Étiquette : Front Polisario

  • Maroc : Des femmes d’une espèce rare

    Maroc : Des femmes d’une espèce rare

    Maroc : Des femmes d’une espèce rare – Sahara Occidental, Front Polisario, sahraouis,

    Les Marocaines qui défient Mohamed VI : « Le Sahara appartient aux Sahraouis ».
    Trois jeunes femmes marocaines vivant en Espagne rompent leur silence et soutiennent publiquement les revendications des Sahraouis. « La chose la plus éthique serait de leur donner le référendum qu’ils demandent », explique l’un d’eux. Voici les fléchettes puissantes contre l’élite politique de Rabat et le roi Mohammed VI.

    Karima Ziali a pris d’assaut ses réseaux il y a quelques jours pour briser un tabou. Elle ne voulait pas rester silencieuse. Si elle l’avait fait entre les murs de son pays, cela lui aurait coûté deux décennies de prison, peut-être même la répudiation de son propre peuple. Karima est marocaine et est arrivée en Espagne à l’âge de 3 ans. Elle a aujourd’hui 35 ans. Peu après que le gouvernement espagnol ait rompu des décennies de consensus sur le conflit du Sahara occidental, elle a publiquement déclaré son soutien à l’indépendance des Sahraouis.

    « J’ai rarement pris une position politique. Mais cette fois, je ne peux pas m’en empêcher. Je suis un Espagnol d’origine marocaine et il m’est impossible de me voir représenté directement et indirectement sous une monarchie qui continue à évoluer dans le sens de la brutalité convenue avec l’État espagnol depuis plus de quarante ans. Si j’aime ma liberté, j’aime aussi la liberté des autres », a déclaré Karima dans un post sur Facebook et Instagram.

    Un cri plein de courage, contre les lignes rouges de la monarchie marocaine et les silences familiaux, qui a été repris par d’autres camarades marocains vivant en Espagne. Deux semaines après le revirement espagnol sur le Sahara, au milieu de la solitude parlementaire avec laquelle le PSOE a payé ce que beaucoup appellent une « trahison », El Independiente rassemble le témoignage de trois jeunes femmes marocaines qui ont accepté d’enterrer leur silence et de s’exprimer publiquement en faveur du peuple sahraoui.

    Briser un tabou
    « Au Maroc, c’est un sujet complètement tabou, dont on ne parle pas habituellement. J’ai décidé de m’exprimer parce que je voulais donner de la visibilité à un sujet qui n’est pas abordé par les Marocains, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays », explique Karima, qui vit à Grenade. Elle est la seule des trois à accepter d’apparaître avec nom et prénom, en montrant son visage, sans crainte de représailles ou des conséquences de l’omniprésente surveillance marocaine. « Je suis né au Maroc mais j’ai grandi en Catalogne. J’ai étudié la philosophie et l’anthropologie. J’ai compris que cela valait la peine de prendre position », murmure-t-il.

    La population sahraouie était divisée entre l’intérieur et les camps de réfugiés installés dans l’inhospitalière hamada algérienne près de Tindouf. Rabat a torpillé l’organisation du référendum d’autodétermination parrainé par les Nations unies et a présenté en 2007 un plan d’autonomie que le gouvernement de Pedro Sánchez a maintenant approuvé avec enthousiasme.

    « Ce qu’ils font au peuple sahraoui est vraiment barbare. Même si je suis originaire du Maroc, je ne vais pas me cacher ou défendre ce que fait mon pays, car il me semble que ce sont des actes atroces », répond Nur, le nom fictif d’une autre des jeunes femmes qui défie courageusement et publiquement le récit officiel de sa patrie. Nur vit dans le sud de l’Espagne depuis 23 ans. Elle est âgée de 29 ans. Elle se bat toujours pour obtenir la nationalité espagnole. Sa situation est particulièrement délicate. « Je sais que je prends un gros risque car mon passeport marocain a expiré. Mais je ne vais pas me taire », prévient-il.

    Contre Allah, le roi et le Sahara marocain

    Sa position sur le conflit sahraoui, radicalement opposée à celle du monarque et de l’establishment politique du pays voisin, n’est pas le seul amendement que Nur lance à ceux qui règnent et gouvernent de l’autre côté du détroit. « Je n’ai pas visité le Maroc depuis cinq ou six ans et je n’ai pas l’intention d’y aller. Je suis une lesbienne et une apostate de l’islam. Je dénonce tout ce que le Maroc fait aux Sahraouis parce que je trouve cela tout simplement horrible, dégradant et inhumain. Je le dirai en public pour le reste de ma vie jusqu’à ce que je sois réduit au silence.

    La biographie de Nur est une attaque en règle contre la triade qui maintient l’ordre à Rabat : Dieu, le roi et le Sahara marocain. C’est un coup précis porté à l’échafaudage qui maintient en place des décennies de propagande, de mensonges et de désinformation massive. Layla, la troisième jeune femme dans la mêlée, est également abonnée aux fléchettes. « Je suis une féministe et beaucoup de mes collègues sont des Sahraouis. J’ai appris ma position directement au contact de ces personnes. Il n’y a pas de manière éthique de prendre le parti du Maroc, aussi marocain que l’on soit », répond-elle.

    « Le mouton noir
    Dans son message, Layla n’a laissé personne sans tête. Elle était implacable : « Un gouvernement qui assassine, noie et maltraite son propre peuple est capable de l’inimaginable avec un gouvernement étranger. J’ai vu des vidéos, des viols de femmes, des photos, des témoignages qui m’empêchent de dormir la nuit. « Les terres pour ceux qui les habitent et les chérissent, les terres pour leur peuple. Vive le Sahara libre », a-t-il crié. « La chose la plus éthique serait de leur donner le référendum qu’ils demandent », a-t-elle déclaré lors de la conversation.

    Layla a atterri en Espagne alors qu’elle n’avait que quatre ans. Aujourd’hui, elle a 29 ans. « Je suis une apostate de l’islam. C’est un fait très important car le fait que je sois un apostat me donne aussi la force de prendre position sur le conflit sahraoui, parce qu’en fin de compte ils me fichent dans les réseaux. Si je ne peux pas revenir en arrière, quelle différence cela fait-il pour moi ? Son opinion n’est pas partagée au sein de sa famille. « La mienne est une famille pro-régime marocain », prévient-elle.

