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  • Gaz: Le double jeu de Madrid

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    Par Mohamed K.

    Quelques semaines seulement ont suffi pour démonter toute la propagande farfelue des autorités espagnoles sur la fameuse « main de Poutine ». Quand l’Algérie a décidé, selon les termes du contrat gazier et comme le prévoient les clauses prévues à cet effet, de renégocier des prix du gaz exporté vers l’Espagne, Madrid s’est lancé dans une vaste campagne de dénigrement contre les autorités algériennes, les accusant d’être sous l’influence russe.

    Le fantasque ministre des Affaires étrangères, José Albarès, est allé plus loin en alertant l’Union européenne et même l’OTAN, soulevant la menace « russe » en Afrique du Nord et dénonçant un prétendu « chantage au gaz ». Il créa tout un scénario afin de rallier toute l’UE et l’Alliance atlantique, en évoquant sans honte « un complot russe » à partir du flanc sud de l’Europe. D’ailleurs, l’UE a pondu un communiqué ou une déclaration officielle en se rangeant du côté de Madrid et menaçant l’Algérie par des messages sibyllins de représailles.

    Or, voilà que l’agence américaine Bloomberg spécialisée dans les informations économiques a révélé lundi le double jeu ibérique. Pour combler ses propres déficits, le gouvernement madrilène est allé acheter, avec des roubles, d’importantes quantités de gaz de la Russie, le « supposé ennemi ».

    Une démarche qui va à l’opposé des propres résolutions de l’Union européenne et que Madrid a elle-même votée et adoptée. Des quantités qui viennent de dépasser allègrement les volumes que fournissent Sonatrach à l’Espagne. Ainsi, la Russie est devenue en un mois le deuxième fournisseur de gaz à l’Espagne. Rien que durant ce mois de juin, les importations en provenance de Russie ont doublé, alors que les différentes recommandations de l’UE et de l’OTAN appellent à réduire les approvisionnements en produits énergétiques russes.

    D’après l’agence américaine Bloomberg, les données de la société espagnole de la distribution du gaz GRT Enagas montrent que «les importations en provenance de Russie ont atteint 8.752 gigawattheures en juin, soit plus du double du mois de mai et 24% de la demande totale de l’Espagne».

    Bloomberg indique en détail, que sur les volumes des importations espagnoles durant le mois de juin dernier, soit deux mois après la résolution de la Commission européenne et la deuxième série de sanctions contre la Russie, «les livraisons de l’Algérie ont chuté à 7.763 gigawattheures contre 9.094 gigawattheures en mai, soit environ la moitié du chiffre de juin 2021 et représentant désormais 22% de la demande.

    On sait depuis des mois que les États-Unis restent le principal fournisseur, avec une part de 30%. En effet, les données dévoilées par l’agence américaine affirment que l’Espagne a «reçu près de 8,8 TWh de GNL russe en juin, au-dessus des 7,8 TWh de l’Algérie et juste derrière les 10,6 TWh déchargés des méthaniers américains.»

    Ces révélations ont soulevé des polémiques au sein des milieux politiques et médiatiques dans la péninsule ibérique. Des critiques ont fusé de partout contre le gouvernement de Sanchez, l’accusant « de naviguer à vue », en matière de diplomatie, et d’absence de prospective en économie.

    A la rescousse du tandem Sanchez-Albarès, la ministre de l’Energie espagnole, Teresa Ribera, a tenté des explications non convaincantes sur ces chiffres révélés par Bloomberg. Elle a affirmé que les importations espagnoles en gaz russe, «correspondent probablement aux accords commerciaux précédents».

    «Le GNL russe représentait 24,4% de l’approvisionnement total en gaz et le GNL américain 29,6%. Cela correspond aux importations russes des années précédentes, a déclaré Ribera, conseillant toutefois, juste pour le reflexe politique, de réduire les arrivées de gaz russe autant que «possible».

    Interrogé sur l’énorme quantité de gaz importé en un mois de Russie, la ministre n’a pas trouvé mieux que de sommer les entreprises espagnoles de chercher d’autres alternatives et d’autres fournisseurs pour satisfaire son marché local et régional.

    Des sources médiatiques ont indiqué que des sociétés espagnoles ont probablement acheté du gaz de Russie pour le revendre à son client marocain, après une transformation en dérivés dans leurs plateformes industrielles, et le réinjecter dans le gazoduc Transmaghrebin fermé l’an dernier par l’Algérie.

    Le Jeune Indépendant, 12/07/2022

    #Espagne #Algérie #Gaz #Russie #Union_Européenne #Maroc

  • Chute vertigineuse de l’euro: Quel avantage pour l’Algérie ?

    Chute vertigineuse de l’euro: Quel avantage pour l’Algérie ?

    Algérie, devises, change, euro, dollar, Ukraine, Russie, Union Européenne, gaz,

    Par Mohamed Kouini

    C’est la dégringolade la plus brutale jamais connue par la monnaie unique européenne depuis 2022. Après avoir atteint la parité avec le dollar, l’euro a plongé ce mercredi encore, dépassant toutes les prévisions les plus pessimistes. Le dollar américain valait plus d’un euro, une situation inédite depuis la création de la monnaie européenne en 2000.

    Mardi, la valeur du billet vert était de 1,01 dollar pour un euro, soit une perte de 22% de sa valeur en un an. Un taux qui risque encore de s’élever ces jours ci, en raison de certains facteurs liés aux marchés américains et la volonté de la Réserve fédérale américaine de soutenir encore davantage le dollar.

    Pour les experts, cette situation s’explique surtout par les inquiétudes du marché sur l’émergence d’une crise énergétique majeure sur le Vieux continent, notamment avec les nouvelles tensions sur le gaz russe et les travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1.

    L’Europe est entrain de faire les frais de son soutien aveugle aux Etats-Unis au détriment de ses intérêts nationaux dans le conflit en cours en Ukraine.

    Cette situation alimente notamment les craintes de récession économique en Europe. Un simple arrêt de quelques jours des livraisons de gaz russes causerait une récession dans toute la zone euro. Les dégâts seraient incalculables, selon les experts, qui pensent que la zone euro connaîtra trois trimestres consécutifs de contraction de l’économie.

    L’une des conséquences serait que la Banque centrale européenne (BCE) aura à faire face à une inflation galopante et la politique monétaire sera des plus difficiles pour éviter les déséquilibres sociaux.

    Actuellement, les investisseurs achètent en masse du dollar, devenu valeur refuge, et profitent au maximum de cette situation. La Réserve fédérale américaine (Fed) veut poursuivre ses hausses des taux, alors que les chiffres de l’emploi publiés ce vendredi ayant montré que l’économie des Etats-Unis résiste mieux.

    Qu’en est-il pour l’Algérie avec la chute de la valeur de l’euro ? Pour les analystes, c’est tout bénef pour le pays qui importe 60% de ses besoins en euros depuis l’Union européenne. En 2021, elle a importé pour 13 milliards d’euros soit près de 17 milliards de dollars. Si la dépréciation de l’euro continue encore, cela va permettre à l’Algérie et ses importateurs de réaliser de fortes économies en devises. C’est encore le Trésor public qui sera soulagé avec la baisse de la facture des importations algériennes depuis l’Union européenne. Le Trésor public compte ses recettes et ses dépenses en dollar.

    Pour d’autres économistes, cette situation va permettre à Sonatrach d’augmenter ses exportations vers l’Union européenne (notamment avec l’Italie, la France, l’Espagne et l’Allemagne) qui sont actuellement de l’ordre de 11 milliards d’euros. La hausse des prix du gaz et du pétrole sur le marché international doublé d’une explosion de la demande dans la zone euro sur les produits énergétiques vont permettre à l’Algérie de renflouer encore davantage ses caisses.

    Pour les sociétés algériennes versées dans l’importation de l’Europe, on se frotte les mains. Certains secteurs sont ciblés, comme l’agroalimentaire, les médicaments, les produits parapharmaceutiques, les produits cosmétique et de luxe.

