Étiquette : Front Polisario

  • L’Algérie ignore le message de félicitations du roi du Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune semble avoir enterrer le geste hypocrite des messages interchangés entre Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika. Pour la deuxième fois, il ignore les messages de félicitation du roi du Maroc.

    La première, c’était à l’occasion du retour du président Tebboune d’Allemagne après sa guérison de la covid. En effet, au mois de décembre 2020, Mohammed VI lui avait souhaité un prompt rétablissement.

    Le message du sultan marocain n’a été diffusé par aucun média public algérien, à l’exception de quelques sites privés dont certains sont soupçonnés d’accointance avec le Makhzen.

    A ce moment-là, le Maroc venait d’annoncer son allégeance à l’entité sioniste et son agression contre la populatiopn civile sahraouie à El Guerguerate qui a contraint le Front Polisario à mettre fin au cessez-le-feu qui datait de 29 ans.

    Aujourd’hui, à l’occasion de la Fête de l’Indépendance algérienne, le roi du Maroc a adressé un message de félicitation qui a été de nouveau ignoré.

    En agissant ainsi, Abdelmadjid Tebboune marque sa différence avec son prédécesseur et une nouvelle politique de fermeté envers un régime dont la politique a causé de nombreux préjudices aux peuples de la région.

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, message de félicitation,

  • Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Zigzags européens au Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Chaabane BENSACI
    Alors que les attaques de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent sans relâche, contre les positions de l’occupant marocain le long du «mur de la honte», depuis l’agression commise contre des civils sahraouis à El Guerguerat en novembre 2020 dont la conséquence directe a été la fin du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, le peuple sahraoui attend avec sérénité la réponse que la Cour de justice européenne (CJUE) doit donner à sa doléance de janvier dernier. 
    En effet, c’est au début de l’année en cours que le Front Polisario a saisi la CJUE pour statuer sur le «pillage des ressources naturelles de son territoire» par l’occupant marocain, notamment en ce qui concerne «l’agriculture d’exploitation». Déjà, en avril 2019, le Front Polisario avait introduit un recours contre la décision du Conseil européen qui a bafoué le droit international en incluant dans l’accord de libre-échange conclu avec le royaume marocain les ressources du peuple sahraoui spolié. 
    Unique et légitime représentant de ce peuple, le Polisario a réclamé l’annulation pure et simple de cet accord illégal en y ajoutant l’accord de pêche signé le 28 janvier 2019 dans des conditions identiques. Par-là même, le Polisario a fait valoir la double violation flagrante que ces accords conclus entre l’UE et le royaume marocain représentent par rapport à la décision antérieure de la Cour de justice européenne et au droit international tel qu’il découle des résolutions des Nations unies.

    En effet, la CJUE avait, auparavant, clairement stipulé que le Sahara occidental et le Maroc sont bel et bien deux territoires distincts et légalement séparés et qu’en l’occurrence, il ne peut ni ne saurait y avoir une quelconque exploitation des ressources sahraouies sans le consentement du peuple concerné. C’était le 21 décembre 2016 mais le principe a été, par après, conforté par deux arrêts en 2018, relatifs à la pêche et au transport aérien! Une décision que le Conseil européen a tout simplement feint d’ignorer et qu’il a, par voie de conséquence, tout simplement piétinée! 

    En découle la conclusion logique selon laquelle le seul accord valable que l’UE est en droit de conclure pour exploiter ces richesses du sol et de la mer sahraouis doit obligatoirement relever d’un deal avec le Front Polisario. Pourtant, c’est malgré l’existence de ces décisions de la CJUE que le Parlement européen a adopté en janvier 2019 un document élargissant au territoire sahraoui les tarifs douaniers préférentiels concédés au royaume marocain, en vertu d’un mémorandum de 2013. Bruxelles a beau prétendre respecter les dispositions onusiennes, les manoeuvres dilatoires auxquelles se livrent les parrains habituels du royaume marocain ne peuvent ni ne doivent continuer, surtout que les conditions de sécurité sur le terrain ont changé avec la reprise des combats par le Front Polisario, au lendemain de l’attaque marocaine à El Guerguerat, d’une part. 
    Et d’autre part, les menaces et le chantage que le royaume marocain aux abois n’a pas hésité à brandir face à l’Allemagne puis à l’Espagne doivent nourrir une saine réflexion, à Bruxelles comme à Strasbourg.
    L’Expression, 06/07/2021
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ressources naturelles, UE, Cour de justice européenne,


  • Le Sahara occidental : une décolonisation ratée par l’Espagne

     


    Par Quentin Gallet

    Ces derniers temps, la côte nord-ouest de l’Afrique est au cœur de l’actualité. Un conflit gelé depuis plusieurs décennies s’est soudainement réchauffé tandis que nombre de barques la quittent pour rejoindre illégalement les Canaries, l’Espagne, l’Europe. Une crise multiforme qui trouve une de ses origines dans la décolonisation incomplète du Sahara occidental.

    Vaste territoire de plus de 250.000 km2, coincé entre les influences du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie, le Sahara occidental relève d’un statut toujours à définir sur le plan du droit international. 

    De premières tentatives sans lendemain

    Cette bande désertique aux marges des actuels Maroc, Algérie et Mauritanie se trouve également à l’est des îles Canaries. Les Espagnols, déjà implantés sur celles-ci, tentent de prendre possession du littoral saharien. Ils traversent le bras de mer et atteignent l’Afrique dans l’optique de sécuriser la très fructueuse pêche au large de l’actuel Sahara occidental. 

    Un fort est bâti dès la fin du XVe siècle par les Castillans : Santa Cruz de Mar Pequeña. La position ne résiste toutefois pas très longtemps à l’attaque des tribus berbères venant du désert. Les relations entre ceux-ci et les Espagnols seront faites d’ententes, de trahisons et de raids. 

    Toutefois, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, quelques années plus tard, détournera très largement l’attention des Espagnols de ce désert pauvre en direction de l’autre côté de l’Atlantique. 

