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  • Pédophilie : Matzneff échappe au procès. “L’affaire ne fait que commencer”

    « Nous ne cherchions pas à envoyer Gabriel Matzneff en prison, mais à obtenir sa condamnation. Parce qu’il fait l’apologie de la pédocriminalité auprès de pédophiles passifs ou actifs. Et cette décision de justice met en danger bien plus de personnes qu’on ne l’imagine. » Latifa Bennari, présidente de l’association L’Ange bleu, répondant depuis l’Algérie à ActuaLitté, contient mal colère et ressentiment après le marasme judiciaire qui a vu l’écrivain échapper aux accusations.

    L’association L’Ange bleu avait attaqué Gabriel Matzneff avec une intention claire, indique la présidente : « Notre action au quotidien vise à protéger les enfants, autant qu’à effectuer une prévention. Au cours de la procédure, j’ai été sollicitée par des personnes qui se disent pédophiles, sans être nécessairement passées à l’acte. Elles avaient lu ses ouvrages, et pour elles, les livres normalisaient une relation avec des mineurs. »

    Mais comment « imaginer qu’un enfant puisse être consentant », s’indigne Latifa Bennari ? « C’est là le mode opératoire le plus facile pour procéder en matière de pédocriminalité. Et que la justice invoque une erreur de procédure finit tout bonnement par valider le comportement et les actes de Gabriel Matzneff. Toute la procédure reposait sur ce point : obtenir une culpabilité pour prévenir le passage à l’acte d’autres pédophiles. »

    D’autant qu’avec internet, souligne la présidente de l’association, « la chasse est simplifiée ! Comment, en France, peut-on évoquer la prévention, quand on laisse un homme, qui a reconnu les faits en les relatant dans ses livres, s’en sortir en toute impunité » ?

    Plaintes et appel
    Me Mehana Mouhou, avocat de l’association, fulmine : « Les nullités évoquées par la partie adverse ne tiennent pas la route : nous sommes dans le cas d’une procédure portant sur l’apologie de crime, pas la diffamation. Or, les points soulevés par l’avocat de Matzneff ne tiennent pas la route dans ce cas de figure. » Et d’assurer que « l’affaire Matzneff ne fait que commencer : ce qui a eu lieu au tribunal représente un danger pour la démocratie, pour les victimes de pédophilie. Tout simplement parce que la justice a décidé de conclure alors que nous ne pouvions pas être présents pour l’audience. Ils ont pris le dossier et jugé en notre absence : en 30 ans de barreau, je n’ai jamais vu cela ».

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  • Une question de procédure derrière l’annulation du procès de l’écrivain Gabriel Matzneff

    Une question de procédure derrière l’annulation du procès de l’écrivain Gabriel Matzneff

    L’écrivain français devait être jugé pour « apologie » de la pédocriminalité en septembre prochain.

    Le tribunal correctionnel de Paris a invalidé vendredi la demande de l’association l’Ange Bleu pour une question de procédure.

    La cour a estimé que la citation devait être déclarée nulle, car l’association n’avait pas mentionné d’adresse à Paris. Elle n’a pas examiné les autres arguments soulevés par l’avocat de Gabriel Matzneff.

    L’association, qui travaille dans la prévention et l’information sur la pédophilie, a cependant indiqué son intention de faire appel.

    L’Ange Bleu avait cité à comparaître en janvier 2020 l’écrivain en évoquant trois articles parus entre fin décembre et début janvier dans l’Obs, le Parisien et l’Express.

    L’association accusait l’écrivain d’avoir fait l’apologie d’actes pédocriminels et précisément du crime de viol aggravé, en évoquant la relation qu’il avait eue avec Vanessa Springora.

    Cette dernière avait publié Le Consentement, un livre dans lequel elle mettait en cause l’écrivain de 83 ans pour ses relations avec des mineurs.

    La procédure de citation permet à une victime de convoquer directement l’auteur présumé devant le tribunal sans qu’une enquête préalable soit menée. C’est à la victime de collecter les preuves de culpabilité de l’auteur présumé des faits.

    Radio-Canada, 21 mai 2021

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  • Selon un média polonais, il y avait en France un « Front pour la Libération des Pédophiles » (FLIP)

    La France accepte que les adolescents ne peuvent pas donner leur consentement éclairé pour des relations sexuelles

    Arthur Troost

    Il est vrai que la France dispose depuis longtemps d’une catégorie de « mineurs sexuels », mais ce n’est que maintenant que la République a décidé d’établir un âge réel de consentement de 15 ans. Aussi choquant que cela puisse paraître, il n’y a pas si longtemps, sur la Seine, les relations sexuelles entre adultes et adolescents n’étaient pas un secret, et des intellectuels de premier plan ont même demandé leur dépénalisation totale. D’où viennent de telles attitudes et pourquoi sont-elles (à juste titre) devenues une chose du passé ?

    L’évolution du destin de Gabriel Matzneff en dit long à cet égard. Il fut un temps où il était l’un des écrivains français les plus lus. Aujourd’hui, il a été mis au ban de la société, ses livres ont été mis à l’index et il est lui-même menacé de poursuites judiciaires. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, ils n’étaient pas si nombreux à protester lorsque, dans ses livres, il admettait ouvertement préférer les écoliers et avoir des relations sexuelles avec des jeunes de 14 ans.

    En 1990, alors que Matzneff était l’invité d’une émission sur la littérature, l’animateur a demandé en plaisantant à l’intellectuel, alors âgé de 53 ans, de parler de ses aventures avec des adolescents. La seule personne qui a réagi négativement à cette décision est l’écrivain canadien Denise Bombardier. Elle a vivement critiqué son collègue professionnel, lui faisant remarquer que séduire des mineurs et leur faire du mal ne peut s’expliquer par l’art.

    La réaction du monde littéraire parisien est une attaque contre la Canadienne, et la presse, défendant Matzneff, la dénigre. Certains commentateurs ont été très amusés de constater qu’en 1990, quelqu’un pouvait considérer comme une mauvaise chose le fait que des adolescents aient des rapports sexuels avec des hommes ayant 30 ans de plus (« eh bien, la belle affaire ! »). Bombardier était en avance sur son temps en émettant une telle opinion dans ce qui était alors la France. Dans les décennies qui ont suivi, cependant, ce sont ses vues sur les relations sexuelles avec des mineurs qui sont devenues la norme, et leur prévalence a influencé les récents changements législatifs.

    Que signifie le fait que le consentement à une relation sexuelle soit éclairé ?