    « Je ne suis pas non plus un monarchiste. Je me considère comme un républicain. Vous voyez, je suis le mouton noir. C’est pourquoi je dis que je ne remettrai plus jamais les pieds au Maroc », souligne-t-elle en riant. Elle n’hésite pas à répondre à la question sur Mohammed VI : « Eh bien, je pense qu’ils sont très proches l’un de l’autre. Si vous copinez avec les États-Unis et Israël, il n’est qu’un autre génocidaire, et la seule chose qu’il fait est d’être plus gaucher que son père ».

    Les mots de Karima semblent plus retenus. « Tout Marocain moyen serait incapable de le définir comme un dictateur. Je veux dire, le roi est là parce que le peuple a besoin qu’il soit là aussi. Si vous voulez le définir comme un dictateur, alors la société a besoin d’un dictateur », affirme-t-elle. « C’est une population très démunie, dans un contexte encore assez rural, et il y a beaucoup d’analphabétisme. La situation s’est améliorée ces dernières années, mais la perception est toujours celle d’un monarque qui a encore tous les pouvoirs entre ses mains. Il devrait les lâcher afin d’avancer vers la démocratie », dit-il.

    Dans le domaine des gags
    Ses déclarations révolutionnaires n’ont jamais été entendues dans l’enceinte de Mohammed VI, où règnent la censure et la répression. Selon l’index de Reporters sans frontières, Rabat est classé 135e sur 180 pays. L’organisation cite parmi ses gags le harcèlement judiciaire continu des journalistes qui défient les longues et épaisses lignes rouges. Karima admet que, comme les deux collègues qui ont accepté de parler à ce journal, ils sont « une île ».

    « On a le sentiment que sur la question sahraouie, les Marocains reculent et laissent tout entre les mains des politiques. En tant que société, nous avons aussi quelque chose à dire », souligne-t-il. Et, pour preuve, tous les soutiens qu’il a reçus ces jours-ci sur les réseaux sociaux proviennent de la péninsule. « Ils sont espagnols ou d’origine sahraouie. Jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’est ouvertement marocain », confirme-t-il.

    Karima garde un certain espoir que « son grain de sable » contribuera à un changement, comme les dunes qui changent de place et se déplacent dans l’immensité du désert. « Peut-être que c’est un geste qui peut faire que tout le monde commence à se demander pourquoi nous, les Marocains, ne parlons pas de ça », murmure-t-elle. Il s’inquiète du silence qui, à huis clos, entoure l’avenir de l’ancienne colonie, de la présence omniprésente et moyenâgeuse du monarque et de la dalle de la religion. « Ils sont imbriqués et tissés dans la tradition et il est difficile de les remettre en question ou simplement d’ouvrir une réflexion sur leur rôle », dit-il.

    « Sur la religion, il faut trouver une sphère privée où chacun peut trouver son lieu intime pour la pratiquer. Je ne pense pas que la religion dans la sphère publique ou politique soit viable si nous voulons progresser vers la démocratie », prescrit-il. « Et à propos du roi, la vérité est qu’au début de son règne, il semblait que les choses allaient beaucoup changer, mais ces dernières années, il y a eu plusieurs revers.

    Le type de club que le revirement de l’Espagne a provoqué ces dernières semaines est composé exclusivement de femmes marocaines vivant en Espagne. Il n’y a aucune trace d’hommes. « Nous sommes les plus courageux, ceux qui ressentent le plus l’oppression. J’imagine que cela a aussi à voir avec le fait que les femmes sahraouies sont très féministes et très actives dans la lutte pour leurs droits », souligne Layla. « Les hommes ne sont pas là. Je ne trouve pas d’autre explication que l’hypocrisie. Ils sont les premiers à brandir le drapeau de l’islam et les premiers à enfreindre ses commandements », dit-elle.

    « Un pays désireux de se libérer

    Casser le moule, quitter le giron, a son prix. « J’ai perdu les deux seuls Marocains qui me restaient dans les réseaux. Ils ont toléré mon discours athée et féministe, mais ils n’ont pas supporté ma position sur le Sahara », dit-elle.

    El Independiente, 02/04/2022

  • ONU: Prochaine session sur le Sahara Occidental le 20 avril

    ONU: Prochaine session sur le Sahara Occidental le 20 avril

    ONU: Prochaine session sur le Sahara Occidental le 20 avril – Maroc, Front Polisario, Staffan de Mistura,

    Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une session sur le Sahara occidental le 20 avril, selon ce qu’a annoncé le Royaume-Uni qui préside l’instance exécutive de l’ONU pour le mois en cours. Au cours de la session, le Conseil de sécurité entendra un exposé sur les contacts récemment pris par l’envoyé de l’ONU au Sahara occidental, Staffan de Mistura, avec les parties au conflit (Maroc et le Front Polisario) et les pays intéressés par le conflit au Sahara occidental.

    Ce rendez-vous sera également l’occasion pour le représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), le Russe Alexander Ivanko, de présenter un rapport sur la situation sur le terrain avec le développement des actions militaires entre les armées sahraouie et marocaine. Il convient de noter que la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental a été créée suite à la résolution n° 690 du Conseil de sécurité du 29 avril 1991 conformément aux propositions de règlement acceptées le 30 août 1988 entre le royaume du Maroc et le Front de Libération de Sakia El Hamra oua Oued Eddahab (le Polisario). Le 29 avril 2016, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2285 appelant les parties au conflit à travailler pour démontrer la volonté politique d’entrer dans une phase de négociations plus large et plus substantielle.

    Dans son dernier rapport sur la situation au Sahara occidental, publié début octobre 2021, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a noté qu’elle s’était «considérablement détériorée depuis son dernier rapport d’octobre 2020». Et il a mis en garde contre un risque continu d’escalade dans cette région.