    L’Espagne dans la course aux possessions africaines

    Bien que la Couronne espagnole s’intéresse surtout à ses colonies américaines, les côtes sahariennes continuent de revêtir, au fil des siècles, un intérêt pour la pêche. C’est dans cette optique qu’est signé, en 1860, le traité de Tétouan avec le Maroc afin que l’Espagne dispose d’un territoire pour développer ses activités. 

    Toutefois, l’Espagne est engagée, avec la France et l’Angleterre, dans une véritable course aux colonies : ces dernières étant signes de prestige à l’époque. Aussi, le territoire cédé par le Maroc va être rapidement augmenté. 

    Dans les années 1880, la situation se précise : le Río de Oro, un protectorat espagnol qui s’étend du cap Bojador au cap Blanc, voit le jour. Dans la foulée, cette possession est reconnue internationalement lors de Conférence de Berlin. L’actuelle Dakhla, alors nommée Villa Cisneros, en est le chef lieu administratif. Quelques années plus tard, le protectorat est étendu au nord jusqu’au fleuve Draa, lequel marque la frontière avec la Maroc.

    Les rivalités coloniales, malgré tout, font que des escarmouches éclatent ça et là. En 1900, la France et l’Espagne s’entendent en signant le traité de Paris qui fixe la frontière entre le Sahara espagnol et la Mauritanie, colonie de la République. 

    Du protectorat à la province

    Dans un premier temps, les Espagnols préfèrent le littoral saharien à l’intérieur des terres, espace propice à des attaques de la part des nomades. En réalité, nous avons au début du XXe siècle, une présence limitée et majoritairement urbaine. Ainsi la ville d’El Aaiún, actuelle Laâyoune, est fondée par les Espagnols à la fin des années 1930. La découverte d’une nappe phréatique, véritable bénédiction en ces espaces arides, est à l’origine de cette installation pérenne. 

    Toutefois, au milieu de XXe siècle, les Espagnols se font plus curieux pour leurs possessions africaines. Poussés par des érudits africanistes, la Couronne fait explorer le Sahara occidental et y mandate des missions scientifiques. Ces campagnes nécessitant des moyens importants, des infrastructures sont développées à travers le territoire. 

    Après la guerre civile espagnole (1936-1939), le régime franquiste, nostalgique de l’empire, entend préciser la définition des possessions du pays. Ainsi, les protectorats dans le nord ouest de l’Afrique sont regroupés dans une nouvelle entité : l’Afrique Occidentale Espagnole. 

    Cette construction coloniale ne durera pas dix ans car un nouveau challenger se manifeste avec insistance. En effet, le Maroc gagne son indépendance en 1956 et, fort de ce succès, des mouvements nationalistes comme l’Istiqlal entendent mettre la main sur ce qu’ils considèrent relever de leur territoire légitime. Les protectorats espagnols au Sahara occidental sont explicitement visés. 

    Francisco Franco est soucieux ne pas déclencher une guerre ruineuse et cède la bande de Tarfaya au Maroc. L’éphémère Afrique Occidentale Espagnole est dissoute et le Sahara espagnol voit le jour. Cette ultime entité regroupe l’ancien Rio de Oro et le Saguia el Hamra. Il s’agit alors de véritables provinces espagnoles avec assemblées et élections pour les Cortes. La capitale est fixée à El Aaiún. 

    L’impossible autodétermination

    Le Maroc n’entend toutefois pas abandonner l’affaire si facilement. Au début des années 1960, le royaume demande au Nations Unies de placer le Sahara Espagnol sur la liste des territoires non autonomes. Dans un contexte de décolonisation, l’objectif est d’attirer l’attention onusienne sur le dossier afin qu’un référendum d’autodétermination se tienne. Le Maroc est alors convaincu qu’un tel vote lui serait favorable. 

    Ainsi, en décembre 1965, l’ONU émet une résolution enjoignant l’Espagne à encourager le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le Sahara occidental.   

    Le régime franquiste vieillissant finit par accéder à cette requête et annonce la tenue d’un referendum pour le début de l’année 1975. Le nouveau roi du Maroc, Hassan II, s’y oppose toutefois. 

    Sentant des tensions poindre, l’ONU mandate une mission dans le Sahara espagnol. Elle en conclut qu’un très fort consensus existe parmi les Sahraouis pour l’indépendance du territoire. Donc, ni Espagnols, ni Marocains. Un fervent soutien est également mis en avant par les experts onusiens à l’égard du Front Polisario, mouvement politico-militaire se battant pour l’indépendance du territoire. 

    Las de ces atermoiements, le Maroc décide de franchir purement et simplement la frontière qui le sépare du Sahara espagnol. Environ 350.000 civils encadrés par 20.000 soldats marocains entrent dans les provinces espagnoles. C’est la fameuse « Marche Verte » du 6 novembre 1975.

    La fin du Sahara espagnol : l’avènement d’un confit gelé

    Ce coup de force précipite la fin du Sahara espagnol, alors que Franco est au crépuscule de sa vie. Le gouvernement se résout à signer les accords de Madrid qui abandonne la colonie au Maroc et à la Mauritanie. En échange de cela, l’Espagne conserve des droits de pêches au large des côtes ainsi que des gisements de phosphate. L’ONU ne reconnaîtra jamais ces accords faits sans son aval et sans la volonté populaire sahraouie. Pour l’organisation internationale, le Sahara,  non plus « espagnol » mais « occidental », est toujours en voie de décolonisation.

    De manière prévisible, le Maroc et la Mauritanie, gagnants des accords de Madrid, ne mettront pas longtemps à en venir aux armes pour le contrôle total de l’ancienne possession espagnole. De conflits sanglants éclateront jusqu’à un cessez le feu, en 1991. Il s’agit dès lors de ce qu’on appelle un « conflit gelé ». 

    Toutefois, le status quo est fortement bousculé depuis plusieurs jours avec la reprise des hostilités entre Rabat et le Front Polisario. Une conséquence très actuelle de l’incomplète décolonisation du Sahara occidental. La communauté sahraouie d’Espagne a d’ailleurs manifesté pour que l’ancienne puissance coloniale s’implique dans son droit à l’autodétermination et ainsi clore une histoire conflictuelle de plusieurs décennies.

