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  • Gaz : L’Algérie met fin au contrat GME

    Gaz : L’Algérie met fin au contrat GME – L’Algérie offrira à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a ordonné ce dimanche à la Sonatrach de rompre ses relations commerciales avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), mettant fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc.

    « Au regard des pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l’égard de l’Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l’unité nationale et après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du ministre de l’Energie et des Mines, le président de la République a donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l’effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat », a indiqué un communiqué de la présidence de la République.
    Ce contrat d’exploitation, qui assurait le transport du gaz naturel algérien vers l’Espagne, via le Maroc, expire ce dimanche à minuit, et l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers.

    L’arrêt de l’exploitation du GME, qui acheminait autour de 10 milliards de mètres cubes (m3) par an de gaz produit à Hassi R’mel vers l’Espagne, n’aura pas d’incidence sur les volumes destinés à la péninsule ibérique grâce à l’augmentation des capacités de production du Medgaz reliant BéniSaf (Ain Témouchent) à Almeria en Espagne, qui passeront de 8 à 10,5 milliards m3 par an avant la fin de l’année.

    « Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel exclusivement via le gazoduc Medgaz », avait récemment déclaré le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, précisant qu’en cas d’imprévus, « l’approvisionnement se fera à bord de méthaniers ».

    La décision annoncée alors par le président de la République a été transmise aux partenaires ibériques qui se sont montrés rassurés par les garanties fournies par l’Etat algérien. Le gazoduc Medgaz permettra à l’Algérie de s’acquitter, largement, de ses engagements, comme l’ont assuré bon nombre d’experts expliquant que l’augmentation des capacités de ce gazoduc, combinée au recours aux capacités importantes de l’Algérie en matière de Gaz naturel liquéfié (GNL), lui permettent de renoncer au GME.

    En basculant vers Medgaz, « l’Algérie offrira à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux », estiment-ils. Il s’agit d’une décision murement réfléchie qui a permis à la partie algérienne de présenter des assurances à son partenaire espagnol. Fin septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares Bueno, en visite de travail à Alger, avait indiqué avoir reçu « des garanties » de la part des autorités algériennes sur l’approvisionnement de l’Espagne en gaz.

    « L’Algérie est un partenaire économique de premier ordre pour l’Espagne, et a toujours été un partenaire fiable qui a honoré ses engagements. J’ai également été rassuré aujourd’hui quant à la continuité de l’approvisionnement (en gaz) », avait indiqué M. Albares Bueno à l’issue d’une audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

    De son coté, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé récemment à l’issue d’une rencontre tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera Rodriguez, que l’Algérie était « prête à discuter avec les responsables espagnols des conditions de livraisons gazières supplémentaires ».
    Mis en exploitation en 1996, le GME acheminait du gaz algérien à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne, sur 1.400 km, en traversant le territoire marocain.

    Horizons, 01/11/2021

  • Medgaz, l’atout maître

    Medgaz, l’atout maître – Dans un contexte exceptionnel, l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne.

    La flambée des prix de l’énergie touche l’Europe de plein fouet. Le prix du gaz a été multiplié par quatre en à peine 6 mois. La hausse a été particulièrement spectaculaire dans certains pays. Les factures d’électricité ont explosé de plus de 35% en un an en Espagne, alors que l’Italie a augmenté ses tarifs pour le gaz de 30% et de 40% pour l’électricité, d’un semestre sur l’autre. En Belgique, où les prix de l’énergie sont les plus élevés d’Europe, ces hausses inquiètent et préoccupent particulièrement les ménages : 20% des ménages belges sont déjà en précarité énergétique avant l’arrivée de l’hiver, une proportion qui atteint un record de 25% en Wallonie. La France n’échappe pas à cette inflation des prix, particulièrement sur le gaz : après une augmentation de tarif de 57% depuis le 1er janvier 2021, c’est une nouvelle hausse des prix du gaz de 12,6 % à partir du 1er octobre.

    Des experts estiment que les tensions sur les prix et l’instabilité des marchés du gaz naturel sont des facteurs qui expliquent la hausse actuelle des prix de l’énergie. Et cette hausse du prix du gaz en Europe est liée à la hausse dans le reste du monde et en particulier en Asie. La moitié des importations européennes provient donc de la Russie, une autre partie de l’Algérie et de Libye. Mais un tiers des importations européennes provient du marché mondial. Ce tiers consiste en du gaz naturel liquéfié, il faut donc le regazéifier pour le mettre dans les tuyaux européens.

    C’est dans ce contexte exceptionnel, à tout point de vue, que l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne. Alger a décidé que les livraisons de gaz à l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz. Le contrat d’exploitation, prend fin aujourd’hui et ne sera pas renouvelé. Toutefois, la poursuite des livraisons à l’Espagne se fera sans problème, selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui affirmait récemment que «L’Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires».

    «Toutes les livraisons se feront à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», a précisé le ministre. Il s’agit, d’une possible extension de la capacité de Medgaz et un accroissement des exportations de gaz naturel liquéfié par la voie maritime.

    Il convient de rappeler que la capacité du gazoduc Medgaz est inférieure à celle du GME : il achemine environ 8 milliards de mètres cubes par an, alors que la capacité du gazoduc GME elle est de 10 milliards. Il opérait déjà au maximum de sa capacité en fournissant un quart du gaz naturel utilisé par l’Espagne. L’Algérie s’est engagée à augmenter la capacité du Medgaz, à 10 milliards de mètres cubes par an.

