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  • Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc

    Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc

    Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc – Sahara Occidental, Israël, Etats-Unis, normalisation, Front Polisario, lobbying,

    Malgré la volte-face de Washington sur le Sahara Occidental, l’ancien chouchou des cercles politiques américains est plus isolé que jamais.
    Pendant longtemps, le Maroc a été un chouchou des cercles politiques de Washington. Le pays est souvent salué comme le premier à reconnaître l’indépendance des États-Unis (en 1777), et peu de choses se sont opposées aux relations maroco-américaines depuis. Les efforts de lobbying du royaume, par exemple, n’ont historiquement pas nécessité de gros efforts pour convaincre les législateurs américains des deux côtés de l’allée d’adopter une législation conforme à ses intérêts. Aujourd’hui, cependant, le consensus bipartisan américain autrefois inébranlable sur le Maroc s’est éloigné d’un soutien inébranlable. Le reflet le plus récent de cette tendance est le langage sceptique sans précédent à l’égard du Maroc introduit dans le projet de loi de crédits et la loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l’année fiscale 2022. Alors que le projet de loi de crédits 2022 du Sénat américain doit faire l’objet de négociations avec la Chambre, la NDAA a été adoptée par les deux chambres du Congrès. Ces deux textes de loi risquent d’envenimer les liens séculaires entre ces deux alliés historiques. Pour être sûr, les États-Unis ne sont pas le seul pays avec lequel le Maroc a subi des pertes diplomatiques récentes.

    Au cours de l’année écoulée, les gros titres ont dressé un tableau inquiétant du déclin de la diplomatie marocaine. Cela a laissé le pays relativement isolé, même parmi ses alliés traditionnels. En mars 2021, le Maroc a rompu toute communication diplomatique officielle avec l’Allemagne en raison d’une série de ce qu’il a qualifié de « profonds désaccords ». En mai 2021, le Maroc a retiré son ambassadeur en Espagne et a assoupli les restrictions frontalières avec l’enclave espagnole de Ceuta, située en Afrique du Nord, provoquant un afflux de milliers de migrants – dont de nombreux mineurs non accompagnés – sur le territoire espagnol et européen. Cette mesure a incité le Parlement européen à adopter une résolution qui considère que le Maroc a enfreint la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.

    En juillet 2021, des rapports ont allégué que des agents des services de renseignement marocains avaient piraté le téléphone du président français Emmanuel Macron ainsi que d’un certain nombre de fonctionnaires et de journalistes français. La France, habituellement fervente partisane de son ancienne colonie, s’est depuis murée. En septembre 2021, la Cour de justice de l’UE a annulé les échanges agricoles et de pêche entre le Maroc et l’UE. Le point commun de toutes ces querelles est la détérioration du corps diplomatique marocain, autrefois dynamique, à la suite de la nomination de Nasser Bourita, un bureaucrate subalterne sans affiliation partisane et au CV relativement mince, au poste de ministre des affaires étrangères du Maroc en 2017.

    Pendant son mandat, le Maroc n’a jamais été aussi aliéné de ses voisins et alliés. « Il y a un consensus général parmi les diplomates anciens et actuels que l’état de la diplomatie marocaine a atteint son point le plus bas depuis l’indépendance », a déclaré un diplomate marocain vétéran, qui a parlé à Foreign Policy sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Il a décrit la diplomatie marocaine actuelle en deux mots : « erratique et médiocre ». Maintenant, les intérêts marocains risquent de perdre le soutien de son allié le plus ancien et le plus fort : les États-Unis. Les choses ont commencé à mal tourner pour le Maroc après qu’il se soit retrouvé dans le collimateur de la campagne présidentielle américaine de 2016, lorsqu’il a été signalé que le roi Mohammed VI avait promis 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en 2015.

    Rapidement, la campagne de Donald Trump a intégré le rapport dans ses points de discussion comme un exemple présumé de la candidate Hillary Clinton s’engageant dans le « pay for play ». Pendant toute la durée du mandat présidentiel qui a suivi, Trump n’a tenu aucune réunion officielle avec le roi Mohammed VI. La rencontre la plus proche entre les deux chefs d’État a eu lieu lorsque des photos d’eux lors de la cérémonie de l’Armistice 2018 en France sont devenues virales : On pouvait voir Trump fixer un Mohammed VI endormi. Et puis, dans les dernières semaines du mandat de Trump, il a publié une proclamation qui reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental en échange de la normalisation des liens du Maroc avec Israël.

    Cette décision a immédiatement suscité une condamnation bipartisane à Washington. Le sénateur républicain Jim Inhofe et le sénateur démocrate Patrick Leahy ont été à l’avant-garde de cette critique, qui s’est poursuivie sous l’administration Biden. Inhofe et Leahy sont tous deux les auteurs d’une lettre du Sénat de février 2021 adressée au président américain Joe Biden, l’exhortant à revenir sur la décision de Trump, qu’ils qualifient de cautionner « les revendications illégitimes de souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental ». Le conflit du Sahara occidental a émergé après l’indépendance du territoire de la domination coloniale espagnole dans les années 1970.

    Le Front POLISARIO, pro-libération, a rapidement réorienté sa lutte armée contre le Maroc lorsque le royaume a pris le contrôle du Sahara occidental en 1975, et ce n’est qu’en 1991 que les deux parties ont accepté les termes d’un accord de cessez-le-feu négocié par l’ONU, s’engageant à organiser un référendum sur le statut du territoire. Plus de 30 ans plus tard, le vote n’a toujours pas eu lieu malgré le soutien massif de la communauté internationale et des Nations unies. Les projets de loi de crédits pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental.

    Inhofe est le membre le plus haut placé de la commission des services armés du Sénat et Leahy est le président de la commission des crédits, ainsi les projets de loi de crédits du Sénat pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental en comparaison avec les années passées. Dans les versions précédentes du projet de loi – qui, entre autres choses, décrit les crédits pour le Département d’État et d’autres opérations étrangères américaines – les dispositions relatives au Sahara occidental avaient été placées dans la section sur le Maroc.

    « Nous ne pensions pas que cela reflétait la réalité ou le droit international », a déclaré Tim Rieser, conseiller principal en politique étrangère de Leahy et greffier démocrate de la sous-commission des crédits pour l’État et les opérations étrangères. « Donc, la première chose que nous avons fait au Sénat a été de séparer le Sahara Occidental et de le mettre sous sa propre rubrique comme une disposition générale ». Inhofe a fait écho à ce sentiment : « Cette section particulière devrait être protégée alors qu’elle avance dans le processus de négociation », a-t-il dit à Foreign Policy dans un courriel. Reconnaissant le mérite de Leahy pour le langage fort, Inhofe a ajouté, « cela envoie un message fort à l’administration Biden – c’est une priorité pour le Congrès, donc vous devez en faire une priorité aussi ».

    Si le projet de loi de crédits survit au processus de négociation de la Chambre, le placement du Sahara Occidental comme sa propre rubrique n’est qu’un des nombreux changements qui pourraient marquer un tournant dans les relations Maroc-USA. Le projet s’oppose également à l’utilisation des fonds pour la construction d’un consulat américain au Sahara Occidental, inversant l’inauguration nominale par l’administration précédente de ce qui allait finalement être un consulat dans le territoire contesté. En outre, le NDAA, qui couvre les crédits pour l’armée américaine, limite l’utilisation des fonds pour tout exercice militaire avec le Maroc, à moins que le secrétaire américain à la défense « détermine et certifie aux comités de défense du Congrès que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix final avec le Sahara Occidental. »

    Ayant passé à la fois le Sénat et la Chambre des représentants, il y a une forte probabilité que les exercices militaires annuels African Lion de cette année, le plus grand exercice du Commandement américain pour l’Afrique, passent entièrement à côté du Maroc. À l’exception d’une pause liée à une pandémie en 2020, la dernière fois que les exercices African Lion ont exclu le Maroc remonte à 2013, lorsque le Maroc a protesté contre le soutien américain à un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental. En réponse, les États-Unis sont revenus sur leur soutien au mandat. Beaucoup avaient prévu que, sous l’administration Biden, il y aurait une autre poussée pour inclure un mandat de droits de l’homme dans la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de MINURSO.