    La loi actuellement débattue au Parlement vise à fixer officiellement l’âge du consentement à 15 ans. Auparavant, la loi interdisait les contacts sexuels avec des mineurs de cet âge, mais ils n’étaient pas considérés comme des viols et ces transgressions étaient punies de manière extrêmement légère.

    Par exemple, en 2017, un tribunal a acquitté de viol un homme adulte qui avait fécondé une fillette de 11 ans, car aucune violence, menace ou tromperie n’a été constatée. Les scandales de ce type se sont multipliés ces dernières années, et beaucoup d’entre eux ont été mis en lumière grâce à ce que l’on appelle la deuxième vague de #MeToo, au cours de laquelle de nombreuses victimes de pédophiles se sont manifestées.

    Un rapport d’une organisation gouvernementale a révélé qu’environ 20 pour cent. Un rapport d’une organisation gouvernementale a révélé qu’environ 20 % des femmes françaises avaient subi une agression ou une tentative d’agression sexuelle, et que pas moins de 60 % des victimes de violences sexuelles avaient moins de 18 ans.

    Les scandales qui ont suivi, ainsi que la pression croissante de l’opinion publique (notamment des féministes), ont finalement conduit à des modifications juridiques et à une action parlementaire sur la question, attendues depuis longtemps. Le Parlement avait initialement proposé de fixer l’âge du consentement à 13 ans, ce qui aurait été l’un des plus bas du monde, mais après l’intervention du gouvernement, il a été porté à 15 ans. En vertu de la nouvelle loi, un mineur sexuel est considéré comme incapable de donner son consentement éclairé à des relations sexuelles, de sorte que le fait pour un adulte d’avoir des rapports sexuels avec lui sera considéré comme un viol. Il existe une clause selon laquelle la différence d’âge doit être d’au moins cinq ans afin de ne pas juger, par exemple, un jeune de 18 ans pour des relations sexuelles avec un jeune de 14 ans comme pédophile.

    La principale motivation de cette loi est de protéger les enfants contre l’exploitation sexuelle, et la seule chose surprenante à son sujet est qu’elle n’entrera pas en vigueur avant 2021.

    Les relations sexuelles avec des mineurs, un acte de liberté personnelle

    Pour comprendre la réticence des Français à renforcer les lois protégeant les mineurs de la pédophilie, il faut remonter à l’époque de la révolution sexuelle, qui a eu un impact particulier en France.

    Les idées de liberté sexuelle ont trouvé un terrain fertile, qui s’est manifesté pendant mai 1968 et s’est répandu dans les années suivantes, souvent sous une forme radicale. Les mouvements de protestation contre la moralité bourgeoise dominante gagnent du terrain, les minorités sexuelles commencent lentement à lutter pour l’égalité, les féministes deviennent de plus en plus audacieuses dans leur opposition au patriarcat, et des phénomènes tels que l’utilisation de la contraception et les relations sexuelles extraconjugales deviennent normalisés pour les Français en général.

    D’ailleurs, sur ce dernier point, l’exemple vient d’en haut, car avant Macron, chacun de ses prédécesseurs à la présidence de la République (à l’exception, semble-t-il, de De Gaulle) avait notoirement des liaisons à côté, ce qui ne posait généralement aucun problème aux électeurs. Mais il y a encore un long chemin à parcourir entre la liberté sexuelle et l’approbation de la pédophilie. Alors pourquoi un tel saut dans la réflexion ?

    L’un des principaux motifs de mai 1968 était le rejet de la pruderie bourgeoise et la remise en question du droit de l’État à réglementer la vie sexuelle de ses citoyens. Ces attitudes ont favorisé les changements positifs mentionnés ci-dessus, mais dans l’atmosphère de libération sexuelle, certains ont commencé à considérer les restrictions légales imposées aux relations sexuelles avec les mineurs comme une autre manifestation du pouvoir répressif des autorités. Même des organisations comme le Front de Libération de la Pédophilie [sic !] Il s’agissait de manifestations extrêmes du consentement à des relations sexuelles avec des enfants, mais des points de vue similaires sont devenus courants et ont été promus par des intellectuels de premier plan.

    Plusieurs dizaines d’entre eux ont signé un appel au parlement en 1977 pour dépénaliser les relations sexuelles consenties avec des mineurs, et Michel Foucault a fait valoir que le fait d’impliquer l’incapacité d’un enfant à consentir à des relations sexuelles constituait une violation inacceptable de la liberté individuelle par l’appareil d’État. Des arguments similaires sont apparus dans les pages des grands quotidiens français et n’ont pas été indifférents à l’apologie croissante des contacts sexuels entre adultes et enfants.

    L’influence des opinions se livrant à la pédophilie était également visible dans le monde culturel. Après avoir été accusé de viol sur mineur, Roman Polanski a trouvé un havre de paix en France, où les accusations contre le réalisateur étaient considérées comme un signe de la pudibonderie américaine. À son tour, en 1984, Serge Gainsbourg, célèbre scandaleux et l’un des chanteurs français les plus remarquables, a composé et interprété en duo avec sa fille de 12 ans une chanson intitulée Lemon Incest, faisant directement référence à l’inceste et à la pédophilie, en les montrant de manière plutôt positive. Malgré la tempête médiatique (et probablement en partie grâce à elle), la chanson est devenue un succès et, bien que les artistes aient admis plus tard avoir été intentionnellement provocateurs, il est difficile d’imaginer que, dans la réalité d’aujourd’hui, quiconque serait tenté de sortir une chanson aussi controversée, même avec le statut d’une icône telle que Gainsbourg.

    Mieux vaut tard que jamais

    Trop de scandales de pédophilie et d’inceste ont été rendus publics ces dernières années pour que les Français acceptent aujourd’hui une telle chanson. Ces derniers mois, le public a appris, entre autres, que l’influent juriste et politologue Olivier Duhamel avait abusé de son beau-fils de 13 ans, et une vague d’accusations de violences sexuelles incestueuses, touchant la grande majorité des enfants, a déferlé sous la bannière #MeTooInceste. Les recherches suggèrent que jusqu’à 10 pour cent. Les recherches suggèrent que jusqu’à 10 % des hommes et des femmes français (principalement ces derniers), soit près de 7 millions de personnes, pourraient en avoir été victimes.

    De plus en plus de cas de ce genre sont mis au jour en raison d’un changement de mentalité. Fini le consentement silencieux et la dissimulation des abus sexuels sur les enfants. Le mouvement #MeToo, lancé il y a quelques années, a révélé l’ampleur de la violence à l’égard des femmes, et aujourd’hui sa deuxième vague fait de même, en exposant en plus l’étendue de phénomènes tels que la pédophilie et l’inceste. C’est précisément pour les combattre que la nouvelle loi prévoit également que les rapports sexuels avec pénétration entre un adulte et un parent de moins de 18 ans sont considérés comme un viol.

