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  • De Montpellier à Jérusalem, les musulmans sont toujours coupables sur LCI

    Samuel Gontier
    Publié le 12/05/21

    Sur France 2, Anne-Sophie Lapix adopte la rhétorique des syndicats policiers d’extrême droite. Sur BFMTV, Jean-Baptiste Boursier et Olivier Truchot mettent en valeur les militaires putschistes et les éditorialistes de “Valeurs actuelles”. Sur LCI, Caroline Fourest et Abnousse Shalmani fustigent une candidate voilée et des Palestiniens énervés.

    « Voici les titres de ce mardi 11 mai, annonce Anne-Sophie Lapix sur France 2. La nation a honoré la mémoire du brigadier Éric Masson, tué lors d’un contrôle antidrogue à Avignon. Le tueur présumé nie toujours les faits. » Il a beau nier, pour la présentatrice, il n’est pas présumé innocent mais « présumé tueur » donc coupable. Après les titres, Anne-Sophie Lapix revient sur « ce policier tué lors d’un simple contrôle de stupéfiants ». Un contrôle de stupéfiants ? La police voulaient vérifier si la drogue était en règle. Dans le sujet qui suit, il est encore question de « l’avocat du tueur présumé » donc coupable.

    « Pour répondre à l’émotion des policiers, relaie une journaliste, Matignon met des annonces sur la table. […] Annonces encourageantes mais insuffisantes pour la plupart des syndicats de police qui réclament des peines incompressibles. » La parole est au représentant d’Alliance. « Ça va rien changer dans le quotidien des policiers. L’individu va encourir une peine plus importante mais si elle est encore à l’appréciation du magistrat, rien ne dit que la peine prononcée sera tout aussi importante. » Il faudrait supprimer les magistrats et laisser les policiers juger eux-mêmes. « Certains magistrats voient surtout un effet d’annonce », précise la journaliste. « Ce sont des mesurettes qui pour la plupart existent déjà, persifle une représentante du Syndicat de la magistrature. On a besoin d’enquêteurs, de magistrats, de greffiers. » Mais le gouvernenemt a jugé plus rentable de commander des dizaines de milliers de munitions de LBD.

    « Bonsoir Monsieur le Premier ministre. » En plateau, Anne-Sophie Lapix accueille Jean Castex. « Le tueur présumé a 19 ans. » Elle y tient, à son présumé coupable. « Il était connu des services de police, il avait été jugé pour des faits de violence, de trafic de stupéfiants. » C’est bien la preuve de sa culpabilité. « Comment on aurait pu l’arrêter ? » L’arrêter préventivement ? Le droit ne le permet pas, c’est embêtant. « Les syndicats policiers ne vous demandaient pas plus de moyens, attaque la présentatrice. Ils veulent une peine minimale, incompressible, que l’agresseur sache qu’il va être condamné. Et c’est pas le cas aujourd’hui. » Ah bon ? Les agresseurs de policiers ne sont pas condamnés ? Je dois être victime d’une hallucination, confondre Anne-Sophie Lapix sur France 2 avec Laurence Ferrari sur CNews.

    Mieux vaut BFMTV. « La première tribune signée par des généraux a fait beaucoup de bruit, rappelle Jean-Baptiste Boursier samedi soir. Et une nouvelle tribune est à paraître cette semaine, toujours dans le magazine Valeurs actuelles. » BFMTV est à la pointe de l’information, elle parle déjà d’une tribune qui n’existe pas. « Son directeur de la rédaction est en direct avec nous, bonsoir Geoffroy Lejeune. » Chouette, je vais vivre de l’intérieur l’élaboration de la tribune. « Pourquoi y aura-t-il une nouvelle tribune ? » Pour apaiser les esprits, je suppose. « On a été sollicité pour publier cette tribune, explique Geoffroy Lejeune. Et, en règle générale, on est d’accord pour que tout le monde s’exprime. » Par exemple, on publie régulièrement des tribunes de travailleurs sans-papiers ou de victimes de violences policières.