    Non seulement les Etats-Unis sont les auteurs de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui détermine le mandat et la durée de la MINURSO, mais le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a réaffirmé à plusieurs reprises la promesse de campagne de Biden de « remettre les droits de l’homme au centre de la politique étrangère américaine ». Inhofe et Leahy, ainsi que plusieurs autres sénateurs, dont le démocrate de l’Ohio Sherrod Brown et l’indépendant du Vermont Bernie Sanders, ont signé une lettre adressée à Blinken en octobre 2021, demandant l’inclusion d’un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le renouvellement de la MINURSO.

    Le 29 octobre 2021, le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui renouvelait la MINURSO sans mandat de surveillance des droits de l’homme. Dans son courriel adressé à Foreign Policy, M. Inhofe a qualifié le libellé de la résolution concernant les droits de l’homme de « sans dents ». Beaucoup ont été frustrés par l’ambiguïté de l’administration Biden sur sa position concernant le Sahara Occidental. « Ce qu’ils semblent faire, c’est de défendre cette position ‘neutre’ où ils n’ont pas embrassé la politique de Trump mais ne l’ont pas non plus rejetée », a déclaré Rieser. Pour Inhofe, le temps presse : « À ce stade, plus de 10 mois après le début de la nouvelle administration, je veux juste voir des actions ».

    Samia Errazouki

    Foreign Policy, 04/01/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #EtatsUnis #AnthonyBlinken #Israël #Normalisation #Lobbying

  • Maroc: Ahmed Charaï, première victime du hacker Chris Coleman

    Maroc: Ahmed Charaï, première victime du hacker Chris Coleman

    Maroc : Ahmed Charaï, première victime du hacker Chris Coleman – Marocleaks, lobbying, Etats-Unis, lobby israélien, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie,

    En octobre 2014, sous le compte @chris_coleman24, un hacker publie en vrac sur Twitter des documents confidentiels révélant la manière dont une « diplomatie parallèle » est conduite par le royaume. Des centaines de courriels officiels (câbles diplomatiques, correspondances parfois à caractère privé, etc;) ont ainsi été mis en ligne dans une sorte de Wikileaks à la marocaine.

    On découvre pêle-mêle que des journalistes français collaborent régulièrement avec Ahmed Charaï, un patron de presse marocain connu pour sa grande proximité avec la DGED (Direction générale des études et de la documentation, contre-espionnage), en écrivant des articles favorables à la thèse du « Sahara marocain ».

    L’homme clé dans l’opération de manipulation des journalistes étrangers américains et français est Ahmed Charaï, dirigeant d’un groupe de presse dont on sait maintenant qu’il est une façade des services secrets.

    Qui est Ahmed Charaï?

    Dans son livre La République de Sa Majesté, le journaliste marocain Omar Brouksy rapporte qu’Ahmed Charaï “le porte-serviette » d’Abdelhadi Alami, « son homme à tout faire . Son factotum ».

    Abdelhadi Alami est un ancien ministre d’État sous le gouvernement de Valéry Giscard D’Estaing. Ancien commis de l’État, opérateur économique et homme de presse (Maghreb Magazine, Maghrib Al Yaoum, Le Temps, Al Khabar). Il est a géré pour l’État la société Maroc Tourist de 1967 à 1976 et créa alors la société Dounia Hôtels dont le parcours dure à ce jour.

    En 1993, raconte Brouksy, il est présenté à Hassan II qui avait l’habitude de descendre au Crillon. Alami demande au roi ce qu’il peut faire pour son pays. « Fais un journal », réponde le monarque. Alors, il fonda Maghreb Magazine, un hebdomadaire francophone qui défendait surtout les positions officielles du royaume et assurait la promotion du tourisme au Maroc.

    Mais, ajoute-t-il, « l’expérience Maghreb Magazine fit long feu. Le contenu de cette publication n’est même pas parvenu à emballer la communauté marocaine résidant en France. En 1999-2000, Alami décide de rapatrier toutes ses affaires au « pays » et s’installe à Marrakech. Charaï est dans es bagages ».

    Omar Brouksy poursuit au sujet de Charaï:

    Au Maroc, ce dernier retrouve d’anciennes connaissances datant de son périple parisien et proches de Yassine Mansouri lorsqu’il était à la tête de l’agence officielle marocaine MAP (Maghreb Arab Presse). Ils le mettent en contact avec celui qui deviendra alors son nouveau factotum et qu’il appelle toujours « Sdi Yassine ». Charaï prend du galon et lance un site, L’Observateur du Maroc. En septembre 2008, il publie une information selon laquelle le père de la fille de Rachida Dati serait l’ancien chef du gouvernement espagnol José María Aznar (1996-2004) : « Ce n’est pas un marocain, ni un français non plus, lit-on sur le site de Charaï. C’est un espagnol. Et Il était il y a juste quelques années chef du gouvernement de son pays, avant Zapatero (…). Quant à l’heureux papa, il était premier ministre et suite à sa défaite face au socialiste Zapatero, il a disparu de la scène politique. On sait donc à quoi il occupait ses loisirs.

    Qualifiant cette information de « mensonge total et absolu », Aznar dépose aussitôt une plainte pour diffamation en Espagne, mais le site sera poursuivi au Maroc en vertu des accords judiciaires entre les deux pays. Charaï ne sera jamais inquiété.

    Une ancienne connaissance de « Moulay Ahmed Charaï » le décrit comme « quelqu’un de léger dans sa manière d’analyser les choses. Pas de profondeur, pas de structuration. On s’ennuie rapidement, il n’a rien à raconter. Il ne maîtrise ni le français ni l’anglais. Je me demande comment il fait pour écrire ces articles qu’on lit ici et là. Ou alors les services marocains sont devenue imbéciles, ou alors ils n’ont pas de compétences humaines. On ne peut comparer par exemple Charaï avec quelqu’un comme André Azoulay. Rien à voir. Azoulay, c’est de la haute voltige ».

    Grâce au hacker Chris Coleman, nous avons appris que le groupe médiatique d’Ahmed Charaï n’est qu’une façade de la DGED et qu’il a été arrêté le 14 septembre 2011 par le service des douanes de l’aéroport international de Dulles pour fraude dans la déclaration de devises. En effet, provenant de Paris, Charaï a menti dans le montant d’argent liquide qu’il portait sur lui et qui était destiné à ses agents de lobbying aux Etats-Unis. Alors qu’il portait 50.000 dollars, il n’a déclaré que la cinquième partie (10.000$).

    Bien qu’il ait avoué sa culpabilité devant le juge, Ahmed Charaï a pu être libéré grâce à John J. Hamre, président du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), une entité de lobbyistes pro-marocains dans laquelle est membre Henry Kissinger, architecte en chef de la livraison du Sahara Occidental au Maroc.