    Dans le débat sur l’âge du consentement, personne n’utilise plus d’arguments idéologiques sur la moralité bourgeoise ou le caractère oppressif de l’État – l’accent est mis sur le bien-être des enfants, leurs droits à l’innocence et à la sécurité, comme il se doit. L’établissement de l’âge de consentement représente une victoire du bon sens, obtenue grâce à la pression croissante de l’opinion publique au fil des ans et en plaçant le bien-être des mineurs au cœur de la question.

    La France a changé au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, Matzneff ne peut plus se vanter de ses aventures avec des écolières, Gainsbourg (malgré son penchant pour les scandales) ne sortirait pas une chanson sur l’inceste, prêcher des idées foucaldiennes sur le sexe avec des mineurs serait unanimement ridiculisé, et Roman Polanski ne devrait plus compter sur la compréhension.

    L’État français a enfin reconnu que la protection des enfants (et des autres) contre les abus passe avant la liberté sexuelle. Cette démarche s’inscrit dans une tendance générale d’écoute des témoignages des victimes de violences sexuelles dans le monde. Il reste encore beaucoup à faire, mais comme vous pouvez le constater, au moins parfois et quelque part, le changement pour le mieux arrive, même s’il est attendu depuis longtemps.

    Krytyka Polityczna, 17 avr 2021

    Etiquettes : France, pédophilie, Gabriel Matzneff, Olivier Duhamel, Camille Kouchner,#Metoo,



  • Annuler ou ne pas annuler l’œuvre de Michel Foucault ? Réponses des philosophes argentins

    Cinq penseurs argentins donnent leur avis sur les répercussions de l’accusation de pédophilie portée par l’intellectuel français Guy Sorman, plus de trente ans après la mort du philosophe.

    Daniel Gigena

    Après que l’intellectuel français Guy Sorman (1944) a dénoncé que le philosophe Michel Foucault (1926-1984) avait eu des relations sexuelles avec des enfants de huit à dix ans en Tunisie en échange d’argent, et provoqué des réactions dans différentes sphères au-delà des cloîtres académiques, il a été prouvé une fois de plus qu’au XXIe siècle, il n’existe pas d’ »intouchables » à l’abri du débat public. Si l’auteur d’Histoire de la sexualité n’est pas là pour se défendre contre l’accusation de son compatriote (qui coïncidait avec la promotion de son nouveau livre, Mon dictionnaire du Bullshit), il est clair qu’une secousse secoue la culture française depuis quelques années.

    L’accusation contre Foucault rejoint aujourd’hui celles reçues il y a plusieurs décennies par des écrivains comme François Mauriac et Michel Tournier, ou les théoriciens René Schérer et Guy Hocquenghem, et plus récemment, le politologue Olivier Duhamel (accusé par sa belle-fille, la juriste Camille Kouchner, d’abus sexuels dans le livre La grande famille) et l’écrivain Gabriel Matzneff, que Valeria Spingora a dénoncé dans Le consentement pour avoir encouragé la pédérastie dans ses livres et ses déclarations publiques, parfois célébré par le monde intellectuel de son pays. Les temps changent et même les actes privés des descendants de Socrate peuvent être évalués à la lumière de l’éthique publique.

    Quel est l’avis des penseurs argentins contemporains sur l’affaire Foucault et la portée d’un débat qui transcende la sphère philosophique et réveille le fantôme de l’ »annulation » ? Nous vous présentons ci-dessous les points de vue de cinq philosophes et essayistes locaux.

    Esther Díaz, docteur en philosophie de l’université de Buenos Aires, auteur, entre autres, de La filosofía de Michel Foucault, Entre la tecnociencia y el deseo et Filósofa punk.

    « Je suis assez indigné par cette question et par le fait que la presse est donnée à cette personne que je ne veux pas qualifier et qui, sans aucune pudeur ni respect, même sans respect pour les enfants qu’elle mentionne, porte cette accusation. Si ce qu’elle dit est vrai, pourquoi ne l’a-t-elle pas dénoncé avant ? S’il ne l’a pas fait, il était complice d’un pédophile. Il y a cinquante ans, il le savait et maintenant, parce qu’il va publier un livre, il s’accroche à la tête chauve de Foucault pour faire de la propagande et, dans le même acte, il est exposé. Foucault est mort et ne peut pas se défendre ; si Guy Sorman était au courant et ne l’a pas dénoncé, il était complice. On ne trouve nulle part dans l’œuvre de Foucault une ligne soutenant la pédophilie. Son œuvre a marqué le XXe siècle et plusieurs générations. Que se passerait-il si nous découvrions que ceux qui créent les vaccins que nous nous administrons pour nous protéger des maladies étaient des pédophiles ? Nous nous ferions quand même vacciner.

    Emmanuel Taub, docteur en sciences sociales de l’université de Buenos Aires et auteur, entre autres titres, de Messianisme et rédemption : Prolégomènes pour une théologie politique juive et Modernité croisée : théologie politique et messianisme.