    Le retour de la question sahraouie dans la politique espagnole

    L’opinion publique espagnole est largement en faveur des Sahraouis et de leur droit à disposer d’eux mêmes. C’est également le cas de certains responsables politiques. L’appel de Pablo Iglesias, chef de file du parti de gauche Unidas Podemos et surtout vice président du gouvernement, à la tenue d’un référendum d’autodétermination a beaucoup fait parler de lui. 

    Cette position venant d’un des cadres du gouvernement espagnol a profondément irrité le Maroc avec lequel la diplomatie de Pedro Sanchez marche sur des œufs : Rabat étant un acteur clef dans le dossier brûlant de la crise migratoire canarienne. En effet, le Maroc ainsi que le Sahara Occidental sont des territoires pourvoyeurs de migrants. Des territoires de passage aussi. Les côtes sahraouies sont le point de départ de nombre de traversées en barques en direction de l’archipel des Canaries. En somme, le Maroc sait qu’il dispose d’un atout majeur face à l’ancien colonisateur du Sahara occidental en pouvant influer sur l’ouverture ou la fermeture des vannes de l’immigration clandestine. 

    La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario comme la crise migratoire sont des avatars très actuels de la décolonisation ratée du Sahara espagnol. 

    Le Petit journal, 23/11/2020

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, décolonisation, Front Polisario, Pablo Iglesias, Podemos,

  • Un média espagnol publie une copie du passeport diplomatique du leader du Front Polisario

    La Cadena SER a publié jeudi une copie du passert diplomatique avec lequel le Secrétaire Général du Front Polisario, Brahim Ghali, est entré en Espagne en avril dernier pour recevoir un traitement contre le coronavirus dans un hôpital de la province espangole de Logrono.

    Selon le média espagnol, Brahim Ghali est arrivée en Espagne via la base militaire de Saragosse dont le commandant « José Luis Ortiz-Cañavate, assure qu’il a reçu l’ordre des Affaires étrangères de ne pas demander le passeport des deux personnes voyageant dans l’avion qui a amené le leader du Front Polisario d’Algérie en Espagne, mais les Affaires étrangères assurent que c’est une pratique habituelle lorsqu’une personne avec un passeport diplomatique arrive au territoire espagnol ».

    « Selon des sources du ministère des affaires étrangères, il s’agit d’une pratique courante, suivie par exemple à la base aérienne de Torrejón, une courtoisie diplomatique commune à de nombreux pays, bien que les passagers soient tenus d’emporter leurs documents de voyage au cas où ils seraient requis à un moment donné », ajoute-t-il.

    « Le document présenté par le général Ortiz-Cañavate indique que « la base aérienne de Saragosse dispose d’une procédure opérationnelle selon laquelle les passagers des avions étrangers qui y atterrissent en provenance de pays situés en dehors de la zone Schengen doivent se soumettre à un contrôle des passeports, une action menée par les forces et les corps de sécurité de l’État de l’aéroport civil. Ce règlement est basé sur une instruction générale de l’état-major général de l’armée de l’air. Dans ce cas précis, la procédure habituelle n’a pas été suivie en raison de l’ordre reçu de l’état-major de l’armée de l’air », conclue-t-il.

    Pour rappel, selon des médias proches du pouvoir au Maroc, le dirigent sahraoui était entré avec un passeport au nom de Mohamed Benbattouche.

    L’hospitalisation « pour des raisons humainitaires », selon les propos de la cheffe de la diplomatie espagnole, a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Front Polisario, Sahara Occidental,

  • Ivry: Le Maroc s’en prend aux soutiens des sahraouis

    Le Conseil Municipal contraint de se tenir sous protection policière

    Le mercredi 30 juin, des éléments envoyés par le Royaume du Maroc sont venus perturber et menacer les travaux du Conseil Municipal de la Marie d’Ivry afin de faire pression sur un vote visant à soutenir un projet solidaire avec les réfugiés sahraouis de Tindouf. Le conseil a été contraint de poursuivre sa réunion à huis clos et sous protection policière.

    Selon Philippe Bouyssou, « c’est la première fois qu’un conseil municipal doit se tenir sous protection policière… c’est à dire qu’une puissance étrangère entend intervenir sur les capacités d’un conseil municipal de délibérer. C’est une chose inacceptable, et d’une gravité inédite ».

    « Je ne confondrais jamais le peuple marocain avec la politique de son gouvernement et les exactions qui sont pratiquées, les dénis de justice qui sont pratiqués dans ce pays », précise le Maire de la Commune d’Ivry.

    « Vous osez opposer un acte de solidarité international en direction d’un peuple occupé, je rappelle que ce n’est pas que le conseil municipal d’Ivry qui dit ça, c’est aussi les résolutions de l’ONU… « , a-t-il ajouté.

    « Je réaffirme ma fierté que Naama Asfari, comme Marwan Barghouti, et comme en son temps Nelson Mandela, aient été citoyens d’honneurs de la ville d’Ivry », déclare M. Bouyssou.

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  • Algérie : défis sécuritaires et critique du Maroc

    Le général Said Chanegriha, chef d’état-major des forces armées algériennes (ANP), a réaffirmé « l’engagement sans faille » de l’Algérie à œuvrer, avec ses partenaires, pour relever les défis sécuritaires auxquels est confrontée la communauté internationale, notamment dans la région du Maghreb et la zone sahélo-saharienne. Il l’a fait à l’occasion de la 9ème conférence sur la sécurité internationale, organisée par la Fédération de Russie.

    Chanegriha a noté que la situation internationale et régionale connaît des changements géostratégiques compliqués et multidimensionnels, entraînant de nouveaux défis et menaces qui « affectent la sécurité et la paix dans notre espace régional. » Malgré l’atténuation de la portée des menaces et des risques de conflit armé parmi les acteurs gouvernementaux traditionnels, « il est clair que les menaces actuelles sont devenues transfrontalières et souvent en relation avec des acteurs non gouvernementaux », a déclaré le chef d’état-major, faisant référence à une menace « qui s’est étendue, multiforme et plus vicieuse. »

    Dans son discours, le général Said Chengriha a également accusé le Maroc d’alimenter les tensions au Maghreb et au Sahel à travers le conflit au Sahara occidental. Dans son discours, il n’a pas hésité à qualifier le Maroc de « colonisateur » et a accusé la nation voisine de provoquer un nouveau conflit contre le Front Polisario suite à « la violation de l’accord de cessez-le-feu » du 13 novembre 2020.

