Étiquette : génocide

  • Gaza: Les deux poids, deux mesures de la CPI dénoncés

    Etiquettes : Israël, Gaza, Hamas, Palestine, Cour Pénale Internationale, CPI, crimes de guerre, génocide, Karim Khan, deux poids deux mesures,

    « La vision sélective de Karim Khan est une offense honteuse à la justice », déclare l’Euro-Mediterranean Human Rights Monitor. L’organisation indépendante de défense des droits de l’homme basée à Genève a critiqué le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour son « échec » à agir sur la situation dans les territoires palestiniens occupés, y compris la bande de Gaza.

    Dans un communiqué publié vendredi, l’organisation a accusé Karim Khan de « clairs deux poids, deux mesures » pour ne pas avoir pris « une action concrète » sur les développements dans les territoires palestiniens occupés et à Gaza.

    « Face au niveau extraordinairement élevé de documentation – sans précédent dans l’histoire – des guerres israéliennes à Gaza, qui rentrent dans la définition d’un génocide en gestation selon le droit international, la vision sélective de Khan est une offense honteuse à la justice », a-t-elle déclaré.

    Notant que le procureur avait visité Israël pour rencontrer des victimes d’une attaque transfrontalière par le groupe palestinien du Hamas basé à Gaza le 7 octobre, le groupe a déclaré qu’il n’avait pas rencontré les « victimes de l’occupation israélienne et du terrorisme des colons ou leurs familles ».

    L’armée israélienne a repris les bombardements sur la bande de Gaza tôt vendredi après avoir déclaré la fin d’une pause humanitaire d’une semaine avec le Hamas.

    Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 178 Palestiniens ont été tués et 589 ont été blessés vendredi dans des frappes aériennes israéliennes.

    La pause humanitaire a débuté le 24 novembre dans le cadre d’un accord entre Israël et le Hamas visant à suspendre temporairement les combats pour permettre des échanges de prisonniers et la livraison d’aide.

    Plus de 15 000 Palestiniens, principalement des enfants et des femmes, ont été tués dans des attaques israéliennes depuis le 7 octobre.

    Selon les estimations officielles, plus de 1 200 Israéliens ont également été tués.

    Agences

    #Israël #Hamas #Gaza #Palestine #crimes #génocide #CPI #KarimKhan

  • Retour des palestiniens à leurs maisons détruites à Gaza

    « Rien ne tient debout »: Les Palestiniens retournent pour trouver des maisons détruites à Gaza

    Au milieu de la trêve, certains Palestiniens de Gaza sont retournés dans leurs maisons dans le nord et le centre de Gaza, seulement pour y trouver des décombres et des débris.

    Certains Palestiniens sont retournés dans leurs maisons dans les parties centrales et septentrionales de la bande de Gaza après l’entrée en vigueur d’une trêve de quatre jours.

    Mais pour beaucoup, seul un tas de décombres les attendait là où se dressaient autrefois leurs maisons.

    Hisham Zaqout d’Al Jazeera a visité le camp de réfugiés de Bureij dans le centre de Gaza samedi, où il a parlé à plusieurs Palestiniens qui ont profité de la pause dans les combats pour retourner dans leurs quartiers, ne trouvant que destruction totale.

    « Notre maison est détruite, il ne reste rien debout. Et la plupart des canards et des poulets ont été mangés par des chiens errants affamés », a déclaré une femme âgée.

    « Ce n’est pas une guerre; c’est un génocide », a-t-elle ajouté. « Ce sont des crimes sans précédent. »

    Zaqout a déclaré que de nombreux habitants du camp de Bureij avaient été contraints de se rendre au camp de réfugiés de Nuseirat, plus à l’ouest, en raison des bombardements constants et intenses de l’armée israélienne depuis le mois dernier.

    En revenant, ils ont trouvé leurs maisons rasées et certains des morts ensevelis sous les décombres. La femme âgée a déclaré qu’elle venait « de temps en temps, malgré les bombardements impitoyables ».

    « C’était très dangereux, mais je dois venir vérifier mes volailles. Je n’ai pas peur. Si je suis destinée à être tuée, je mourrai. Ma vie n’est pas entre les mains des sionistes. »

    « J’espère que la trêve pourra durer éternellement »
    Un autre résident du camp a parlé de la destruction inimaginable qui l’attendait à son retour.

    « Honnêtement, je n’imaginais jamais l’ampleur de la destruction, même pas 1 pour cent », a déclaré le jeune homme.