    Pour couvrir les 4 milliards dont aurait encore besoin l’Espagne, le rythme des exportations de gaz naturel liquéfié par voie maritime de l’Algérie vers l’Espagne pourrait aussi augmenter. Pour ce qui est du Maroc, un arrangement avec l’Espagne pour acheminer du gaz sur le territoire est incertain et pourrait buter sur la clause de destination. Le Maroc doit par ailleurs supporter une perte de revenus engendrés par le passage du gaz algérien sur son territoire, estimés entre 50 et 200 millions d’euros par an.

    Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, à propos de la possibilité de vente de gaz algérien de l’Espagne au Maroc : Risque de se confronter à la «clause de destination»

    Peut-on parler désormais de rupture définitive ? Oui. L’Algérie officialise sa décision de ne plus livrer du gaz naturel au Maroc, via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), en service depuis 1996. Le contrat de vente de gaz algérien au Maroc ainsi que celui de transit de gaz algérien via le Royaume expirent aujourd’hui. Sollicité par nos soins, le Dr Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, précise, d’emblée, que parmi «l’Algérie, l’Espagne et le Maroc, c’est ce dernier qui est le grand, sinon le seul perdant».

    Durant 25 ans, explique-t-il, le Maroc «piquait» un peu moins de un milliard de m3/an de gaz algérien pour produire une partie de son électricité à bas prix et engrangeait jusqu’à 200 millions de dollars par an comme droit de passage du GME sur son territoire. «Dès le 1er novembre 2021, le Maroc doit oublier ces avantages, voire ces privilèges, accordés «fraternellement» par l’Algérie un quart de siècle durant, et chercher des solutions de rechange certainement contraignantes tant sur le plan technique qu’économique du moins à court et moyen termes sachant que le marché gazier mondial est en pleine crise».

    Dos au mur, le Maroc envisage d’y remédier par l’utilisation de son tronçon pour recevoir du gaz à partir de l’Espagne. Une option, argumente M. Beghoul, qui suppose que «l’Espagne doit s’approvisionner plus que nécessitent ses besoins et évacuer le surplus vers le Maroc qui doit prendre en charge, financièrement, l’opération d’achat et de transit du gaz depuis la source jusqu’à destination (Maroc)». Autrement dit, «l’Espagne ne pourra pas revendre du gaz algérien au Maroc au risque d’être confrontée à la «clause de destination»». Techniquement incertaine pour la partie espagnole, sinon très onéreuse pour le Maroc, ce scénario ressemble à une quadrature du cercle.

    Côté Algérie, la décision semble sans impact sur l’économie nationale. L’expert en énergie indique que l’Algérie dispose de deux autres gazoducs vers l’Europe-Enrico Mattei vers l’Italie et Medgaz vers l’Espagne-totalisant une capacité opérationnelle d’au moins une trentaine de milliards de m3 et de trois complexes GNL pouvant produire, aujourd’hui, l’équivalent de pas moins de 13 milliards de m3 de gaz. C’est dire que «les capacités algériennes en matière d’exportation, bien qu’ayant chuté, restent en mesure de répondre aux besoins de l’Espagne, quitte à opter pour une route non classique pour son approvisionnement total». Dans cette optique, l’Algérie s’est montrée rassurante avec son partenaire espagnol. Le ministre de l’Energie ne pouvait être plus clair. A travers la compagnie Sonatrach, le pays «honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires». Et d’ajouter : «Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz».

    Avec cette suspension, comment l’Algérie pourra-t-elle maintenir le rythme de ses exportations gazières vers l’Espagne si les volumes prévus dans le Medgaz s’avèrent insuffisants ? Tout compte fait, explique Mohamed Saïd Beghoul, sur le plan pipelinier, «il manquerait environ jusqu’à deux ou trois milliards de m3 pour satisfaire totalement les Espagnols et si ces derniers ne trouveront pas d’autres sources pour faire le plein, l’Algérie a toujours un moyen de les rajouter, soit en équivalent GNL, soit par gazoduc Italie-Espagne si ce lien physique existe dans le cadre du réseau interconnecté européen».

    Sonatrach confirme

    Contrairement à certaines assertions marocaines concernant la possibilité pour le Maroc de s’approvisionner en gaz naturel algérien via l’Espagne, une source de la compagnie Sonatrach affirme que dans le contrat liant l’Algérie et l’Espagne, il existe bel et bien une «clause de destination». La clause de territorialité, dite aussi «clause de destination», accompagne tous les contrats gaziers de Sonatrach empêchant ses clients d’écouler le gaz algérien importé hors de leurs frontières.

    El Moudjahid, 31/10/2021

  • Fermeture du gazoduc: Grosses pertes pour le Maroc

    Fermeture du gazoduc: Grosses pertes pour le Maroc – Les difficultés marocaines et les bons offices espagnols

    Après la rupture des relations algéro-marocaines et la décision de fermeture par Alger du gazoduc Maghreb-Europe (GME), des indications persistantes font état de probables discussions algéro-espagnoles sur la possibilité pour l’Espagne d’approvisionner en gaz algérien le Maroc qui sera confronté à de sérieuses difficultés en fourniture énergétique. La proposition de Madrid, si elle est confirmée, sera la partie la plus difficile des tractations qu’aura à mener la ministre espagnole de la Transition écologique, en visite hier à Alger.

    Par Hakim Ould Mohamed
    Teresa Ribera s’est en effet rendue, hier, à Alger, pour discuter avec les autorités algériennes au sujet de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc.
    Alger a décidé, mardi, de suspendre totalement les livraisons de son gaz à l’Espagne par le GME et de ne pas renouveler son contrat gazier avec le Maroc, qui court jusqu’au 31 octobre. Peu avant cet épisode, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, pris en flagrant délit d’espionnage et de jeux géopolitiques contre les intérêts de l’Algérie. Cela a été suivi par la fermeture de l’espace aérien aux avions marocains, avant que l’Algérie décide de rompre le contrat gazier avec le Maroc, vieux de 25 ans.

