Étiquette : Front Polisario

  • Maroc-entité sioniste : Les dessous d’une normalisation

    Maroc-entité sioniste : Les dessous d’une normalisation

    Israël, Algérie, Sahara Occidental – Maroc-entité sioniste : Les dessous d’une normalisation

    L’un des objectifs non avoué dans la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste « est de s’équiper en instruments de renseignement et de manipulation », explique M’hand Berkouk analyste- spécialiste des questions géopolitiques.

    Notre voisin de l’ouest cherche, dit-il, « à se doter de logiciel d’espionnage et de renseignement produits par d’autres compagnies israéliennes outre que Pegasus qui lui a fourni un matériel destiné à attaquer les téléphones intelligents sous IOS et Android ».

    Pour lui, « le Maroc est également intéressé par le recours à des lobbys sionistes très présents dans les médias ».
    Pour preuve, il cite «la couverture médiatique très exceptionnelle réservée au protocole d’accord sécuritaire et militaire entre Rabat et l’Entité sioniste. Une médiatisation qui aussi pour but de convaincre l’opinion interne marocaine». Et d’ajouter, « l’exploitation d’un certain nombre de dossiers par le royaume sur les réseaux sociaux a, elle aussi, pour objectif de vulgariser la formation en matière de guerre ou de cyber-attaque contre des cibles à l’intérieur de certains pays notamment l’Algérie ». Il existe, selon lui, «pas moins de 79 acteurs qui activent dans ce cyberespace. Ils ont été identifiés comme étant source d’attaque de notre pays », soulignant qu’ « il faut s’attendre à une forte convergence d’intérêts entre l’entité sioniste, le Maroc et l’argent du sionisme mondiale ».

    Il est question, affirme Berkouk, « de donner une autre dimension à cette normalisation à travers des investissements au Sahara occidental. On comprend mieux, dès lors, les dessous de l’accord qui sera bientôt signé pour l’exploration en offshore de la zone exclusive du Sahara occidentale ». Il fait dans ce sillage remarquer que « les lobbys politiques en Occident, notamment, en France seraient des relais de soutiens très importants pour le Maroc qui est connu pour sa politique de propagande sur les réseaux sociaux ».

    Il explique que « c’est tout un travail d’endoctrinement, sous des dénominations différentes, qui est fait pour tenter de déstabiliser la région et créer des opinions contre le Sahara Occidental et les positions immuables de notre pays ».

    « Cette stratégie d’action dont, l’objectif principal est la déstabilisation de la région et nuire à l’ image de l’Algérie, intervient à travers la diffusion de vidéos sur la base de fakes news et d’intox », précise le politologue pour qui « ces informations rarement fiables qui ne cessent de se propager visent à nuire à nos intérêts et à notre rôle pionnier dans la région d’Afrique et du monde arabe ».

    Outre cette stratégie bien connue, le Maroc n’hésite pas à instrumentaliser des milieux séparatistes pour déstabiliser l’Algérie. Il en veut pour preuve, « les émissions diffusées régulièrement sur les ondes de la Radio Tanger qui a participé au financement de l’encadrement du mouvement séparatiste en Algérie et à créer les conditions de son insertion dans cette stratégie de déstabilisation ».

    Assia Boucetta

    Horizons, 30/11/2021

    Lamamra à Propos de la normalisation israélo-marocaine : «Nous avons l’impression qu’une guerre nous est déclarée»

    Le ministre des Affaires étrangères et de la  Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a dénoncé la poursuite de la « série de complots » contre l’Algérie pour la faire dévier de son rôle historique depuis l’indépendance en soutien aux mouvements de libération en Afrique et en Asie, et ce, en lui créant des problèmes de l’extérieur comme de l’intérieur.

    « L’Algérie se considère actuellement comme un Etat en confrontation avec l’entité sioniste que nous combattions aux côtés de nos frères arabes,  après que les sionistes sont arrivés à nos frontières et concluent des accords militaires, sécuritaires et de renseignement avec le voisin, le  frère et l’ami », a indiqué M. Lamamra dans une interview publiée, ce lundi, par le quotidien « Al Qods Al arabi ».

    En dépit de son absence, des années durant, de la scène arabe et internationale notamment durant la décennie noire, l’Algérie a repris, grâce au récent Hirak populaire et à la prise des commandes par des Hommes suite à des élections intègres, le chemin de l’efficacité et l’influence sur les plans régional et international », a poursuivi le Chef de la  diplomatie algérienne. Selon le ministre, la relation du Maroc avec l’entité sioniste et son impact sur la cause sahraouie ainsi que la relation entre l’entité sioniste et la cause palestinienne à la lumière de la normalisation arabe « traceront les contours d’un nouveau monde arabe ».

    « Si l’Algérie se trouvait encerclée et sa sécurité interne déstabilisée, les partisans de la normalisation seront ravis d’éliminer l’obstacle de l’Algérie qui refuse la normalisation par principe », a-t-il dit. Et d’ajouter : »à partir de là, il nous paraît que les choses sont plus délicates. Contrairement à ce qui s’est passé en 1975 où c’est le régime qui était visé, aujourd’hui c’est l’Algérie qui est visée en tant que Nation ainsi que son unité nationale, sa souveraineté, son indépendance nationale et son intégrité territoriale. Actuellement, le danger est plus important, nous avons l’impression qu’une guerre nous est déclarée. Toutes les démarches prises sont des mesures défensives en vue de préserver la sécurité de notre pays ».

    Selon M. Lamamra, « l’idée d’utiliser la carte du Sahara occidental pour renforcer le Maroc et affaiblir l’Algérie est toujours d’actualité. La  question a ressurgi à nouveau suite aux affaires de terrorisme et de Hirak populaire en Algérie en pensant que l’Algérie est occupée par ses affaires  internes ». Le Maroc est désormais animé d’une conviction stipulant que les Nations unies ont cédé aux instigations de la France et des Etats-Unis, et  abandonné l’idée de classer la crise comme une question de décolonisation, mais plutôt de question ayant trait à des différends locaux pouvant être réglés à travers l’octroi de l’autonomie aux sahraouis, a ajouté M. Lamamra, précisant qu’il s’agit là d’un reniement de l’ONU d’un de ses  principaux principes, à savoir l’octroi de l’indépendance aux peuples et aux territoires occupés comme le prévoit la résolution 1514 de 1960.

    «L’Algérie ne renoncera pas au droit à l’autodétermination des peuples palestinien et sahraoui»

    « Le Maroc est conscient de l’impossibilité d’imposer sa vision au sujet du Sahara occidental, tant qu’une forteresse inébranlable subsiste, l’Algérie, qui soutient le droit des peuples sahraoui et palestinien à l’autodétermination », a indiqué le chef de la diplomatie algérienne. « L’Algérie ne compte, ni maintenant ni à  l’avenir, abandonner ce principe. C’est pourquoi un plan visant l’Algérie a  été relancé une nouvelle fois », a-t-il souligné, relevant que le statu quo ne peut pas être imposé au Sahara occidental même après la reconnaissance de Trump ou  quiconque d’autre, et ce, tant que l’Algérie soutient le peuple sahraoui dans sa lutte pour le droit à l’autodétermination. M. Lamamra a fait état, par ailleurs, d’une propagande qui tente de déformer la vraie image de l’Algérie, relevant que certains ont des lobbies étrangers en France et aux Etats-Unis pour noircir l’image de l’Algérie et blanchir celle du Maroc. Il a souligné que « l’Algérie n’accepte jamais que le Maroc l’utilise pour réaliser ses intérêts, car nous sommes un pays qui a des principes et nous ne prenons pas de mesures de riposte. La question de protection de notre sécurité nationale est une priorité ».

    « Les mesures prises par l’Algérie, notamment la rupture de ses relations avec le Maroc et l’arrêt du passage du gaz par le Maroc s’inscrivent dans  cette vision. Ces positions et décisions sont appuyées par le peuple algérien qui est conscient que son pays est ciblé », a indiqué le ministre,  relevant que tout ce qui arrive à l’Algérie et conduit à sa faiblesse aura des répercussions sur les questions palestinienne et sahraouie. M. Lamamra a annoncé, dans ce cadre, une visite en Algérie du président palestinien Mahmoud Abbas avant la fin de l’année en cours.  Concernant la question de la tenue du sommet arabe en mars prochain en  Algérie, M. Lamamra a fait état de parties « qui œuvrent à saper le prochain sommet. En cas d’échec ils tenteront d’affaiblir la représentation (…) ». En dépit de ces tentatives, l’Algérie, poursuit M. Lamamra, « jouit d’une crédibilité plus importante auprès des peuples arabes comparée aux tenants  de la théorie selon laquelle chaque pays s’occupe de ses affaires à sa guise loin de toute coordination collective, à l’instar des pays de  normalisation dont le Maroc qui mettent leurs intérêts au dessus de toute autre considération ».