    Toutefois, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, au marché informel du Square du Port Said, dans la capitale, l’euro maintient toujours ses valeurs, ne subissant aucun contrecoup de sa chute mondiale. Est ce par rapport à la forte demande des potentiels touristes algériens en partance en vacances en Tunisie? Rien n’est moins sûr.

    Il est attendu vers la fin de cette année, si la chute se poursuit, une nette amélioration de la balance commerciale de l’Algérie et une préservation de ses réserves de change.

    Le Jeune Indépendant, 13/07/2022

    #Algérie #Devises #Change #Euro #Dollar

  • Gaz: L’Algérie n’est plus le premier fournisseur de l’Espagne

    Gaz: L’Algérie n’est plus le premier fournisseur de l’Espagne

    Espagne, Algérie, Maroc, gaz, Sahara Occidental,

    Les livraisons de gaz algériens pour l’Espagne ont poursuivi leur baisse en juin. Longtemps classé premier fournisseur du marché espagnol, l’Algérie s’est retrouvée en troisième position sur ce registre, avec un part de 21,6% seulement des importations de ce pays durant le mois dernier, selon les chiffres du gestionnaire du réseau gazier espagnol.
    Ce sont les Etats-Unis qui ont pris la première position, avec 29,6% de parts, alors que la Russie s’est hissée à la deuxième place, avec 24,4% du gaz importé par l’Espagne.

    Ce changement opéré sur le classement des fournisseurs de gaz à l’Espagne ne constitue pas une surprise, dans la mesure où le recul des exportations algériennes vers ce client ont entamé leur recul bien avant le mois de juin, sur fonds d’une crise politique entre les deux pays que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’est chargé de déclencher à travers son revirement dans la question du Sahara occidental sans juger utile, depuis, de faire marche-arrière et de remettre les relations de son pays avec l’Algérie à l’heure de la bonne entente et des avantages dont jouissait l’Espagne dans la coopération énergétique. Début mai dernier, la presse espagnole rapportait déjà que les entrées de gaz par le gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, avaient reculé de près de 25% durant la première semaine ce mois, comparativement à la mi-mars.

    Analysant les données de surveillance quotidiennes du système gazier fournies par Enagas, la même source avait également expliqué que 234 GWh/jour étaient entrés entre le 1er et le 5 mai par le Medgaz, contre 312 GWh/jour le 14 mars, date à laquelle Pedro Sanchez avait annoncé son revirement-surprise, se rangeant du côté du Maroc et engendrant une crise diplomatique où le gaz a le rôle d’une arme politique lourde.

    Face à l’obstination du Premier ministre espagnol à défendre la thèse du Makhzen, l’Algérie a décidé de passer à la rupture des relations économiques avec l’Espagne, plusieurs semaines après avoir rappelé son ambassadeur à Madrid, en réaction immédiate à l’annonce de Sanchez.

    Une rupture qui a vu Alger suspendre, début juin, le traité de coopération avec l’Espagne, conclu entre les deux pays en 2002.

    Parallèlement l’Algérie a décidé de revoir son contrat portant sur les ventes de gaz, annonçant une augmentation des prix qui est toujours en phase de négociations entre les responsables de Sonatrach et leur partenaire dans Medgaz Naturgy.

    Si la baisse des exportations de gaz algérien vers l’Espagne est en train d’inquiéter les autorités espagnoles, la hausse des ventes russes vers ce pays provoquent, elle aussi, le même type de sentiments chez ces derniers. Elles ont lieu alors que les pays de l’UE sont en quête d’alternatives aux énergies produites en Russie.

    Hier, le gouvernement espagnol a appelé les groupes énergétiques du pays à « réduire au maximum » leurs importations de gaz russe. « Il serait bon » que les entreprises commercialisant du gaz « cherchent à réduire au maximum » leurs importations de Russie, a déclaré la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera à l’issue du conseil des ministres. Contrairement au pétrole, le gaz russe n’est pas concerné par les sanctions européennes adoptées suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais « il est recommandable de rechercher des alternatives », a-t-elle insisté.

    Les achats de gaz russe du mois de juin « correspondent probablement à des accords commerciaux antérieurs » à la guerre en Ukraine, a souligné Teresa Ribera.

    Pour rappel, l’Algérie est restée le principal fournisseur de gaz à l’Espagne en 2021. Selon les données d’Enagás, durant l’année écoulée, les importations espagnoles de gaz ont atteint 416.685 gigawattheures (GWh). L’Algérie a fourni 42,7% du gaz importé par l’Espagne, soit près de 178.000 GWh, dont 154.565 GWh par gazoduc et 23.425 GWh sous forme de GNL.

    Le deuxième fournisseur de gaz naturel de l’Espagne en 2021 était les Etats-Unis, dont les importations représentaient 59.870 GWh, soit 14,4% des besoins espagnols, alors que le troisième fournisseur était le Nigeria, avec 47 690 GWh. La Russie est arrivée en quatrième position avec 8,7%, suivie par la France (7,7%), le Qatar (6,3%) et le reste 8,8%.

    Reporters, 12 jui 2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #Gaz #Sahara_Occidental #Europe

  • Algérie-Espagne: Madrid quadruple l’achat de gaz russe

    Algérie-Espagne: Madrid quadruple l’achat de gaz russe

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    Sánchez quadruple l’achat de gaz russe en plein massacre de Poutine et après avoir visité Zelenski
    L’augmentation des achats de gaz à la Russie a été d’une telle ampleur que ce pays est désormais le deuxième fournisseur de gaz de l’Espagne, derrière les États-Unis.

    Pedro Sánchez a encore fait preuve d’une grande cohérence. Après sa visite à Zelenski en avril pour démontrer l’énorme soutien de La Moncloa au peuple ukrainien, l’Espagne a augmenté ses achats de gaz russe de 52 %. Maintenant, au cours du dernier mois avec des données officielles définitives, Sánchez a directement autorisé un quadruplement des achats en juin de la même Russie qui attaque l’Ukraine et paie ses bombardements avec les revenus du marché de l’énergie.

    Ces données sont révélatrices du respect par Pedro Sánchez de ses promesses de jumelage avec l’Ukraine. Zelenski a demandé à l’Espagne de ne pas acheter de gaz russe. Il lui a demandé d’empêcher les compagnies gazières opérant en Espagne d’acheter du gaz à la Russie, ce qu’il aurait pu interdire en utilisant ses pouvoirs légaux. Et la réponse a été prompte et rapide.

    En juin, les achats de gaz naturel en provenance des gisements russes ont totalisé 8 752 GWh. Et les achats au cours du même mois de juin de l’année dernière ont été limités à 2 163 GWh. En d’autres termes, en juin dernier, après la visite de Sánchez à Zelenski, l’achat de gaz russe a augmenté de 304,6 %. Ou, pour le dire autrement : l’achat a plus que quadruplé. Un véritable exploit de Sánchez en matière de soutien humanitaire à Zelenski et à l’Ukraine.

    En fait, l’augmentation des achats de gaz en provenance de Russie a été d’une telle ampleur que la Russie est désormais le deuxième fournisseur de gaz naturel de l’Espagne. Seulement derrière les États-Unis. L’Espagne achète 29,6 % du total aux États-Unis et 24,4 % à la Russie.

    La Russie a ainsi dépassé même l’Algérie, notre fournisseur vedette classique. Le gaz algérien ne représente plus que 21,6%, alors qu’il a dépassé 40% du total dans le passé. Mais bien sûr, c’était avant que Pedro Sánchez ne fasse exploser les relations avec l’Algérie suite à son don unilatéral du Sahara au Maroc.

    En d’autres termes, la carte énergétique du gaz a été bouleversée en Espagne, et parmi les grands bénéficiaires figure la même Russie qui attaque l’Ukraine jour après jour.