    Pour ses livraisons de gaz naturel à destination des pays de la péninsule Ibérique, l’Algérie a opté pour le Medgaz en plus du transport maritime afin de remplir le volume prévu par le contrat gazier avec l’Espagne. L’Algérie a maintes fois rassuré ses clients espagnols quant à sa capacité de remplir son contrat au moyen du Medgaz, renforcé par les méthaniers de Sonatrach. Cependant, le gouvernement espagnol revient à la charge en dépêchant, à Alger, sa ministre de la Transition énergétique en vue de s’assurer que l’Algérie allait acheminer à destination de la péninsule Ibérique la même quantité de gaz assurée par le GME.

    Cette situation a également conduit Rabat à chercher une alternative à la décision d’Alger de fermer le GME en négociant avec Madrid la possibilité d’utiliser le GME dans le sens inverse, à savoir l’alimentation du Royaume en gaz algérien depuis l’Espagne en utilisant le GME. Une option inenvisageable d’après certains experts, dont Saïd Beghoul, qui estime que «l’Algérie doit demander à l’Espagne le respect de la clause de destination» de son gaz. C’est-à-dire que le gaz algérien acheminé par le Medgaz et les méthaniers est destiné uniquement à l’approvisionnement de l’Espagne et du Portugal et qu’il est hors de question d’alimenter d’autres pays en utilisant le gazoduc GME. Ce dernier, long de 1 400 kilomètres, inauguré en 1996, a été conçu pour l’alimentation en gaz naturel de l’Espagne en parcourant le territoire marocain en contrepartie d’un droit de passage et d’une quantité de gaz cédée au Maroc à un prix préférentiel. Sa capacité annuelle est de 13,5 milliards de mètres cubes.

    En revanche, le Medgaz transporte actuellement 8 milliards de mètres cubes.

    Grosses pertes pour le Maroc
    L’Algérie œuvre actuellement à porter les capacités du Medgaz à 10 milliards de mètres cubes dès novembre. L’arrêt des livraisons du gaz naturel à l’Espagne au moyen du GME occasionnera, à coup sûr, d’importantes pertes et dommages au Maroc qui encaisse annuellement environ 500 000 euros en «droits de passage». Le Maroc est également alimenté à hauteur de 800 millions de mètres cubes par an de gaz à un prix stable. Ce gaz est utilisé pour alimenter les centrales à cycle combiné de Tahaddart (dans la région de Tanger) et d’Aïn Beni Mathar (à Oujda, dans l’est du pays). Les deux centrales, gérées par des entreprises espagnoles, couvrent environ 10 % de la production électrique marocaine.

    Selon le journal El Pais, en plus des discussions qui porteraient sur la sécurisation des approvisionnements de l’Espagne en gaz, la ministre espagnole de la Transition énergétique, Teresa Ribera, devrait aborder avec les autorités algériennes la question de l’alimentation du Maroc en gaz à partir de l’Espagne. Sur la question de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien, Alger a maintes fois assuré que l’alimentation du royaume ibérique est garantie et que l’Algérie s’engage à acheminer les mêmes quantités que celles garanties par le GME.

    Des sources citées par El Pais reconnaissent qu’il est difficile d’empêcher l’Algérie de revenir sur sa décision de fermer le robinet du GME. Cependant, sur l’éventualité que le gazoduc GME soit utilisé dans la direction opposée, en alimentant le Maroc depuis l’Espagne, les sources d’El Pais soutiennent qu’il s’agit plutôt de la partie la plus difficile des questions que Madrid entend aborder avec Alger. «Le Maroc pourrait demander à l’Espagne d’envoyer du gaz par le gazoduc GME dans le sens inverse. Mais nous ne savons pas comment l’Algérie réagira si l’Espagne accepte de le faire», a indiqué une source du gouvernement espagnol cité par le journal El Pais. «Il s’agit précisément de l’une des questions que Ribera envisage d’aborder lors de sa visite à Alger», poursuit la même source.

    Il est pour le moins difficile de croire qu’Alger puisse accéder à la demande de l’Espagne d’utiliser le GME dans le sens inverse pour alimenter le Maroc en gaz algérien. Notamment après que Alger ait décidé de ne pas renouveler son contrat gazier avec le Maroc. D’autant plus que, selon l’expert des questions énergétiques, Saïd Beghoul, il y aurait une clause dite de «destination» dont l’Algérie doit exiger le respect à son partenaire espagnol.

    Reporters, 28/10/2021

  • Maroc: M6, le « double 6 » et l’effet domino

    Maroc: M6, le « double 6 » et l’effet domino. En plus de la rupture des relations diplomatiques, le makhzen devra également payer une sale note sur le plan économique.

    Comme il fallait s’y attendre, l’Algérie va « punir » durement le royaume de M6 coupable d’une insupportable série de provocations attentatoires à l’unité nationale les unes après les autres. En plus de la rupture des relations diplomatiques qui est déjà une mesure extrême dans les relations entre les Etats, le makhzen devra également payer une sale note sur le plan économique. En effet, notre pays ne compte pas reconduire le contrat de fourniture du gaz naturel via le gazoduc Maghreb-Europe au royaume dont le contrat d’exploitation prend fin le 31 de ce mois, selon la très sérieuse agence Reuters citant trois sources algériennes directement au courant du dossier. Autrement dit, l’Algérie va fermer les vannes au Maroc à compter du 1er novembre prochain selon les déclarations de responsables algériens rapportés par l’agence britannique.