    « La position de l’Algérie demeure une position équilibrée sur la paix avec Israël. Nous croyons qu’une paix raisonnable doit au moins être fondée sur l’Initiative de paix arabe et le principe de la terre contre la paix, et l’établissement d’un Etat palestinien avec El-Qods Est comme capitale. »

    Le chef de la diplomatie algérienne a conclu que l’Algérie n’abondera pas sa Mémoire, son histoire et ses principes. « Nous savons qu’il y a un prix à  payer, mais le destin de l’Algérie est de rester fidèle à ses principes, son histoire et la Mémoire de ses martyrs qui se sont sacrifiés pour que leur pays demeure libre, souverain, indépendant et un appui pour les opprimés. »

    Horizons, 29/11/2021

    #Maroc #Algérie #Israël #Sahara_Occidental #Normalisation #Lobby_sioniste

  • Maroc-Algérie: Un Maghreb de plus en plus armé

    Maroc, Algérie, Israël, Sahara Occidental – Maroc-Algérie: Un Maghreb de plus en plus armé

    -Le Maroc et l’Algérie ont considérablement augmenté leurs budgets de défense au cours de la dernière décennie
    -Les deux pays maintiennent un pouls diplomatique qui s’est détérioré avec la normalisation des relations entre le Maroc et Israël
    L’arrivée d’Israël au Maghreb, après la normalisation des relations avec le Maroc, a mis la région à rude épreuve et aggravé le pouls diplomatique entretenu par les autorités marocaines et algériennes. Au cours des dix dernières années, les deux pays voisins ont considérablement augmenté leurs dépenses de défense, une course militaire et aux armements dans laquelle Rabat et Alger se regardent avec méfiance tout en modernisant leurs armées.

    « C’est une avancée importante pour le Maroc, le pays va gagner dès le départ, de la technologie et des connaissances », estime Mohammed Masbah, président de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA), à propos de l’accord militaire signé ce mercredi avec Israël. Selon cet expert, le Maroc cherche à se positionner et à prendre du poids dans la région, tandis que l’Algérie perçoit cette approche comme une menace.

    « Nous devons connaître les détails de cette visite », dit Masbah. Les experts consultés n’osent toujours pas prédire quel sera l’effet dans la région des pactes de renseignement, de sécurité et d’entraînement signés à Rabat entre le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz et son homologue marocain, Abdellatif Ludiyi. Les deux pays coopèrent dans ce domaine depuis des années, mais jusqu’à présent ils ne l’avaient pas officialisé publiquement.

    Ce jeudi, le président du Conseil de la nation algérien, Salah Goudjil, a déclaré que « les ennemis se mobilisent de plus en plus pour nuire à l’Algérie », en réponse au pacte entre Israël et le Maroc, selon l’agence de presse d’Etat du pays. Alger a décidé en août de rompre les relations diplomatiques avec son voisin, l’accusant d’ »actes d’hostilité » et d’espionnage.En représailles, elle a également fermé son espace aérien aux avions marocains et coupé le gazoduc qui achemine le gaz algérien vers l’Espagne via le nord du Maroc.

    Budget de défense record
    L’Algérie investit actuellement environ 7% de son Produit Intérieur Brut dans la défense et le Maroc 5%. Des chiffres qui, par exemple, triplent les dépenses militaires espagnoles par rapport à son PIB, qui s’élevait l’année dernière à 1,4%, selon les données de la Banque mondiale.

    « C’est une compétition destructrice pour les deux parties », déplore Masbah. « Au cours des cinq dernières années, il y a eu une forte augmentation des dépenses militaires, à un moment où ce type d’investissement devrait être orienté vers le développement, les hôpitaux, etc. », témoigne le président de la MIPA.

    Dans les budgets que le gouvernement marocain gère pour l’année prochaine, le poste dédié à la défense approchera les 50 milliards de dirhams (près de 5 000 millions d’euros), le plus important de l’histoire dédié aux dépenses militaires. Les autorités attribuent cette ascension record au processus de modernisation de leurs forces armées. L’Algérie a également augmenté ses dépenses militaires, notamment au cours de la dernière décennie, en 2019 elle a consacré 9,2 milliards d’euros, un montant qui reste bien supérieur au marocain.

    Hégémonie militaire algérienne
    Les analystes considèrent que l’armée algérienne est l’une des plus puissantes de tout le continent. « L’Algérie a soutenu des dépenses de défense plus élevées pendant des décennies, puisque son économie est plus forte que le Maroc, ce scénario ne changera pas mais le Maroc comble l’écart », explique Yago Rodríguez, directeur de Political Room.

    Cet expert de la défense remarque que les armes israéliennes sont réputées chères et surtout à la portée des pays qui ont du pétrole ou des revenus importants, « Le Maroc, en revanche, a beaucoup compté sur les dons du Golfe », explique-t-il. C’est pourquoi il est un peu sceptique quant aux possibilités du Maroc d’acquérir de grandes quantités d’équipements militaires israéliens, « même si oui, Israël va ouvrir les portes de ses entreprises pour que le Maroc puisse acheter ce qu’il veut », conclut Rodríguez.

    Le poids des drones
    « Nous avons déjà vu que les drones turcs ont changé les règles du jeu sur le terrain. Le Maroc contrôle désormais la situation beaucoup mieux qu’avant », remarque Masbah. Ces derniers jours, les médias marocains ont spéculé sur l’éventuelle acquisition de drones israéliens par Rabat, information que les sources officielles n’ont pas confirmées.

    Les drones jouent un rôle de plus en plus déterminant dans les conflits d’aujourd’hui. Le Front Polisario a dénoncé que le Maroc utilise des drones pour attaquer ses positions au Sahara occidental. L’Algérie a également accusé Rabat d’avoir bombardé et tué « avec des armes sophistiquées » trois chauffeurs de camion algériens alors qu’ils traversaient l’ancienne colonie espagnole.

    Face à ces accusations, les autorités marocaines gardent un strict silence et évitent de commenter ce qui se passe au Sahara occidental, par ailleurs le roi Mohamed VI a appelé au « bon voisinage » entre les pays du Maghreb dans son dernier discours au début du mois.

    El Periodico, 28/11/2021

    #Maroc #Algérie #Maghreb #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Israël

  • Evolution du rapport de force entre l’Algérie et du Maroc

    Sahara Occidental, Maghreb, Mauritanie, Front Polisario – Evolution du rapport de force entre l’Algérie et du Maroc

    Au Maghreb, un énième rebondissement a lieu entre le Maroc et l’Algérie. L’Algérie annonce mettre fin aux relations diplomatiques entre les deux pays. En cause, des « actes hostiles » perpétrés par le Maroc d’après Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères algérien. Pour comprendre les évènements qui se déroulent en ce moment entre Alger et Rabat, une grille de lecture historique est nécessaire ; ces deux nations ayant déjà une relation conflictuelle depuis des décennies.

    Une relation bilatérale hostile dès l’indépendance de l’Algérie. 

    Contrairement à l’Algérie qui a subi une guerre d’indépendance du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 sur son territoire, le Maroc a négocié et obtenu l’indépendance pacifiquement dès le 7 avril 1956. Cette nuance représente potentiellement la première rivalité entre le Maroc et l’Algérie, bien qu’elle ait été intériorisée. Malgré une mobilisation et un soutien actif de la part du Maroc pour que son voisin algérien obtienne l’indépendance le 5 juillet 1962, des heurts ont eu lieu le 8 octobre 1963 entre les Forces Armées Royales marocaines (FAR) et l’Armée Nationale Populaire algérienne (ANP).

    Ces heurts sont la conséquence des revendications territoriales marocaines sur une partie du territoire algérien et ont donné lieu à un affrontement militaire surnommé la « Guerre des Sables ». Les hostilités ont cessé le 5 novembre 1963 laissant les frontières inchangées, et un cessez-le-feu est entré en vigueur le 20 février 1964, notamment grâce à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Cet affrontement a eu pour conséquence un alignement de l’Algérie au bloc de l’est communiste, avec l’URSS comme principal fournisseur d’armement militaire ; et le Maroc au bloc de l’ouest capitaliste, tourné vers l’occident américain et européen. Cette divergence idéologique a son importance pour comprendre les rapports de force entre les deux pays.

    La poursuite des revendications territoriales marocaines sur le Sahara occidental. 

    Après presque un siècle d’occupation espagnole, Francisco Franco, chef d’Etat de l’Espagne, décide de mettre fin à la colonisation du Sahara occidental, qui prend effet le 14 novembre 1975. Hassan II, le souverain marocain, convoite ce territoire avec la Mauritanie qui lui est refusé par la Cour internationale de la Haye. Le roi marocain entame alors, le 6 novembre 1975, une « marche verte » pacifique avec 350 000 marcheurs volontaires pour prendre le contrôle de la région ambitionnée, provoquant la première rupture diplomatique entre l’Algérie et le Maroc de 1976 à 1988. En effet, l’Algérie ne souhaite pas voir son voisin marocain s’emparer de ce territoire, notamment en raison de son fort potentiel économique.

    En parallèle, le Front Polisario, mouvement politique et armé du Sahara occidental créé le 10 mai 1973, s’oppose aux prétentions marocaines et va jusqu’à proclamer une République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) le 27 février 1976 à Bir Lahlou. Le Front Polisario, soutenu par la Libye et l’Algérie démarre alors une guérilla contre le Maroc et la Mauritanie. Les troupes mauritaniennes se replient en 1979, et Rabat en profite pour consolider sa position en construisant un mur de 2 500 km entre 1980 et 1987. Ce dernier sera nommé « mur des sables » au Maroc, et à contrario, « mur de la honte » en Algérie. L’affrontement des deux antagonistes s’embourbe, les médiations échouent jusqu’à la signature d’un cessez le feu sous l’égide de la Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) le 6 septembre 1991. Cette entité a pour mission de maintenir la paix sur la région et d’organiser un référendum d’autodétermination pour les sahraouis, fortement contesté par le Maroc, qui préfère parler d’une autonomie sous sa souveraineté.

    Le terrorisme, une nouvelle source de conflictualité. 

    Le 24 août 1994 a lieu un attentat à l’hôtel Atlas-Asni dans la ville de Marrakech. Rabat accuse son frère ennemi Alger d’avoir impliqué ses services secrets dans cette attaque sur le territoire. La réponse marocaine est immédiate avec l’expulsion des algériens ne possédant pas de carte de séjour, et l’instauration des visas pour entrer sur le territoire. L’Algérie riposte rapidement par la fermeture de sa frontière avec le Maroc.

