Étiquette : gaz

  • L’Espagne prise à son propre piège

    L’Espagne prise à son propre piège

    Espagne, Algérie, gaz, Europe, hub, Russie,

    L’Algérie a baissé ses exportations de gaz vers l’Espagne de près de 50 %, sans toutefois remettre en cause les contrats signés entre les deux pays.

    Sur fond d’une crise d’approvisionnement en gaz et la crainte de voir la Russe mettre en exécution sa menace de réduire ses exportations de gaz vers l’Europe, le gouvernement espagnol tente d’amorcer des négociations avec l’Algérie. Le journal en ligne espagnol Ok Diario, a rapporté qu’ «une délégation du gouvernement espagnol se serait rendue, vendredi dernier, en Algérie». Les autorités algériennes n’ont pas commenté l’article de Ok Diario qui ne trouve donc aucune confirmation de la part des deux gouvernements. Officiellement, les relations diplomatiques entre les deux pays sont suspendues.

    Voulant mettre un terme à sa grande dépendance de la Russie, les gouvernements espagnol et portugais soutiennent avec force les récentes déclarations du chancelier allemand Olaf Scholz en faveur de la réalisation d’un gazoduc reliant l’Espagne à l’Europe centrale. Pour sa part, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a déclaré, dans une interview à la Télévision nationale (TVE), que l’Espagne était prête à avancer très vite pour la construction d’un tel gazoduc. Olaf Scholz avait estimé jeudi que l’Europe manquait «dramatiquement» d’une interconnexion entre la péninsule Ibérique et l’Europe centrale, passant par la France, qui contribuerait à soulager et détendre la situation de l’approvisionnement de gaz. Sur un autre plan, le gouvernement espagnol vient d’adopter les mesures drastiques d’économie d’énergie dans le cadre du plan européen en la matière, stipulant que les espaces climatisés ne peuvent avoir une température minimale de 27 degrés et que le chauffage en hiver ne peut dépasser 19 degrés.

    Ainsi, d’après les statistiques fournies par Enagaz, importateur et distributeur exclusif de gaz en Espagne, la baisse des approvisionnements de gaz en provenance d’ Algérie est estimée à près de 42%. La réduction a été opérée par l’ Algérie sans toutefois porter préjudice aux contrats d’approvisionnement en gaz signés entre les deux pays. D’ailleurs, l’Espagne n’a jamais évoqué une quelconque remise en cause des contrats signés entre les deux parties. Cela signifie que l’Algérie avait retiré des quantités supplémentaires (hors contrats) qu’elle exportait vers l’Espagne pour les réorienter vers l’ Italie. Il faut dire que ses derniers temps l’ Algérie a augmenté ses livraisons de gaz à l’Italie en exportant quelque 4 milliards de mètres cubes supplémentaires. Rappelons aussi que depuis le début de l’année, l’Algérie a fourni à l’Italie 13,9 milliards de mètres cubes, dépassant de 113% les volumes prévus initialement. Elle prévoit de lui livrer au total 6 milliards de mètres cubes supplémentaires d’ici à fin 2022 afin d’arriver à 9 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an en 2023-2024.

    Par ailleurs, l’ Algérie a signé récemment un contrat., d’un montant de 4 milliards de dollars, entre les groupes américain, italien et français Occidental Petroleum, ENI et Total, «qui permettra de fournir l’Italie en quantités importantes de gaz supplémentaire. Selon les dernières données de l’ Enagaz, le importations en provenance de l’ Algérie ont chuté de 41,11% durant le premier semestre 2022 par rapport à la même période de l’année dernière. Par contre, selon la même source, les importations de gaz en provenance de la Russie ont augmenté de 3,2% en glissement annuel durant les six premiers mois de l’année en cours. Au cours du premier semestre, l’Espagne a importé de l’ Algérie 55 962 gigawattheures (GWh) de gaz, dont 51 484giawattheures sont arrivés par gazoduc (Medgaz) et le reste par méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié(GNL). Ces chiffre représente une baisse de 40% du gaz algérien arrivant depuis en Espagne par gazoduc par rapport au premier semestre 2021. Ainsi, 24,4% des 35 890 GWh de gaz importé par l’Espagne au cours du sixième mois de l’année provenant de la Russie, ce qui en fait le deuxième fournisseur de cette matière première après les Etat-Unis. L’ Algérie a reculé de la première à la troisième place. Le gaz représente 91% des exportations algériennes vers l’Espagne. Du côté espagnol, elles englobent une série de secteurs et de produits dont la part du marché s’est accrue depuis la signature de l’accord de coopération en 2002.

    L’Expression, 13/08/2022

    #Espagne #Algérie #Gaz #Europe #Russie

  • Les enjeux du voyage de Macron à Alger

    Les enjeux du voyage de Macron à Alger

    France, Algérie, Emmanuel Macron, gaz, Mali, Libye,

    Le président français Emmanuel Macron est attendu le 25 août à Alger, dans le cadre des tentatives françaises de regagner la confiance de la Nouvelle Algérie, qui avait à maintes reprises, exprimé par le biais de sa haute autorité, sa rupture avec l’attitude des anciens dirigeants au sujet des relations algéro-françaises.

    La souveraineté nationale, avant tout

    Le président Tebboune, intronisé à la magistrature suprême, à l’issue des élections démocratiques et libres du 12 décembre 2019, post-hirak béni, avait exprimé à ses interlocuteurs français, que l’Algérie nouvelle ne badine pas à sa souveraineté nationale, et l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien par les avions français en activité au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, signe la première action digne de nom de remettre les pendules à l’heure au sujet de la souveraineté nationale, chèrement acquise et legs des sacrifices de nos glorieux martyrs. Cette action avait été d’ailleurs accompagnée par un rappel à l’ordre de l’ancien ambassadeur français à Alger, Xavier Driencourt, qui se comportait à l’instar de ses prédécesseurs Bernard Bajolet et Bernard Emié, comme si l’Algérie était un « département » d’outre-mer. Ces diplomates bénéficiaient durant les dernières décennies de toutes les largesses et facilités leur permettant de foutre leurs nez dans les activités politiques, économiques, culturelles, sportives, médiatiques et société civile, soutenus, il faut bien le préciser par les néocolonisés de la 5ème colonne. L’establishment français était impliqué dans toutes les tentatives de déstabilisation du pays visant à maintenir son tutorat. La volonté politique des nouveaux dirigeants du pays et la détermination de tout un Peuple, en ont décidé autrement. Le retour à l’ordre constitutionnel via des élections législatives, locales et d’un amendement de la constitution permettant la séparation du pouvoir politique de celui de l’argent, et la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de développement des capacités intrinsèques du pays, devançaient les plans concoctés et élaborés dans les officines néocoloniales et des nostalgiques de l’Algérie française.

    La nouvelle Algérie n’est plus la vache à traire

    La Française a été le grand bénéficiaire sur le plan économique des deux dernières décennies, via ses entreprises et son Medef, qui ratissé large en matière d’octroi de projets, et via un accord d’association avec l’Union Européenne qui a légitimé le bradage des richesses nationales et favorisait le transfert à la limite de la légalité de l’argent des algériens issu des revenus des hydrocarbures. Les lois adoptés par les différents gouvernements étaient faites conformément aux plans de pillage règlementé, mis en service au profit des entreprises françaises et des cabinets de consulting et d’expertises.

    Aujourd’hui, l’Algérie revient en force sur la scène internationale, grâce à son engagement pour un nouvel ordre mondial multipolaire, et les partenaires se bousculent pour conclure des accords de partenariat avec l’Algérie. Compte tenu de l’expérience vécue avec la France, Paris a peu de chance de réussir la conclusion de faramineux contrats pour sauver les entreprises françaises. Paris n’inspire plus confiance, car les expériences vécues nous révélaient que la France veut maintenir l’Algérie comme un marché pour écouler ses produits, et n’est jamais prêtes à aller bâtir un partenariat économique gagnant-gagnant. La redynamisation de l’appareil propagandiste, du lobby très actif au niveau des administrations et le lancement de l’offensive culturelle maquillée en activités littéraires et artistiques pour ressusciter les symboles de la colonisation, comme Yves Saint-Laurent et Albert Camus, ont peu de chance d’aboutir devant la détermination des nouveaux dirigeants algériens soucieux de mettre l’Algérie, dans la place qu’elle lui sied dans le concert des nations, conformément à la fidélité du serment de nos glorieux martyrs.

    Les engagements non tenus de Macron

    Comme l’ont bien souligné les ukrainiens, Macron promet la chose et fait son contraire.Et pour mieux illustrer cela, ils viennent d’enrichir la langue française par le verbe « macroner ». Emmanuel Macron s’est rendu deux fois en Algérie, une fois en tant que candidat de la présidentielle française de 2017 et une autre en tant que locataire de l’Elysée. Et à chaque fois, il déçoit les Algériens, sa promesse de proclamer la colonisation française de l’Algérie comme un crime contre l’humanité, n’était qu’une chimère et de la poudre aux yeux, démentie par sa déclaration d’effacer l’histoire d’une nation appelée l’Algérie.

    Le dossier de l’énergie sur la table

    Il n’est pas exclu, que le président français abordera avec les dirigeants Algériens, le dossier énergétique lié à l’approvisionnement de l’Europe en gaz Algérien. Si rien n’a été dit sur les dossiers qui seront mis sur la table des discussions et négociations entre les deux parties, il en demeure que certains indices plaident pour la reprise de l’approvisionnement via le GME, desservant l’Espagne, via le Maroc. Une reprise indispensable pour la relance du gazoduc Midcat, reliant l’Espagne à la France et qui intéresse en premier lieu l’Allemagne dont le chancelier Olaf Scholz, en a fait allusion, il y a quelques jours, en évoquant la stratégie à court terme de son pays, pour faire face à la dépendance de Berlin au gaz russe.

    Pour s’affranchir du gaz russe, comme le souhaite L’Union Européenne, Bruxelles est favorable à la relance du projet MidCat (Midi-Catalogne), ce gazoduc reliant l’Espagne à la France, lancé en 2013 et abandonné en 2019. Il prévoit un tuyau de 230 kilomètres partant d’Hostalric, au nord de Barcelone, pour rejoindre Barbaira, à l’est de Carcassonne, en traversant les Pyrénées. L’Espagne pousse à fond le projet. À la faveur de la crise ukrainienne, le pays s’imagine devenir un grand « hub gazier » reliant le sud et le nord de l’Europe. Les infrastructures sont déjà là, avec sept terminaux de GNL, soit un quart des capacités de l’UE, où accostent des méthaniers en provenance d’une quinzaine de pays, et deux gazoducs reliés à l’Algérie, dont l’un a toutefois été arrêté en novembre par le gouvernement algérien, en raison des tensions avec le Maroc.