    Au Maroc et malgré la tension maximum entre les deux pays, on continuait jusque- là à espérer que ce contrat soit reconduit et qu’il ne soit pas impacté par la rupture des relations diplomatiques. Mais c’était sans compter sur la détermination de l’Algérie de mettre un terme aux gesticulations d’enfant gâté du roi et sa cour qui se croient tout permis avec notre pays. Ils pensaient pouvoir adopter la même attitude hargneuse et belliqueuse comme ce fut le cas sous la présidence de Bouteflika.

    On s’en souvient le makhzen avait même poussé son arrogance jusqu’à superviser et appuyer la profanation de l’emblème nationale un certain 1er novembre 2013, quand un nervi des services marocain avait escaladé le mur d’enceinte du Consulat d’Algérie à Casablanca pour y arracher le drapeau de son mât. Plus grave encore, cette scène surréaliste et indigne des usages diplomatiques s’était déroulée sous forte surveillance policière ! Mais si l’ex- président Bouteflika s’était contenté à l’époque d’une simple protestation formelle, le makhzen va cette fois se mordre les doigts. A travers la rupture des relations diplomatiques et la fermeture des vannes de gaz, Alger lance un message sans équivoque que désormais plus rien ne sera comme avant. Le Maroc qui pompait gratuitement le gaz algérien pour faire fonctionner une bonne partie de son industrie, va devoir aller voir ailleurs. La Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra avait déclaré à l’Agence marocaine de presse (MAP), «la volonté du Maroc de maintenir cette voie d’exportation ». Mais c’est un vœu pieux puisque Sonatrach rassure son client espagnol qu’elle dispose largement des capacités d’approvisionnement via le gazoduc sous-marin Medgaz, voire même satisfaire une demande supplémentaire. Quant au gazoduc Maghreb-Europe, il va fatalement mourir comme un « double 6 » dans la main de M6. C’est la nouvelle théorie du domino !

    Par Imane B

    L’Est Républicain, 27/10/2021

  • Gazoduc Maghreb-Europe: Alger ferme les vannes

    Algérie, Maroc, Gazoduc,


    L’Algérie cessera-t-elle d’envoyer son gaz à l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le territoire marocain ? La décision devrait être officialisée le 30 octobre c’est-à-dire dans cinq jours, au bout desquels le contrat arrivera à échéance. Mais, tout porte à croire que les autorités algériennes ont déjà tranché en optant pour la fermeture des vannes de cet ouvrage qui cessera alors d’être opérationnel, à compter du 1er novembre prochain. 
    L’agence britannique Reuters, qui est très en pointe sur les questions énergétiques a indiqué hier que les autorités algériennes ont bien décidé de ne pas renouveler le contrat d’exploitation, citant « trois sources ayant une connaissance directe du dossier », deux gouvernementales et une au sein de Sonatrach. Même si l’officialisation du non renouvellement du contrat n’est pas rendue publique, la décision était déjà dans l’air depuis plusieurs semaines, mais plus particulièrement depuis la dernière intervention médiatique du président Tebboune , en déclarant aux journalistes que « l’Algérie va assurer les approvisionnements en gaz de l’Espagne via le nouveau pipe qui traverse la Méditerranée, quitte à avoir dans un premier temps recours à des navires pour assurer la totalité de la commande. 
    L’Algérie s’y était engagée de manière solennelle en réaffirmant sa disponibilité à respecter rigoureusement sa part du contrat, lors de la dernière visite su ministre espagnol des Affaires étrangères José Mannuel Albares Bueno qui s’était dit « rassuré », à l’issue de sa rencontre avec le président Tebboune. 
    « L’Algérie est un partenaire énergétique de premier ordre pour l’Espagne. Elle a aussi été toujours un partenaire fiable qui a honoré ses engagements « avait-il déclaré, lors d’un point de presse en présence de Ramtane Lamamra. 
    Il est vrai que le Makhzen n’a rien fait pour que les choses s’apaisent, multipliant, au contraire les provocations en direction de l’Algérie sur fond de guerre de leadership dans la sous-région maghrébine. D’ailleurs, comme rappelé hier par TSA des sources algériennes avaient dû démentir les propos de Amina Benkhadra, directrice de l’office marocain des hydrocarbures, qui faisait état quelques jours plus tôt de la volonté de son pays à maintenir le gazoduc fonctionnel au-delà du 31 octobre 2021. 
    En fait, l’option du non-renouvellement du contrat se précisait de semaine en semaine, au fil des sorties de hauts responsables algériens, dont le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui mettaient à chaque fois en avant l’alternative de renforcer les capacités de l’autre gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne, sans passer par le Maroc, le Medgaz. 
    Opérationnel depuis 1996, le gazoduc GME a une capacité de 13,5 milliards de mètres cubes et alimente l’Espagne, le Portugal et le Maroc. Le gros de ses livraisons est destiné à l’Espagne, avec un volume annuel légèrement inférieur à 10 milliards de m3. 
    Le Maroc tire de ce gazoduc environ un milliard de mètres cubes destinés à produire 10% de son électricité, en sus de près de 60 millions de dollars de droits de passage par an. Autant de bénéfices que le Maroc, en plein crise économique, perdra, à cause de sa politique agressive avec l’Algérie dont les responsables, sachant la versatilité politique du Makhzen, avaient pris le devants en réalisant le nouveau pipe qui ne passe pas par le territoire marocain .
    H. Khellifi
  • Gazoduc GME: le Maroc aurait sollicité l’aide de l’Espagne

    Gazoduc GME: le Maroc aurait sollicité l’aide de l’Espagne afin de trouver une solution au blocage intervenu dans ce dossier.

    Suite à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l’Algérie cessera d’approvisionner le Maroc en gaz naturel via le gazoduc GME, à compter du 1 novembre prochain.