    Grâce à ses amis du lobby israélien, Charaï a réussi à devenir à infiltrer plusieurs think tanks. Dans cet email, il demande de l’argent pour payer ses contributions en tant que membre du conseil d’administration de ces organisation :


    Ici, Charaï demande des « cadeaux de fin d’année » pour son équipe de lobbystes :

    SOURCE: Marocleaks, 28/12/2021

    #Maroc #Ahmed_Charai #Marocleaks #EtatsUnis #Lobbying #SaharaOccidental #Lobbyjuif #Lobby_israélien

  • Allemagne: Le Maroc envoie un signal de détente à Berlin

    Allemagne: Le Maroc envoie un signal de détente à Berlin

    Le Maroc envoie un signal de détente à Berlin – République arabe sahraouie démocratique, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie,

    Les relations diplomatiques tendues entre l’Allemagne et le Maroc se pacifient à l’occasion des fêtes de Noël : le changement de gouvernement et les paroles aimables du ministère des Affaires étrangères apaisent apparemment la colère de Rabat contre Berlin. La pierre d’achoppement n’a toutefois pas été mise de côté.

    L’Allemagne a salué les signaux de détente envoyés par le Maroc dans la crise diplomatique entre les deux pays. Les représentations diplomatiques à Rabat et à Berlin devraient revenir le plus rapidement possible à leurs « canaux de communication habituels et professionnels », a-t-on appris du ministère des Affaires étrangères à Berlin. Il s’agit maintenant d’orienter les relations germano-marocaines vers l’avant par le dialogue.

    En mai, le Maroc, en colère contre la politique étrangère allemande, avait rappelé son ambassadrice à Berlin pour des consultations. Le conflit autour du Sahara occidental, revendiqué par le Maroc, en était l’une des raisons. L’Allemagne aurait agi à plusieurs reprises de manière hostile contre les intérêts supérieurs du Maroc. Le ministère des Affaires étrangères avait alors fait savoir que les reproches n’étaient pas compréhensibles.

    Mercredi, le ministère marocain des Affaires étrangères a déclaré que les « déclarations positives » du nouveau gouvernement allemand étaient de nature à permettre une reprise des relations bilatérales et un retour à une représentation diplomatique normale. Il se référait apparemment à un article publié récemment sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci reconnaît notamment le Maroc comme « un lien important entre le Nord et le Sud ».

    Sahara occidental : litige sur les revendications d’autonomie

    La revendication territoriale du Maroc sur le Sahara occidental, situé au sud de la frontière nationale, n’est pas reconnue au niveau international. Toutefois, le président américain Donald Trump, alors déjà déchu mais toujours en fonction, a confirmé en décembre la souveraineté du Maroc sur cette région peu peuplée. L’Allemagne a critiqué cette décision et a convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à ce sujet.

    Située sur la côte atlantique au nord-ouest de l’Afrique, cette région a été une colonie espagnole jusqu’en 1975, avant d’être en grande partie occupée et annexée par le Maroc. Le mouvement de résistance Front Polisario, qui luttait contre l’occupation, a proclamé en 1976 la République arabe sahraouie démocratique avec le soutien de l’Algérie et de la Libye. Le Maroc ne veut accorder au Sahara occidental qu’une autonomie limitée, tandis que le Front Polisario réclame un référendum sur l’indépendance. Les tensions dans la région s’étaient accrues au cours des derniers mois.

    NTV, 23/12/2021

    #Maroc #Allemagne #Sahara_Occidental #Front_Polisario #RASD

  • Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas

    Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas

    Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas – Etats-Unis, Maroc, France, Israël, Iran, Sahara Occidental, front Polisario, Mali, Sahel,

    Les marées géopolitiques changeantes et les priorités en matière de sécurité ont tendu les liens autrefois étroits entre Alger et Washington.
    Le 17 décembre, un responsable américain a évoqué le conflit du Sahara occidental et la récente normalisation des relations entre plusieurs États arabes et Israël. « Nous avons travaillé pour renforcer les Accords d’Abraham existants, et nous travaillons tranquillement mais assez assidûment pour étendre les Accords d’Abraham. Et donc, ces choses prennent un certain temps, mais elles sont vraiment au centre de nos préoccupations. »

    Un tel langage de Washington ne peut qu’enrager davantage les Algériens et contribuer à la montée des frictions entre l’Algérie et les États-Unis ; Alger considère que certaines des politiques des administrations Trump et Biden sont préjudiciables aux intérêts vitaux de l’Algérie et à ceux du grand Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    Le conflit du Sahara occidental, les accords d’Abraham, la crise syrienne et le programme nucléaire iranien sont parmi les questions régionales les plus sensibles où Alger et Washington ont de sérieux désaccords. Néanmoins, une variété de facteurs laissent l’Algérie et les États-Unis peu disposés à couper les ponts avec l’autre.

    Les relations algéro-américaines évoluaient dans une direction positive il n’y a pas si longtemps. Pendant la présidence de George W Bush, Alger et Washington s’investissaient tous les deux dans le renforcement des liens. Mi-2001, le président Abdelaziz Bouteflika a été le premier chef d’État algérien à se rendre à Washington en 15 ans. Au lendemain des attentats du 11 septembre, les États-Unis considéraient l’Algérie comme un État très expérimenté dans la lutte contre le terrorisme et donc utile aux États-Unis en tant que partenaire dans la lutte contre Al-Qaïda. Alger a fourni à Washington des renseignements précieux, devenant un partenaire essentiel de la lutte contre le terrorisme pour l’administration Bush.

    Tout au long de la présidence de Barack Obama, Washington a dû faire face à des groupes extrémistes violents en Libye tels que Daech. Ailleurs dans le quartier, comme en Algérie , au Mali et en Tunisie , il y a eu des actes de terrorisme meurtriers perpétrés par des factions armées comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Face à toute cette instabilité chaotique et ces violences dans la région, l’administration Obama avait ses raisons de vouloir garder l’Algérie proche.

    Mais, comme l’a expliqué Jalel Harchaoui, chercheur principal à l’Initiative mondiale contre le crime organisé transnational, avec la perte de contrôle de Syrte par Daesh fin 2016 et la baisse de la menace globale de terrorisme au Maghreb du point de vue de Washington, les États-Unis ont commencé à considérer l’Algérie comme moins précieux.

    Accords d’Abraham

    La décision de Trump en décembre 2020 de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations avec Israël par Rabat était problématique pour l’Algérie. Alger a été pris au dépourvu lorsque Trump a livré aux Marocains ce dont ils rêvaient depuis des décennies. Ce fut une percée diplomatique irréversible pour le Maroc, a expliqué Harchaoui : « Joe Biden, un démocrate, entre à la Maison Blanche [en janvier 2021] et accepte la décision controversée [du Sahara occidental] de Donald Trump.

    L’Algérie, qui compte une population très pro-palestinienne, s’est indignée de l’officialisation des relations maroco-israéliennes. Il a fait tout son possible pour exprimer clairement son opposition aux accords d’Abraham – et son extension à d’autres pays à majorité musulmane.

    Certes, il y a des dynamiques idéologiques en jeu. Mais il y a aussi des considérations pratiques liées à la sécurité nationale de l’Algérie.