    La situation au Sahara occidental s’est particulièrement détériorée depuis novembre 2020, lorsque le Maroc a attaqué des civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement dans la zone tampon de Guerguerat, à l’extrême sud-ouest du Sahara occidental, pour exiger la fermeture de la faille illégale créée par le Maroc en violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991.

    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #Staffande_Mistura

  • Le dilemme du Sahara pour l’Espagne

    Le dilemme du Sahara pour l’Espagne – Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, migration,

    La décision espagnole de soutenir les positions de Rabat au Sahara Occidental semble plus motivée par son désir de rétablir des liens avec le Maroc que de contribuer à faire avancer la paix, changeant une chose pour une autre. Cependant, les deux objectifs ne doivent pas être mutuellement exclusifs.

    Dans son discours devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre basse espagnole, le FM, José Manuel Albares, a annoncé sa détermination à passer « des paroles aux actes » pour mettre fin au conflit qui oppose depuis 46 ans le peuple sahraoui – représenté par POLISARIO – et le Maroc au Sahara occidental. En soutenant le plan d’autonomie du Maroc pour le territoire, le gouvernement espagnol fait valoir qu’il contribue à donner une impulsion majeure aux efforts de médiation menés par l’ONU sous la direction de Staffan de Mistura. Ce que le mouvement de Madrid fera, c’est s’intégrer aux défis du PESG, éloignant ainsi les perspectives de paix.

    Albares affirme que la décision de l’Espagne ne représente pas réellement un changement de politique vis-à-vis du conflit, s’écartant des positions des gouvernements précédents. Elle ne diffère pas non plus, selon lui, des positions d’autres États européens comme la France et l’Allemagne. À cet égard, il n’a qu’à moitié raison.

    Comme leurs collègues des autres capitales européennes, les fonctionnaires espagnols ont régulièrement traité la proposition d’autonomie de Rabat – qui donnerait au Sahara Occidental des compétences transférées sous souveraineté marocaine – comme le principal point de référence international. Paris a longtemps décrit le plan comme « une base sérieuse et crédible de discussions ». Pour raccommoder ses propres liens tendus avec Rabat, Berlin s’est également dirigé dans cette direction en décembre dernier, le qualifiant de « contribution importante ». Mais en promouvant le plan marocain comme la base « la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit, Madrid est allée plus loin que les autres capitales, devenant le plus ardent défenseur des positions marocaines en Europe.

    Dans un monde de diplomatie internationale où chaque mot compte, ce superlatif supplémentaire a une grande importance dans le contexte des pourparlers de paix menés par l’ONU au cours des dernières décennies. Depuis qu’elle l’a présentée en 2007, Rabat a fait pression pour que son initiative d’autonomie devienne l’unique point de référence des négociations, balayant les plans successifs présentés par les PESG depuis 1991, ainsi qu’une contre-offre de 2007 du POLISARIO pro-indépendance. Bien que Washington et Paris aient été relativement rapides à soutenir le plan marocain, il a fallu une campagne de pression concertée pour amener Berlin et Madrid à modifier leurs positions.

    Les responsables marocains n’ont pas hésité à utiliser la migration pour faire pression sur l’Espagne afin qu’elle adopte les positions de Rabat. Ils n’ont pas hésité non plus à dire qu’une condition préalable à la normalisation des relations avec Madrid – qui ont été interrompues lorsque l’Espagne a accueilli le leader du POLISARIO, Brahim Gali, pour un traitement médical – était qu’elle riposte en soutenant l’Allemagne. Cependant, il est peu probable que le Maroc s’arrête là, car son objectif principal reste d’obtenir la reconnaissance européenne de ses revendications de souveraineté sur le Sahara occidental, comme l’ont fait les États-Unis sous l’administration de Donald Trump.En défendant sa décision, le gouvernement espagnol a fait valoir que son soutien à l’autonomie du Sahara occidental complète les efforts menés par l’ONU pour avancer dans une « solution mutuellement convenue dans le cadre des Nations unies » qui pourrait permettre l’autodétermination des Sahraouis.

    Dans la pratique, cependant, il s’agit d’un cercle impossible à quadriller, et l’Espagne, en revanche, a creusé le fossé entre les deux parties. Le POLISARIO – en sa qualité de représentant internationalement reconnu du peuple du Sahara Occidental – a rejeté à maintes reprises l’option d’une autonomie sous contrôle marocain. Au contraire, il exige l’indépendance absolue. Albares a négligé ce fait dans ses échanges avec les députés et n’a offert aucune idée de la façon dont POLISARIO pourrait être convaincu autrement. Il a également ignoré l’une des principales raisons de l’échec des négociations précédentes, à savoir l’obstruction continue du Maroc aux efforts de l’ONU pour organiser un référendum qui permettrait aux Sahraouis de décider de leur propre avenir.

    M. Albares semble préférer laisser à M. de Mistura le soin de résoudre ces deux questions, une tâche ardue même pour un diplomate aussi chevronné, qui se retrouvera en outre dans une position plus faible lors des discussions avec Rabat. En soutenant aussi fermement les positions marocaines, l’Espagne a sans doute durci encore davantage les positions de négociation de Rabat.

    Avec la quasi-certitude que le monde se range derrière ses exigences, le gouvernement marocain semble avoir peu de raisons de faire des concessions au POLISARIO en ce qui concerne les modalités du référendum ou la substance d’un futur plan de statut final. En effet, Madrid a récompensé l’offre à prendre ou à laisser de Rabat : soit le POLISARIO accepte ses conditions – ce qui représenterait une victoire marocaine pure et simple – soit il n’obtient rien, sauf un exil supplémentaire dans les camps de réfugiés de Tindouf. La décision du POLISARIO de retourner à la guerre l’année dernière indique que, loin d’abandonner, il considère désormais l’escalade militaire comme le seul moyen de renforcer sa position de négociation. Dans ce contexte, la mesure de l’Espagne fera reculer les efforts visant à rétablir un horizon politique qui pourrait désamorcer la violence au Sahara occidental et conduire à la reprise des pourparlers, suspendus depuis 2019.