    Un espoir de réconciliation algéro-marocain rapidement avorté. 

    Le 17 février 1989 est initiée la création de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), une organisation politico-économique composée par l’Algérie, le Maroc, la Libye, la Tunisie et la Mauritanie. Cependant, cette structure se révèlera être dans une situation d’immobilisme. Par ailleurs, de 1993 à 1996, un projet ambitieux de gazoduc auquel l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et le Portugal ont participé, est engagé.  Le gazoduc Maghreb-Europe (GME) a pour but d’approvisionner en gaz naturel la péninsule ibérique, et par conséquent l’Europe. Celui-ci va également être le premier partenariat économique et structurel d’ampleur entre les deux ennemis héréditaires du Maghreb.

     Enfin, le 27 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika est élu président de la République algérienne démocratique et populaire. Voulant faire table rase des confrontations historiques, ce dernier tente un rapprochement entre les deux pays, d’une part en se rendant aux obsèques de son homologue Hassan II, et d’autre part en prônant les retombées positives d’une synergie entre le Maroc et l’Algérie, notamment au niveau économique. Néanmoins, Bouteflika réaffirme son soutien à la cause du Front Polisario pour un Sahara occidental libéré de toute prédation marocaine, ce qui provoque l’indignation de la classe dirigeante au Maroc. En 2005 et suite à des déclarations publiques du premier ministre algérien Ahmed Ouyahia sur le conflit au Sahara occidental, le ministre marocain des affaires étrangères, Mohamed Benaissa refuse sa venue au Maroc.

    Normalisation des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv. 

    Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien jusqu’en juin 2021, cherche à mettre un pied en Afrique, notamment au Maghreb et ainsi développer son cercle d’influence. Pour y parvenir, il souhaite obtenir le statut d’observateur au sein de l’Union africaine. Le Maroc de Mohammed VI lui apporte une aide importante en faveur de son intégration dans cette organisation intergouvernementale.

    En contrepartie, le Maroc espère intensifier les investissements israéliens mais également renforcer la coopération militaire entre les deux pays. Le 10 décembre 2020 marque une victoire diplomatique et géopolitique pour Rabat puisque les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, à la seule condition d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël intitulée « les accords d’Abraham » et signée le 22 décembre 2020. L’Algérie perçoit cette déclaration comme une stratégie de déstabilisation à son encontre avec une alliance Tel Aviv-Washington-Rabat à ses portes, d’autant plus qu’elle entretient des relations privilégiées avec le mouvement palestinien.

    De la dégradation à la rupture des rapports entre Alger et Rabat en 2021. 

    En mars 2021, l’Algérie commence son affrontement informationnel contre le Maroc, via les médias, en l’accusant d’utiliser le trafic de drogue comme moyen de déstabilisation. Le même mois, l’Algérie interdit aux agriculteurs marocains du Figuig de franchir la frontière, et de ce fait, de profiter de l’exploitation des palmeraies algériens. Le 14 juillet 2021, le représentant du Royaume du Maroc aux Nations Unies aurait affirmé son soutien au mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). L’Algérie riposte en rappelant son ambassadeur de Rabat. Le 18 juillet 2021, le scandale lié à « Pegasus », un logiciel espion israélien ayant comme fonctionnalité d’attaquer les smartphones sous iOS et Android éclate. Le royaume aurait utilisé le logiciel afin d’effectuer des actions d’espionnage sur des journalistes ainsi que sur des personnalités politiques et militaires algériennes, compliquant une nouvelle fois les liens entre les deux protagonistes.

    À l’occasion de la « Fête du Trône » le 30 juillet 2021, Mohammed VI tente en vain d’apaiser la crise avec Alger, louant une opportunité d’amélioration des relations bilatérales ainsi que la possibilité de réouverture des frontières, fermées depuis les attentats de Marrakech en 1994. La venue au Maroc de Yaïr Lapid, ministre des affaires étrangères israélien le 12 août 2021 exacerbe les tensions puisqu’il accuse ouvertement Alger de faciliter les actions de l’Iran dans la région. Dans ce contexte de tensions, l’Algérie incrimine le Maroc le 18 août 2021 en tant que partie prenante des feux qui ravagent la Kabylie, du fait de son soutien potentiel au MAK. En effet, le ministre de l’intérieur algérien, Kamel Beldjoud, en déplacement dans les zones sinistrées a déclaré que ces incendies avaient une origine humaine et criminelle. Le 24 août 2021, l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne démocratique et populaire actuel, décide unilatéralement de cesser les relations diplomatiques avec le Maroc, de lui fermer son espace aérien et menace de stopper l’approvisionnement du gazoduc Maghreb-Europe à l’expiration du contrat le 31 octobre 2021.

    Des échanges économiques en continuel recul. 

    Depuis les attentats de 1994 qui ont ébranlé Marrakech et provoqué la fermeture des frontières terrestres et maritimes entre le Maroc et l’Algérie, les transactions commerciales entre les deux belligérants ont considérablement été réduites. Pourtant, jusqu’en 2016, Alger est le premier partenaire commercial de Rabat, position reprise aujourd’hui par l’Égypte et la Côte d’Ivoire, et jouit d’un solde commercial favorable à hauteur de 350 millions de dollars. Cependant ce solde reste minime en comparaison aux transactions économiques à l’échelle mondiale. Environ 80% de ces échanges sont liés aux exportations gazières provenant d’Algérie.

    Cette donnée sera amenée à diminuer drastiquement, si les relations entre l’Algérie et le Maroc poursuivent leur détérioration menant à un non-approvisionnement du gazoduc Maghreb-Europe. D’après l’Office des changes marocain, le montant des transactions plafonnent à 500 millions d’euros en 2020, soit 1% des importations et des exportations du Maroc. Un volume qui paraît dérisoire en comparaison aux échanges entre le royaume marocain et la monarchie espagnole qui atteignent 13,5 milliards d’euros la même année. Cette problématique de fluidité des transactions due à la fermeture des frontières a entrainé un effet pervers qui est le développement de la contrebande.  Ce commerce informel frontalier est alimenté par le trafic de drogue, de carburants, de médicaments et de produits alimentaires.

    Objectifs stratégiques et rapports de force informationnels sur fond de rancœurs historiques et de rivalités régionales. 

    Le Maghreb de l’ouest est dans une situation hautement complexe qui nécessite différentes grilles de lecture, notamment historique, politique, économique, et géopolitique. Le Maroc et l’Algérie se mènent une guerre économique et usent de stratégies de déstabilisation informationnelles. Alger évolue dans un contexte interne difficile puisqu’elle subit de plein fouet les manifestations sporadiques avec le « Hirak » depuis 2019 contre le pouvoir en place, le chômage endémique des diplômés et des jeunes algériens, la crise de l’eau, ainsi que les conséquences de l’épidémie de la Covid-19 sur les investissements et le tourisme. Cependant, elle ambitionne d’être la puissance régionale, ce qui la met en concurrence directe avec le Maroc. Afin de mettre en œuvre son ambition, l’Algérie use d’une stratégie de détournement de l’attention des citoyens algériens sur les différentes crises que traverse le pays, en lui soumettant un ennemi extérieur. Pour cela, la jeune république semi-présidentielle va régulièrement pointer du doigt son voisin marocain via des attaques médiatiques importantes ou des annonces gouvernementales officielles sur des sujets de discordance, parfois sans preuve, afin de déstabiliser la monarchie constitutionnelle marocaine.

    De plus, au niveau idéologique, Alger soutient la démarche des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment concernant le dossier du Sahara occidental. Cependant, une raison sous-jacente pourrait être que l’Algérie soutient le Front Polisario afin d’empêcher un renforcement de Rabat par l’acquisition d’un nouveau territoire qui est par ailleurs, riche en fer, manganèse, uranium, or et phosphate, avec une vaste surface côtière sur l’océan Atlantique (ressources halieutiques) et un potentiel touristique conséquent. De son côté, le Maroc subit les attaques algériennes à répétition, qui se poursuivent toujours en 2021. Malgré les tentatives d’apaisement de Mohammed VI, le conflit entre les deux frères ennemis du Maghreb reste hautement actif. Par ailleurs, si l’implication du Maroc dans le « projet Pegasus » et le soutien au MAK est confirmée, cela démontrerait une contradiction forte entre les déclarations du gouvernement marocain et ses agissements offensifs dans l’ombre, qui ciblent notamment l’intégrité du territoire algérien sur la région Kabyle. De manière générale, le Maroc semble sortir victorieux de cette confrontation avec de nouvelles alliances et de nouveaux partenariats à son actif, ainsi qu’une stratégie qui ne suit pas une logique d’escalade du conflit face à l’Algérie.

    In fine, le Maroc et l’Algérie sont dans une impasse géopolitique et diplomatique qui a des conséquences néfastes sur les économies respectives et la stabilité de la région du Maghreb. Ce bras de fer historique doit être surmonté par les autorités algéro-marocaines afin de créer une coopération, autant sécuritaire qu’économique, et de dynamiser le développement régional qui dispose d’un fort potentiel, sans tomber dans le piège de Thucydide. Cette dynamique aurait pu augmenter le PIB par habitant entre 2005 et 2015 de 34% du côté algérien, et de 27% du côté marocain selon un rapport prospectif de la Banque mondiale paru en 2010. De plus, le risque de l’axe Tel Aviv-Washington-Rabat est d’être perçu comme une réelle menace pour les politiques algériens et pour l’intégrité du territoire. Ce risque pousserait l’Algérie à considérer de nouvelles alliances afin de contrer son voisin, comme par exemple un nouvel axe Alger-Téhéran-Moscou-Pékin-Ankara, puisque ces derniers cherchent à être présents en méditerranée occidentale.