    « J’ai souligné à plusieurs reprises que les actions du colonisateur visant à annexer par la force les territoires sahraouis, tout en ignorant le concept de respect des droits de l’homme dans les territoires occupés, sont incompatibles avec la Charte des Nations unies et l’Acte constitutif de l’Union africaine dont la République arabe sahraouie démocratique est un membre fondateur », a déclaré le général de 76 ans. « Cette situation préoccupante marquée par l’escalade militaire et l’ingérence étrangère risque d’alimenter les tensions dans toute la région », a-t-il ajouté, appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités « dans le strict respect des dispositions du droit international dans le règlement de cette crise. »

    Moscou est le principal fournisseur d’armes de l’Algérie, faisant croître ses importations d’armes de 64% entre 2016 et 2020, selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

    La conférence de Moscou sur la sécurité internationale, qui s’est tenue les 23 et 24 juin, a réuni quelque 700 délégués de 109 pays du monde entier, dont 55 ministres de la défense, leurs adjoints et leurs chefs d’état-major, comme l’a indiqué le vice-ministre de la défense de la Fédération de Russie, le colonel général Alexandre Fomine. Au cours du forum, les chefs des départements de la défense et les experts militaires ont discuté des questions urgentes de sécurité mondiale, y compris l’équilibre des pouvoirs dans le domaine de la stabilité stratégique, les risques de prolifération incontrôlée des armes de destruction, les menaces massives dans le domaine de la cybersécurité. Les participants à la conférence ont évoqué les différents aspects de la sécurité dans les régions du monde – Asie, Moyen-Orient, Amérique latine, Afrique et Europe.

    Africa Rivista, 28 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Sahel,

  • Bourita critiqué par un ancien diplomate marocain

    Un diplomate marocain de haut rang critique directement Nacer Bourita : Quand Rabat touche le fond

    Sans doute, le Maroc ne se relèvera-t-il jamais (pas totalement du moins), de la crise grave et profonde qu’il a lui-même générée et alimentée en dépêchant vers l’enclave espagnole de Ceuta plus de 10.000 migrants clandestins, tout en revendiquant publiquement la perfidie et la caractère prémédité de cet inqualifiable acte.

    Ainsi, et s’il nous est déjà arrivé d’écrire à maintes reprises, en commentant cette sordide affaire, de relever que Rabat a lui-même signé son arrêt de mort, et s’est personnellement condamné en agissant de manière si criminelle et tellement irresponsable, la condamnation, formelle et sans appel cette fois-ci, est venue de l’un des leurs, loin d’être un leurre au demeurant. Il s’agit du diplomate chevronné, et ancien ambassadeur de Mohamed VI représentant le Maroc auprès de l’ONU.

    Il s’agit du docteur Khalil El Heddaoui. Avec lui, en effet, les mots sont des armes, pesés, soigneusement pesés et soupesés. Le fait qu’il ait perdu tout sens de la mesure et toute contenance lors de cette intervention publique qui a eu lieu mardi passé à Rabat, est une preuve que le ministre des Affaires Etrangères marocaines, Nacer Bourita est carrément et complètement « parti en vrille » dans cette sordide affaire.

    D’où ce reproche direct qu’il fait publiquement à son supérieur hiérarchique, Nacer Bourita en l’occurrence. Situation impensable et surréaliste qui prouve, si besoin en était encore que ce dernier a bel et bien franchi le Rubicon.

    Ce que ce diplomate a dit être un atout ou une victoire entre les mains du Maroc concernant l’anodine hospitalisation du président sahraoui, Brahim Ghali, s’est retournée contre le Maroc, et s’est même transformée en une erreur fatale, causée par le comportement belliqueux et irrationnel de Bourita.

    Cette fois-ci, c’est un diplomate marocain qui dit et confirme publiquement ce que nous avions développé et soutenu ici depuis de nombreux jours et semaines. La déclaration de Trump n’a pas du tout réglé la question du Sahara Occidental dans le sens voulu par Rabat.

    Le fait que Mohamed VI, fort mal aiguillé et conseillé par Nasser Bourita, se soit empressé de crier victoire beaucoup trop tôt, a fini par se retourner foncièrement, et du tout au tout, contre le Maroc.

    En abaissant son masque criminel, le Maroc a dévoilé à la face du monde sa véritable nature. Dr Khalil El Heddaoui, critique très durement Bourita.

    Il lui reproche d’avoir tenu des propos condescendants et très durs à l’adresse de l’Europe qui, selon lui, se serait refusée de quitter sa « zone de confort » en se gardant de s’engouffrer dans la brèche aventureuse et sans issue de Donald Trump. Et d’enchainer sur l’article de John Bolton, ancien conseiller Trump à la sécurité, publié sur le magazine Foreign Policy, une revue très sérieuse lue par une élite composée de dizaines de millions de citoyens à travers le monde.

    Bolton n’y demande rien à Joe Biden, le nouveau président américain, que d’annuler sous quinzaine la déclaration de Trump concernant le Sahara Occidental, se désole ce diplomate américain. Bref, le fait que des ténors de la diplomatie marocaine en soient arrivés à se crêper le chignon et à se tirer dans les pattes publiquement est une preuve suffisante que le Maroc s’est volontairement placé dans une inextricable crise.

    Dans le même temps, il a offert à la cause sahraouie une sympathie et une visibilité nouvelles. Désormais, le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, comme le reconnaît à demi-mots et à contrecœur Khalil El Heddaoui, est bel et bien à portée de main. Et d’urnes aussi.

    Mohamed Abdoun

    La Patrie News, 23 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Espagne, union Européenne,

  • Entre le Maroc et l’Espagne, la crise s’approfondit

    Dans un article intitulé « Sahara occidental : entre le Maroc et l’Espagne, la crise s’approfondit », La Croix affirme que
    les Marocains résidant à l’étranger sont les premières victimes de la guerre diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. La rasion? La décision des autorités marocaines de suspendre les liaisons maritimes avec l’Espagne.