    « Je ne veux pas réfléchir aujourd’hui à ces actes de Foucault sous l’angle du crime ou sous celui de la responsabilité morale, car je crois que tout cela fait aussi partie de leur mise en lumière, mais je veux penser au ‘fanatisme philosophique’ qui transforme, de son vivant ou post mortem, un intellectuel en une figure sacrée. Les nouvelles qui viennent de nous parvenir doivent aussi nous montrer que Foucault était un penseur remarquable et en même temps un être humain pervers et misérable comme tout être humain. Les deux questions font partie de la même chose, parce qu’elles reposent sur la même personne et parce que la tâche de la pensée ne disculpe ni ne moralise jamais les désirs, les pratiques ou les actions les plus sombres, les plus répugnants et les plus sinistres des êtres humains. Foucault est tout cela, et son œuvre et ses actes sont tout ce que Foucault est. La fascination aveugle qui se construit sur ces idoles génère plus d’aveuglement, des discours contradictoires et des totémisations ; dans l’empressement à exalter la pensée, on efface les biographies. Toutefois, dans quelle mesure leurs actes sont-ils différents de ceux des personnes qui pratiquent le tourisme sexuel en Asie ? Plus encore : quelle est la différence avec l’exploitation sexuelle des mineurs contraints à la prostitution dans notre pays ? Je ne sous-estime pas le problème du trafic de mineurs ni l’appareil institutionnel qui le permet, mais je mets en évidence la figure du consommateur, celui qui cherche à réaliser des pratiques et des perversions sexuelles tout en construisant dans son esprit l’idée que la pédophilie sous forme de prostitution n’est pas de la pédophilie, ni un crime, ni un abus. Ces questions m’ont amené à me souvenir des cas de Martin Heidegger et de son nazisme ou, plus encore, d’Adolf Eichmann dans la lecture d’Hannah Arendt : cette catastrophe humaine par laquelle l’être humain rationnel et moderne est aussi capable de suspendre, dans certaines situations, la capacité de voir l’autre comme un égal, et de distinguer le bien du mal. Dans ce cas précis, la « situation certaine » n’est pas la parole du Führer ayant force de loi ou l’histoire de l’antisémitisme, mais la sacralisation d’un penseur au point de soustraire ses actes au monde du droit et des hommes. Ce processus de sacralisation permet aux actions d’un individu, en l’occurrence Foucault, d’être non seulement au-dessus des limites de notre moralité construite, mais aussi au-dessus de toute forme de jugement ou d’appréciation. Et on ne peut pas comprendre cette situation sans comprendre l’un des grands « monstres » de la modernité, comme l’écrivait Arendt : le colonialisme européen. Alors qu’en Europe, la résistance au système se fait dans des limites éthiques, dans les colonies, l’Européen construit ses propres limites par ses actions. La « supériorité intellectuelle » imaginée est devenue dans les colonies une pratique sans limites, et là, la sexualité moderne que Foucault lui-même a construite s’est mêlée aux valeurs pré-modernes. Ce que cela nous apprend, c’est que croire que cette façon d’habiter le présent avec des valeurs du passé, supposant une forme de résistance à la Modernité, sont en réalité des actes de résistance individuels et égoïstes qui ne regardent jamais l’autre comme un égal ».

    Edgardo Castro, docteur en philosophie de l’Université de Buenos Aires, auteur du Diccionario Foucault et de Lecturas foucalteanas.

    « Les faits dénoncés sont aberrants, comme les décrit Guy Sorman, mais on ne sait toujours pas s’ils sont vrais. L’histoire soulève quelques doutes. Foucault ne vivait plus en Tunisie en 1969, mais ont-ils pu se rencontrer lors de vacances au même endroit ? Oui, mais ce n’est pas ce que dit Sorman. On ne sait pas exactement de quoi il a été témoin : de l’achat des enfants ou des abus sexuels ? Plusieurs choses doivent être clarifiées, et toutes corroborées. A Sorman, puisqu’il va croire à son récit, je l’invite à affecter les royalties du livre qu’il promeut à la réparation des victimes de ces abus. Si les faits sont avérés, les actes commis par Foucault et sa propre personne sont sujets à condamnation. Mais je ne pense pas que ses concepts et ses problèmes doivent être jetés par-dessus bord. Parce qu’elles sont réelles (comme la relation évidente, au niveau planétaire, entre la politique et la vie biologique de la population) et théoriquement valables. Je ne trouve aucune relation conceptuelle entre ces problèmes et concepts et les faits dénoncés. C’est pourquoi, avec la même fermeté que je condamnerais les faits dénoncés, s’ils sont avérés, je ne suis pas prêt à annuler la culture ».

    Luis Diego Fernández, docteur en philosophie de l’Universidad Nacional de San Martín, son dernier livre est Foucault et le libéralisme.

    « La soi-disant « culture de l’annulation » des artistes ou des intellectuels n’est rien d’autre que la vieille auto-justice d’individus ou de groupes qui se sentent blessés, une attitude microfasciste et policière qui fait appel à la censure ou à l’autocensure face à la menace d’appliquer des jugements sommaires par des lynchages ou des silences virtuels. Ses origines remontent aux campus progressistes des universités américaines, en tant que dérivé d’une logique minoritaire, narcissique et tribale. Sur l’affaire Foucault en Tunisie, je pense d’abord que Guy Sorman fait une promotion jaune de son nouveau livre, en dénonçant misérablement quelqu’un qui ne peut pas se défendre. S’il est vrai que Foucault a soulevé la question du consentement sexuel entre adultes et mineurs en 1977 dans un dialogue avec David Cooper (c’était une question débattue dans l’intelligentsia française des années 1970), aucun document historiographique ne vient étayer les propos de Sorman. En revanche, ce témoignage ne change en rien ma vision de l’œuvre de Foucault, que je considère comme l’un des trois philosophes les plus importants du vingtième siècle. Les philosophes ne sont pas des saints, des héros ou des dieux, ce sont des hommes qui font des erreurs, ont des faiblesses et se laissent traverser par des passions sexuelles ou politiques. Le malaise sur cette question, c’est la gauche puritaine, qu’elle s’en occupe. Mon point de vue est libertaire et je dénonce d’emblée cette inquisition moralisatrice du progressisme contemporain. Je ne suis ni juge ni prêtre pour condamner qui que ce soit. Dans le même sens que Foucault, on peut penser aux cas d’André Gide, Roman Polanski ou Paul Gauguin, ou, sur le plan politique, à Martin Heidegger ou L. F. Céline. F. Céline. Tous, à mon avis, sont des créateurs extraordinaires, et une fois passé le coup de vent du corset de la correction, leurs œuvres persisteront intactes, laissant en évidence la petitesse de ceux qui ne peuvent que dénoncer ».

    Esteban Ierardo, diplômé en philosophie de l’université de Buenos Aires, est l’auteur, entre autres, de La sociedad de la excitación : Del hiperconsumo al arte y la serenidad (La société de l’excitation : de l’hyperconsommation à l’art et à la sérénité).

    « Outre l’accusation très grave de Sorman à l’égard de Foucault, et le doute quant à sa véracité ou non, ce qui reste, peut-être, c’est l’effet multiple de l’accusation. D’une part, et au-delà de toute naïveté, la diffusion gratuite pour le livre de Sorman, qui pourrait faire partie d’un calcul éditorial ; et, en même temps, la réapparition de Foucault dans une nouvelle à grand tirage. C’est-à-dire que l’impossibilité aujourd’hui de déterminer la justice de l’accusation fait que, dans la pratique, tout se réduit au paradoxe de la diffusion, en même temps, de l’accusateur et de l’accusé, dans ce qui est le plus recherché aujourd’hui : briser l’indifférence et attirer l’attention ».