    Edouard Yziquel

    Sources

    28 Minutes – ARTE. (2021, août 26). L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.

    6medias. (2021, septembre 30). En froid avec le Maroc, l’Algérie risque de fermer le robinet du gaz à l’Espagne. Capital.

    Algérie Presse Service. (2021, juillet 17). Conseil de la Nation: la déclaration du représentant du Maroc à l’ONU « dénuée de tout sens diplomatique ou moral ».

    Amsili, S. (2021, août 24). Tensions maximales entre l’Algérie et le Maroc. Les Echos.

    Boniface, P. (2021, février 11). Expliquez-moi… Le Sahara occidental.

    Dessous des cartes – ARTE. (2021, avril 3). Le Maroc des rois : quel avenir ?

    Dessous des cartes – ARTE. (2021, septembre 15). Tunisie, Maroc, Algérie : nouvelle donne au Maghreb.

    Deveaux, J. (2021, septembre 9). Alger coupe le gaz à Rabat. France Info Afrique;

    Ellyas, B. S. (2018, juillet 20). Guerre des sables. Consulté le octobre 18, 2021.

    Europe Maghreb Pipeline Limited. (s.d.). Histoire. EMPL.

    France 24. (2021, août 24). Tensions au Maghreb : L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.

    France Info avec AFP. (2021, août 11). Algérie : ce que l’on sait des incendies dans le nord du pays, notamment en Kabylie, qui ont fait au moins 69 morts. Consulté le octobre 19, 2021, sur France Info Afrique.

    Haddouche, H. (2021, août 31). Le gazoduc Maghreb-Europe, première victime de la rupture entre Alger et Rabat. Middle East Eye.

    Kadiri, G. (2021, octobre 7). Le Monde Afrique.

    Le Parisien. (2021, août 18). Maghreb : l’Algérie se brouille avec le Maroc, accusé «d’actes hostiles». Consulté le octobre 18, 2021, Le Parisien.

    L’Economiste. (2021, août 5). Affaire Pegasus : Forbidden Stories et Amnesty International n’ont pu fournir aucune preuve contre le Maroc. L’Economiste.

    Lugan, B. (2021, octobre 4). Relations diplomatiques : Le contentieux algéro-marocain. Association de soutien à l’armée française (ASAF).

    Méric, É. (1965). Le conflit algéro-marocain. Consulté le octobre 18, 2021, Persée;

    Mohsen-Finan, K. (2021, août 31). Algérie-Maroc, les enjeux de la rupture. Orient XXI;

    Quarante, O. (2014, mars). Si riche Sahara occidental. Le Monde Diplomatique.

    Rédaction internationale. (2020, novembre 21). Au Sahara occidental, la perspective d’une guerre sans fin. France Culture;

    Vidalie, A. (2017, août 11). La « Grande Muraille » du Sahara, « mur de défense » ou « mur de la honte »? L’Express;

    Ecole de guerre économique, 25/11/2021

    #Maroc #Algérie #Front_Polisario #Sahara_Occidental #Mauritanie #Maghreb #Conflit

  • Algérie-Russie : commerce, gaz… et armes hypersoniques

    Algérie-Russie : commerce, gaz… et armes hypersoniques

    Algérie, Russie, Maroc, Israël, Sahara Occidental – Algérie-Russie : commerce, gaz… et armes hypersoniques

    La Russie a développé des armes hypersoniques. Alors que la tension monte entre l’Algérie et le Maroc, Alger consolide ses relations avec Moscou…Selon l’analyse du « Journal de l’Afrique »

    Le président russe Vladimir Poutine évoquait alors la mise en service d’armes hypersoniques  » invincibles « . Trois ans plus tard, Moscou est entrée dans une phase plus opérationnelle. Le missile de croisière Zircon a été testé à trois reprises en juillet, en octobre et ce jeudi 18 novembre. Et le moins que l’on puisse dire est que ce missile a le mérite de rendre obsolète le dispositif militaire de toutes les autres puissances militaires mondiales.

    A vrai dire, depuis l’annonce par la Russie de la commercialisation du « Mini-Kinzhal « , le missile hypersonique utilisable par les avions de chasse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont commencé à revoir la défense de leurs alliés, au Japon et en Europe notamment.

    Pour le moment, la Russie n’a vendu ces nouvelles armes qu’à la Syrie. Mais des négociations sont actuellement en cours avec l’Iran et il semble de plus en plus envisageable que le premier allié africain de la Russie, l’Algérie, acquière également des armes hypersoniques russes.

    Les relations entre Moscou et Alger ne datent pas d’hier. En pleine Guerre froide, l’Algérie avait accueilli de nombreuses figures du tiers-mondisme, des militants panafricains ou de simples partisans de l’idéologie du bloc de l’Est : Amilcar Cabral, Frantz Fanon, Che Guevara, Nelson Mandela ou encore Eldridge Cleaver. Il faut aussi rappeler que le deuxième chef de l’Etat algérien, Ahmed Ben Bella, était l’un des rares non-Russes décorés de l’Etoile d’Or de l’ordre de Lénine depuis 1963.

    Depuis son indépendance, l’Algérie s’est rapprochée de la Russie, et cette relation n’a jamais connu de bas. Outre les intérêts diplomatiques communs et l’idéologie  » gagnant-gagnant  » portée par les deux Etats, ainsi qu’un désamour séculaire pour l’Occident, Algérie et Moscou sont devenus au fil du temps de réels partenaires.

    Un partenariat qui touche d’ailleurs à plusieurs secteurs : aéronautique, aérospatiale, culture, éducation, commerce, hydrocarbures, coopération militaire… La Russie organise chaque année les Journées de l’Algérie à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et le pays nord-africain accueille de son côté les Journées de la culture russe dans ses trois villes majeures depuis une décennie.

    C’est surtout depuis 2001 que la coopération militaire entre l’Algérie et la Russie a franchi un cap, s’appuyant sur les liens d’amitié de longue date entre les deux pays.

    En 2006, le président russe Vladimir Poutine avait effacé la dette algérienne estimée à 4,7 milliards de dollars. Les échanges commerciaux, qui plafonnaient à 200 millions de dollars en 2000, dépassent aujourd’hui les 5 milliards de dollars. En 2018, plus des deux-tiers des armes algériennes provenaient de Russie. Surtout, depuis 2007, l’alliance entre l’entreprise russe Gazprom et la major africaine Sonatrach a bouleversé le marché gazier mondial.  » Vers l’OPEP du gaz « , annonçait Roman Kupchinsky. Et pour cause : l’alliance gazière algéro-russe fournit aujourd’hui plus de 27 % de son gaz à l’Europe et contrôle en majeure partie les prix du gaz naturel.

    Cerise sur le gâteau : les revenus du gaz algérien ont été multipliés par deux et représentent, pour la Russie, plus de 11 % de son PIB et 8 % de ses exportations. Côté diplomatique, l’Algérie et la Russie font souvent front, surtout en ce qui concerne les dossiers africains. De quoi conforter Alger, dont la politique diplomatique a été revue ces trois dernières années, notamment avec le retour au premier rang du ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.

    Ce dernier a relancé plusieurs projets africains datant de 2015, de la Transsaharienne à l’Accord d’Alger, en passant par la lutte antiterroriste au Sahel ou la recherche d’une solution africaine au dossier libyen. Là o˘ Alger intervient, la Russie n’est pas loin. On l’a d’ailleurs vu au Mali ou avec la montée des tensions entre la France et les pays africains francophones.

    Parallèlement, une course à l’armement a débuté, notamment à cause des relations qui se dégradent d’année en année entre les deux voisins nord-africains, l’Algérie et le Maroc. En cause, le conflit sahraoui et la normalisation des relations entre le royaume chérifien et Israël. Et bien que la supériorité militaire algérienne soit indiscutable, et que le conflit entre les deux Etats reste très hypothétique, la dissuasion militaire reste importante.

    Par B. Chellali

    Lemaghreb.dz, 21/11/2021

    #Algérie #Russie #Israël #Maroc #Sahara_Occidental

  • Axel Alvarez: Le Maroc essaie de nier le fait de la guerre

    Axel Alvarez: Le Maroc essaie de nier le fait de la guerre

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – Axel Alvarez: Le Maroc essaie de nier le fait de la guerre

    LE JOURNALISTE AXEL ALVAREZ MET À MAL LE SILENCE MAROCAIN : « La guerre est un fait établi, entre l’armée sahraouie et le Maroc qui essaye de le nier »

    Le journaliste espagnol indépendant, Axel Alvarez, a confirmé au terme de sa visite dans les territoires sahraouis libérés, l’état de guerre qui prévaut dans la région, affirmant que « la guerre est un fait établi, entre l’armée de libération du peuple sahraoui et le Maroc qui essaye de le nier. » Le journaliste Axel Alvarez a appelé les Nations unies (ONU), à intervenir et mettre un terme à ce conflit entre le Front Polisario et le Maroc, sur le Sahara occidental, territoire soumis à un processus de décolonisation sur l’agenda onusien. Lors de son témoignage, le journaliste espagnol indépendant qui a fait le déplacement, avec d’autres collègues de la presse internationale, aux camps des réfugiés sahraouis, puis à la région de Mehbes, dans les territoires libérés du Sahara occidental a fait savoir qu’il avait « assisté à la chute d’un obus marocain près de leur emplacement dans la région de Mahbes », obligeant, indique-t-il,
    « l’équipe des médias à quitter les lieux pour leur sécurité ». Poursuivant son témoignage, il dira que «j’ai visité avec la presse internationale, les camps de réfugiés sahraouis et je me suis déplacé dans la région de Mahbes où nous avons vécu et suivi directement de véritables affrontements militaires entre les unités de l’armée sahraouie et les forces marocaines » qui répondaient, poursuit-il « aux bombardements des forces sahraouies tout au long du mur de sable séparant les territoires occupés des territoires libérés du Sahara occidental ».