    Dans ce contexte, le ministère marocain des affaires étrangères a fait savoir par un communiqué diffusé le 6 juin que le retour des MRE dans le cadre de l’opération Marhaba 2021 aura lieu à partir des ports français de Sète et Marseille, italien de Gênes et portugais de Portimao. « Une mesure qui contraint les vacanciers de retour au pays à prendre l’avion ou à effectuer des traversées maritimes plus longues et plus coûteuses».

    Selon La Croix, moins de 50 000 passagers avaient pu transiter l’an dernier. Le Maroc en attend 650 000 cette année entre le 15 juin et le 15 septembre, soit quatre à cinq fois moins qu’une année ordinaire ».

    « Ainsi, la crise entre le Maroc et l’Espagne ne cesse de s’aggraver. Cette crise a démarré après que le président américain Donald Trump a reconnu à la fin de son mandat, en décembre dernier, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental (en échange de la reprise des relations entre le Maroc et Israël), un territoire au statut resté « indéterminé » depuis près d’un demi-siècle, selon l’ONU », indique le quotidien français.

    La Croix affirme que Rabat « ambitionnait alors une reconnaissance en cascade, notamment de la part de Madrid, son premier partenaire ». Cependant, « c’est d’abord avec l’Allemagne que les relations se sont détériorées après que Berlin a réagi négativement à la décision de Donald Trump. Rabat a alors suspendu ses relations diplomatiques avec Berlin en mars, en raison de « malentendus profonds » sur des « questions fondamentales ».

    « Puis la crise a véritablement éclaté avec Madrid après la discrète hospitalisation du dirigeant indépendantiste sahraoui Brahim Ghali en Espagne, en avril. Et elle s’est envenimée entre les deux pays après que le Maroc a relâché sa surveillance aux frontières, laissant quelque 10 000 Marocains, dont 2000 mineurs, gagner l’enclave espagnole de Ceuta au nord du Maroc à la mi-mai », ajoute le média français.

    Rappelant que « le parlement européen a condamné cette « instrumentalisation politique » dans une résolution adoptée le 10 juin », la même source précisé que « les députés européens ont ainsi rejeté « l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union ». Le ministère marocain des affaires étrangères a vertement réagi le lendemain à ces « tentatives d’européanisation » de la crise qui « n’altèrent aucunement sa nature purement bilatérale, ses causes profondes et la responsabilité avérée de l’Espagne dans son déclenchement ».

    « L’Espagne, elle-même n’entend plus rester attentiste dans ce conflit. D’après El Pais, le gouvernement espagnol prévoit de renforcer sa présence dans les enclaves de Ceuta et Melilla et de demander la coopération sur place de l’agence européenne Frontex pour bien montrer que « ces deux villes autonomes constituent la frontière extérieure de l’Union européenne ». Madrid estime que « Rabat est allé trop loin, tant à Ceuta que dans le récent différend avec l’Allemagne », rapporte le quotidien madrilène », conclue-t-il.

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Allemagne, Ceuta, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • L’Allemagne gèle plus d’un milliard de dollars d’aide au Maroc

    L’Allemagne gèle plus d’un milliard de dollars d’aide au Maroc à cause du Sahara occidental.

    L’Allemagne a annoncé qu’elle allait geler une aide de plus d’un milliard de dollars sous forme de projets de développement au Maroc, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays. Rabat a suspendu ses liens avec l’ambassade d’Allemagne en mars et a rappelé son ambassadeur à Berlin le mois dernier.

    Cependant, la décision a affecté l’aide de l’Allemagne, en particulier de la Société allemande pour la coopération internationale et de la Banque allemande de développement, ce qui a été confirmé par un porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères, notant que certains projets avaient été « complètement suspendus » et qu’ils étaient « affectés par la politique unilatérale du Maroc ».

    Parmi les projets clés suspendus figure un accord signé par les deux pays l’année dernière pour la production et la recherche d’hydrogène vert, présenté comme une alternative importante aux combustibles fossiles par l’UE.

    Dans sa déclaration annonçant le rappel de son ambassadeur à Berlin, Zohour Alaoui, le Maroc a cité trois griefs qu’il avait avec l’Allemagne, le principal étant la position du pays de l’UE sur le territoire contesté du Sahara occidental, qui a été reconnu par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump l’année dernière comme relevant de la souveraineté marocaine. En échange, Rabat a accepté de renouer des liens diplomatiques avec Israël.

    Le ministère marocain des Affaires étrangères a accusé l’Allemagne d’ »activisme antagoniste » malgré la « proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara ».

    Rabat a également critiqué l’Allemagne pour sa « complicité » concernant un individu anonyme « anciennement condamné pour des actes de terrorisme ».

    Le gouvernement marocain s’est également insurgé contre le fait que Berlin « affiche une détermination continue à contrer l’influence du Maroc, en particulier sur la question libyenne. »

    À l’époque, le ministère allemand des Affaires étrangères avait réagi en se déclarant « surpris » par cette démarche mais avait appelé à travailler avec le royaume « de manière constructive pour résoudre cette crise ».

    En 2019, le Maroc a été classé troisième parmi les pays africains qui ont reçu le plus d’aide de coopération au développement de la part de l’Allemagne, après l’Égypte et la Tunisie, selon les données du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement.

    Le Maroc est en conflit avec le groupe séparatiste Polisario soutenu par l’Algérie au sujet du Sahara occidental depuis 1975, après la fin de l’occupation espagnole. Il s’est transformé en une confrontation armée qui a duré jusqu’en 1991 et s’est terminée par la signature d’un accord de cessez-le-feu.

    Rabat insiste sur son droit de gouverner la région, mais a proposé un régime autonome au Sahara occidental sous sa souveraineté, mais le Front Polisario veut un référendum pour laisser le peuple déterminer l’avenir de la région. L’Algérie a soutenu la proposition du Front et accueille des réfugiés de la région.

    Le cessez-le-feu de 1991 a pris fin l’année dernière après que le Maroc a repris les opérations militaires dans le passage d’El Guergarat, une zone tampon entre le territoire revendiqué par l’État marocain et la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée, ce qui, selon le Polisario, constitue une provocation.