    Mais selon le journal espagnol El Pais, le Maroc n’aurait toujours pas abdiqué et aurait sollicité l’Espagne afin de trouver une solution au blocage intervenu dans ce dossier, du fait de la crise diplomatique entre les deux pays voisins. A cet effet, le quotidien espagnol rapporte que la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, se rend ce mercredi à Alger pour rencontrer les autorités algériennes et rechercher une solution à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe.

    Selon la même source, Teresa Ribera a été chargée de diriger les négociations avec l’Algérie et le Maroc, auxquelles participe également le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares. « Les contacts, qui se sont intensifiés à l’approche de l’échéance du 31 octobre, ont été menés dans la plus grande discrétion. Récemment, Albares a rendu visite au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en compagnie des secrétaires d’État aux Affaires étrangères, Ángeles Moreno, et de l’Énergie, Sara Aagesen. » Détaille le journal madrilène.

    Par ailleurs, le média explique que l’Espagne s’inquièterait quant aux capacités réelles de l’Algérie l’approvisionner en quantités suffisantes, via le Medgaz, l’autre pipeline qui ne passe pas par le Maroc. El Pais déclare en effet que désormais, « le problème pour l’Espagne est désormais de s’assurer que la même quantité de gaz que le GME a transporté à travers le Maroc continuera à atteindre la péninsule, ce qui représente un tiers de l’électricité consommée par le pays. »

    En jeu, quelque quatre millions de mètres cubes dont l’Espagne aurait encore besoin pour couvrir la demande actuelle. Cette quantité de gaz pourrait être fournie sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL), au moyen de méthaniers. « 48 navires sont nécessaires pour transporter les quatre millions de mètres cubes de gaz », selon El Pais.

    Pour rappel, le Medgaz, détenu conjointement par Sonatrach et Natyrgy (51/49) permet la distribution de gaz naturel de l’Algérie vers l’Espagne sur 540 kilomètres qui parcourent le territoire marocain. Le gazoduc qui traverse le Maroc a la capacité de transporter jusqu’à 13 500 millions de mètres cubes de gaz naturel par an chaque année. Le gaz qui arrive directement à Almería a la capacité de transporter 8000 millions de mètres cubes, mais des travaux sont en cours pour les porter à 10 milliards de mètres cubes à partir de janvier.

    D’autre part, l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe peut causer des dommages non seulement au Maroc, mais aussi à l’Espagne. « Rabat obtient entre 50 et 200 millions d’euros par an de « droits de passage », un chiffre qui est fonction du montant qu’elle transporte. Et, en plus, il garde 800 millions de mètres cubes par an de gaz d’Algérie à un prix stable. Ce gaz est utilisé pour alimenter les centrales à cycle combiné de Tahaddart (dans la région de Tanger) et d’Ain Beni Mathar (à Oujda, dans l’est du pays). Tous deux couvrent environ 10 % de la production électrique marocaine et sont gérés par les sociétés espagnoles Endesa (qui détient 20 % de Tahaddart) et Abengoa, respectivement. » Explique El Pais.

    Quelles sont les alternatives pour le Maroc ?

    Pris en tenaille, le Maroc tente de trouver une échappatoire à ce dilemme, qui risque d’affaiblir ses capacités à assurer sa sécurité énergétique. Selon le média espagnol, une source ayant requis l’anonymat a révélé que le Maroc pourrait « demander à l’Espagne d’envoyer du gaz par le gazoduc GME dans le sens inverse. Mais nous ne savons pas comment l’Algérie réagira si l’Espagne est d’accord ».

    Maghreb Emergent, 27/10/2021

  • Gazoduc Maghreb – Europe : le Maroc joue ses dernières cartes

    Gazoduc Maghreb – Europe : le Maroc joue ses dernières cartes dont la visite en Algérie de la ministre espagnole Teresa Ribera.

    Les événements s’accélèrent au niveau de dossier de gazoduc Maghreb-Europe qui alimente l’Espagne en gaz via le Maroc. alors que l’Algérie semble déterminée à mettre fin à ce transit, le Maroc tente de se rattraper en faisant appel à le médiation espagnole.

    Suite aux dernières tensions entre les deux pays voisins, l’Algérie a décidé de cesser de fournir le gaz naturel à l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe. ainsi, le Maroc sera privé de gaz algérien à compter de 1er novembre prochain, selon ce qu’a rapporté l’agence Reuters vendredi dernier.

    « Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel via le gazoduc Medgaz », a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec le presse. cependant, les inquiétudes commencent déjà à se ressentir, notamment de côté marocain.

    Les dernières cartes du Maroc

    Selon le quotidien espagnol el pais, cette situation a conduit Rabat à négocier avec Madrid une solution pour sécuriser les alternatives à le résiliation du contrat qui permet la fourniture de gaz à l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et qui alimente également ce pays.

    Plus loin encore, le Maroc négocie actuellement avec l’Espagne une autre alternative ; il s’agit d’une possibilité de se faire livrer de gaz à partir de l’Espagne. selon une source espagnole citée anonymement par le même journal, « le Maroc pourrait demander à l’Espagne d’envoyer de gaz par le gazoduc Maghreb – Europe (GME) dans le sens inverse ».

    Cela dit, cette même source affirme que l’Espagne redoute le réaction de Paris quant à cette alternative, d’autant qu’il s’agit de gaz qu’expédie l’Algérie vers le péninsule. « nous ne savons pas comment l’Algérie réagira si l’Espagne est d’accord », indique-t-on encore.