    Daniel Gigena

    La Nación, 4 avr 2021

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  • Histoire de la pétition controversée signée par Foucault pour défendre trois hommes ayant eu des relations sexuelles avec des mineurs

    En 1977, alors que la France débattait du consentement – à partir de quel âge une personne peut-elle décider d’avoir des relations sexuelles ou non – un groupe d’intellectuels, parmi lesquels Barthes, Derrida, Sartre et Simone de Beauvoir, a publié une lettre ouverte qui a suscité une grande controverse. Cet épisode est rappelé ces jours-ci, à partir d’une accusation de pédophilie contre le philosophe portée par Guy Sorman dans son nouveau livre

    Annulations. Les réseaux sociaux semblent permettre une possibilité sans précédent : une multitude d’utilisateurs font pencher la balance vers un regard du présent sur des produits artistiques réalisés dans le passé ou des produits actuels qui sont annulés en raison du comportement de leurs créateurs dans le passé ou dans le présent. Il y a quelques jours à peine, Michel Foucault était sur toutes les lèvres. Il est étrange que le nom de famille d’un philosophe apparaisse comme un sujet tendance sur Twitter. La raison en est malheureuse : Guy Sorman, dans son nouveau livre, Mon putain de dictionnaire, affirme que dans les années 1960, le philosophe a eu des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie. « Il y avait beaucoup de témoins, mais personne n’a inventé de telles histoires à l’époque. Foucault est comme un dieu en France », a-t-il déclaré. Cela ouvre des portes, et l’une d’entre elles mène en 1977, presque dix ans après le Mai français.

    Durant la seconde moitié du 20e siècle, la France a été un lieu de bouleversement des idées et des débats. En 1977, alors qu’une réforme du code pénal était discutée au Parlement, une question clé était l’âge du consentement, c’est-à-dire à partir de quel âge une personne peut décider d’avoir des relations sexuelles ou non.

    Ce débat doit être replacé dans un contexte : d’une part, la libération sexuelle d’une société dans laquelle le féminisme commençait à s’imposer et les méthodes contraceptives à se mettre en place, mais, d’autre part, une forte réaction des secteurs les plus conservateurs et homophobes qui cherchaient à imposer leur morale. Et aussi, le contexte juridique : jusqu’en 1945, l’âge légal du consentement était de 21 ans. Dans le cas des relations homosexuelles, il a été abaissé à 18 ans en 1974.

    En 1977, un groupe d’intellectuels adresse une pétition – depuis la Révolution française qui reconnaît le droit de pétition de tout individu – demandant l’abrogation de plusieurs articles de la loi sur l’âge du consentement, que le nouveau Code fixe à 15 ans. Le texte porte les signatures de Michel Foucault, Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Jacques Derrida, Louis Althusser, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Michel Leiris, Alain Robbe-Grillet, Philippe Sollers, Jacques Rancière, Jean-François Lyotard, Francis Ponge et Bernard Besret, entre autres.

    Deux cas en toile de fond

    Deux cas font de ce sujet une discussion importante.

    La première est le suicide en 1969 de Gabrielle Russier, une enseignante qui entretenait une relation avec Christian Rossi, un lycéen qui avait alors 16 ans, soit presque la moitié de son âge. Les parents de l’école ont commencé à la harceler et la justice l’a condamnée à un an de prison pour « enlèvement et détournement de mineur ». En 1971, le musicien Charles Aznavour compose une chanson intitulée « Mourir d’aimer », qui devient très populaire en France, et André Cayatte réalise la même année un film qui est vu au cinéma par plus de 6 millions de personnes.

    La seconde, qui agit comme un déclencheur, est connue sous le nom de cas de Versailles. Trois hommes ont été placés en détention provisoire pendant trois ans pour avoir eu des relations sexuelles avec des garçons et des filles de moins de 15 ans « sans violence » au Camping Club de Meudon.

    Il s’agissait de Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt, qui ont été arrêtés en octobre 1973 et ont été inculpés pour dix ans d’ »attentat à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans ». En novembre 1976, l’écrivain Gabriel Matzneff – en 2019, Vanessa Sprigora dénonce dans son livre Consentement (publié par Lumen et désormais disponible en Amérique latine) qu’elle a eu des relations avec lui alors qu’elle avait 14 ans et lui 50 ans – publie dans le journal Le Monde son soutien à l’accusé sous le titre L’amour est-il un crime ? et répudie les  » intellectuels qui se taisent « .

    La pétition

    En 1977, c’est également Le Monde qui publie, dans l’édition du 26 janvier, la veille du procès de Versailles, une pétition émanant d’un large groupe d’intellectuels. Parmi les signataires figurent Michel Foucault, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, André Glucksmann, Gilles Deleuze, Roland Barthes, Francis Ponge, Guy Hocquenghem, les futurs ministres Jack Lang et Bernard Kouchner et quelque 22 médecins de renom.

    Ils ont fait valoir que « trois ans sont suffisants » pour un épisode qu’ils ont défini comme une « simple question morale » dans laquelle « les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence. » « Nous considérons qu’il existe une disproportion manifeste entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle gravité, et la nature des faits allégués ; d’autre part, entre le caractère obsolète de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître aux enfants et aux adolescents l’existence d’une vie sexuelle (à quoi bon, alors, qu’une jeune fille de treize ans ait droit à la pilule contraceptive ?) », ajoutent-ils.

     » Le droit français se contredit lorsqu’il reconnaît une capacité de discernement à un mineur de treize ou quatorze ans qu’il peut juger et condamner, alors qu’il lui dénie cette capacité en ce qui concerne sa vie affective et sexuelle « . Trois ans de prison pour avoir fait des câlins et des baisers, c’est suffisant. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhardt ne retrouvent pas leur liberté », conclut le communiqué.

    Le lendemain, le procès a lieu et, bien que les victimes affirment avoir donné leur consentement, la justice établit qu’elles sont trop jeunes pour comprendre la manipulation des adultes. Et trois jours plus tard, Le Monde prend ses distances avec la pétition et dénonce la gravité des faits.

    La loi de la modestie

    En avril 1978, la pétition et la condamnation sont discutées dans une émission sur la radio France Culture dans le cadre de l’émission Dialogues, avec la participation de Michel Foucault, qui fut l’un des grands théoriciens des croisements entre sexualité et morale, ainsi que du dramaturge et acteur Jean Danet et du romancier et militant homosexuel Guy Hocquenghem. La transcription publiée par la suite sous le titre La Loi de la pudeur, traduite en anglais par Sexual Morality and the Law, puis rééditée sous le titre The Danger of Child Sexuality, peut être lue en anglais sous le titre La ley del pudor.