    Parmi les principaux payeurs figurent les consommateurs. Le gaz algérien est arrivé à des prix relativement bas par rapport au marché international parce qu’il a été convenu dans le cadre des accords d’amitié désormais enterrés et parce qu’il a été envoyé par gazoduc, ce qui élimine les coûts de liquéfaction, de regazéification et de transport par méthanier.
    Il convient également de rappeler que l’utilisation du gaz russe est en hausse.

    Le 21 avril était la date du voyage de Pedro Sánchez en Ukraine. Le président a fait connaître son soutien à Zelenski au monde entier et a accusé Vox d’être l’allié de Poutine et le PP de pactiser avec les supposés amis de la Russie. Le mois suivant, les achats de gaz russe par l’Espagne ont augmenté de 52 %, l’un des principaux moyens de financer le régime de Poutine. Et, par conséquent, de l’invasion de l’Ukraine.

    Ces données figurent également dans les registres officiels, dans le rapport de couverture de la demande du directeur technique du système gazier espagnol. Et on peut y voir comment l’Espagne a acheté un total de 3 289 GWh de gaz naturel russe en mai. C’est-à-dire juste après que Pedro Sánchez ait quitté l’Ukraine après sa visite au dirigeant ukrainien, Volodímir Zelenski. Ce mois-là, le chiffre était déjà représentatif : pas moins de 9 % du total du gaz naturel acquis durant cette période sur le marché espagnol. Mais aujourd’hui, l’évolution des achats de gaz à la Russie est encore plus significative. A partir de ces chiffres, il a plus que doublé en un mois seulement. Et de représenter 9 % à plus de 24 % du marché total du gaz en Espagne. Un pur soutien à l’Ukraine.

    Libre mercado, 12/07/2022

    #Espagne #Algérie #Russie #Gaz

  • Espagne: Et si le roi du Maroc se réveille de mauvaise humeur?

    Espagne: Et si le roi du Maroc se réveille de mauvaise humeur?

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    LE GRAND LABYRINTHE GÉOPOLITIQUE
    La bombe de Sánchez au Maroc : « Et si Mohammed VI se lève de mauvaise humeur ?
    Volte-face sur le Sahara, décapitations de ministres que Rabat n’aime pas, défense de la main de fer à la frontière… L’Espagne peut-elle continuer à faire plaisir au Maroc sans énerver l’Algérie ? Que ferait Feijóo? Jeu à somme nulle à Moncloa

    Par Carlos Prieto
    El Confidencial, 12/07/2022
    Dans les relations diplomatiques, les choses ne sont parfois pas ce qu’elles semblent être, mais les apparences sont importantes, et ce qui semble se passer actuellement, c’est que l’Espagne est à la traîne du Maroc… et tire la langue pour avoir irrité l’Algérie. Que se passe-t-il ? Le Maroc a-t-il le dessus dans ses relations avec l’Espagne ? Quelle sera la marge de manœuvre du prochain locataire de la Moncloa pour obtenir le sourire de Mohammed VI et le gaz algérien sans en payer le prix fort ? Faits, interprétations et analyses d’experts sur le présent, le passé et l’avenir de la longue crise avec le Maroc.

    Le compte à rebours
    Fait numéro un : le cadeau de Donald Trump

    Décembre 2020 : le président américain Donald Trump reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, tout en saluant – et c’est essentiel – la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.

    Interprétation possible du fait numéro un : le Maroc se renforce géopolitiquement et l’Espagne ne le voit peut-être pas venir. Fait numéro deux : l’excuse Ghali Avril 2021 : Brahim Ghali, leader du Front Polisario, entre en Espagne pour entrer dans un hôpital de Logroño. Ghali, l’une des bêtes noires du régime marocain, est atteint d’un cancer, d’une covidie et a 72 ans. Ce qui devait être une opération discrète (et « humanitaire ») du ministère des Affaires étrangères (avec l’opposition du ministère de l’Intérieur) finit par exploser. Le Maroc proteste vivement et l’Espagne tente de contenir le coup. « Cette question n’entrave ni ne perturbe les excellentes relations de l’Espagne avec le Maroc », a déclaré la ministre des affaires étrangères Arancha González Laya. Mais les relations avec le Maroc vont être très perturbées pour l’Espagne et pour… Laya. « L’Espagne est le gentleman enthousiaste et trop enthousiaste qui tente de calmer son voisin fracturé » Interprétation possible du fait numéro deux : le Maroc profite du voyage de Ghali à Logroño pour monter un « casus belli » contre l’Espagne. Fait numéro trois : invasion à la carte mai 2021. Dix mille migrants entrent à Ceuta face à l’inaction des autorités frontalières marocaines.

    Interprétation possible du fait numéro 3 : le Maroc conçoit une « invasion » à la carte pour dynamiter les relations avec l’Espagne en représailles à l’affaire du Ghali. L’autre Marche Verte. Les autorités espagnoles étant dépassées par l’incident, le Maroc commence à négocier des questions majeures (le statut du Sahara occidental) en position de force. Fait numéro quatre : il faut lui couper la tête ! Juillet 2021 : le gouvernement limoge le ministre des affaires étrangères, Arancha González Laya. Le lendemain, lors de son investiture, le nouveau ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, s’engage à « renforcer les relations avec le Maroc, un grand ami et voisin ». Interprétation possible du fait numéro quatre : l’Espagne livre la tête de Laya au Maroc sur un plateau d’argent.

    Fait numéro cinq : une volte-face sur le Sahara Mars 2022. Lettre de Pedro Sánchez à Mohamed VI : « Je reconnais l’importance de la question du Sahara occidental pour le Maroc… L’Espagne considère la proposition marocaine d’autonomie présentée en 2007 comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste ». L’Espagne modifie sa politique historique pour laisser tomber le toast du Sahara du côté marocain. « Interprétation possible du fait cinq : le Maroc gagne la bataille diplomatique contre l’Espagne. Fait numéro six : les téléphones portables sur écoute Mai 2022. Le gouvernement affirme que les téléphones portables du Premier ministre et des ministres Fernando Grande-Marlaska et Margarita Robles ont été espionnés par le programme Pegasus. Interprétation possible du fait numéro six : le Maroc a-t-il arraché le téléphone portable du Premier ministre espagnol ? Fait : le « piratage » a eu lieu en pleine crise entre les deux pays, entre l’opération Galhi et le limogeage du ministre des affaires étrangères. Fait numéro sept : la colère algérienne Juin 2022 : l’Algérie menace de rompre les accords commerciaux avec l’Espagne en raison de son changement de position sur le Sahara.

    Interprétation possible du fait numéro sept : l’Espagne a choisi le pire moment depuis un demi-siècle (depuis la crise pétrolière) pour se mettre à dos un partenaire gazier stratégique. Fait numéro huit : mort juin 2022 : des dizaines de migrants soudanais meurent en essayant de sauter la barrière entre Nador et Melilla. Dans sa première réaction à la tragédie, Pedro Sánchez décrit l’action des forces de sécurité en ces termes : « Bien résolue ». La gauche espagnole grince des dents. Sánchez nuance ensuite ses propos, mais évite de critiquer la gendarmerie marocaine (soupçonnée). Explication possible du fait numéro huit : le Maroc durcit à nouveau le ton à la frontière après le revirement de l’Espagne au Sahara.

    Dérivation complotiste des huit faits précédents : ces dernières semaines, des accusations (sans preuve) de chantage marocain présumé sur l’Espagne ont circulé dans les médias numériques de droite. Le Maroc disposerait d’informations personnelles sur l’entourage de Sánchez via Pegasus. Empoisonnement de l’information ? Très probablement, mais le bruit a déjà été fait. La perception publique que l’Espagne a cédé plus que sa part de terrain dans sa crise avec le Maroc, couplée au manque d’explications sur l’embardée au Sahara, a ouvert la porte aux ragots complotistes diffamatoires. Quelqu’un a senti du sang.