    Mais l’Espagne manque d’interconnexions avec la France, au point que 60 % de la capacité disponible dans les terminaux espagnols n’est pas utilisée. Aujourd’hui, l’Espagne peut représenter jusqu’à 6 % de l’alimentation en gaz de la France. Avec cette nouvelle infrastructure, les volumes de transit seraient doublés, permettant de réduire significativement la dépendance de la France au gaz russe Début 2019, les régulateurs français et espagnols avaient pourtant contribué à l’enterrement du projet. Évalué à 440 millions d’euros, il était alors jugé à la fois trop cher et non indispensable.

    A priori, les algériens sont peu intéressés par les soucis franco-espagnols d’approvisionnement en gaz, préférant renforcer leur partenariat stratégique avec l’Italie, un partenariat loin des alliances de connivence comme ce fût le cas avec Madrid, dont le gouvernement de Pedro Sanchez avait trahi la confiance d’Alger et des intérêts de son peuple pour s’aligner sur la position coloniale du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental. Sur ce registre, il est clair que Paris s’aligne aussi sur la position marocaine, comme l’illustre bien son véto pérennisé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, évitant à Rabat des sanctions internationales et privant un peuple de bénéficier du droit d’autodétermination.

    Les dossiers du Mali et la Libye

    Les deux présidents évoqueront certainement les questions des crises au Mali et la Libye. Sur ce plan, il est clair que la France tente de trouver une sortie honorable du bourbier malien, dont les dirigeants sont déterminés à mettre fin à l’influence française. Les derniers actes terroristes n’ont que renforcer la conviction des maliens, à chasser la France de leur territoire. La relance du processus d’Alger via l’intégration de 26000 combattants rebelles au sein des Fama, et la redynamisation du processus politique pour se doter d’institutions élues au cours de l’année 2024, ont mis fin aux velléités néocoloniales de la France de maintenir le Mali sous son joug. Le dossier libyen sera aussi sur la table et la France est pointée du doigt comme la première puissance ayant organisé la chute et l’assassinat du leader libyen Mouammar El Gueddafi. Comme à l’accoutumée, l’Algérie réclame la fin de la présence étrangère et le départ des milices étrangères, comme condition première favorisant le dialogue inter-libyen, pour une solution libo-libyenne, allant dans le sens de la tenue d’élections présidentielles et législatives permettant à la Libye de se doter d’institutions élues et libres, conformément aux résolutions onusiennes.

    Algérie54, 13/08/2022

    #France #Algérie #Mali #Libye #Sahel #Maroc #Gaz

  • Un gazoduc Espagne-Italie pour acheminer du gaz vers l’Europe

    Un gazoduc Espagne-Italie pour acheminer du gaz vers l’Europe

    Union Européenne, Espagne, Italie, Portugal, Gazoduc, gaz, France,

    LISBONNE, Portugal (AP) – Les autorités européennes envisagent un gazoduc de gaz naturel liquéfié entre l’Espagne et l’Italie comme moyen de contourner l’opposition de la France à une liaison gazière à travers les Pyrénées entre la péninsule ibérique et l’Europe centrale, a déclaré vendredi le Premier ministre portugais. .

    Le Portugal et l’Espagne pourraient envoyer une grande partie du gaz naturel liquéfié, ou GNL, qu’ils reçoivent du monde entier vers d’autres pays de l’Union européenne, a déclaré le Premier ministre Antonio Costa. Il n’a donné aucun autre détail, mais un tel pipeline sous-marin prendrait probablement des années à être achevé.

    Les pays de l’UE ont eu du mal à trouver un terrain d’entente sur la manière de sevrer le bloc de sa dépendance au gaz naturel russe. Le président russe Vladimir Poutine a militarisé les exportations de gaz pour faire pression sur le bloc afin qu’il réduise ses sanctions contre la guerre en Ukraine. Poutine a déjà interrompu les exportations de gaz vers plus d’une douzaine de pays de l’UE et réduit les exportations vers des puissances industrielles clés comme l’Allemagne. De nombreux responsables européens craignent qu’il ne coupe les exportations de gaz vers la majeure partie de l’Europe au cours de l’hiver, une période de demande clé.

    Les deux pays ibériques reçoivent du GNL par pipeline depuis l’Algérie et le Maroc, ainsi que par bateau depuis des pays comme les États-Unis et le Nigeria. Mais il existe actuellement peu de connexions énergétiques entre l’Espagne et le Portugal et le reste de l’Europe.

    « La péninsule ibérique a la capacité de remplacer une grande partie du gaz naturel liquéfié que l’Europe centrale importe aujourd’hui de Russie », a déclaré Costa aux journalistes.

    Avec six usines de GNL en Espagne – dont la plus grande d’Europe, à Barcelone – et une au Portugal, les voisins ibériques représentent un tiers de la capacité de traitement de GNL en Europe. Les terminaux portuaires transforment des cargaisons de GNL surfondu en gaz qui se déverse ensuite dans les foyers et les entreprises.

    Costa a déclaré que les usines ibériques pourraient également envoyer plus de GNL par bateau vers d’autres ports européens pendant la construction d’un pipeline.

    Costa a déclaré que le gouvernement français était toujours contre un pipeline à travers les Pyrénées, invoquant des préoccupations environnementales, et a ajouté que la Commission européenne évaluait un lien vers l’Italie.

    Les commentaires de Costa sont intervenus après que le chancelier allemand Olaf Scholz, s’exprimant jeudi à Berlin, a déclaré: «J’ai passé beaucoup de temps à gérer un pipeline qui nous manque cruellement, à savoir le pipeline qui aurait dû être construit entre le Portugal, l’Espagne via la France vers l’Europe centrale .”

    Il a ajouté: « Cela contribuerait désormais massivement à soulager et à apaiser la situation de l’approvisionnement. »

    Scholz a déclaré qu’il avait été en pourparlers avec l’Espagne, le Portugal, la France et la Commission européenne au sujet du projet.

    Les propos de la chancelière allemande ont été bien accueillis par le Portugal et l’Espagne, qui pourraient récolter les fruits de leurs investissements dans le GNL.

    « L’Espagne est bien préparée », a déclaré vendredi le ministre espagnol de l’Industrie, Reyes Maroto, à la télévision Antena 3. « Nous espérons que si la proposition de la chancelière allemande aboutit, nous aurons une meilleure gazéification et plus d’interconnexions en Europe afin de ne pas dépendre du gaz russe et d’être autosuffisant énergétiquement. »

    Le gouvernement et les entreprises américaines envisagent depuis longtemps le port atlantique portugais en eau profonde de Sines comme tremplin pour leur expansion. Ils ont identifié Sines comme une porte d’entrée potentielle vers l’Europe pour le gaz de fracturation aux États-Unis, ce qui a permis aux États-Unis de stimuler les exportations de GNL et d’offrir des prix bas.

    AP

    #UE #Gaz #Espagne #Italie #Portugal #Gazoduc

  • Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Algérie, Maroc, Union Européenne, Gaz, Ukraine, Russie, Sahara Occidental, Espagne, Pedro Sanchez,

    Les retombées mondiales du conflit en Ukraine ont été particulièrement visibles dans le domaine de l’énergie, où les sanctions mises en place contre la Russie ont contraint l’Europe à chercher ailleurs ses approvisionnements énergétiques. Dans cette ruée vers le gaz, particulièrement controversée car elle reporte irrémédiablement des agendas ambitieux de sortie des énergies fossiles, les Etats membres européens ont déplacé leur attention de l’Est désormais turbulent, où le découplage économique avec Moscou semble inéluctable, vers le Sud, périphérie régionale la plus souvent négligée, et qui n’attire l’attention de Bruxelles et de Washington que lorsque des préoccupations urgentes en matière de sécurité deviennent trop impossibles à ignorer. Dans la plus récente poussée énergétique qui a emmené des diplomates étrangers, des dignitaires et des officiers de haut rang en tournée dans plusieurs capitales du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord riches en pétrole, il y a un endroit qui a immédiatement été en tête de liste des plus destinations recherchées capables de compenser en partie la baisse des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie : l’Algérie.

    Une opportunité incontournable

    Compte tenu de sa géographie et de ses infrastructures de gazoducs, l’Algérie est un partenaire de longue date de l’Europe dans le secteur de l’énergie. Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le pays est un important producteur de pétrole et de gaz fortement tributaire des exportations d’hydrocarbures.[1] Par rapport à une Libye de plus en plus instable, où la dernière bifurcation politique a déjà eu un impact sur la fragile industrie pétrolière du pays, l’Algérie offre également des conditions beaucoup plus stables. L’époque du mouvement d’opposition Hirak, lorsque les manifestations de masse ont mis fin au régime du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, semble révolue et l’opposition a été muselée par une combinaison de facteurs, notamment un virage autoritaire répressif et la décision des manifestants de suspendre les rassemblements à la suite de la pandémie de COVID-19. La brève transition, qui comprenait des changements cosmétiques à la constitution, une lutte instrumentale contre la corruption et des élections marquées par un faible taux de participation, a abouti à un changement de leadership qui a donné à l’ancien Premier ministre Abdelmajid Tebboune la présidence, tandis que le pouvoir réel repose fermement entre les mains de les militaires guidés par le général de division Saïd Chengriha.

    La transition politique a été caractérisée et partiellement entraînée par un ralentissement économique causé par la chute du pétrole de 2014, qui a considérablement érodé les réserves de change (passant de 121,9 milliards de dollars en octobre 2016 à 42 milliards de dollars en mars 2021). Cependant, la guerre en Ukraine a représenté un tournant, offrant à l’Algérie une occasion incontournable de réaliser ses ambitions pour devenir enfin un hub énergétique capable de satisfaire les exigences des partenaires européens cherchant désespérément à diversifier les approvisionnements en gaz loin de la Russie. Poussé par une demande mondiale plus élevée, le pic pétrolier relance la production pétrolière de l’Algérie, aidant à équilibrer le déficit budgétaire qu’Alger a accumulé au cours des dernières années.[2] La conjoncture économique favorable attire également des investissements directs étrangers (IDE) indispensables qui pourraient contribuer à moderniser une industrie pétrolière vieillissante et à renforcer la capacité de production. Dans ce contexte, les récents accords signés entre la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach et son homologue italien ENI sont particulièrement remarquables. Le protocole d’accord (MoU), signé à l’occasion de la visite de Tebboune à Rome et à Naples en mai 2022, devrait stimuler l’exploration gazière et le développement de l’hydrogène vert en Algérie, et prévoit un projet d’interconnexion électrique via des câbles sous-marins. [3] L’accord a également confirmé l’augmentation des exportations de gaz de l’Algérie vers l’Italie, passant de 22 milliards de mètres cubes (bcm) par an à 31 bcm, suite à un accord conclu en avril lors de la visite du Premier ministre italien Mario Draghi à Alger. Les 9 milliards de m3 supplémentaires de gaz supplémentaire par an (qui, selon le calendrier convenu, seront livrés d’ici 2023-2024) pousseront le gazoduc offshore transméditerranéen (TransMed) reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie à pleine capacité.