    Pendant les douze minutes de l’entretien, Jean-Baptiste Boursier répète une seule question, cherchant obstinément à savoir si la tribune est authentique. « On fait notre travail de vérification, de journalistes, certifie Geoffroy Lejeune. Il faut qu’on s’assure que ça n’a pas été signé par des gens qui n’existent pas ou qui ne sont pas militaires. On est en train de tout vérifier. » Je suis impressionné par le zèle déontologique des journalistes de Valeurs actuelles… Les mêmes qui ont publié le récit totalement bidonné d’un prof soi-disant victime d’islamistes. Sur le fond, Geoffroy Lejeune précise : « C’est une tribune qui donne un cadre de réflexion. » Christophe Barbier va être ravi, il adore le cadre de réflexion des appels au putsch. « La première tribune des militaires, c’était un diagnostic, un pronostic et un appel, explique-t-il. Le diagnostic, tout le monde est d’accord : une société déchirée, une montée de la violence… » Des hordes de barbares dans nos banlieues, des musulmans grands remplaçants… Tout le monde (d’extrême droite) est d’accord.

    À propos de musulmans, on a quoi cette semaine pour leur taper dessus ? « Je voudrais vous raconter l’histoire d’une candidate voilée sur une affiche électorale, propose Olivier Truchot mardi soir. Cette candidate voilée, c’est une candidate de LREM aux départementales de Montpellier. La polémique est venue d’un tweet de Jordan Bardella, Stanislas Guerini a réagi. » En cédant à l’injonction du RN, sans doute pour consolider le fameux « front républicain » (contre la gauche). « Qu’en pense la sénatrice Valérie Boyer ? » Du mal, bien sûr. Olivier Truchot lui demande fort à propos : « On vous a reproché un temps de porter une croix assez visible lorsque vous étiez sur les plateaux télé. Quelle est la différence ? — Le voile, c’est un interdit de fraternité, un interdit de liberté et un interdit d’égalité. » Alors que la croix, pas du tout. « Merci d’avoir été avec nous », salue le présentateur sans la relancer.

    Au bout de presque dix minutes, Olivier Truchot précise : « Rappelons que Sarah Zemmahi, elle a un nom, cette candidate qui apparaît voilée… » Révélation, une femme voilée a donc un nom. Comme si son voile ne suffisait pas à la définir. Pour en parler, BFMTV a convié Tugdual Denis, de Valeurs actuelles. Olivier Truchot relève : « C’est un débat qui transcende les partis. À LREM, ils ne sont pas d’accord entre eux. À gauche, ils ne sont pas d’accord entre eux. Et à droite, on peut trouver des partisans de la laïcité… » Laquelle n’interdit pourtant pas de porter un signe religieux dans l’espace public. « … Et puis d’autres qui, au contraire, veulent afficher leurs convictions religieuses. » Mais seulement si ce sont les convictions de Valérie Boyer.

    Alain Marschall apparaît pour annoncer le sommaire de la tranche suivante. « Invité à 19h30, Jordan Bardella, du RN, à propos de la polémique sur la candidate voilée présente sur une liste de LREM. » À l’écran s’affiche un titre interrogatif, « Voile : En marche se déchire, le RN en profite ? » Sur BFMTV, c’est certain.

    Sur LCI aussi. « Une candidate aux élections départementales peut-elle porter le voile ?, demande David Pujadas. — C’est parfaitement légal », répond une journaliste. Il n’empêche que, selon Hala Oukili, éditorialiste à Causeur, « nous sommes pris en otages par ces polémiques qui reviennent incessamment ». C’est malheureux, l’extrême droite est prise en otage par les polémiques qu’elle suscite. « Chaque élection a aujourd’hui sa voilée. » Pas besoin de la nommer, « la voilée » suffit à la désigner. « C’est un sujet qui gangrène la société depuis quarante ans. » Comme l’extrême droite, mais c’est une coïncidence. « Le cadre juridique est clair, rappelle David Pujadas, elle a le droit de porter un voile. — On ne peut pas utiliser le droit pour parler de ce genre de sujet. » Il ne manquerait plus qu’on respecte le droit. « Il [le voile] fait référence à quelque chose d’exogène dans notre culture. » Tout ce qui est exogène doit être rejeté. « Est-ce qu’on s’est limité au droit pour légiférer sur la polygamie, sur l’excision ? » Parce qu’en plus « la voilée » est aussi polygame et pratique l’excision ? Elle mérite la déchéance de nationalité – ça l’empêcherait de se présenter à des élections.