    Faisant l’éloge des combattants de l’armée de libération du peuple sahraoui, indiquant qu’il a vu « leur détermination à vaincre l’occupant marocain » dira-t-il, il relève que « depuis la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, une grande ambiguïté entoure les informations qui circulent en Espagne sur la réalité du retour à la guerre au Sahara occidental , d’où la nécessité de briser le black-out médiatique sur ce conflit et la guerre qui s’y déroule » a indiqué le journaliste espagnol dans ses déclarations aux médias sahraouis, à l’issue de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis et les territoires sahraouis libérés.

    Par ailleurs, dans son témoignage de retour de zones de combat entre l’armée sahraouie et l’armée de l’occupant marocain, le journaliste espagnol a évoqué « le bon état d’esprit qu’il a ressenti chez le peuple sahraoui, en particulier ses soldats sur la ligne de front » de combat qui se déroulent depuis le 13 novembre de l’année dernière. « J’ai rencontré des soldats sahraouis sur la ligne de front, armés d’un très bon moral et d’une forte conviction en l’inéluctabilité de la victoire de leur lutte » ajoutant que « j’ai senti lors de mes échanges avec eux une forte conviction selon laquelle les causes justes finissent toujours par vaincre », a-t-il déclaré lors de son témoignage.

    Appelant l’ONU à intervenir pour mettre fin au conflit au Sahara occidental, il dira à la communauté internationale que «ces affrontements doivent forcer les Nations unies à intervenir pour régler le conflit », a-t-il signalé, relevant que « le fait d’attendre 30 ans n’est pas facile et n’a laissé au peuple sahraoui d’autre choix que de reprendre sa guerre de libération ».

    Le journaliste espagnol a publié sur son compte « Instagram » des photos mettant en lumière certains aspects de la guerre qu’il a eu l’occasion de couvrir et de voir de plus près, dont l’une de ses illustrations photographiques on peut voir les soldats de l’armée de libération du peuple sahraoui attaquant un poste militaire marocain situé derrière le mur de sable séparant les territoires libérés des territoires sous occupation marocaine, dans la région de Mahbes.

    Il est à rappeler que le mur de la honte ‘de sable : NDLR) a été errigé par le Maroc dans les années 80, avec l’aide et l’assistance de l’entité sioniste, avant que celle-ci procède à la construction du même mur pour séparer les territoires palestiniens.

    Concluant son témoignage que c’est la première fois depuis le 14 octobre 2020, que la presse internationale a pu se rendre aux territoires sahraouis libérés pour témoigner de l’existence réelle de la guerre que mène l’armée du peuple sahraoui contre l’occupation marocaine et surtout « retransmettre en son et en image les affrontements armés qui s’y déroulent depuis un an », suite à la violation par le Maroc des Accords de cessez-le-feu 1991 qu’il a conclu sous l’égide de l’ONU, avec le Front Polisario, en prévision de la tenue du référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
    K. B.

    Le Courrier d’Algérie, 18/11/2021

    #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Maroc #Guerre #Axel_Alvarez

  • Accords UE-Maroc : Lutte informationnelle

    Tags: Sahara Occidental, Maroc, UE – Accords UE-Maroc : Lutte informationnelle

    La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a annulé le 29 septembre 2021 deux accords commerciaux de libre-échange entre le Maroc et l’Union Européenne, et ce, après un recours du Front Polisario.

    Le premier accord concernait l’octroi du préférences tarifaire accordé aux produits marocains par l’Union Européenne. Le deuxième accord portait sur la mise en place d’un partenariat de pêche permettant aux pêcheurs de pays de l’Union Européenne, comme l’Espagne par exemple, de pêcher dans les « eaux marocaines ». L’emplois de guillemets concernant les eaux marocaines s’avère indispensable, compte tenu du contexte politique marocain au regard de la situation actuelle au Sahara occidental.

    Contexte historique.

    Depuis 1975, le Sahara occidental est l’objet d’une guerre ouverte entre le royaume du Maroc et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), dont le Front Polisario en est l’organe politico-militaire indépendantiste. Si un cessez-le-feu a été conclu en 1991, ce dernier n’a jamais « fonctionné » tant est si bien que la mission de l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’a cessé d’aligner les échecs pour tenter d’opérer une possible entente entre les belligérants.

    Actuellement, le royaume marocain reste campé sur ses positions depuis 2004 : à savoir une autonomie relative du Sahara occidental qui serait un « vassal » du royaume. Cette idée a de tout temps été rejeté par la RASD et le Front Polisario dont l’objectif ultime reste le principe d’autodétermination par référendum qui est le corolaire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tel que le droit international l’a conceptualisé depuis 1945.

    Les enjeux d’une telle décision.

    Cette décision de la CJUE sur la légalité des accords passés entre la Commission Européenne et le Royaume du Maroc présente des conséquences non négligeables.

    D’une part, cette décision légitimise l’appartenance du Sahara occidental au Front Polisario et d’autre part, remet en question la légitimité de Rabat à pouvoir disposer des ressources du dit territoire dans le but de les inclure dans un accord commercial dont les bénéfices reviendraient directement au Royaume du Maroc. Enfin, cette décision renforce la crédibilité de la RASD dans sa quête de reconnaissance comme entité politique auprès de la scène internationale.

    Toutefois, au-delà des conséquences politico-économiques, il est intéressant de s’interroger sur les stratégies de communication mise en place entre les deux protagonistes afin de défendre leurs intérêts. Ces stratégies de communication et d’influence doivent être incluses dans des conflits de guerre informationnelle.

    Une lutte informationnelle du Front Polisario reposant sur la victimisation

    Il convient de préciser que le Royaume du Maroc et l’Union Européenne sont en partenariat commercial depuis les années 2000.

    Cette précision est fondamentale pour comprendre la stratégie informationnelle du Front Polisario. En effet, si l’on en croit les propos de l’avocat représentant les intérêts de la RASD, Maître Gilles Devers, le Front Polisario n’a de cesse de dénoncer « le pillage des ressources naturelles » du Sahara occidental par le Maroc à travers « l’agriculture, le phosphate, la pêche et le tourisme ». L’emploi du mot « pillage » accentue l’image d’un royaume marocain colonisateur et pratiquant une prédation économique sur un territoire qui ne relèverait pas de sa souveraineté.

    Cette dénonciation constante, qui est renforcée, par l’annulation des accords a pour but d’isoler le Maroc sur la scène européenne en jouant sur les tensions actuelles qu’entretien le royaume avec certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne. Utilisant le concours d’ONG, comme Western Sahara Resource Watch (WSRW), le Front Polisario veut également pousser les entreprises parties prenantes aux accords commerciaux à se retirer. C’est ainsi que l’entreprise allemande Continental n’a pas renouvelé son contrat d’exploitation de phosphate au Sahara occidental. De même pour l’entreprise suédoise Epiroc qui fournissait des équipements miniers. La rhétorique de l’ONG WSRW est axée sur la même sémantique que celle du Front Polisario « Le Maroc n’a pas le droit d’exploiter la mine de phosphate sur les terres occupées. Ces ressources appartiennent au peuple sahraoui opprimé ».

    La volonté de cette ONG au service du Front Polisario est claire : diaboliser les acteurs qui participent à ce pillage de masse. La diabolisation entraîne de fait une dégradation de l’image d’une entreprise, or aujourd’hui le rapport de force entre une entreprise et une ONG se posant comme défenderesse d’une minorité est complètement inversée. L’émotion l’emporte sur tout et empêche tout débat. De plus l’image de l’entreprise colonisatrice peut être utilisée quand il s’agit d’une compagnie occidentale dans une région du Maghreb. Dans le cas de Continental l’entreprise est allée jusqu’à se justifier sur l’arrêt de sa participation dans une lettre adressée à l’ONG WSRW. L’inversion du rapport de force est totale.

    Stratégie informationnelle du Royaume du Maroc contre l’annulation des accords commerciaux.

    Grande perdante face à cette décision, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a décidé d’organiser une riposte médiatique que l’on pourrait qualifier d’une riposte de contre influence auprès de l’Union Européenne. En effet, si la décision d’annuler les accords commerciaux est actée, lesdits accords sont pour autant toujours en cours et la CJUE prévoit une cessation dans deux mois si le Royaume du Maroc ne fait pas appel de la décision. Vraisemblablement il y aura appel de la décision. Ce qui veut donc dire que le Maroc dispose d’un laps de temps relativement court pour convaincre les différentes entités européennes du bien fondé de cet accord contre les propos du Front Polisario.

    Cette lutte d’influence passerait par des campagnes de lobbyings visant à redorer l’image du Royaume qui ne doit pas être perçue comme une puissance colonisatrice pillant des ressources naturelles d’un « état souverain ». Mais cette démarche doit aussi convaincre que cet accord est bénéfique pour toutes les parties y compris le Front Polisario en suggérant que les retombées économiques seront notamment sources d’emplois pour les population locales. C’est la raison pour laquelle la CGEM a décidé de faire appel à la société française spécialiste en communication Open2Europe et a dépêché à Bruxelles Abir Lemseffer qui serait « Mme UE » concernant le volet médiatique.