    La faille qui coupe les ailes de l’Algérie

    Les accords récents contribueront certainement à consolider la position de l’Algérie en tant que l’un des principaux fournisseurs d’énergie de l’Italie, contribuant à compenser la réduction de l’approvisionnement en gaz de Moscou. Cependant, cette réalisation remarquable ne suffira peut-être pas à réaliser les rêves de l’Algérie de jouer un rôle central dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe à partir de son flanc sud. Parallèlement à des années de sous-investissement dans l’industrie pétrolière, des obstacles politiques sont également susceptibles de limiter la capacité de l’Algérie à augmenter ses exportations de pétrole et de gaz. En effet, le renforcement des relations bilatérales entre Alger et Rome contraste fortement avec la détérioration des relations entre l’Algérie et l’Espagne, toutes deux engagées dans une querelle diplomatique exacerbée par les développements récents. La suspension du traité d’amitié et de coopération de 2002 n’est que la dernière étape d’une détérioration rapide des relations bilatérales principalement motivée par le ressentiment de l’Algérie envers le nouveau cap de politique étrangère fixé par le gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, qui a jusqu’à présent été le point principal de discorde qui anime la compétition régionale entre l’Algérie et le Maroc. En effet, dans une décision surprenante annoncée en mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé que Madrid reconnaissait enfin le plan d’autonomie du Maroc pour la région contestée comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour résoudre le conflit, soutenant efficacement la position de Rabat.

    Le passage diplomatique d’une approche basée sur le respect des résolutions de l’ONU et du principe d’autodétermination au plan d’autonomie, sur lequel Rabat insiste depuis 2007, est en effet le résultat d’une année de vie dangereuse à travers l’étroit détroit de Gibraltar . L’origine du réalignement en cours doit en effet être recherchée dans une querelle diplomatique qui a opposé en avril 2021 Madrid à Rabat à la suite de l’hospitalisation du chef du Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et Rio de Oro (Front Polisario, le groupe rebelle mouvement luttant pour l’indépendance du Sahara Occidental vis-à-vis du Maroc et soutenu par l’Algérie) Brahim Ghali en Espagne pour le COVID-19. Apparemment amené en Espagne par un avion algérien et sous un faux nom, Ghali a passé quelques semaines à l’hôpital de Logroño, provoquant de véhémentes manifestations à Rabat. L’augmentation sans précédent du nombre de migrants tentant d’entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta en mai 2021 (avec plus de 9 000 entrées enregistrées en deux jours seulement, dont 1 500 enfants) ressemblait à une représaille inévitable après que des informations suggéraient que la police et les gardes-frontières marocains contrôles détendus.[4] Le nombre croissant de migrants arrivant en Espagne le long de la route de la Méditerranée occidentale a probablement convaincu la Moncloa de revenir sur sa position. Le limogeage de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Maria Aranzaz « Arancha » Gonzalez Laya, qui a payé le prix de l’affaire Ghali, a certainement été un premier signe de la réélaboration de la politique du Sahara occidental en cours à Madrid depuis l’été dernier.

    L’épreuve décisive du Sahara occidental

    En intensifiant la pression migratoire vers Ceuta et Melilla, souvent la cible de la rhétorique irrédentiste de Rabat, le Maroc a touché une corde sensible dans le processus décisionnel espagnol, où le gouvernement de coalition minoritaire de Sanchez a récemment subi une pression croissante à la suite de révélations sur son utilisation du puissant logiciel espion Pegasus.[5] Il a également confirmé la confiance croissante du Maroc dans l’imposition de son programme, dont l’objectif principal est de rallier un soutien plus large pour légitimer ses revendications sur un Sahara occidental qui ressemble de plus en plus à un test décisif pour voir où se situent réellement les principaux partenaires dans un Maghreb reconfiguré et multipolaire. L’affirmation du Makhzen s’est certainement accrue après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur les territoires contestés en échange du rétablissement des relations diplomatiques entre Rabat et Israël. L’accord, conclu au crépuscule de l’administration Trump, représentait l’aboutissement d’une politique transactionnelle qui a poussé le Maroc sur le front de la normalisation établi après les accords d’Abraham, qui comprenait Bahreïn, Israël, le Soudan et les Émirats arabes unis. Dans le même temps, le nouveau cap des États-Unis sur le Sahara occidental, qui n’a pas été inversé par l’administration Biden, a certainement contribué à l’escalade militaire dans les territoires contestés, où le Front Polisario avait déjà déclaré la fin du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 dans un contexte caractérisé par la reprise des combats dans la zone tampon de Guerguerate.

    L’effondrement d’un conflit gelé, qui s’est jusqu’à présent limité à des raids sporadiques du Polisario contre l’avant-poste des Forces Armées Royales (FAR, l’armée marocaine) et à des frappes aériennes et de drones marocains contre des combattants sahraouis, a réintroduit une nouvelle point chaud en Afrique du Nord. Conjuguée au conflit gelé en Libye et à la spirale de la violence djihadiste au Sahel, la reprise de la lutte au Sahara occidental risque de plonger toute la région nord-africaine dans une nouvelle saison de chaos, une décennie après les bouleversements politiques du printemps arabe. Le contrôle des dégâts a jusqu’à présent réussi à contenir les tensions, et les exercices militaires des deux côtés de la frontière (fermée depuis 1994) ressemblent plus à une posture qu’à de véritables menaces à la paix et à la sécurité de la région. Tant à Alger qu’à Rabat, il n’y a clairement aucun appétit pour une nouvelle guerre des sables ou un nouveau conflit sur le Sahara occidental. Le Maroc tire parti du changement de politique étrangère des États-Unis pour consolider sa position, poussant les partenaires européens à embarquer dans la reconnaissance de son contrôle territorial sur le territoire contesté. Dans le même temps, les difficultés intérieures ont certainement découragé l’Algérie d’utiliser son pouvoir dur pour soutenir le Polisario pour le moment. Cependant, alors que le régime cherche à consolider sa légitimité et que de nouveaux amendements constitutionnels permettent à l’Armée nationale populaire (ANP, l’armée algérienne) d’assumer une approche proactive dans la région, le Sahara occidental peut encore être une carte utile à jouer pour unir l’opinion publique contre un ennemi commun tout en détournant l’attention de problèmes nationaux plus urgents.

    La militarisation de tout

    De manière générale, les nouvelles générations en Algérie semblent beaucoup plus soucieuses d’accroître leur représentativité et d’instaurer un véritable système démocratique que de soutenir une cause qui plonge ses racines dans un passé très lointain et lointain. Pour cette raison, il apparaît de plus en plus évident que les tensions diplomatiques les plus récentes entre l’Algérie et le Maroc ont été beaucoup plus motivées par la tendance à la normalisation et la décision de Rabat de rétablir les liens avec Israël que par la reprise du conflit au Sahara Occidental. En effet, la décision d’Alger de resserrer les relations diplomatiques avec le Maroc est intervenue immédiatement après la visite du ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid à Rabat en août 2021. Il est intéressant de noter qu’à cette occasion, Lapid a déclaré que l’Algérie se rapprochait de l’Iran, un indication supplémentaire d’une politique étrangère élaborée en fonction de la constitution de nouveaux blocs régionaux issus du réalignement impulsé par le processus de normalisation. La remarque de Lapid a certainement contribué à la rupture diplomatique algéro-marocaine, dans un contexte marqué par l’escalade des tensions suite au soutien de Rabat à l’autodétermination de la région kabyle en Algérie, qui faisait le parallèle avec le soutien d’Alger au Polisario.[6]

    La nouvelle fracture maghrébine a également produit des externalités négatives qui sont allées au-delà du contexte local déjà clivant, notamment après la décision de l’Algérie de ne pas renouveler le contrat de 25 ans pour la fourniture de gaz au Portugal et à l’Espagne via le Maroc via le Gazoduc Maghreb-Europe (MEGP) . Le gazoduc de 12 milliards de m3 par an a cessé ses activités en octobre 2021, privant de fait le royaume alaouite de ses redevances d’une valeur de 0,5 milliard de m3 de gaz, qui représentaient la moitié de la consommation intérieure moyenne du Maroc par an. Alors que l’Algérie a confirmé qu’elle continuerait néanmoins à respecter son engagement d’approvisionner Madrid en gaz naturel via le gazoduc offshore Medgaz de 10,5 milliards de mètres cubes par an, et en stimulant l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis ses ports, la politique pétrolière est devenue la nouvelle frontière de l’affrontement entre les deux rivaux maghrébins.[7] Tout comme les pressions migratoires sur l’Espagne facilitées par Rabat lors de l’affaire Ghali, la décision de l’Algérie de fermer le MEGP pour punir le Maroc de s’être rapproché d’Israël s’inscrit dans ce qui a été décrit avec succès comme une militarisation de tout[8], dans laquelle les prétendants utilisent tous les moyens et toutes les mesures à l’exception de la guerre pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

    A posteriori, la fermeture du MEGP pourrait bien être interprétée comme une blessure auto-infligée à l’Algérie, surtout en période de manne gazière. À y regarder de plus près, cependant, la hausse des prix sur le marché du pétrole cette année signifie que les revenus continueront à être importants, permettant également aux autorités algériennes de choisir de déplacer une partie de leurs approvisionnements en gaz des contrats à long terme les moins rentables vers les plus marché au comptant lucratif. Ayant déjà réduit de moitié le volume de gaz exporté vers l’Espagne avant l’actuelle querelle diplomatique avec Madrid, l’Algérie se sent certainement plus confiante pour trouver un juste équilibre entre la tentation de tout mettre en œuvre et de couper complètement l’approvisionnement en gaz de Madrid pour sa politique remaniée au Sahara Occidental et le maintien le flux constant de revenus entrant dans ses coffres. Les menaces d’augmentation du prix du gaz livré aux clients espagnols, proférées en avril par le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar, en sont un exemple et sont intervenues, pas par hasard, alors que les relations entre Alger et Madrid allaient de mal en pis. En effet, à cette époque, le Maroc et l’Espagne discutaient de la manière de détourner le flux de la MEGP pour fournir à Rabat du gaz naturel acheté sur les marchés internationaux. Les discussions ont mis Alger de plus en plus mal à l’aise, poussant le gouvernement algérien à menacer de résilier le contrat avec l’Espagne si le gaz naturel en provenance d’Algérie était détourné vers le Maroc.

    La ruée vers le gaz africain

    L’hybridation de la guerre transforme non seulement les États membres de l’UE en importateurs nets de la spirale du fossé maghrébin, mais pousse également leurs politiques pétrolières sur une trajectoire de collision, selon les différentes politiques adoptées sur la question du Sahara occidental. En outre, les ramifications de cette lutte pour la suprématie régionale s’étendent également au continent africain, où les politiques régionales d’Alger et de Rabat sont toujours empêtrées dans le jeu à somme nulle qui alimente déjà la détérioration de leurs relations bilatérales. En particulier, le secteur de l’énergie devient un champ de bataille, où la ruée vers le gaz africain s’est accélérée, notamment au lendemain du conflit en Ukraine. Le Maroc, par exemple, a accéléré ses plans à long terme pour rivaliser avec son voisin oriental, sur la base d’une stratégie ambitieuse qui ferait à terme de Rabat une puissance dans l’exportation de combustibles fossiles et d’énergies renouvelables. Dans le cadre de sa nouvelle politique africaine, soulignée par le retour de Rabat à l’Union africaine (UA) en 2017, le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) de 5 560 km a récemment été accéléré suite à l’approbation du gouvernement d’Abuja. Le gazoduc serait une extension du gazoduc existant qui fournit du gaz nigérian au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010. Le 2 juin, le gouvernement nigérian a chargé la Nigeria National Petroleum Company de conclure un accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour la construction du gazoduc, qui acheminera à terme le gaz nigérian vers l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, et de là vers l’Europe également à partir de 2046.

    Fait intéressant, l’accélération est intervenue après les récents progrès réalisés par l’Algérie dans l’avancement d’un projet rival connu sous le nom de gazoduc transsaharien (TSGP). D’une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an, le TGSP est un projet de 4 128 km qui acheminerait à terme le gaz naturel du Nigéria vers l’Algérie via le Niger, renforçant la capacité d’Alger à satisfaire ses besoins intérieurs et à stimuler les exportations de gaz vers l’Europe. La déclaration de Niamey signée en février 2022 entre les ministres du pétrole algérien, nigérien et nigérian a relancé le projet, qui était en sommeil depuis plusieurs années en partie en raison de problèmes de sécurité concernant le pipeline transitant par une région sahélienne de plus en plus instable, où plusieurs groupes terroristes sont actifs. . Compte tenu de ses réserves abondantes, le Nigeria est évidemment bien placé pour fournir à l’Europe une quantité croissante de gaz naturel qui compenserait en partie l’approvisionnement réduit de la Russie en raison du conflit en cours en Ukraine. En outre, le NMGP et le TSGP seraient évidemment des instruments précieux pour satisfaire la demande intérieure croissante des États en développement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Le risque, cependant, est que ces projets de gazoducs soient victimes de l’approfondissement du fossé entre l’Algérie et le Maroc, qui oblige à la fois les exportateurs de pétrole et de gaz en Afrique (comme le Nigeria) et les importateurs d’énergie en Europe (comme l’Italie et l’Espagne) à naviguer un contexte hautement conflictuel et clivant, irradié par une rivalité régionale qui s’étend bien au-delà des frontières traditionnelles du Maghreb.

    Références

    [1] Selon les données de la Banque mondiale, sur la période 2015-2020, les exportations pétrolières algériennes représentaient 19 % du produit intérieur brut (PIB), 94 % des exportations totales et 40 % des recettes budgétaires : https://thedocs. worldbank.org/en/doc/65cf93926fdb3ea23b72f277fc249a72-0500042021/related/mpo-dza.pdf.

    [2] La production de pétrole est déjà passée de 175,9 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) en 2020 à 185,2 millions en 2021, tandis que les recettes d’exportation sont passées de 20 milliards de dollars à 34,5 milliards de dollars. Voir, Francisco Serrano, « Higher Oil Prices are Giving Algeria’s Regime Breathing Room », 25 mai 2022, Middle East Institute, https://www.mei.edu/publications/higher-oil-prices-are-giving-algerias- régime-respiratoire.

    [3] La production de gaz dans les zones couvertes par le protocole d’accord devrait atteindre 3 milliards de mètres cubes (bcm) par an et contribuera à augmenter la capacité d’exportation de gaz de l’Algérie vers l’Italie. Le protocole d’accord couvre également l’évaluation technique et économique d’un projet d’hydrogène vert à Bir Rebaa Nord. Voir, « Le géant italien de l’énergie Eni signe un accord pour stimuler l’approvisionnement en gaz algérien », Al-Jazeera, 26 mai 2022, https://www.aljazeera.com/economy/2022/5/26/italys-power-giant-eni -encres-deal-pour-booster-les-importations-de-gaz-algeriennes.

    [4] Umberto Profazio, « Les relations Maroc-Europe atteignent un point d’inflexion », 6 septembre 2021, Institut international d’études stratégiques (IISS), https://www.iiss.org/blogs/analysis/2021/09/morocco -relations-européennes.

    [5] Le gouvernement a été accusé d’avoir utilisé le logiciel espion de la société israélienne NSO Group pour pirater les téléphones portables de personnalités politiques des mouvements indépendants de Catalogne. Les révélations, qui ont provoqué le limogeage de Paz Esteban (chef de l’agence de renseignement espagnole), ont également conduit à une tournure inattendue, après que le gouvernement a déclaré que les téléphones portables de Sanchez et de la ministre de la Défense Margarita Robles avaient également été piratés par un tiers anonyme. faire la fête. Voir, Raphael Minder, « Spain Says Cell Phones of Prime Minister and Defence Minister Were Hacked », 2 mai 2022, New York Times, https://www.nytimes.com/2022/05/02/world/europe/spain -premier-ministre-pegasus-spyware.html. Les allégations selon lesquelles le Maroc aurait fréquemment utilisé Pegasus sont apparues l’année dernière mais ont toujours été démenties par Rabat.

    [6]Dans le même temps, Alger a décidé d’aller de l’avant avec l’inscription sur la liste noire du mouvement séparatiste pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) et a blâmé le Maroc pour les incendies qui ont englouti la région agitée à l’est d’Alger au cours de l’été de l’année dernière .

    [7] Umberto Profazio, « Oil Politics Set to Worsen the Maghreb Rift », 29 septembre 2021, Fondation du Collège de défense de l’OTAN, https://www.natofoundation.org/maghreb/oil-politics-set-to-worsen-the -maghreb-rift/.

    [8] Mark Galeotti, The Weaponization of Everything : A Field Guide to the New Way of War (New Haven et Londres : Yale University Press, 2022).

    Dr. Umberto Profazio

    Trends, 11/08/2022

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #UE #Gaz #Espagne #Maghreb

  • Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    Espagne, gaz, Russie, Algérie, Union Européenne,

    L’Espagne augmente ses importations de gaz russe malgré la guerre en 2022 tout en réduisant son lien énergétique avec l’Algérie

    Sur les sept mois de l’année, les achats de gaz à Moscou ont augmenté de 15 % et les importations en provenance d’Alger ont chuté de 42 %.
    La Russie reste le quatrième fournisseur mondial derrière l’Algérie, les États-Unis et le Nigeria.

    L’Espagne a ouvert une double interdiction du point de vue énergétique: au cours des sept mois de 2022, elle a acheté plus de gaz à la Russie et beaucoup moins à l’Algérie, à la fois au milieu de l’invasion de l’Ukraine et au milieu du conflit diplomatique avec le pays africain en raison du changement de position du gouvernement de Pedro Sánchez sur le Sahara. En effet, les achats en provenance de Russie ont augmenté de 15,6 % depuis janvier, tandis que les importations en provenance d’Algérie ont chuté de 42 %, selon le Bulletin statistique Enagás.

    Si les données de juillet 2021 et de juillet 2022 sont comparées, on constate un changement de tendance qui favorise des pays comme les États-Unis, le Nigeria, précisément la Russie, et dans un échelon inférieur également le Qatar. De l’autre côté, le tournant fait mal à l’Algérie. Dans le cas du pays d’Afrique du Nord, l’Espagne a acheté 8 572 gigawattheures (GWh) en juillet de cette année, contre 16 192 au même mois de 2021, avant l’affrontement sur la question sahraouie. Avec les États-Unis, la dynamique s’est inversée, puisque 8 530 GWh ont été importés dans le mois qui vient de s’achever, alors qu’en juillet 2021 ils étaient 2 664. La Russie est passée, par rapport aux mois de juillet, de 2 204 l’an dernier à 5 317 cette année et le Nigeria a exporté 1 142 GWh vers l’Espagne en juillet de l’année dernière et 5 882 le même mois cette année.

    Au cours du premier semestre, l’Espagne a acheté 64 534 gigawattheures de gaz à l’Algérie, dont 60 056 GWh (environ 93 %) sont venus par tube, via le Medgaz et le reste dans des méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié. En un an, la dépendance vis-à-vis de l’Algérie s’est considérablement réduite : jusqu’en juillet, le quota d’importation algérien s’élevait à 24,5 %, contre 48,8 % un an plus tôt au cours des sept premiers mois.

    L’Algérie (23,3%), les États-Unis (23,2%) et le Nigeria (16%) sont les trois principaux exportateurs de gaz vers l’Espagne en juillet 2022, et la Russie occupe déjà la quatrième place avec 14,5% du total, juste devant le Qatar. , qui est loin derrière avec 5,5 %. Dans une moindre mesure, d’autres pays comme Trinidad, la France, l’Angola ou l’Egypte ont eu une certaine pertinence. Dans ce scénario, l’Espagne a acheté 28 265 GWh à Moscou jusqu’en juillet et 5 317 GWh seulement pendant le septième mois de l’année.

    Le chiffre du mois qui vient de se terminer, oui, représente une réduction de pratiquement 40% par rapport aux données de juin. Ensuite, un total record d’importations en provenance de Russie a été atteint, avec un total de 8 752 GWh. Il y a peu de changements si l’on regarde le cumul entre janvier et juillet : la Russie y représente une part de 10,7 % du total de gaz acheté par l’Espagne, un chiffre très similaire à celui qui s’est produit à la même période de 2021.

    Un changement important a également été observé avec les importations en provenance des États-Unis. Depuis le début de la guerre, le pays s’est positionné en termes d’exportations de gaz vers l’Espagne avec une part de 32,9%, soit près de 10 points de plus que l’Algérie, après avoir cumulé des achats pour 86 609 GWh au cours des sept premiers mois de 2022. En outre, ce qui est frappant, c’est que sur la même période mais en 2021, les États-Unis ne représentaient que 9,1 % des importations de gaz. En conclusion, les États-Unis, l’Algérie et la Russie continuent de représenter 70 % des importations de gaz de l’Espagne.

    Concernant les exportations avec la France, à travers l’interconnexion VIP Pyrénées, elles s’élevaient en juillet à 3 077 GWh, contre 3 051 GWh en juin 2022. Habituellement utilisé pour importer du gaz naturel du pays voisin, depuis la guerre d’Ukraine a entraîné un changement total, faisant de l’Espagne un exportateur vers l’Europe.

    Déjà en avril, un chiffre d’exportation de l’Espagne vers la France de 5 618 GWh a été atteint et en mai, il a augmenté de 10 % par rapport au mois précédent, jusqu’au chiffre record de 6 185 GWh. En juillet, il a également mis en évidence l’augmentation significative du rejet des navires, qui a doublé par rapport au même mois de l’année précédente, jusqu’à 26 448 GWh. Ainsi, le nombre de navires déchargés a augmenté de 92,9 % au cours du mois de juillet, pour s’établir à 27 unités, soit treize de plus qu’au même mois de 2021.

    Il y a eu des voix qui ont critiqué ces données sur les importations de gaz par l’Espagne, et de Vox son porte-parole Jorge Buxadé a directement pointé du doigt le PP et le PSOE. « Je me demande combien d’anciens politiciens du PSOE et du PP profitent désormais du boom des prix, de l’utilisation et des exportations du gaz des conseils d’administration des opérateurs alors qu’ils prêchent en faveur du confinement énergétique », a écrit l’eurodéputé sur ses réseaux sociaux.

    Le rôle de l’Espagne dans la crise énergétique
    Dans un scénario aussi compliqué, l’Espagne aspire à jouer un rôle fondamental. À tel point que le ministre des Affaires étrangères Olaf Scholz s’est entretenu ce jeudi avec Madrid et Lisbonne pour faire part de son idée qu’ils pourraient augmenter les exportations de gaz de la péninsule ibérique vers l’Allemagne, l’un des pays les plus dépendants du gaz russe dans toute l’UE. Ainsi, Berlin veut un gazoduc qui facilite le transfert sud-nord, de manière à réduire la dépendance vis-à-vis de Moscou.

    La France joue alors un tour important, car l’infrastructure traverserait son territoire. Et le projet existe déjà : c’est le MidCat, qui, oui, est paralysé depuis des années en raison de ses coûts élevés et du faible prix de l’offre russe. Il reste encore 226 kilomètres de canalisations à construire entre la ville catalane d’Hostalric et la ville française de Barbaira, et l’Espagne demande à l’UE de couvrir les coûts.

    Scholz sait qu’il est en retard et suppose que si les connexions avec la péninsule ibérique avaient été renforcées plus tôt, cela aurait été « une contribution massive pour atténuer et alléger la situation » de l’approvisionnement en gaz, que l’Allemagne a essentiellement reçu de la Russie ces dernières années. En septembre, il présentera cette idée à la fois à Sánchez et à Costa, ainsi qu’à Emmanuel Macron et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, puisque Bruxelles prévoit de présenter ce même mois son plan de choc pour réduire le lien énergétique. avec le régime de Vladimir Poutine.

    Du côté du gouvernement, la vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a ramassé le gant. « Nous apprécions positivement le message du ministre des Affaires étrangères », a-t-il déclaré. Ribera a également souligné que l’intégration des politiques énergétiques européennes présente « de grands avantages pour tous et nécessite une plus grande et meilleure coordination des infrastructures ». Là, l’Espagne veut être un protagoniste et la vice-présidente a rappelé qu’ »elle a toujours montré sa disponibilité et exigé une plus grande interconnexion », d’autant plus dans une crise qui, dit-elle, « montre les avantages d’avoir plus d’intégration européenne ».

    Actuellement, seuls deux gazoducs passent du sol espagnol à l’autre côté des Pyrénées et totalisent une capacité d’à peine 8 000 millions de mètres cubes par an, quand Nord Stream 2, le projet raté proposé pour exporter du gaz de la Russie vers l’Allemagne, peut transporter quelque 55 000 millions de mètres cubes.

    Révision à la hausse des prix du pétrole
    D’autre part, les prix élevés du gaz dans le sillage de la crise d’approvisionnement russe entraînent un virage « vertigineux » vers l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité, incitant l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à revoir à la hausse ses prévisions de consommation mondiale. L’augmentation de l’offre de pétrole et les inquiétudes croissantes concernant une détérioration des perspectives économiques ont fait chuter les prix d’environ 30 dollars le baril par rapport aux sommets de juin.

    Cependant, l’agence s’attend à ce que la demande mondiale de pétrole augmente de 2,1 millions de barils par jour en 2022, ce qui représente une augmentation de 380 000 barils par jour par rapport à la projection précédente. « Avec plusieurs régions connaissant des vagues de chaleur torrides, les dernières données confirment une augmentation de la consommation de pétrole dans la production d’électricité, en particulier en Europe et au Moyen-Orient, mais aussi dans toute l’Asie », a-t-il noté.

    20minutos.es, 11/08/2022

    #Espagne #Algérie #Russie #Gaz #UE

  • Le dangereux litige entre l’Algérie et l’Espagne sur le Sahara

    Le dangereux litige entre l’Algérie et l’Espagne sur le Sahara

    Sahara Occidental, Algérie, Union Européenne, Gaz, Espagne, Italie,

    Giorgio Cafiero

    L’absence de médiateur dans la crise du Sahara occidental risque, sur le long terme, de nuire aux relations entre l’Algérie et l’Union européenne

    Ces dernières années, les gouvernements occidentaux et arabes se sont rapprochés des positions et des discours du Maroc sur le conflit au Sahara occidental.

    Cette tendance suscite la colère de l’Algérie, principal soutien étatique du Front Polisario. En mars, l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, a approuvé le plan d’autonomie marocain de 2007, alignant ainsi les positions de Madrid et Rabat.

    En réponse, l’Algérie a pris une série de mesures en guise de sanctions, puis, le 8 juin, a suspendu le traité d’amitié et de coopération signé avec l’Espagne en 2002, une information que l’Algérie a ensuite démentie. Il a par ailleurs été rapporté que l’Algérie serait allée encore plus loin en suspendant les relations commerciales avec l’Espagne, ce qui est faux.

    En revanche, l’État algérien a cessé de faciliter les opérations de change pour les entreprises algériennes pratiquant différents commerces de marchandises avec l’Espagne, ce qui a entraîné la suspension de la quasi-totalité des importations et exportations, à l’exception des contrats à long terme existants, notamment les importations espagnoles de gaz naturel.

    Cette décision est considérée comme une sanction contre l’Espagne pour avoir abandonné sa neutralité vis-à-vis du Sahara occidental, ce qui constitue selon Alger une « violation [des] obligations légales, morales et politiques » de Madrid.

    L’UE a deux options
    Dans le sillage de la guerre en Ukraine, l’Italie et d’autres pays de l’Union européenne (UE) ont commencé à considérer l’Algérie comme un géant de l’énergie qui pourrait les aider à se sevrer rapidement des hydrocarbures russes.

    Étant donné que les pays européens développeront probablement une plus grande dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz algériens, et alors que les tensions entre l’Occident et la Russie demeurent vives, les membres de l’UE doivent examiner attentivement les risques liés à des mesures susceptibles de contrarier Alger dans le contexte géopolitique actuel.

    Ces circonstances placent l’UE, qui maintient officiellement sa neutralité dans le conflit au Sahara occidental, face à un dilemme délicat, puisque le bloc de 27 membres doit convenir de la réponse à apporter à ce litige entre Alger et Madrid.

    L’UE a deux options : elle pourrait publier un communiqué pour réprimander l’Algérie – sans aller plus loin – et attendre que les tensions se calment. Autrement, le bloc pourrait exprimer une forte solidarité avec l’Espagne et faire pression sur Alger en vue d’un abandon de ses moyens de pression sur Madrid.

    « J’imagine que l’UE préférera l’Espagne, simplement parce que l’Algérie a la réputation d’être un pays très raisonnable », indique à Middle East Eye Jalel Harchaoui, chercheur spécialiste de la Libye.

    Les pays européens considèrent l’Algérie comme un pays qui évite traditionnellement l’escalade des tensions avec les membres de l’UE.

    « En général, dans de telles situations, l’Algérie ne se montre pas déloyale. Le Maroc est plus enclin à menacer l’État espagnol – et l’Europe indirectement – avec des questions liées à la sécurité et aux flux migratoires lorsqu’il ne répond pas aux objectifs [de Rabat] », explique à MEE Leticia Rodriguez, chercheuse à l’université de Grenade.

    « Ainsi, maintenant que les Algériens expriment leur colère, le bloc européen sera tenté de se montrer assez dur envers l’Algérie en la dépeignant comme une nation déraisonnable parce qu’on attend d’elle une très bonne attitude », ajoute Jalel Harchaoui.

    Il convient d’examiner les ramifications potentielles de cette querelle diplomatique du point de vue de la coopération entre l’Algérie et l’UE en matière de sécurité.

    En ce qui concerne les flux migratoires et la surveillance des risques sécuritaires, l’Algérie comme le Maroc échangent des informations cruciales avec les pays d’Europe du Sud.

    « L’Algérie est l’un des pays les plus impliqués dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », précise Leticia Rodriguez. « La moitié des opérations menées ces dernières années l’ont été grâce à des échanges d’informations entre les services de renseignement européens et algériens. »

    Comme l’a souligné la crise de Ceuta en mai 2021, qui a mis à mal les relations entre le Maroc et l’Espagne, les membres de l’UE n’ont jamais considéré la coopération de Rabat comme acquise.

    Relation avec la Russie
    Selon Jalel Harchaoui, la décision de l’Espagne d’abandonner sa position de neutralité au Sahara occidental est probablement liée à la crainte d’un chantage du Maroc autour des flux migratoires et d’autres questions.

    En revanche, les pays européens n’ont pas les mêmes craintes vis-à-vis de l’Algérie. « L’Algérie n’aime pas utiliser le chantage, ce que l’on appelle “linkage” dans le milieu de la diplomatie : “Si vous ne me donnez pas ceci, j’arrêterai de vous donner cela.” Ce n’est pas dans l’ADN de l’Algérie », souligne Jalel Harchaoui.

    Même sans faire de chantage aux pays européens sur la question du Sahara occidental, la suspension par l’Algérie de son traité de 2002 avec l’Espagne est un développement significatif.

    Compte tenu de l’instabilité géopolitique croissante résultant de la guerre en Ukraine et de l’accroissement du clivage est-ouest, cette querelle se déroule dans un contexte où la diabolisation des pays africains jugés « trop proches de la Russie » s’intensifie en Occident.

    L’Algérie et la Russie entretiennent effectivement une relation spéciale remontant à la guerre froide.

    Le pays d’Afrique du Nord achète la plupart de ses armes à la Russie. Moscou a effacé 4,7 milliards de dettes algériennes et lors du mouvement de protestation de 2019 en Algérie, le régime s’est tourné vers le Kremlin pour obtenir un soutien.

    Il existe par ailleurs un discours, vendu et exploité par le Maroc, qui affirme qu’Alger est redevable envers le Kremlin et constitue un « intermédiaire » de la Russie au Maghreb.

    Par ailleurs, compte tenu de la recrudescence des tensions entre l’Algérie et le Maroc à la suite de l’adhésion de Rabat aux accords d’Abraham en vue d’une normalisation israélo-arabe en 2020, l’Algérie a considéré sa coopération avec Moscou comme essentielle pour contrer la position géopolitique du Maroc au Maghreb.

    Néanmoins, l’Algérie est loin d’être un « intermédiaire » de la Russie, comme le soulignent le refus d’Alger d’autoriser les Russes à établir une base navale sur son territoire et l’approfondissement des relations économiques et énergétiques entre l’Algérie et les adversaires européens de la Russie.

    Début mars, l’Algérie – au contraire de la Syrie – n’a pas voté contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies rédigée par les États-Unis et condamnant l’agression russe en Ukraine. Elle a été le seul État arabe à s’abstenir. De plus, dans la guerre civile libyenne de 2014 à 2021, l’Algérie n’a pas suivi la position pro-Haftar de la Russie.

    Pourtant, cette nuance ne parvient pas aux spectateurs occidentaux dans le discours sur les relations russo-algériennes.

    L’absence de médiateur
    « Il n’y a pas d’armée de journalistes, de propagandistes, de trolls ou de sociétés de conseil à Washington pour défendre l’image de l’Algérie », poursuit Jalel Harchaoui, qui ajoute que l’Algérie ne dispose pas des lobbies et du soft power que l’on attribue davantage à des pays comme Israël, le Maroc et les Émirats arabes unis.

    Le conflit au Sahara occidental manque actuellement d’un médiateur, ce qui présente un danger. Pendant des décennies, le soutien des États-Unis au Maroc a menacé leurs prétentions à servir de médiateur neutre en vue de la paix.

    Les choses ont fini par être claires en décembre 2020 lorsque l’administration Trump a adopté la position de Rabat et reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Aujourd’hui, l’administration Biden semble avoir la ferme intention de maintenir cette position.

    L’Espagne a renoncé à sa neutralité en mars. La France, la Turquie et d’autres pays membres de l’OTAN ne peuvent pas servir d’États neutres compte tenu de leurs positions pro-Rabat.

    Avec la crise ukrainienne qui affaiblit considérablement la crédibilité de l’ONU, cette dernière n’est pas en mesure de contribuer à la résolution de la crise au Sahara occidental. Ainsi, comme l’affirme Jalel Harchaoui, « cette crise va probablement s’aggraver avant que les choses ne s’améliorent ».

    – Giorgio Cafiero est le PDG de Gulf State Analytics (@GulfStateAnalyt), une société de conseil en risques géopolitiques basée à Washington. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @GiorgioCafiero.

    Middle East Eye, 10/08/2022

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Gaz #Espagne #Italie #UE

  • La politique étrangère de l’Algérie: A la croisée des chemins

    La politique étrangère de l’Algérie: A la croisée des chemins

    Algérie, Etats-Unis, Russie, Espagne, Europe, Gaz, énergie, Pétrole, Chine,

    par Vasilis Petropoulos

    La guerre en cours en Ukraine, avec sa recristallisation des allégeances, peut fournir à l’Algérie l’occasion de revenir d’un virage vers la Russie et la Chine à une relation plus équilibrée avec les grandes puissances.

    ÉTATS-UNIS : Du partenariat stratégique à l’insignifiance

    À bien des égards, les relations étrangères les plus directes de l’Algérie avec les États-Unis et les pays d’Europe occidentale sont carrément axées sur ses voisins du nord, l’Espagne et la France. Pourtant, en tant que superpuissance inégalée de ces trois dernières décennies, les États-Unis ont eu un certain type d’impact sur les décisions de politique étrangère de presque tous les pays. Les investissements étrangers directs, l’aide militaire et l’accès à la technologie américaine ne sont que quelques-uns des outils utilisés par Washington pour séduire ses partenaires et façonner leurs politiques à l’étranger. Dans de nombreux cas, l’obtention de ces « cadeaux » est devenue le moteur de la politique étrangère de nombreux pays, faisant progressivement grandir le camp « pro-américain ».

    L’Algérie, bien qu’elle n’ait jamais été clairement « pro-américaine » ou officiellement alignée sur l’Occident, n’échappe pas à cette règle. Après avoir épousé une « neutralité subjective » à l’époque de la guerre froide – penchant pour le bloc communiste tout en restant dans le mouvement de non-alignement – l’Algérie a suivi la vague du monde unipolaire post-soviétique et a approfondi ses liens avec l’Occident.

    Cette décision s’explique moins par un changement idéologique que par les opportunités économiques dont elle avait grand besoin dans les années qui ont suivi la guerre civile algérienne (1991-2002). Capitalisant sur sa position géostratégique, son cachet régional en tant qu’exemple de lutte révolutionnaire contre la domination coloniale, et ses capacités militaires considérables, l’Algérie a ensuite démontré sa valeur géostratégique à Washington. Alger a joué un rôle important en fournissant des renseignements et en participant aux opérations antiterroristes visant Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et, plus tard, ISIS, jouant ainsi un rôle central dans la « guerre contre le terrorisme ».

    En retour, Alger a reçu de grandes quantités d’aide financière et de formation de la part de son partenaire transatlantique et la relation entre les États-Unis et l’Algérie semblait être sur la pente ascendante. Au lieu de cela, la neutralisation de la menace de Daesh en 2017, couplée à l’arrivée de Trump au pouvoir et à l’approche  » America First  » de son administration axée sur les partenaires et rivaux historiques a constitué une conjoncture défavorable pour l’Algérie.

    La relation s’est clairement dégradée lorsque Trump a décidé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental face aux revendications du Front Polisario, allié stratégique de l’Algérie pour contrôler le Maroc. En retour, le Maroc a adhéré aux Accords d’Abraham, reconnaissant ainsi Israël, l’allié crucial de Washington au Moyen-Orient. Les décisions américaines et marocaines ont frappé au cœur des préoccupations d’Alger en matière de sécurité nationale et de politique étrangère. L’agitation intérieure concomitante du mouvement Hirak en 2019 n’a pas laissé beaucoup d’espace pour les priorités de politique étrangère, laissant le nouveau gouvernement avec peu de capital politique pour donner une réponse concrète à cet échec diplomatique massif selon les normes d’Alger.

    Contrairement aux attentes algériennes selon lesquelles l’administration Biden changerait de cap, aucun revirement de cette décision n’a émergé, et les relations aigres entre Washington et Alger ne se sont pas améliorées depuis 2020. En fait, il n’est pas exagéré de dire qu’elles sont actuellement à leur point le plus bas. Ce nadir, conjugué à la récente brouille avec la France et à la rupture simultanée avec l’Espagne au sujet du passé colonial de la première et de la nouvelle approche de la seconde sur la question du Sahara occidental, a conduit Alger à un isolement sans précédent du monde occidental. En retour, cet isolement a conduit l’Algérie à renforcer ses liens avec les puissances révisionnistes et à dévaloriser ceux avec l’Occident, comme en témoignent l’attitude punitive et l’intransigeance croissante d’Alger envers la France et l’Espagne.

    La Russie et la Chine : Les bras ouverts

    Au cours des deux dernières années, l’alliance informelle de la Russie et de la Chine s’est avérée heureuse de rapprocher l’Algérie en réponse, offrant à l’Algérie un ticket pour la « désisolation ». Ces liens remontent à plusieurs décennies ; Alger et Moscou ont partagé un lien fort depuis l’indépendance de la première et ont construit un partenariat étroit. Dans le cadre d’un protocole d’accord signé en 2006, la société russe Gazprom a également aidé la société publique algérienne Sonatrach à développer sa production de GNL.

    Les relations en matière de sécurité sont particulièrement étroites ; l’Algérie est tributaire des importations d’armes russes, puisqu’elle a acheté 81 % de ses équipements militaires à la Russie au cours des trois dernières années et qu’elle est le troisième importateur d’armes de la Russie, après l’Inde et la Chine. Au cours des années 2010, les exportations d’armes russes ont augmenté de 129 % par rapport à la décennie précédente. En 2022, l’Algérie est le troisième client d’armes de la Russie, juste derrière l’Inde et la Chine. L’Algérie et la Russie ont mené des exercices militaires conjoints dans des zones contestées, comme l’Ossétie du Sud en octobre 2021, et ont convenu d’effectuer une activité similaire sur les frontières algériennes avec le Maroc en novembre 2022 – un accord conclu lors de l’invasion russe de l’Ukraine.

    Non seulement Alger a acquiescé à cet exercice militaire lors de l’invasion russe de l’Ukraine, mais ses diplomates ont également refusé de condamner Moscou à l’ONU en mars, malgré l’adhésion historique de l’Algérie au principe de la souveraineté des États. En échange, la Russie soutient l’Algérie dans la question du Sahara occidental – ce qui est compris comme un moyen de contrer l’alliance du Maroc avec les États-Unis – et elle a annulé des milliards de dollars de dette algérienne.

    À l’instar des liens russo-algériens, les relations chaleureuses avec la Chine remontent à l’époque de la guerre froide, et plus particulièrement à la période Mao Zedong. Récemment, les ambitions mondiales de Pékin, renforcées par son gigantesque projet d’initiative « la Ceinture et la Route » (Belt and Road Initiative, BRI), ont amené la Chine aux portes de divers pays du monde avec des propositions de partenariat et d’investissement. L’Afrique du Nord a été incluse dans la portée mondiale de la Chine et l’Algérie est disposée à étendre davantage l’empreinte de Pékin en tant que partenaire régional le plus précieux de cette dernière.

    La Chine a déjà fortement investi dans les infrastructures en Algérie et les flux commerciaux entre les deux vieux amis sont montés en flèche au cours de la dernière décennie. Les entreprises chinoises des secteurs de l’énergie et de la construction se multiplient sur le sol algérien, tandis qu’Alger est partie prenante du projet BRI. Dans le cadre de ce projet en Algérie, Pékin et Alger ont convenu d’un projet de 3,3 milliards de dollars pour la construction du premier port en eau profonde en Algérie dans la ville côtière de Cherchell, à l’ouest de la capitale algérienne. Le port d’El Hamdania sera le deuxième plus grand port en eau profonde d’Afrique. Enfin, mais c’est important, la Chine devient progressivement un important exportateur d’armes vers l’Algérie. Depuis 2018, l’Algérie a reçu ou commandé une vingtaine de drones de reconnaissance et de combat chinois de classes assorties. En 2018 par exemple, cinq drones Rainbow CH-3 et cinq Rainbow CH-4 ont été livrés à l’Algérie et pas plus tard qu’en janvier 2022, cette dernière a commandé six drones chinois Rainbow CH-5 qui constituent la version la plus avancée de la série.

    En résumé, l’intérêt de l’Algérie pour ses relations avec la Chine et la Russie ne sont pas des faits nouveaux. Cependant, la perception par l’Algérie du fait que Washington soutient ouvertement et continuellement le Maroc au détriment de lui-même pousse l’Algérie à se rapprocher de la Russie et de la Chine et à distendre ses anciens liens avec l’autre camp. Les deux États sont heureux d’exploiter la déception et le sentiment d’isolement d’Alger. En puisant dans les anciens liens de la guerre froide, ils se sont montrés désireux de rompre la politique d’équilibre de l’Algérie entre eux et l’Occident et de faire entrer fermement Alger dans le camp révisionniste. Cette stratégie semble avoir porté ses fruits jusqu’à présent : L’Algérie s’affirme davantage dans ses relations avec l’Occident, comme le montre la crise diplomatique actuelle avec l’Espagne.

    Rééquilibrage : Opportunités et défis

    Alors que l’Algérie tente d’endiguer l’instabilité intérieure et de naviguer dans un paysage géopolitique en mutation, il existe des opportunités et des défis diplomatiques qu’elle devrait prendre en considération avant d’être aspirée par l’inertie dans ce camp révisionniste.

    Pour commencer, l’invasion russe en Ukraine a peut-être déclenché de nombreux effets d’entraînement au niveau mondial, tels que l’insécurité alimentaire, mais elle a également créé des opportunités pour Alger qui pourraient l’aider à faire face au « défi de l’isolement » auquel elle a été confrontée avec les États occidentaux ces dernières années.

    Au lendemain de l’invasion, l’Occident a fait preuve de plus d’unité qu’à tout autre moment après l’effondrement de l’Union soviétique. La réponse à l’acte d’agression de Poutine a été si uniforme et si radicale que les pays occidentaux ont semblé se rallier autour d’un objectif commun : sauvegarder l’ordre international libéral de l’après-guerre froide contre le révisionnisme affirmé de la Russie. Cependant, d’autres acteurs tels que la Chine et l’Iran ont adhéré à ce révisionnisme et soutiennent la Russie, de manière explicite ou implicite.

    Dans son effort pour contrer ce bloc révisionniste, l’Occident a besoin de tous les alliés possibles et l’Algérie peut utiliser cette carte pour gagner sur les deux tableaux. L’Algérie a l’opportunité de redevenir pertinente aux yeux des États-Unis tout en gardant les canaux de communication ouverts avec la Russie, la Chine et l’Iran, en même temps. En d’autres termes, l’Algérie peut adopter une politique étrangère semblable à celle employée avec succès par l’Inde, c’est-à-dire une politique sans entrave et non alignée.

    En outre, la guerre en Ukraine offre à l’Algérie de nombreuses opportunités liées à l’énergie. La flambée des prix du pétrole et du gaz a contribué à générer des rentes élevées pour l’économie algérienne dépendante de l’énergie, qui a souffert de la chute des prix du pétrole pendant la pandémie de Covid-19. L’Europe a clairement indiqué qu’elle entendait remplacer les importations de pétrole et de gaz russes par des importations de GNL (gaz naturel liquéfié) et de pétrole brut provenant d’autres partenaires, avec de nombreux projets de terminaux GNL à l’horizon.

    L’Algérie, exportateur d’énergie de longue date vers l’Europe du Sud, a donc la possibilité d’augmenter considérablement ses ventes à l’ensemble du continent. Ce faisant, Alger bénéficiera d’un avantage à la fois économique et diplomatique, puisqu’elle acquerra une importance renouvelée dans l’agenda de Washington en tant que partenaire crucial de la quête d’indépendance énergétique de l’Europe, une priorité de longue date pour les États-Unis. En fait, l’Algérie a déjà exploité cette nouvelle dynamique en signant un accord énergétique gigantesque avec l’Italie en avril 2022. Cet accord fera de l’Algérie le premier fournisseur de gaz de l’Italie, supplantant ainsi la Russie qui occupait cette position depuis de nombreuses années.

    Outre le problème de son isolement en Méditerranée, Alger doit rétablir ses liens avec la France et l’Espagne au profit de la fragile économie du pays. Il lui faut de toute urgence accéder aux grands marchés européens pour profiter de la flambée des prix de l’énergie et exploiter les aspirations de l’Occident à mettre fin au quasi-monopole de la Russie sur les exportations d’énergie vers l’Europe. Ce dernier point ramènera également l’attention de Washington sur la région. La ligne est mince : l’Algérie doit également s’attaquer à la dépendance excessive de son économie vis-à-vis du secteur pétrolier et à la précarité économique qui en découle. Comme d’autres victimes du « syndrome hollandais », les exportations deviennent plus chères et les importations moins chères, ce qui entraîne le déclin d’autres secteurs cruciaux de l’économie.

    Le défi de l’Algérie dans la gestion de ses exportations énergétiques est également lié à la demande intérieure galopante en énergie. Les conditions sont idéales pour qu’Alger se lance dans un rallye des exportations d’énergie afin de se remettre complètement de la régression économique déclenchée par Covid-19, mais elle doit le faire sans négliger l’augmentation considérable de la population du pays chaque année, qui se traduira par une demande énergétique croissante au niveau national.

    Néanmoins, une remise à zéro avec les voisins du nord d’Alger s’impose. Pour qu’un tel rapprochement avec la France et l’Espagne ait lieu, l’Algérie devrait tempérer le discours nationaliste qui imprègne sa politique étrangère par du pragmatisme et mettre l’accent sur les avantages qu’elle peut tirer de la conclusion d’accords commerciaux plus solides avec ses partenaires énergétiques européens. Le dégel des relations franco-espagnoles-algériennes ne peut pas non plus être un effort unilatéral. De leur côté, Madrid et Paris devraient également apaiser Alger en s’abstenant de soulever des questions controversées et sensibles, à l’encontre de ce dernier, et en ne prenant pas publiquement parti pour le Maroc sur la question du Sahara occidental.

    Dans le cas de la France, les Champs Elysées semblent comprendre cela et semblent prêts à prendre des mesures pour apaiser les tensions. Le récent appel du président Macron à son homologue algérien démontre la volonté française de rapprochement. À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance algérienne, le dirigeant français a envoyé une lettre au président Tebboune appelant au « renforcement des liens franco-algériens déjà forts ».

    L’Algérie traverse peut-être la période la plus critique de son histoire diplomatique depuis la fin de la guerre civile dans les années 1990. Des défis pressants d’un côté et des opportunités prometteuses de l’autre constituent l’environnement géopolitique actuel. L’Algérie doit le reconnaître, et alors que la guerre en Ukraine continue de remodeler les relations multilatérales au sens large, Alger doit déterminer si elle maintient sa neutralité ou dérive davantage vers le camp révisionniste – une décision qui affectera sa position dans les systèmes régionaux et internationaux.


    Washington Institute for Near East Policy, 09/08/2022

    #Algérie #Etats_Unis #Russie #Chine #Espagne #Europe #Gaz #Pétrole

  • VIDÉO : L’Algérie, puissance gazière en devenir

    Algérie, gaz, pétrole, Sonatrach,

    L’Algérie compte profiter de l’actuelle crise du gaz en Europe pour se placer sur l’échiquier mondial énergétique en mobilisant ses gisements, dont certains restent inexploités à ce jour

    Face à la crise énergétique en Europe provoquée par la guerre en Ukraine. L’Algérie compte se positionner sur le marché gazier. Dixième producteur de gaz naturel au monde, ce pays maghrébin a augmenté, fin juillet, ses volumes de livraisons de gaz à l’Italie à hauteur de 4 milliards de m3.
    Dans la même période, un méga-contrat de 4 milliards de dollars a été signé entre l’Algérien Sonatrach, l’italien ENI, le français Total et l’Américain Occidental Petroleum. Il s’agit de développer les périmètres du bassin de Berkina, un gisement prometteur dans le Sud algérien pour en faire le nouveau hub gazier algérien.

    Fin juillet, la compagnie nationale Sonatrach a en outre annoncé trois importantes découvertes de pétrole et de gaz dans le Sahara. Sonatrach avait indiqué, début 2022, des investissements de 40 milliards jusqu’en 2026 dans l’exploration et le raffinage de pétrole ainsi que le prospection et l’extraction de gaz.

    Le 28 juillet, l’Algérie et le Nigeria ont finalisé un accord pour le lancement du gazoduc transaharien, long de 4000 km et qui permettra d’acheminer du gaz nigérian vers l’Europe.

    Tout un potentiel en gaz n’est par ailleurs pas encore exploité par l’Algérie: le pays détient les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste, derrière la Chine et l’Argentine, et le premier forage offshore en mer est prévu pour 2023.

    https://www.middleeasteye.net/fr/videos/algerie-puissance-gaziere-en-devenir

    Source : MEE, 03/08/2022

    #Algérie #Gaz

  • L’Algérie remporte la bataille du Gazoduc Transaharien

    Gazoduc, Algérie, Nigeria, Transaharien, gaz, Niger,

    L’Algérie a gagné une importante bataille gazière, pour devenir un acteur incontournable dans le club des ténors des pays exportateurs et producteurs du gaz, dans une conjoncture internationale marquée par la naissance d’un nouvel ordre mondial, dont la détention des matières premières demeure, l’arme-clé indispensable pour la préservation et la pérennité de l’Etat-nation.

    La signature ce jeudi 28 juillet, d’un mémorandum pour le lancement du projet du gazoduc Transsaharien reliant le Nigeria à l’Europe, via le Niger et l’Algérie, constitue une grande victoire de l’Algérie dans sa guerre contre les instruments de la néocolonisation, que sont le Makhzen, la 5ème colonne et aussi l’entité sioniste.

    La faillite de la propagande du Makhzen

    Algérie 54, avait dans plusieurs articles mis l’accent sur la mobilisation des instruments propagandistes du Makhzen, à l’instar des médias Jeune Afrique, Maghreb Intelligence, Africa Intelligence, Sahel Intelligence, Afrik.com, Afrique l’Adulte, Ecofin, et sieur Abdou Semmar et Algériepart. Un Abdou Semmar qui vit intellectuellement au dessus de ses moyens , un jour il va faire faillite. Abdou Semmar avait mené une campagne de dénigrement et de mensonges sur le dossier énergétique et sur les projets initiés par la Sonatrach, comme le Gazoduc TSGP, ou le non-renouvellement du contrat gazier avec le Maroc via le GME, ou bien le dernier contrat signé il y a quelques jours par la Sonatrach avec Eni, Occidental et Total.

    Un contrat de 4 milliards de dollars, portant sur le périmètre contractuel de Berkine (Blocs 404 et 208), situé à 300 km au Sud Est de Hassi Messaoud . Un contrat signé dans le sillage de nouvelles découvertes pétrolières et gazières, accordant à Sonatrach le droit de jouer un rôle pionnier sur le marché énergétique international.

    Lire aussi : Gazoduc Transsaharien: Le projet s’accélère

    Un investissement à court terme de l’ordre de 39 milliards de dollars

    Sur ce registre, il est primordial de souligner que le groupe Sonatrach prévoit d’investir une cagnotte de 39 milliards de dollars durant la période allant de 2022 à 2026, dont 8 milliards de dollars pour l’année en cours. Un investissement destiné en premier lieu vers l’exploration et la production, en vue de satisfaire la demande locale en hausse annuellement de 5% et de promouvoir les capacités productives orientées vers les exportations.

    «Nos capacités financières sont importantes et nous permettent de faire face à notre business plan», avait souligné le PDG de la Sonatrach Toufik Hakkar, lors d’une interview accordée à la chaîne AL24. Et d’ajouter : « La politique du groupe se base sur l’autofinancement. Mais les projets d’explorations dont l’investissement est risqué, nécessitant le recours à des partenariats». Sur ce registre, Sonatrach accorde la priorité au financement algérien, et au financement étranger, moins risqué.

    Les officines hostiles à l’Algérie, dans la tourmente

    La signature du mémorandum d’entente entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria, a mis KO, ceux qui diffusaient le « mensonge » de la réalisation d’un gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe via 15 pays dont le Maroc. La raison est simple, il s’agit du coût du projet, estimé aux alentours de 30 milliards de dollars, alors que le montant de la réalisation du gazoduc TSGP est estimé à 10 milliards de dollars. Par ailleurs, il faut noter, que la conjoncture internationale, marquée par la baisse d’approvisionnement de l’Europe, en gaz, suite au conflit ukrainien a pesé dans la balance de la concrétisation du projet du TSGP. Les arguments avancés sur la sécurisation du tronçon, ou le financement du projets par l’appareil propagandiste du Makhzen, ne sont que des élucubrations mises en ligne dans les temps morts, à l’instar de celles avancées par Africa Intelligence qui évoque des difficultés pour l’Algérie de financer le projet. Le ministre Algérien de l’énergie et des mines Mohamed Arkab avait souligné lors d’une interview accordée le mois dernier, au sérieux et crédible magazine allemand Der Spiegel, que l’Algérie est dans la capacité de financer le tiers du projet, appelant les autorités allemandes à y inscrire dans sa concrétisation.

    S’adressant aux allemands, Mohamed Arkab lancera un appel pour un partenariat mutuellement bénéfique, annonçant que l’Algérie a élaboré un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026. Pour Mohamed Arkab, le gazoduc peut être achevé en trois ans et pourrait transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz à partir du Nigeria.

    Les allemands sont bien entendus intéressés à plus d’un titre, après la baisse de l’approvisionnement en gaz russe, et la détermination de Berlin à rechercher d’autres sources d’approvisionnement. Les allemands ont même procédé à la formation d’unités nigériennes pour la sécurisation du tronçon en terre nigérienne, longue de 250 km. Outre les allemands, de nombreuses multinationales sont intéressées par le projet qui devrait exploiter un gigantesque gisement nigérian estimé 10% des réserves gazières du monde. Parmi, les firmes internationales, on y trouve Total, qui vient de signer un accord avec Sonatrach, Eni et Occidental pour l’exploitation d’un gisement au sud Algérien. Les chinois, russes, américains sont également intéressés au grand dam des propagandistes et leurs employeurs, dont les sionistes.

    L’échec grandissant de l’entité sioniste

    Comme nous l’avons souligné dans un précédent article intitulé: Entité sioniste: diversion au Maghreb et convoitise gazière de l’Eldorado du marché européen, les ambitions sionistes d’édifier une Palestine Occupée en terre marocaine, ne sont pas étrangères à la campagne mensongère du Makhzen, visant le projet du gazoduc TSGP. https://algerie54.dz/2021/11/27/entite-sioniste-gaz/?fbclid=IwAR2oGe8br7sd4H781nOBpXBSPSQQcA9hUVaWxjZXMqb6IlO4v6EBHPFI2fY.

    Les ambitions sionistes d’être un acteur-clé sur la scène internationale, au sujet du dossier du gaz, interviennent à l’occasion de la découverte du grand gisement (Leviathan), survenue peu après la découverte du gisement (Tamar2 ,bloc 9) au large de la ville palestinienne occupée Haifa,par un consortium mené par la compagnie américaine Nobel Energy. La découverte du grand gisement (Leviathan) d’une capacité de 460 Gm3, donnera des ailes aux sionistes pour intégrer le club des grands exportateurs du gaz. Cela ne devrait être effectif, qu’avec la réussite d’empêcher les autres, comme c’est le cas pour l’embargo imposé au gaz iranien, vénézuélien, ou des tensions géopolitiques, comme c’est le cas au Maghreb. Les dirigeants sionistes tentaient de profiter du conflit ukrainien et les sanctions occidentales imposées à la Russie, pour se positionner sur l’échiquier. Tout d’abord en soutenant son partenariat avec Chypre, membre de l’Union Européenne, via l’adaptation des textes législatifs, permettant une intrusion rapide du marché européen.

    L’exploitation du champ gazier de Karish, un exemple édifiant

    La détermination sioniste à mettre la main sur le gisement gazier offshore Karish, située dans une zone maritime à contentieux entre le Liban et l’entité sioniste, illustre bien la gabegie et la prédation du régime d’Apartheid. L’Algérie par le biais de la Sonatrach pourrait aider les libanais à exploiter cette ressource énergétique, en vue de subvenir à leurs besoins, et par voie de conséquence rendre la monnaie aux sionistes qui ne lésinent pas sur les moyens pour piétiner les actions algériennes en faveur de la paix et du développement socioéconomique en Afrique.

    Algérie54, 31/07/2022

    Lire aussi : Algérie-Nigeria: Le gazoduc Transaharien devient une réalité

    #Maroc #Algérie #Nigeria #Niger #Gaz #Transaharien

  • Gazoduc Transsaharien: Le projet s’accélère

    Algérie, Nigeria, Niger, gaz, gazoduc, Transaharien,

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, jeudi dernier à Alger, le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, et le ministre nigérien de l’Energie et des Energies renouvelables, Mahamane Sani Mahamadou.

    L’audience s’est déroulée au siège de la présidence de la République, en présence du directeur de cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf, et du ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Dans une déclaration à l’issue de l’audience, le ministre nigérien a réitéré l’«engagement personnel» du président Mohamed Bazoum pour «mener à bien» ce projet qui a «une importance capitale pour nos trois pays (Algérie, Niger, Nigeria)». Il a, en outre, relevé que sa rencontre avec le président Tebboune a été l’occasion de lui faire un compte rendu des échanges qu’il a eus avec ses homologues de l’Algérie et du Nigeria.

    «C’est la 3e fois que nous nous retrouvons après la rencontre de Niamey en février et celle d’Abuja en juin, et nous sommes très optimistes», a-t-il souligné. Il a, à ce propos, fait savoir que «les travaux de la task force qui a été mise en place à l’occasion de la réunion d’Abuja avancent très bien», ajoutant avoir reçu «les encouragements du président Tebboune». De son côté, le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, a réitéré la volonté de son pays d’œuvrer pour la concrétisation dans «les plus brefs délais» du projet du gazoduc transsaharien devant relier les gisements gaziers du Nigeria, via le Niger, au réseau algérien.

    «Nous faisons en sorte que ce projet avance rapidement, car cela permettra de régler des problématiques liées à la sécurité énergétique», a déclaré le ministre nigérian à l’issue de l’audience. Tout en rappelant que la réalisation de ce projet, lancé en 2009, a pris «beaucoup de temps», le ministre nigérian a assuré que son pays «a d’ores et déjà entamé la construction de ce pipeline sur son territoire».

    Il a affirmé, à ce titre, que l’Algérie a, de son côté, «entamé plusieurs travaux dans ce sens», se félicitant de l’adhésion du Niger à ce projet. «Le Niger rejoint nos efforts» pour la concrétisation de ce projet, a-t-il affirmé.

    Signature d’un mémorandum d’entente

    Les travaux de la 3e réunion ministérielle tripartite Algérie-Niger-Nigeria, tenue jeudi dernier à Alger, sur le projet du gazoduc transsaharien (TSGP) ont été sanctionnés par la signature d’un mémorandum d’entente entre les trois parties.

    Le mémorandum d’entente, nouveau pas vers la concrétisation du projet, a été cosigné par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, et le ministre nigérien de l’Energie et des Energies renouvelables, Mahamane Sani Mahamadou, en présence du PDG du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar.

    Dans une déclaration à la presse au terme de la signature du mémorandum d’entente au Centre international des conférences Abdellatif-Rahal (Alger), Arkab a indiqué que «le document signé vise à aller de l’avant dans la réalisation du projet du gazoduc transsaharien». Cela implique de poursuivre la mise en œuvre de tous les programmes tracés pour la réalisation du projet, notamment l’élaboration des études et des différents aspects liés à la réalisation, a-t-il dit, ajoutant que «les trois pays ont convenu de faire aboutir le projet dans un court délai».

    «La réunion d’Alger revêt une grande importance et porte sur un projet stratégique», a-t-il précisé, rappelant qu’elle «intervient après deux précédentes réunions tenues à Niamey et Abuja, où plusieurs décisions ont été prises, notamment la mise en place d’une équipe technique et d’une commission de contrôle de haut niveau, chargées de l’élaboration et de l’actualisation de toutes les études techniques et financières, ainsi que les études de faisabilité relatives à la réalisation de ce projet».

    Un tracé de plus de 4.000 km

    Concernant la réunion d’Alger, Arkab a indiqué que les trois parties avaient examiné, ce jeudi, le rapport détaillé du comité technique et du comité de suivi, avant la signature du mémorandum d’entente. Pour sa part, le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, a déclaré que la réunion d’Alger «se veut une attestation de l’engagement de l’Algérie, du Niger et du Nigeria à concrétiser ce projet», ajoutant que «la signature du mémorandum d’entente dénote la volonté des pays africains à mener une action commune pour la réalisation des mégaprojets».

    «Nous nous sommes rencontrés en juin dernier à Niamey puis à Abuja et aujourd’hui à Alger, où nous avons signé un mémorandum d’entente pour œuvrer ensemble à concrétiser ce projet», a poursuivi Sylva.
    S’exprimant à l’occasion, le ministre nigérien de l’Energie et des Energies renouvelables, Mahamane Sani Mahamadou, a indiqué qu’après trois rencontres entre les trois pays, «nous sommes très optimistes quant à l’état d’avancement du projet», notamment après la constitution du comité technique chargé de l’élaboration des études de faisabilité lié au TSGP. Sani Mahamadou a estimé que la coopération de son pays avec l’Algérie et le Nigeria témoigne de la capacité des pays africains à coopérer pour réaliser des projets en faveur du continent africain. Le TSGP est un mégaprojet de transport de gaz reliant les trois pays sur un tracé dépassant les 4.000 km.

    Horizons, 30/07/2022

    #Algérie #Nigeria #Niger #Gazoduc #Transaharien #Gaz