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  • Maroc : de Mistura reçu par Nasser Bourita

    Maroc : de Mistura reçu par Nasser Bourita

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, Staffan de Mistura,

    Une note rapide de notre ami Staffan de Mistura. Aujourd’hui à Rabat, l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général pour le Sahara Occidental, Staffan de Mistura, a eu une réunion utile avec le Ministre des Affaires Etrangères Nasser Bourita du Maroc, dans le contexte du processus politique sur le Sahara Occidental. L’Envoyé personnel attend avec impatience d’autres voyages dans la région visant à faire avancer le processus.  

    Question : Ok. Et ma question sur de Mistura ; considérez-vous qu’il a perdu sa liberté de mouvement parce qu’il n’a pas été en mesure d’aller au Sahara Occidental ? Et pensez-vous qu’il peut poursuivre sa mission sans…

    Porte-parole : Oui, il peut certainement poursuivre sa mission. Il n’a pas perdu sa liberté de mouvement. Je pense que l’Envoyé personnel a le contrôle de l’endroit où il va, et il décidera où il va. C’est lui qui a pris la décision.

    Señor ?

    Question : Plus sur le Sahara Occidental.

    Porte-parole : Votre microphone… il est allumé. Il est allumé. Il est allumé.

    Question : Il est allumé. Ok. Après votre déclaration d’hier, le Polisario a demandé des explications à l’ONU. Je cite – excusez-moi – « Le Front Polisario demande aux Nations Unies de travailler en toute transparence et de révéler les raisons qui ont empêché un envoyé personnel de se rendre dans les territoires. »

    Et encore une question. Est-il vrai que le Polisario et l’Algérie ont refusé cette fois de Mistura dans cette visite ?

    Porte-parole : Alors, tout d’abord, ce n’était pas annoncé comme une visite régionale. Nous l’avons annoncé comme… nous avons annoncé la visite comme nous l’avons fait il y a quelques jours. L’Envoyé personnel a clairement indiqué que, au fil du temps… il y aura, en temps voulu, des visites à d’autres parties.

    Je pense que si le Polisario… le Polisario a le droit de poser des questions, mais je pense que je les encouragerais à contacter directement le bureau de M. de Mistura. Ils n’ont pas besoin de moi comme intermédiaire.

    UN Press, 05/07/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #ONU #DeMistura

  • Belani: Le Maroc sabote les efforts de Staffan de Mistura

    Belani: Le Maroc sabote les efforts de Staffan de Mistura

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, Staffan de Mistura,

    Amar Belani s’est exprimé ce dimanche sur la tournée de l’envoyé personnel du secrétaire général, Staffan de Mistura, en apportant les précisions suivantes.

    Selon lui, « il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une tournée régionale comme celle de janvier dernier, mais d’une visite au Maroc, en sa qualité de partie au conflit qui occupe illégalement un territoire non autonome, et d’une visite dans les territoires sahraouis occupés, plus précisément à Laayoune et à Dakhla pour interagir, principalement avec les représentants authentiques du peuple sahraoui qui vivent sous l’occupation ».

    « Malheureusement, nous venons d’apprendre que l’obstructionnisme caractérisé de la part des autorités marocaines a fait capoter la visite que M. Staffan de Mistura s’apprêtait à effectuer à Laayoune et à Dakhla », a-t-il ajouté.

    Belani a indiqué que « ceci vient d’être annoncé par le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU. Les autorités marocaines ont voulu notamment lui imposer des conditions inacceptables visant à l’empêcher d’interagir librement avec la société civile sahraouie. Cette entrave manifeste aux efforts de l’envoyé personnel sera certainement portée, en temps utile, à l’attention des membres du conseil de sécurité ».

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #ONU #StaffanDeMistura

  • Les ‘Twitterleaks’ qui intriguent le Maroc

    Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie, diplomatie, lobbying,

    Un « hacker » révèle des documents secrets du gouvernement pen

    dant deux mois

    JAVIER CASQUEIRO

    L’affaire Chris Coleman est en train de se transformer en un intrigant scandale au Maroc de révélation de secrets compromis pour l’Etat, mais il n’a généré aucune déclaration officielle ni procès, pas même un mot dans la presse locale. Dans un pays où le contrôle policier est intense, un utilisateur de Twitter dévoile depuis début octobre sur le compte @chris_coleman24 —appelé Le Makhzen en référence au puissant appareil de l’État marocain— des documents provenant de ministères, d’ambassades, voire de pots-de-vin à journalistes pour acheter leur soutien dans des affaires aussi délicates que le différend sur le Sahara.

    Ce Twitterleaks marocain a été comparé à l’ affaire Wikileaks , et Coleman à Edward Snowden . Le récit de Le Makhzen est devenu un sujet de conversation dans le pays, malgré le fait qu’un peu plus de 3000 personnes s’identifient comme ses partisans. Ses publications combinent des vérités avérées (documents, négociations et pressions internationales qui n’étaient pas connues), plusieurs demi-vérités et de nombreuses inconnues. Interrogés sur le scandale, les responsables de l’un des départements concernés, par exemple le ministère des Affaires étrangères, répondent seulement qu’il s’agit d’un sujet sensible et que le pirate a piraté l’un de leurs comptes de messagerie.

