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  • Un hacker divulgue des documents secrets: le Maroc embarrassé*

    Un hacker divulgue des documents secrets: le Maroc embarrassé*

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    Document compromettant le Prince Zeid, Haut Commissaire des NU aux Droits de l’Homme
    Les documents secrets du ministère marocain des Affaires étrangères sur le dossier du Sahara Occidental divulgué par le pirate des réseaux sociaux Chris Coleman en 2014, font toujours le buzz et tentent d’embrasser de plus en plus le Royaume Chérifien, selon le journal péruvien La Razon.

    Le hacker a pu dévoiler les pratiques « malsaines » auxquelles le Maroc a eu recours pour atteindre son objectif, celui de maintenir sa domination sur le Sahara occidental et « discréditer » le Front Polisario, le représentant légitime du peuple sahraoui, reconnu par les Nations Unies, lit-on dans un article paru mercredi à Lima, au Pérou.

    «Les révélations du hacker Chris Coleman dépassent de loin celles de Wikileaks Assange et Snowden confidences et renseignent sur le pourrissement dans lequel évolue la diplomatie marocaine concernant la question sahraouie », selon le même article paru dans le journal.

    Celles-ci, ont montré comment la mission diplomatique marocaine à l’ONU, conduite par Omar Hilale, a pu corrompre le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et des hauts responsables onusiens. Les informations livrées par le hacker, retracent en outre les dessous d’une affaire d’espionnage dont a fait l’objet les services du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

    Le hacker a notamment évoqué le Prince Zeid Raad Al Hussein, Haut Commissaire actuel aux droits de l’homme à Genève, qui a collaboré avec le Maroc au mois d’avril 2014 lorsqu’il exerçait en tant que représentant de son pays au Conseil de Sécurité. Selon une lettre envoyée par Omar Hilale le 6 juin 2014, le Prince Zeid et sa délégation ont, en avril 2014, « été d’un grand appui au Maroc, lors de l’examen de la question nationale par le Conseil de Sécurité.

    Cela augure d’une position bienveillance de sa part lorsqu’il assumera ses fonctions de Haut Commissaire, et permet d’espérer qu’il pourra contenir la politisation de la question des droits de l’homme par le Secrétariat á New York ». « En outre, sa nomination devra contribuer à approfondir les relations de partenariat et de coopération que nous entretenons avec le Haut Commissariat aux Droits de l’homme, et qui se sont renforcées après la récente visite de Mme Pillay », ajoute la lettre.

    *Les faits ont eu lieu en octobre 2014

    #Maroc #HackerChrisColeman #Diplomatie #Lobbying #Corruption #HCR #HCDH #ZeidBinRaad

  • Des e-mails révélés sur le lobbying marocain aux États-Unis

    Des e-mails révélés sur le lobbying marocain aux États-Unis

    Maroc, Etats-Unis, lobbying, hacker Chris Coleman, Marocleaks, MAPC, Edward Gabriel, Sahara Occidental, Front Polisario,

    Brian Whitaker

    Depuis plusieurs semaines, un compte Twitter connu sous le nom de Le Makhzen ou @chris_coleman24 publie ce qui semble être des fuites du trafic de messagerie du ministère marocain des Affaires étrangères.

    Cela est pour la plupart passé inaperçu en dehors du Maroc, peut-être parce que les fuites ont jusqu’à présent révélé peu de choses qui n’étaient pas déjà connues, ou du moins suspectées. Mais le dernier lot de documents, publié hier, apporte un éclairage intéressant sur les activités de relations publiques et de lobbying du gouvernement marocain aux États-Unis.

    Un e-mail , daté du 18 avril 2011, provient de Jordan Paul, directeur exécutif du Centre maroco-américain pour la politique (MAPC) basé à Washington. Il s’agit d’une lettre – apparemment critique des pratiques marocaines en matière de droits de l’homme – qui avait été organisée par le membre du Congrès Frank Wolf , signée par 12 membres du Congrès et envoyée à Hillary Clinton, alors secrétaire d’État.

    En réponse à cela, le MAPC a organisé une deuxième lettre du Congrès à Clinton mettant les pratiques du Maroc en matière de droits de l’homme sous un jour beaucoup plus positif. L’un des objectifs, selon le courriel, était d’obtenir plus de signatures que la lettre de Wolf. Le courriel indique que le Congrès n’était pas en session, mais qu’il était encore possible d’obtenir 18 signatures – six de plus que la lettre de Wolf. Il ajoute : « La qualité de nos signataires est bien supérieure à celle de Wolf. »

    Le courriel montre également que le texte de la lettre a été soumis à l’ambassade du Maroc à Washington – vraisemblablement pour approbation – avant sa publication. Le lendemain, les détails de la lettre ont été publiés sur PR Newswire dans un rapport qui commençait :

    « Un groupe bipartite de 18 dirigeants du Congrès américain dirigé par le représentant Mario Diaz-Balart (R-FL) et le représentant Bennie Thompson (D-MS) a salué les efforts continus du Maroc et son « engagement constant en faveur de la protection des droits de l’homme », appelant les États-Unis à pour répondre aux « préoccupations en matière de droits de l’homme dans les camps du Polisario » dans le sud de l’Algérie. Dans une lettre adressée à la secrétaire d’État américaine Hillary Rodham Clinton, les membres ont cité les « progrès réels du Maroc en matière de droits de l’homme », notamment la création d’une nouvelle « institution des droits de l’homme totalement indépendante ».

    Les dossiers déposés auprès du ministère américain de la Justice en vertu de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers montrent qu’à cette époque, le Maroc dépensait plus de 3 millions de dollars par an en lobbying et en relations publiques aux États-Unis. Sur une période de six mois, le gouvernement marocain a effectué les paiements suivants :

    Beckerman : Relations avec les médias, 91 374,66 $

    Gabriel Company : Conseils sur les relations américano-marocaines, 166 641,67 $
    Grey Global Advisors : Conseils stratégiques, 150 000,00 $
    LeClairRyan : Services juridiques et autres ; Congrès de lobbying, 21 552,26 $
    Centre maroco-américain pour la politique, Inc : Lobbying, 1 031 579,27 $
    Nurnberger & Associates, Inc. : Lobbying, 25 000,02 $
    Vision Americas, LLC : relations publiques, 80 000,00 USD

    Le MAPC, qui, avec deux autres organisations liées au Maroc, gère un site Web appelé Morocco on the Move « pour promouvoir les relations et la compréhension mutuelle entre les États-Unis et le Maroc », est de loin le plus grand bénéficiaire du lobbying marocain et de l’argent des relations publiques.

    Le deuxième plus grand récipiendaire était The Gabriel Company , dont le président et directeur général est Edward Gabriel, ancien ambassadeur des États-Unis au Maroc. Gabriel, qui a été mis en copie de l’e-mail concernant la lettre du Congrès, a également été impliqué dans la lutte contre les incendies médiatiques au nom du Maroc.

    Par exemple, en 2009, lorsque le Carnegie Endowment a publié un article sur la position américaine concernant le Maroc et le Sahara occidental, Gabriel a pesé avec une réponse . Une note à la fin de son article explique qu’il est un ancien ambassadeur américain au Maroc qui « conseille actuellement le gouvernement marocain ».

    Un autre e-mail divulgué d’avril 2011 concerne la politique britannique sur le Maroc et le Sahara occidental. Il ressort de la correspondance que le Maroc soupçonnait une sorte d’influence pro- Polisario au sein du gouvernement britannique et voulait en savoir plus sur la manière dont la politique britannique était façonnée.

    Cela a abouti à un rapport de Caitlin Dearing, qui est décrite comme vice-présidente principale de la recherche, des projets et des programmes au MAPC. Caitlin a soumis son rapport au MAPC et à Edward Gabriel. Le MAPC semble l’avoir transmis à l’ambassade du Maroc qui l’a ensuite transmis au ministère des Affaires étrangères à Rabat.

    Heureusement pour Caitlin, elle n’a pas eu à aller bien loin pour faire ses recherches. Elle a interviewé son fiancé (nommé dans le rapport comme « Cameron ») et sa sœur anonyme qui travaillait dans la délégation britannique à l’ONU.

    On ne sait pas ce qui a déclenché le rapport, mais peu de temps avant sa rédaction, le prince Charles avait effectué une visite officielle au Maroc – une visite qui avait entraîné une couverture peu flatteuse du pays dans les médias britanniques. Un titre du Telegraph, par exemple, disait : « Le prince de Galles dépose une gerbe sur la tombe du tyran marocain », et un article pour le Guardian du directeur de War on Want appelait le Maroc à se retirer du Sahara Occidental.

    Les pays arabes ont tendance à supposer que de tels articles dans les médias occidentaux sont inspirés par le gouvernement, puisque c’est ce qui se passe souvent dans leur propre pays. Si c’est ce que croyaient les Marocains, Caitlin a pu les rassurer sur le fait que la presse britannique faisait simplement ce qu’elle fait normalement et que si des taupes du Polisario existaient à Whitehall, il était peu probable qu’elles aient beaucoup d’influence sur la politique. Plutôt ironiquement, elle a également souligné que les lobbyistes ont généralement moins d’argent et d’influence en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis.