    Le ministre de le transition écologique espagnole en visite en Algérie

    En tout cas, l’Espagne est déterminée à garder intact l’approvisionnement en gaz depuis l’Algérie. dans cette optique, le troisième vice-présidente et ministre de le transition écologique et de défi démographique espagnole, Teresa Ribera, devra arriver ce vendredi à paris pour rencontrer les autorités algériennes.

    Ces rencontres devront porter que le recherche d’une solution à le fermeture de gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le Maroc et que l’Algérie envisage de fermer dès ce premier novembre, date à laquelle prend fin le contrat de 25 ans qui garantit l’approvisionnement et les accords tripartites.

    Par ailleurs, il convient de noter que l’arrêt de gazoduc Maghreb-Europe peut causer d’énormes dommages au Maroc. en effet, rabat obtient entre 50 et 200 millions d’euros par an de « droits de passage », un chiffre qui varie en fonction de montant expédié.

    Et, en plus, il garde 800 millions de mètres cubes par an de gaz d’Algérie à un prix stable. ce gaz est utilisé pour alimenter les centrales à cycle combiné de Tahaddart (dans le région de Tanger) et d’Ain Beni Mathar (à Oujda, dans l’est de pays). ces centrales couvrent environ 10 % de le production électrique marocaine.

  • L’Algérie peut fournir davantage de gaz à l’Espagne

    L’Algérie peut fournir davantage de gaz à l’Espagne. Des travaux d’expansion sont en cours pour la porter à 10,5 milliards de mètres cubes par an. Ces travaux devraient être achevés à la fin novembre.

    Francis Perrin est directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris, mais aussi expert international en énergie et chercheur associé au Policy Center for the New South (PCNS, Rabat-Maroc). Dans cet entretien, il nous livre une analyse objective sur les implications commerciales et énergétiques de la décision annoncée récemment par les pouvoirs publics de ne pas renouveler le contrat portant sur le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc. Francis Perrin aborde également la question de l’envolée des prix du gaz, observés actuellement sur le marché international, ainsi que les possibilités qui pourraient s’offrir à l’Algérie pour ouvrir d’éventuelles renégociations autour de ses contrats gaziers engagés avec ses partenaires européens.

    L’Algérie a officiellement fait part de son intention de ne pas renouveler le contrat portant sur le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui expire à la fin du mois en cours. Cette décision pourra-t-elle être réellement mise en œuvre dès le début du mois prochain ?

    Ce n’est pas impossible juridiquement puisque le contrat de vente de gaz algérien au Maroc expire le 31 octobre 2021 et que le contrat de transit de gaz algérien via le Maroc et à destination de la péninsule ibérique expire exactement à la même date. Il en est de même pour les contrats de vente de gaz algérien à l’Espagne et au Portugal via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui était entré en fonctionnement en 1996, soit il y a 25 ans. À partir du 1er novembre 2021, il n’y a donc plus d’obligations juridiques pour la partie algérienne.

    Que perdra au juste le Maroc avec l’arrêt du GME et sera-t-il le seul perdant… ? 

    Le Maroc perdra les volumes de gaz qu’il achète à l’Algérie et les volumes de gaz auxquels il a droit du fait du transit du gaz algérien sur son territoire. Cela représentait un peu plus d’un milliard de mètres cubes par an, il y a deux ans. Il faudra donc trouver d’autres approvisionnements pour les deux centrales thermiques qui sont actuellement alimentées en gaz algérien. Cela implique soit d’alimenter ces centrales en produits pétroliers, soit de consommer plus de charbon dans certaines centrales, soit d’importer plus d’électricité, soit un mélange de deux ou trois des options précédentes. Cela pour le court terme.

    À moyen et long terme, il y aura d’autres options, dont l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL). Si l’on reste au court terme, ce n’est pas mission impossible, mais le coût de ces nouveaux approvisionnements sera évidemment supérieur à ce qu’il est à présent en raison de la flambée des prix de l’énergie. Le Maroc ne sera certainement pas le seul perdant. L’Espagne et le Portugal, surtout l’Espagne, n’ont pas dissimulé leurs inquiétudes sur l’avenir de leurs approvisionnements même si l’Algérie leur a donné des assurances sur ce sujet. Mais de mon point de vue, le principal perdant, celui dont on ne parle pas beaucoup, c’est la coopération énergétique entre les pays du Maghreb. Cette coopération, qui, déjà, n’est malheureusement pas très importante, subit un nouveau coup d’arrêt avec l’abandon d’un projet emblématique.

    L’Algérie pourra-t-elle continuer à être un fournisseur de gaz fiable pour l’Espagne, même sans le GME ?

    Oui, c’est possible. Il y a un autre gazoduc, le Medgaz, qui relie l’Algérie à l’Espagne. La capacité de transport de ce gazoduc est de 8 milliards de mètres cubes par an et des travaux d’expansion sont en cours pour la porter à 10,5 milliards de mètres cubes par an. Ces travaux devraient être achevés à la fin novembre. Par ailleurs, l’Algérie dispose de quatre complexes de liquéfaction du gaz : trois à Arzew et un à Skikda, et Sonatrach serait donc en capacité de fournir des volumes supplémentaires de gaz à l’Espagne sous forme de GNL transporté par voie maritime.

    Comment et à quels coûts s’effectuerait un éventuel approvisionnement additionnel de l’Espagne, dans le cas où les volumes prévus via le Medgaz s’avéreraient insuffisants avec la forte demande de gaz attendue cet hiver ?