    Aznar l’avait en réserve
    Trois mois après la lettre de Sánchez au roi du Maroc sur le Sahara, José María Aznar, l’ancien premier ministre qui ne rate jamais une occasion, était à l’aise dans une interview à El Confidencial : « L’Espagne a gagné la bataille de Perejil, mais le Maroc a clairement gagné la bataille maintenant » « Le Maroc m’a donné une bataille [Perejil] et l’a perdue. A ce gouvernement, il a donné un bras de fer et il l’a gagné. Le changement de position de l’Espagne sur le Sahara a été une erreur historique et aura de graves conséquences pour l’Espagne. L’Espagne a démontré sa vulnérabilité, sa faiblesse, et cela sera utilisé contre nous. Et il ne faut pas la comparer avec la crise de 2002. Maintenant, cela a été fait sans consultation, du jour au lendemain, alors que lors de la crise de 2002, la question a été portée devant le Parlement. Le Congrès a voté pour l’intervention, l’OTAN l’a soutenue, l’Union européenne l’a soutenue. S’il y avait quelque chose à l’époque, c’était la lumière et les sténographes. Ceci, fait la nuit et avec une intention malveillante, est un signe de faiblesse ». Selon des sources diplomatiques, « l’intimidation de l’Espagne par le Maroc n’est pas nouvelle. C’est sa façon traditionnelle de mener sa politique étrangère : de la Marche verte à Perejil, il s’agit toujours de pousser la détermination de l’Espagne. Chaque fois que le Maroc voit des doutes en Espagne, c’est mauvais pour l’Espagne. « Aznar n’est pas un saint de ma dévotion, mais ici il a raison. Il a frappé le gouvernement là où ça fait le plus mal. L’Espagne a gagné la bataille de Perejil, mais le Maroc a clairement gagné celle-ci », déclare une source connaissant bien la société marocaine.

    Le Maroc a gagné, d’accord, mais l’Espagne n’a-t-elle rien obtenu en retour ? « Les propos de Sánchez sur les morts à la clôture de Melilla étaient scandaleux, même s’il est bon de les replacer dans un contexte géostratégique. La seule chose que l’Espagne a obtenue de cette crise pour le Maroc, après lui avoir fait tant de faveurs, est tombée du côté de la Grande-Marlaska et du ministère de l’Intérieur : que le Maroc garde la frontière sud sécurisée et, comme Sánchez a fini par le dire, à n’importe quel prix. C’est la triste réalité lorsque vous externalisez la sécurité des frontières à un pays sans garanties démocratiques. Mais nous savons déjà que le contrôle des migrations est une affaire très inconstante : si le roi du Maroc se lève de mauvaise humeur demain, les choses peuvent se compliquer à nouveau à la frontière », ajoute la source.

    Le Maroc semble fort
    Comment les choses se présentent-elles depuis le Maroc ? Calmement, semble-t-il, après le revirement de l’Espagne sur le Sahara. « Le Maroc s’est imposé comme un leader en Afrique et un partenaire stratégique pour l’Espagne » Ali Zoubeidi, expert en sécurité et migration à l’Université Hassan I du Maroc, déclare : « Après la crise de Ceuta, il est devenu très clair que les intérêts nationaux communs devaient être une priorité pour l’Espagne et le Maroc ». Parmi les développements bilatéraux, M. Zoubeidi mentionne les accords migratoires conclus entre le Sénégal, le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne pour renforcer les liens économiques, contrôler les « frontières maritimes » et « s’attaquer au crime organisé ».

    Le Maroc est-il aujourd’hui plus fort qu’avant dans ses relations avec l’Espagne ? Zoubeidi place la réponse dans un contexte géopolitique : le Maroc serait globalement plus fort. « Le Maroc construit des alliances solides avec les pays africains, et joue un rôle important pour la paix au Moyen-Orient. La normalisation des relations avec Israël, le rôle du Maroc dans la guerre contre le terrorisme et la lutte contre le crime organisé transnational ont fait du royaume marocain un leader sur le continent africain et un partenaire stratégique pour l’Espagne », conclut M. Zoubeidi.

    Relations spéciales
    Le fait que l’Espagne ait tendance à traiter le Maroc avec prudence n’est pas nouveau. Les enjeux sont élevés. « Les relations avec le Maroc sont marquées par le voisinage, c’est-à-dire qu’elles sont essentielles pour l’Espagne en termes de migration, de sécurité et de commerce. Les relations exigent donc un traitement spécifique de la part de l’Espagne, mais elles sont en même temps marquées par une irritabilité permanente au sujet du Sahara et de la revendication du Maroc sur Ceuta et Melilla, à laquelle il ne renoncera jamais », déclare Josep Piqué, ministre des affaires étrangères sous l’administration Aznar.

    En bref, tout le monde a un voisin qui nécessite un traitement spécial et du tact pour diverses raisons. « Les tensions entre l’Espagne et le Maroc remontent à loin, bien qu’au cours de la dernière décennie, il y ait eu un accord sous la table : je ne touche pas au Sahara et tu ne touches pas à Ceuta et Melilla ; mais même à cette époque, l’avion volait dans une direction : des présidents du gouvernement, des ministres, des présidents régionaux et même le directeur de la Banque d’Espagne se sont rendus au Maroc… Et de l’autre côté ? Nous n’avons pas reçu un cinquième de cet enthousiasme. L’Espagne, en bref, c’est le monsieur enthousiaste et trop enthousiaste qui tente de calmer son voisin frondeur et lourdaud, et c’est là que nous sommes. Le Maroc a le dessus », déclare la source qui connaît bien la société marocaine.

    Chanson triste algérienne
    En résumé : le Maroc fait toujours pression et il y a toujours eu des problèmes, mais ils auraient été exacerbés par les buts contre son camp de l’Espagne. Josep Piqué : « Les relations avec le Maroc ont toujours été complexes et même turbulentes. Pendant mon mandat de ministre, l’ambassadeur du Maroc en Espagne s’est retiré en raison d’un conflit migratoire (qui a finalement été résolu). Mais c’est une chose et changer un demi-siècle de politique d’Etat sur le Sahara sans consulter l’opposition et le parlement en est une autre. Tout cela a été révélé, en outre, après que la maison royale marocaine a divulgué une lettre du président espagnol. Nous ne savons donc même pas ce qui a été convenu exactement. Cela place l’Espagne dans une situation de manque de fiabilité en matière de politique étrangère, où les décisions stratégiques doivent s’inscrire dans la durée (valable pour les gouvernements de différentes tendances politiques) et être prises en dehors des impulsions présidentielles à court terme ». Traduction des mots de Piqué : Sánchez a laissé le prochain locataire de Moncloa avec un gros problème (algérien). « La décision sur le Sahara a placé l’Espagne dans une situation de non-fiabilité en matière de politique étrangère ». Que se passera-t-il lors du prochain bras de fer avec le Maroc ? Après le réarrangement des pièces géopolitiques, et dans un contexte d’agitation internationale maximale, l’Espagne parviendra-t-elle à plaire au Maroc et à l’Algérie en même temps ? Le président du Partido Popular, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré : « Le problème du Sahara ne peut être résolu par une lettre clandestine ». Lorsqu’on lui a demandé si cela signifiait qu’il reviendrait sur la nouvelle politique du Sahara s’il devenait président, M. Feijóo était plus proche d’un oui que d’un non, mais ambigu, peut-être parce qu’il n’a toujours pas de réponse à la grande question : est-il possible de rectifier la question du Sahara sans énerver le Maroc ? Certains analystes soupçonnent cependant que c’est exactement le contraire qui va se produire : qu’avant qu’un autre gouvernement espagnol ne menace de revenir à la neutralité sur le Sahara, le Maroc demandera à l’Espagne de durcir sa position avec une trumpete : la reconnaissance complète, officielle et sans ambiguïté de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental (après tout, pensera sans doute le Maroc, l’administration Biden n’a montré aucun signe de vouloir changer la décision de Trump sur le Sahara). Il n’est pas difficile d’imaginer que l’Algérie ne serait pas satisfaite si l’Espagne faisait une telle chose.