    « Ma maison a été bombardée. Elle a subi des dommages et n’est plus habitable. Elle doit être reconstruite entièrement », a-t-il ajouté.

    Interrogé sur la façon dont il pourrait y habiter à nouveau, il a déclaré préférer vivre dans une maison sans murs « plutôt que d’être humilié dans les écoles surpeuplées de l’ONU ».

    « Nous buvons de l’eau de mer et prétendons que c’est de l’eau douce. Que pouvons-nous faire? »

    Des dizaines de milliers de Palestiniens ont été contraints de se réfugier dans des écoles dirigées par les Nations unies depuis le début de la guerre. Mais elles ne se sont pas avérées sûres non plus, et de nombreuses attaques israéliennes les ciblant ont laissé des dizaines de civils morts.

    La trêve, qui court jusqu’à lundi, implique la libération de dizaines de Palestiniens emprisonnés par Israël en échange d’Israéliens et d’autres ressortissants détenus à Gaza.

    Elle pourrait être prolongée, ont signalé les États-Unis et d’autres, mais Israël et ses alliés occidentaux n’ont pas soutenu un cessez-le-feu dans la bande assiégée.

    Un autre résident de Gaza parlant à Al Jazeera a déclaré qu’ils « souhaitent une paix éternelle, pas seulement quatre jours, car les gens ont enduré trop de douleurs et souffrent encore ».

    « J’espère que la trêve pourra durer éternellement. Pourquoi? Parce que nous sommes fatigués, nous sommes fatigués d’une vie comme celle-ci. »

    Un autre Palestinien déplacé, habitant à Khuza’a dans le sud de Gaza, a déclaré que l’ampleur de la destruction les avait choqués après être rentrés chez eux dans le nord.

    « La destruction est très grande, les larmes coulent seules. Que Dieu nous suffise, et c’est tout ce que je peux dire. »

    SOURCE: AL JAZEERA

    #Israel #Gaza #Palestina #Hamas #génocide #Tsahal #destruction

  • Colonialisme : Un musée de Paris détient 18.000 crânes

    Colonialisme : Un musée de Paris détient 18.000 crânes

    Tags : France, colonialisme, crimes coloniaux, crânes, génocide,

    Europe: Les restes humains «coloniaux» font scandale

    Une vaste enquête du New York Times évoque les 18.000 crânes et ossements en possession du Musée de l’Homme à Paris, tandis qu’une salle d’enchères belge a retiré de la vente trois crânes africains, le 30 novembre, après la parution d’un article dans Paris-Match Belgique.

    « Un musée de Paris détient 18.000 crânes. Il rechigne à dire à qui ils appartiennent ». C’est sous ce titre qu’est parue le 28 novembre une enquête fouillée du New York Times sur les collections coloniales du Musée de l’Homme, à Paris. L’article du quotidien américain dénonce une omerta française sur une quantité de crânes d’Africains, d’Australiens et d’Indiens d’Amérique qui reposent au sous-sol, place du Trocadéro.

    Il a été accueilli par un silence de cathédrale. Ce que Dorcy Rugamba, dramaturge rwandais vivant à Bruxelles, auteur d’une pièce intitulée « Les restes suprêmes » présentée en mai à Dakar, explique par « la persistance d’un véritable tabou : le lien entre colonialisme et nazisme, pourtant mis en évidence par Hannah Arendt et Aimé Césaire, qui met à mal le roman national français ».

    Trois crânes à vendre à Bruxelles

    Coïncidence : le jour même de la publication de l’enquête du New York Times, la salle de vente Drouot, via l’hôtel de ventes Vanderkindere, à Bruxelles, a mis sur le marché trois crânes, coloniaux eux aussi. Michel Bouffioux, un journaliste de Paris-Match Belgique qui enquête depuis 2018 sur les restes humains de l’ère coloniale, a publié le 29 novembre un article qui a eu un impact immédiat.

    Dès le lendemain, les trois têtes proposées à des prix allant de 750 à 1.000 euros ont été retirées. De même que le descriptif qui les présentait, en ces termes : « Lot de trois crânes humains : un crâne de Bangala anthropophage aux incisives taillées en pointe, un crâne du chef arabe Muine Mohara tué par le sergent Cassart à Augoï le 9 janvier 1893 et décoré d’un bijou frontal, un fragment de crâne collecté (…) dans la province de Mongala par le Docteur Louis Laurent le 5 mai 1894. (…) Provenance : ancienne collection du Docteur Louis Laurent à Namur. » En lieu et place, un mot d’excuse a été publié sur le site de la salle de ventes, qui a décidé de racheter les crânes pour les rendre à la République démocratique du Congo (RDC) – sans préciser ce qu’il adviendrait du « chef arabe ».