    « L’alliance d’Israël avec le Maroc pourrait signifier qu’à long terme Rabat deviendrait militairement supérieur à Alger et dominant dans la région », a déclaré à cet auteur Riccardo Fabiani, directeur du projet Afrique du Nord pour l’International Crisis Group . « Les Algériens craignent de devenir vulnérables au Maroc et à Israël à long terme, si ces deux États continuent de coopérer. »

    La Syrie est également un point de discorde. L’Algérie est déterminée à voir la Syrie revenir dans la Ligue arabe. Ayant pris il y a des années une position pro-gouvernementale sur la crise syrienne, l’Algérie est fermement favorable à la réintégration du régime de Damas dans le giron diplomatique de la région arabe. Le gouvernement américain s’oppose fermement à tout effort visant à légitimer le président Bachar al Assad et continue d’appeler les États arabes à résister à la tendance actuelle à la renormalisation des relations avec Damas.

    Guerre des récits en Occident

    Alors que les liens Tel-Aviv-Rabat s’approfondissent, il y a des Marocains et des Israéliens – ainsi que des voix néo-conservatrices à Washington – qui accusent l’Algérie d’avoir aidé à déstabiliser les activités iraniennes dans la région. Le récit est que l’Algérie est en train de devenir un conduit pour la conduite néfaste iranienne au Sahel et dans d’autres parties de l’Afrique.

    Il y a une quantité importante de propagande, d’exagération et de fiction dans ces affirmations selon lesquelles Alger parraine des acteurs non étatiques soutenus par l’Iran dans toute l’Afrique, mais elles servent des objectifs spécifiques.

    « Les allégations accusant l’Algérie de coopérer avec l’Iran et son réseau de mandataires dans la région ont été fréquentes mais pour la plupart non fondées et clairement instrumentales, car elles ont progressivement jeté les bases du réalignement régional auquel nous assistons aujourd’hui », Dr Umberto Profazio, associé Chercheur à l’IISS et analyste du Maghreb à la Fondation du Collège de défense de l’OTAN, a déclaré à TRT World.

    « Des informations selon lesquelles le Hezbollah armait le Front Polisario, par exemple, anticipaient la décision du Maroc de rompre ses relations avec l’Iran en 2018, tandis que le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a accusé l’Algérie de se rapprocher de l’Iran alors qu’il était en visite à Rabat cet été.

    Pourtant, il est peu probable que l’Algérie travaille avec Téhéran de cette manière étant donné que le pays d’Afrique du Nord est dominé par un puissant militaire méfiant de l’islam politique, en particulier depuis la « décennie noire » des années 1990, qui a vu une guerre civile brutale entre le gouvernement et divers groupes islamistes.

    N’ayant pas investi dans le lobbying aux États-Unis, on pourrait soutenir que l’Algérie est défavorisée à côté d’autres pays de la région qui l’ont fait. Si des pays comme Israël, le Maroc et/ou les Émirats arabes unis veulent cibler l’Algérie avec une campagne de désinformation sur les relations algéro-iraniennes, il n’y a pas de véritable réfutation pour défendre Alger contre de telles allégations dans les capitales occidentales.

    « En gros, vous pouvez dire ce que vous voulez. De nombreux pays, centres de pouvoir et décideurs vont croire tout ce que vous parvenez à publier. Il n’y a pas de contre-attaque », a déclaré Harchaoui. « Il n’y a aucun coût à [accuser l’Algérie de travailler avec l’Iran]. En fait, il y a une récompense. Il y aura un tas de décideurs qui auront tendance à le croire, ou du moins à agir comme si c’était vrai.

    Variables internationales

    L’Algérie n’a réagi que modérément aux décisions de politique étrangère des États-Unis qui enragent Alger, en partie à cause des problèmes dans les relations algéro-françaises. « La principale raison de la retenue de l’Algérie vis-à-vis de Washington doit être recherchée dans sa volonté de maintenir les liens avec ses partenaires occidentaux », a déclaré le Dr Profazio. « À une époque où les relations d’Alger avec la France sont au plus bas, s’aliéner également les États-Unis s’avérerait coûteux en termes diplomatiques, entraînant un isolement croissant dans le paysage régional et international.

    Dans le même temps, les États-Unis veulent éviter de voir l’Algérie se rapprocher encore plus de la Chine et de la Russie, deux puissances qui ont noué de solides relations commerciales et militaires avec Alger. Et même si les États-Unis accordent moins de valeur à l’Algérie en tant que partenaire antiterroriste maintenant par rapport à l’ère Bush, la cause commune contre certains groupes armés violents en Afrique continuera, donnant à Alger et Washington une raison de maintenir la coopération en matière de défense.

    De tels facteurs suggèrent que bien qu’il y ait eu des revers dans les relations algéro-américaines au cours des derniers mois et années, ces dommages ne sont pas irréparables.

    Giorgio Cafiero

    TRT World, 24/12/2021

    #Algérie #EtatsUnis #Maroc #Iran #SaharaOccidental #FrontPolisario #Mali #Sahel

  • Espagne-Maroc: Nouvel accroc diplomatique

    Espagne-Maroc: Nouvel accroc diplomatique – covid19, Omicron, contrôles sanitaires, coronavirus, pandémie,

    En décidant de contourner l’Espagne par l’organisation de vols spéciaux de ses ressortissants à partir du Portugal, le Maroc accuse, comme pour motiver cette mesure, les autorités ibériques de manquements dans le respect des protocoles sanitaires inhérents à la Covid-19.

    Ces accusations, tenues lundi par le ministre marocain de la santé, ont irrité Madrid qui a protesté officiellement auprès de l’ambassade du Maroc en Espagne. En effet, rapporte le journal El Confidencial, qui cite des sources diplomatiques, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a convoqué, mardi soir, le chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc à Madrid, Farid Aoulouhaj. Et pour cause, Rabat a accusé les autorités espagnoles de « ne pas se conformer aux contrôles sanitaires dans les aéroports ». La charge vient du ministre marocain de la santé, le dénommé Khalid Aït Taleb, qui, par ses propos abrupts, a déclenché un accroc diplomatique entre son pays et l’Espagne. « Cette décision s’explique par l’absence de garanties tangibles concernant le respect des mesures déjà prises, dont le contrôle du pass vaccinal et de l’état de santé des passagers, selon une approche ferme, appropriée et en conformité avec les recommandations et règles internationalement reconnues », estiment les autorités marocaines qui, mal leur en a pris, ont fait réagir fermement Madrid.

    « Les autorités espagnoles compétentes sont loin d’assurer une action rigoureuse de contrôle de l’état de santé des passagers lors de l’embarquement des passagers aux aéroports », accuse Rabat sans prendre le soin de consulter l’autre partie à ce sujet.

    Devant de telles déclarations provocatrices, le propre du Makhzen qui excelle dans ce domaine, le chef de la diplomatie espagnole, qui a protesté officiellement auprès de l’auxiliaire diplomatique marocain à Madrid et auquel il a demandé des explications formelles, a dénoncé vigoureusement cette décision et les motifs fallacieux avancés avec. Auparavant, lors d’une conférence de presse à Madrid, José Manuel Albares a asséné que « Le communiqué public n’est pas acceptable du point de vue de l’Espagne car il ne correspond à aucune réalité ». À contrario, « L’Espagne remplit tous les critères internationaux en matière de lutte contre la Covid-19, le gouvernement y travaille sans relâche », a-t-il riposté.