    Selon des sources diplomatiques, « tous les gouvernements de la démocratie avaient réussi à maintenir de bonnes relations avec le Maroc et l’Algérie en même temps, ce qui n’était pas toujours facile, mais le gouvernement l’aborde maintenant en termes de somme nulle : amélioration lente et confuse des relations avec le Maroc (il reste à voir si le Maroc ouvrira les douanes à Ceuta et Melilla, comme l’a promis Sánchez) et, en échange, détérioration des relations avec l’Algérie, ce qui peut affecter le prix du gaz, qui sera révisé en janvier prochain ». En bref : l’Algérie, le Maroc et l’Espagne, un jeu à somme nulle, hors de contrôle et capable d’empêcher plusieurs présidents de dormir la nuit.

    #Maroc #Espagne #Algérie #Sahara_Occidental #Melilla #Migration

  • Algérie: Hausse des prix du gaz pour trois partenaires

    Algérie: Hausse des prix du gaz pour trois partenaires

    Algérie, Europe, gaz, Sonatrach Espagne, Italie, prix,

    Sonatrach se dit confiante dans les accords avec d’autres contreparties
    -L’Europe se précipite pour renforcer l’approvisionnement en gaz de l’Algérie
    ParSalah Slimani

    L’Algérie a déclaré avoir conclu un accord avec trois « partenaires » pour augmenter les prix de ses exportations de gaz naturel, alors que l’Europe se précipite pour augmenter les approvisionnements du pays d’Afrique du Nord.

    « Nous sommes convaincus que nous parviendrons bientôt à des accords pour revoir les prix avec d’autres partenaires », a déclaré dimanche aux journalistes Toufik Hakkar, le directeur général de la société énergétique publique Sonatrach , sans nommer les trois contreparties avec lesquelles un accord a déjà été conclu. frappé. « Les négociations sont difficiles et très fatigantes et nécessitent plus de temps. »

    L’Algérie est le plus grand fournisseur de gaz de l’Europe après la Russie et la Norvège, expédiant le carburant via des pipelines vers l’Espagne et l’Italie, et l’expédiant également sous forme liquéfiée. L’Union européenne tente de réduire les importations en provenance de Russie suite à l’invasion de l’Ukraine par Moscou, et des responsables se sont rendus en Algérie pour tenter d’obtenir des engagements pour une production plus élevée.

    Sonatrach cherche à profiter davantage de la flambée des prix du gaz au cours de l’année écoulée. Il réfléchit à plusieurs options avec les acheteurs, notamment en liant davantage ses contrats aux prix du gaz au comptant, a rapporté Reuters la semaine dernière. Les contrats de gaz sont souvent liés aux prix du pétrole brut.

    L’entreprise algérienne travaille avec des électriciens européens tels que Cepsa et Endesa en Espagne, l’Italien Eni , Engie en France et Galp au Portugal.

    Hakkar, le PDG, a également déclaré que la production de Sonatrach était de 79 millions de tonnes d’équivalent pétrole au cours des cinq premiers mois de 2022, en hausse de 2% sur un an. Les dépenses d’exploration ont bondi de 70 % pour atteindre 21,5 milliards de dollars.

    Bloomberg, 3 juillet 2022

    #Algérie #Espagne #Italie #France #Gaz #Prix #Sonatrach

  • Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

    Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

    France, Espagne, Algérie, gaz, Sonatrach, Medgaz, Naturgy, Transmed, Maroc,

    AU MILIEU DE LA CRISE ENTRE MADRID ET L’ALGÉRIE
    Sonatrach renouvelle son contrat avec Engie pour trois ans, mais révisera les prix à la hausse. L’Algérie renforce ses relations avec l’Italie et la France alors qu’elle réduit ses approvisionnements en Espagne
    Par Marcos Lema – Ignacio Cembrero

    La France continuera à recevoir du gaz algérien via l’Espagne pendant les trois prochaines années. La société publique d’énergie du pays maghrébin, Sonatrach, a annoncé jeudi dans un communiqué qu’elle renouvellera le contrat avec la société privée française Engie pour la fourniture de l’hydrocarbure par le Medgaz, le gazoduc qui traverse la Méditerranée jusqu’à Almeria. Mais le déménagement ne sera pas gratuit. Dans la note, Sonatrach indique que les deux parties ont convenu de « tenir compte des conditions du marché pour revoir le prix contractuel du gaz ». C’est un euphémisme : en pleine crise de l’énergie, qui a poussé les contrats à terme de référence européens au-dessus de 170 euros, cela signifie une hausse des prix. Et personne ne peut dire qu’Alger n’a pas déjà prévenu. Elle l’a fait d’abord avec l’Espagne, après que le revirement sur le Sahara ait détérioré les relations bilatérales entre les deux pays, et ces dernières semaines, elle a étendu l’avertissement au reste de ses clients européens.

    Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a révélé dimanche que la compagnie pétrolière nationale « a activé une clause de révision du prix du gaz avec des partenaires », ajoutant que les discussions « sont à un stade avancé ». La renégociation à la hausse avec Engie, qui a un accord avec l’État algérien depuis 2011, est un dangereux précédent pour l’espagnol Naturgy, qui fait face à la révision de son propre contrat pour la même période : 2022-2024. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent : c’est aussi une question de géopolitique. Comme elle l’a fait avec l’Italie, en s’engageant à doubler ses exportations par le gazoduc Transmed, l’Algérie renforce aujourd’hui sa relation énergétique avec l’ancienne métropole, précisément six décennies après l’indépendance. Cette démarche peut être interprétée comme une manière de diversifier sa clientèle afin de se couvrir en cas de fermeture éventuelle du robinet vers l’Espagne, qui était jusqu’à présent son principal acheteur. Au cours des derniers mois, l’approvisionnement de l’Espagne a pratiquement diminué de moitié pour atteindre environ 25 % des importations nationales.

    L’Espagne acquiert de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France, qui fonctionnent à la limite de leur capacité. Toutefois, la nouvelle a également un côté positif pour l’Espagne. Madrid a obtenu le passage du gaz algérien sur son territoire pour trois années supplémentaires, avec les revenus que cela implique, et a obtenu de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France. Actuellement, il n’y a que deux passages à travers les Pyrénées, qui fonctionnent à la limite de leur capacité depuis le début de l’invasion ukrainienne. Ce chiffre pourrait être doublé si la connexion catalane, connue sous le nom de Midcat, pour laquelle le gouvernement cherche un financement européen, est finalement achevée.

    Le Maroc rouvre ses centrales électriques

    Alors que l’Algérie fournit du gaz à la France via l’Espagne, l’Espagne pompe pour la première fois du gaz au Maroc via le détroit de Gibraltar. Le gazoduc Maghreb-Europe, qui était fermé depuis novembre en raison de désaccords entre Alger et Rabat, a été rouvert la semaine dernière pour approvisionner la monarchie alaouite. Cette faveur, qui s’inscrit dans le processus de rétablissement des relations avec Madrid, a provoqué la colère de la république du Maghreb, qui a même menacé de couper les vivres si son hydrocarbure finissait par approvisionner son grand ennemi. Or, ce n’est pas le cas.

    Les doutes sur l’origine du gaz ont été dissipés dimanche par le directeur général de Sonatrach. Dans une déclaration faite lors de la présentation des résultats du premier semestre, Hakkar a indiqué qu’il n’y avait eu « aucun changement dans la destination du gaz algérien exporté à ce jour ». Mais il a prévenu : « Si cela se produit, Sonatrach est parfaitement en droit de prendre les mesures nécessaires.