    La seule personnalité qui s’est exprimée publiquement sur le sujet est la vice-ministre des Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, car le compte a publié des photos privées sans intérêt avec son mari. Bouaida accusait notamment Coleman d’ »être un élément du Polisario au service de l’Algérie » et avançait qu’il allait porter plainte. Cela ne fut plus jamais connu.

    Le récit mélange de véritables rapports de ministères avec des accusations sans fondement

    Le ministre des Affaires étrangères, Salahedín Mezouar, a été l’une des principales cibles des attaques. Mezouar, qui n’a pas voulu proposer sa version à EL PAÍS, est l’un des hommes politiques les plus projetés aux prochaines élections et le secrétaire général du Regroupement national des indépendants (RNI), une formation de centre-droit. Le compte dénonce qu’il a encouru du trafic d’influence en accordant plusieurs millions de dollars au cabinet de conseil nord-américain McKinsey pour préparer une étude sur la relance de l’économie marocaine en échange de l’embauche de sa fille. La fille travaille pour McKinsey, mais le ministre maintient cela sur ses propres mérites.

    Depuis le 3 octobre, le compte publie également des écrits et des lettres de hauts responsables étrangers, ambassadeurs à Washington, à Genève ou à l’ ONU faisant leur travail, c’est-à-dire recueillant des soutiens pour défendre la position du Maroc, notamment sur le Sahara et contre l’Algérie et le Polisario. Cependant, le ton de certains de ces entretiens est incisif et dénigrant, par exemple contre Christopher Ross, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, accusé d’être alcoolique, bien qu’il ait soutenu le plan dans sa jour d’autonomie que le Maroc a offert au Sahara.

    La diplomatie exposée à travers les courriers des ambassadeurs

    La publication de ces documents révèle une grave faille de sécurité à l’Extérieur. L’une des grandes révélations de Coleman tourne autour de l’accord secret conclu en novembre 2013 dans le bureau ovale de la Maison Blanche lors de la visite du roi Mohamed VI à Barack Obama. Puis le président américain a apporté son soutien au plan d’autonomie prévu par le Maroc pour le Sahara, et les Etats-Unisil n’incluait pas la surveillance des droits de l’homme parmi les tâches de la MINURSO, la mission de l’ONU sur le terrain. Un succès pour le Maroc. Le pacte désormais découvert par Coleman, et non démenti par personne, ajoute des conditions supplémentaires : un plan de visites dans la région par de hauts responsables, la fin des procès de civils devant des tribunaux militaires et la légalisation des ONG sahraouies indépendantes. Le Maroc a déjà rempli les deux premières promesses.

    Un autre aspect sinistre du scandale est celui des pots-de-vin à des journalistes internationaux pour qu’ils écrivent en faveur de thèses marocaines sur le Sahara. Le médiateur présumé de ces privilèges serait le journaliste marocain Ahmed Charai, directeur de l’hebdomadaire L’Observateur, personnage influent lié aux services secrets marocains, ayant une affinité non dissimulée pour le roi, le gouvernement et des contacts dans des think tanks américains et juifs.

    Les tweets de Coleman fournissent comme preuve un reçu d’un journaliste américain, Richard Miniter, lié à l’American Media Institute, avec un transfert de 60 000 dollars. Miniter et Charai ont fourni des lettres de leurs banques indiquant que cette opération n’a jamais été réalisée.

    Charai soutient que tout est faux, et qu’un hacker incité par l’Algérie et le Polisario a piraté sa messagerie informatique avec ses contacts alors même qu’il est entré fin septembre dans un hôpital pour y subir une opération. Il regrette que le gouvernement marocain n’enquête ni ne dénonce la situation, qu’il assure avoir remise entre les mains de ses avocats à New York et en Espagne pour différentes plaintes.

    Javier Casqueiro

    El Pais, 06 déc 2014

    #Maroc #Diplomatie #HackerChrisColeman #Lobbying #Algérie #SaharaOccidental #FrontPolisario

  • Sahara occidental : Nouvelle tournée de l’émissaire de l’ONU

    Sahara occidental : Nouvelle tournée de l’émissaire de l’ONU

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Algérie, ONU, Staffan de Mistura,

    L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a entamé, hier samedi, une nouvelle tournée dans la région à partir du Maroc, l’une des deux parties au conflit, a annoncé vendredi durant son point de presse quotidien le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

    Au cours de sa tournée, la deuxième depuis celle de janvier dernier et depuis sa nomination en octobre 2021, Staffan de Mistura compte rencontrer «tous les acteurs concernés dans la région». «Il a également l’intention de visiter le Sahara Occidental», a indiqué Stéphane Dujarric, soulignant que l’émissaire avait «l’intention de rester guidé par les précédents clairs établis par ses prédécesseurs». «A la suite de la tournée régionale de l’envoyé personnel en janvier, il se réjouit à la perspective d’approfondir les consultations qu’il a entamées à l’époque avec toutes les parties concernées sur les perspectives de faire avancer de manière constructive le processus politique sur le Sahara occidental», a ajouté M. Dujarric.