    En lançant cette opération, le Maroc « a sérieusement compromis non seulement le cessez-le-feu et les accords militaires connexes, mais aussi toute chance de parvenir à une solution pacifique et durable à la question de la décolonisation du Sahara occidental », a déclaré Brahim Ghali, chef du Front Polisario, dans une lettre adressée à l’ONU.

    Middle East Monitor, 21 juin 2021

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  • John Bolton : A Ceuta, le Maroc a agi contre ses propres intérêts

    L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump défend la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental : « Qui est mieux placé pour décider de son avenir que le peuple qui y vit ? » Qu’ont en commun un gauchiste espagnol et John Bolton ? La réponse la plus logique serait « qu’ils sont tous deux des formes de vie à base de carbone ». Parce que, pour tout le reste, ils vivent dans des galaxies différentes. D’abord, par cursus. Bolton est entré dans le gouvernement américain avec Ronald Reagan, a suivi avec George Bush  » père « , a été ambassadeur à l’ONU avec George W. Bush, et conseiller à la sécurité nationale avec Donald Trump. Ensuite, par idéologie. Bolton a défendu non seulement l’invasion de l’Irak en 2003, mais aussi le « changement de régime » (une expression souvent considérée comme synonyme d’ »invasion ») en Iran et le retrait des États-Unis du traité nucléaire avec ce pays. Et, enfin, par les phrases. A titre d’exemple, ce bouton : « L’ONU n’existe pas. Ce qui existe, c’est une communauté internationale qui peut occasionnellement être dirigée par la seule puissance restante dans le monde, à savoir les États-Unis, lorsque cela sert nos intérêts et lorsque nous pouvons laisser les autres s’en occuper. Laissez-les aller avec nous. » Mais il y a quelque chose qui unit la gauche espagnole et John Bolton : la défense de l’autodétermination du Sahara occidental. Et là, comme en tout, Bolton a porté ses convictions dans les faits, au point de menacer en 2018, alors qu’il était conseiller à la sécurité nationale auprès de Trump, avec le veto américain au maintien de la MINURSO, composée de 461 civils et 245 militaires si le Maroc et le Front POLISARIO n’avançaient pas sur la voie du référendum. Dans la politique de Washington, ce fut un changement radical mais bref, car, peu après, Bolton a rompu avec Trump et a quitté l’Exécutif.

    Q – Quelle est la réaction du Maroc en 2018 par rapport à sa menace de ne pas renouveler le mandat de la MINURSO ?

    R – J’ai eu une réunion très professionnelle avec le FM marocain de l’époque, au cours de laquelle nous avons abordé de nombreux sujets, et, à la fin, il m’a dit qu’il aimerait me parler seul à seul dans mon bureau à la Maison Blanche. Bien sûr, j’ai accepté, et lorsque nous nous sommes rencontrés, il m’a dit : « Écoutez, nous sommes très nerveux à ce sujet. » Je lui ai dit que je m’inquiétais de ce qui allait se passer au Sahara occidental depuis près de 30 ans, et que, bien que ce soit probablement le problème le plus long sur lequel j’ai travaillé dans toute ma carrière, cela ne me semblait pas être un conflit. il fallait que cela dure 30 ans. Je suis un Américain avec peu de patience. Je le reconnais. Je pense que nous ne devrions pas avoir ces pauvres gens qui attendent un référendum pendant des décennies. Qui sait pour quoi ils voteraient ; peut-être en faveur de l’adhésion au Maroc.

    Q.- Sous votre pression, les deux partis commencent à travailler pour la célébration du référendum. Mais ensuite, vous quittez le Cabinet. Que se passe-t-il alors dans l’administration Trump ?

    R.- En dehors de Jim Baker, du sénateur républicain de l’Oklahoma Jim Inhofe, et de moi, il n’y a pas trop de personnes à des postes pertinents aux États-Unis qui sont très préoccupées par le Sahara occidental. Quand je suis parti, la question est revenue au DoS américain, et rien n’a changé jusqu’à ce que les Marocains disent à Jared Kushner [le gendre et conseiller de Donald Trump] : « Si vous voulez que nous reconnaissions Israël, vous devez reconnaître nos exigences à son égard. Sahara occidental ». Kushner est, comme Trump, un entrepreneur immobilier, il a donc répondu : « Ok ».

    Q – Comment les États-Unis voient-ils ce conflit ? En Espagne, il semble parfois que nous le regardions avec un certain paternalisme typique d’une ancienne puissance coloniale. À Washington, cependant, il n’est pas considéré comme une priorité et, en outre, il y a la condition que, bien que le Maroc soit un allié très proche, il ne veut pas aggraver la relation avec l’Algérie.

    R – Je ne pense pas que les Etats-Unis aient prêté l’attention nécessaire au Sahara Occidental. Et je ne pense pas que l’Espagne devrait s’inquiéter d’être critiquée pour avoir vu le conflit avec paternalisme. Les Etats-Unis n’ont pas d’anciennes colonies, mais notre préoccupation pour les Philippines ou le Liberia est légitime. Si l’Espagne n’avait pas souffert des problèmes internes qu’elle avait en 1975 [Franco était mourant et il y avait un vide de leadership], elle aurait très probablement donné l’indépendance au Sahara occidental. Cela signifie que dans ce pays, il y a une certaine responsabilité dans le sens où « nous devons régler ce problème ». Et moi, la vérité, je félicite l’Espagne pour cela. Pour les États-Unis, la stabilité en Afrique du Nord-Ouest est très importante pour les mêmes raisons que pour l’Europe. Il suffit de voir le chaos en Libye, qui génère des vagues d’immigration vers le nord de la Méditerranée… Du point de vue des Etats-Unis, la stabilité de la région est essentielle, et s’il y a des problèmes non résolus, c’est un facteur de risque.

    Q – Le Sahara est l’un de ces facteurs de risque ?