    Toutefois, cette montée au front médiatique risque de se heurter à la réalité géopolitique du Maroc à l’égard de certains pays européens. Actuellement les ambassades de Rabat à Madrid, Berlin, Bruxelles et Paris restent sans ambassadeurs. De fait, le Royaume se trouve dans une situation stratégique complexe : comment délivrer un message aux acteurs qui pourraient faire évoluer la situation sans utiliser la voix diplomatique ? Certes, l’action de la CGEM peut inverser la situation mais sans une pression diplomatique cette action pourrait se trouver vaine face aux capacités du Front Polisario qui bénéficie de soutiens sur la scène internationale pour porter ses revendications.

    Achille Wagner,
    Etudiant de la 25ème promotion SIE

    EGE, 17/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #UE #Accords_commerciaux #Front_Polisario #TGUE

  • Mort d’un haut officier : Le Polisario dément

    Tags : Maroc, Front Polisario, Sahara Occidental – Mort d’un haut officier : Le Polisario dément

    Alger, 17 novembre (EFE) – Le Front Polisario a dénoncé aujourd’hui la mort de 12 civils sahraouis dans deux attaques de drones qu’il attribue au Maroc dans les soi-disant « zones libérées » de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental et a démenti les informations de presse selon lesquelles un « officier supérieur sahraoui » a été tué dans une attaque marocaine. S’adressant à Efe, une source du Polisario, qui a demandé à ne pas être identifiée, a expliqué que l’attaque la plus meurtrière, dans laquelle onze onze civils auraient été tués, a eu lieu le 15 dans la région de Mijek, dans la bande du Sahara occidental qui reste contrôlée par le groupe indépendantiste sahraoui.

    Les attentats à la bombe présumés sont similaires à l’attaque d’il y a une semaine qui a tué trois civils algériens qui conduisaient un convoi de trois camions sur la route à travers le désert entre la frontière algérienne et la capitale mauritanienne Nouakchott. Le gouvernement algérien, qui a rompu en août ses relations diplomatiques avec Rabat, a dénoncé l’attaque à l’ONU, qui fait l’objet d’une enquête de la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).

    La situation est tendue dans la région depuis que les troupes marocaines sont entrées dans la zone démilitarisée de Guerguerat, qui sépare la Mauritanie des territoires occupés par le Maroc en 1975, il y a un an, pour démanteler un sit-in de civils sahraouis qui protestaient contre l’utilisation commerciale de la zone contestée par Rabat et Nouakchott.

    Le lendemain, le Front Polisario a considéré l’action militaire marocaine comme une violation de l’accord de cessez-le-feu signé sous les auspices de l’ONU en 1991 et a lancé des opérations de harcèlement militaire contre le mur érigé par le Maroc au Sahara occidental.

    Le Polisario insiste, en outre, sur le fait que la seule solution consiste à organiser la consultation pour l’autodétermination convenue par les deux parties il y a 30 ans et admet que l’accord signé alors doit être actualisé.

    Le Maroc, pour sa part, refuse de parler de la possibilité d’une indépendance du Sahara occidental et assure qu’il n’est disposé à négocier qu’une « large autonomie », à condition que la souveraineté marocaine sur le territoire soit d’abord reconnue. EFE

    Swissinfo, 17/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario #Drones

  • RFI : Reportage sur Sahara Occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – Sahara Occidental : Avec les soldats du Front Polisario

    1/5 : Avec les soldats du Front Polisario

    Cette semaine, RFI vous emmène dans les territoires administrés par la RASD, la république arabe sahraouie démocratique. Cinq camps de réfugiés établis depuis 45 ans en Algérie, autour du centre administratif de Rabouni, et les territoires du Sahara occidental que contrôle le Front Polisario, soit environ 20% de la superficie de l’ancienne colonie espagnole. Depuis 1975, le statut de ce territoire, considéré comme « non-autonome » par les Nations unies, fait l’objet d’un conflit entre les indépendantistes soutenus par l’Algérie et le royaume du Maroc. Après 30 ans de cessez-le-feu, les combats ont repris en novembre 2020. Des unités du Polisario arpentent les territoires dits « libérés » et frappent par endroit l’immense mur de sable, fortification de 2 700 km que le Maroc ne cesse de renforcer, symbole de l’asymétrie des moyens mobilisés. François Mazet a suivi une opération avec des combattants volontaires du Polisario.

    Du sommet d’une dune de sable et de petits cailloux noirs, nous observons en compagnie de deux combattants de l’armée populaire de libération sahraouie, les tirs que deux véhicules armés adressent au mur de sable marocain. Des roquettes Grad et des mitrailleuses lourdes montées à l’arrière de pick-up dont la cabine a été sciée. Le matériel a vieilli avec le conflit, mais les plus jeunes ne perdent pas espoir. Saïd suit les volontaires pour la télévision sahraouie : « Quand je vois ce mur, je pense à la moitié de ma famille qui est de l’autre côté, et à notre terre coupée en deux. Ça me fait mal. Là-bas, il y a mes grands-parents que je n’ai jamais vus. Bien sûr, ils ont des drones et tout ce qu’il faut, mais nous gagnerons quand même. »

    Des panaches de fumée noire s’élèvent au-dessus des fortifications, situées à 6 km de nous. Les forces marocaines répliquent, l’échange dure quelques minutes puis les volontaires sahraouis s’éparpillent dans le désert. Leur stratégie : le harcèlement, piquer comme des moustiques pour agacer les Marocains qui leur nient même la qualité de belligérant.

    « Nous avons un secteur réservé avec comme cibles un segment du mur et des bases spécifiques. Notre objectif est d’affaiblir leurs positions, de jouer sur leur moral, explique Abba Ali Hamoudi, commandant de la sixième région militaire, celle de Mahbès. On a l’avantage, car on a des cibles précises, alors que nous, nous sommes toujours en mouvement, et nous sommes insaisissables. »

    Les chefs du Polisario assurent que la reprise des combats, en novembre 2020, a remobilisé les jeunes des camps de réfugiés, lassés de trois décennies de statu-quo. Une génération qui n’a pas connu la guerre active peut aussi s’engager comme volontaire. C’est ce qu’a fait Ahmed, 40 ans, père de famille et nouvelle recrue : « Dernièrement, je travaillais dans un commerce, puis dans le bâtiment. Puis j’ai rejoint l’armée et les camps d’entraînement pour les volontaires. Tout le monde peut nous rejoindre, même ceux qui sont plus vieux que moi. »

    Cet ancien étudiant en anglais dans la Libye de Kadhafi n’a même pas encore de pantalon de treillis, mais il dit ne pas craindre les drones, les radars et l’aviation marocaine. Des hommes qui selon lui sont là « pour un salaire et pas pour une cause ».

    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

    2/5: la fête de l’Unité, moment de transmission

    Deuxième volet de notre série sur les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Chaque année, le 12 octobre, le Sahara occidental célèbre sa culture avec la fête de l’Unité. Une fête marquée cette année par le retour au pays de membres de la diaspora, privés de visite à leur famille à cause de la crise sanitaire.

    Des rangées d’enfants en costume traditionnel sont exhortés par leurs professeurs à chanter avec entrain, tandis que les femmes distribuent des dattes ou préparent le thé sous des tentes traditionnelles. Chants, danses, traditions, costumes.

    Pour la semaine qui marque la fête de l’Unité du peuple sahraoui, « il faut absolument affirmer sa singularité », souligne Ahmed-Nah. Cet étudiant en droit en France n’était pas revenu dans les camps depuis quatre ans : « L’espoir est porté par chaque personne qui habite ici. Notre peuple a une culture bien différente des Algériens, bien différente des Marocains et cette fête le montre. Tout montre que l’on est un peuple qui ne ressemble en rien à nos voisins. L’envahisseur marocain insiste, lui, pour dire que l’on fait partie de son peuple. Non on ne partage aucun point commun. »

    Territoire disputé
    Depuis 1975, le statut de ce territoire, considéré comme « non autonome » par les Nations unies, fait l’objet d’un conflit entre les indépendantistes soutenus par l’Algérie, et le Royaume du Maroc.

    D’un côté, cinq camps de réfugiés et plus de 170 000 personnes sont établis depuis 45 ans en Algérie, autour du centre administratif de Rabouni. De l’autre, le Front Polisario contrôle 20% des territoires du Sahara occidental, le reste de l’ancienne colonie espagnole étant administré par le Maroc.

    Devoir de « solidarité »
    À l’exemple d’Ahmed-Nah, investi dans les organisations de jeunesse de la diaspora, le front Polisario envoie ses futurs cadres étudier à l’étranger. Certains y resteront, d’autres reviendront, mettant en avant le devoir de « solidarité » au sein du peuple sahraoui, et de dévouement à leur cause.

    Khadija a 16 ans, rêve d’étudier la médecine à Cuba, mais jure qu’elle rentrera ensuite œuvrer dans les camps : « Nous avons une politique qui nous donne des opportunités pour partir étudier, mais ce doit être seulement pour ensuite revenir et travailler pour ce pays. Ici, il y a des hôpitaux et d’autres choses, donc nous, si nous avons la chance de partir étudier, c’est seulement pour servir le peuple sahraoui et l’aider à obtenir sa liberté. »

    « Arracher l’indépendance »
    Pour les autorités de la RASD, la question de la transmission de la mémoire et de la culture est décisive afin d’entretenir la flamme de l’indépendance parmi la jeunesse. « Je suis venu ici à 7 ans, confie Assa Bobbih est la wali, la maire du camp de Boujdour. J’ai passé toute ma vie ici dans ce désert, j’y ai fait mes enfants mais je regarde vers l’avant pour voir l’indépendance ou mourir dans cette voie. 46 ans dans un refuge, 46 ans de larmes, de sang, ça veut dire que le peuple sahraoui est disposé à arracher son indépendance. »

    La fin d’un cessez-le-feu vieux de près de 30 ans avec le Maroc et la reprise des combats en novembre dernier ont alimenté le sentiment national parmi les jeunes des camps, qui veulent croire que le statu quo et l’exil ne seront pas toujours une fatalité.