    Interrogé pour savoir si dans ce cadre, il comptait relancer des tables rondes du type de celle qu’avait organisée, en 2019, l’ex-émissaire allemand Horst Köhler avant de démissionner, le porte-parole de l’ONU a répondu que ce que M. De Mistura cherche, «c’est comment (…) faire avancer le dialogue dans le contexte des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité». Rabat est en faveur d’une reprise de ces tables rondes, mais l’Algérie souhaite des négociations bilatérales directes entre le Polisario et le Maroc.

    La mission de l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental intervient dans un contexte marqué par la décision de l’Espagne de s’aligner sur la thèse marocaine de l’autonomie du territoire sahraoui sous la souveraineté de Rabat. Un choix décidé par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et dénoncé par le Polisario comme étant «un soutien à l’occupation marocaine illégale du Sahara occidental» et «un encouragement à la politique expansionniste de l’occupant marocain et une soumission honteuse au chantage du régime expansionniste et agressif marocain».

    Pour le Gouvernement sahraoui et le Front Polisario, «la partialité de la puissance administrante du Sahara Occidental et son soutien à la politique expansionniste et agressive du Maroc constituent un encouragement à l’accaparement des territoires par la force et une violation de l’intangibilité des frontières internationales reconnues». Le choix du Premier ministre espagnol de soutenir la position marocaine a «fait perdre à l’Espagne sa position et son rôle d’acteur respecté et fiable et entrave les efforts des Nations unies pour la décolonisation du Sahara occidental».

    La tournée régionale de l’émissaire onusien pour le Sahara occidental intervient également dans une conjoncture marquée par un retour à la guerre, après la violation de l’accord de cessez-le-feu par le Maroc, dans la zone tampon de Guerguerat, le 13 novembre 2020. Jeudi 30 juin, des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont annoncé avoir mené de nouvelles attaques des positions des forces marocaines dans les régions de Laaked et Akouira Ould Blal relevant du secteur de Mahbes.

    Anis Remane

    Reporters, 03/07/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #ONU #DeMistura

  • Marocleaks. Joie et frustration d’un journaliste espagnol

    Marocleaks. Joie et frustration d’un journaliste espagnol

    Ignacio Cembrero, Marruecos, Wikileaks marocain, hacker Chris Coleman, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie, diplomatie, lobbying,

    J’ai parfois l’impression d’avoir rajeuni de quatre lorsque, dans ce sous-sol de l’immeuble d’El País, je cherchais des informations en parcourant ces 400000 câbles du département d’État que Wikileaks a divulgués à une demi-douzaine de grands journaux du monde, sur papier et sur ordinateur, sans connexion internet pour des raisons de sécurité.

    De nombreux soupçons journalistiques ont été confirmés par leur lecture, et étayés par une avalanche de données, mais aussi de nombreuses nouvelles ont été dévoilées ! Les histoires que nous avons glanées dans l’énorme masse de télégrammes diplomatiques que nous avions imprimés et qui étaient empilés sur les tables de la pièce sans fenêtre dans laquelle nous travaillions au coup par coup et en surnombre.

    Bien qu’il s’agisse d’une expérience journalistique de laboratoire, avec peu d’ingrédients extérieurs, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs professionnels.

    Le 2 octobre, un petit Wikileaks a émergé à l’échelle du Maghreb. Sous le profil de Chris Coleman, un tweeter anonyme a divulgué des centaines de documents et d’e-mails provenant de la diplomatie marocaine, des services de renseignement et même de l’administration de la défense marocaine. Les autorités marocaines n’ont pas démenti l’authenticité de ces fuites.

    Jusqu’à présent, seule la vice-ministre marocaine des affaires étrangères, Mbarka Bouaida, a dénoncé publiquement « une opération menée par des éléments pro-Polisario avec le soutien de l’Algérie et dans l’intention d’entraver la diplomatie marocaine ». Bien que Rabat enquête, il n’a pas été en mesure de prouver cette accusation.

    Tous les matins ou tous les soirs, le twittos ne respectant pas d’horaire, je me rejouis de rendre compte professionnellement de l’accord verbal secret de novembre 2013 entre Barack Obama et le roi Mohammed VI sur le Sahara; des chamailleries entre Rabat et le secrétaire général de l’ONU ; des cadeaux de valeur distribués par l’ambassade du Maroc à New York aux diplomates et correspondants de presse amis ; de la description de Christopher Ross, l’envoyé de Ban Ki-moon pour le Sahara, qualifié d’alcoolique, maladroit dans ses mouvements au point d’avoir du mal à enfiler sa veste.

    Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a pris les fuites tellement au sérieux que, samedi, son porte-parole a annoncé qu’une enquête avait été ouverte sur la collaboration présumée quelque peu excessive d’un de ses hauts fonctionnaires avec les autorités marocaines.

    J’ai également lu avec avidité les courriels faisant état de paiements effectués par les services de renseignement, apparemment par le biais d’un intermédiaire, à des groupes de réflexion et à des journalistes aux États-Unis, en France et ailleurs, afin qu’ils écrivent au nom du Maroc. Je connais certains d’entre eux depuis des décennies. Je me demande si des noms de compatriotes espagnols engagés n’apparaîtront pas bientôt dans un autre courriel.