    « D’accord, convient David Pujadas, le débat est politique mais… — Il est plus que politique, le coupe Hala Oukili, il est civilisationnel. » C’est une guerre de civilisation, le grand remplacement est en marche. « On affaiblit la laïcité en la ramenant sur le tapis quand on veut parler du hijab parce que le hijab est naturellement prosélyte. » Tout le monde a constaté les conversions massives instantanément provoquées par l’apparition d’un hijab. « Ça instaure une inégalité entre l’homme et la femme, sur ce point on est tous d’accord, approuve Emmanuelle Ducros, agrochimiste à L’Opinion. C’est la République qui dit que l’homme et la femme n’ont pas à être discriminés ou traités différemment. » Mais que seule la femme doit être jugée sur sa manière de s’habiller.

    « Je suis effaré par les raccourcis sur cette affaire, proteste Zyad Limam, d’Afrique Magazine. C’est une belle manip du RN, un membre du RN fait un tweet… — Ça, le coupe David Pujadas, c’est le doigt qui montre la lune. » Zyad Limam est vraiment idiot, il regarde le tweet au lieu de regarder le voile. « Ce qui m’inquiète, persiste l’islamo-gauchiste, c’est que l’agenda est dicté par l’extrême droite : les généraux, le voile… — L’agenda peut être dicté par l’extrême droite, revendique David Pujadas. Y a un fait, le RN le montre mais on l’aurait vu sans le RN. » Le RN nous a simplement mâché le travail. « La droite fondamentaliste catholique fait de la politique et c’est toujours les musulmans qui posent problème, déplore Zyad Limam. Je suis consterné que le débat soit dicté totalement à l’extrême droite en ce moment… — C’est pas l’extrême droite qui fait l’agenda des sujets », le coupe à nouveau David Pujadas. C’est l’agenda qui fait les sujets d’extrême droite.

    « C’est pas un vêtement, clame le LR Philippe Juvin, c’est un acte politique. — Vous êtes d’accord que c’est un signe de séparatisme ?, se rengorge David Pujadas. — C’est une volonté très claire de nourrir un séparatisme. » Se présenter aux élections départementales sur une liste de la majorité présidentielle, voilà bien le comble du séparatisme. « La laïcité a un sens juridique mais elle a aussi un sens comportemental. » Et vestimentaire. « C’est un pacte de discrétion. » Sauf pour les cathos qui s’affichent à la messe et arborent des crucifix.

    David Pujadas se pourlèche : « Quelques éléments de biographie parce que c’est sorti immédiatement, évidemment. » La fachosphère a bien travaillé. « Oui, j’ai publié un article dans Causeur avant de venir, pavoise Hala Oukili. La candidate est une étudiante brillante diplômée en ingénierie de la santé sauf qu’on remarque qu’en 2015 elle a créé une association pour apporter de l’aide scolaire, valoriser des parcours d’excellence. Comme par hasard, c’est une association qui ne fait que du prosélytisme et la promotion du niqab. » Et qui promeut la lapidation des femmes adultères, sans aucun doute.

    Pour mettre tout le monde d’accord, David Pujadas reçoit comme chaque mardi son invitée d’honneur dans la rubrique intitulée « Fourest en liberté ». Surprise : « Dans l’actualité, vous avez voulu revenir sur cette affaire de candidate voilée. » Caroline Fourest dénonce « l’instrumentalisation de cette candidate ». Tellement idiote qu’elle se laisse manipuler par LREM à des fins électoralistes. « J’entendais des députés LREM dire : “C’est formidable, elle fait du soutien scolaire.” Oui, tous les militants des Frères musulmans font du soutien scolaire, c’est la base quand vous voulez noyauter la vie associative et politique. C’est pas le cas de toutes les femmes voilées mais c’est le cas de celle-là. » Pas de doute, la moindre femme qui porte un voile et se préoccupe de scolarité appartient à la cinquième colonne.

