte de représailles. Rien n’indique non plus que l’Algérie ait intensifié de manière significative les livraisons d’armes au Polisario depuis la rupture du cessez-le-feu. Selon le Polisario, le soutien algérien se renforce, mais il y a peu de preuves de la livraison d’armes sophistiquées[3]. Les rapports sur les opérations du Polisario continuent de décrire une force de combat qui s’appuie sur un armement vieux de plusieurs décennies.

    Tout échange militaire direct entre l’Algérie et le Maroc mettrait en conflit deux des plus grandes forces militaires d’Afrique. Une course aux armements entre les deux rivaux est déjà en cours, et tous deux ont des liens avec des fabricants d’armes de pointe. L’Algérie est un géant militaire : son budget de défense en 2020 était de 9,7 milliards de dollars, le plus important d’Afrique. Un peu moins de 70 % du matériel militaire algérien provient de la Russie. Elle devait recevoir cette année une commande de 14 avions d’attaque Su-34 et aurait discuté de l’achat du chasseur furtif Su-57. Le budget du Maroc est plus modeste, avec 4,8 milliards de dollars en 2020, mais cela représentait déjà une augmentation de 54 % depuis 2011, et les dépenses de défense devraient passer à 5,5 milliards de dollars en 2022. En outre, le Maroc est en pleine mise à niveau de ses forces, y compris un accord de défense aérienne de 500 millions de dollars avec Israël. Le Maroc et Israël ont signé un accord de défense en novembre 2021 qui engage les deux pays à coopérer en matière d’échange d’informations, de projets communs et de ventes d’armes.

    Le jeu d’équilibre de l’Algérie

    Malgré ces tendances, il serait erroné de voir une dynamique inévitable d’accroissement des tensions entre l’Algérie et le Maroc, ou que celles-ci soient principalement alimentées par la Russie et Israël. Du côté algérien, l’attachement de longue date du pays au principe de souveraineté et sa tradition de résistance à toute obligation susceptible de contraindre sa liberté d’action limitent l’influence qu’il a permis à la Russie d’obtenir. L’Algérie a refusé une série de demandes russes visant à obtenir l’autorisation de construire une base navale dans la ville côtière algérienne d’Oran. Elle a également acheté des armes à l’Allemagne et à l’Italie. Lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Algérie a préféré s’abstenir plutôt que de soutenir la Russie. Le Maroc n’a pas voté du tout, espérant manifestement ne pas s’aliéner les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dont il pourrait avoir besoin pour le Sahara occidental. Cela signifie que les positions des rivaux nord-africains n’étaient pas très différentes.

    L’approche adoptée par l’Algérie en matière d’exportations de gaz à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie témoigne également d’une volonté d’équilibrer ses relations avec la Russie et d’autres partenaires, en plus de servir ses propres intérêts économiques. L’Algérie fournissait 11 % du gaz européen avant la guerre et, dès le début de celle-ci, elle a proposé d’augmenter ses livraisons via le gazoduc transméditerranéen reliant l’Algérie à l’Italie afin de compenser toute insuffisance des livraisons européennes en provenance de la Russie. Le directeur de la compagnie gazière publique algérienne Sonatrach, Toufik Hakkar, a déclaré dans une interview au journal algérien Liberté que l’Algérie était « un fournisseur de gaz fiable pour le marché européen et qu’elle était prête à soutenir ses partenaires à long terme au cas où la situation se détériorerait ». Toutefois, après que ses commentaires ont été largement rapportés, Sonatrach s’est plainte qu’ils avaient été déformés par le journal – un signe apparent que l’Algérie n’était pas prête à rompre trop publiquement avec la Russie.

    Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence de l’Algérie en décembre 2019, le pays a tenté de revitaliser sa politique étrangère. Cela a impliqué une réponse plus forte aux mouvements marocains, mais aussi le renouvellement des liens avec des partenaires qui ne soutiendraient pas une nouvelle escalade. L’une des priorités de M. Tebboune a été de redonner à l’Algérie une place plus centrale dans la diplomatie arabe en organisant un sommet réussi de la Ligue arabe. Reporté de mars 2022, le sommet a maintenant été confirmé pour novembre 2022. Tebboune a intérêt à ce que de nombreux dirigeants arabes y assistent, ce qui l’incitera à éviter toute action provocatrice à l’encontre du Maroc.