    Voici son rapport, tel que présenté dans l’e-mail :

    J’ai parlé avec Cameron, qui était au courant de mes conversations avec sa sœur concernant le Royaume-Uni/l’ONU, et je voulais partager quelques réflexions/clarifications supplémentaires sur la politique étrangère du Royaume-Uni et le processus de prise de décision. Fondamentalement, la politique étrangère provient à la fois de Whitehall (fonction publique/bureau des affaires étrangères) et du 10 Downing (PM/Cabinet). Les fonctionnaires de Whitehall développeront plusieurs options politiques qu’ils présenteront ensuite au ministre des Affaires étrangères qui décidera de l’option politique à prendre. Il peut ou non consulter le PM en fonction du problème / des précédents du problème, mais il est probablement en phase avec le PM. C’est particulièrement le cas avec [William] Hague et Cameron, car Hague est un ancien chef de parti et loyaliste, plutôt qu’un expert avec une solide expérience en politique étrangère. La Haye aime aussi être présentée avec quelques-uns.

    Quant à la relation avec l’ONU, basée sur des conversations avec la sœur de Cameron, qui est première secrétaire, le personnel ne fait que mettre en œuvre et gérer la politique. La seule personne qui peut être en mesure de fournir plus d’informations sur la prise de décision du WS [Sahara occidental] est l’ambassadeur auprès de l’ONU lui-même, qui est également la seule personne qui peut éventuellement avoir son mot à dire sur la politique. Bien que les fonctionnaires présentent les options, elles sont généralement conformes à la politique générale. Je m’excuse que cela ne parle pas spécifiquement de la manière dont la politique du Sahara est guidée, mais je crains de ne pas pouvoir obtenir plus d’informations que la sœur de Cameron n’a déjà partagées avec moi, étant donné qu’elle n’en sait que trop.

    Il y a deux autres choses importantes à retenir sur la politique étrangère du Royaume-Uni (comme l’a souligné Cameron – nous voyons les choses d’un point de vue américain !). Premièrement, les membres du Cabinet sont tous des députés élus, puis nommés, de sorte qu’ils ont un mandat un peu différent de celui des membres nommés de notre Cabinet. Deuxièmement, le lobbying là-bas [au Royaume-Uni] ne fonctionne pas comme ici [aux États-Unis]. Bien qu’il existe certainement des groupes d’intérêts, ils n’ont pas autant d’argent ou d’influence que les groupes américains – il n’y a pas d’équivalent à K Street. Ainsi, bien qu’il puisse y avoir de puissants défenseurs du Polisario, il est peu probable qu’ils exercent une influence négative [sic], voire pas du tout. Il est également possible qu’il y ait des fonctionnaires pro-Polisario qui aident à diriger une politique, mais la position du Royaume-Uni est également logique à la lumière de ses priorités en matière de politique étrangère. Et je n’ai aucune indication que le premier secrétaire en charge du dossier Sahara ait des sentiments pro-Polisario, sinon je pense que j’en aurais entendu parler. Au lieu de cela, la sœur de Cameron rit juste quand je demande quoi que ce soit !

    En ce qui concerne les décisions relatives aux droits de l’homme à l’ONU et les problèmes généraux que nous avons rencontrés avec les journaux britanniques, vous trouverez ci-dessous un article qui jette un éclairage sur la politique étrangère britannique qui a une certaine pertinence pour notre problème. Cameron semble penser que cela n’a rien à voir avec le fait que les Britanniques sont pro-Polisario, mais plutôt leur insistance sur les normes des droits de l’homme et leur conviction que le Maroc peut réellement réforme, contrairement aux autres pays de la région. Il a suggéré de jeter un coup d’œil à la façon dont la presse britannique juge la Jordanie pour voir s’il y a un parti pris ou s’il y a juste une insistance plus forte sur les droits de l’homme, la démocratie, etc. Il a également pensé qu’il était sage de souligner que les journaux britanniques ont tendance à être simplement plus négatif en général, ou seulement pour être considéré comme plus objectif (ce que je pense que beaucoup de gens conviendraient qu’ils sont). Quant au fait que les journaux soient généralement très pessimistes sur le Maroc, eh bien ce sont des Britanniques après tout……

    Cameron a déclaré qu’il serait plus qu’heureux de partager tout ce qu’il a appris des conversations avec sa sœur, de la lecture de journaux britanniques ou du fait d’être un Britannique s’intéressant à la politique étrangère en général, mais il semble penser qu’un peu de cela pourrait être obtenu à partir de quelques comparaisons/recherches de la presse britannique.

    Faites-moi savoir si vous avez d’autres pensées ou préoccupations.

    al-bab.com, 11 déc 2014

    #Maroc #EtatsUnis #Marocleaks #HackerChrisColeman #Lobbying #MAPC #EdwardGabriel

  • Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

    Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

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    Par Nydia Egremy/Mejico Global

    Que ce soit par la corruption ou le harcèlement, les journalistes qui collaborent avec les agences de renseignement diffusent ou taisent des contenus afin de cacher la vérité. Dans ce sale jeu, les communicateurs sans scrupules ne remplissent pas leur fonction sociale de porte-parole du pouvoir : ils ne confirment pas la véracité des faits et détruisent les réputations tout en disqualifiant les gouvernements légitimes. Cette symbiose séculaire vise le contrôle social et ternit le travail des journalistes engagés et critiques qui exposent leur vie en couvrant fidèlement les conflits et les crises.

    Cacher la vérité et entraver l’exercice du droit à l’information, voilà ce qui se cache derrière l’utilisation des journalistes et des médias par les services de renseignement du monde entier pour désorienter, attiser les divergences et déformer les faits. On ne sait pas combien de journalistes sont employés par ces services, quels pays sont les plus pénétrés et quels services ils fournissent aux pouvoirs en place. Ce qui est confirmé, c’est que ce lien s’exprime par des textes et des images trompeurs et biaisés, basés sur des sources douteuses, des chiffres peu fiables et des euphémismes qui déforment la réalité.

    Bien que les gouvernements et les agences nient qu’ils emploient des journalistes et des médias à leur service, il est courant qu’ils versent des pots-de-vin pour diffuser des informations qui leur conviennent. L’opération Mockingbird, par exemple, a été conçue au milieu du siècle dernier par la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis pour infiltrer la presse écrite et électronique, les journalistes et les écrivains de même sensibilité en échange de pots-de-vin.

    Avant de diriger la CIA, Richard Helms a travaillé comme journaliste à l’United Press International (UPI) et a agi comme agent de renseignement. Grâce à ces réalisations, Zenzontle était si efficace que le copropriétaire du Washington Post, Phillip Graham, a déclaré : « On peut toujours trouver un journaliste moins cher qu’une prostituée de luxe.

    C’est encore vrai aujourd’hui. L’analyste Jason Simpkins rappelle que l’administration de George W. Bush, dans sa guerre contre le terrorisme, a falsifié des données sur le succès supposé de la guerre en Irak et les a diffusées sur 77 chaînes de télévision. C’est un fait qu’au moins 20 agences fédérales, dont le département d’État, produisent et distribuent des informations manipulées aux médias. C’est le triomphe de la propagande sur l’information légitime, conclut Simpkins.

    Journalisme dirigé

    Cette complicité perverse a été analysée par le lauréat du prix Pulitzer Carl Bernstein dans son texte The CIA and the Media, publié en octobre 1977. Dans le sous-titre, Bernstein décrit comment les médias américains les plus puissants ont travaillé, gants en main, avec cette agence et que la mission des journalistes cooptés était de servir d’yeux et d’oreilles à la CIA ; de rapporter ce qu’ils avaient vu ou entendu dans une usine d’Europe de l’Est, lors d’une réception diplomatique à Bonn ou dans le périmètre d’une base militaire au Portugal.

    En d’autres occasions, leur mission était plus complexe : ils semaient subtilement des éléments de désinformation fabriqués par les services secrets, réunissaient des espions étrangers avec des agents américains ou organisaient des déjeuners ou des dîners au cours desquels les journalistes étrangers étaient informés de la propagande qu’ils devaient répéter. Il était également courant de leur fournir des hôtels et des bureaux pour obtenir des informations sensibles, a déclaré Bernstein.

    Alors que cette complicité néfaste semblait appartenir au passé, en novembre 2014, les souvenirs de l’opération Mockingbird ont refait surface, lorsqu’un rapport du Sénat américain a révélé que la CIA avait donné aux médias et aux journalistes des informations manipulées sur les mérites supposés de ses techniques d’interrogatoire sur les suspects de terrorisme pour produire des articles, des livres et des émissions. Ce faisant, l’agence a cherché à détourner les critiques publiques concernant l’échec de son programme de détention et d’interrogatoire, que beaucoup ont qualifié de torture pure et simple.

    Le rapport ajoute que depuis 2005, des journalistes et des médias ont accepté de promouvoir la fausse version de la CIA sur l’efficacité de la torture ; l’un d’entre eux était le journaliste Douglas Jehl du New York Times (NYT). En juin de la même année, et grâce au témoignage d’anciens agents, le réseau NBC maintient la fausseté de la version de Jehl ; ce faisant, le réseau ne cherche pas l’intérêt public mais à sauver son image face au rejet croissant du rôle des médias par la société.

    Le rapport ajoute que fin 2002, le vice-président de l’époque, Richard Cheney, et d’autres responsables de la CIA ont convaincu le NYT de censurer dans un article le nom d’un pays (la Thaïlande) qui avait accepté d’accueillir une prison secrète de la CIA. Ces informations ont été révélées grâce au travail de journalistes attachés à la vérité.