    Après la crise diplomatique de mai dernier qui avait gravement empesté les relations entre Rabat et Madrid, à cause de l’hospitalisation du président de la RASD, Brahim Ghali, en Espagne, et de l’affaire de migrants poussés par le Makhzen à s’introduire dans l’enclave espagnole de Ceuta, voilà qu’un nouvel épisode « sanitaire » mais générateur de tensions diplomatiques risque de creuser davantage le fossé entre les deux pays.
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 23/12/2021

    #Maroc #Espagne #Covid19 #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Brahim_Ghali

  • Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie

    Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie

    Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie – diplomatie marocaine, Sahara Occidental, DGED, lobbying, Front Polisario,

    Des documents officiels le révèlent – Comment le Maroc a engagé journalistes et personnalités étrangères pour déstabiliser l’Algérie

    Parce qu’il considère que l’Algérie est le seul obstacle, le Maroc, déterminé à poursuivre la colonisation du Sahara Occidental, ne lésine pas sur les moyens et fait une entorse aux principes pour organiser des complots contre le pays du million et demi de martyrs, coupable de défendre le principe de l’indépendance des pays. Cette machination marocaine passe par l’organisation également de propagandes médiatiques ayant pour but de dénigrer une Algérie restée attachée à ses principes de respect à l’autodétermination des peuples. Une machination qui passe par « l’achat » de consciences de certains, prêts à sacrifier tout un peuple pour gagner des dizaines de milliers d’euros offerts gracieusement par le Makhzen.

    Un « Edouard Snowden » marocain dévoile une partie de cette machination. Il se fait appeler Chris Coleman et a révélé des documents confidentiels mettant à nu les activités anti-Algérie menées par la Direction Générale des études et de la documentation (DGED) qui est un service de renseignements et de contre-espionnage au Maroc. Ce hacker a dévoilé de nombreuses informations sensibles sur le royaume chérifien, mais, ordres de virement, diverses correspondances concernant en particulier les activités de la DGED.

    Ce service est rattaché directement au Palais royal. Les documents dévoilés par ce Snowden portent sur des virements de grosses sommes d’argent en dollars au profit d’un patron de presse au Think Tank Républican Center for the National Interest. Dix mille dollars pour une insertion publicitaire au profit d’une ONG spécialisée dans la résolution pacifiques des conflit, 25000 pour le think tank FPRI et des sommes aussi importantes au profit de titres de presse américains et britanniques. Chris Coleman a en outre posté un avis de virement de 60,000 dollars au profit du journalistes Richard Miniter du New York Post, accusé d’écrire des articles anti-algériens et de faire un supposé un lien entre le Front Polisario et Al Qaïda.

    Il dévoile les méthodes de la DGED pour corrompre les journalistes internationaux. Leur mission est de dénigrer l’Algérie, de l’accuser de tous les torts en contrepartie de fortes sommes d’argent en devises . Chris Coleman décrit avec détails et documents à l’appui comment des personnalités dans le monde, dont des journalistes occidentaux, sont payés par le Maroc pour mener une campagne médiatique contre l’Algérie. Il révèle également des documents sur des activités d’espionnage menées par certains responsables de missions onusiennes.

    Dans un document attribué à la mission permanente du Maroc à Genève, daté du 18 ocotbre 2012 et portant la référence HB2626, et adressé au ministre marocain des affaires étrangères et de la coopération, révélant, également, un complot contre Christopher Ross, envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, car attaché à une solution juste pour le dossier sahraoui.

    Dans ce document, l’ancien ambassadeur à Genève et représentant actuel du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale révèle dans cette missive que « M. Athar Sultan Khan, chef du cabinet du Haut Commissaire pour les réfugiés, mène une campagne discrète pour promouvoir sa candidature potentielle pour succéder à M. Ross ». Le palais royal marocain tient à se débarrasser de Ross qui refuse de cautionner l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc.

    Miniter demande de ne pas oublier son « cadeau » de 20.000 dollars

    Dans ce même document, Omar Hilale ajoute que « la candidature de M. Khan, au cas où elle se formaliserait, serait important pour notre pays ».

    Source: Marocleaks, 22/12/2021

    #Algérie #Maroc #Marocleaks #Richard_Miniter #Christopher_ross #Athar_Khan

  • Sahara Occidental: Les 3 « non » américains au Maroc

    Sahara Occidental: Les 3 « non » américains au Maroc

    Sahara Occidental: Les 3 « non » américains au Maroc – Etats-Unis, Front Polisario, ONU, processus de paix, normalisation, Israël,

    Lors de la visite du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Washington, le mois dernier, il a demandé à Anthony Blinken trois cas, qui ont tous été démentis, a rapporté le site d’information espagnol « El Confidencial », sous la plume du spécialiste Maghreb, Ignacio Cambrero.

    Bourita a demandé à Blinken de consolider la reconnaissance par les Allaouites de l’annexion du Sahara occidental en ouvrant un consulat américain à Dakhla. Anthony Blinken a déclaré à Bourita que les États-Unis n’annuleraient pas la décision de Trump, mais qu’il n’y aurait pas non plus de consulat américain au Sahara occidental.

    La deuxième demande de Bourita était la pression américaine sur ses partenaires, notamment européens, pour qu’ils reconnaissent l’annexion du Sahara occidental par les Allaouites. Cette demande a également été refusée par Anthony Blinken, écrit El Confidencial.

    Le troisième non que Nasser Bourita a entendu d’Anthony Blinken était après sa demande d’inviter le Maroc au Sommet virtuel des démocraties qui se tiendra les 9 et 10 décembre.

    Ainsi, comme on le vérifie jour après jour, Rabat ne s’encombre pas de préjugés pour faire entendre sa voix plus haut que celle de la logique politique. Sous les « influences toxiques » de son mauvais génie, Israël, le Maroc se fourvoie dans des impasses qui, à la longue vont lui coûter cher, tant sur le plan politique, militaire et économique que sur le plan social, spirituelle et religieux. Les turbulences qui agitent le Maroc risquent encore de grossir. Le temps ne joue pas en faveur du Palis : on sait que la lame de fond peut prendre des mois pour se former, mais quand elle est là, on ne pourra que constater l’étendue de ses dégâts.

    Ancien spécialiste du Maghreb, polémiste reconnu, Ignacio Cembrero, est devenu depuis quelques années la « bête noire » du Maroc, qu’il épingle très souvent dans ses articles de presse, en s’appuyant sur des sources crédibles et sérieuses, de quoi soulever la colère des officiels marocains plus que de mesure, allant jusqu’à chercher comment lui interdire de publier dans la presse espagnole.

    L’Express, 07/12/2021

    #Maroc #EtatsUnis #Sahara_Occidental #Front_Polisario #ONU #Processus_de_paix

  • Algérie-Maroc : la rupture est consommée

    Algérie-Maroc : la rupture est consommée

    Algérie-Maroc : la rupture est consommée – Grand Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Front Polisario, Tindouf, Béchar, Ghar Djebilet, Israël

    Les tensions entre les deux grands États du Maghreb, qui se sont nettement envenimées ces dernières semaines, si bien que certains observateurs redoutent que le conflit actuel dégénère en guerre ouverte, ne datent pas d’hier.

    En réalité, elles remontent à la fin de la guerre d’indépendance algérienne. La question des frontières dessinées par le colonisateur, qui avantagent l’Algérie au détriment des autres pays de la région, suscite un profond différend entre Rabat et Alger, qui connaîtra de multiples rebondissements, sous des formes diverses et avec un abcès de fixation récurrent au Sahara occidental. Un retour historique s’impose pour comprendre les données de la dégradation à laquelle on assiste en ce moment.

    Un conflit ancien
    Lorsque le Maroc devient protectorat français en 1912, l’administration française délimite les deux territoires algérien et marocain. Mais le tracé est très peu précis et varie d’une carte à l’autre.

    Pour la France, il ne s’agit pas à proprement parler de frontières, la zone qui va de Colomb-Béchar à Tindouf et correspond à l’Ouest algérien étant inhabitée.