    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

    3/5: l’hôpital national de Rabouni face aux pénuries

    Troisième volet de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. À l’hôpital national de Rabouni, en raison de la pandémie de Covid-19, les missions médicales étrangères se sont arrêtées, à l’exception de quelques médecins cubains. Ce qui ajoute de la précarité à une situation où manquent déjà moyens matériels et médicaments.

    De notre envoyé spécial à Rabouni,

    Un bloc opératoire et une salle de réveil déserts. C’est la norme depuis début 2020 à l’hôpital de Rabouni. Les voies aériennes fermées, les différents chirurgiens français, espagnols ou italiens qui viennent régulièrement opérer ou former des médecins locaux ne peuvent plus gagner les camps.

    Parmi les spécialités touchées par la pénurie : l’oncologie, l’oto-rhino-laryngologie, l’anesthésie ou encore la gynécologie. A la maternité, les sages-femmes accompagnent les femmes lors des accouchements, sans supervision obstétrique.

    Une petite fille, Mwena, vient à peine de naître. Visiblement éprouvée, sa mère assure que tout s’est bien passé. « Dieu merci ça va. Même pour mon premier enfant, malgré la césarienne, tout s’était bien passé ». Lelah, la sage-femme, affiche un sourire satisfait : « Je suis consciente de ma mission ici. Il manque du monde, mais on fait au mieux. Pour cette petite-fille là, tout s’est bien passé, mais nous avons aussi des cas d’hépatites, alors il faut référer les mères à Tindouf avant la phase d’accouchement. »

    Des manques en oxygène et en médicaments
    Manquent aussi de l’oxygène et des médicaments, nous explique Mohamed, infirmier, alors que deux patients atteints de bronchites sont branchés aux rares bouteilles disponibles.

    Nous avons toujours des gens avec des problèmes respiratoires, d’ailleurs aujourd’hui il n’y a que ça. Mais il nous manque des appareils de ce type pour oxygéner les patients, alors que c’est indispensable. On manque aussi de médicaments, en particulier d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires. Nous n’en avons pas assez, et pas de tous les types nécessaires alors que selon les maladies, il faudrait pouvoir adapter le traitement car il y a des groupes d’antibiotiques.

    Une situation sanitaire qui reste acceptable pour le directeur de l’hôpital
    5.000 personnes passent ici chaque mois, mais les 70 lits d’hospitalisation ne sont jamais remplis. 17 sont occupés à notre passage. Grâce aux différentes campagnes vaccinales, à l’éducation et au climat sec, le directeur de l’hôpital national Mohamed Fadel Hniya assure que la situation sanitaire est acceptable. Demeurent néanmoins les maladies chroniques comme le diabète, ou encore l’anémie, qui touche la moitié de la population des camps.

    En cas d’urgence, les médecins sahraouis doivent faire transférer leurs patients en Algérie, ou encore en Europe, comme l’a été le président de la RASD Brahim Ghali vers l’Espagne le 18 avril après avoir développé une forme grave de Covid-19.

    RFI, 15/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario

  • RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    Depuis un an, les indépendantistes sahraouis du front Polisario ont repris leurs opérations militaires contre l’armée marocaine, après quasiment trois décennies de cessez-le-feu. Un conflit asymétrique dont ils espèrent qu’il relancera les négociations autour de ce territoire au statut contesté, au cœur de la tension diplomatique entre le Maroc et l’Algérie.

    De notre envoyé spécial dans les camps de réfugiés sahraouis et dans les territoires contrôlés par la République arabe sahraouie démocratique,

    À 6 km en face de nous s’élèvent des panaches de fumée. Allongés au sommet d’une dune de sable et de petits cailloux noirs rendus brûlants par le soleil, nous observons en compagnie de combattants de l’armée populaire de libération sahraouie (APLS), la branche armée du front Polisario, le résultat de tirs à l’arme lourde sur les positions marocaines.

    L’objectif, c’est le mur de sable, ce dispositif défensif marocain dont la construction a débuté en 1980 pour éviter les incursions de miliciens indépendantistes, et dont l’agrandissement et le perfectionnement n’ont cessé depuis. Plus de 2 700km de fortifications parcourent le Sahara, de la côte atlantique à la frontière avec l’Algérie. Plusieurs lignes séparées de fossés, entourées de mines, abritant des bunkers, protégées par des radars, des drones, et si besoin est, des unités héliportées et la chasse des forces aériennes royales.

    Sur cette fortification coupant en deux le territoire de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, les combattants tirent à la mitrailleuse lourde, lancent quelques roquettes Grad installées à l’arrière de pick up dont les cabines ont été sciées à la disqueuse. La plupart des équipements de l’APLS date de la première phase du conflit, entamé à la fin de 1975, et close par le cessez-le-feu de 1991.

    Le « mur de la honte »
    Les commandants des diverses unités de l’APLS sont tous des vétérans de cette époque. Ils utilisent la seule stratégie à leur disposition : « frapper vite la nuit et le jour pour ne pas laisser les Marocains tranquilles », explique Abba Ali Hamoudi, le chef de la sixième région militaire, la plus proche de leur base arrière algérienne. Blessé sept fois, opéré en France, ce sexagénaire de haute stature est encore là pour ramper avec ses hommes et suivre le déroulement de l’opération qu’il a initiée.

    Les combattants sahraouis sont des volontaires, et pour eux ce « mur de la honte » représente une déchirure, une séparation : « Quand je le vois, je pense à mes grands-parents qui sont restés de l’autre côté et que je n’ai jamais vus », nous dit Saïd, caméraman de la télévision sahraouie qui suit et filme les opérations. « La moitié de ma famille se trouve de l’autre côté. Ca me fait beaucoup de mal, clairement. Il faut que nous revenions sur nos terres, il n’y a pas d’autre issue possible », témoigne-t-il.

    Parfois, comme sous nos yeux, la défense marocaine réplique. D’autres fois, elle ne s’en donne pas la peine. Le temps d’identifier l’origine de ces tirs, et les combattants sahraouis sont déjà remontés à bord, sillonnant le reg, ce désert rocailleux, sur leurs véhicules. C’est la définition même du conflit asymétrique et de basse intensité. En un an, l’APLS, qui dit tirer chaque jour des roquettes, a perdu une quinzaine d’hommes au combat. Le Maroc n’a jamais communiqué de bilan de son côté.

    Un « territoire non-autonome »
    Pour le Maroc, l’engrenage n’est pas souhaitable. Le statu-quo permet au royaume de consolider sa mainmise sur ce qu’il appelle les « provinces du sud ». Il contrôle 80% de la superficie de l’ancienne colonie espagnole, et toutes les ressources naturelles : phosphate, pêche, agriculture et tourisme.

    Vu de Rabat, le « Sahara marocain » est lié à la monarchie depuis l’époque précoloniale. Si cette proximité historique a été reconnue par la Cour internationale de Justice en 1975, celle-ci a conclu que le droit à l’autodétermination des peuples primait. C’est sur cette base que le Sahara occidental est toujours considéré par les Nations unies comme un « territoire non-autonome », le dernier en Afrique, et que la Cour de justice de l’Union européenne a récemment estimé que les produits venant de cette région ne pouvaient être assimilés à des produits marocains.

    De son côté, le Maroc propose une autonomie pour ces provinces sous la souveraineté du roi, et des négociations sous-régionales impliquant l’Algérie, parrain du Polisario, ce que rejette Alger.

    Pour les Sahraouis, la perspective est toute autre. Le cessez-le-feu de 1991 avait entrouvert la porte vers un référendum. Mais les années ont passé et la situation n’a pas changé. Le front Polisario, épine dorsale de la République arabe sahraouie démocratique, proto-État en exil dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, en Algérie, a perdu plusieurs de ses soutiens. Mouammar Kadhafi n’est plus là, Fidel Castro non plus, et la révolution n’est plus vendeuse sur le plan diplomatique. Ni l’Algérie, ni les pays de l’Afrique australe n’ont empêché le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017.

    « La révolution n’est pas une option mais notre responsabilité »
    L’immuabilité des positions a bloqué tout le travail diplomatique des différents représentants onusiens, qui ont jeté l’éponge les uns après les autres. Le dernier nommé, Staffan de Mistura, a pris ses fonctions le 1er novembre, après deux ans de vacance du poste.

    Autant qu’à Rabat, les cibles du courroux des Sahraouis sont à Paris ou Washington, alliés indéfectibles du Maroc, « qui empêchent le déploiement d’une véritable mission de l’ONU, et l’application du droit international », nous dit un jeune militaire. L’administration Biden n’est pas revenue sur la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Notre liberté, personne ne nous la donnera » renchérit un autre combattant, « la révolution n’est pas une option mais notre responsabilité », ajoute Omar Deidh.

    Ce jeune homme de 23ans incarne ce que le leadership du front Polisario veut absolument mettre en avant : passionné de sciences politiques et de numérique, il a étudié dans plusieurs pays étrangers, parle parfaitement l’anglais et l’espagnol, mais vient de se mettre au service de l’APLS dont il entend devenir un officier tout en relisant l’exemplaire de L’art de la guerre de Sun Tzu qu’il garde dans la poche de sa veste.