    R – Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de l’islamisme radical, et bien que ce ne soit pas un problème avec le POLISARIO ou avec le peuple sahraoui, d’autres pourraient essayer d’exploiter ce conflit. Il faut donc savoir ce qui est en jeu. Je ne suis pas un grand fan de Woodrow Wilson [le président américain qui a défendu le droit à l’autodétermination] mais de temps en temps, il faut laisser les gens voter sur le statut qu’ils veulent avoir. Les frontières qui existent en Afrique ne plaisent pas aux Africains, car ce sont celles laissées par les puissances coloniales, mais tout le monde se rend compte que, si les conditions ne sont pas plus favorables, les frontières dont ils ont hérité avec l’indépendance sont celles qu’ils auront.

    Q.- Du point de vue du réalisme géostratégique, n’est-il pas mieux pour les Etats-Unis de laisser le Maroc annexer le Sahara Occidental petit à petit ? Rabat est l’un des plus grands alliés des USA, et bien qu’il ne soit pas une démocratie, il n’est pas la pire autocratie du Moyen-Orient ou d’Afrique. Si le Maroc quitte le Sahara, peut-être donnons-nous à l’Etat islamique une porte d’entrée sur l’océan Atlantique.

    R – C’est la solution de facilité, la mentalité qui sous-tend ceux qui disent : « pourquoi les États-Unis devraient-ils défendre Taïwan contre la Chine ? » De nombreux membres du DoS américain sont d’accord avec cette idée. Mais je pense que c’est plus compliqué. La question du Sahara occidental est l’un des éléments qui peuvent donner des ailes au radicalisme en Afrique du Nord et finir par créer plus de problèmes. Je veux qu’il y ait une relation plus normale et plus stable entre le Maroc et l’Algérie et mettre fin à l’incertitude au Sahara occidental serait un grand pas dans cette direction. Et un référendum est parfait pour que tout le monde puisse sauver la face. Parce que, avec un plébiscite, le perdant – que ce soit le Maroc ou l’Algérie – peut se présenter comme un pays qui respecte la volonté populaire et les solutions de la communauté internationale.

    Q.- Vous avez parlé de l’Algérie. En Espagne, ce pays est toujours oublié dans l’analyse du conflit. Comment les Etats-Unis équilibrent-ils la relation difficile entre le Maroc et l’Algérie à ce point précis du Sahara ? Est-ce un problème pour vous ?

    R.- En généralisant, nous pouvons dire que les Etats-Unis accordent plus d’attention au Maroc qu’à l’Algérie. Je pense que c’est une erreur. Bien que, comme vous l’avez dit, nous ayons une relation très étroite avec le Maroc depuis longtemps, l’Algérie est un pays critique, qui a été une grande victime des attaques du terrorisme islamique international. Le danger du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahara est très sérieux, et les flux de réfugiés en Europe sont une source de préoccupation. Nous l’avons vu récemment à Ceuta, où la pression exercée par le Maroc est devenue évidente. Je me souviens qu’une fois, j’étais avec Jim Baker [le médiateur de l’ONU pour le Sahara de l’époque et l’homme de confiance du « père » de George Bush] dans le bureau du roi Mohamed VI, et que, derrière la table du monarque, il y avait une carte. Vous devriez voir cette carte ! Le Maroc incluait non seulement le Sahara Occidental, mais aussi des parties de l’Algérie et de la Mauritanie … Si le Maroc se concentrait sur son potentiel économique au lieu de maintenir ce foyer d’instabilité, il serait un pays plus riche. De plus, avec la minuscule population qu’il aurait, comment un Sahara Occidental indépendant pourrait-il être hostile envers ses voisins ?

    Q.- Vous avez mentionné la crise de Ceuta. Quelle est votre opinion sur la performance du Maroc et celle de l’Espagne?

    R.- J’ai vécu quelque chose de similaire dans le gouvernement de George W. Bush, quand le Secrétaire d’Etat Colin Powell a passé une nuit éveillée avec le FM d’Espagne, Ana Palacio [pour l’occupation de l’îlot de Perejil, en 2002]. Il s’agit d’un mécanisme par lequel le Maroc fait pression sur l’Espagne et, par conséquent, sur l’ensemble de l’UE. Ce n’est pas comme cela que les choses se passent. Le Maroc ne favorise pas ses intérêts lorsqu’il fait cela ou lorsqu’il retarde le référendum au Sahara occidental. Au lieu de cela, il ferait beaucoup mieux de favoriser les investissements étrangers et le commerce international.

    Q – Comment avez-vous été lié au Sahara ?

    R – J’ai pris connaissance du conflit pour la première fois en 1991, sous l’administration Bush père. C’est juste après la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein qu’il semblait y avoir une opportunité pour l’ONU d’organiser un référendum au Sahara Occidental qui donnerait à ses habitants le choix entre l’indépendance et l’union avec le Maroc. Il semblait que l’accord était assez simple car quelle est la difficulté d’organiser un référendum pour 90.000 électeurs ? Ainsi, la résolution visant à créer la MINURSO a été rapidement approuvée par l’ONU [elle a été approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité]. Cela nous a fait penser que le conflit serait peut-être résolu en un an. Mais tout s’est bloqué presque immédiatement parce que les Marocains ne voulaient pas de référendum.

    Q – Votre vision du problème a-t-elle changé ?

    R.- Non. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie [d’Espagne] mais c’est aussi un territoire sur lequel le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie ont des revendications territoriales, et qui a connu une activité militaire considérable. Qui est mieux placé pour décider de son avenir que les personnes qui y vivent ?

    Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de l’islamisme radical, et bien que ce ne soit pas un problème avec le POLISARIO ou avec le peuple sahraoui, d’autres pourraient essayer d’exploiter ce conflit. Il faut donc savoir ce qui est en jeu. Je ne suis pas un grand fan de Woodrow Wilson [le président américain qui a défendu le droit à l’autodétermination] mais de temps en temps, il faut laisser les gens voter sur le statut qu’ils veulent avoir. Les frontières qui existent en Afrique ne plaisent pas aux Africains, car ce sont celles laissées par les puissances coloniales, mais tout le monde se rend compte que, si les conditions ne sont pas plus favorables, les frontières dont ils ont hérité avec l’indépendance sont celles qu’ils auront.