    Le regard sur ce territoire allait fondamentalement changer à partir de 1952, date à laquelle la France y découvre un gisement de pétrole et des minerais (fer et manganèse). Ces terres sont alors intégrées à l’Algérie. Pour la France, il s’agit de les inclure dans son territoire sur le long terme, l’Algérie étant française alors que le Maroc n’est qu’un protectorat appelé à s’affranchir de la tutelle de Paris.

    Mais dès son indépendance, en 1956, le Maroc revendique ce territoire, affirmant qu’il fait partie du Maroc historique.

    La France répond à cette demande en proposant à Rabat un marché : cette bande Ouest de l’Algérie pourrait être restituée au Maroc en contrepartie de la mise en place d’une « Organisation commune des régions sahariennes » (OCRS), qui serait chargée d’exploiter les gisements miniers du Sahara algérien, au bénéfice commun du Maroc et de la France.

    L’offre de Paris est assortie d’une demande : celle de ne pas abriter d’insurgés algériens. Rabat rejette cette proposition, préférant discuter directement avec les Algériens.

    En juillet 1961, Hassan II, qui vient d’accéder au trône, reçoit à Rabat Farhat Abbès, le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne. Une convention est signée au terme de la rencontre, et une commission algéro-marocaine est créée pour régler cette question du Sahara algérien « dans un esprit de fraternité et d’unité maghrébines ».

    Selon l’accord, une fois l’indépendance de l’Algérie acquise, le statut de la zone serait renégocié. Mais à l’indépendance de l’Algérie, et avant même que l’accord de Rabat ait pu être ratifié, une coalition menée par Ahmed Ben Bella et soutenue par l’Armée de libération nationale (ALN) évince Farhat Abbas du gouvernement. La nouvelle équipe au pouvoir à Alger refuse de rétrocéder au Maroc un territoire « libéré avec le sang de tant de martyrs ».

    Hassan II se sent trahi par la nouvelle classe politique algérienne, et l’Istiqlal, le parti marocain qui porte la question nationale et en devient le phare, se dit indigné par l’« ingratitude » des Algériens. Le Maroc historique auquel se réfèrent les acteurs politiques marocains allait être matérialisé par une carte du « Grand Maroc » que l’Istiqlal fait dessiner et publier dans son hebdomadaire Al-Alam en mars 1963.

    Selon cette carte, les frontières du pays se définissent en fonction des allégeances qui ont été faites aux sultans du Maroc à travers les âges. Le Grand Maroc comprendrait un bon tiers du Sahara algérien, le Sahara occidental colonisé par l’Espagne (1884-1976), la Mauritanie et une partie du Mali.

    Entre « territoire acquis par le sang des martyrs » et « droit historique », deux conceptions du droit et de l’histoire allaient donc s’affronter, donnant lieu, en septembre 1963, au déclenchement d’un conflit armé : la Guerre des sables.

    Ayant pour théâtre la région de Tindouf, ce conflit oppose le Maroc à une Algérie fraîchement indépendante et aidée par l’Égypte et Cuba. Les combats, dont le bilan humain est encore controversé, cessent en février 1964, quand l’Organisation de l’unité africaine (OUA – l’ancêtre de l’Union africaine) obtient un cessez-le-feu qui laisse la frontière inchangée : la zone contestée demeure algérienne.

    Mais le contentieux entre les deux États allait se prolonger, se nourrissant de l’irrédentisme marocain autour de la question du « Grand Maroc » et du refus de l’Algérie indépendante de reconsidérer les frontières héritées de l’ère coloniale. Un différend dont l’intensité ne peut se comprendre qu’à l’aune de la sourde rivalité pour le leadership régional qui oppose les deux pays.

    Le conflit du Sahara occidental : abcès de fixation des tensions entre les deux pays
    À partir de 1975, l’appui apporté par l’Algérie au Front Polisario, ce mouvement indépendantiste mis en place en 1973 et qui revendique le Sahara occidental au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, viendra nourrir la tension désormais permanente entre Alger et Rabat. En effet, le Maroc revendique cette ancienne colonie espagnole et s’engage donc dans une lutte durable contre le Front Polisario. Pour l’Algérie, qui s’abrite derrière le droit des peuples à l’autodétermination, un conflit de basse intensité a l’avantage d’affaiblir le Maroc. Les deux pays allaient donc s’affronter par Front Polisario interposé.

    Deux conflits s’additionnent et se superposent : l’opposition territoriale entre l’Algérie et le Maroc, d’une part, et le conflit de décolonisation entre Sahraouis et Marocains, qui n’aurait pu se prolonger pendant près d’un demi-siècle si le contentieux algéro-marocain n’avait pas lourdement pesé sur son déroulement.

    En accueillant les réfugiés sahraouis à Tindouf, symboliquement, après l’installation du Maroc sur ce territoire, en mettant sa diplomatie au profit du Front Polisario et en l’armant, l’Algérie donnait un autre aspect à ce dernier conflit de décolonisation d’Afrique.

    L’imbrication des deux conflits, entre Algérie et Maroc d’abord, entre Sahraouis et Marocains ensuite, pèse lourdement sur l’attitude des acteurs. Chacun des deux camps souhaite une victoire totale sur l’adversaire, au point que toute négociation devient impossible. L’impuissance des Nations unies, en charge du règlement de ce conflit saharien depuis 1991 est sans doute à lire à travers ce prisme.

    L’implication de l’Algérie dans le dossier saharien provoque une rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc entre 1976 et 1988. Pour autant, la reprise des relations ne contribue pas à dissiper la conflictualité.

    En 1994, Driss Basri, ministre marocain de l’Intérieur, a laissé entendre que les services secrets algériens pouvaient avoir commandité l’attentat terroriste qui s’est produit dans un hôtel de Marrakech, faisant deux victimes espagnoles. Il instaure des visas et organise une campagne d’expulsion d’Algériens résidant au Maroc sans carte de séjour. La riposte d’Alger est immédiate : la fermeture de la frontière terrestre.

    Abdelaziz Bouteflika, président de l’Algérie à partir de 1999, a tenté de rompre cette spirale de tensions et de ruptures, sans succès. Il s’est heurté à la l’intransigeance de l’état-major de l’armée algérienne qui gère le dossier des frontières, la relation avec le Maroc et bien plus encore, tant l’armée est impliquée dans la vie politique algérienne.

    La brouille aura des effets majeurs sur les échanges commerciaux et culturels entre les deux pays.

    La coopération est quasi inexistante, exception faite du gazoduc qui relie l’Algérie à l’Europe en passant par le Maroc. Le différend bloque toute interaction au niveau horizontal et rend impossible l’intégration de la région, c’est-à-dire la mise en place de l’Union du Maghreb arabe (UMA), qui a pourtant été signée en 1989. Le conflit du Sahara occidental s’en est trouvé gelé, la coopération entre les pays quasi nulle et l’UMA une véritable coquille vide.

    L’axe Washington/Tel-Aviv/Rabat rebat les cartes
    L’accord du 22 décembre 2020 passé entre le Maroc et les États-Unis, qui stipule que Rabat normalise ses relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a créé un déséquilibre dans le rapport des forces entre l’Algérie et le Maroc.

    Pour Alger, un Maroc appuyé par Israël ne pouvait être que plus puissant, d’autant que le pays a donné de lui-même l’image d’un partenaire incontournable pour les États occidentaux, notamment dans la lutte contre le djihadisme, ou en matière de contrôle de l’immigration venue des pays subsahariens.