    Lire aussi : Maroc, des journalistes français sous influence

    Une confession surprenante

    Le quotidien allemand Frankfurter Allgemaine Zeitug (FAZ) a la plus grande diffusion à l’étranger (148 pays) et sa ligne éditoriale de centre-droit ou libérale-conservatrice est définie par une coopérative de cinq rédacteurs. L’un d’entre eux était Udo Ulfkotte. En octobre dernier, M. Ulfkotte a admis qu’en échange de pots-de-vin, il avait publié des articles rédigés par la CIA et d’autres services de renseignement, notamment allemands, ainsi que ceux de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

    Dans sa confession inédite, Ulfkotte déclare : « J’ai menti, j’ai désinformé, j’ai manipulé la vérité en échange d’argent. L’ancien conseiller du gouvernement allemand explique qu’il l’a fait parce qu’il a été élevé pour mentir, trahir et ne pas dire la vérité au public ; il admet qu’il en a eu assez d’être pro-américain et que l’Allemagne soit une colonie américaine. Et il avoue que la couverture actuelle de la crise ukrainienne par la presse occidentale – et la FAZ – est, en plus d’être biaisée, un « exemple clair de manipulation de l’opinion publique ».

    Il semble que les rédacteurs et les journalistes aient mis des casques insonorisés virtuels pour publier que la Russie préparait une guerre imminente, souligne M. Ulfkotte. Dans son livre Journalistes achetés, il note que, comme lui, de nombreux collègues désinforment sur ordre des agences de renseignement et affirme que le magazine allemand Der Spiegel a publié que le Boeing malaisien abattu au-dessus de l’Ukraine (juillet 2014) l’a été par un missile russe. Une telle affirmation, admet-il, était sous la dictée des services secrets car il n’y avait aucune preuve.

    Avant la confession d’Ulfkotte, les documents divulgués par Edward Snowden en juillet 2013 ont révélé les relations étroites entre la presse d’entreprise et les agences de renseignement. Cependant, dans les trois mois qui ont suivi cette révélation, Robert Vargas, du Telegraph, a demandé : « Pourquoi les médias ignorent-ils la relation entre la National Security Agency (NSA) et les services de renseignement allemands ? Contrairement à l’hypothèse selon laquelle ils seraient désireux d’aborder la question, M. Vargas a souligné que les médias américains, britanniques et allemands n’avaient rien publié.

    Calomnie par slogan

    Depuis le triomphe de la révolution cubaine, les agences de renseignement américaines ont monté des campagnes de distorsion massives contre l’île. À cette offensive systématique des médias américains s’ajoute la récente fuite d’un rapport de cinq pages du Federal Bureau of Investigation (FBI) sur l’ingérence présumée de la Direction cubaine du renseignement (DI) dans le milieu universitaire américain.

    Dans son article Jugando a la noria. Journalismo recalentado y refritos del FBI, le journaliste Miguel Fernández Díaz expliquait en septembre dernier que le chroniqueur de sécurité nationale du Washington Post, Bill Gertz, s’est empressé de le commenter sans en vérifier la véracité et que Fox News a immédiatement reproduit le document, ce qui a exacerbé l’opposition cubaine.

    Le plus grand cas de manipulation des médias par le gouvernement et les agences américaines s’est produit entre 1999 et 2001, lorsque la presse américaine s’est jointe à la campagne acharnée contre les cinq antiterroristes cubains injustement poursuivis pour espionnage. Des documents officiels obtenus par le mécanisme de transparence américain (FOIA) confirment que des journalistes et des médias ont reçu d’importantes sommes d’argent pour influencer le jury et l’opinion publique.

    Parmi ceux qui ont écrit pour le compte de tiers, citons Oficina de Transmisiones Cuba – qui exploite Radio et TV Martí – en échange de 37 millions de dollars par an ; Ariel Remos du Diario Las Américas (qui a reçu quelque 25 000 dollars) ; le journaliste du Miami Herald Wilfredi Cancio Isla (22 000 dollars) ; le rédacteur en chef du Diario Las Américas Herren Fele (5 800 dollars) et l’animateur de Radio Mambí Enrique Espinosa (10 000 dollars).

    Carlos Alberto Montaner a reçu plus de 40 000 dollars pour avoir attaqué les Cinq dans sa colonne du Miami Herald et le journaliste du Nuevo Herald, Pablo Alfonso, a reçu des paiements totalisant 252 325 000 dollars. Tous ont glissé de faux liens entre les accusés et l’espionnage, fait allusion à des preuves fallacieuses, omis des preuves en leur faveur et déformé les faits.

    D’autres cas de médias et de cadres payés par des services de renseignement ont été révélés dans le monde entier. Un câble de WikiLeaks a révélé que le directeur d’Al Jazeera, Wadah Khanfar, a manipulé des informations pour satisfaire l’agence de renseignement de la défense américaine (DIA) et a été contraint de démissionner. Lorsque l’agence a protesté contre la couverture négative de la chaîne, Khanfar a modifié l’information.

    Le hacker Chris Coleman a affirmé que la Direction générale des études et de la documentation (le service de renseignement extérieur du Maroc) payait des journalistes étrangers pour leurs articles et reportages liant le Front Polisario de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au terrorisme djihadiste. C’est ce que révèle l’article WikiLeaks del maizen : les graves secrets du régime marocain exposés, par le professeur espagnol Carlos Ruiz Miguel.

    Dans son blog Desde el Atlántico, Ruiz cite Coleman qui affirme que l’agence a payé des journalistes tels que Richard Miniter (NYT, The Washington Post et Forbes), ainsi que le journaliste Joseph Braude, qui ont véhiculé dans leurs bureaux la fausse impression que les Sahraouis du Front Polisario étaient liés au terrorisme djihadiste.

    Le journalisme infiltré

    L’avocate Eva Golinger a dénoncé le financement par le département d’État de la presse et des journalistes de l’opposition au Venezuela et a prévenu que des programmes similaires existent dans d’autres pays d’Amérique latine. De son côté, le journaliste américain Jeremy Bigwood affirme que des agences américaines, telles que le très controversé Broadcasting Board of Governors, financent secrètement des médias et des journalistes sous prétexte de soutenir le développement des médias dans plus de 70 pays.

    Entre 1993 et 2005, les services secrets allemands (BND) ont recruté des journalistes pour surveiller leurs collègues : les sujets sur lesquels ils enquêtaient, leurs sources et leur vie privée. Selon l’ancien espion Wilhelm Dielt, qui a travaillé pour le magazine Focus en échange de 380 000 dollars sous le nom de code Dali, d’autres rédactions ont été infiltrées, notamment Der Spiegel, Stern, Berliner Zeitung et Süddeutsche Zeitung.

    En 2012, le journaliste du NYT Mark Mazzett a envoyé une copie d’un article de sa collègue chroniqueuse Maureen Dowd à la porte-parole de la CIA Marie Harf. L’article de M. Dowd portait sur une fuite de l’agence à Hollywood concernant le film Zero Dart Thirty (sur Oussama Ben Laden).

    En août 2013, le rédacteur et éditeur Wayne Madsen a cité le fait que les agents de renseignement opérant sous couvert de la presse prennent des rôles différents et travaillent pour les services de renseignement. Les médias infiltrés comprennent Radio Free Europe, Radio Free Liberty, Radio Free Asia, Alhurra, Radio Sawa, Radio et TV Marti, ainsi que Voice of America. D’autres médias signalés comme étant des façades de la CIA sont le Kyuv Oistm Cambodia Daily et Lidove Noviny à Prague.

    Il existe de nombreux journalistes qui, sous couvert d’être « indépendants », obtiennent des financements et des autorisations pour accompagner l’armée et la marine américaines dans leurs opérations, en échange d’articles bienveillants. Pour Martin Edmonds, analyste britannique au Centre for Defence and Security Studies, cette subordination est inacceptable, car elle affecte leur rôle dans la démocratie et ils perdent toute crédibilité et indépendance, dit-il.

    Correspondants, journalistes indépendants, rédacteurs, directeurs de l’information, chroniqueurs et commentateurs sont désormais dans le collimateur des services de renseignement. Les documents de Snowden confirment que le Centre de communication du gouvernement (GCHQ), l’une des trois principales agences de renseignement britanniques, classe les journalistes d’investigation comme une menace similaire aux terroristes, aux pirates informatiques et aux criminels. En outre, elle et d’autres agences envoient des messages de spam, surveillent les médias sociaux et utilisent des outils sophistiqués pour manipuler les sondages, les statistiques et les chiffres en ligne.

    En conclusion, il convient de souligner que cette relation trouble accroît la méfiance du public à l’égard des médias et que personne n’est tenu pour responsable.

    Miradas encontradas, 25 mars 2015

    LIRE AUSSI : Marocleaks et les journalistes français à la solde du Maroc

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  • Wikileaks : Les rapports entre l’Algérie et le Maroc

    Wikileaks : Les rapports entre l’Algérie et le Maroc

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    L’obsession algérienne, propagande contre le Front Polisario et un alignement total sur les Américains
    par Luones Guemache

    Soixante-dix pages de mémos diplomatiques émanant essentiellement de l’ambassade américaine à Rabat et couvrant la période entre 2005 et 2009. TSA s’est procuré les notes de la diplomatie américaine sur le Maroc, avant leur publication sur le site américain Wikileaks. Ces documents relatent notamment les conversations entre des responsables américains et des officiels marocains à Rabat : les ministres de l’intérieur et des affaires étrangères, les chefs des renseignements intérieurs et du contre-espionnage, de hauts cadres de l’Etat…

    On y trouve un peu de tout mais certains sujets reviennent régulièrement dans les échanges entre les Américains et leurs interlocuteurs marocains : la lutte contre le terrorisme islamiste au Maghreb et dans la région du Sahel, l’Algérie, la gestion de l’islam dans le Royaume ainsi que des sujets internationaux comme le nucléaire iranien -on apprend par exemple que Rabat était opposé à la bombe dès 2006 bien avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2009.