    « De toute façon, une barrière d’âge fixée par la loi n’a pas beaucoup de sens. Là encore, on peut faire confiance à l’enfant pour dire s’il a subi ou non des violences. Un juge d’instruction, un libéral, m’a dit un jour, alors que nous discutions de cette question : après tout, il y a des filles de dix-huit ans qui sont pratiquement obligées de faire l’amour à leurs parents ou à leur beau-père ; elles ont peut-être dix-huit ans, mais c’est un système de contrainte intolérable. Et celui, en plus, qui sent que c’est intolérable, si seulement on veut bien l’écouter et le mettre dans des conditions où il puisse dire ce qu’il ressent », dit ensuite Foucault.

    « D’une part, ajoute Hocquenghem, nous n’avons pas mis de limite d’âge dans notre texte. En tout cas, nous ne nous considérons pas comme des législateurs, mais simplement comme un mouvement d’opinion demandant l’abolition de certaines lois. En ce qui concerne cette question du consentement, je préfère les te rmes utilisés par Michel Foucault : écouter ce que dit l’enfant et lui donner une certaine crédibilité. Cette notion de consentement est un piège, en tout cas. Ce qui est certain, c’est que la forme juridique du consentement intersexe est un non-sens. Personne ne signe de contrat avant de faire l’amour.

    C’est là qu’intervient un contrepoint : si Hocquenghem est le seul des trois à prôner la dépénalisation du sexe tant qu’il n’y a pas de violence ou de coercition, tous trois s’accordent à dire que l’objet de la discussion est essentiellement de questionner les catégories de pouvoir et de répression, et non de produire de nouvelles normes ou de défendre la pédophilie en tant que telle. « Nous avons fait très attention à ne pas aborder de quelque manière que ce soit la question du viol, qui est totalement différente », dit Hocquenghem.

    Foucault affirme ici que « ce qui émerge, c’est un nouveau système pénal, un nouveau système législatif, dont la fonction n’est pas tant de punir les infractions à ces lois générales de la décence (…) Bien sûr, il y a les enfants, ils peuvent se trouver à la merci d’une sexualité adulte qui leur est étrangère et qui peut très bien leur être nuisible » ; cependant, précise-t-il, « les enfants ont une sexualité, nous ne pouvons pas revenir à ces vieilles notions selon lesquelles les enfants sont purs ».

    Dans ces législations, Foucault se tourne vers l’avenir : « Nous allons avoir une société de dangers, avec, d’un côté, ceux qui sont en danger et, de l’autre, ceux qui sont dangereux. Et la sexualité ne sera plus un comportement délimité par des interdits précis, mais une sorte de danger errant, une sorte de fantôme omniprésent, un fantôme qui se jouera entre hommes et femmes, enfants et adultes, et éventuellement entre adultes eux-mêmes, et ainsi de suite. La sexualité deviendra une menace dans toutes les relations sociales, dans toutes les relations entre membres de groupes d’âge différents, dans toutes les relations entre individus. »

    Accusations contre Foucault

    Tout ce grand épisode semble revenir au présent et se re-signifier face aux nouvelles accusations portées contre Michel Foucault. Selon Guy Sorman, décrit dans son nouveau livre, My Fucking Dictionary, le philosophe aurait eu des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie à la fin des années 1960. « Il y avait beaucoup de témoins, mais personne n’a inventé des histoires comme ça à l’époque. Foucault est comme un dieu en France », a-t-il déclaré dans une interview accordée au journal britannique The Sunday Times.

    Dans un passage de son livre, Sorman raconte qu’il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d’amis lors d’un voyage pour les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Said, près de Tunis, où le philosophe vivait en 1969. Et là, « les petits enfants ont couru après Foucault en disant « Et moi, alors ? Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur jetait de l’argent et leur disait : ‘Rendez-vous à 22 heures à l’endroit habituel’ ».

    Selon sa version, le lieu était le cimetière local : « Là, il a fait l’amour sur les pierres tombales avec les garçons. La question du consentement n’a même pas été soulevée ». L’auteur regrette également de ne pas avoir porté plainte à l’époque, auprès de la police ou de la presse, tout en assurant qu’il n’était pas le seul à avoir connaissance de ce comportement et que le philosophe était protégé par son statut sous un regard colonialiste.

    Cela s’ajoute à une importante série d’accusations qui ont eu lieu en France, comme le cas du politologue Olivier Duhamel. Dans le livre La grande famille, Camille Kouchner le dénonce pour avoir agressé sexuellement son frère jumeau lorsqu’il était adolescent et accuse également son entourage (écrivains et artistes de gauche) de l’avoir couvert. Peu à peu, les épisodes sombres de l’élite intellectuelle apparaissent au grand jour.

    Comme c’est souvent le cas, depuis que Sorman s’est exprimé, Michel Foucault a commencé à être « annulé » sur les réseaux sociaux. Non seulement des milliers de lecteurs ont répudié ces éventuels actes, mais beaucoup ont assuré qu’ils n’achèteraient plus jamais ses livres.

    Infobae, 1 avr 2021 (original en espagnol)

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  • La pédophilie révélée de Michel Foucault, le père de l’idéologie woke et l’universitaire le plus cité de tous les temps

    Matthew Campbell — Sunday Times

    Le philosophe Michel Foucault, modèle phare de l’actuelle idéologie « woke », est devenu la dernière personnalité française de premier plan à devoir répondre d’abus sexuels sur des enfants, de façon rétrospective.

    Un collègue intellectuel, Guy Sorman, a déclenché une tempête parmi les « intellos » parisiens en affirmant que Foucault, décédé en 1984 à l’âge de 57 ans, était un violeur pédophile qui avait des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie à la fin des années 1960.

    Sorman, 77 ans, a déclaré qu’il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d’amis lors d’un voyage pendant les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, où le philosophe vivait en 1969. Dans une interview accordée au Sunday Times la semaine dernière, il se souvient que
    « De jeunes enfants couraient après Foucault en disant  » Et moi ? prends-moi, prends-moi. »

    « Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur jetait de l’argent et leur disait « retrouvons-nous à 22 heures à l’endroit habituel ». »
    Il s’avère que cet endroit était le cimetière local :
    « Il avait des rapports sexuels ici, sur les tombes, avec de jeunes garçons. La question de leur consentement n’était pas même soulevée. »

    Guy Sorman a affirmé que « Foucault n’aurait jamais osé faire ça en France », le comparant à Paul Gauguin, l’impressionniste dont on dit qu’il avait des relations sexuelles avec les jeunes filles qu’il peignait à Tahiti, et André Gide, le romancier qui s’attaquait aux garçons en Afrique :
    « Il y a une dimension coloniale dans tout cela. Un impérialisme blanc. »

    Guy Sorman dit regretter de ne pas avoir dénoncé Foucault à la police à l’époque ou de ne pas l’avoir dénoncé dans la presse, qualifiant son comportement d’« ignoble » et de « moralement hideux ».