    Un an après la déclaration de Donald Trump, l’administration Biden a d’une certaine manière confirmé cette reconnaissance, même si le chef de la diplomatie américaine a exprimé son désir de respecter le droit international. Les Algériens, qui continuent d’appuyer inconditionnellement le Front Polisario, savent que c’est une question de temps et que, tôt ou tard, le Maroc verra sa souveraineté sur ce territoire être reconnue par l’ONU, au mépris d’un processus de résolution du conflit saharien confié à la même organisation depuis 1991. Le silence éloquent de l’Union européenne sur ce dossier les conforte dans leur conviction.

    L’année 2021 a été émaillée de vexations et de provocations qui sont allées crescendo jusqu’à l’été passé. La tension devient très vive en juillet dernier, suite aux révélations selon lesquelles le Maroc aurait eu recours au logiciel israélien Pegasus, commercialisé par l’entreprise israélienne NSO, pour espionner « des responsables et des citoyens algériens ». L’enquête a révélé que des milliers de numéros de téléphone algériens ont été ciblés, dont certains appartenant à de hauts responsables politiques et à des militaires.

    La tension monte d’un cran lorsque, au cours d’une réunion des Non Alignés à New York (13 et 14 juillet) Omar Hilale, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU a distribué une note stipulant que « le vaillant peuple de Kabylie mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ».

    Un mois plus tard, c’est Yaïr Lapid, le ministre israélien des Affaires étrangères, en visite à Rabat, qui déclarait, en présence de son homologue marocain Nasser Bourita, qu’il était « inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA ».

    La riposte algérienne
    Le 24 août, l’Algérie annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Le haut conseil de sécurité algérien, présidé par le chef de l’État Abdelmajid Tebboune, ferme l’espace aérien du pays à tout appareil civil ou militaire immatriculé au Maroc.

    Évidemment, la frontière étant fermée depuis 1994, l’impact de cette rupture des relations est politique. Elle met néanmoins un terme au seul cas de coopération entre les deux pays : le fameux gazoduc Maghreb Europe (GME).

    Le gaz est, ici comme ailleurs, utilisé comme un moyen de pression. Le contrat qui liait les deux pays pour alimenter le Maroc en gaz et pour le transit a été interrompu le 31 octobre.

    Difficile de croire le Maroc qui affirme, par un communiqué de l’Office national de l’électricité et de l’eau (ONEE), que l’impact de cette décision sur le système électrique marocain est « insignifiant », le pays ayant pris ses dispositions.

    Car, depuis 1996, le Maroc est un pays de transit pour le gaz algérien exporté en Espagne et au Portugal. 10 milliards de mètres cubes sont ainsi transportés chaque année et le Maroc perçoit des droits de péage en gaz et le reste de sa consommation est facturé à des tarifs très avantageux.

    La réponse marocaine s’inscrit dans le prolongement du conflit, puisque l’ONEE affirme que même si les deux centrales électriques qui fonctionnent grâce au gaz algérien venaient à s’arrêter, le consommateur marocain ne s’en rendrait pas compte car, pour compenser la perte, le Maroc dispose de plusieurs options : les alimenter en charbon, en produits pétroliers ou bien importer plus d’électricité.

    Le premier ministre Aziz Akhannouch est en négociation avec Madrid au sujet du renvoi du gaz algérien à partir de l’Espagne. Ce dernier pays serait quant à lui toujours alimenté par l’Algérie par voie sous-marine, à travers le gazoduc Medgaz.

    Toutefois, ce pipeline est aujourd’hui au maximum de sa capacité, 8 milliards de mètres cubes y transitant chaque année. Pour compenser la différence, il faudrait élargir le pipeline, ou transporter le gaz liquéfié par méthaniers. Autant de moyens qui impliquent un coût qui ne peut que se répercuter sur le consommateur, qu’il soit espagnol ou marocain.

    L’énergie est donc la dernière arme qu’a choisi d’utiliser l’Algérie dans sa guerre sans fin contre le Maroc. Mais les armes conventionnelles pourraient aussi parler, les deux pays étant les plus grands acheteurs d’armes en Afrique après l’Égypte…

    The Conversation, 05/12/2021

    #Algérie #Maroc #Front_Polisario #Sahara_Occidental #Mauritanie #Tindouf #Béchar #Grand_Maroc

  • Une guerre entre l’Algérie et le Maroc n’est pas envisageable

    Une guerre entre l’Algérie et le Maroc n’est pas envisageable

    Une guerre entre l’Algérie et le Maroc n’est pas envisageable – Israël, Sahara Occidental, Front Polisario, Lobbying, diplomatie

    Alors que le risque d’un conflit militaire entre Rabat et Alger augmente, il semble peu probable que les deux pays s’affrontent sur ce terrain. L’heure est plutôt à une « guerre froide ».

    L’heure est au comparatif entre les arsenaux militaires du Maroc et de l’Algérie. Au comparatif des alliances aussi. Selon les journalistes, si une guerre avait lieu entre les deux pays, elle pourrait ressembler à un conflit à distance entre la Russie et Israël. Mais dans les faits, difficile de croire en une intervention armée entre les deux pays. Même si l’Algérie et le Maroc se sont déjà affrontés de façon militaire en 1963, lors de la « guerre des sables ». Depuis cette époque, on assiste à une guerre froide qui ne s’est jamais à nouveau traduite sur le terrain.

    Pourtant, depuis décembre, la tension est montée d’un cran. La faute à l’annonce par l’administration Trump de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, et la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La région est, depuis longtemps déjà, un sujet de disputes entre les deux pays nord-africains. Et au fur et à mesure que Rabat avance ses pions aux côtés de l’Etat hébreu, le ton monte du côté d’Alger. Jusqu’au 1er novembre, date à laquelle trois Algériens circulant à bord de camion ont été tués lors d’un bombardement qu’Alger a attribué au Maroc.

    Une guerre sur le terrain numérique
    De quoi laisser penser à un conflit armé ? Pour la politologue Khadija Mohsen-Finan, « on s’engage dans un affrontement nouveau, qui n’est pas une guerre totale et ouverte sur le plan militaire, entre le Maroc et l’Algérie ». Selon la spécialiste de la région, si un conflit militaire est à écarter, « les escarmouches entre les deux pays vont se multiplier ». Difficile en effet de croire que les deux peuples frères vont s’affronter militairement — d’autant que les armées de terre de ces deux pays sont composées de ces mêmes peuples —, même si les déclarations vont dans ce sens. Une séquence d’intimidation logique, qui a pour but pour les deux pays de montrer leur détermination. L’an dernier, la modification constitutionnelle de l’Algérie, dont les textes autorisent désormais le pays à intervenir militairement hors de ses frontières, a servi à prévenir les autres puissances qu’Alger comptait avoir un rôle à l’international.

    Mais dans les faits, le conflit latent a d’ores et déjà pris d’autres formes. Sur l’espace digital, notamment. Fin novembre, rappelle Jeune Afrique, le site de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a été victime d’un piratage informatique, tandis que le groupe de pirates informatiques marocains « MoroccoHack Team » avait attaqué le site du ministère algérien des Finances quelques jours plus tôt. Sur les réseaux sociaux, le Maroc a également lâché ses troupes : l’influence passe aussi par des commentaires positifs sur la relation nouvelle entre le royaume et Israël.

    Diplomatie et lobbying, plutôt que les armes
    Autre terrain de guerre : le front diplomatique. Autrefois amorphe, le régime algérien s’est repris ces dernières années pour discuter à l’international. En se lançant dans la production de vaccins, en passant des accords avec Moscou ou en tentant de faire reculer l’Union africaine suite à l’obtention par Israël d’un statut d’observateur, Alger a quasiment rattrapé son retard sur le terrain de la diplomatie, là où Rabat a perdu de nombreux points en s’alliant avec l’Etat hébreu, qui ne peut en aucun cas être un allié crédible.