    David Pujadas accueille à présent ses éditorialistes. « Votre parti pris à l’international, Abnousse Shalmani. On a envie de comprendre ce qui se passe à Jérusalem. » Bof, ça doit être accessoire : aucun débat des chaînes info n’y est consacré. « Et vous nous dites : “La rue prend la main.” » Le gouvernement israélien n’y est pour rien. « Oui, dès le début, la rue a pris la main, assure l’experte. Il faut remettre dans le contexte ce qui est en train de se passer. D’une part, on est à un moment post-confinement, tous les conflits ont été gelés et donc quand ça dégèle, ça tape plus fort, c’est inévitable. » Les morts et les blessés à Jérusalem, à Gaza, c’est la faute au Covid. « Et ça s’inscrit dans le mois du ramadan qui, depuis quelques années, sous pression des islamistes, est un mois de djihad, de révolte, d’attaques. » C’est aussi la faute des musulmans.

    « Tout a commencé le 15 avril, c’est venu de la rue, une scène dans le tramway à Jérusalem, vous voyez deux juifs religieux assis et une bande de jeunes Palestiniens les giflent. » L’image est formelle : c’est un Palestinien qui a commencé. Si des suprémacistes juifs avaient manifesté à Jérusalem pendant des semaines en hurlant « mort aux Arabes ! », la « spécialiste à l’international » de LCI en aurait entendu parler. « C’est le début du moment où la rue s’est enflammée et s’est concentrée (sic) à Jérusalem-Est. Jérusalem-Est est au cœur d’un conflit bien entendu, puisque après 1948 elle a été sous contrôle jordanien et, en 1967, après la guerre des Six-Jours, a été récupérée par Israël. » Au mépris du droit international, ce qui lui a valu des condamnations de l’ONU, mais on ne va pas vous embêter avec des considérations juridiques.

    « D’ailleurs, lundi, poursuit l’éditorialiste, c’était la fameuse “journée de Jérusalem” que l’État israélien a justement annulée pour éviter d’en rajouter… » Le gouvernement israélien est vraiment très prévenant avec les Palestiniens. Ce qui n’a pas empêché une manifestation statique au cours de laquelle les extrémistes scandaient à nouveau « mort aux Arabes ! ». « … Comme il a annulé la décision de justice sur la grande affaire du quartier de Cheikh Jarrah, qui est le quartier arabe de Jérusalem-Est, mais les juifs d’avant 1948 réclament leur droit du retour et on parle de colonisation, etc. » On en parle, etc., et elle a lieu, la colonisation : quatorze mille habitants palestiniens ont déjà perdu leur résidence.

    L’éditorialiste approfondit l’analyse. « Ce qui se passe aujourd’hui est vraiment la résultante de l’abandon du peuple palestinien par deux forces. D’un, par les États arabes avec les accords d’Abraham, où pas une ligne n’était dévolue aux Palestiniens, on les a mis sous le tapis. C’est l’aveu que les Palestiniens étaient bien utiles pour cacher les échecs des États arabes, dès qu’ils perdaient la main, ils organisaient une manifestation pro-palestinienne. » Les morts et les blessés à Jérusalem et à Gaza, Israël n’y est pour rien, c’est la faute des pays arabes. Et des responsables palestiniens : « C’est aussi l’abandon des autorités palestiniennes, du Fatah de Mahmoud Abbas et du Hamas. » Les nombreux politiques israéliens qui se déplacent pour manifester et harceler les Palestiniens aux côtés d’extrémistes religieux bénéficiant d’une incroyable impunité n’ont rien à voir avec la dégradation de la situation.

    Abnousse Shalmani détaille : « Le Fatah a annulé des élections, ça a mis le feu aux poudres. » Alors que la politique d’apartheid menée par Israël était plébiscitée par les Palestiniens. « Et le Hamas, il est rentré dans le jeu en envoyant cent cinquante roquettes. Ils attendent qu’une chose, au Hamas, c’est que tous les mois des valises de 30 millions de dollars arrivent des Émirats arabes unis jusque dans la bande de Gaza, et ils essaient de tout mettre dans leurs poches qui débordent déjà de leur corruption endémique. » La corruption, ça n’arriverait pas en Israël, où Benyamin Netanyahou tente de préserver son immunité en s’accrochant à son poste de Premier ministre. Pour y parvenir, faire monter les tensions avec les Palestiniens est une recette éprouvée. « Et voilà où on se retrouve. » À cause des Arabes, des Arabes et des Arabes mais aussi des Arabes. « Le summum : il y a quand même un parti arabe israélien qui pendant la campagne électorale n’a pas eu un mot pour les Palestiniens. » En résumé, si les Palestiniens se font tuer, c’est la faute aux Palestiniens.