    L’Espagnol qui apparaît est, en 2012, l’ambassadeur à Rabat. Il a promis à ses interlocuteurs marocains le plein soutien de l’Espagne au sein du Groupe des Amis du Sahara, qui se préparait pour la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en avril de la même année.

    Parmi les joyaux postés par ce qui est devenu mon twitter préféré figure un câble daté du 7 juillet du chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc à Madrid, Baddredine Abd el Moumni – l’ambassadeur était absent – dans lequel il informe Rabat avec un certain regret que j’ai entamé une collaboration avec El Mundo.

    « Cembrero rejoint ainsi l’équipe d’un des mastodontes de la sphère journalistique en Espagne », écrit le Chargé d’Affaires. « Fondé en 1989, El Mundo est le deuxième journal le plus lu (…) », ajoute-t-il. « Il a acquis sa réputation grâce à une ligne inspirée du modèle d’investigation américain ». Au passage, le diplomate m’accuse d’être « hostile au Maroc et de soutenir les thèses des séparatistes » [Front Polisario].

    Pourtant, à plus d’une occasion, lors de séminaires ou de débats, j’ai affirmé qu’un large accord d’autonomie est aujourd’hui la moins mauvaise des solutions pour le Sahara. Parmi les câbles découverts par Chris Coleman, certains sont également préjudiciables aux indépendantistes sahraouis du Polisario, qui sont au plus bas. C’est l’un des cinq articles, la plupart dans ce blog, que j’ai consacré jusqu’à présent aux câbles mis en lumière par le tweeter.

    Mais la manne des télégrammes diplomatiques a aussi son côté journalistique amer. Il y a quatre ans, Wikileaks était une œuvre partagée avec d’autres grands quotidiens ou hebdomadaires, comme le New York Times, The Guardian, Le Monde ou Der Spiegel. Parfois, en lisant ces articles à l’époque, je faisais l’éloge de l’approche anglo-saxonne ou allemande de tel ou tel sujet, que mes collègues d’El País et moi-même n’avions pas remarquée ; à l’occasion, je m’irritais aussi en voyant à quel point ils avaient peu exploité tel ou tel autre sujet.

    Puis je me suis sentie accompagnée à distance. Maintenant, j’écris sur les Wikileaks marocains sans aucun miroir européen dans lequel comparer mes chroniques. Un mois et demi après le début des câbles, la presse espagnole l’ignore et, à l’exception d’Arrêt sur Images, la presse française fait de même. Maintenant, je n’ai personne avec qui rivaliser, personne de qui apprendre, à l’exception du site américain Inner City Press, spécialisé dans les reportages sur les Nations unies.

    Le Maroc s’est révélé faible parce que son système de communication gouvernemental, les e-mails de ses agents secrets ont été massivement piratés pendant des mois, voire des années. Le Maroc est fort parce qu’il a réussi que personne n’en fasse l’écho, même si les ambassades et les ministères des affaires étrangères qui traitent avec Rabat gardent un œil sur ce que Chris Coleman publie.

    Orilla Sur, 17 nov 2014

    #IgnacioCembrero #WikileaksMarocain #HackerChrisColeman #SaharaOccidental #Marruecos #FrontPolisario #Algérie #Diplomatie #Lobbying

  • ONU: De Mistura demain au Maroc

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Algérie, ONU, Staffan de Mistura,

    Selon le porte-parole du Secrétaire Général des Nations Unies, Stephane Dujarric, l’Envoyé personnel pour le Sahara Occidental se rendra demain à Rabat pour rencontrer des responsables marocains dans le cadre d’une « nouvelle phase de visites à tous les interlocuteurs concernés dans la région dans les prochains jours ».

    Dans son point de presse quotidien, Dujarric a ajouté que Staffan de Mistura « a également l’intention de se rendre au Sahara occidental au cours de ce voyage ».

    « Durant cette phase de l’engagement, l’Envoyé personnel entend rester guidé par les précédents pas établis par ses prédécesseurs ».a-t-il précisé.

    « Suite à la tournée régionale de l’Envoyé personnel en janvier, il se réjouit d’approfondir les consultations qu’il a initiées à ce moment-là avec toutes les parties concernées sur les perspectives de faire avancer de manière constructive le processus politique sur le Sahara Occidental », conclue le responsable onusie.

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #ONU #Algérie #DeMistura

  • L’envoyé de l’ONU se rendra au Sahara occidental pour la première fois

    Sahara Occidental, Maroc, ONU, Staffan de Mistura, Front Polisario, Algérie,


    L’envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, Staffan de Mistura, se rendra dans les prochains jours au Maghreb et visitera pour la première fois le territoire du Sahara Occidental occupé par le Maroc, a déclaré le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric lors d’une conférence de presse vendredi.

    La tournée de M. De Mistura le conduira d’abord à Rabat, où il rencontrera « des responsables marocains », a précisé le porte-parole, avant de se rendre dans le territoire sahraoui, où aucun détail sur son programme de travail n’était disponible.