    Or, en Algérie, on indique que « ce qui se joue, c’est le leadership en Afrique du Nord », selon une source citée par L’Opinion. C’est exactement de cela dont il s’agit : Alger a tout fait pour retrouver une place de choix dans la région. Et la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a permis à Alger d’effectuer un retour rapide sur le devant de la scène. Désormais, il s’agit pour les deux pays de plaider leur cause au sein des instances internationales, notamment dans le dossier sahraoui.

    Une bataille à distance au Sahara occidental ?
    Actuellement, Rabat tente de convaincre l’Union européenne de faire reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ce qui est techniquement impossible, le royaume devant convaincre chaque pays européen d’effectuer cette démarche. Pendant ce temps, Alger plaide sa cause auprès de l’ONU. L’Algérie déplore l’« approche fondamentalement déséquilibrée » des Nations unies dans ce dossier, alors que l’instance internationale s’est toujours positionnée en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui.

    En attendant, si une intervention militaire peut effectivement avoir lieu, ce ne sera dans aucun des deux pays mais au Sahara occidental. Entre le mur de sable construit par le Maroc et la présence du Front Polisario dans l’est, le conflit armé peut éclater. Mais tout dépendra des velléités du Maroc : si Rabat ne bouge pas, le calme sera assuré dans la région. Si le royaume, en revanche, tente de déployer ses troupes sur tout le Sahara occidental, nul doute qu’Alger interviendra pour aider le Front Polisario. Mais on n’en est pas encore là, car Rabat n’a aucun intérêt à envoyer ses forces terrestres sur place. Car l’Algérie est largement supérieure sur ce plan.

    Le journal de l’Afrique, 01/12/2021

    #Maroc #Algérie #Israël #Sahara_Occidental #Front_polisario

  • Le Maroc et Israël main dans la main contre l’Algérie

    Le Maroc et Israël main dans la main contre l’Algérie – Sahara Occidental, Espagne, Ceuta, Melilla

    Le Maroc a accueilli le 24 novembre dernier le ministre israélien de la défense Benny Gantz pour sceller un accord militaire et sécuritaire sans précédent entre les deux pays et inédit dans le monde arabe.

    Le mémorandum d’entente Israël-Maroc couvre un spectre large de coopération : « Echange d’expériences et d’expertise, transferts technologiques, formation, coopération dans le domaine de l’industrie de défense. » Il a été question à Rabat, entre autres, d’entraînements et de manœuvres conjoints entre les deux armées, de drones sophistiqués, de radars Elta, missiles, systèmes antidrones ainsi que de la modernisation de la flotte des avions F5. Le point saillant de l’accord-cadre est cependant l’acquisition par les FAR du système de défense aérienne Lightning 8 installé sur les avions, et qui se décline également dans une version terrestre. Mais les FAR auraient déjà acquis le Skylock Dome israélien. Transaction annoncée par le journal israélien Globes dans un article soulignant l’intérêt pour les solutions de défense israéliennes au dernier salon aéronautique de Dubaï. Le Skylock est présenté comme offrant une large protection contre la menace croissante des drones d’attaque. Cette acquisition est destinée essentiellement à faire face à la menace stratégique représentée par l’arsenal de drones d’attaque et de drones chasseurs de tanks et de surveillance algérien.

    Grâce donc à l’ennemi stratégique israélien, le Makhzen, voisin géographique et historique belliqueux, va donc s’équiper massivement de technologies militaires israéliennes. Cette coopération militaire étendue permettra à Israël de développer une industrie locale de production de drones, ce qui renforcerait évidemment les capacités aériennes des FAR qui disposent déjà de drones turcs, israéliens et américains. Elle permettrait aussi aux Israéliens de produire des drones en grande quantité et à un prix inférieur au Maroc, afin de bien se positionner sur les marchés d’exportation, notamment en Afrique.

    Par ailleurs, et selon des sources médiatiques espagnoles, la coopération maroco-israélienne accrue comprendra de même la construction d’une base militaire près de l’enclave espagnole de Melilla, distante d’Alger, à vol d’oiseau, d’environ 560 kilomètres. La coopération entre le Maroc et Israël pourrait aller au-delà de la sécurité et de la défense pour parvenir à un accord de renseignement, en bonne et due forme, qui scellerait 60 ans de coopération en matière d’espionnage et de contre-espionnage dans le monde arabe et en Europe.

    Cet accord de coopération militaire et sécuritaire tous azimuts a déjà, d’autre part, une traduction sur le plan économique, Rabat devant accorder prochainement des licences à une entreprise israélienne pour explorer le pétrole et le gaz en zone offshore dans le sud du Maroc et au Sahara Occidental occupé.

    Cet accord stratégique n’est en rien surprenant. Il était parfaitement prévisible depuis la reprise officielle des relations diplomatiques, dans le cadre des Accords d’Abraham, et concrétisée par l’ouverture d’ambassades dans les capitales respectives. Le discours diplomatique provocateur de Rabat, les menaces israéliennes contre l’Algérie, proférées à partir de la capitale du Maroc, avec l’assentiment du palais royal, l’assassinat à l’aide d’un drone de trois camionneurs algériens en zones libérées du Sahara Occidental, et l’agression numérique caractérisée des services de renseignement marocains, via le système de vaste intrusion cybernétique Pegasus, laissaient entrevoir une rapide conclusion d’un accord militaire et sécuritaire stratégique.

    Rien d’étonnant donc. Reste à savoir si cette attitude ultraoffensive et guerrière du Makhzen à l’égard de l’Algérie, pensant prendre part à sa prise en tenaille géostratégique via ses vastes frontières, déboucherait ou non sur une guerre totale, une guerre de drones ou une guerre indirecte à travers l’embrasement du front militaire sahraoui ? Si une revivification du champ de bataille sahraoui est possible, une guerre totale ou un conflit armé par drones interposés qui aurait pour théâtre d’opérations l’Algérie et le Maroc, paraissent à ce stade assez improbables. Une guerre aux portes de l’Europe entre deux armées dotées des ressources militaires nécessaires aurait des conséquences très lourdes en matière de flux migratoires et de garantie des approvisionnements énergétiques du sud de l’Europe. Elle opposerait en outre deux pays qui sont dans des alliances stratégiques avec l’OTAN, les USA, la France et Israël pour le Maroc, et la Russie et la Chine s’agissant de l’Algérie. Ces puissances ne pourraient pas accepter, in fine, que l’allié stratégique en question puisse subir des dommages à grande échelle.

    Tout porte à croire que le Maroc et Israël, désormais alliés stratégiques au grand jour, marcheront main dans la main pour affaiblir systématiquement l’Algérie, et sur tous les plans. Faire en sorte à ce que ses capacités immunitaires soient sans cesse diminuées. Favoriser alors le rôle du ver dans la pomme en encourageant tout mouvement d’opposition et de sédition internes, affaiblir ses positions diplomatiques partout où l’Algérie aurait une quelconque influence, porter atteinte à ses intérêts diplomatiques et mener contre elle une guerre d’intox noire et une guerre de déstabilisation psychologique sur tous les fronts du monde numérique !

    Noureddine Khelassi

    Le Soir d’Algérie, 01/12/2021

    #Maroc #Israël #Algérie #Sahara_Occidental #Front_POlisario #Makhzen