    Telerama, 12 mai 2021

    Etiquetes : France, islamophobie, xénophobie, extrême droite, généraux, voile,

  • France : La tribune des généraux ou la victoire du “Zemmourisme”

    Par Jacob Cohen
    On peut dater cette doctrine de 1983, l’année où des dizaines de milliers de Maghrébins avaient organisé la « marche des beurs » pour clamer leur amour de la France, leur volonté d’intégration, dans un esprit d’égalité et de fraternité, débarrassé des réminiscences de la colonisation et des tares discriminatoires qui y étaient attachées.

    Mais le lobby judéo-sioniste ne l’entendait pas de cette oreille. Bernard-Henri Lévy et ses acolytes lancèrent immédiatement SOS Racisme, une association placée sous la tutelle de l’Union des étudiants juifs de France, pour monopoliser le combat des beurs et s’accaparer des subventions qui auraient dû leur revenir.

    L’objectif de ces « sayanim » travaillant aux ordres du Mossad était d’empêcher les Maghrébins qualifiés de s’intégrer dans les rouages importants de la République, d’occuper des fonctions d’influence dans les médias, l’édition, la publicité, la finance, la politique, la culture, afin que la France reste ancrée dans le camp occidental et un allié sûr d’Israël.

    Le « Zemmourisme » consistait dès lors à contenir (à l’image du containment contre le bloc communiste) les Maghrébins, à les rendre invisibles, à les harceler pour leur faire prendre conscience qu’ils sont seulement tolérés dans le pays, à ne leur laisser le choix qu’entre la soumission ou la révolte violente, à les pressurer dans le moule de la laïcité, à les humilier en leur imposant d’être représentés par un imam ignare et débile, à imposer à leurs enfants la mémoire de la Shoah au détriment de celle de la Nakba.

    Et lorsque ces Maghrébins se replient forcément pour se protéger, à les accuser de « séparatisme ». Accusation lancée déjà dès 2002 avec le livre « Territoires perdus de la République » écrit par des « sayanim ».
    On doit reconnaître que ceux qui ont lancé cette opération ont grandement réussi.
    Le « Zemmourisme » s’est imposé dans pas mal de médias et surtout dans une bonne partie de la Droite française. L’establishment franchouillard ne s’est jamais vraiment débarrassé de ses préjugés coloniaux et du traumatisme de la défaite algérienne.

    Même le gouvernement se sent obligé de prendre le train en marche et de prendre des mesures contre le « séparatisme » musulman, de plus en plus répressives et humiliantes voire illégales comme d’empêcher les mères voilées d’accompagner les sorties scolaires, mesures pudiquement travesties en dispositions pour la défense de la laïcité.

    Faut-il s’étonner de l’aveuglement de cette classe politique, qui n’a rien compris à la manœuvre de la clique « zemmourienne » ?

    Ce n’est pas la première fois qu’elle passe à côté d’une circonstance historique pour le bien de la France. Obsédée par ses rancœurs historiques et la nostalgie d’une ancienne gloire irrattrapable.
    Elle aurait tout à perdre d’un conflit profond et irréductible avec la très forte minorité musulmane. Tant de talents prêts à travaillés pour le pays, mais qui sont rejetés, dénigrés, humiliés. Mais elle continue à rêver d’une espèce de « purification ethnique » qui la ramènerait à sa grandeur blanche et catho.

    Les généraux qui ont publié leur lettre ouverte tombent malheureusement dans le même panneau. Certes la situation du pays est catastrophique à plusieurs égards. Et les motifs de révolte ne manquent pas. Pensons à la perte de souveraineté de la France à laquelle ils auraient dû être plus sensibles.