    Bien que le porte-parole ne l’ait pas dit, Efe a pu apprendre que la tournée de De Mistura ne le conduira pas, à cette occasion, à Tindouf (Algérie), le siège du mouvement indépendantiste du Front Polisario, qu’il avait visité en janvier dernier, bien que les raisons de cette visite ne soient pas connues.

    Il n’y aura pas non plus d’arrêt à Alger, point obligatoire des visites de tous les émissaires, ce qui laisse penser que le gouvernement algérien et ses alliés du Polisario n’approuvent pas les efforts déployés jusqu’à présent par M. De Mistura.

    Les visites des envoyés personnels sur le territoire sahraoui ont généralement l’ »approbation » de Rabat, qui, à certaines occasions, a même opposé son veto à ces visites ou imposé certaines conditions à l’agenda des envoyés.

    Ainsi, le dernier émissaire à avoir rencontré ouvertement des groupes sahraouis indépendantistes est Christopher Ross en 2012, et le gouvernement de Rabat lui a ensuite interdit de se rendre au Sahara, entrant ainsi en conflit direct avec Ross, qu’il a déclaré « persona non grata ».

    Le porte-parole de l’ONU a déclaré aujourd’hui que M. De Mistura effectue cette tournée « guidé par les principes énoncés par ses prédécesseurs », à savoir Christopher Ross et son successeur Horst Kohler, le tout dans le but de « faire avancer de manière constructive » le processus politique menant à une résolution du conflit.

    Le conflit est dans une impasse totale depuis un an, le Maroc ne proposant qu’un statut d’autonomie vaguement défini pour le territoire et le Polisario exigeant que toute solution soit décidée par un référendum avec option d’indépendance.

    Pour aggraver les choses, Alger et Rabat ont rompu leurs relations diplomatiques en août de l’année dernière, et depuis leurs relations, une rupture qui a ensuite entraîné l’Espagne, lorsque le gouvernement algérien a retiré son ambassadeur en Espagne pour protester contre la nouvelle position de l’Espagne qui soutient le plan d’autonomie du Maroc comme la meilleure issue au conflit. EFE

    Infobae, 01 jui 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #ONU #DeMistura #Algérie

  • L’étrange « WikiLeaks » marocain

    L’étrange « WikiLeaks » marocain

    Maroc, Wikileaks, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie, diplomatie, lobbying,

    Pas de tremblement de terre, mais de petites secousses régulières qui, semaine après semaine, finissent par ébranler l’édifice. Depuis deux mois, un hacker anonyme publie sur Twitter – sous le compte @chris_coleman24 – des révélations sur les dessous de la diplomatie du Maroc. Celles-ci auraient été obtenues par le piratage des messageries de hauts responsables marocains : des agents des services secrets, des diplomates, des journalistes, jusqu’à celles du ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, et de la ministre déléguée, Mbarka Bouaida. Depuis le 3 octobre 2014, des centaines de documents ont ainsi été mis en ligne (câbles diplomatiques, courriels privés, documents confidentiels) dans une sorte de WikiLeaks marocain qui, s’il n’a ni l’ampleur ni le sérieux de son aîné américain, malmène la politique d’influence menée par le royaume chérifien.

    La grande majorité des documents confirment avant tout l’obsession du Maroc pour le dossier du Sahara occidental, un territoire qu’il revendique et occupe à 80 % contre les visées indépendantistes du Front Polisario, soutenu par l’Algérie voisine. Cette « question nationale » semble être au cœur d’une foisonnante diplomatie parallèle, destinée à s’assurer le maximum de soutiens dans le monde sur le sujet et à contrer les plans de l’adversaire. Pour cela, Rabat déploierait toute une palette de jeux d’influence : auprès de journalistes et de centres de recherche afin qu’ils relaient les points de vue marocains ; de groupes de pression, dont le lobby israélien au Etats-Unis, de gouvernements étrangers ou dans les organisations internationales.

    Précieux relais à l’ONU

    Les documents mis en ligne dévoilent la relation tendue que le Maroc entretient avec le secrétariat général de l’ONU. Dans un fax du 22 août 2014, Omar Hilale, représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York, préconise une nouvelle stratégie contre « la tentative de délégitimation de la marocanité du Sahara » menée par le secrétariat général, à l’origine d’un « véritable complot ». Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental, semble particulièrement détesté. Il faut, écrit M. Hilale, « isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ». M. Ross est décrit dans un autre document comme un « vieil alcoolique ».

    Le royaume déploie beaucoup d’énergie en direction de ses alliés traditionnels occidentaux, les Etats-Unis en premier lieu. Nombre de documents se réfèrent à l’épisode d’avril 2013, lorsque Washington avait présenté une résolution proposant d’élargir le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (la Minurso) aux droits de l’homme. Le projet avait échoué mais décidé le Maroc à redoubler d’initiatives alors que les pays du Maghreb « semblent être relégués à une position de moindre importance sur l’échiquier des intérêts stratégiques de la diplomatie américaine ». De « petits » pays a priori très éloignés du conflit au Sahara occidental sont eux aussi courtisés. Ainsi l’Argentine, le Chili, appelés à siéger au Conseil de sécurité. En octobre 2013, on espère obtenir du nouveau gouvernement du Paraguay le « retrait de la reconnaissance de la pseudo-RASD » (République arabe sahraouie démocratique). Rien ne semble laissé au hasard.