    Les documents mettent au jour l’obsession algérienne chez les responsables marocains. Dans leurs conversations avec les responsables américains, les Marocains mettent souvent en avant « le manque de coopération » des Algériens en matière de lutte contre le terrorisme dans la région. Ils imputent l’émergence d’Aqmi aux « échecs » d’Alger en matière de lutte contre le terrorisme. Une analyse que les Américains ne partagent pas. Selon eux, c’est au contraire grâce aux succès de l’Algérie que l’ex-GSPC a été contraint de s’associer avec Al-Qaïda pour créer Aqmi.

    Des responsables ont suggéré un lien direct entre le Front Polisario et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). On découvre aussi une implication plus importante qu’on pouvait l’imaginer de Rabat au Sahel. On apprend par exemple qu’en 2007, le Niger avait sollicité l’appui militaire du Maroc contre un groupe terroriste qui a pénétré depuis son territoire depuis l’Algérie. Pourquoi une telle demande n’avait-elle pas été adressée directement à l’Algérie ? Mystère.

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    Quand les responsables marocains parlent de l’Algérie comme d’une menace
    par Yazid Slimani

    Dans leurs entretiens avec les diplomates et les responsables américains en visite à Rabat, les officiels marocains accusent les Algériens de mettre de la mauvaise volonté pour coopérer avec eux dans la lutte anti-terroriste. C’est par exemple le cas du Directeur général pour la surveillance du territoire (services de renseignements intérieurs), Abdelatif Hammouchi, Lors de la visite à Rabat de l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend. « La coopération avec les Algériens est erratique affirme Hammouchi. Parfois ils nous fournissent de très bonnes informations et parfois on dirait qu’il s’agit d’impasse. Ces sont des partenaires difficiles, ajoute Yassine Mansouri (chef de la Direction générale des études et de la documentation, le service de contre-espionnage marocain, ndlr) », rapporte une note diplomatique du 31 juillet 2007, obtenue par TSA avant sa publication sur Wikileaks.

    Plus tôt la même année, le Directeur général des affaires bilatérales au ministère marocain des Affaires étrangères Youssef Amrani, avait ainsi « suggéré que l’émergence d’AQMI était principalement due aux échecs du gouvernement algérien », rapporte une note du 18 mai. Une position que ne partagent visiblement pas les Etats-Unis qui défendent la politique anti-terroriste de l’Algérie. A l’accusation de Amrani, un diplomate américain répond en effet que « le GSPC a été forcé de s’associer avec AQMI parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser ».

    Dans la même note, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur «s’est hérissé » lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme « un modèle » dans la lutte anti-terroriste en Afrique du Nord. Pour Zerouali, « le Maroc est beaucoup plus stable et sûr alors que je ne peux pas voyager d’Alger à Oran sans crainte ».

    Les documents de Wikileaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire. Une inquiétude rapportée notamment dans une note diplomatique américaine du 21 novembre 2006 transmise cinq jours après un entretien entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Omar Hilale et l’ambassadeur américain à Rabat au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Hilale affirme ainsi qu’ « un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc. Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire même s’il n’est que naissant ». « Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après, a-t-il dit », précise la note.

    Enfin, selon Rabat, si les relations bilatérales avec Alger ne s’arrangent pas, la responsabilité serait entièrement algérienne. Dans le mémo du 31 juillet 2007, les diplomates américains rapportent qu’après une visite à Alger, Fouad Ali Himma, adjoint au ministre de l’Intérieur leur a affirmé que « les efforts marocains répétés pour réduire l’abîme diplomatique ont été rejetés. Il a assuré avoir dit aux Algériens que le Maroc était prêt à rouvrir sa frontière et à prendre d’autres mesures pour rétablir la confiance, mais les Algériens ne nous ont jamais dit ce qu’ils voulaient », citent-ils. Il a attribué ce qu’il décrit comme l’intransigeance algérienne à l’écart générationnel et de mentalités entre les dirigeants des deux pays », rapporte la note américaine qui précise que Himma est un proche du roi Mohammed VI souvent considéré comme plus puissant que le ministre de l’Intérieur lui-même.

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    En proie à de nombreux problèmes, l’armée marocaine est préoccupée par le Front Polisario et l’Algérie
    par Samir Allam

    C’est un portrait peu flatteur que les diplomates américains dressent de l’armée marocaine. Dans un câble classé « secret » daté d’août 2008 et révélé par le site Wikileaks, les diplomates américains en poste à Rabat évoquent une armée marocaine en proie à des problèmes de corruption, une bureaucratie inefficace, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, des menaces récurrentes de radicalisation de certains de ses soldats, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental.

    Les effectifs de l’armée marocaine sont estimés à 218.000 soldats, selon le mémo de l’ambassade américaine à Rabat. L’armée de terre compte 175.000 soldats, 13.000 militaires composent la force aérienne est 7.800 sont dans la marine. La gendarmerie, qui « dépend directement du roi », compte 22.000 éléments. Le salaire moyen pour les militaires soldats est d’environ 2.000 dirhams (270 USD) par mois, note le mémo. Les officiers sont mieux rémunérés, avec un salaire de départ d’environ 6.000 dirhams (USD 850) par mois. « Avec des avantages tels que le logement gratuit, ces (salaires) sont raisonnablement compétitifs dans le contexte marocain », souligne le document.

    Le Sahara occidental constitue la principale préoccupation de l’armée marocaine. A une certaine période –que la note ne précise pas–, entre 50% et 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental.
    Sans surprise, l’autre préoccupation majeure de l’armée marocaine concerne l’Algérie. Selon le document américain, l’armée marocaine possède des « plans d’urgence » et effectue des simulations stratégiques pour contrer une possible attaque algérienne. Toutefois, l’armée marocaine ne dispose pas de troupes déployées le long de la frontière algérienne, selon le mémo. Les militaires marocains sont stationnés dans des garnisons situées à des centaines de kilomètres de la frontière algérienne d’où ils pourraient se déployer en cas d’incursion algérienne.

    Selon les diplomates américains, bien que la frontière entre les deux pays soit fermée et les relations froides, l’Algérie ne constitue pas une menace imminente pour le Maroc. Dans le cas d’une confrontation entre les deux pays, celle-ci aurait lieu via le Front Polisario, estiment-ils.

    Enfin, les Américains évoquent une solide coopération militaire entre les Etats-Unis et le Maroc. Mais les rédacteurs du document doutent des capacités du Maroc à acquérir des équipements militaires haut de gamme pour moderniser son armée. La cause ? Les coûts élevés de ces équipements ne sont pas à la portée des modestes moyens du royaume.

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    Pour Bouteflika, la France tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc»
    par Sonia Lyes

    Les documents de Wikileaks, révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par les quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), montrent des divergences de vues importantes entre Alger et Rabat au sujet du conflit au Sahara occidental. Des divergences qui viennent s’ajouter à la mésentente totale entre le président Bouteflika et le roi Mohamed VI.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis » . Ce qu’il faut, c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains », a déclaré le président algérien lors d’une rencontre ». C’est ce qu’a déclaré en 2007 à Alger le président Bouteflika à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend.

    Les Français, confiera le président Bouteflika lors d’une autre rencontre relatée par des diplomates américains, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». Selon lui, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Elle tente aujourd’hui de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    En février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination au Sahara occidental. Pour lui, la proposition marocaine n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes ont d’avantage d’autonomie vis-à-vis d’Alger que ce que propose Rabat pour le Sahara occidental, a fait remarquer le président algérien.

    Une position réaffirmée, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental ».

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    A Alger, la CIA dispose de sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes
    par Yazid Slimani

    Pour les Etats-Unis, l’Algérie est devenue ces dernières années le partenaire numéro 1 dans la lutte anti-terroriste au Sahel contre Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). C’est ce qui ressort des derniers documents diplomatiques révélés par Wikileaks. « Aucun pays n’est plus important que l’Algérie dans la lutte contre Al Qaida au Sahel et au Maghreb », affirme ainsi l’ambassadeur américain à Alger David Pearce dans une note du 6 janvier 2010, soit juste après l’inscription de l’Algérie sur une liste des pays à risque par l’Administration américaine pour la sécurité dans les transports.

    Les diplomates américains saluent l’intensité grandissante de la coopération politique, sécuritaire et économique avec l’Algérie. Mais ils se disent frustrés de la réticence des autorités algériennes pour partager leurs renseignements sur les groupes terroristes qui activent dans le pays et reprochent aux forces de sécurité de ne pas avoir transmis les informations qui auraient pu éviter les attentats de décembre 2007 contre les Nations Unies à Alger.

    La coopération dans le domaine du renseignement se fait aussi par l’intermédiaire d’une base active de la CIA qui possède sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes armés sur le territoire algérien via l’Africom. Cette présence de la CIA en Algérie n’a été publiquement révélée qu’en 2009 après l’affaire Warren, l’espion qui avait violé deux algériennes après les avoir droguées.
    D’ailleurs un câble datant du 1er février 2009 publié ces derniers jours par le quotidien libanais Al Akhbar, révèle que l’Etat algérien a fait pression sur la presse pour qu’elle cesse de couvrir cette affaire. Deux jours après la révélation du scandale, « il avait complètement disparu de la presse. L’absence quasi totale de couverture dans la presse publique montre bien que le gouvernement préfère que cette histoire s’apaise », est-il rapporté dans le même mémo.

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    Bouteflika méprise Mohamed VI à qui il ne serrera jamais la main
    par Samir Allam

    Abdelaziz Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. Et il l’a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia, selon des documents du site WikiLeaks révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par le quotidien espagnol El Pais. Mais le président algérien a assuré à ses interlocuteurs que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Sahara occidental, a expliqué le président Bouteflika.