    Le gaz provient des États-Unis, d’où il arrive en Espagne sous forme liquide via des méthaniers. Une fois en Espagne, sa traçabilité est vérifiée et il est regazéifié, avant d’être introduit dans le pipeline vers le Maroc. Grâce à l’aide de Madrid, Rabat a pu mettre fin à l’urgence énergétique qu’elle connaît depuis qu’Alger a décidé de couper le Maghreb-Europe : les centrales à cycle combiné de Tahaddert et d’Ain Béni Mathar ont rouvert cette semaine, après plusieurs mois de coupures du réseau dues à une pénurie de gaz pour la production d’électricité. Pendant ce temps, la République présidée par Abdelmajid Tebboune continue de profiter de la crise : les revenus des hydrocarbures ont augmenté de 70 % au cours des cinq premiers mois de 2022, grâce à des exportations de plus de 20 milliards d’euros.

    El Confidencial, 07/07/2022

    #Espagne #France #Algérie #Maroc #Medgaz #Sonatrach #Gazoduc

  • Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

    Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

    Europe, UE, gaz, Afrique, Ukraine, Russie, Bulgarie, Pologne,

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens qui essayent de faire bloc contre la Russie, s’appuyant sur les États Unis et l’Otan, cherchent séparément à se prémunir contre les « dégâts collatéraux » d’une guerre qui tend à s’internationaliser et qui risque de les pénaliser gravement. On a vu comment un pays comme la Bulgarie, maillon faible d’une Europe désunie, a chuté.

    Cette première lézarde dans la Maison Europe est intervenue après que le géant russe de l’énergie Gazprom ait décidé de stopper ses livraisons de gaz à la Pologne et a la Bulgarie, deux pays membres de l’UE et de l’Otan. Dans ce sillage, un véritable coup de tonnerre a résonné dans l’Union européenne et le gouvernement bulgare chute sans avoir eu le temps de faire ses preuves. Composé d’une coalition hétéroclite de partis anti-corruption, le gouvernement de Kiril Petkov a été renversé après la défection de l’un de ses membres, mais en réalité pour l’inflation et les mauvais résultats économiques, dont la nécessité de chercher du gaz ailleurs qu’en Russie aura été certainement le point culminant.

    Mais, il y a pire que la chute de la Bulgarie seule ; la chute du gouvernement bulgare est tombé en préfigurant pourrait que seraient emportées avec lui les chances de voir levé le veto bulgare sur l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union européenne. L’effet domino de la pièce bulgare est en réalité annonciatrice d’autres chutes politiques.

    Les pays les plus puissants d’Europe, l’Allemagne, la France, l’Italie, etc. l’ont immédiatement compris et se sont dirigés vers l’Afrique pour trouver de nouvelles sources énergétiques ou de nouveaux sites d’approvisionnement, comme au beau vieux temps des Romains et de la Césarée africaine. Mais ils le font avec une discrétion qui en dit long sur la fragmentation actuelle de l’Europe. L’Allemagne prospecte chez les Maliens, l’Italie en Algérie (pour le gaz surtout) et la France préserve ses alliances nord-africaines intactes et les retardataires observent ce ballet diplomatique avec circonspection.

    Et dans ce « sauve-qui-peut » général, c’est, de toute évidence, chacun pour soi et dieu pour tous. Chaque pays tente de trouver les sources et de préserver le garde-manger de sa population. Et plus la guerre en Ukraine va perdurer, plus l’Europe sera fragilisée par ce conflit de sous-traitance. Les Etats Unis tentent, par le biais d’une guerre qui s’opère sur un espace géographique européen, d’affaiblir la Russie, mais ne fait qu’accentuer la fragilité de l’Europe, désormais jetée, tête la première, pieds et mains liés, dans le fond du trou ukrainien.

    Entre temps, le Trésor public de la Russie affiche des profits faramineux, tirés principalement de la hausse des prix du gaz et des nouveaux marchés asiatiques qu’elle s’est ouverts ; pendant ce temps, la Chine profite d’une situation confuse pour acheter toutes les matières premières disponibles sur le marché mondiale, et sera demain, le fournisseur à toutes les autres nations, Etats Unis y compris.

    Le résultat des courses, qu’elle qu’en soit l’issue, sera principalement au préjudice des pays européens. La guerre se déroule à un niveau de stratégie militaire tactique, l’Ukraine a été uniquement le terrain de jeu, ou si l’on veut, le théâtre des opérations. Aux uns et aux autres de considérer de quoi demain sera fait…

    L’Express, 07 jui 2022

    #UE #Gaz #Ukraine #Russie #Afrique

  • Durant 20 ans, l’Etat Rentier a totalement raté le coche

    Durant 20 ans, l’Etat Rentier a totalement raté le coche

    Algérie, Etat rentier, énergie, gazoduc Nigeria-Algérie, gaz, pétrole,

    Le potentiel énergétique de l’Algérie est énorme. Avec ses réserves, conventionnelles et non-conventionnelles, notre pays est en mesure de jouer les premiers rôles dans l’arène du marché mondiale de l’énergie… Pour y arriver, le chemin est long, très long. Le Dr Ali Kefaifi, expert de stature internationale, analyse les tenants et aboutissants.

    1- Que pèse aujourd’hui l’Algérie sur le marché gazier mondial ?

    Dès l’aube de l’indépendance, avec l’usine Camel (usine GNL d’Arzew, démarrée sous la direction de M Chanderli ex Ambassadeur GPRA à New York) l’Algérie fut reconnue comme acteur important de ce marché gazier dont le développement comme substitut au pétrole allait marquer sans l’imaginer, la fin de la domination pétrolière vers 2050.

    En fait, grâce à son volontarisme exceptionnel, et dès l’indépendance , l’Algérie industrieuse et industrielle développa ses richesses humaines et naturelles, se plaça parmi les tout premiers pays gaziers dans le monde, et ce sur l’ensemble de la chaîne gazière : Upstream , avec des réserves prouvées de 4500 milliards m3 ,dont 50 % avec le champs gazier de Hassi R Mel (gisement “Eléphant” très rentable grâce aux Condensats Associés), Midstream avec les gazoducs vers le Nord (Arzew, Skikda, Issers ) et l’intérieur (réseau domestique), GNL avec les usines de liquéfaction (Usine dite Camel à Arzew qui fut dès 1964 la PREMIÈRE usine de GNL du monde), Aval Pétrochimique de valorisation du gaz naturel conçu et lancé dès 1965-1969, à travers les usines d’Engrais (Arzew puis Annaba) ) , de Méthanol ( matière de base de la chimie et pétrochimie) et du Complexe Pétrochimique de Skikda (éthylène, polyéthylènes, PVC pour véhicules et infrastructures ) .

    Depuis 2000, l’Algérie Gazière, malgré un Potentiel Actualisé de 700 000 milliards m3 de gaz de roche mère, correspondant à 70 000 milliards m3, soit le 1/3 des Ressources Techniquement Extractibles mondiales, nonobstant le pétrole de roche mère à l’image du sous-sol libyen géologiquement proche, l’Algérie a continuellement régressé sur ses marchés (UE, USA ). Cependant durant 20 années l’Etat Rentier a totalement raté le coche, du fait de l’absence de planification, les gabegies et les prébendes, les surfacturations (+ 200 %), les graves déséquilibres financiers internes et externes devenus un standard dans le secteur énergétique (GNL, centrales électriques, etc.) ). La bureaucratie et l’incompétence n’ont pas su ou voulu exploiter les opportunités classiques comme dans le monde, par la Récupération Tertiaire (Microbio, CO2 d’In Salah,etc) pour récupérer 50 % du gaz associé (Hassi Messaoud, Rhourde El Baghel) soit + de 50 milliards m3, exploration dans les zones “frontières géologiques” du NW et du NE algériens , 50 % des capacités GNL inutilisées , filière GNL non compétitive face au Qatar, aux USA, absence totale de valorisation pétrochimique du gaz (gaz naturel, éthane , propane, butane)

    Pour garder la tête hors de l’eau en 2025, et préserver les ressources budgétaires internes (fiscalité pétrolières 30 %) et externes (95 à 98 %), l’Algérie est condamnée à adopter une nouvelle politique énergétique (contrainte critique), économique (optimisation globale), sociale (politique de subvention, emploi, développement, diversification), et géostratégique régionale.