    L’Algérie a également renforcé ses liens avec la Turquie et entretient des liens de longue date avec la Chine. Ces deux pays entretiennent de bonnes relations avec le Maroc et ne profiteraient pas d’une augmentation des tensions entre les deux rivaux nord-africains. L’Algérie a également une relation de sécurité bien développée avec les États-Unis, qui a persisté malgré la reconnaissance par Trump de la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Rien qu’en mars 2022, de hauts responsables américains du département de la défense et du département d’État se sont rendus en Algérie pour un dialogue militaire et un dialogue stratégique conjoints. Enfin, l’Algérie est fortement dépendante de l’Europe pour son commerce extérieur : l’UE est le premier partenaire commercial de l’Algérie et représente 46,7 % des exportations algériennes (principalement des hydrocarbures).

    Ainsi, la politique étrangère algérienne est marquée par une « géométrie variable », selon les termes de l’analyste franco-algérien Akram Belkaid. Le pays combine une position robuste par rapport au Maroc (ainsi que dans sa rhétorique envers l’ancienne puissance coloniale, la France) avec une approche plus pragmatique avec d’autres partenaires, tout en préservant toujours un certain degré d’autonomie. Le chercheur Adlene Mohammedi a récemment écrit que « malgré des discours parfois controversés, la politique étrangère de l’Algérie se caractérise essentiellement par la discrétion et la prudence. » Ce positionnement signifie qu’il est peu probable qu’elle pousse sa confrontation avec le Maroc à un niveau tel qu’elle met en péril d’autres relations de politique étrangère. De manière cruciale, il fournit également une ouverture pour les partenaires, y compris l’Europe et les États-Unis, pour promouvoir la désescalade.

    La politique étrangère algérienne ne peut être comprise indépendamment de la politique intérieure du pays. Le mouvement de protestation du Hirak qui a explosé en 2019 s’est calmé face à une répression ciblée contre les militants. Cependant, le soutien populaire au régime semble limité : une indication est que la participation aux élections législatives de juin 2021 n’a été que de 23 %. Traditionnellement, les élites dirigeantes algériennes considéraient la politique dure à l’égard du Maroc comme un moyen de rallier le soutien nationaliste au régime algérien, mais il n’est pas clair dans quelle mesure cela reste le cas. Si l’establishment politique et l’armée qui le soutient ont toujours eu des opinions fortement anti-marocaines, la méfiance de la population à l’égard des autorités et sa préoccupation pour les problèmes socio-économiques sont susceptibles de limiter les avantages politiques qu’une position agressive contre le Maroc peut apporter.

    D’après le politologue Zine Labidine Ghebouli, la politique étrangère algérienne et l’opinion publique sur le rôle du pays sont en pleine évolution[4]. Alors que les parties les plus conservatrices de la population restent attachées à une vision traditionnelle du rôle de l’Algérie axée sur le soutien à l’autodétermination, il existe également une partie croissante de l’opinion qui est plus sceptique à l’égard des récits officiels et plus sensible à la nécessité d’un soutien économique et d’un investissement accru. Alors que l’opposition algérienne à Israël reste très répandue, il n’est pas certain que le gouvernement considère une nouvelle confrontation avec le Maroc comme un atout politique incontestable.

    Il est certain que l’Algérie réagira à toute nouvelle mesure marocaine qui pourrait être considérée comme une provocation. Elle a continué à envoyer des convois commerciaux à travers le Sahara Occidental à la suite de la récente attaque, et il ne fait aucun doute qu’une nouvelle attaque contre des citoyens algériens recevrait une réponse forte. Mais en l’absence de toute nouvelle escalade du côté marocain, l’Algérie pourrait bien se contenter de maintenir ses initiatives contre le Maroc au niveau de la rhétorique.