    En se focalisant sur le plan d’autonomie du Maroc comme base d’une solution future, Madrid vend également une illusion. En plus d’être un échec pour le POLISARIO, un tel accord risquerait d’accroître les niveaux de violence, surtout en l’absence de garde-fous solides pour garantir le respect des droits et de l’autonomie des Sahraouis. Cela se fait au détriment d’efforts plus sérieux pour développer une « troisième voie » réaliste entre l’indépendance pure et simple et l’intégration au Maroc, en explorant, par exemple, le concept de libre association.La décision de l’Espagne a été motivée par son désir de restaurer les liens avec le Maroc, et non par l’avancement de la paix au Sahara Occidental. En ce sens, une chose a changé pour l’autre.

    Cependant, ces deux objectifs ne doivent pas s’exclure mutuellement. Au lieu de succomber à la pression marocaine, l’Espagne pourrait mieux profiter des avantages financiers et économiques très réels qu’elle et ses partenaires de l’UE offrent au Maroc à un moment où l’économie marocaine est en difficulté, dans un contexte d’augmentation du coût de la vie. Une position plus robuste et plus sûre vis-à-vis du Maroc mettrait l’Espagne en meilleure position pour défendre ses intérêts fondamentaux – à savoir, le contrôle de la migration et la sauvegarde de ses villes nord-africaines de Ceuta et Melilla -, tout en contribuant à ouvrir un espace pour faire avancer un processus de paix crédible. Ce serait la meilleure façon de soutenir le travail de M. De Mistura.

    Un point de départ serait d’arrêter de se battre aux côtés du Maroc dans la CEJ pour maintenir le Sahara Occidental dans les accords commerciaux et de pêche de l’UE avec le Maroc, ce qui contrevient au droit international et aux positions juridiques de l’UE. En fin de compte, égaliser la politique de pouvoir du Maroc serait bénéfique à la fois pour les Espagnols et les Sahraouis, tout en créant la base d’une relation plus équilibrée et durable avec Rabat.

    Politica Exterior, 24/03/2022

    #Espagne #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #FrontPolisario

  • Espagne: Indignation face à la décision de Sanchez

    Espagne: Indignation face à la décision de Sanchez – Sahara occidental, Maroc, Algérie, Front Polisario,

    Pendant des décennies, l’Espagne a soutenu la position de l’ONU selon laquelle le Sahara Occidental, une ancienne colonie espagnole, a le droit à l’autodétermination.

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, a défendu mercredi devant le Congrès des députés espagnols la décision du gouvernement espagnol de se ranger du côté du Maroc sur le statut du Sahara occidental.

    Pendant des décennies, l’Espagne a soutenu la position de l’ONU selon laquelle le Sahara Occidental, une ancienne colonie espagnole, a le droit à l’autodétermination. Cependant, cette position a brusquement changé la semaine dernière.

    Dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohamed VI, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a exprimé son soutien au projet du Maroc de faire fonctionner la région de manière autonome sous l’égide du gouvernement de Rabat.

    La nouvelle position de l’Espagne n’a été rendue publique qu’après qu’un journal marocain a publié des parties de la lettre vendredi dernier.

    Toutefois, cette nouvelle position en matière de politique étrangère, qui n’aurait pas été communiquée à l’avance au partenaire junior de la coalition au pouvoir en Espagne, Unidas Podemos, ni à la partie algérienne, a suscité la fureur de plusieurs parties.

    Valentina Martínez Ferro, députée du Parti populaire, a déclaré que le changement de position du gouvernement n’est pas une politique d’État car il n’est pas soutenu par son parti, le principal parti d’opposition, et a affirmé qu’il n’est même pas une politique gouvernementale car il n’est pas non plus soutenu par ses partenaires gouvernementaux.

    De même, M. Martínez a déclaré que même des secteurs du propre parti de M. Sánchez sont contre son virage diplomatique.

    Jon Iñarritu García, député de la coalition des partis nationalistes et indépendantistes basques, Euskal Herria Bildu (EH Bildu), a déclaré que le gouvernement a fermé une crise avec le Maroc pour en ouvrir plusieurs autres avec le Front populaire pour la libération de Saguía el Hamra et Rio de Oro (Frente Popular por la Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro) (Frente Polisario).
    Oro (Front Polisario) et l’Algérie, ainsi qu’une crise interne avec ses « partenaires progressistes ».

    Mardi, les députés de Podemos ont brandi des drapeaux du Sahara occidental au Congrès.

    L’Algérie, principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, a également été indignée par la décision du gouvernement Sánchez.

    L’ambassadeur d’Algérie en Espagne a été convoqué d’urgence pour consultation, tandis que le gouvernement du pays d’Afrique du Nord a condamné le « changement abrupt » de l’Espagne.

    L’Algérie soutient l’indépendance du Sahara occidental et la question a provoqué de profondes tensions entre le Maroc et l’Algérie pendant des années.

    L’année dernière, l’Espagne a permis au leader du Front Polisario d’être soigné en Espagne par le COVID-19, ce qui a provoqué une rupture diplomatique avec le Maroc.

    Suite à cela, les autorités marocaines ont autorisé un total de 10 000 Africains subsahariens à sauter la barrière séparant le Maroc de la ville autonome espagnole de Ceuta.

    À la suite de ces incidents, le ministre espagnol des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, a été remplacé par Albares.

    Pour sa part, M. Albares a déclaré que l’Espagne avait été spectatrice pendant trop d’années et a ajouté qu’elle voulait désormais être actrice. Il a également insisté sur le fait que toute solution au conflit qui sévit depuis des décennies dans la région doit être acceptée par les deux parties.

    Selon la lettre envoyée par M. Sánchez au roi du Maroc, l’Espagne estime désormais que la proposition du Maroc est la « plus sérieuse, crédible et réaliste » pour mettre fin au conflit.

    M. Sánchez a également déclaré qu’il espérait se rendre à Rabat dans les semaines à venir pour « renouveler et approfondir » les relations entre les deux pays et « faire face ensemble aux défis communs, notamment autour des flux migratoires dans l’Atlantique et la Méditerranée ».