    Ces jeunes cadres éduqués, formés, au discours moderne mais aussi capable de s’enflammer pour la défense de leur cause sont opposés aux militaires marocains en faction sur le mur « qui ne sont là que pour un solde minable, et décamperont dès que leur vie sera vraiment en jeu », dixit Omar Deidh.

    À quelques heures de piste du mur, s’étendent les camps de réfugiés accueillant depuis 1976 les Sahraouis en exil. Selon les Nations unies, ils étaient 173 600 fin 2017, répartis en cinq wilayas. Ces communes ont pris le nom de villes situées dans ce qu’on appelle ici les « territoires occupés » : Laayoune, Aousserd, Smara et Boujdour encadrent le site administratif de Rabouni. Plus loin vers le sud se trouve Dakhla.

    Les populations y survivent grâce à l’aide humanitaire internationale et au soutien matériel de l’Algérie qui a construit les routes, alimente les centrales électriques en hydrocarbure et prend en charge les malades qui ne peuvent être soignés par les hôpitaux sahraouis.

    Dans les camps, il nous est difficile de nous déplacer sans un traducteur affilié au front Polisario. Si le mouvement sahraoui n’est pas connu pour réprimer les voix dissidentes, ceux qui acceptent de nous parler savent dans quel contexte ils s’expriment, puisqu’il encadre toutes les facettes de la vie ici.

    Néanmoins, le retour à l’état de guerre semble populaire. Il permet de mobiliser une jeunesse qui n’a connu que l’exil, les familles coupées en deux et le fait accompli. Peut-être aussi de canaliser certains candidats à une démarche plus radicale, qui a vu d’anciens réfugiés des camps rejoindre des groupes jihadistes au Sahel, tel Abou Walid al-Sahraoui, chef du groupe Etat islamique tué par les Français mi-août.

    « Nous ce qu’on veut, c’est retrouver notre terre »
    Derrière une mosquée du camp de Boujdour, la moins peuplée des cinq wilayas, un groupe de jeunes se présentant comme des militaires en congés, nous assurent de leur enthousiasme : « Nous ce qu’on veut, c’est retrouver notre terre. Pour cela, il nous faut nous battre. Moi j’étudiais dans un centre de formation, ici, mais en novembre quand la guerre a repris, j’ai rejoint l’armée. C’est la décision qu’on attendait. »

    Des combattants des années 80 ont renfilé leurs treillis, et d’autres ont rejoint les camps d’entrainement du front Polisario. Dans le détachement qui nous accompagnait au front, Ahmed faisait sa première sortie en tant que militaire. Ce père de deux enfants en bas âge sort à peine de formation. Il a pourtant 40 ans : « J’ai travaillé à droite à gauche, dans des commerces, puis dans le bâtiment. Et puis, en novembre, j’ai rejoint l’armée et les camps pour les volontaires. Il y a beaucoup de monde là-bas, beaucoup de jeunes, qui attendaient ce jour, qui étaient frustrés, et d’ailleurs nos centres n’ont pas assez de place pour tant de volontaires » assure-t-il, sachant que nous n’aurons pas les moyens de vérifier cette assertion.

    Cet engouement n’est-il pas vain face à la supériorité technique marocaine ? « Nos grands-pères avaient de simples fusils et ils se sont battus quand même. Maintenant on espère que le Polisario trouvera un moyen de nous avoir des armes plus sophistiquées », relativise un jeune de Boujdour.

    Certains affirment pourtant que le mouvement indépendantiste a du rompre le cessez-le-feu à son corps défendant, contraint de réagir aux évènements de Guerguerat. À ce poste-frontière avec la Mauritanie, considéré comme une zone tampon par l’accord de cessez-le-feu de 1991, des militants ont en novembre 2020 organisé des sit-in pour protester contre le bitumage de la route par le Maroc, des travaux devant faciliter le trafic des camions. Une « provocation » pour ces volontaires, dont certains n’ont pas hésité à faire six jours de piste et 1 500km pour venir des camps de réfugiés.

    Parmi eux, Fatoumata Ment Moyssa nous reçoit pour le thé dans son salon du camp d’Aousserd. Mère et grand-mère âgée de 68 ans, elle est partie dans un convoi d’une soixantaine de personnes sans en référer aux autorités sahraouies : « Ce sont des gens d’ici, des campements, qui se sont organisés. On parlait de ce que faisait le Maroc à Guerguerat, et on a décidé d’aller sur place. On ne peut pas rester éternellement dans cette situation, donc a décidé de faire quelque chose, de manifester. On n’a pas demandé l’avis du gouvernement. On ne nous a pas aidé, mais on ne nous a pas empêché de partir. On ne pensait pas que cela amènerait au retour des hostilités, mais que cela permettrait d’attirer l’attention internationale sur notre situation. »

    En ce milieu du mois d’octobre, les écoliers chantent dans les rues, en tenue de fête, des slogans favorables à l’indépendance. C’est la fête de l’Unité, fête nationale de la RASD. L’occasion de souligner et de faire vivre la singularité culturelle sahraouie, la langue hassaniya, les costumes et la musique locales.

    « Nous sommes un peuple minoritaire en Afrique du nord », explique Ahmed-Nah, étudiant en France et jeune cadre du Polisario au sein de la diaspora, rentré pour l’occasion, « mais nous sommes plus solides que jamais. Nous n’avons pas la même culture que les Marocains ou les Algériens, alors ce moment de transmission est primordial pour nous ».

    Lui aussi veut croire en des lendemains qui chantent : « l’espérance est ici depuis le début et jusqu’à maintenant. Nos grands-parents sont peut-être morts sans avoir vu l’indépendance, mais nous, ou nos enfants, nous verrons ce jour, et ça j’en suis sûr ».

    RFI, 15/11/2021

    #SaharaOccidental #Maroc #Front_Polisario

  • Guerre au Sahara : Les témoignages d’un journaliste espagnol

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – Guerre au Sahara : Les témoignages d’un journaliste espagnol

    La guerre au Sahara occidental entre dans sa deuxième année consécutive, ce 14 novembre, après la rupture par le Royaume du Maroc du cessez-le-feu avec le Front Polisario, à la suite de l’agression militaire menée, le 13 novembre 2020, par les forces de l’occupation dans la zone tampon d’El-Guerguerat, dans le sud-ouest de la dernière colonie d’Afrique.

    Sur le terrain, les pertes parmi les Forces armées marocaines (FAR) sont énormes, choses que le roi et ses « suppléants » ne veulent toujours pas admettre.

    Se rendant sur les lieux, le journaliste espagnol indépendant, Axel Alvarez, a confirmé lors de sa visite dans les territoires sahraouis libérés, l’état de guerre qui prévaut dans la région et fait l’éloge des combattants sahraouis et leur détermination à vaincre l’occupant marocain, appelant les Nations unies à intervenir pour mettre fin au conflit au Sahara occidental.

    «Depuis la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, une grande ambiguïté entoure les informations qui circulent en Espagne sur la réalité du retour à la guerre au Sahara occidental, d’où la nécessité de lever le black-out médiatique sur cette affaire», a indiqué le journaliste espagnol dans une déclaration à un média sahraoui à l’issue de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis et les territoires sahraouis libérés.

    «J’ai visité avec la presse internationale, les camps de réfugiés sahraouis et je me suis déplacé dans la région de Mahbes où nous avons vécu et suivi directement de véritables affrontements militaires entre les unités de l’armée sahraouie et les forces marocaines qui répondaient aux bombardements des forces sahraouies tout au long du mur de sable», séparant les territoires occupés des territoires libérés du Sahara occidental, a-t-il ajouté.

    Lors de son témoignage, le journaliste indépendant a, en outre, assuré avoir assisté à la chute d’un obus marocain près de leur emplacement dans la région de Mahbes, ce qui a obligé, selon lui, l’équipe des médias à quitter les lieux pour assurer leur sécurité.

    En se basant sur son séjour dans la région, M. Alvarez a souligné que «la guerre est un fait établi, bien que le Maroc essaye de le nier».

    Par ailleurs, le journaliste espagnol a évoqué le bon état d’esprit qu’il a ressenti chez le peuple sahraoui, en particulier les soldats sur la ligne de front.

    «J’ai rencontré des soldats sur la ligne de front, armés d’un très bon moral et d’une forte croyance en l’inéluctabilité de la victoire et j’ai senti lors de mes échanges avec eux une conviction selon laquelle les causes justes finissent toujours par vaincre», a-t-il déclaré lors de son témoignage.

    Dans ce contexte, le journaliste espagnol a appelé les Nations unies à intervenir pour mettre fin au conflit au Sahara occidental. «Ces affrontements doivent forcer les Nations unies à intervenir pour régler le conflit», a-t-il signalé, relevant que «le fait d’attendre 30 ans n’est pas facile et n’a laissé au peuple sahraoui d’autre choix que de reprendre la guerre».

    Le journaliste espagnol a publié sur son compte «Instagram» des photos mettant en lumière certains aspects de la guerre à laquelle il a eu l’occasion d’assister dont l’une d’elles montre des soldats du Front Polisario attaquant un poste militaire marocain derrière le mur de sable séparant les territoires libérés des territoires occupés par le Maroc dans la région de Mahbes.

    Il a notamment précisé que c’est la première fois depuis le 14 octobre dernier, que la presse internationale a pu accéder aux territoires sahraouis pour témoigner de l’existence réelle de la guerre dans cette région et retransmettre en son et en image les affrontements armés qui ont éclaté à la suite de la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu.

    APS

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario