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  • Options du Maroc après la fermeture du Gazoduc GME

    Options du Maroc après la fermeture du Gazoduc GME – Environ 1/10 de la production électrique marocaine de 38 700 GigaWatthours (GWH) dépendait du gaz algérien

    RABAT, 4 novembre (Reuters) – Le Maroc estime que l’impact immédiat de l’arrêt de l’approvisionnement en gaz de l’Algérie par le biais d’un gazoduc est « insignifiant », mais il n’a pas dit comment il allait combler le déficit éventuel tout en adoptant des plans à long terme pour stimuler les énergies renouvelables et importer du gaz naturel liquéfié (GNL).

    QUEL ÉTAIT L’ACCORD ET POURQUOI A-T-IL PRIS FIN ?

    Malgré des années de relations glaciales entre les deux nations, souvent au sujet du sort du territoire contesté du Sahara occidental, elles ont conclu un accord sur un gazoduc avec l’Espagne en 1996.

    L’accord a conduit à la construction d’un gazoduc de 1 300 km (808 miles) pour acheminer le gaz de l’Algérie vers l’Espagne en passant par le Maroc, qui a reçu 7 % du gaz sous forme de redevance, soit environ 700 millions de mètres cubes par an.

    Après une année de dégradation des relations entre Alger et Rabat avant l’expiration de l’accord le 31 octobre, l’Algérie a déclaré qu’elle approvisionnerait l’Espagne par un autre gazoduc et qu’elle n’enverrait plus de gaz au Maroc.

    Les tensions étant toujours très fortes au sujet du Sahara occidental et d’autres questions, il semble peu probable que les relations s’améliorent rapidement.

    DANS QUELLE MESURE LA DÉCISION DE L’ALGÉRIE AFFECTE-T-ELLE LE MAROC ?

    Environ un dixième de la production électrique marocaine de 38 700 GigaWatthours (GWH) dépendait du gaz algérien, utilisé pour deux centrales électriques dans le nord du pays, qui ne sont utilisées que pendant les périodes de pointe.

    Cependant, le Maroc a connu ces dernières années un excédent de puissance et, depuis 2018, exporte de l’électricité vers l’Espagne, en utilisant deux liaisons sous-marines d’une capacité combinée de 1 400 MW.

    Les fluctuations de la demande au Maroc sont principalement liées à la production industrielle, réduite pendant la pandémie, a déclaré un haut responsable.

    Mais d’autres centrales électriques pourraient augmenter leur production si nécessaire, a ajouté le responsable. La plupart des capacités électriques marocaines proviennent du charbon, du fioul et des énergies renouvelables.

    QUELLES SONT LES OPTIONS ACTUELLES EN CAS DE PÉNURIE ?

    La compagnie d’électricité marocaine et l’agence nationale des hydrocarbures ont déclaré dimanche que les « mesures nécessaires » avaient été prises pour assurer un approvisionnement stable en électricité en prévision de la décision de l’Algérie, mais n’ont pas précisé quelles étaient ces mesures.

    Le Maroc dispose « d’alternatives durables à moyen et long terme », ont-ils ajouté, sans donner de détails.

    Le haut fonctionnaire marocain a déclaré que Rabat discutait toujours avec l’Espagne de la possibilité qu’elle fournisse du gaz au Maroc via le gazoduc existant.

    L’Espagne, qui dépend de l’Algérie pour une grande partie de son approvisionnement énergétique, ne serait pas d’accord pour le moment, ont déclaré deux traders.

    Le Maroc a également accordé des permis d’importation à certaines compagnies de gaz privées mais n’a pas dit s’il était en pourparlers avec l’une d’entre elles pour fournir du combustible aux centrales électriques.

    QU’EN EST-IL DU MOYEN ET LONG TERME ?

    Le Maroc en est aux premières étapes de l’appel d’offres pour un terminal GNL flottant d’une capacité éventuelle de 5 milliards de mètres cubes par an.

    Il a récemment modifié le cahier des charges pour ajouter un nouvel emplacement possible pour le terminal au large de Tanger, où il pourrait se brancher sur le gazoduc Algérie-Espagne, désormais abandonné.

    Cependant, même après l’attribution des principaux contrats, la réalisation de tels projets prend généralement deux ou trois ans.

    Le gouvernement a déclaré qu’il souhaitait remplacer progressivement le charbon par le gaz, mais les autres projets suggérés, notamment la construction de nouveaux terminaux GNL et d’un gazoduc vers le Nigeria, ne seront pas réalisés avant plusieurs années.

    L’agence nationale des hydrocarbures a délivré des licences d’exploration sur terre et en mer dans l’espoir d’augmenter la production actuelle de 100 millions de mètres cubes par an.

    Le Maroc met en avant des plans visant à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 52% d’ici 2025 et 64% d’ici 2030, contre 36% en 2020, a déclaré la semaine dernière le journal pro-établissement Le Matin.

    Bien qu’en retard sur ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, le Maroc a installé d’importants projets solaires et éoliens et en prévoit d’autres. L’agence des énergies renouvelables MASEN n’a pas répondu à la demande de commentaires de Reuters sur ses objectifs et ses projets.

    Reuters, 04/11/2021

  • Espagne-gaz: Les non-dits de la visite de Teresa Ribera

    Espagne-gaz: Les non-dits de la visite de Teresa Ribera – Elle s’était déplacée à Alger, pour discuter avec les responsables sur les prix concernant les 5 milliards de M3, que l’Algérie livrera en GNL, à l’Espagne et le Portugal, en plus des 10 milliards de M3, que livrera annuellement le Medgaz

    La ministre espagnole de la Transition écologique et du Défi démographique, Mme Teresa Ribera Rodriguez s’était rendue il y a quelques jours à Alger, pour s’entretenir avec les responsables algériens sur l’approvisionnement de la péninsule ibérique en gaz algérien, au lendemain de la fermeture des vannes du GME, traversant le Maroc.
    La propagande marocaine avait évoqué la médiation espagnole entre Alger et Rabat, en vue d’approvisionner le royaume alaouite à partir des terres espagnoles.

    « Les autorités algériennes se sont engagées à offrir plus de gaz à l’Espagne si le pays en a besoin », avait déclaré la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Mme Rodriguez, dans une interview accordée à la chaîne de télévision espagnole TVE.

    Mme Rodriguez a ajouté que « l’Espagne avait constitué un stock des réserves de gaz équivalant à 43 jours de consommation » lui permettant de faire face à d’éventuels besoins urgents.Pour l’expert international en Énergie et analyste boursier, l’algérien Nouredine Leghliel, établi à Stockholm, la ministre espagnole Teresa Ribera Rodriguez, s’était déplacée à Alger, pour discuter avec les responsables sur les prix concernant les 5 milliards de M3, que l’Algérie livrera en GNL, à l’Espagne et le Portugal, en plus des 10 milliards de M3, que livrera annuellement le Medgaz, dont le prix avait été déjà fixé l’année dernière lors de la signature de l’accord à long terme conclu entre la Sonatrach et Naturgy,.

    Les 5 milliards de mètres cubes en GNL que livrera l’Algérie à l’Espagne, seront payés dans le cadre de la vente à sport, suivant le cours du marché mondial du gaz qui frôle aujourd’hui la barre des 30 dollars, alors que pour l’année dernière, le prix avait connu un creux historique, exploité à bon escient par les espagnols pour signer un accord à long terme avec l’Algérie à hauteur de 4 dollars le NBTU, et qui fait perdre à l’Algérie aujourd’hui entre 8 à 10 milliards de dollars.

    La ministre avait effectué le 27 octobre dernier une visite de travail en Algérie au cours de laquelle elle s’était entretenue avec le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, le ministre de l’Énergie et des mines, Mohamed Arkab ainsi que le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Benattou Ziane.

    Les déclarations de la vice-présidente du gouvernement espagnol intervenait au lendemain de la décision du président de la République, M.Abdelmadjid Tebboune, ordonnant à la Sonatrach de rompre ses relations commerciales avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), mettant fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc.

    Dans ce cadre, l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers. L’arrêt de l’exploitation du GME, qui acheminait le gaz des champs de Hassi R’mel vers l’Espagne, n’aura pas d’incidence sur les volumes destinés à la péninsule ibérique grâce à l’augmentation des capacités de production du Medgaz reliant BéniSaf (Ain Témouchent) à Almeria en Espagne, qui passeront de 8 à 10,5 milliards m3 par an, avant la fin de l’année.

    Algérie54, 04/11/2021

  • Gaz diplomatique

    Gaz diplomatique – Ce qui se passe entre l’Algérie et le Maroc a naturellement fait peur aux responsables des deux membres de l’Union européenne.

    La question énergétique en relation avec le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) restera dans l’histoire comme un véritable repère à plusieurs facettes. La première concerne avant tout celle de la notion d’Etat. La décision de l’Algérie d’arrêter le GME et d’opter pour le Medgaz reste un défi à relever, celui d’assumer une décision devant deux pays, l’Espagne et le Portugal. Ces derniers (en plus du Maroc) sont les plus concernés par ce changement radical. Ce qui se passe entre l’Algérie et son voisin de l’Ouest a naturellement fait peur aux responsables des deux membres de l’Union européenne. Ils devaient être rassurés et, vraisemblablement, c’est fait. En tout cas concernant l’Espagne.

    Ainsi, l’approvisionnement en gaz de ce pays sera assuré comme auparavant, et avec le même volume. L’Algérie va continuer à avoir le même statut, celui de premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, qui équivaut à la moitié de la consommation annuelle interne. Le seul perdant dans cette affaire du GME reste le Maroc. La fermeture des vannes va faire perdre au royaume chérifien ce qu’il récoltait, grâce au GME, annuellement des recettes allant de 50 à 200 millions d’euros. Rabat aura à trouver des solutions pour compenser une perte de ce qui équivaut à un dixième de son électricité. Loin d’être évident pour Mohamed VI.

    Ainsi, l’Algérie aura cette responsabilité de démontrer à l’échelle internationale sa détermination à donner une autre image d’elle, tout au moins à l’étranger.

    L’activité remarquée au niveau diplomatique, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, va dans ce sens. L’affaire du gazoduc entre dans le même plan d’action que l’implication directe de l’Algérie dans la résolution des »problèmes» que subissent les pays frontaliers. Que ce soit au Mali, en Libye ou encore en Tunisie, Alger veut se placer en tant que partenaire incontournable. A ces pays, il faut ajouter la question de la décolonisation du Sahara Occidental, qui reste toujours une »constante». Se faire entendre et respecter dans ce qui se passe à nos frontières passe, également, par le respect des engagements vis-à-vis de la communauté internationale.

    Yazid Miloudi

    Reporters, 02/11/2021

  • L’Algérie ferme le gazoduc pour faire pression sur le Maroc

    L’Algérie ferme le gazoduc pour faire pression sur le Maroc- Rabat perd accès à ce gaz, il faut donc trouver des sources de remplacement. A court termes, il y a trois options essentielles : importer plus de produits pétroliers, importer plus de charbon et importer de l’électricité venant du continent européen.

    La présidence algérienne a « ordonné », dimanche 31 octobre, au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz. Un communiqué diffusé par la télévision nationale précise que c’est « au vu des pratiques à caractère hostile du royaume » voisin. L’Algérie n’avait pas fait mystère, ces dernières semaines, de son intention de ne pas prolonger le contrat d’utilisation du Gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).

    L’entreprise pétrolière et gazière algérienne Sonatrach a cessé, dimanche 31 octobre à minuit, ses livraisons de gaz pour l’Espagne et le Portugal qui passent par le Maroc. Cette décision fait suite à la crise qui persiste entre Rabat et Alger. Au mois d’août, l’Algérie avait déjà rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison des profondes divergences sur la question du Sahara occidental et sur la normalisation des relations entre Rabat et Israël.

    « Un impact insignifiant », selon Rabat

    Le Gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME) acheminait, depuis 1996, environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers l’Espagne et le Portugal. En contrepartie, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de mètres cubes de gaz naturel, ce qui représente 97% de ses besoins.

    La moitié était des droits de passage payés en nature, l’autre, du gaz acheté à un prix avantageux. Selon un expert marocain, la redevance du transit de gaz algérien sur le territoire marocain a rapporté l’équivalent de 50 millions de dollars en 2020, perçus en nature. Désormais, les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz, lancé en 2011.

    Le Maroc affirme que cette décision « n’aura, dans l’immédiat, qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national ». Rabat affirme étudier des alternatives durables, à moyen et long terme.

    La Maroc perd accès à ce gaz, il faut donc trouver des sources de remplacement. A court termes, il y a trois options essentielles : importer plus de produits pétroliers, importer plus de charbon et importer de l’électricité venant du continent européen.

    RFI, 01/11/2021

  • Le président algérien coupe le robinet du gaz au Maroc

    Le président algérien coupe le robinet du gaz au Maroc – Plus de 97% du gaz consommé par les Marocains provient de l’Algérie.

    Est-ce une conséquence directe de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ? Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a « ordonné » ce dimanche 31 octobre au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc. Plus de 97% du gaz consommé par les Marocains provient de l’Algérie.

    Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais donc exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz lancé en 2011. Ce gazoduc qui passe par la Méditerranée évite le territoire marocain.

    « Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et le non-renouvellement de l’accord qui expire dimanche à minuit ». C’est ce que vient d’annoncer un communiqué de la présidence algérienne diffusé par la télévision publique. L’Algérie est le premier exportateur de gaz africain. Ses principaux clients sont l’Espagne, la France mais également le Maroc.

    Selon l’ONEE marocain la décision algérienne « n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national »

    Le royaume chérifien pourrait se tourner notamment vers l’Espagne, selon des médias marocains pour acheter du gaz algérien. La dépendance de Rabat au gaz algérien est réelle. Aujourd’hui le gaz algérien couvre 97% des besoins en gaz du Maroc.

    Le gaz algérien, 97 % des besoins du Maroc

    Abdelamadjid Tebboune a pris cette décision, après consultation du Premier ministre et des ministres des Affaires étrangères et de l’Énergie, « au vu des pratiques à caractère hostile du royaume (marocain) qui portent atteinte à l’unité nationale », selon le communiqué.

    L’Algérie, premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, n’avait pas fait mystère ces dernières semaines de son intention de ne pas prolonger le contrat d’utilisation du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).

    La ministre espagnole de la Transition écologique chargée de l’Energie Teresa Ribera et le ministre algérien de l’Energie et des Mines Mohamed Arkab avaient annoncé que les livraisons de gaz algérien vers l’Espagne allaient être assurées via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion en gaz naturel liquéfié.

    Un gaz algérien à un prix avantageux

    Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME. En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de m3 de gaz naturel, ce qui représente 97% de ses besoins.

    La moitié étaient des droits de passage payés en nature, l’autre du gaz acheté à un prix avantageux, selon des experts du secteur.

    Le gaz algérien alimente deux centrales thermo-électriques à Tahaddart (nord) et Aïn Beni Mathar (est) à hauteur de quelque 700 millions de M3 par an. La fin du transit du gaz algérien sur le territoire a également des conséquences financières pour le royaume marocain.

    Pertes de revenus pour le Maroc

    La redevance du transit de gaz algérien sur le territoire marocain a rapporté chaque année à Rabat l’équivalent de 50 millions de dollars en 2020, perçus en nature.

    Fin août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actions hostiles » du royaume, une décision « complètement injustifiée », selon Rabat.

    La crise a éclaté peu après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Alger, qui appuie les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, répète régulièrement de son côté son soutien à la cause palestinienne.

    TV5 Monde, 01/11/2021

  • Maroc : Un hiver rude attend le Makhzen

    Maroc : Un hiver rude attend le Makhzen – L’Algérie met fin aux exportations du gaz à l’Espagne via le royaume alaouite.

    Comme attendu, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné dimanche 31 octobre 2021 la cessation des relations commerciales entre le groupe pétrolier algérien Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau (OMEE) qui se traduit par le non renouvellement de l’accord des exportations du gaz à l’Espagne via le royaume alaouite.

    Le contrat auquel fait référence le chef de l’Etat a été signé fin juillet 2011 et stipulait alors la vente de 640 millions de m3 de gaz naturel annuellement au Maroc sur une période de dix ans. Ces quantités ont été exportées via le GME (gazoduc Maghreb Europe). Les 640 millions de m3 s’ajoutaient aussi aux quantités de gaz naturel dont bénéficiait le Maroc en échange du transit, sur son sol, du gaz naturel exporté vers l’Espagne et le Portugal via le GME.
    Ainsi, à partir de ce 1er novembre 2021, aucun mètre cube de gaz algérien ne transitera par le Maroc, à travers le GME.

    En 2019, soit un an avant l’effondrement de l’économie mondiale suite à la pandémie du covid-19, le Maroc avait importé un peu plus de un milliards de mètre cubes de gaz naturel algérien. Ces quantités ont été fournies en contrepartie des redevances GME et en vente contractuel.

    Cependant, suite aux décisions prises par le gouvernement algérien, le makhzen se retrouve, désormais, contraint d’acheter au moins un milliard de m3 de gaz naturel ailleurs qu’en Algérie à partir de ce 1er novembre . Les besoins du marché marocain en gaz naturel en 2025 sont estimés à 1,1 milliard de mètres cubes dont 0,6 milliard pour l’industrie. Or, le Maroc ne dispose pas d’infrastructures de regazéification pour pouvoir importer directement du GNL (gaz naturel liquéfié).

    Le projet de construction d’une unité de regazéification lancé par Rabat est toujours au stade de l’avis d’appel d’offre international. Le 23 mars 2021, le ministère de l’Energie marocain avait lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la construction et l’exploitation d’une unité flottante, de stockage et de regazéification du gaz naturel liquéfié (FSRU). Le 15 octobre dernier, le ministère vient d’annoncer une prolongation de la durée de l’appel d’offres faute de soumissionnaires.

    Pour remédier au déficit en énergie auquel il est exposé, le makhzen explore la possibilité d’importer du GNL, de le transformer en gaz dans les installations en Espagne et ensuite l’acheminer vers le Maroc via le GME. Mais cette solution serait très couteuse, selon des experts car sur le marché spot (libre) du GNL, les prix sont trois fois supérieurs au gaz naturel exporté par gazoduc. En plus, il faudrait rajouter les coûts de regazéification à payer aux usines espagnoles.

    Cette option serait difficilement envisageable mais le makhzen est dans l’obligation de trouver quelque 1000 MW de puissance électrique produite à partir du gaz naturel pour ne pas sombrer cet hiver dans une grave crise énergétique.
    Il lui reste alors une autre option, celle d’acheter de l’électricité à partir d’Espagne. Les deux pays ont une interconnexion électrique sous-marine.
    Toutefois, cette seconde variante serait elle aussi budgétivore que le GNL compte tenu du fait que les prix de l’électricité ont quintuplé en Europe. En parallèle, l’Espagne négocie l’achat de quantités supplémentaires de gaz algérien pour faire faire à la demande croissante en hiver.

    Auparavant, l’office marocain de l’électricité et de l’eau s’adressait à Sonelgaz pour importer de l’électricité pour combler ses besoins. Ce qui n’est plus possible désormais en raison des directives du Président algérien de ne plus renouveler les contrats commerciaux avec les entreprises marocaines.
    En tout état de cause, si au Maroc on se focalise sur le gaz naturel, c’est pour bien occulter d’autres difficultés qui risqueraient fort de s’aggraver dans le cas où l’hiver sera rude notamment pour ce qui est du charbon.

    Plus de 67% de l’électricité du Maroc est produite à partir du charbon. Le pays importe annuellement plus de 8,5 millions de tonnes de charbon pour produire de l’électricité. Depuis le début de l’année 2021, le prix d’une tonne de charbon a triplé passant de 50 dollars en 2020 à plus de 140 dollars actuellement sur le marché australien.
    Cela d’autant qu’il est de plus en plus difficile de trouver ce combustible sur le marché international en raison d’une très forte demande en Chine.
    Le makhzen ne peut pas se permettre le luxe de ne pas trouver le millier de MW qui va manquer en raison de l’arrêt des approvisionnements en gaz naturel depuis l’Algérie. Le fonds monétaire international (FMI) a indiqué dans un rapport le 21 octobre dernier que l’envolée des prix du gaz naturel a des répercussions sur les marchés mondiaux de l’énergie ainsi que sur d’autres secteurs économiques, depuis la production industrielle jusqu’à la distribution de services. Ces hausses vont conduire à une grogne sociale au Royaume dont la population est fortement accablée par la hausse des prix et le chômage notamment dans les provinces orientales qui vivaient du commerce frontalier avec l’Algérie.

    Au Maroc, le prix de l’électricité coûte déjà trois plus chère qu’en Algérie . Ces derniers mois, des dizaines de milliers de marocains ont protestés contre la forte hausse des factures d’électricité. En attendant un hiver qui risquerait fort d’être rude pour la majorité des marocains, le déficit commerciale de ce pays affiche déjà plus de 15 milliards de dollars à la fin du mois d’août passé.

    Par Réda. C

    Le Jeune Indépendant, 02/11/2021

  • Maroc-Algérie. La fermeture du GME dans la presse anglophone

    Maroc-Algérie. La fermeture du GME dans la presse anglophone – Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    L’Algérie va cesser ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, dont elle couvre près de la moitié de la demande de gaz par le biais du gazoduc Maghreb-Europe.

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné à l’entreprise publique d’énergie Sonatrach d’arrêter les exportations de gaz vers l’Espagne via un gazoduc qui traverse le Maroc, en raison des tensions avec Rabat.

    L’Algérie, premier exportateur de gaz naturel d’Afrique, utilise depuis 1996 le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) pour livrer plusieurs milliards de mètres cubes (mmc) par an à l’Espagne et au Portugal.

    Mais le contrat GME doit expirer dimanche à minuit, un peu plus de deux mois après qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en raison d’ »actions hostiles » – des accusations que le Maroc a rejetées.

    « Aucun impact significatif »

    Tebboune a « ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office national marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ainsi que le non-renouvellement du contrat, qui expire dimanche à minuit », indique un communiqué de la présidence.

    Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    « En prévision de cette décision, les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité du pays », a-t-il ajouté.

    Tebboune a pris cette décision après avoir consulté le Premier ministre et les ministres de l’énergie et des affaires étrangères « à la lumière du comportement hostile du royaume (marocain) qui porte atteinte à l’unité nationale », a-t-il précisé.

    Un gazoduc sous-marin exclusif

    Des responsables algériens et espagnols ont déclaré mercredi qu’Alger livrerait désormais son gaz naturel à l’Espagne exclusivement par un gazoduc sous-marin afin d’éviter le Maroc.

    Mais les experts ont déclaré que la ligne sous-marine alternative, connue sous le nom de Medgaz, a une capacité inférieure à celle du GME, alors que l’Espagne s’inquiète de plus en plus de la pénurie de gaz et de la flambée des prix de l’énergie en Europe.

    La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, s’est voulue rassurante lors d’une réunion à Alger en début de semaine, parlant des « dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure façon, les livraisons de gaz par Medgaz selon un calendrier bien déterminé ».

    Medgaz peut transporter huit milliards de m3 par an, et des travaux sont prévus pour augmenter sa capacité et atteindre 10,5 milliards de m3.

    L’Algérie a également proposé d’augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par voie maritime.

    L’expert en géopolitique du Maghreb Geoff Porter a déclaré à l’AFP que l’option du transport maritime n’avait pas de sens sur le plan financier.

    L’Algérie et le Maroc ont connu des mois de tensions, en partie à cause de la normalisation par le Maroc de ses liens avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental contesté.

    Rabat a rejeté les accusations d’actes hostiles lancées par l’Algérie contre son voisin.

    TRT World, 01/11/2021

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    Le Maroc estime que la décision de l’Algérie de mettre fin à son approvisionnement en gaz a « peu d’impact ».

    RABAT – Le Maroc a déclaré dimanche que la décision de l’Algérie de ne pas renouveler un contrat d’approvisionnement en gaz avec le Maroc a « peu d’impact » sur le système national d’électricité, a tweeté la télévision publique 2M, citant un communiqué de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable.

    L’office a également ajouté que les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité et que d’autres options sont à l’étude pour des alternatives durables à moyen et long terme, a rapporté 2M TV.

    L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, cessera de fournir du gaz naturel à ce pays par le biais du gazoduc Maghreb-Europe à partir du 1er novembre, ont déclaré à Reuters trois sources ayant une connaissance directe de la question en début de semaine.

    Le gazoduc Maghreb-Europe, d’une capacité de 13,5 milliards de mètres cubes (mmc), relie l’Algérie à l’Espagne. L’Algérie continuera à approvisionner l’Espagne en utilisant le gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité annuelle de 8 milliards de m3, qui ne passe pas par le Maroc, ont précisé les sources.

    Selon les analystes, les problèmes techniques liés aux projets de l’Algérie d’augmenter la capacité du gazoduc Medgaz pourraient aggraver la crise énergétique en Espagne à un moment où les factures de gaz s’envolent en Europe.

    L’Algérie utilisera des navires pour transporter le gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne.

    Selon les analystes, cela signifierait que Sonatrach devrait affréter davantage de navires, ce qui entraînerait une nouvelle hausse des prix du GNL, les tarifs de transport ayant plus que doublé depuis le début du mois.

    Les prix du GNL se sont envolés ces derniers mois en raison des pénuries structurelles en Europe et des prévisions d’un hiver froid et d’une forte demande.

    Middle East Online, 31/10/2021

    L’Algérie arrête ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé dimanche d’arrêter les exportations de gaz naturel vers l’Espagne via le Maroc, a rapporté l’agence de presse officielle APS.

    La présidence a annoncé dans un communiqué que Tebboune a ordonné à la compagnie énergétique publique Sonatrach de cesser toute relation commerciale avec le Maroc et de ne pas renouveler le contrat de gazoduc avec le Maroc, qui prend fin à minuit le 31 octobre 2021.

    Le communiqué souligne que le président a pris cette décision en raison des pratiques « hostiles » du Maroc à l’égard de l’Algérie qui affectent l’unité nationale.

    L’Algérie a utilisé le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) via le Maroc pour transférer du gaz naturel vers l’Espagne.

    Le ministre algérien de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, a affirmé le 11 octobre que son pays restera « le fournisseur de gaz fidèle et garanti » de l’Europe.

    Il a indiqué que le gazoduc Medgaz, qui relie l’Algérie et l’Espagne par la mer, garantit un approvisionnement annuel de 8 milliards de mètres cubes de gaz, notant que la capacité du gazoduc doit être portée à 10,6 milliards de mètres cubes d’ici décembre.

    L’Algérie, qui produit 1,2 million de barils de pétrole par jour et 130 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, est le premier exportateur de gaz naturel d’Afrique. Elle utilise des gazoducs et des navires-citernes pour fournir du gaz naturel aux pays européens.

    L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août, invoquant ce qu’elle a décrit comme les politiques « hostiles » de ce dernier.

    Le Maroc a ensuite regretté la décision « totalement injustifiée » de l’Algérie de rompre les liens diplomatiques entre les deux pays.

    Xinhua

    CGTN Africa, 01/11/2021

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    L’Algérie va interrompre ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné dimanche à la société publique d’énergie Sonatrach d’interrompre les exportations de gaz vers l’Espagne via un gazoduc traversant le Maroc, en raison de tensions avec Rabat.

    L’Algérie, premier exportateur de gaz naturel d’Afrique, utilise depuis 1996 le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) pour livrer plusieurs milliards de mètres cubes (mmc) par an à l’Espagne et au Portugal.

    Mais le contrat GME doit expirer dimanche à minuit, un peu plus de deux mois après qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en raison d’ »actions hostiles » – des accusations que le Maroc a rejetées.

    Tebboune a « ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office national marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ainsi que le non-renouvellement du contrat, qui expire dimanche à minuit », selon un communiqué de la présidence.

    Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    « En prévision de cette décision, les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité du pays », a-t-il ajouté.

    Tebboune a pris cette décision après avoir consulté le Premier ministre et les ministres de l’énergie et des affaires étrangères « à la lumière du comportement hostile du royaume (marocain) qui porte atteinte à l’unité nationale », a-t-il ajouté.

    Des responsables algériens et espagnols ont déclaré mercredi qu’Alger livrerait désormais son gaz naturel à l’Espagne exclusivement par un gazoduc sous-marin afin d’éviter le Maroc.

    Mais les experts ont déclaré que la ligne sous-marine alternative, connue sous le nom de Medgaz, a une capacité inférieure à celle du GME, alors que l’Espagne est de plus en plus préoccupée par les pénuries de gaz et la flambée des prix de l’énergie en Europe.

    La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, s’est voulue rassurante lors d’une réunion à Alger en début de semaine, parlant des « dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure façon, les livraisons de gaz par Medgaz selon un calendrier bien déterminé ».

    Medgaz peut transporter huit milliards de m3 par an, et des travaux sont prévus pour augmenter sa capacité et atteindre 10,5 milliards de m3.

    L’Algérie a également proposé d’augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par voie maritime.

    L’expert en géopolitique du Maghreb Geoff Porter a déclaré à l’AFP que l’option du transport maritime n’avait pas de sens sur le plan financier.

    L’Algérie et le Maroc ont connu des mois de tensions, en partie à cause de la normalisation par le Maroc de ses liens avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental contesté.

    Rabat a rejeté les accusations d’actes hostiles lancées par l’Algérie contre son voisin.

    AFP

    Macao Business, 01/11/2021

  • Gazoduc Maroc-Algérie : Tebboune ferme les vannes

    Gazoduc Maroc-Algérie : Tebboune ferme les vannes. Le gaz algérien ne transite plus par le Maroc depuis hier minuit
    Tebboune ferme les vannes
    Le président de la République a ordonné à la société nationale Sonatrach de rompre le contrat qui la lie à l’Office marocain de l’électricité et de l’eau.

    Le chef de l’Etat est passé à l’acte. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui avait affirmé, le 10 octobre, que l’Algérie n’approvisionnera plus l’Espagne en gaz naturel via le gazoduc transitant par le Maroc a joint l’acte à la parole. «Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel via le gazoduc Medgaz», avait-il précisé, lors de sa rencontre périodique avec les représentants de médias nationaux. Concernant la poursuite du pompage de gaz algérien au Maroc, via l’ancien gazoduc, le premier magistrat du pays avait indiqué qu’«aucune décision n’a encore été prise à cet effet», soulignant que l’Algérie continuera à pomper le gaz via ce gazoduc, jusqu’à la fin du contrat en vigueur, prévue pour le 31 octobre. C’est désormais tranché. «Compte tenu des pratiques agressives du royaume du Maroc à l’égard de l’Algérie, qui portent atteinte à l’unité nationale et après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, et du ministre de l’ Énergie et des Mines, le président de la République a ordonné à la Société nationale Sonatrach de mettre fin aux relations commerciales avec la société marocaine et de ne pas renouveler le contrat», a indiqué un communiqué de la présidence de la République rendu public, hier. Le gaz algérien ne transite par conséquent plus par le Maroc depuis hier minuit, à travers le gazoduc Maghreb-Europe, baptisé Pedro Duran Farell, ouvrage qui part du gisement de Hassi R’mel et rejoint Cordoue, en Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar. Ce gazoduc transporte quelque 10 milliards de m3 par an vers l’Espagne et le Portugal. Le Maroc lui-même consomme 640 millions de m3, annuellement, de gaz algérien, à travers l’alimentation de deux centrales électriques. Il faut rappeler que l’Algérie s’est engagée à honorer ses contrats gaziers, notamment ceux qui la lient à l’Espagne. «L’Algérie s’est engagée à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», avait déclaré le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, tout en évoquant un projet d’extension de la capacité du Medgaz, ainsi que les capacités en GNL.

    Mohamed TOUATI

    L’Expression, 01/11/2021

  • Gaz : L’Algérie met fin au contrat GME

    Gaz : L’Algérie met fin au contrat GME – L’Algérie offrira à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a ordonné ce dimanche à la Sonatrach de rompre ses relations commerciales avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), mettant fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc.

    « Au regard des pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l’égard de l’Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l’unité nationale et après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du ministre de l’Energie et des Mines, le président de la République a donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l’effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat », a indiqué un communiqué de la présidence de la République.
    Ce contrat d’exploitation, qui assurait le transport du gaz naturel algérien vers l’Espagne, via le Maroc, expire ce dimanche à minuit, et l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers.

    L’arrêt de l’exploitation du GME, qui acheminait autour de 10 milliards de mètres cubes (m3) par an de gaz produit à Hassi R’mel vers l’Espagne, n’aura pas d’incidence sur les volumes destinés à la péninsule ibérique grâce à l’augmentation des capacités de production du Medgaz reliant BéniSaf (Ain Témouchent) à Almeria en Espagne, qui passeront de 8 à 10,5 milliards m3 par an avant la fin de l’année.

    « Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel exclusivement via le gazoduc Medgaz », avait récemment déclaré le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, précisant qu’en cas d’imprévus, « l’approvisionnement se fera à bord de méthaniers ».

    La décision annoncée alors par le président de la République a été transmise aux partenaires ibériques qui se sont montrés rassurés par les garanties fournies par l’Etat algérien. Le gazoduc Medgaz permettra à l’Algérie de s’acquitter, largement, de ses engagements, comme l’ont assuré bon nombre d’experts expliquant que l’augmentation des capacités de ce gazoduc, combinée au recours aux capacités importantes de l’Algérie en matière de Gaz naturel liquéfié (GNL), lui permettent de renoncer au GME.

    En basculant vers Medgaz, « l’Algérie offrira à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux », estiment-ils. Il s’agit d’une décision murement réfléchie qui a permis à la partie algérienne de présenter des assurances à son partenaire espagnol. Fin septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares Bueno, en visite de travail à Alger, avait indiqué avoir reçu « des garanties » de la part des autorités algériennes sur l’approvisionnement de l’Espagne en gaz.

    « L’Algérie est un partenaire économique de premier ordre pour l’Espagne, et a toujours été un partenaire fiable qui a honoré ses engagements. J’ai également été rassuré aujourd’hui quant à la continuité de l’approvisionnement (en gaz) », avait indiqué M. Albares Bueno à l’issue d’une audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

    De son coté, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé récemment à l’issue d’une rencontre tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera Rodriguez, que l’Algérie était « prête à discuter avec les responsables espagnols des conditions de livraisons gazières supplémentaires ».
    Mis en exploitation en 1996, le GME acheminait du gaz algérien à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne, sur 1.400 km, en traversant le territoire marocain.

    Horizons, 01/11/2021

  • Medgaz, l’atout maître

    Medgaz, l’atout maître – Dans un contexte exceptionnel, l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne.

    La flambée des prix de l’énergie touche l’Europe de plein fouet. Le prix du gaz a été multiplié par quatre en à peine 6 mois. La hausse a été particulièrement spectaculaire dans certains pays. Les factures d’électricité ont explosé de plus de 35% en un an en Espagne, alors que l’Italie a augmenté ses tarifs pour le gaz de 30% et de 40% pour l’électricité, d’un semestre sur l’autre. En Belgique, où les prix de l’énergie sont les plus élevés d’Europe, ces hausses inquiètent et préoccupent particulièrement les ménages : 20% des ménages belges sont déjà en précarité énergétique avant l’arrivée de l’hiver, une proportion qui atteint un record de 25% en Wallonie. La France n’échappe pas à cette inflation des prix, particulièrement sur le gaz : après une augmentation de tarif de 57% depuis le 1er janvier 2021, c’est une nouvelle hausse des prix du gaz de 12,6 % à partir du 1er octobre.

    Des experts estiment que les tensions sur les prix et l’instabilité des marchés du gaz naturel sont des facteurs qui expliquent la hausse actuelle des prix de l’énergie. Et cette hausse du prix du gaz en Europe est liée à la hausse dans le reste du monde et en particulier en Asie. La moitié des importations européennes provient donc de la Russie, une autre partie de l’Algérie et de Libye. Mais un tiers des importations européennes provient du marché mondial. Ce tiers consiste en du gaz naturel liquéfié, il faut donc le regazéifier pour le mettre dans les tuyaux européens.

    C’est dans ce contexte exceptionnel, à tout point de vue, que l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne. Alger a décidé que les livraisons de gaz à l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz. Le contrat d’exploitation, prend fin aujourd’hui et ne sera pas renouvelé. Toutefois, la poursuite des livraisons à l’Espagne se fera sans problème, selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui affirmait récemment que «L’Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires».