    Ces volumes seraient livrés sous forme de GNL. À quel coût ? On ne le sait pas à ce jour. En théorie, les prix pourraient être beaucoup plus élevés puisque les prix du gaz naturel sont actuellement sur une forte tendance haussière. Mais, c’est la théorie. On imagine mal l’Algérie et Sonatrach vendant des volumes de gaz à l’Espagne à des prix très élevés après l’arrêt des exportations via le GME. Ce ne serait pas une bonne façon de traiter un très bon client et partenaire de l’Algérie. En revanche, nous n’avons pas actuellement d’informations précises sur le prix de ces futures livraisons. Les négociations algéro-espagnoles porteront, bien sûr, largement sur ce point-clé.

    Le resserrement de l’offre et l’envolée actuelle des prix internationaux du gaz sont-ils appelés à s’inscrire dans la durée ?

    Les causes principales de la forte hausse des prix du gaz naturel sont bien connues : une demande en augmentation du fait de la reprise économique mondiale en 2021 ; une offre qui a de la peine à suivre la demande ; l’ouragan Ida  qui a frappé le golfe du Mexique à la fin août ; des stocks gaziers assez faibles en Europe ; des arbitrages entre l’Europe et l’Asie en faveur de celle-ci pour des livraisons de GNL ; des vents plutôt faibles dans la période récente, ce qui a handicapé la production d’énergie éolienne en Europe et entraîné un report sur les centrales thermiques ; l’attitude de la Russie qui, bien que respectant ses engagements contractuels, pourrait livrer plus de gaz à l’Europe et qui ne le fait pas – en tout cas, pas pour l’instant ; et l’accroissement des prix du carbone sur le marché européen (50-60 euros par tonne), qui a un impact sur les énergies fossiles, dont le gaz naturel.

    La plupart de ces facteurs haussiers sont conjoncturels, mais cela ne signifie pas qu’ils vont disparaître rapidement comme par enchantement. La demande va rester forte pendant encore plusieurs mois, l’offre ne peut pas s’adapter rapidement à la demande, il faut un peu de temps pour reconstituer les stocks, la négociation de nouveaux contrats d’importation de gaz russe ne peut pas être instantanée et le marché européen des émissions de CO2 est là pour durer.

    L’Algérie pourrait-elle renégocier ses contrats gaziers déjà engagés avec ses partenaires européens pour réclamer un éventuel ajustement des prix en les adaptant au nouveau contexte de cherté de l’énergie ?   

    Les contrats d’achat et de vente de gaz contiennent des clauses d’indexation, ce qui permet à l’exportateur de profiter, dans une certaine mesure, de la hausse des prix de l’énergie – ou à l’importateur de bénéficier de prix plus bas lorsque la tendance inverse est à l’œuvre, ce qui n’est pas le cas actuellement.

    Ces contrats permettent également de réviser cette question-clé des prix après quelques années. Et il est possible de vendre des cargaisons de gaz hors contrats pour profiter des prix actuels, qui sont très élevés, si on dispose des volumes nécessaires. Cela dit, il ne faut pas oublier que l’on ne peut pas gagner à tous les coups. Si un exportateur cherche à imposer des prix très élevés, il peut mécontenter ses clients et ceux-ci vont alors regarder ailleurs et, parfois, pour longtemps.

    Dans le contexte actuel, on peut, certes, obtenir des prix plus élevés avec des livraisons spot ou à court terme, mais avec des contrats à long terme, on sécurise des marchés pendant un grand nombre d’années, ce que l’on ne peut évidemment pas faire avec des ventes à court terme.

    Depuis longtemps, l’Algérie a fait le choix de privilégier des relations à long terme avec ses clients, notamment en Europe, pour ses exportations de gaz naturel. On ne peut pas se contenter de regretter que le pays ne puisse pas actuellement profiter de prix plus élevés en oubliant les avantages des contrats à long terme. Comme on le dit souvent, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

    Liberté, 26/10/2021

  • L’Espagne veut se rassurer après la fermeture du GME

    L’Espagne veut se rassurer après la fermeture du GME. Le voyage de Ribera intervient après que le MAE a réitéré ce lundi avoir reçu des garanties de l’Algérie

    La troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera, se rend ce mercredi en Algérie pour s’assurer que l’approvisionnement en gaz de l’Espagne sera satisfait. Selon des sources du secteur, malgré la crise diplomatique entre ce pays et le Maroc voisin, où transitait jusqu’à présent une partie du gaz algérien destiné à la péninsule.

    Après avoir rempli son emploi du temps dans le pays du Maghreb, dont aucun autre détail n’a été dévoilé, Ribera se présentera aux médias à 18h00.

    Ce voyage intervient après que le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, a réitéré ce lundi avoir reçu des garanties de l’Algérie que la fourniture de gaz à l’Espagne sera assurée malgré la rupture des relations avec Rabat.

    En outre, a souligné que lors de sa visite à Alger le 30 septembre, ses interlocuteurs algériensCeux-ci, dont le président Abdelmayid Tebune, le lui ont transmis et son homologue, Ramtane Lamamra, le lui a réitéré la semaine dernière lorsqu’ils se sont rencontrés lors d’une conférence internationale à Tripoli.

    L’Algérie est le principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, dont une bonne partie était acheminée jusqu’à présent via le Maroc, via le gazoduc Maghreb-Europe. Cependant, à la suite de la rupture des relations entre les deux pays voisins annoncée par Alger le 24 août, le gouvernement algérien a révélé que l’approvisionnement se ferait désormais via le gazoduc Medgaz, qui relie le pays d’Afrique du Nord à l’Espagne.

    Naturgy et l’Algérienne Sonatrach ont convenu en juillet de démarrer l’exploitation de l’extension Medgaz au quatrième trimestre de cette année, qui permettra de transporter 25 % du gaz naturel consommé en Espagne et renforcera la relation stratégique entre les deux entreprises.