    Mais, ajoute-t-il, les médias français étaient déjà au courant du comportement de Foucault :
    « Des journalistes étaient présents lors de ce voyage, il y avait de nombreux témoins, mais personne ne faisait de telles histoires à l’époque. Foucault était le roi des philosophes. Il est comme notre dieu en France. »

    Avec son col de polo caractéristique, son crâne chauve et ses lunettes, Foucault, fils de chirurgien, a été l’un des premiers intellectuels célèbres du XXe siècle dont on se souvient non seulement pour ses analyses controversées des prisons, de la folie et de la sexualité, mais aussi pour avoir signé une pétition en 1977 pour légaliser les relations sexuelles avec des enfants de 13 ans.

    La biographie la plus connue de Michel Foucault, The Passion of Michel Foucault (1993) de James Miller, décrit son intérêt pour les bains publics gay et sadomasochistes des États-Unis — il a été l’une des premières personnalités de la vie publique ouvertement gay et à mourir du sida — mais l’auteur ne fait aucune mention de ses frasques sexuelles en Tunisie.

    Foucault est le savant le plus cité au monde, souvent associé à la montée des politiques identitaires aux États-Unis, où le rappeur MC Hammer est l’un de ses fans. Daniel Miller écrit dans le magazine The Critic :
    « C’est presque invariablement à Foucault que les départements d’études militantes contemporaines font remonter leurs fondements intellectuels. Au niveau le plus élémentaire, Foucault le célèbre professeur français fournit une signature de sérieux pour des disciplines sans normes ou traditions académiques claires. »

    Miller écrit dans sa biographie que dans les années 1980 des États-Unis, les « foucaldiens », comme on appelle les admirateurs académiques du philosophe, « ont consacré Foucault comme une sorte de saint patron… dont ils invoquaient régulièrement l’autorité afin de légitimer, en termes proprement académiques, leur propre marque de politique progressiste. »
    Guy Sorman, un auteur prolifique, a d’abord diffusé ses affirmations sur Foucault dans Mon dictionnaire du Bullshit, un livre qu’il a publié il y a quelques semaines, et a de nouveau fait référence aux méfaits sexuels du philosophe en Tunisie lors d’un débat télévisé de fin de soirée. L’animateur était stupéfait :
    « Vous parlez de Foucault, selon vous un pédophile, et qu’on ne rappelle pas en général quand on parle de Foucault. »

    Les affirmations de Guy Sorman ont surpris les spécialistes en Grande-Bretagne, où le dernier volume de l’histoire de la sexualité en quatre volumes de Foucault vient d’être publié pour la première fois en anglais. Phil Howell, lecteur en géographie historique à l’université de Cambridge a déclaré :
    « Il est fort possible que cela ait un impact sur lui [Michel Foucault – NdT]. Foucault s’intéressait à la sexualité et a écrit à ce sujet, mais la maltraitance des enfants, c’est une autre histoire. »

    Pour Guy Sorman, le comportement de Foucault était symptomatique d’un malaise nettement français remontant à Voltaire :
    « Il croyait qu’il y avait deux morales, une pour l’élite, qui était immorale, et une pour le peuple, qui devait être restrictive. »

    Il poursuit :
    « La France n’est toujours pas une démocratie, nous avons fait la révolution, proclamé une république mais il y a toujours une aristocratie, c’est l’intelligentsia, et elle a eu un statut particulier. Tout est permis. »
    Il ajoute qu’aujourd’hui, cependant, « le monde change soudainement. »
    Il est loin d’être la seule célébrité française à avoir un sens exacerbé de ce qui est admissible. Ces dernières années, plusieurs témoignages ont donné lieu à des enquêtes criminelles sur des personnalités du monde littéraire et artistique accusées d’avoir abusé sexuellement d’enfants dans la foulée de la révolte étudiante de 1968.

    Le déballage a commencé en 2016, lorsque Flavie Flament, une présentatrice de radio et de télévision, a écrit un livre accusant David Hamilton, le photographe britannique, de l’avoir violée lorsqu’elle avait 13 ans. Elle m’a confié lors d’une interview peu après la parution de son livre :
    « À l’époque, je suçais encore mon pouce. »
    Hamilton s’est suicidé quelques jours plus tard.

    Il y a un peu plus d’un an, Vanessa Springora, 48 ans, éditrice, a décrit dans un livre comment elle avait été préparée, alors qu’elle était une jeune adolescente dans les années 1980, par Gabriel Matzneff, un romancier à la mode âgé d’une cinquantaine d’années à l’époque. Il s’était vanté de sa pédophilie à la télévision et avait remporté des prix littéraires pour les livres qu’il avait inspirés.

    Au moment où cette affaire a fait surface, l’élite parisienne était déjà sous le choc des révélations de Camille Kouchner, 46 ans, fille de Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères, selon lesquelles son beau-père, Olivier Duhamel, 70 ans, intellectuel et expert politique de premier plan, avait abusé sexuellement de son frère jumeau à la fin des années 1980, alors qu’il avait 13 et 14 ans.

    Ni Matzneff ni Duhamel n’ont reconnu les allégations et n’ont été condamnés pour un quelconque délit.

    Les soixante-huitards sont sur la défensive. Luc Ferry, 70 ans, philosophe et ancien ministre de l’éducation, estime que ses contemporains ont beaucoup à se reprocher. Il écrit dans Le Figaro :
    « On avait oublié que la pensée soixante-huitarde favorisait la pédophilie. Chaque adulte avait le droit voire le devoir, affirmaient-ils, de réveiller la sexualité que la bourgeoisie cachait. »

    Ces accusations sont à l’origine d’un nouveau projet de loi en cours d’examen au Parlement, qui criminaliserait toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans — à l’heure actuelle, un enfant victime de viol doit prouver la contrainte.

    La semaine dernière, cependant, un amendement dit « Clause Roméo et Juliette », destiné à protéger les amoureux adolescents, a été discuté. Il ne criminaliserait pas automatiquement les relations sexuelles avec une personne de moins de 15 ans si l’écart d’âge entre les deux « protagonistes » est inférieur à cinq ans.

    Le président Macron s’est fait le champion de cette modification de la loi, qui a suscité des gloussements sur la façon dont Brigitte, sa femme, aurait pu se retrouver dans le pétrin lorsque sa relation avec son futur mari a débuté dans les années 1990 : il avait 15 ans et elle était son professeure, mariée et âgée de 40 ans.