    Anadolou Agency

    #SaharaOccidental #Maroc #Espagne #Algérie #FrontPolisario #PedroSanchez

  • Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole – Maroc, Espagne, Algérie, Front Polisario, autonomie,

    L’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental, a indiqué hier, un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

    « Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », souligne le communiqué.

    Cet incident diplomatique intervient dans un mauvais moment, alors que le contexte international, marqué par la guerre russo-ukrainienne, observe avec appréhension les imprévisibles développements du conflit.

    Le revirement espagnol est-il en relation avec ce conflit ? Certainement oui, même indirectement. Le timing indique de lui-même la manœuvre. Même les journalistes espagnols en sont à la fois étonnés et embarrassés. Nous avions hier, tenté d’avoir un commentaire de la part de Rosa Meneses Arenda, responsable Desk Maghreb, au quotidien El Mundo, et grande experte du dossier maghrébin, en vain ; de même nous avions essayé d’arracher un mot à Carla Fibla, ex-journaliste à La Vanguardia, toujours sans succès.

    Le Maroc avait, rappelez-vous, daigné voter contre la Russie au début de la guerre en Ukraine. Rabat tentait par ce coup d’atteindre deux objectifs : montrer à la Russie toute « sa bonne volonté » vis-à-vis des Russes, et c’était là un clin d’œil pour le Plan d’autonomie au Sahara occidental, mais surtout afficher sa colère aux Européens, qui n’ont été à la vitesse souhaitée concernant le même volet, et pis encore, ont montré pour certains un visage bienveillant aux Sahraouis.

    L’Europe, englué dans la guerre qu’elle sous-traite à son corps défendant au profit des Etats Unis, devait prévoir tous les scénarios d’une guerre qui menace de se diluer. De ce fait, le Maroc est un élément de la démarche, du fait de sa position à la pointe de la Méditerranée, à l’embouchure de l’Atlantique. Comme les pays d’Europe, conscients de leur grande fragilité face aux deux blocs Russie-Chine et USA-GB, tentent de trouver la parade.

    Concernant le Maroc, c’est apparemment l’Espagne qui a été envoyée au charbon, pour une question de proximité et d’indécision sur le dossier sahraoui.

    De toute évidence, l’Algérie est comptée parmi les soutiens potentiels de Moscou, malgré la neutralité qu’elle observe depuis le début de la guerre.

    L’Espagne est bel et bien la source du problème du Sahara occidental, en l’abandonnant de la sorte en 1975. Depuis lors, elle a fait des efforts pour rattraper ses erreurs ; elle a eu tantôt des positions honorables, tantôt moins. Mais contribuait certainement à un équilibre dans ce dossier épineux de décolonisation.

    De ce fait, les conséquences peuvent s’avérer désastreuses dans l’avenir. Le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne en est une. Commis en pleine guerre ukrainienne, l’acte madrilène est préjudiciable autant pour l’Espagne elle-même que pour ses partenaires les plus sérieux. On attendra la réaction officielle de Madrid sur le sujet.

    L’Express, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #Espagne #PedroSanchez #Algérie

  • L’Espagne met l’Algérie en colère à cause du Sahara Occidental

    L’Espagne met l’Algérie en colère à cause du Sahara Occidental

    L’Espagne met l’Algérie en colère à cause du Sahara Occidental – Maroc, Front Polisario, Pedro Sanchez, L’Algérie a condamné le « revirement brutal de l’Espagne », l’Espagne avait précédemment fait preuve de neutralité dans le conflit de longue date pour la terre.

    L’Algérie a rappelé son ambassadeur en Espagne après que Madrid a changé une politique de 42 ans envers son ancienne colonie du Sahara occidental.

    L’Algérie a condamné le « revirement brutal de l’Espagne », affirmant samedi que l’Espagne avait précédemment fait preuve de neutralité dans le conflit de longue date pour la terre.

    Madrid a maintenant soutenu la proposition du Maroc de lui donner une autonomie régionale limitée.

    Vendredi, il a qualifié la proposition, qui remonte à 2007, d’initiative « la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible » pour résoudre un différend vieux de plusieurs décennies sur le vaste territoire saharien.

    Le Maroc a annexé le Sahara Occidental en 1975 et en réponse l’Algérie a gardé sa frontière avec le Maroc fermée pendant des décennies.

    Et, bien que l’Espagne reçoive environ 40% de son gaz d’Algérie, son ministre des Affaires étrangères a laissé entendre vendredi que travailler avec le Maroc pour s’attaquer à un problème distinct – la migration en provenance d’Afrique subsaharienne – était plus important.

    « Nous voulons renforcer la coopération dans la gestion des flux migratoires en Méditerranée et en Atlantique », a déclaré vendredi José Manuel Albares.

    Lorsque le chef du Front Polisario du Sahara occidental, Brahim Ghali, a été soigné, secrètement, pour Covid dans un hôpital du nord de l’Espagne, le Maroc a riposté en permettant à des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne d’entrer à Ceuta, l’enclave espagnole à l’intérieur du Maroc depuis sa propre frontière .

    L’Algérie est indépendantiste et accueille depuis longtemps les dirigeants du Front Polisario et souhaite la tenue d’un référendum sur l’indépendance, tout comme l’ONU.

    Le Polisario a repris le combat contre le Maroc en 2020. Avant cela, un cessez-le-feu a été principalement conclu et négocié en 1991 par l’ONU.

    Pendant ce temps, environ 180 000 Sahraouis de souche sont restés dans des camps de réfugiés dans le sud de l’Algérie pendant des décennies.

    En 2020, le président américain Donald Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental après que le Maroc a resserré ses liens avec Israël.

    Cela a encore plus irrité l’Algérie qui a alors rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc.

    Le président américain Joe Biden n’a pas annulé la décision de Trump.