    La France a réintégré l’OTAN pour être à la remorque de l’Amérique et faire le sale boulot en Afrique ou au Moyen-Orient pour le compte d’intérêts qui la dépassent. Les généraux auraient pu s’inquiéter du désastre économique qui a ravagé le tissu social, entraînant la fermeture des sites industriels, de centaines de maternités, de dizaines de milliers de lits d’hôpitaux, du réseau ferroviaire et des services publics. Ces galonnés n’ont jamais réagi aussi fortement à la situation matérielle catastrophique de leurs troupes et des matériels militaires. On aurait aimé les entendre sur la gestion erratique et mensongère du Covid et son lot de désastres humains.

    Mais non, ils s’inquiètent de « racialisme », de « haine entre communautés », de « théories décoloniales », de « hordes de banlieue ». Ils veulent remettre de l’ordre dans cette chienlit sans aucune analyse historique de fond, avec une menace à peine voilée d’une intervention hors du cadre constitutionnel. Peut-être est-ce déjà la mise en œuvre de l’opération « Ronces » annoncée il y a quelque temps par Eric Zemmour et qui suggérait d’appliquer dans les banlieues françaises les méthodes répressives de l’armée d’occupation sioniste. Hasard ou pas, des syndicats de police viennent de demander que « dans le cadre de l’état d’urgence, il faut procéder au Bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des Checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens. »

    Il semble que nos généraux veuillent rejouer une nouvelle Bataille d’Alger, à l’échelle de la France. Enfin une bataille qui semble à leur portée. Quelle fut déjà la dernière guerre que l’armée française a remportée sans aide étrangère ? Les généraux oublient que la Bataille d’Alger, si elle fut un succès opérationnel colonial, elle s’est terminée par un flop politique et diplomatique. Mais ces subtilités doivent leur échapper.

    Pendant ce temps, ce sont Zemmour et sa clique judéo-sioniste ainsi que le Mossad qui les dirige, qui se frottent les mains qui sur les décombres de la France.

    Algérie54, 9 mai 2021

    Etiquettes : France, Eric Zemmour, extrémisme, extrême droite, bataille d’Alger, OAS, généraux, armée,

  • France : Les nouveaux centurions

    par Abdou BENABBOU

    Curieuse et intrigante sortie de la vingtaine de généraux français à la retraite qui dans un communiqué annoncent qu’ils sont à la disposition du sauvetage de la France. Le grand pavé balancé au cœur de la société française suppose des concertations préliminaires poussées et qu’une partie de l’élite militaire dont des généraux de corps d’armée a décidé de se mettre à l’avant-poste de la scène pour, affirme-t-elle, défendre la France et sa civilisation. Le parallèle avec le putsch contre Charles de Gaule avorté du mois d’avril d’il y a soixante ans par les Salan, Challe, Jouhaud et consorts a été inévitablement établi sauf que là il ne s’agit pas de sauver l’Algérie française, mais de sauver la France elle-même. Rétropédalage ahurissant d’une histoire déroutante quand le constat livre des travers cachés des grandes puissances de ce monde toujours prolixes pour donner des leçons de bonne tenue. Quand l’économie suffoque, les aventuriers envahissent un parterre propice à de particulières défections. Les extrêmes se déploient et nourrissent les intégrismes.

    On sait de quoi il retourne et de quoi il s’agit. Malgré le détour pris des mots et l’achalandage exagéré de la prose sur les libertés religieuses, la démocratie française a du mal à vaincre ses vieux démons et il se trouvera toujours quelques flibustiers de mauvaise facture pour se manifester. «Valeurs actuelles» étant l’écusson des va-t-en-guerre et des crânes tatoués et rasés, il se prête volontiers à être le support des philosophies des extrêmes. Il participe avec les Zemmour, les Le Pen et compagnie à larder les croix pensant faussement viser les minarets.

    Malheureuse et infortunée France qui vient à l’évidence d’être sérieusement égratignée ! Serait-elle si faible et si mal gouvernée pour que des centurions séniles en mal d’ivresse et d’aventures se croient en droit de bousculer l’aura supposé de leur pays ?

    L’air n’y est pas à la sérénité. Comme dans la majorité des ailleurs le temps est de plus en plus dans le recul des intelligences et des concordes.