    « Je ne serrerai pas la main du roi ». Le président Bouteflika a fait cette déclaration en juin 2006 à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger. Avant de décrire le monarque marocain comme « pas ouvert » et « sans expérience », selon la même source. Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, son plus ouverts. Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. « Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour », a-t-il déploré.

    Selon un document daté du 1er juillet 2006, le président Boutelika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à Alger, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc. Mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI.

    Les présidents Bush et Chirac ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard du roi. Le président algérien a rappelé que le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie. Mais le roi a fait subir un affront au président Bouteflika en annulant à la dernière minute une visite du premier ministre à Rabat. «Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue», avait alors déclaré Bouteflika.

    TSA-Algérie, décembre 2010

    #Maroc #Algérie #Wikileaks #SaharaOccidental #FrontPolisario

  • Laya: Everything was used in the crisis with Morocco

    Arancha Gonzalez Laya, Morocco, Spain, Front Polisario, Brahim Ghali, Algeria, Pegasus, spying, Western Sahara

    Gonzalez Laya: « Everything was involved in the crisis with Morocco: eavesdropping, denunciations and press campaigns ».


    The former head of MFA assures in an interview with ‘El Periódico de España’ that everything was used to « muddy » the attention to BrahimGhali, alluding to Morocco. « And when I say everything, has been everything »

    Sacrificed in the remodeling of the Government last July to try to calm Morocco, Arancha González Laya (San Sebastián, 1969), is now dean of the Paris School of International Affairs*. She remains linked to what could be summed up as ‘power’, because this institution acts as an incubator for some of the next international leaders. But she doesn’t seem to miss him. She exercised it in the Ministry and lost it, without an iota of nostalgia. She also helps the wide network of contacts that she treasures. Having concluded her stage of « public service » – it is obvious that she feels more like a high-ranking official than a politician – she is now going to dedicate herself to rethinking Europe and imagining the idea of a new political community on the continent, launched by Emmanuel Macron.

    Q. She was dismissed in July of last year, in the middle of the diplomatic crisis with Morocco. Did she become aware that this matter was going to cost her job?

    A. I have never acted either to keep myself in office or to lose it. I have always remained faithful to the principles, interests, and values of my country, which are what I had to represent.

    Q. What did the PM tell you when he called you?

    A. That must be within the discretion between the PM and his ministers.

    Q. Morocco turned the reception of BrahimGhali into an element of confrontation against Spain and against you, but the root of the problem was something else: the fact that the Government had not made any gesture of support for the change in the US position on Western Sahara.

    A. Everything served at that time to muddy a decision of a humanitarian nature towards a Spanish citizen, who needed immediate help. Humanitarian care has a long tradition in our foreign policy. Saharawis and many other nationalities. We must defend this tooth and nail because it is part of our identity as a country. And we also must be defenders of relations with our neighbors, Morocco, Algeria, Libya, Senegal, Mauritania, and many others, understanding that they will only be good if they are managed from co-responsibility and represent the interests of both parties.

    Q. Was it a mistake to welcome Ghali without measuring the consequences? I mean, you must have been aware that there was a prior malaise about Western Sahara. Shouldn’t he have at least minimized the impact by warning Rabat instead of opting for a discreet entry by the leader of POLISARIO?

    A. It is that they are issues that run through different channels. Spain has always been very clear about the need to seek an agreed solution, and this is very important, in accordance with international law and giving the maximum support to the UN. That has been the constant in our country’s position and it had to be defended very clearly, helping the parties, trying not to do anything that could frustrate that agreement, but bearing in mind that it was one more issue (in the relationship with Morocco), not the only one. We must not mix the plans because if we do, we may fall into the temptation of restricting Spain’s ability to exercise its foreign policy.

    Q. But a previous call would not have prevented Morocco from using it against Spain and against you.

    A. History cannot be remade and that is why it makes no sense to enter in considerations of the type what if, what if, what if… I insist, Spain must have the capacity to exercise an autonomous foreign policy, always seeking the best relations with our neighbors. I did it during my tenure. I have been the FM who has made the most visits to these countries and I paid particular attention to all of them.

    Q. Has Spain given in to Morocco, first with your dismissal and then with support for its autonomy plan for Western Sahara?

    A. You will allow me not to enter intosuch considerations. I am extremely respectful of the principle of loyalty to the Government in which I have served. I will not go into those considerations.

    Q. Your telephone number, like that of the PM and other ministers, was attacked at the worst moments of the diplomatic crisis with Morocco

    A. Everything has served in this crisis to muddy that humanitarian aid. And when I say everything has been everything: wiretaps, complaints, campaigns, including press campaigns. It has been quite evident. For me it is a chapter that belongs to the past.

    Q. Minister, but it has not been known if your phone, like the rest, was spied on with Pegasus. In the Executive they have not wanted to confirm it. They maintain that they are not aware that in their case it was with this ‘software’, which Morocco has.

    A. The telephone numbers of those responsible for government have a channel for their protection and to investigate violations of their integrity and I believe that this question should be addressed to whom it belongs, which is not me.

    Q. But did you put your phone in the hands of the competent authorities within the Government, when you thought that your mobile could have been attacked?

    A. Yes, but all these questions, I would prefer if you addressed them where they belong, which is not me. I want to be, I repeat, tremendously scrupulous with the rules of the game, especially in a matter like this, which is very serious.

    Q. You pointed to wiretapping, complaints… the accusations against you for Ghali’s entry have just been dismissed. Do you think Rabat was behind? I say this for two circumstances. There was at least one accusation with Moroccan interests and the judge’s actions have been very striking. He never accepted any of the MFA arguments and just completely changed his mind a week before the agreement with Morocco on Western Sahara was known. The Court has knocked down all his investigation.

    A. Of this episode, certainly a bit curious, I am left with the decision of the Provincial Court of Zaragoza, after an appeal filed by the State Attorney, to whom I have much to thank, for the good work in defending the interests of our country. The court has said the same thing that I have maintained from the beginning. First, that it was a humanitarian decision. And second, that it was done in accordance with the law. But we have a very serious problem in our country, which is a judicialization of politics and the growing politicization of justice.

    Q. Do you think that after the Western Sahara, Mohamed VI’s next claim will be Ceuta and Melilla?

    A. We must be very clear to anyone who has any doubts: Ceuta and Melilla are part of Spain and, therefore, of the EU.

    Q. Can you help them understand the establishment of commercial customs at the two borders, which is one of the issues included in the joint statement with Morocco?

    A. I don’t want to make value judgments about which are the elements that would reinforce or not… It is very clear: Ceuta and Melilla have been and are part of Spain.

    Q. How deep do you think the diplomatic crisis with Algeria is now?

    A. I am going to be very cautious on this issue as well, but I do believe that Spain should have the best relations with all its neighbors. With Algeria, with Morocco, with Libya, with Mauritania, with Senegal. And when I say the best, they must be the best. In a neighborhood we all need each other.

    Q. Can the gas supply to Spain be at risk?

    A. I hope not, and I want to believe not. Spain and Algeria, and more broadly Algeria and the EU, have a framework of relations that should allow them to deepen, also in the energy field. Spanish firms are committed to investments in Algeria and to their industrial project in this area.

    Q. Can’t Italy get ahead of us?

    A. I believe that relations between Spain and Algeria must be redirected. It’s very important. For the two countries.

    Q. I mentioned before the historical position of Spain of a solution on Western Sahara around the UN, but in the last two years several countries, the US, France, Germany, Spain, the Netherlands, have spoken in favor of the Moroccan plan.

    A. There will only be long-term stability if there is an agreement between the parties. That pact can be illuminated only through the PESG de Mistura.

    Q. But, is it more difficult now, when Spain has opted for an option?

    A. It is more necessary than ever.
    (…)

    *(Paris School of International Affairs (PSIA) is a graduate school of Sciences Po [also referred to as the Institutd’études politiques de Paris])

    El Periódico, Jun 07, 2022

    #Spain #Morocco #Algeria #WesternSahara #Arancha_Gonzalez_Laya #Pegasus #Spying

  • Le Maroc finance des groupes anti-Polisario en Espagne-CNI-

    Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, CNI, MSP, ASADEH, ACAVITE, DGED

    La pression exercée par le Maroc après la réception du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne, est passée par deux canaux, l’un judiciaire et l’autre médiatique. Un rapport « confidentiel » du Centre National d’Intelligence (CNI) indique que durant les relations tendues entre Madrid et Rabat, les services de renseignement marocains ont « harcelé » Ghali afin d’ »entraver sa mobilité » et de « créer dans la presse un état d’esprit conforme à leurs intérêts ». Le document, auquel El País a eu accès, affirme que le Maroc a alloué « des ressources considérables, y compris des ressources économiques » pour réactiver les procès en cours contre le Front Polisario en Espagne et pour harceler le gouvernement de Pedro Sánchez afin qu’il prenne parti pour le Maroc dans la résolution du conflit sahraoui.

    Dans le dossier annexé au rapport, le CNI inclut une liste d’associations et de groupes qui collaboreraient avec la Direction générale des études et de la documentation (DGED), c’est-à-dire le service de renseignement extérieur marocain. Le document affirme que Rabat fournit des fonds à certains groupes opposés au Front Polisario en Espagne et indique, entre autres, l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), le Mouvement sahraoui pour la paix (MSP) et l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadedh).