    Au sein du système onusien, le Maroc disposerait de précieux relais pour défendre les intérêts du royaume et être informé des faits et gestes de l’adversaire. Ainsi, la visite de Mohamed Abdelaziz, le président de la RASD, au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme à Genève en mai 2013 fait l’objet d’une intense activité de lobbying. « Les démarches que j’ai effectuées, particulièrement auprès de mes interlocuteurs au sein des deux Hauts-Commissariats aux droits de l’homme et pour les réfugiés », ont permis de faire de cette visite « un échec à tous les égards », se félicite en juin 2013 Omar Hilale, alors ambassadeur auprès de l’ONU à Genève.

    La sphère médiatique n’est pas épargnée par Chris Coleman. Mis en ligne le 29 décembre, des échanges de courriels fournis visent Samira Sitaïl, la directrice de l’information de la chaîne de télévision 2M, apparemment en cheville avec un interlocuteur qui pourrait être le chef de cabinet de Yassine Mansouri, le directeur de la DGED, les services secrets extérieurs.

    « Opération des services algériens »

    Trois mois après le début de l’affaire, l’authenticité des documents publiés continue à faire débat. Le journaliste Jean-Marc Manach, spécialiste des questions de cybersécurité, a publié deux enquêtes sur le sujet pour le site Arretsurimages. Après avoir dénoncé dans un premier temps une « intox », il a estimé à la mi-décembre, après consultation de 58 courriels dans leur format original, qu’une bonne partie étaient « techniquement impossibles [à] authentifier » mais qu’une vingtaine d’entre eux étaient authentiques. « Vu la masse de documents et leur niveau de précision, il est exclu que ce hacker ait pu tout inventer ex nihilo. En outre, s’ils étaient faux, le gouvernement aurait protesté. Celui qui se cache derrière Chris Coleman a bien piraté un certain nombre de boîtes mail, même s’il n’est pas exclu qu’il ait modifié certains messages », estime le journaliste marocain Ahmed Benchemsi.

    Les autorités marocaines ont longtemps gardé le silence sur l’affaire, sans toutefois nier, avant de pointer du doigt l’ennemi de toujours : l’Algérie. Le ministre marocain des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a dénoncé mi-décembre une « opération des services algériens » d’être derrière cette tentative de « déstabilisation ».

    Si l’identité du hacker reste inconnue, sa sympathie pour la cause indépendantiste du Sahara occidental est évidente. La plupart des observateurs jugent sa démarche très éloignée de celle d’un Edward Snowden ou d’un Julian Assange. Ces lanceurs d’alerte avaient agi à visage découvert et fait appel à plusieurs médias pour authentifier et trier les documents détournés, avec un objectif affiché de transparence. Chris Coleman publie lui en vrac courriels, câbles diplomatiques mais aussi photos d’ordre privé et commentaires parfois acerbes, apparemment sans logique véritable, mêlant le vrai et le faux, dans le but de « déstabiliser le Maroc », a-t-il expliqué. « Après ça, la diplomatie marocaine va devoir reconfigurer ses réseaux d’influence. Elle est certes fragilisée mais elle retombera vite sur ses pattes », estime Ahmed Benchemsi.

    Nouvelle République de Guinée, 5 jan 2015

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #FrontPolisario #Diplomatie #Lobbying

  • Coleman, un WikiLeaks marocain qui a fait mal au Makhzen

    Maroc, hacker Chris Coleman, Sahara Occidental, Front Polisario, diplomatie, lobbying,

    Depuis octobre dernier, un compte Twitter nommé Chris Coleman (chris_coleman24, un pseudo, bien sûr) publie quantité de documents confidentiels émanant du ministère des Affaires étrangères et des services marocains. On voit apparaître dans ces échanges nombre de think tanks, de personnalités et de journalistes (notamment français), visiblement dévoués à Sa Majesté et à la cause marocaine, et rétribués en espèces bien sonnantes ou en vacances ensoleillées…

    Les télex, courriels et autres comptes rendus émanant de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, service lié au Palais) rendus publics par Coleman sont à cet égard accablants… Et les pouvoirs marocains n’ont pas démenti l’authenticité des documents. Tout juste ont-ils avancé qu’il s’agissait d’un coup de « certains éléments du front Polisario » avec l’aide des services algériens.