    Le Quotidien d’Oran, 29 avr 2021

    Etiquettes : France, généraux, islamophobie, Charles de Gaule, extrémisme, Valeurs Actuelles, extrême droite,


  • Un général français souhaite la mise à la retraite des officiers signataires

    Pour la première fois depuis la retentissante tribune parue dans Valeurs Actuelles, le général François Lecointre, chef d’Etat major des armées, s’exprime. Il nous parle des sanctions venir pour les généraux et pour les soldats d’active signataires.

    Le 21 avril, d’anciens militaires, dont une vingtaine de généraux, dénonçaient dans une tribune au style factieux parue dans « Valeurs actuelles », le « délitement » du pays, suggérant que l’armée pourrait passer l’action. Ce mercredi, 8 000 soldats l’avaient signée. Tollé politique, soutien de Marine Le Pen, opprobre de la gauche… Les mesures l’encontre des meneurs seront sévères, annonce le général François Lecointre.

    Comment avez-vous réagi a cette tribune ?

    Général François Lecointre. Je me suis d’abord dit qu’elle ne présentait pas grand intérêt, et ensuite que ses auteurs savaient très bien qu’ils prenaient un parti pris politique. Cela, je ne peux pas l’accepter, car la neutralité des armées est essentielle. Enfin, j’ai été choqué d’y lire un appel a l’armée d’active : ça me révulse absolument.

    Vous connaissez ces signataires ?

    Certains, oui, en particulier le général en retraite Piquemal (NDLR, ancien général 4 étoiles de la Légion étrangère), connu pour ses engagements politiques. Pour l’essentiel, ce sont des gens qui ont quitté l’armée il y a 20 ou 30 ans, que ma génération d’officiers n’a pas connus.

    «Guerre civile» et tribune d’ex-militaires : qui sont les signataires ?

    Ce texte reflète-t-il quelque chose de l’armée ?

    Il ne reflète en rien l’état d’esprit des armées aujourd’hui. L’armée est républicaine, elle n’est pas politisée, combat tous les jours pour son pays. Elle est a l’image de la société française. Contrairement aux fantasmes que certains entretiennent, elle est très diverse socialement. C’est le billet de gens a la retraite, qui ont une vision décalée de la réalité de nos engagements : je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade.

    je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade. Quand on est général en 2e section, on s’engage statutairement a respecter le devoir de réserve.

    La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé un recensement des signataires : y a-t-il des soldats d’active ?

    On est en train de faire ce recensement. Aujourd’hui, on dénombre 18 personnes en activité – dont quatre officiers – parmi les signataires, sur 210 000 militaires en activité.

    Echououk online, 29 avr 2021

    Etiquettes : Généraux, Valeurs Actuelles, signataires, Islamophobie, Islam, extrême droite, armée française,

  • La colère contre d’anciens généraux qui mettent en garde contre une « guerre civile » en France

    Le gouvernement français a condamné une lettre ouverte signée par des officiers d’active, selon laquelle le pays se dirige vers une « guerre civile » en raison de l’extrémisme religieux.

    Environ 1 000 militaires, dont une vingtaine de généraux à la retraite, ont signé la lettre.

    Ils reprochent aux « fanatiques » de créer des divisions entre les communautés et affirment que les islamistes prendront le contrôle de parties entières du territoire national.

    Les ministres ont condamné la missive publié dans un magazine d’extrême droite.

    La lettre a été publiée pour la première fois le 21 avril le jour du 60e anniversaire d’un coup d’État manqué en France.

    « L’heure est grave, la France est en péril », ont déclaré les signataires.

    La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle de l’année prochaine, a pris la parole pour soutenir les anciens généraux.

    Mais la ministre en charge des Forces armées, Florence Parly, a tweeté : « deux principes immuables guident l’action des militaires en matière de politique : la neutralité et la loyauté. »

    Elle avait auparavant prévenu que tout signataire encore en service dans l’armée serait puni pour avoir défié une loi qui lui impose de rester politiquement neutre.

    Que dit la lettre ?

    Elle met en garde le président français Emmanuel Macron, son gouvernement et les députés contre « plusieurs dangers mortels » qui menacent la France, notamment « l’islamisme et les hordes de la banlieue ».