    Quant à Gazoduc Maghreb-Europe, qui canalise le gaz algérien à travers le Maroc et que le pays africain envisage de fermer dimanche prochain 31 octobre, est devenu opérationnel en novembre 1996, ainsi cette année marque le 25e anniversaire de l’inauguration de cet ouvrage, dont il est devenu l’une des principales entrées points pour le gaz en Espagne.

    L’Algérie a annoncé qu’elle augmenterait la capacité du gazoduc Medgaz, mais les experts préviennent que s’il rencontre des problèmes techniques, cela pourrait mettre l’Espagne en difficulté à la veille de l’hiver et avec le prix du gaz qui grimpe en flèche, selon les experts. du secteur.

    ENEGÁS ATTRIBUE PLUS DE CRÉNEAUX
    Dans ce sens, Albares a souligné à plusieurs reprises qu’ »il existe de nombreuses façons de transporter du gaz » vers l’Espagne sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Plus précisément, Enagás, en tant que directeur technique du système de gaz (GTS), a attribué 23 créneaux supplémentaires pour les 12 prochains mois lors de la deuxième vente aux enchères extraordinaire de créneaux pour le déchargement de pétroliers de gaz naturel liquéfié (GNL) aux terminaux de regazéification de la système de gaz.

    Ces 23 emplacements s’ajoutent aux 22 attribués lors de la vente aux enchères extraordinaire qui s’est tenue en septembre. Ainsi, avec ces deux enchères, un total de 45 créneaux supplémentaires ont été attribués à ceux initialement prévus pour les 12 prochains mois.

    Les créneaux sont des créneaux de capacité pour le déchargement des navires de gaz naturel liquéfié (GNL) dans les usines de regazéification.

    Ces enchères extraordinaires s’inscrivent dans le cadre des mesures prises « par prudence et prévention » dans le contexte de la volatilité des marchés mondiaux du gaz naturel dans le but de mettre le maximum à disposition des entreprises qui apportent du gaz naturel en Espagne la capacité de favoriser les rejets de GNL dans le usines de regazéification du pays.

    L’objectif de cette stratégie est contribuer par toutes les mesures possibles à la garantie de l’approvisionnement énergétique, comme l’explique la société présidée par Antonio Llardén.

    Marseille News, 26/10/2021

  • L’Algérie abandonne le gazoduc qui passe par le Maroc

    L’Algérie abandonne le gazoduc qui passe par le Maroc. Selon « deux sources gouvernementales et une au sein de Sonatrach », citées par l’agence Reuters

    AA/Alger/Aksil Ouali

    L’Algérie ne devrait pas reconduire le contrat du gazoduc Maghreb-Europe (GME) avec le Maroc. La décision semble être définitivement tranchée du côté algérien, cinq jours avant l’expiration de ce bail qui arrivera à terme le 31 octobre prochain. C’est ce qu’a rapporté, ce mardi, l’agence Reuters, en citant « trois sources ayant une connaissance directe du dossier : deux gouvernementales et une au sein de Sonatrach ».

    Le gazoduc qui alimente l’Espagne, et bénéficie aussi au Maroc, ne devrait pas être fonctionnel à partir du 1er novembre 2021. Et cela en dépit de la volonté des autorités marocaines qui ont souhaité, l’été dernier, de voir le contrat avec l’Algérie reconduit. Mais la crise diplomatique entre les deux pays a compliqué toute négociation. Du côté Algérien, on dénonce « des actes hostiles » et « des provocations » de la part du Royaume marocain.

    Le 21 août dernier, rappelons-le, des sources algériennes, citées par la presse locale, avaient qualifié de « mensonges » les propos d’Amina Benkhadra, directrice de l’Office marocain des hydrocarbures, qui faisait état quelques jours plus tôt de la volonté de son pays de maintenir le gazoduc fonctionnel au-delà du 31 octobre 2021.

    En tout cas, l’option du non-renouvellement de ce contrat était dans l’air depuis plusieurs semaines. Il y a quelques jours, le Président Abdelmadjid Tebboune, interrogé à ce sujet par des journalistes, avait laissé planer le suspense. « On verra d’ici là », avait-il déclaré. Mais les dernières sorties des hauts responsables algériens, dont le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, laissaient entendre que le choix des autorités algériennes était déjà fait.

    Ces dernières misaient sur le renforcement des capacités de l’autre gazoduc qui relie directement l’Algérie à l’Espagne, sans passer par le Maroc, en l’occurrence le Medgaz, dont la capacité, estimée à 8 milliards de mètres cubes actuellement, sera portée à 10.5 milliards avant fin novembre. Le GME, quant à lui, permet un transport de 13,5 milliards de mètres cubes du gaz.

    Des assurances pour l’Espagne

    Selon Reuters, les experts ne cachent pas leurs inquiétudes concernant les conséquences de l’arrêt du GME sur l’approvisionnement de l’Espagne du fait « des problèmes techniques liés aux projets algériens d’extension de la capacité du gazoduc Medgaz ».

    Mais les responsables algériens, cités par l’agence, tentent de rassurer. « Un haut responsable du gouvernement algérien affirme qu’en cas de perturbation, l’Algérie utiliserait des navires pour transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne », rapporte la même source.

    Et d’ajouter : « Les analystes disent que cela signifierait que Sonatrach devrait affréter plus de navires, alimentant de nouvelles hausses des prix du GNL en raison des tarifs d’expédition ayant plus que doublé par rapport au début du mois ».

    Pour rappel, le ministre algérien de l’Énergie avait reçu l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Morgan, et l’a assuré de « l’engagement total de l’Algérie de couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz ».

    Et le 30 septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares Bueno, s’est dit « rassuré » à l’issue d’une visite à Alger où il a rencontré notamment le Président Abdelmadjid Tebboune.

    Anadolou