    Selon le rapport des services secrets espagnols, la présidente d’Acavite, Lucía Jiménez, a demandé une aide financière au Maroc en 2012 pour « dénoncer le Front Polisario pour les crimes commis contre les Espagnols entre 1973 et 1988 ». Mme Jiménez dément catégoriquement ces propos et nie que l’association ait « jamais » reçu de l’argent du Maroc. « C’est une intoxication fausse et nuisible pour les victimes », se défend la présidente d’Acavite, qui affirme ne pas savoir pourquoi le CNI a pu les mêler à Rabat. Elle estime également « indécent » que les victimes soient utilisées dans des stratégies géopolitiques. Mme Jiménez, qui rejette catégoriquement toute relation avec le pays voisin, annonce qu’elle intentera une action en justice contre ceux qui prétendent qu’Acavite est financée par le Maroc ou lié à lui de quelque manière que ce soit.

    Hach Ahmed impute la rédaction du rapport à un « loup solitaire » du service de renseignement espagnol.

    Le secrétaire général du Mouvement sahraoui pour la paix, Hach Ahmed Baricalla, s’étonne de la « pauvreté » du rapport du CNI, car selon lui, il ne comprend qu’une liste de personnes qui se sont montrées opposées au Front Polisario. « Il s’agit d’un travail d’archives de journaux, ce n’est pas une enquête de renseignement », déclare Baricalla, qui souligne que le contenu « n’est pas très sérieux et ne correspond pas au prestige d’une institution comme le CNI ». Il estime que ce document pourrait avoir été produit par « un loup solitaire » du CNI et doute qu’il s’agisse d’un rapport authentique du service de renseignement espagnol, car « il n’apporte rien de nouveau ».

    Le rapport précise que le MSP agit comme une « façade » pour les services secrets marocains. Hach Ahmed, qui est un ancien représentant du Front Polisario en Espagne, reconnaît qu’ils ont pu infiltrer son organisation, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit « la façade de qui que ce soit ». Il exprime également sa préoccupation quant à la possibilité que derrière le document se trouvent « des secteurs conservateurs qui sont mal à l’aise avec la nouvelle position du gouvernement espagnol et la possibilité de résoudre le conflit au Sahara Occidental », parce qu’ils veulent que le Maroc « continue à être impliqué dans une guerre avec les Sahraouis ».

    Le CNI rappelle que Fadel Breica, blogueur et militant sahraoui appartenant au MSP, a dénoncé avoir été torturé par le Front Polisario en juin 2019 dans les camps de réfugiés de Tindouf. Selon le rapport, Breica a effectué ce voyage sur instructions du Maroc dans le but de « provoquer » la direction du Polisario et de forcer son arrestation. En outre, le document affirme que les « seuls revenus » de l’activiste proviennent du service de renseignement extérieur marocain. Le secrétaire général du MSP précise que ces événements ont eu lieu un an avant la création de son organisation, il ne peut donc y avoir de lien entre les deux événements.

    #Maroc #Espagne #SaharaOccidental #FrontPolisario #BrahimGhali #CNI #MSP #ASADEH

  • Espagne: Les services secrets déchaînés contre le Maroc

    Espagne: Les services secrets déchaînés contre le Maroc

    Maroc, Espagne, Front Polisario, Brahim Gali, Mouvement Sahraoui pour la Paix, MSP, Hach Ahmed, Sahara Occidental, Fadel Breica, ASADEH, DGED,

    Gonzalez Laya affirme que tout a été utilisé dans la crise avec le Maroc : les écoutes, les dénonciations et les campagnes de presse.

    -Un rapport du CNI révèle les manœuvres du Maroc en Espagne pour encourager une offensive judiciaire et médiatique visant à harceler Brahim Ghali et à créer un état d’esprit dans la presse favorable à ses intérêts.
    -Rabat a utilisé des ressources économiques pour réactiver toutes les plaintes et les procès intentés devant les tribunaux espagnols contre le Front Polisario et son leader.
    -L’ancien ministre des affaires étrangères insiste sur le fait que l’Espagne, qui doit avoir la capacité d’exercer une politique étrangère autonome, a été claire dans la recherche d’une solution pour le Sahara Occidental en accord avec le droit international.

    L’ancienne ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, qui a été démise de ses fonctions au lendemain de la crise avec le Maroc après que le leader du Front Polisario, Brahim Gali, ait été accueilli pour un traitement Covid-19 en Espagne, affirme que tous les moyens ont été utilisés à l’époque.

    L’ancienne ministre, dans des déclarations à El Periódico de España sur la question de savoir si l’Espagne a cédé au Maroc, d’abord dans son licenciement et ensuite avec le soutien au plan d’autonomie pour le Sahara occidental, n’entre pas dans des considérations et dit seulement qu’elle est « extrêmement respectueuse du principe de loyauté » envers le gouvernement dans lequel elle a servi. En ce qui concerne ce que Pedro Sánchez lui a dit quand il l’a licenciée, elle répond que « c’est une question de discrétion entre le président et ses ministres », et en ce qui concerne la possibilité que l’espionnage de son téléphone ait été fait avec Pegasus, un système dont dispose le Maroc, que « cette question doit être adressée à la personne appropriée ».

    Arancha González Laya a fait cette déclaration le jour même où El País a révélé un rapport du Centre national d’intelligence qui a averti le gouvernement des manœuvres du Maroc en Espagne après l’accueil du leader sahraoui, contre lequel il a encouragé une offensive « judiciaire et médiatique » dans le but de « harceler » Ghali, « d’entraver sa mobilité et de « créer un état d’opinion dans la presse conforme à ses intérêts ».

    Le document du CNI, daté du 24 juin 2021, indique que Rabat a utilisé « des ressources considérables, y compris financières » pour « réactiver toutes les plaintes et actions en justice » déposées devant les tribunaux espagnols contre le Front Polisario et son chef, « ainsi que de nouvelles plaintes et actions », et pour « mobiliser la colonie marocaine » afin qu’elle manifeste contre la décision de prendre Gali, dans le but de « faire pression sur le gouvernement espagnol pour obtenir une position favorable au Maroc dans le conflit du Sahara occidental ».

    Collaborateurs des services secrets marocains

    Le document comprend une annexe avec l’identité de personnes et d’organisations qui collaboreraient en Espagne avec la DGED, le service de renseignement extérieur des forces armées marocaines, parmi lesquelles l’Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADEDH), qui en 2007 a déposé une plainte contre Ghali et d’autres dirigeants du Polisario pour « génocide ». Le CNI affirme que cette association est dirigée par la DGED via son président, Ramdan Mesaud Larbi ». Ce dernier a tout démenti à El País.

    Le rapport cite également l’Asociation Canarienne de Victimes du Terrorisme (Acavite), dont la présidente, Lucia Jiménez, nie ces faits, ainsi que d’autres personnes qui auraient collaboré avec les services secrets marocains, dont plusieurs avocats.

    Un autre des collaborateurs présumés mentionnés dans le rapport d’El Pais est Fadel Breica, membre du Mouvement sahraoui pour la paix (MSP), fondé par l’ancien responsable du Polisario Hach Ahmed, que le CNI désigne comme une « façade » pour les services secrets marocains. Ce mouvement a été décrit par l’ancien Premier ministre José Luis Rodríguez Zapatero – défenseur de la thèse marocaine sur le Sahara occidental -, qui a participé par vidéoconférence à son congrès en octobre 2020, comme le grand espoir du peuple sahraoui. Breica et Ahmed nient tous deux tout lien avec la DGED.

    Le même média a révélé un jour plus tôt que les services de renseignement avaient conclu que l’entrée de milliers d’immigrants clandestins à Ceuta en mai de l’année dernière faisait partie de la stratégie de « pression » du Maroc pour amener Madrid à reconnaître sa souveraineté sur l’ancienne colonie.

    Cependant, le journaliste Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, affirme sur son compte Twitter que le CNI n’a pas informé correctement le gouvernement de Pedro Sánchez de la crise migratoire à Ceuta et des relations avec le Maroc, puisque la crise avec le Maroc n’a pas commencé en avril 2021 avec l’accueil de Ghali en Espagne. Il affirme que « cela a commencé le 10/12/2020 lorsque Rabat a annulé le sommet avec le gouvernement espagnol et a laissé partir des milliers de migrants vers les îles Canaries ».

    Écoutes, plaintes et campagne de presse

    Lorsqu’on a demandé à González Laya si le Maroc avait transformé l’accueil de Ghali en un élément de confrontation contre l’Espagne et contre elle, alors que le problème était le manque de soutien du gouvernement au changement de position de Donald Trump sur le Sahara, l’ancienne ministre a déclaré que « tout a été utilisé à l’époque pour brouiller une décision humanitaire envers un citoyen espagnol, qui avait besoin d’une aide immédiate ». « Et quand je dis tout, il y a eu tout : écoutes, plaintes, campagnes, y compris de presse. C’était évident », dit-il.

    Elle ajoute que cette aide humanitaire a une longue tradition dans la politique étrangère espagnole « aux Sahraouis et à de nombreuses autres nationalités », et que « nous devons la défendre bec et ongles car elle fait partie de notre identité en tant que pays ».

    Sur la question de savoir si l’accueil de Ghali était une erreur et si le Maroc aurait dû être prévenu, étant donné qu’il y avait déjà eu des troubles au sujet du Sahara, elle a déclaré que « l’Espagne a toujours été très claire sur la nécessité de rechercher une solution concertée, ce qui est très important, conformément au droit international et en apportant un soutien maximal aux Nations unies », ce à quoi elle a ajouté que « l’Espagne doit avoir la capacité d’exercer une politique étrangère autonome, en recherchant toujours les meilleures relations avec ses voisins ».