    Les signataires accusent ensuite « un certain antiracisme » de diviser les communautés et de chercher à créer une « guerre raciale » en attaquant des statues et d’autres aspects de l’histoire française.

    Ils accusent également le gouvernement de chercher à utiliser la police « comme agents par procuration et comme boucs émissaires » en réprimant brutalement les manifestations populaires.

    « Il n’est plus temps de tergiverser, sinon demain la guerre civile mettra fin à ce chaos grandissant et les morts – dont vous serez responsables – se compteront par milliers », conclut la lettre.

    Dans un pays qui compte plusieurs milliers d’anciens généraux sur les listes des retraités et des réservistes, le soutien de seulement 20 d’entre eux à un langage aussi explosif appelle à relativiser, déclare Hugh Schofield de la BBC à Paris.

    Néanmoins, le fait que la lettre ait été écrite est un signe de temps dangereux, et le soutien de Marine Le Pen signifie que les thèmes continueront à résonner dans l’année de campagne qui s’annonce, dit notre correspondant.

    Quelle a été la réaction ?

    Les membres de l’armée française, qu’ils soient en service actif ou réservistes, n’ont pas le droit d’exprimer des opinions publiques sur la religion et la politique, et Mme Parly a demandé que ceux qui ont signé la lettre soient punis.

    « Pour ceux qui ont violé le devoir de réserve, des sanctions sont prévues, et s’il y a des militaires d’active parmi les signataires, j’ai demandé au chef d’état-major des armées d’appliquer les règles. C’est-à-dire des sanctions », a déclaré la ministre à radio France Info lundi.

    Mme Parly a cité le cas d’un ancien général de la Légion étrangère qui a été exclu de l’armée pour avoir participé à une manifestation contre les migrants à Calais.

    Pourquoi le timing est-il important ?

    La ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré à France Info qu’elle « condamnait sans réserve » les généraux « appelant au soulèvement.

    Le coup d’État manqué impliquait des généraux cherchant à empêcher l’Algérie – alors colonie française – d’accéder à l’indépendance.

    Mais la politicienne nationaliste française Marine Le Pen a salué la lettre, appelant les généraux à la rejoindre dans « la bataille de la France ».

    Sa réponse est intervenue le même jour qu’une attaque mortelle au couteau dans un commissariat de police au sud-ouest de Paris, qui est traitée comme une possible attaque terroriste.

    Pourquoi Marine Le Pen a soutenu la lettre

    De nombreux médias français s’étonnent que Marine Le Pen ait apporté son soutien aux généraux.

    L’amitié avec les putschistes en puissance est la spécialité de son père. C’est lui qui était proche des durs anti-gaullistes d’il y a 60 ans. C’est lui qui aimait flirter avec l’illégalité. Pas Marine et son Rassemblement national new-look.

    Alors, a-t-elle fait un mauvais calcul ? Certains le pensent.

    En se rangeant du côté d’un groupe d’ex-généraux – même ceux qui sont en fauteuil roulant – qui dépassent manifestement les limites et s’adonnent à la politique, il est beaucoup plus facile pour le président Macron de la dépeindre comme une réactionnaire française traditionnelle, héritière de son père, de Vichy et du reste.

    Les électeurs de la droite dominante, qui auraient pu être tentés par son apparente conversion récente à l’UE et à l’argent sain, y réfléchiront peut-être à deux fois.

    Mais d’un autre point de vue, Marine Le Pen a peut-être estimé qu’elle n’avait pas d’autre choix que de soutenir la lettre. Après tout, personne ne pense qu’il existe une chance sérieuse de coup d’État militaire, et elle ne pensait donc pas pouvoir être accusée d’encourager l’insurrection.

    Et l’analyse du travail de la France était identique à la sienne. Si, selon elle, cette analyse est également partagée par une majorité silencieuse de Français, elle pouvait difficilement la désavouer.

    La France a proposé un projet de loi controversé pour lutter contre ce que le président Emmanuel Macron a qualifié de « séparatisme islamiste.

    Cependant, certaines critiques, tant en France qu’à l’étranger, ont accusé le gouvernement de cibler l’Islam ».

    BBC News, 28 avr 2021

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