    Euronews, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Espagne #Algérie #Maroc

  • Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne

    Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne

    Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne – Maroc, Front Polisario, Algérie, autonomie,

    La nouvelle position exprimée par Madrid sur le dossier sahraoui a entraîné une très vive réaction du Front Polisario et du gouvernement de la RASD ( République Arabe Sahraouie Démocratique)

    Un texte annonçant son soutien au plan d’autonomie sous gouvernorat marocain que tente d’imposer Rabat depuis de longues années. Il a été suivi par la publication, jeudi soir, d’un autre communiqué émanant cette fois du palais royal marocain, pour mettre en exergue l’annonce espagnole. Dans la soirée, les Sahraouis ont à leur tour réagi en publiant un communiqué daté de Bir-Lahlou, dans les territoires occupés, en indiquant qu’ils avaient accueilli « avec étonnement les deux publications faites par l’occupant marocain et Madrid ».

    Le Front Polisario et le gouvernement de la RASD notent d’abord les contradictions totales « de la position du gouvernement espagnol avec le droit international ». Ils rappellent que les « Nations unies, l’Union africaine (UA), le tribunal européen ainsi que toutes les organisations militant pour les droits de l’homme et la liberté des peuples ne reconnaissent pas la suprématie du Maroc sur le Sahara occidental ». Les Sahraouis rappellent aussi à l’Espagne « sa responsabilité politique et juridique qui devrait au contraire l’inciter à défendre les frontières qu’elle a elle-même reconnue, et faire barrage à l’extension marocaine ». Elle « a aussi une responsabilité envers le peuple sahraoui et les Nations unies » poursuit le communiqué qui qualifie de « grave » la position espagnole qui « s’est exprimé dans un contexte très grave et marqué par la reprise des hostilités depuis 2020 ».

    Les Sahraouis notent enfin que « cette nouvelle position est enregistrée suite à de longs mois de provocation et de pressions marocaines envers l’Espagne, et que Madrid a choisi d’abdiquer malheureusement, de payer le prix demandé par Madrid qui est de sacrifier le peuple sahraoui une nouvelle fois et dépasser ainsi toutes les lignes rouges ».

    Chantage malsain

    La décision de Madrid de s’aligner sur les thèses marocaines est perçue comme une trahison à l’égard du peuple sahraoui qui lutte pour son indépendance. Cet acte est une « deuxième trahison historique du Peuple sahraoui par Madrid après le funeste accord de 1975 », a réagi ce samedi 19 mars une source algérienne proche du dossier dans une déclaration à TSA. Le 14 novembre 1975 à Madrid, soit quelques mois avant le départ espagnol en février 1976, l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie ont signé un accord de partition du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Cet accord avait été dénoncé par le Front Polisario qui a proclamé la RASD, après le départ des colons espagnols.

    Le revirement de la position espagnole survient après une série de crises entre rabat et Madrid sur la question migratoire, avec en toile de fond la question du Sahara occidental. reprochant à l’Espagne son refus de reconnaître sa souveraineté sur le territoire occupé ou d’adopter son plan d’autonomie, le Maroc a lâché sa bombe migratoire, ce qui a suscité une vive condamnation du Parlement européen qui a accusé le royaume de chantage. « Finalement, le Maroc a obtenu ce qu’il voulait de l’Espagne », note un diplomate algérien.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi libre, 20/03/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #Autonomie

  • Espagne-Sahara Occidental.- Revirement

    Espagne-Sahara Occidental.- Revirement

    Espagne-Sahara Occidental.- Revirement – Maroc, Algérie, Front Polisario, autonomie, Pedro Sanchez,

    Le gouvernement espagnol a changé de fusil d’épaule sur la question du Sahara occidental. Madrid soutient désormais publiquement le plan d’autonomie présentée en 2007 par le Maroc. Pouvait-on s’attendre à ce revirement de la position espagnole ? Il ne faut plus s’étonner de rien sur le plan des relations internationales, qui connaissent ces derniers jours de profonds changements, et qui sont appelées à évoluer comme jamais dans le proche avenir sur des bases anciennes mais détachées de toute délicatesse, sans compassion, à savoir sur le seul intérêt que peut rapporter telle ou telle position diplomatique. L’empirisme diplomatique qui tente de surfer entre les flots, sans fâcher ni une partie ou une autre, n’est plus de mise.

    Ainsi, l’Espagne, qui est passée d’un soutien à l’application du plan onusien d’autodétermination au Sahara occidental, à la neutralité prudente face à la question, pour ne pas indisposer ses voisins marocains et algériens, et qui arrive aujourd’hui à supporter l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc, obéit à ses propres intérêts stratégiques. Peut-on conclure que les intérêts stratégiques avec l’Algérie sont moindres ? Certainement que la formule diplomatique qui sanctionne généralement les rencontres entre les deux pays, où on loue le partage des points de vue autour des questions régionales, ne sera plus évoquée dans les déclarations communes.

    Plus loin encore, l’Algérie serait amenée à redéfinir son action diplomatique, voire toute coopération, avec l’Espagne, sur la base de ce nouveau développement sur la scène régionale. l’Algérie ne peut rester insensible face à cette nouvelle donne. Le Front Polisario a dénoncé, vendredi dernier, cette nouvelle position du gouvernement espagnol, l’accusant de «succomber au chantage et à la politique de la peur utilisée par le Maroc».

    A ce point, le Maroc peut-il faire peur à l’Espagne jusqu’à lui faire changer de cap sur une question qui engage sa pleine responsabilité politique, juridique et morale, en tant qu’ancien colonisateur ? Il est certain que l’Espagne se range là derrière d’autres pays européens, qui cherchent par ces temps à unifier leurs actions diplomatiques, mais la question divise encore au sein de la classe politique à l’intérieur de ce pays.

    Des voix s’élèvent, déjà, au sein de l’exécutif espagnol pour dire que « toute solution au conflit au Sahara occidental devait passer par le respect de la volonté démocratique du peuple sahraoui ». Ce n’est pas fort comme opposition, certes, cependant, elle invite les principales parties à se manifester face à ce revirement qui fait prendre un tournant aux principes de la politique étrangère espagnole. Il est à se demander, maintenant, de quoi peut user le Front Polisario pour imposer cette « volonté démocratique du peuple sahraoui » ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #Espagne #Algérie #PedroSanchez

  • Rencontre Sanchez-Ghali à Bruxelles: fort malaise au Maroc

    Rencontre Sanchez-Ghali à Bruxelles: fort malaise au Maroc – Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, sommet UE-UA,

    Fort malaise marocain suite à la rencontre de Sánchez avec le leader du Polisario
    Ils rappellent qu’il a été le seul chef de gouvernement à rencontrer le Ghali à Bruxelles et que les propos de l’exécutif sur la résolution de la crise sont sans valeur.