    «Toutes les livraisons se feront à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», a précisé le ministre. Il s’agit, d’une possible extension de la capacité de Medgaz et un accroissement des exportations de gaz naturel liquéfié par la voie maritime.

    Il convient de rappeler que la capacité du gazoduc Medgaz est inférieure à celle du GME : il achemine environ 8 milliards de mètres cubes par an, alors que la capacité du gazoduc GME elle est de 10 milliards. Il opérait déjà au maximum de sa capacité en fournissant un quart du gaz naturel utilisé par l’Espagne. L’Algérie s’est engagée à augmenter la capacité du Medgaz, à 10 milliards de mètres cubes par an.

    Pour couvrir les 4 milliards dont aurait encore besoin l’Espagne, le rythme des exportations de gaz naturel liquéfié par voie maritime de l’Algérie vers l’Espagne pourrait aussi augmenter. Pour ce qui est du Maroc, un arrangement avec l’Espagne pour acheminer du gaz sur le territoire est incertain et pourrait buter sur la clause de destination. Le Maroc doit par ailleurs supporter une perte de revenus engendrés par le passage du gaz algérien sur son territoire, estimés entre 50 et 200 millions d’euros par an.

    Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, à propos de la possibilité de vente de gaz algérien de l’Espagne au Maroc : Risque de se confronter à la «clause de destination»

    Peut-on parler désormais de rupture définitive ? Oui. L’Algérie officialise sa décision de ne plus livrer du gaz naturel au Maroc, via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), en service depuis 1996. Le contrat de vente de gaz algérien au Maroc ainsi que celui de transit de gaz algérien via le Royaume expirent aujourd’hui. Sollicité par nos soins, le Dr Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, précise, d’emblée, que parmi «l’Algérie, l’Espagne et le Maroc, c’est ce dernier qui est le grand, sinon le seul perdant».

    Durant 25 ans, explique-t-il, le Maroc «piquait» un peu moins de un milliard de m3/an de gaz algérien pour produire une partie de son électricité à bas prix et engrangeait jusqu’à 200 millions de dollars par an comme droit de passage du GME sur son territoire. «Dès le 1er novembre 2021, le Maroc doit oublier ces avantages, voire ces privilèges, accordés «fraternellement» par l’Algérie un quart de siècle durant, et chercher des solutions de rechange certainement contraignantes tant sur le plan technique qu’économique du moins à court et moyen termes sachant que le marché gazier mondial est en pleine crise».

    Dos au mur, le Maroc envisage d’y remédier par l’utilisation de son tronçon pour recevoir du gaz à partir de l’Espagne. Une option, argumente M. Beghoul, qui suppose que «l’Espagne doit s’approvisionner plus que nécessitent ses besoins et évacuer le surplus vers le Maroc qui doit prendre en charge, financièrement, l’opération d’achat et de transit du gaz depuis la source jusqu’à destination (Maroc)». Autrement dit, «l’Espagne ne pourra pas revendre du gaz algérien au Maroc au risque d’être confrontée à la «clause de destination»». Techniquement incertaine pour la partie espagnole, sinon très onéreuse pour le Maroc, ce scénario ressemble à une quadrature du cercle.

    Côté Algérie, la décision semble sans impact sur l’économie nationale. L’expert en énergie indique que l’Algérie dispose de deux autres gazoducs vers l’Europe-Enrico Mattei vers l’Italie et Medgaz vers l’Espagne-totalisant une capacité opérationnelle d’au moins une trentaine de milliards de m3 et de trois complexes GNL pouvant produire, aujourd’hui, l’équivalent de pas moins de 13 milliards de m3 de gaz. C’est dire que «les capacités algériennes en matière d’exportation, bien qu’ayant chuté, restent en mesure de répondre aux besoins de l’Espagne, quitte à opter pour une route non classique pour son approvisionnement total». Dans cette optique, l’Algérie s’est montrée rassurante avec son partenaire espagnol. Le ministre de l’Energie ne pouvait être plus clair. A travers la compagnie Sonatrach, le pays «honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires». Et d’ajouter : «Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz».

    Avec cette suspension, comment l’Algérie pourra-t-elle maintenir le rythme de ses exportations gazières vers l’Espagne si les volumes prévus dans le Medgaz s’avèrent insuffisants ? Tout compte fait, explique Mohamed Saïd Beghoul, sur le plan pipelinier, «il manquerait environ jusqu’à deux ou trois milliards de m3 pour satisfaire totalement les Espagnols et si ces derniers ne trouveront pas d’autres sources pour faire le plein, l’Algérie a toujours un moyen de les rajouter, soit en équivalent GNL, soit par gazoduc Italie-Espagne si ce lien physique existe dans le cadre du réseau interconnecté européen».

    Sonatrach confirme

    Contrairement à certaines assertions marocaines concernant la possibilité pour le Maroc de s’approvisionner en gaz naturel algérien via l’Espagne, une source de la compagnie Sonatrach affirme que dans le contrat liant l’Algérie et l’Espagne, il existe bel et bien une «clause de destination». La clause de territorialité, dite aussi «clause de destination», accompagne tous les contrats gaziers de Sonatrach empêchant ses clients d’écouler le gaz algérien importé hors de leurs frontières.

    El Moudjahid, 31/10/2021