    Q.- Du point de vue du réalisme géostratégique, n’est-il pas mieux pour les Etats-Unis de laisser le Maroc annexer le Sahara Occidental petit à petit ? Rabat est l’un des plus grands alliés des USA, et bien qu’il ne soit pas une démocratie, il n’est pas la pire autocratie du Moyen-Orient ou d’Afrique. Si le Maroc quitte le Sahara, peut-être donnons-nous à l’Etat islamique une porte d’entrée sur l’océan Atlantique.

    R – C’est la solution de facilité, la mentalité qui sous-tend ceux qui disent : « pourquoi les États-Unis devraient-ils défendre Taïwan contre la Chine ? » De nombreux membres du DoS américain sont d’accord avec cette idée. Mais je pense que c’est plus compliqué. La question du Sahara occidental est l’un des éléments qui peuvent donner des ailes au radicalisme en Afrique du Nord et finir par créer plus de problèmes. Je veux qu’il y ait une relation plus normale et plus stable entre le Maroc et l’Algérie et mettre fin à l’incertitude au Sahara occidental serait un grand pas dans cette direction. Et un référendum est parfait pour que tout le monde puisse sauver la face. Parce que, avec un plébiscite, le perdant – que ce soit le Maroc ou l’Algérie – peut se présenter comme un pays qui respecte la volonté populaire et les solutions de la communauté internationale.

    Q.- Vous avez parlé de l’Algérie. En Espagne, ce pays est toujours oublié dans l’analyse du conflit. Comment les Etats-Unis équilibrent-ils la relation difficile entre le Maroc et l’Algérie à ce point précis du Sahara ? Est-ce un problème pour vous ?

    R.- En généralisant, nous pouvons dire que les Etats-Unis accordent plus d’attention au Maroc qu’à l’Algérie. Je pense que c’est une erreur. Bien que, comme vous l’avez dit, nous ayons une relation très étroite avec le Maroc depuis longtemps, l’Algérie est un pays critique, qui a été une grande victime des attaques du terrorisme islamique international. Le danger du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahara est très sérieux, et les flux de réfugiés en Europe sont une source de préoccupation. Nous l’avons vu récemment à Ceuta, où la pression exercée par le Maroc est devenue évidente. Je me souviens qu’une fois, j’étais avec Jim Baker [le médiateur de l’ONU pour le Sahara de l’époque et l’homme de confiance du « père » de George Bush] dans le bureau du roi Mohamed VI, et que, derrière la table du monarque, il y avait une carte. Vous devriez voir cette carte ! Le Maroc incluait non seulement le Sahara Occidental, mais aussi des parties de l’Algérie et de la Mauritanie … Si le Maroc se concentrait sur son potentiel économique au lieu de maintenir ce foyer d’instabilité, il serait un pays plus riche. De plus, avec la minuscule population qu’il aurait, comment un Sahara Occidental indépendant pourrait-il être hostile envers ses voisins ?

    Q.- Vous avez mentionné la crise de Ceuta. Quelle est votre opinion sur la performance du Maroc et celle de l’Espagne?

    R.- J’ai vécu quelque chose de similaire dans le gouvernement de George W. Bush, quand le Secrétaire d’Etat Colin Powell a passé une nuit éveillée avec le FM d’Espagne, Ana Palacio [pour l’occupation de l’îlot de Perejil, en 2002]. Il s’agit d’un mécanisme par lequel le Maroc fait pression sur l’Espagne et, par conséquent, sur l’ensemble de l’UE. Ce n’est pas comme cela que les choses se passent. Le Maroc ne favorise pas ses intérêts lorsqu’il fait cela ou lorsqu’il retarde le référendum au Sahara occidental. Au lieu de cela, il ferait beaucoup mieux de favoriser les investissements étrangers et le commerce international.

    Q – Comment avez-vous été lié au Sahara ?

    R – J’ai pris connaissance du conflit pour la première fois en 1991, sous l’administration Bush père. C’est juste après la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein qu’il semblait y avoir une opportunité pour l’ONU d’organiser un référendum au Sahara Occidental qui donnerait à ses habitants le choix entre l’indépendance et l’union avec le Maroc. Il semblait que l’accord était assez simple car quelle est la difficulté d’organiser un référendum pour 90.000 électeurs ? Ainsi, la résolution visant à créer la MINURSO a été rapidement approuvée par l’ONU [elle a été approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité]. Cela nous a fait penser que le conflit serait peut-être résolu en un an. Mais tout s’est bloqué presque immédiatement parce que les Marocains ne voulaient pas de référendum.

    Q – Votre vision du problème a-t-elle changé ?

    R.- Non. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie [d’Espagne] mais c’est aussi un territoire sur lequel le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie ont des revendications territoriales, et qui a connu une activité militaire considérable. Qui est mieux placé pour décider de son avenir que les personnes qui y vivent ?

    Q – Vous avez continué à être impliqué dans le conflit après la présidence de George Bush.

    R – En 1997, j’ai travaillé pendant six ou huit mois pour Jim Baker [Secrétaire au Trésor avec Reagan et Secrétaire d’Etat avec Bush, et le plus grand confident du Président], qui était le PESG de l’UNSG, pour le Sahara Occidental. Lorsque nous pensions avoir réussi à faire avancer les parties vers le référendum, les Marocains, à nouveau, ont bloqué le plébiscite. Mon point de vue a toujours été que le référendum est quelque chose sur lequel nous sommes d’accord et que, par conséquent, il devrait être célébré. Le nom de la mission de maintien de la paix est la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental. S’il n’y a pas de référendum, il n’y a pas besoin d’une mission militaire. En fait, la MINURSO est, pour moi, un exemple clair de la façon dont la participation de l’ONU à un conflit ne le résout pas, mais l’étend plutôt. Donc, ce que j’ai pensé en 2018, c’est : bien, peut-être qu’avec ça les gens se réveillent. Comme il semble qu’il va y avoir un référendum, il n’y a pas non plus besoin d’une force de maintien de la paix. Au final, le problème finit à la porte du DoS américain, qui pense largement comme les diplomates européens, donc rien ne se passe jamais.

    El Mundo, 20 juin 2021

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