    En ce qui concerne le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, elle affirme qu’ »il n’y aura de stabilité à long terme que s’il y a un accord entre les parties » et que « ce pacte ne peut être réalisé que par l’intermédiaire de l’envoyé spécial des Nations unies ». Si c’est plus difficile aujourd’hui, alors que l’Espagne a opté pour une seule option, elle affirme que « c’est plus nécessaire que jamais ».

    En ce qui concerne le non-lieu prononcé à l’encontre de l’ancienne ministre pour l’entrée de Ghali, l’intervieweuse, Marisol Hernández, demande à González Laya si elle pense que Rabat en est à l’origine, en raison de deux circonstances : « Il y avait au moins une accusation avec des intérêts marocains et les actions du juge ont été très frappantes. Il n’a jamais accepté aucun des arguments du ministère des affaires étrangères et a complètement changé d’avis juste une semaine avant l’annonce de l’accord avec le Maroc sur le Sahara. L’Audiencia a annulé toute son enquête ».

    L’ancienne ministre a répondu que face à cet épisode, « certainement un peu curieux », il lui restait la décision de l’Audience provinciale de Saragosse, qui, selon elle, était une décision humanitaire, prise conformément à la loi, et a opiné : « Nous avons un problème très grave dans notre pays, qui est une judiciarisation de la politique et la politisation croissante de la justice ».

    À la question de savoir si, après le Sahara, la prochaine revendication de Mohammed VI sera Ceuta et Melilla, la réponse est catégorique : « Nous devons être très clairs avec tous ceux qui ont des doutes : Ceuta et Melilla font partie de l’Espagne et, par conséquent, de l’UE ».

    #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #Frontpolisario #BrahimGhali #GonzalezLaya #MSP

  • Les dessous de la stratégie de « pression » du Maroc pour que Madrid reconnaisse sa souveraineté sur le Sahara Occidental

    Maroc, Espagne, CNI, Sahara Occidental, Algérie, Iles Canaries, Ceuta, Migration, Front Polisario, Brahim Ghali,

    Par Tarek Benaldjia

    Les migrants… une carte de pression marocaine sur l’Europe dans la bataille pour la souveraineté sur le Sahara Occidental. Les événements des 17 et 18 mai à la frontière de Ceuta n’étaient pas la première fois que le Maroc utilisait des migrants pour faire pression sur l’Espagne. Ces derniers mois, les îles Canaries espagnoles ont également connu une vague d’immigrants en provenance du Maroc et d’autres pays africains. La stratégie marocaine est similaire à celle poursuivie par la Turquie, qui utilise également la menace de laisser entrer les migrants dans l’Union européenne comme levier dans ses négociations avec Bruxelles.

    Le CNI attribue la crise de Ceuta au « discours agressif » de Rabat sur le Sahara Occidental. Les services de renseignements espagnol ont conclu que l’entrée de milliers d’immigrants faisait partie de la stratégie de « pression » du Maroc pour que Madrid reconnaisse sa souveraineté sur l’ancienne colonie.

    Le 18 mai de l’année dernière, le gouvernement espagnol a tenté de faire face à la crise provoquée par l’entrée, depuis la veille, de milliers d’immigrants irréguliers à Ceuta face à la passivité des autorités marocaines. La situation a déclenché les alarmes au sein du gouvernement et le président, Pedro Sánchez, s’est rendu d’urgence dans la ville nord-africaine, où l’armée avait été déployée pour aider la police nationale et la garde civile, submergées par le flot de personnes qui traversaient la frontière. Ce jour-là, le Centre national de renseignement (CNI) a rédigé un rapport « réservé » de quatre pages, qu’il a envoyé à Sánchez et à d’autres membres de son exécutif. Il y analysait l’état à cette époque des « relations » avec le Maroc « après l’accueil » en Espagne, un mois plus tôt, de Brahim Gali, chef du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pour être soigné pour une infection covid grave.

    Le document, auquel EL PAÍS a eu accès, encadre cet afflux massif d’immigrants dans le « discours agressif » avec lequel Rabat voulait que Madrid change sa position sur la question du Sahara occidental. Et il souligne que le Maroc a tenté « d’impliquer directement le président du gouvernement ». Un deuxième rapport du CNI, daté du 24 juin, insiste sur la même idée en concluant que l’objectif était « de faire pression sur le gouvernement espagnol pour qu’il adopte une position favorable au Maroc dans le différend sur le Sahara Occidental ». En mars, 10 mois après la crise de Ceuta, Sánchez a abandonné la position traditionnelle de neutralité de l’Espagne dans le conflit du Sahara, maintenue pendant 47 ans, et s’est rangé du côté de Rabat, considérant sa proposition d’autonomie pour l’ancienne colonie « comme la plus sérieuse, réaliste et crédible base de résolution du litige ».

    Peu de temps après cette dernière annonce, on a appris qu’en pleine crise de Ceuta, les téléphones portables de Sánchez lui-même, du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska ; de la chef de la Défense, Margarita Robles, et de la chef des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya — qui quittera l’exécutif en juillet suivant — avaient subis des attaques avec le programme d’espionnage Pegasus. L’organisation non gouvernementale Amnesty International avait déjà accusé le Maroc à l’été 2021 d’utiliser ce virus informatique pour espionner 50 000 téléphones, dont celui du président de la France, Emmanuel Macron. Rabat a toujours nié avoir utilisé Pegasus. Le tribunal national enquête depuis un mois sur qui est derrière les attaques contre Sánchez et ses ministres.

    Dans le rapport du 18 mai, le CNI analyse l’évolution de la politique étrangère marocaine dans les mois précédant la crise de Ceuta. Il ressort qu’elle s’était attachée à faire en sorte que le président américain, Joe Biden, maintienne la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara que son prédécesseur, Donald Trump, avait concrétisée en décembre 2020. Le document ajoute qu’après avoir considéré cet objectif atteint, Rabat avait adopté « un discours agressif visant à ce que d’autres pays suivent cette décision ou révisent leur position » sur l’ancienne colonie espagnole.

    « Cependant -le document recueille-, dans le cas de l’Espagne, la position marocaine avait été maintenue dans le cadre d’une relation marquée par la compréhension et la coopération », une situation qui a changé lors de l’arrivée, le 18 avril, de Gali à un hôpital à Logrono. Les services secrets soulignent que Rabat est passé de considérer cet événement comme « une opportunité de discréditer le leader du Front Polisario, à gérer cette situation comme une ‘magnifique opportunité’ pour obtenir de plus grandes concessions de notre pays dans la sphère bilatérale ».

    Une stratégie menée par Mohamed VI

    Pour ce faire, ajoute le CNI, le Maroc a initié « une stratégie parfaitement planifiée et dirigée depuis les plus hauts niveaux du pouvoir » et, plus précisément, par le roi Mohamed VI. « Le monarque marocain a été directement impliqué dans la stratégie en considérant que la décision espagnole a été approuvée par plus hauts niveaux de décision politique dans notre pays et jugé les explications reçues insuffisantes », souligne le service secret. Le rapport souligne qu’à l’époque les autorités de Rabat considéraient déjà que Berlin et Madrid avaient « négativement » influencé leurs aspirations à obtenir plus de soutien au sein de l’UE pour leur position sur la question sahraouie. Pour le Maroc, « la proximité de l’Espagne et sa position » constituaient « l’un des principaux obstacles à l’exercice de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire du SO [Sahara occidental] ».

    Le document désigne Fouad Alí el-Himma, conseiller du roi Mohamed VI (avec qui il est ami depuis l’enfance) et fondateur du Parti de l’authenticité et de la modernité, le deuxième plus voté aux élections de 2016 et 2021, comme le planificateur de El-Himma a partagé une table avec Pedro Sánchez en avril à l’iftar (le repas qui clôt le jeûne du ramadan) organisé par Mohamed VI et qui symbolisait la fin de la crise diplomatique. Aux côtés de ce conseiller du monarque, le CNI place le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et les responsables de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, le service de renseignement extérieur dépendant des Forces armées marocaines) , Yassin Mansouri, et de la Direction générale de la surveillance du terrorisme (DGST, le service secret intérieur), Abdellatif Hammouchi.

    La CNI les tient également pour responsables de « diverses actions d’influence » sur les réseaux sociaux, les médias et les tribunaux. Parmi ces dernières, la réactivation de deux procédures devant la Haute Cour nationale contre le leader du Front Polisario qui avaient été mises au placard pendant un certain temps se démarque. Le rapport leur attribue également la prétendue tentative d’introduire le débat sur l’opportunité de recevoir Gali au Congrès par des questions écrites de députés espagnols – entre mai et juin de cette année-là, Vox a présenté près de cinquante de ces questions, un nombre bien supérieur à celle du PP, la deuxième formation la plus active en ce sens —, ainsi qu’en Europe « par l’intermédiaire d’un eurodéputé français », qu’il n’identifie pas.

    Le rapport souligne que le Maroc a maintenu cette stratégie jusqu’au 10 mai 2021 « approximativement », date à laquelle il a entrevu la possibilité que Gali quitte l’Espagne sans qu’aucune action en justice ne soit intentée contre lui, comme cela s’est finalement produit trois semaines plus tard. À ce moment-là, le Maroc a changé de stratégie et l’a recentrée sur la migration irrégulière. Le CNI souligne que jusqu’au 16 mai de l’année dernière « il n’y avait pas eu de changement évident en termes de collaboration bilatérale » sur cette question. Cependant, coïncidant avec la fin du ramadan, il affirme qu’il a commencé à se répandre « parmi la communauté migrante subsaharienne que les FCS [Forces et corps marocains de sécurité] allaient retirer les contrôles sur la côte nord. Cela a provoqué la tentative de départ de plusieurs bateaux des côtes de Tanger et l’arrivée à Ceuta de migrants qui ont nagé toute la journée du 17 mai.