    2- Quelles sont les perspectives du secteur algérien de l’énergie ? (Gaz, pétrole, Gaz et pétrole de schiste et renouvelables)

    Globalement, et nonobstant les nombreux défis et challenges (concurrences mondiales et régionales, bureaucratie , incompétence, gouvernance), les perspectives énergétiques algériennes sont incommensurables à l’échelle du 21 e siècle car, grâce au SAHARA, sa géologie pétrolifère (anciens océans et dépôts depuis 500 à 250 millions d’années, puis idem jusqu’à 60 millions) source d’ hydrocarbures non conventionnels (tight oil, pétrole de schistes, gaz non conventionnels, etc.), et de nombreux minerais métalliques et industriels , dont le potentiel est immense .

    Considérant que le pétrole a marqué 200 ans depuis Bakou (Russie 1850) et la Pennsylvanie du Colonel Drake (USA 1859), le gaz naturel (génération électrique, transport GNV, Hydrogène vert, matière première et énergie pour la pétrochimie et l’industrie, etc.) demeurera une ressource recherchée et valorisée durant ce 21 e siècle, voire au-delà. Ces applications du gaz constitueront pour l’économie algérienne des leviers de croissance importants sur le plan de la rentabilité et de la compétitivité, avec des risques réduits du fait de l’importance des avantages comparatifs.

    3- L’Algérie est-elle en mesure d’exploiter le gaz de schiste ? a-t-elle les moyens humains et techniques ?

    Du fait de l’hégémonie bureaucratique, l’Algérie du secteur étatique n’est pas en mesure d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels HCNC (pétrole de schiste , gaz de schiste et , à un degré moindre , tight oil) car jusqu’à présent cette exploitation passe par l’utilisation combinée des forages horizontaux et de la fracturation hydro-chimique des roches magasins qui emprisonnent l’hydrocarbure HCNC à cause des faibles porosités (ou “trous”) et perméabilités (ou “voies microscopiques de déplacement” des gouttelettes d’hydrocarbures).

    Dans le monde, en gros seuls 4 pays ont affronté l’exploitation des pétroles et gaz de schistes, mais avec des fortunes diverses : USA, Argentine, Chine et Pologne. Après expérimentation, la Pologne a mis un frein pour des raisons économiques (potentiel, typologie, rentabilité) et environnementales. La Chine, qui dispose d’un potentiel appréciable (3ème mondial), a engagé un programme d’exploitation, mais ralenti malgré ses besoins gaziers, à cause des contraintes de rentabilité et environnementales, et de la difficulté du système chinois d’entreprises d’Etat qui n’ont pas su tirer profit du modèle technologique et économique US. L’Argentine, dont les ressources HCNC sont attrayantes, ont réussi à exploiter leur potentiel et produire l’équivalent de presque la moitié de la production en pétrole conventionnel de Hassi Messaoud, et ce après une demi-douzaine d’années.

    Enfin , l’expérience US et de ses 700 sociétés privées (exploitation et services de HCNC) , qui constitue une réussite totale grâce à la politique énergétique des USA ( dès 1980 financement des travaux de R/D d’une société créée par un immigré grec Mitchell ) qui a permis dès 2006 de commencer à produire assez de pétrole de schiste (+ 7 milliards Barils aujourd’hui et quasi indépendance aujourd’hui) et de gaz de schiste (900 à 1000 milliards de gaz conventionnel + schiste ) qui transforme les USA en grand exportateur mondial de GNL, alors qu’il y a 20 ans , avec 600 milliards m3, soit seulement 3 fois la production gazière algérienne, il était importateur.

    L’analyse de ces expériences étrangères et de la réalité algérienne (durée forage puit horizontal > 1 mois 1/2 par filiale Sonatrach contre 4 jours aux USA) montre que, malgré son potentiel, l’Algérie du secteur étatique n’est pas en mesure de se lancer, mutatis mutandis, dans l’exploitation des HCNC (gaz ou pétrole de schiste). L’échec environnemental, économique, financier, stratégique et territorial serait désastreux. Cependant, à la lumière des 4 expériences citées, et du diagnostic stratégique (forces, faiblesses, défis, challenges), il est recommandé une politique énergétique HCNC assise sur une évolution du type Courbe Logistique (courbe en S), avec en première étape 2022-2025 (évolution technologie dont Plasma, choix territoires, contrats de services à risques, ouvertures totales aux secteurs privés algériens et étrangers, et mixtes dont PPP). Dans l’immédiat, sur le plan R/D, l’Algérie devrait lancer 4 importants projets : Récupération Tertiaire à HMD et Rhourde El Bagel, Technologie alternative pour l’exploitation des HCNC (plasma, etc.), GNV pour véhicules et GNL pour transports lourds (camions, bus, locomotives, navires), exploration de gisements “frontières technologiques” du Nord Algérien.

    4- Comment analysez-vous la situation énergétique mondiale à la lumière de la guerre russo-ukrainienne ?

    Globalement, 2 évènements concomitants sont venus bouleverser les marchés énergétiques mondiaux : le déséquilibre offre demande, tant pétrolier depuis Avril 2020 (effets de la politique des pays OPEP+) que gazier comme conséquence sur les marchés UE et Asie, puis les effets de la guerre en Ukraine (approvisionnement gazier russe), le tout amplifié par l’effet de substitution entre les différentes formes d’énergie (gaz, pétrole, charbon). Le déséquilibre offre- demande pétrolière s’est traduit par des prix (Brent) qui sont passés progressivement de 40 $/bbl en 2020 à 110 $/bbl actuellement. Le déséquilibre pétrolier a, outre la politique OPEP+, 2 causes profondes. Une cause structurelle liée à la baisse des investissements pétroliers du fait de la diminution des prospects pétroliers observée depuis 2 voire 3 décennies. Depuis quelques années, la stagnation volontaire de la production du pétrole de schiste américain, conséquence de la politique financière adoptée (effet prix vs parts de marché du swing-partner américain) et qui a vu 2 à 3 milliards de barils en moins.

    Le modèle d’équilibre énergétique est devenu complexe d’où la volatilité des prix, dont le gaz, pétrole et les produits pétroliers (gasoil, essence) à la hausse avec des spreads (ou écarts) très élevés. Ainsi, à 110 $/bbl, les prix du pétrole excèdent les coûts des pétroles marginaux (90 $/bbl pour les asphaltes canadiens ou 80 $/bbl pour les schistes US marginaux ou l’off-shore marginal).

    Pour le gaz naturel, les prix sont différents selon les marchés : US (6 à 7 $/MM Btu voire 1 à 2 $/MM Btu pour le gaz de schiste des Appalaches), Asie (GNL 25 $/MM Btu) et UE (GNL à30 $/ MM Btu).

    Si la crise russo- ukrainienne et ses effets s’estompaient à l’hiver 2022-2023, cette volatilité des prix retrouverait les niveaux de 2021 puis évoluerait selon les options profondes (stagflation 2024 ?, EnR vs pétrole fossile, future COP 27 au Caire, etc.)

    5- Un grand projet de gazoduc devrait relier le Nigéria à l’Europe via l’Algérie ? Quelle serait son importance pour l’Algérie ? Un tel projet a-t-il de l’avenir ? Irait-on jusqu’au bout ?

    Le projet de gazoduc Nigéria- Algérie – UE présenterait des avantages certains, dans l’absolu et par rapport aux autres options, y compris le GNL (effet distance inférieure à 5 000 km en faveur du gazoduc algérien). Ce projet pour le transport de GN serait compétitif par rapport aux autres options car l’Algérie dispose déjà d’un réseau de gazoduc, de vastes ressources gazières d’où effet d’économies d’échelles, de l’expérience technologique (gestion de pipe-line, décarbonatation du GN, exploitation Hydrogène bleu).