    Quant à Foucault, Guy Sormane pense qu’il ne devrait pas être « censuré » :
    « J’ai une grande admiration pour son travail, je n’invite personne à brûler ses livres, simplement à comprendre la vérité à son sujet, et comment lui et certains philosophes usaient de leurs arguments pour justifier leurs passions et leurs désirs. Il pensait que cela lui permettait de faire tout ce qu’il voulait. »

    Source de l’article initialement publié en anglais le 28 mars 2021 : Sunday Times, UK
    Traduction : Sott.net

    Source : Sott.net

    Etiquettes : Gabriel Matzneff, Olivier Duhamel, pédophilie, inceste, viols, abus, Tunisie, Camille Kouchner,


  • Pour Jair Bolsonaro, la légalisation de la pédophilie n’est qu’une question de temps au Brésil.

    Les souvenirs des victimes de pédophilie influencent la politique en France

    Il y a le délire et il y a la réalité. Le premier se trouve dans les théories du complot de QAnon, le mouvement extrémiste américain, et dans les tweets de la droite brésilienne. La réalité se trouve dans des livres comme « Le Consentement », récemment lancé au Brésil, et « La Familia Grande » (toujours sans traduction).

    QAnon affirme que le Parti démocrate des États-Unis, avec le soutien de l’industrie cinématographique et des « élites mondialistes », a créé une secte satanique dédiée à l’enlèvement, à la torture et aux abus sexuels d’enfants. Pour les radicaux qui gravitent autour de Jair Bolsonaro et Olavo de Carvalho, la légalisation de la pédophilie n’est qu’une question de temps au Brésil.

    « Le Consentement » et « La Familia Grande » sont des livres de souvenirs initialement publiés en France, début 2020 et en janvier de cette année. Dans le premier, Vanessa Springora raconte comment, à l’âge de 14 ans, dans les années 1980, elle a été victime de l’écrivain Gabriel Matzneff – un nom respecté dans les milieux intellectuels français, mais aussi un pédophile en série et impénitent. Dans le second, l’avocate Camille Kouchner révèle comment son frère a subi dans son enfance des abus sexuels de la part de son beau-père, le célèbre politologue Olivier Duhamel.

    L’émoi suscité par ces deux ouvrages a été suffisant pour influencer une décision politique. Le 15 mars, la France fixe pour la première fois l’âge de la majorité sexuelle dans sa législation. Lorsque la règle entrera en vigueur, les relations sexuelles avec des enfants et des adolescents de moins de 15 ans seront considérées comme des viols, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. Aucun adulte ne pourra prétendre que la relation était « consensuelle ».

    « La Familia Grande » a mis en lumière un fait bien connu : les abus sur les enfants sont rarement signalés, car ils se produisent presque toujours dans la famille ou dans un cercle de connaissances. « Consentement » a incriminé toute une époque. Dans l’environnement cultivé dans lequel vivaient Springora et Matzneff, aucun adulte n’a su protéger la fillette, alors même que les préférences sexuelles de l’écrivain étaient notoires.

    Le livre présente deux raisons à cela : le culte de l’artiste, auquel les limites normales ne s’appliqueraient pas, et « l’esprit de l’époque ». « Lutter contre l’emprisonnement des désirs, contre toute répression, tels étaient les mots clés de l’époque », écrit Springora.

    Elle rappelle comment, dans la seconde moitié des années 1970, les intellectuels français les plus révérés se sont mobilisés pour réduire les peines des pédophiles et empêcher les lois de fixer l’âge de l’âge adulte sexuel. Des manifestes ont été publiés. Parmi les sept ou huit douzaines de signataires figurent des noms tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Roland Barthes, Louis Althusser, Gilles Deleuze, Michel Foucault et Françoise Dolto (psychanalyste spécialiste de l’enfance).

    La France n’est d’ailleurs pas isolée dans ce mouvement. Dans d’autres pays, comme les États-Unis et l’Angleterre, des groupes composés de sociologues, de politologues et de psychologues ont également acquis une certaine notoriété, qui soutiennent que le « sexe intergénérationnel » peut être une forme de libération pour les enfants. et les adultes.

    Contrairement à ce que prétendent les croisés de l’extrême droite, ces idées n’ont pas gagné de terrain au cours des dernières décennies. La pédophilie a cessé d’être un problème de comportement pour devenir un problème médical – une maladie, comme peut en témoigner l’Organisation mondiale de la santé. Il s’agit de soigner les patients, mais pas de les excuser lorsqu’ils mettent leurs fantasmes en pratique. Plus que jamais, l’attention se porte sur les victimes de violences sexuelles.

    Les hommes qui abusent des enfants dans « O Consent » et « La Familia Grande » sont de vraies personnes, qui font de vrais dégâts. Springora et Kouchner ont mis l’angoisse, la peur et la colère ressenties depuis des années au service d’un objectif : dénoncer la violence insupportable contenue même dans les plus « tendres » caresses d’un pédophile, et déclencher l’action politique . Le changement de la loi française en est le résultat.

    En comparaison, le pédophile des cauchemars de QAnon et des bolsonaristas « idéologiques » est un être abstrait : un mal absolu, une chimère. Les deux groupes ont également utilisé ce monstre pour servir des fins politiques. Mais le résultat, dans ce cas, ne s’intéresse qu’à eux-mêmes.

    KSU The Sentinel Newspaper, 27 mars 2021

    Tags : France, pédophilie, pédocriminalité, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, #Metoo, #MetooInceste, Inceste, QAnon, Le Consentement, Brésil, Jair Bolsonaro, Olavo de Carvalho, Gabriel Matzneff, Vanessa Springora,

  • Pédophilie et inceste : comment le passé rattrape ceux qui ont défendu l’indéfendable

    « Les déflagrations touchant Olivier Duhamel ou Gabriel Matzneff ont libéré la parole et remis en cause une certaine époque. Celle où les abus sexuels perpétrés contre des enfants étaient théorisés par une minorité d’intellectuels comme une manière de vivre libre.

    Elle est la seule des trois à parler face caméra. Sur le plateau des « Dossiers de l’écran », ce mardi 2 septembre 1986, l’émotion est particulière. Les télé­spectateurs d’Antenne 2 viennent de regarder en masse un téléfilm, « Amelia ». Plus que ses qualités cinématographiques, c’est sans doute son thème qui les a attirés si nombreux : un inceste et la façon dont il perturbe sa jeune victime.

    Lire la suite depuis la source : Le Parisien

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