    Lors du sommet UE-UA à Bruxelles, le Premier ministre espagnol a été le seul dirigeant européen à rencontrer le leader du Polisario. En rencontrant le chef des séparatistes, Pedro Sánchez prouve que le Royaume a eu raison de ne pas croire les belles paroles des officiels espagnols. C’est ainsi que Le360 reflète le malaise que la réunion a provoqué à Rabat.

    Il a été le dernier à quitter l’hôtel. Il a également été la seule personne à ne pas être autorisée à prendre une photo avec les trois dirigeants de l’UE qui ont reçu les chefs des délégations africaines : le président français Emmanuel Macon, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne et Charles Michel, président du Conseil de l’UE… Lorsque Brahim Ghali est entré dans la pièce, les trois dirigeants européens avaient déjà quitté la plate-forme où ils recevaient les chefs de délégation, explique le numérique.

    « L’exception monstrueuse que constitue la présence au sommet UE-UA du chef d’une république fantoche a été soulignée jeudi 17 février à Bruxelles. Tout a été orchestré pour que le traitement formel de ce leader illégitime se heurte de plein fouet à celui réservé aux autres représentants africains. Brahim Ghali n’a pas échangé un seul mot avec l’un des dirigeants européens. À l’exception d’un seul : Pedro Sánchez, le premier ministre espagnol ».

    « Comment interpréter cette interview que Pedro Sánchez assume ? D’un côté, il y a les déclarations quasi quotidiennes du ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, qui se déclare en faveur d’un rapprochement avec le Maroc, et qui véhicule les bonnes intentions du chef du gouvernement de tourner la page de la crise entre Madrid et Rabat. Mais il y a aussi, d’autre part, ces événements et actions douteuses, qui sapent les bonnes intentions exprimées par les ministres espagnols à l’égard du Maroc ». « Comment peut-on prétendre vouloir construire une relation du XXIe siècle avec le Maroc, et en même temps s’occuper de ce vestige de la guerre froide, ancré dans le XXe siècle ? Que faut-il croire : l’effort de langage pour tourner la page de la crise, ou ces actes, contrairement aux déclarations verbales ?

    « La rencontre du Premier ministre espagnol avec Brahim Ghali souligne ainsi le décalage entre les paroles et les actes des responsables espagnols. En rencontrant à Bruxelles le chef des séparatistes, et en assumant cette rencontre dans une déclaration à la presse, Pedro Sánchez montre que le Royaume du Maroc a eu raison de ne pas croire aux belles paroles des officiels espagnols. Cette réunion, qui soulève de nombreuses questions et de nombreux doutes, est un élément qui va à l’encontre de la volonté réelle du gouvernement espagnol d’établir des relations du XXIe siècle avec son voisin du sud. Des relations où les actions doivent être synchronisées avec les mots. Jusqu’à présent, il faut reconnaître que le Maroc n’a reçu que des paroles qui n’ont en aucun cas engagé leurs auteurs. Le Maroc attend donc toujours que l’Espagne traduise ses bonnes intentions en actes », conclut-il.

    La Razón, 24/02/2022

    #Maroc #Espagne #SaharaOccidental #FrontPolisario #Sommet_UE_UA


  • Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne »

    Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne »

    Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne » – Sahara Occidental, Maroc, Espagne, Front Polisario,

    Le leader du Front POLISARIO prévient, dans sa première interview avec un journal espagnol après son hospitalisation à La Rioja, que le cessez-le-feu doit être le résultat d’une négociation et non une condition préalable

    Brahim Gali, chef du Front POLISARIO, lors de l’entretien avec El Pays. Pendant 44 jours, entre le 18 avril et le 1er juin de l’année dernière, Brahim Gali, SG du POLISARIO et président de la RASD, un État reconnu par cinquante pays (hors Espagne), a été admis à l’hôpital de San Pedro de Logroño souffrant d’un grave état covid-19. Gali a reçu ce mercredi El País à Bruxelles, où il assiste au sommet UE-UA. Visiblement remis, il montre à ses 72 ans les signes d’une passion qui s’illumine lorsqu’il évoque la situation du peuple sahraoui, oublié selon lui par la communauté internationale. « Tout d’abord, je tiens à remercier le geste humanitaire », déclare Gali dans sa première interview avec un journal espagnol après son hospitalisation à La Rioja. « Je reconnais que c’était un geste courageux, et cela a beaucoup de sens pour nous. Je saisis cette occasion pour exprimer aux médecins et au reste du personnel ma profonde gratitude. C’étaient des moments difficiles. Tout le monde était tendu et c’est logique. Mais le traitement était très correct et je me suis senti comme une famille. Sensibilité, compréhension, disponibilité. Ils se sont inquiétés pour ma vie, pour me sortir de cette situation. Et ils ont réussi. Grâce à Dieu et à eux, maintenant je suis là, répondant à ses questions », souligne-t-il, s’exprimant en espagnol.Q. Que pensez-vous que l’ex-Affaires FM Arancha González Laya est poursuivi en justice pour votre entrée en Espagne?
    R. Que voulez-vous que je vous dise ? Je ne croyais pas que sauver une vie humaine pouvait aller aussi loin.

    Q. Pourquoi a-t-elle accepté de témoigner devant le juge de l’Audiencia Nacional qui instruisait les plaintes contre vous ?