    Le Maroc – une stratégie d’affirmation de soi

    Ces dernières années, et en particulier depuis la reconnaissance par Trump de sa souveraineté sur le Sahara occidental, le Maroc agit avec une affirmation de plus en plus marquée, non seulement à l’égard de l’Algérie mais aussi de l’Europe. En mars 2021, le Maroc a rompu sa coopération diplomatique avec l’Allemagne et a ensuite rappelé son ambassadeur en réponse à ce qu’il a décrit comme « l’attitude destructrice » de l’Allemagne sur le Sahara occidental, qui a notamment demandé une audience à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU après la décision de Trump. En avril 2021, le Maroc s’est également engagé dans une querelle diplomatique avec l’Espagne suite à la décision de Madrid de permettre au leader du Polisario Brahim Ghali d’entrer en Espagne pour être traité pour le covid-19. Dans le cadre de sa réponse, le Maroc a parfois facilité le passage de migrants en territoire espagnol sur la côte nord-africaine, notamment dans les villes de Ceuta et Mellila.

    En novembre 2021, le roi Mohammed VI a prononcé un discours dans lequel il a affirmé avec force que la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne ferait jamais l’objet de négociations, la décrivant comme « une vérité aussi pérenne qu’immuable ». Il a également averti que le Maroc n’accepterait jamais aucune initiative économique ou commerciale qui exclurait le Sahara Occidental. Ceci a des implications évidentes pour les relations du Maroc avec l’Europe. Deux mois plus tôt, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJEU) avait jugé que deux accords de commerce et de pêche entre l’UE et le Maroc étaient invalides parce qu’ils s’étendaient aux produits originaires du Sahara Occidental sans que le consentement du peuple sahraoui ait été demandé pour ces accords. Le Conseil de l’Union européenne a voté pour faire appel de la décision, mais il est probable que la décision sera confirmée. Il est difficile de voir comment les accords pourraient être révisés de manière à satisfaire à la fois les demandes du Maroc et les conditions de la cour.

    Néanmoins, les politiques énergiques du Maroc ont obtenu certains résultats. Plus particulièrement, il a été révélé en mars 2022 que le premier ministre espagnol avait écrit une lettre au Roi Mohammed VI disant que le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental était « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour résoudre le conflit. Cela a marqué un changement majeur dans la position de l’Espagne, puisqu’elle était auparavant restée neutre entre les propositions du Maroc et du Polisario et avait seulement appelé à une solution négociée sous les auspices de l’ONU. La démarche espagnole s’inscrit dans le cadre d’une réconciliation avec le Maroc, ouvrant ce que les autorités espagnoles ont appelé une « nouvelle étape » dans les relations entre les deux pays.

    On pourrait arguer que le changement de position de l’Espagne a peu d’impact sur le fond, puisqu’un accord devra encore être trouvé par le biais de négociations. Mais la décision de l’Espagne risque d’envoyer un signal au Maroc, lui indiquant qu’il bénéficie d’un soutien international croissant pour son approche intransigeante. L’Allemagne avait auparavant réglé son différend avec le Maroc en des termes plus neutres, avec une déclaration décrivant le plan d’autonomie du Maroc comme « une contribution importante ». Le président Joe Biden a également permis que la reconnaissance de la souveraineté marocaine par Trump soit maintenue, bien que son administration ait largement suivi une politique consistant à éviter le sujet et à soutenir la reprise des négociations sous l’égide de l’envoyé des Nations unies récemment nommé, Staffan de Mistura. Les États-Unis semblent avoir obtenu le soutien du Maroc pour la nomination de Mistura en partie en évitant de revenir sur la décision de Trump.

    Vers une approche européenne plus équilibrée

    Toute nouvelle détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc pourrait avoir des conséquences importantes pour l’Europe. Un conflit entre les deux pays entraînerait probablement une forte augmentation de la migration vers l’UE, et surtout vers l’Espagne. Il aurait un impact profondément déstabilisant dans l’ensemble des régions du Maghreb et du Sahel, faisant reculer les espoirs européens de développement économique en Afrique du Nord, qui pourrait jouer un rôle important dans la transition verte de l’Europe, entre autres intérêts. Un conflit pourrait également permettre à des groupes extrémistes de gagner du terrain.