    Malgré leur importance, ces fuites, sur les rives de la Seine, ne font pas grand bruit. Pourquoi ? « Parce que les chiens ne mangent pas les chiens », répond le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, qui fait toujours l’objet de poursuites devant les tribunaux de la part de l’État marocain. Entendez par là que tellement de Français sont impliqués que personne ne tient à lever l’omerta. Comme l’a écrit le magazine marocain TelQuel « Coleman, un WikiLeaks dont personne ne parle ». Et puis cette affaire pose un autre problème : celui de l’identité du lanceur d’alertes et de ses mobiles. Dans le cas d’un Bradley Manning ou d’un Edward Snowden, les intentions sont assez claires et politiquement correctes ; l’un et l’autre ont voulu dénoncer des abus, des écoutes et d’autres crimes. Dans le cas de Coleman, on ne sait rien de celui ou de ceux qui se cachent derrière ce pseudo. À une question posée par Jean-Marc Manach, auteur d’un autre article ici-même, Coleman a répondu qu’il voulait « fragiliser le Maroc, et notamment son appareil diplomatique ».

    De plus, ce Coleman se montre parfois antiaméricain et antisioniste. Tout cela a suffi pour jeter le doute. Ainsi, Jean-Marc Manach, dans sa chronique sur Arrêt sur image, tout en jugeant peu probable que ces documents aient été trafiqués, met en doute la qualité du lanceur d’alertes, et va jusqu’à qualifier Coleman de « barbouze » du fait que son mobile est politique : « C’est aussi à cela que l’on distingue un lanceur d’alertes d’un barbouze. Le premier veut faire éclater la vérité. Le second est, sinon en service commandé, tout au moins disposé à manipuler la vérité, à instiller le doute, voire à créer de fausses preuves. »

    Pourtant, nombre de spécialistes du Maroc, comme Cembrero, pensent que les documents sont tout à fait authentiques. Il y a d’ailleurs un détail qui ne trompe pas : les autorités marocaines, au lieu de démentir, cherchent à étouffer l’affaire. D’abord en évitant toute publicité dans les médias parisiens. Mais aussi en enlevant à Coleman ses moyens de s’exprimer. « C’est vrai que depuis quelques jours [début décembre 2014], le Makhzen [le Palais] a multiplié ses menaces pour me décourager », note Coleman lui-même sur son compte Twitter. « Il a mobilisé d’importantes ressources, notamment financières, pour empêcher la diffusion des informations ; d’ailleurs il a réussi à acheter la suspension de mes comptes sur Dropvox, Mediafire et 4shared. Le déballage va se poursuivre, même au risque de ma vie. » De fait, les moyens utilisés par les pouvoirs américains contre Snowden ou Assange ne sont pas éloignés.

    « En tout cas, deux ou trois choses sont sûres, maintenant, écrit le magazine Demain online (animé par le journaliste franco-marocain Ali Lmrabet depuis Barcelone). Cet empêcheur de tourner en rond ne se trouve pas au Maroc. Il n’est sûrement pas seul. Il a préparé son coup depuis longtemps, et enfin, les documents ne sont pas des faux. Ils n’ont pas été manipulés, comme veulent le faire croire certains collaborateurs des services secrets. Car, s’ils l’avaient été réellement, le Maroc aurait eu beau jeu de dénoncer cette grossière falsification. »

    Plusieurs lanceurs d’alerte ont proposé leur aide à Coleman et, en cas de trop grande difficulté, ce dernier pourrait être tenté, comme le conclut Demain online, de tout balancer à WikiLeaks.

    #Maroc #SaharaOccidental #Lobbying

  • Marocleaks: Bagarre permanente entre le Maroc, l’ONU et l’USA

    Marocleaks: Bagarre permanente entre le Maroc, l’ONU et l’USA

    Maroc, hacker Chris Coleman, Sahara Occidental, ONU, Etats-Unis, Front Polisario, diplomatie, lobbying,

    -Les documents révélés par « le Snowden du Maghreb » mettent en lumière les relations tendues entre le Maroc et les Nations unies.
    -Obama fait de nombreux gestes de soutien à l’équipe de Ban Ki-moon à Rabat
    -Le Maroc empêche le chef des « casques bleus » du Sahara de prendre ses fonctions.

    Le Secrétaire général de l’ONU « devra assumer sa responsabilité en cas d’effondrement du processus politique et de départ de la MINURSO [contingent de casques bleus] du Sahara », a prévenu Omar Hilale, ambassadeur du Maroc aux Nations unies, à son interlocuteur, Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.

    Cela pourrait conduire à une « explosion de guerre », a répondu Ladsous, consterné. L’ambassadeur a acquiescé et a ajouté : « Ce sera la seule responsabilité du secrétariat qui (…) fait tout pour attiser les tensions et déstabiliser la région, ce qui sera sans aucun doute exploité par la nébuleuse terroriste d’Al-Qaïda », si bien implantée au Sahel.

    Ces remontrances ont été faites par l’ambassadeur à New York le 26 avril, et sont contenues dans l’un des nombreux télégrammes diffusés depuis le début du mois par un tweeter anonyme qui se fait appeler Chris Coleman. Les câbles révèlent que le Maroc et les Nations unies, soutenues par les États-Unis, sont dans une sorte de querelle permanente au sujet de l’ancienne colonie espagnole.

    Les documents diplomatiques ne sont qu’une partie d’une série de révélations explosives provenant du tweeter. Parmi les documents divulgués, qui couvrent la période de 2012 à 2014, on trouve également des courriels sur des paiements, via un intermédiaire, des services secrets étrangers (DGED) à des journalistes et des groupes de réflexion, et sur des pourparlers pour l’achat d’armes et de munitions par l’équivalent marocain du ministère de la Défense.