    A. Pour être convaincu que ces allégations n’ont aucun fondement réel, qu’elles sont une manipulation du Maroc pour semer la confusion dans l’opinion publique

    Q. Votre présence en Espagne a été le déclencheur d’une crise diplomatique avec le Maroc qui n’est pas encore close.
    R. Honnêtement, je ne pense pas que ma présence en était la cause. J’ai quitté l’Espagne le 1er juin 2021, nous sommes le 16 février 2022. Les relations se sont-elles normalisées ? La crise a-t-elle été surmontée ? Pas parce que? Le Maroc s’est habitué à utiliser n’importe quel élément pour tenter de faire pression sur les dirigeants espagnols. Pour nous, l’Espagne est un pays souverain qui dicte sa propre politique étrangère. Il ne faut pas que ce soit la politique qui plaise à Rabat mais plutôt les intérêts de l’État espagnol qui dictent ses relations diplomatiques. [Les Marocains] ont obtenu, il faut le reconnaître, certaines concessions. Mais je pense qu’ils sont allés jusqu’à dire : ça suffit ! Ils ont franchi toutes les limites, toutes les lignes rouges. Ils ne veulent pas normaliser ; ils veulent imposer leur volonté à l’Espagne.

    Q. Pensez-vous que la pression du Maroc peut amener l’Espagne et l’Allemagne à changer leur position sur le conflit du Sahara Occidental ?
    R. À mon avis, non. Changer les positions qu’ils ont défendues pendant près de 47 ans et qui émanent de la légalité internationale… Alors, se sont-ils trompés tout ce temps ? Je crois que les Allemands et les Espagnols respectent le droit du peuple sahraoui de décider de son propre avenir par le biais d’un référendum d’autodétermination.

    Q. Que signifie la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par le président Trump ?
    R. Pour nous, c’est un non-événement. La légalité internationale dépasse la position d’un président qui vient de perdre les élections. C’est une façon de dire au revoir en donnant ce qui n’appartient pas à ceux qui ne le méritent pas. C’était une erreur qui, au lieu d’aider à le résoudre, a essayé de prolonger le conflit, mais cela n’a aucune validité et je pense que l’administration actuelle diffère beaucoup, bien qu’elle n’ait pas encore déclaré ouvertement qu’elle n’était pas d’accord avec la position de Trump .

    Q. Plusieurs pays africains ont ouvert des consulats au Sahara Occidental. Le Maroc vous coince-t-il dans l’UA ?
    R. Nous ne sommes pas coincés dans l’UA, mais très bien traités. Je crois que dans beaucoup de ces pays ce n’est pas l’influence marocaine qui pèse, mais la corruption marocaine et l’influence politique d’un Etat européen. Si vous examinez la liste, vous constaterez que plus de 90 % [de ces pays] tournent autour de cet État européen.

    Q. Quel nom voulez-vous mentionner…
    R. Oui, oui, très facile : la France.

    Q. La CJE a déclaré illégaux les accords de pêche et commerciaux de l’Union avec le Maroc. Que va faire le POLISARIO ?
    R. Nous attendrons la sentence finale. Je suis convaincu qu’il sera cohérent avec les précédents. Lorsque vous aurez l’avis final, nous verrons quelles sont les étapes à suivre. Ma suggestion aux Européens, en particulier aux Espagnols et aux Hollandais, était qu’ils évitent d’avoir recours pour ne pas prolonger le pillage de nos ressources, mais ils ont eu recours.

    Q. Vont-ils demander une compensation ?
    R. Il est prématuré de le dire.

    Q. De quoi avez-vous parlé avec le nouveau PESG Staffan de Mistura ?
    R. Il est venu écouter les parties. Il n’avait rien entre les mains. Avant il doit écouter; et bien sûr, il a écouté. Je lui ai dit trois choses. Premièrement, qu’il est le premier PESG que nous recevons en situation de guerre. Deuxièmement, que nous voudrions qu’il analyse pourquoi ses prédécesseurs ont échoué. Et troisièmement : ce n’est pas un conflit aussi complexe que beaucoup vous le disent. C’est un processus de décolonisation inachevé, de la responsabilité de l’ONU, qui n’a pas tenu son engagement d’organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

    Q. Quelles conditions le POLISARIO pose-t-il pour revenir au cessez-le-feu qui a été rompu en 2020 ?
    AR. Que l’ONU revoie sa manière de gérer ce conflit, qu’elle exerce son influence pour que l’autre partie respecte la légalité internationale. Les concessions du POLISARIO ont servi d’oxygène pour que le procédé ait 30 ans de vie. C’est le Maroc qui, en présence de l’ONU, débranche les tubes et donne le coup de grâce au processus, sans perspective de solution. Ils se sont moqués de notre patience, de notre bonne foi, de notre coopération et ont prolongé nos souffrances. Nous ne sommes pas disposés à attendre encore 30 ans. Nous allons nous battre.

    Q. Excluez-vous un cessez-le-feu pour pouvoir s’asseoir pour négocier ?
    R. Nous l’avons déjà vécu. Ce n’est pas un préalable, mais le résultat après des négociations sérieuses et crédibles, avec la présence de l’ONU, pour déterminer le comportement de l’un et de l’autre, qui coopère et qui fait obstruction. Les rapports annuels du SGNU nous traitent sur un pied d’égalité, attaqué et agresseur, mais il n’y a pas d’égalité dans d’autres aspects. Il y aura des défis aussi, il y aura des victoires et le Maroc n’est pas au mieux de sa forme.

    Q. Dans quelle mesure le soutien militaire d’Israël au Maroc a-t-il influencé ?
    R. Probablement au début, mais avec le temps on s’adaptera, on démontera certaines difficultés. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le moral de l’armée marocaine est très bas et celui de nos combattants remonte de plus en plus.

    Q. Mais il n’y a pas de solution militaire à ce conflit.
    R. Je sais. Il n’y a pas de place pour l’un ou l’autre mais m’imposer leur volonté ne garantirait pas non plus une paix sûre et définitive. Nous recherchons une paix juste et durable qui permette à notre peuple et aux autres peuples de la région de vivre en coexistence et de coopérer. Le plus douloureux est le silence complice de la communauté internationale.

    El Pais, 20/02/2022

    #SaharaOccidental #FrontPolisario #Maroc #Espagne #BrahimGhali