    La récente montée des tensions entre le Maroc et l’Algérie découle d’une série de changements qui ont bouleversé le statu quo antérieur. Le meilleur espoir pour l’Europe d’aider à stabiliser leurs relations réside dans le maintien d’une approche équilibrée vis-à-vis des deux pays, afin d’éviter d’encourager davantage l’affirmation marocaine ou la défensive algérienne. Bien sûr, l’UE a des liens plus développés avec le Maroc qu’avec l’Algérie – et cela est particulièrement vrai pour la France et l’Espagne, qui ont des liens commerciaux forts et comptent sur la coopération marocaine en matière de migration et de contre-terrorisme. Cependant, il y a des raisons de se méfier d’une adhésion trop étroite à la position du Maroc. Pour l’Europe, faire des concessions face aux tactiques musclées du Maroc risque de récompenser une approche qui incorpore un élément de chantage par la militarisation de la migration. En outre, l’engagement européen avec le Maroc n’a pas réussi à obtenir le soutien marocain à la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’invasion russe de l’Ukraine – une question d’importance critique pour l’Europe.

    Le Maroc pourrait également être dans une position plus faible que sa position affirmée semble le suggérer. La guerre en Ukraine a déjà un impact sérieux sur l’économie du pays. Le Maroc est un grand importateur de céréales et d’hydrocarbures, dont le prix a fortement augmenté en raison du conflit. Le Maroc souffrait déjà de la pire sécheresse depuis des décennies, ce qui a eu un impact considérable sur la production agricole nationale. L’industrie touristique du pays est également encore en train de se remettre de l’impact du covid-19.

    Ces facteurs rendent le soutien européen et la poursuite des flux commerciaux du Maroc vers l’Europe particulièrement importants. Si la CJUE confirme le récent arrêt sur les accords commerciaux et de pêche, il serait coûteux pour le Maroc de perdre les avantages de son accord d’association avec l’UE, qui est la destination de 64 % des exportations marocaines. Le Maroc pourrait finalement être contraint de faire un compromis sur son insistance à ce que tout accord commercial inclue le Sahara Occidental ; dans tous les cas, le jugement de la cour impose une limite à ce que l’UE peut accepter. Cela pourrait fournir une occasion de réinitialiser les relations de l’Europe avec le Maroc, en s’éloignant d’une posture qui semble souvent excessivement déférente. Si l’Europe ne riposte pas à l’affirmation marocaine, le Maroc sera encouragé à redoubler ses exigences et ne sera pas incité à respecter les préoccupations européennes.

    L’UE et ses Etats membres devraient adopter une politique envers le Maroc qui soit basée sur une évaluation des intérêts à long terme de l’Europe envers le pays et le Maghreb plus largement. L’Europe peut reconnaître les avantages de la coopération et les contributions marocaines dans des domaines tels que la migration et la sécurité, mais dans le même temps, elle peut indiquer clairement qu’elle n’est pas prête à approuver la position du Maroc sur le Sahara occidental et qu’elle attend également une coopération sur d’autres préoccupations européennes. Dans le cadre de cette politique, l’Europe devrait encourager la retenue marocaine dans l’utilisation de la force contre les forces du Polisario et souligner l’importance d’éviter une nouvelle escalade dans les relations du Maroc avec l’Algérie. Elle devrait essayer d’atténuer le sentiment du Maroc qu’il peut atteindre ses objectifs au Sahara occidental en s’affirmant davantage, une perception qui sous-tend ses tensions avec son voisin.

    Les relations européennes avec l’Algérie sont beaucoup moins profondes que celles avec le Maroc. Le pays est à bien des égards un partenaire plus problématique et plus délicat : son gouvernement ne bénéficie pas d’un soutien populaire, son climat commercial décourage les investissements européens et il n’a pas respecté les engagements pris dans son accord d’association avec l’UE en 2002. Néanmoins, l’UE reste un partenaire important pour l’Algérie, et elle pourrait gagner encore en influence si le pays s’engage dans la transition économique et énergétique qui sera nécessaire pour assurer sa prospérité future.