    6- Jusqu’à quel degré l’Europe pourrait-elle s’affranchir du gaz russe ?

    A moyen terme, l’UE restera fortement dépendante du gaz russe. Deux années seront nécessaires pour la construction des usines de regazéification de GNL, cependant le marché mondial resterait tendu avec des niveaux de prix qui rendraient le GNL moins compétitif que le pétrole. Aujourd’hui le GNL US livré en Europe coûte 30 $/ MM Btu (soit 168 $/baril équivalent) alors qu’aux USA il coûte 6 à 7 $/MM Btu) d’où les surcoûts et la perte de compétitivité industrielle de l’UE et, partant, les opportunités à saisir par l’Algérie à l’horizon 2023/2025+ (gaz naturel, hydrogènes bleu et vert, co-industrialisation, développement des chaînes de valeur).

    7- Comment imaginez-vous la position de l’Algérie ? et comment verriez-vous sa ligne de conduite ?

    En 2022, face à un marché gazier mondial en croissance et devant remplacer le pétrole (hors pétrochimie) à l’horizon 2050, l’Algérie qui fut le 1er exportateur mondial de GNL ,dispose aujourd’hui d’un potentiel énorme (4ème mondial pour les réserves conventionnelles et 1er pour les réserves de gaz de schistes) mais se retrouve reléguée après la 10e place dans les exportations gazières mondiales, derrière l’Australie, le Qatar, la Russie, les USA , car , contrairement à ces 4 pays, les exportations algériennes sont dramatiquement réduites au quart de sa production gazière totale , à la moitié de la consommation interne de Sonatrach (consommations gazières moyennes du secteur pétrolier 10 % dans le monde mais 50 % en Algérie )

    L’Algérie se retrouve face à des opportunités exceptionnelles avec ses avantages comparatifs en ressources humaines et naturelles, ainsi que les nouvelles opportunités du marché UE. En tenant compte des principales contraintes critiques des dernières décennies, il est recommandé de réinstaurer la Planification Stratégique et d’ouvrir la sphère économique en privilégiant les objectifs universels (valeur ajoutée, emplois, compétitivité, technologie/RD, chaines de valeurs, équilibres internes et externes, équités).

    Pour ce faire, l’Algérie doit adopter ce qui a fait le succès des pays émergents et développés : la planification, la gouvernance (ESG), les standards horizontaux et verticaux universels, la stabilité, l’ouverture concurrentielle, le secteur privé, le développement technologique et la R/D, etc.

    Entretien réalisé par : Mohamed Bouazdia

    La Nation,18/05/2022

    #Algérie #Energie #Gaz #Pétrole #Transaharien #Nigeria

  • Sanchez n’a pas réussi à mobiliser l’OTAN contre l’Algérie

    Sanchez n’a pas réussi à mobiliser l’OTAN contre l’Algérie

    Algérie, Espagne, Pedro Sanchez, OTAN, gaz, Maroc, Sahara Occidental, gazoduc Maghreb-Europe,

    La réunion de l’OTAN, qui s’est tenue dans la capitale espagnole Madrid, s’est terminée sans référence aux propositions que le gouvernement de Pedro Sanchez a tenté d’inclure dans l’agenda de ce sommet, en plus de la considération de l’emploi de la carte de gaz comme une menace pour la sécurité des États membres de cet organisme. En revanche, il a été fait référence à l’immigration clandestine, mais sans mesures concrètes.

    Le premier jour du sommet de l’OTAN, le gouvernement espagnol a inversé le flux de gaz vers le Royaume du Maroc, à travers le gazoduc Maghreb-Europe, qui était suspendu depuis le 1er novembre dernier, après que l’Algérie ait décidé de ne pas renouveler le contrat de fourniture de gaz à travers celui-ci, vers l’Espagne via les terres marocaines.

    L’Algérie avait averti les autorités espagnoles, par l’intermédiaire de plus d’un fonctionnaire, que la réexportation de gaz algérien vers le Maroc pouvait être considérée comme une violation des contrats conclus entre Sonatrach et son partenaire espagnol, Naturgy, ce qui pouvait entraîner la résiliation des contrats conclus avec l’Espagne. Madrid a répondu qu’elle n’exporterait pas une seule partie du gaz algérien vers le voisin occidental, et a confirmé la présentation des documents nécessaires en toute transparence, mais cela n’a pas dissipé les doutes de la partie algérienne.

    Pendant le sommet de l’OTAN, aucune déclaration n’a été émise par le Premier ministre espagnol, ou dans sa déclaration finale, indiquant une condamnation de l’utilisation du gaz comme carte politique dans les différends entre pays, et tout ce que Sanchez a dit n’a pas dépassé le fait de parler de la possibilité d’une intervention de l’OTAN au Mali, car il s’agit d’une zone d’instabilité dans la région du Sahel qui contribue à augmenter le phénomène de l’immigration clandestine, qui est une réelle préoccupation pour les pays du sud de l’Europe, en particulier l’Espagne.

    Selon le journal espagnol El Mundo, les dirigeants de l’OTAN sont rentrés dans leur pays sans pratiquement répondre à la demande de Pedro Sanchez. Le journal ajoute que « les chefs militaires regrettent que l’OTAN ait évité de déployer ses forces dans la région du Sahel malgré le chaos qui s’y déroule. »

    El Mundo explique que, malgré l’engagement de l’OTAN à aborder le dossier de la frontière sud, pour l’instant, il ne s’agit que de « recommandations sur le papier et sans détails précis du plan opérationnel, dans le document stratégique qui a été approuvé lors du sommet. »

    Le dossier de l’immigration clandestine n’aurait pas été évoqué au sommet de l’OTAN s’il n’y avait pas eu le crime odieux commis par les forces de sécurité marocaines du Makhzen contre des centaines d’immigrés africains sur les murs de la ville occupée de Melilla devant leurs homologues espagnols, la semaine dernière, ce qui soulève plus d’une question sur la réalité de la spontanéité des événements, car de nombreux observateurs et experts ont établi l’hypothèse qu’il a été géré par le gouvernement de Madrid et le régime marocain du Makhzen pour l’inclure dans les discussions du sommet de l’OTAN, et le dépeindre comme un danger imminent visant les frontières sud de l’alliance, qui commence à partir des frontières de l’enclave occupée de Melilla, comme l’ont conclu les décisions du récent sommet de Madrid.

    L’autre élément qui renforce la crédibilité de cette hypothèse est que le gouvernement Sanchez a inversé le flux de gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe vers le Royaume du Maroc, le premier jour du sommet atlantique de Madrid. L’objectif de cette décision est clair à travers son timing, qui est de pousser l’Algérie à prendre une décision décisive de couper le flux de gaz vers l’Espagne, comme elle l’avait prévenu auparavant, en pleine réunion du sommet de l’OTAN, ce qui faciliterait la tâche de Sanchez pour soulever la question de l’utilisation de la carte de gaz pour des considérations géopolitiques, dans l’espoir de sortir avec une condamnation de l’Algérie. Pourtant, l’OTAN a laissé passer l’orage pour s’occuper de Madrid en toute commodité.

    La question qui se pose ici, tout simplement et objectivement : Le problème est-il lié à une belle coïncidence ? Quand un massacre horrible de milliers de migrants africains se produit, juste trois jours avant le sommet de l’OTAN, et puis le premier jour du sommet lui-même, Madrid pompe du gaz vers le Royaume du Makhzen après des mois d’anticipation, deux papiers que le gouvernement Sanchez avait essayé d’inclure dans la réunion des dirigeants de l’OTAN, mais il n’a réussi à inclure qu’un seul d’entre eux, qui est le dossier de l’immigration illégale.

    Mohamed Moslem

    Echouroukonline, 01/07/2022

    #Algérie #Espagne #OTAN #Maroc