    Bien que la presse casablancaise ait à peine parlé de ces fuites, les hautes sphères du pays sont en état de crise face à ce qu’elles considèrent comme une opération majeure visant à torpiller leur stratégie d’ancrage de la « marocanité » au Sahara occidental, dont l’Espagne s’est retirée il y a 39 ans. Les services secrets marocains ont ouvert une enquête sur cette fuite, qu’ils soupçonnent d’avoir pour origine l’Algérie.

    Les voisins africains

    Aux relations tendues de Rabat avec les Nations unies et, dans une moindre mesure, avec Washington, s’ajoute le conflit qu’elle a déclenché avec Paris fin février et qui perdure. Avec ses deux voisins africains, Alger et Nouakchott, les autorités marocaines entretiennent également des relations chroniquement mauvaises. Enfin, ils en veulent simplement au Caire parce qu’il a fait un geste envers le Front Polisario le week-end dernier. Dans son environnement politique, le Maroc entretient des relations cordiales avec un seul pays : l’Espagne.

    « Le Maroc exprime sa profonde déception, sa véritable colère et sa totale incompréhension face au contenu biaisé et tendancieux du rapport » du Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon sur le Sahara. Une délégation marocaine de haut niveau, présente à New York le 18 juin, s’est par exemple exprimée avec autant de force. Le rapport a été modifié avant d’être soumis au Conseil de sécurité.

    Cette prise de bec a des conséquences pratiques. La Canadienne Kim Bolduc, la nouvelle chef de la MINURSO (le contingent de l’ONU au Sahara) nommée par Ban Ki-moon en mai, n’a pas pu prendre son poste. Rabat lui oppose son veto parce qu’il la soupçonne de vouloir « s’immiscer dans des questions de droits de l’homme qui ne la concernent pas ».

    « Les États-Unis dirigent le processus politique pour trouver une solution » au conflit du Sahara, a rappelé David Dunn, l’ambassadeur américain à l’ONU, à son homologue marocain le 28 août. Il a ensuite exprimé sa « préoccupation » concernant le veto marocain au voyage de M. Bolduc au Sahara. Washington a fait au moins deux autres démarches similaires, mais Rabat n’a pas bougé.

    Au début du mois, l’ambassadrice adjointe Rosemary Dicarlo avait déjà rappelé aux Marocains non seulement le cas de Bolduc, mais aussi la nécessité de légaliser « davantage d’ONG basées au Sahara », c’est-à-dire celles qui sont favorables à l’indépendance, et de « mettre fin aux procès de civils [sahraouis] devant des tribunaux militaires ». « Les progrès sont très lents », a-t-il déploré. Tout cela avait pourtant été convenu lors de la visite du roi Mohammed VI à Washington en novembre 2013.

    Si Bolduc doit être empêché d’exercer ses fonctions, le diplomate américain Christopher Ross doit être démis de son poste d’envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara. Depuis la fin du printemps, il demande à faire une tournée au Maghreb, mais Rabat n’est pas pressé de le recevoir.

    Contre Ross

    « Ross a démontré son hostilité prononcée envers le Maroc », note le rapport marocain, qui fixe la ligne à suivre sur le Sahara jusqu’en avril 2015. « Sans le confronter ouvertement, l’objectif est de le discréditer », conseille-t-il. « Sans en faire une victime, il faut l’obliger à renoncer à sa mission (…) » en mettant en œuvre une série de mesures.

    Elles consistent, par exemple, à « réduire autant que possible ses voyages au Maroc » et, s’ils ont lieu, « il doit être reçu à un niveau intermédiaire ». Un message de scepticisme devrait également être diffusé dans les « cercles informels (journalistes, universitaires, parlementaires, etc.) au sujet de Ross » : « Est-il l’homme de la situation ? L’ambassadeur Hilale le décrit comme un alcoolique maladroit qui a du mal à enfiler sa veste.

    Pour le remplacer, Rabat a déjà un candidat, Athar Khan, actuellement chef de cabinet d’Antonio Guterres, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés. « Il est intéressé et motivé », a écrit l’ambassadeur Hilali à son ministre le 31 août. De plus, Athar Khan a rendu d’innombrables services au Maroc, en s’arrangeant par exemple pour que Ross soit reçu par des fonctionnaires de bas niveau au bureau du Haut-Commissaire lors de sa visite à Genève en 2013.

    Dans cette tâche de discréditer Ross, la diplomatie marocaine a été aidée par le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel García-Margallo. « Il serait bon qu’il avance plus rapidement sur le dossier et qu’il se concentre sur les questions centrales du dossier au lieu de se perdre dans des questions annexes », a déclaré le ministre espagnol à propos de Ross à Rabat en juin 2012, juste après que les autorités marocaines aient lancé leur première campagne contre lui.

    El Mundo, 29 déc 2014

    #Maroc #SaharaOccidental #ONU #ChristopherRoss #hackerChrisColeman #Diplomatie #Lobbying