    Il est dans l’intérêt de l’Europe de développer ses liens avec l’Algérie et d’éviter de pousser le pays à dépendre davantage de puissances extérieures telles que la Russie. L’UE et ses Etats membres seront les mieux placés pour le faire s’ils ne s’alignent pas davantage sur la position du Maroc sur le Sahara occidental. Le récent changement de position de l’Espagne a incité l’Algérie à rappeler son ambassadeur pour des consultations et à revoir le prix qu’elle facture à l’Espagne pour le gaz, bien qu’il ne soit pas encore clair dans quelle mesure une rupture des relations en résultera. Les pays européens devraient éviter toute nouvelle action qui semble prendre parti dans le conflit, ce qui perturberait davantage l’équilibre des pouvoirs perçu entre le Maroc et l’Algérie d’une manière potentiellement déstabilisante. Dans le même temps, l’UE devrait essayer de persuader l’Algérie de revenir au format quadripartite pour les pourparlers sur le Sahara Occidental, dans le cadre d’un effort pour soutenir la volonté de l’envoyé de l’ONU de relancer les négociations. Les responsables européens devraient également essayer de persuader l’Algérie de ne pas intensifier son soutien militaire au Polisario et d’éviter toute nouvelle rhétorique incendiaire à l’égard du Maroc.

    Il n’existe aucune perspective immédiate de pourparlers bilatéraux visant à désamorcer l’impasse entre le Maroc et l’Algérie, et il est peu probable que les pays européens soient acceptés par l’une ou l’autre des parties en tant que médiateurs. Mais l’UE et ses États membres pourraient jouer un rôle dans la réduction des tensions s’ils peuvent contribuer à encourager une approche plus modérée des deux côtés. Pour ce faire, ils doivent envisager leurs relations avec les deux pays dans un contexte régional et éviter toute action supplémentaire qui pourrait alimenter l’affirmation marocaine et amener l’Algérie à penser que l’Europe a pris parti contre elle. Une telle approche permettrait non seulement à l’Europe d’être la mieux placée pour désamorcer les tensions régionales, mais fournirait également la base la plus constructive pour les relations bilatérales avec le Maroc et l’Algérie dans les années à venir.

    A propos de l’auteur
    Anthony Dworkin est chargé de mission au Conseil européen des relations étrangères. Il dirige les travaux de l’organisation dans les domaines des droits de l’homme, de la démocratie et de l’ordre international. Entre autres sujets, Dworkin a mené des recherches et écrit sur le soutien de l’Union européenne au multilatéralisme, la transition politique en Afrique du Nord et les cadres européen et américain de lutte contre le terrorisme.

    Remerciements
    L’auteur tient à remercier Zine Labidine Ghebouli pour sa connaissance de la politique étrangère algérienne. Au sein de l’ECFR, il souhaite remercier Julien Barnes-Dacey, Hugh Lovatt et Tarek Megerisi pour leurs commentaires sur une version antérieure, ainsi qu’Adam Harrison pour l’édition.

    Cet article a été rendu possible grâce au soutien du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ECFR par la Fondazione Compagnia di San Paolo.

    [1] Pour un compte rendu des relations entre l’Algérie et le Maroc, voir Michael Willis, Politics and Power in the Maghreb : Algeria, Tunisia and Morocco from Independence to the Arab Spring (Hurst, 2012), pp. 265-292.

    [2] Willis, Politics and Power in the Maghreb, p. 292.

    [3] Entretien de l’ECFR avec un haut responsable du Polisario, capitale européenne, octobre 2021.

    [4] Entretien de l’ECFR avec Zine Labidine Ghebouli, 28 février 2022.

    The European Council on Foreign Relations, 08/04/2022

    #SaharaOccidental #Algérie #Maroc #UE #Migration