    Itinéraire depuis Rabat

    Le CNI n’hésite pas à affirmer que la police marocaine a reçu des instructions de Rabat « d’assouplir la surveillance dans la bande côtière de Larache à Saïdia [plus de 200 kilomètres] » et que les autorités des communes de la zone « ont instruit les chauffeurs de taxi et propriétaires de moyens de transport à mettre leurs véhicules à disposition pour le transfert des immigrés subsahariens pour les emmener vers la périphérie de Ceuta ». Il a également averti que quelques jours plus tôt, le 15 mai, les autorités marocaines avaient donné « des instructions pour laisser passer les bateaux d’immigrants vers les côtes espagnoles ». Dans le même temps, la présence policière marocaine a disparu au poste frontière d’El Tarajal, « ce qui a facilité l’entrée simultanée de dizaines d’immigrés, notamment des jeunes ». Au moins 10 000 personnes, dont de nombreux mineurs, ont traversé la frontière de manière irrégulière à cette époque.

    Le CNI affiche sa conviction qu’à partir de ce moment, Rabat allait « maintenir comme ligne d’action prioritaire l’adoption de nouvelles mesures souverainistes dans le Sud-Ouest [Sahara Occidental] ». Et il pointe la possibilité qu’elle ait provoqué des incidents qui « rouvriront le débat sur les zones de chevauchement entre les eaux sahraouies et les îles Canaries ». Le parlement marocain avait déjà approuvé en janvier 2020 deux lois qui étendaient la zone économique exclusive sur les eaux du Sahara occidental à 200 milles nautiques, ce qui n’est pas reconnu internationalement. Les services secrets espagnols n’excluent pas non plus que Rabat ait promu « des actions pour tenter de prendre le contrôle de l’espace aérien sahraoui, actuellement sous contrôle espagnol ».

    Le document prédit que Rabat tiendrait à partir de ce moment « un discours dur et inamical lorsqu’il aborderait les questions les plus délicates pour l’Espagne », comme la réouverture des frontières terrestres de Ceuta et Melilla, qui étaient fermés depuis plus d’un an en raison de la pandémie et n’ont rouvert que le 17 mai. Les services de renseignement espagnols rapportent également que le ministre Bourita avait recommandé « de continuer à maintenir une montée progressive de la pression » sur l’Espagne. Et il souligne comme « très probable » que Rabat a appelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, pour des consultations, qui ont eu lieu le jour même de la rédaction du rapport.

    Pour le CNI, dans la crise, il s’agissait de « déterminer le poids qu’a la composante personnelle de Mohamed VI ». Le document conclut en soulignant qu’ »il ne peut être exclu que Rabat laisse au second plan les conséquences pour les relations bilatérales et décide de maintenir son escalade de tension, sans pour autant poursuivre des objectifs précis au-delà de l’écoute des instructions du monarque ».

    La CNI et l’ambassade du Maroc en Espagne ont refusé de commenter le contenu de ce document.
    JOSE BAUTISTA OSCAR LOPEZ-FONSECA
    EL PAIS, 06/06/2022

    #Maroc #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #FrontPolisario #BrahimGhali #CNI #Ceuta #Migration

  • La marche verte: un coup monté entre Hassan II et Juan Carlos

    La marche verte: un coup monté entre Hassan II et Juan Carlos

    Maroc, Sahara Occidental, Juan Carlos de Borbón, Marche Verte, Hassan II, documents déclassifiés de la CIA, Ambassadeur Wells Stabler, Front Polisario, Algérie,


    S’adressant à la foule, dans son discours du 5 novembre 1975 ordonnant le départ de la Marche Verte, le défunt roi Hassan II a dit : « Si tu rencontres un Espagnol, civil ou militaire, échange avec lui le salut et invite-le sous la tente à partager ton repas. « Nous n’avons aucune inimitié à l’égard des Espagnols ni ne ressentons de rancoeur à leur endroit car si nous avions voulu faire la guerre à l’Espagne, nous n’aurions pas envoyé des civils désarmés mais plutôt une armée (…) « Et s’il advient, Cher peuple , que des agresseurs, autres qu’Espagnols, attentent à ta Marche, sache que ta valeureuse armée est prête à te protéger ».

    Aujourd’hui, des documents déclassifiés par la CIA expliquent le sens de ces mots. Un rapport sur un entretien entre le prince héritier espagnol à l’époque, Juan Carlos de Borbón, et l’ambassadeur américain en Espagne Wells Stabler révèle comment le Maroc et l’Espagne avaient conclu un accord pour que la Marche Verte se déroule sans dégâts. Les espagnols avaient même indiqué les zones risquées pour les marcheurs à cause des mines. C’est ce qui explique ce discours conciliateur avec les espagnols.


    Texte intégral d’un rapport qui pulvérise le mythe de la Marche Verte qualifiée par les marocains comme l’épopée du siècle, fruit du génie du roi Hassan II, alors que tout était préalablement arrangé par les américains.

    Sahara espagnol

    L’Espagne et le Maroc ont conclu un accord visant à réduire la menace d’un affrontement majeur lors de la marche de volontaires marocains non armés vers le Sahara espagnol, dont le roi Hassan a annoncé le début aujourd’hui. Malgré cela, une certaine violence est probable.

    Le Prince Juan Carlos a dit à l’Ambassadeur Stabler que Madrid et Rabat ont accepté que les marcheurs ne pénètrent que de quelques kilomètres dans le Sahara espagnol et ne restent que peu de temps dans la zone frontalière, d’où les troupes espagnoles ont été retirées. Le Prince a ajouté qu’une délégation symbolique d’environ 50 Marocains sera autorisée à se rendre dans la capitale territoriale d’El Aaiun.

    La zone au-delà de laquelle les marcheurs ne sont pas censés aller est délimitée par des champs de mines clairement marqués, selon un autre responsable espagnol. Juan Carlos a déclaré que les forces espagnoles utiliseraient tous les moyens à leur disposition pour empêcher les Marocains de se déplacer au-delà de la zone convenue.

    Le roi Hassan n’a fait aucune mention de l’accord avec Madrid dans son bref discours d’hier annonçant que sa marche verte aurait lieu aujourd’hui. Dans le même temps, il n’a pas indiqué jusqu’où les marcheurs s’enfonceraient dans le territoire, ce qui laisse penser qu’il pourrait avoir l’intention de respecter l’accord.

    Hassan a insisté sur la nécessité de maintenir l’ordre et la discipline pendant la marche et a demandé aux volontaires marocains d’être « hospitaliers » envers les Espagnols qu’ils rencontreraient. Hassan n’a pas menacé d’utiliser la force si les Espagnols opposaient une résistance armée, mais il a assuré les marcheurs que si « quelqu’un d’autre » tirait sur eux, l’armée marocaine les défendrait. Il faisait évidemment référence à l’Algérie et au Front Polisario, un groupe indépendantiste de Sahraouis soutenu par l’Algérie.

    Une fois que les marcheurs auront franchi la frontière, la situation pourrait facilement devenir incontrôlable (…)

    Le Front Polisario va certainement essayer d’attaquer les marcheurs. Certains membres du groupe se trouvent déjà dans la zone où les troupes espagnoles ont été retirées et pourraient se trouver dans la zone côtière où les Marocains doivent franchir la frontière.

    #SaharaOccidental #Maroc #Espagne #JuanCarlos #MarcheVerte #HassanII #CIA #Documents_déclassifiés

  • Maroc: Déclarer le Polisario groupe terroriste et attaquer l’Algérie

    Maroc: Déclarer le Polisario groupe terroriste et attaquer l’Algérie

    Maroc, Algérie, Israël, normalisation, Accords d’Abraham, Front Polisario, Sahara Occidental,

    Les Accords D’Abraham. Diplomatie de feux et de sang

    Pays: Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Soudan, Maroc, Israël.

    Contre l’Iran, l’Algerie et la RASD

    Première manoeuvre:

    Détourner l’attention de la population arabe du Moyen-Orient.

    4 août 2020: Explosion de Beyrouth.

    a) Affaiblissement du gouvernement libanais. b) Un avertissement à l’Iran

    13 août 2020: Déclaration commune sur les accords d’Abraham.

    15 septembre 2020: Israël, les EAU et Bahreïn signent l’accord.

    Deuxième manoeuve:

    Affaiblir L’Éthiopie, pays hôte de l’Union africaine. Distraire l’attention de la population africaine.

    23 octobre 2020 Israël-Soudan a annoncé un accord de normalisation.

    3 novembre 2020 en Ethiopie, le massacre de la région d’Oromia.

    9 novembre 2020 en Éthiopie, conflit dans la région du Tigré.

    6 janvier 2021 Le Soudan a discrètement signé l’accord.

    Troisième manoeuve: Détourner l’attention de la population algérienne:

    Le 6 novembre 2020, 41 feux sauvages d’intention criminelle ont été allumés dans 8 wilayas du pays.

    13 nov 2020, Guerguerat: le Maroc a rompu le cessez-le-feu.

    10 déc 2020, le Maroc accepte de rejoindre les accords d’Abraham.

    22 décembre 2020, le Maroc a signé les accords d’Abraham.

    LA PROCHAINE ÉTAPE SERA DU MAROC & ALLIÉS DÉCLARER LE POLISARIO COMME GROUPE TERRORISTE ET ATTAQUER L’ALGERIE

    Source : 411 Algeria, 13 mars 2021

    #Maroc #Algérie #Israël #Normalisation #Polisario #SaharaOccidental