    Une vente « légale » selon le commissaire-priseur

    Ces regrets sont-ils sincères ? Face au collectif belge Mémoire coloniale, qui va porter plainte pour « recel de cadavres », le commissaire-priseur de Vanderkindere, Serge Hutry, interrogé par RFI, se défend de son bon droit. « En Belgique, il n’y a pas de législation, déclare-t-il. Nous ne sommes pas en tort sur cet aspect. Nous vendons 7 500 lots par an depuis trente ans, et n’avons jamais eu ce problème. À partir d’un moment, on n’a plus pu vendre d’ivoire, et nous sommes restés dans la légalité. Mon sentiment, c’est que des crânes, depuis des années, se vendent à Paris, Londres ou Bruxelles sous forme de vanités. Ce sont des crânes humains transformés avec des brillants, et l’on ne s’en souciait pas plus que ça. Ici, la réaction de la RDC est légale, correcte, qu’ils se débrouillent avec le ministère belge. Nous restituerons ces crânes ».

    Interrogé par la RTBF, Yves-Bernard Debie, avocat de la Chambre des antiquaires, rappelle que « tout l’art médiéval européen est fait de reliques, et ce n’est pas illégal. Il faut néanmoins que les restes humains s’inscrivent dans le cadre de biens culturels, ce qui est discutable ici ».

    Ossements et crânes en Belgique et aux Pays-Bas

    Le tollé suscité par la vente bruxelloise semble contredire sur un point l’enquête du New York Times, qui suggère que la situation est meilleure ailleurs en Europe qu’en France. En Belgique, au moins 300 têtes africaines se trouvent encore aux mains d’institutions publiques comme chez des privés. Le crâne du roi Lusinga, décapité par le général belge Emile Storms en 1884 au Congo belge, puis rapporté comme un trophée de chasse, repose toujours rue Vautier, au Muséum des sciences naturelles. Un groupe d’universitaires congolais demande – en vain – sa restitution pour lui offrir des funérailles. Le projet Human Remains Origins Multidisciplinary Evaluation (HOME) regroupant des scientifiques de sept musées et universités, dont l’AfricaMuseum de Tervuren, a été lancé fin 2019 sur financement fédéral, pour se pencher sur la question. Un rapport assorti de recommandations est attendu pour la mi-décembre.

    De leur côté, les Pays-Bas ont certes rendu en 2009 la tête coupée et conservée dans du formol d’un roi ghanéen, Badu Bonsu II, décapité en 1838 par des colons. Un écrivain, Arthur Japin, avait découvert par hasard la relique dans les collections d’anatomie de la faculté de médecine de Leyde, et ensuite alerté l’ambassade du Ghana.

    D’autres restes n’en demeurent pas moins sur le sol de cette ancienne puissance coloniale, parmi lesquels 40 000 ossements rapportés d’Indonésie à la fin du XIXe siècle par l’anatomiste et médecin néerlandais Eugène Dubois. La calotte crânienne d’un Javanais de l’ère préhistorique, témoin du « chaînon manquant » dans l’évolution du singe à l’homme, est d’ailleurs en train de devenir un sujet de polémique.

    Des restitutions en Grande-Bretagne et en Allemagne

    En Grande-Bretagne, un accord a été passé le 3 novembre, après huit ans de pourparlers, entre le Zimbabwe et le Musée d’histoire naturelle de Londres ainsi que l’université de Cambridge. Les deux institutions sont prêtes à coopérer pour restituer des restes humains, dont trois crânes, que le Zimbabwe suspecte d’appartenir à des meneurs de la première Chimurenga, une révolte des années 1890 contre les colons anglais.

    Le musée Pitt Rivers à Oxford a commencé en 2017 à restituer certains des 2 000 restes humains qu’il détient, dont sept têtes tatouées et momifiées de Maoris rendues à la Nouvelle-Zélande. Les comptes sont loin d’être soldés cependant, puisque le British Muséum garde 6 000 restes humains provenant du vaste empire colonial britannique, le Duckworth Laboratory en a 18 000 et le Natural History Muséum plus de 25 000.

    En Allemagne, des brèches semblent avoir été ouvertes plus facilement. Ont été restitués 20 crânes à la Namibie, en 2011, puis d’autres dépouilles en 2018, emportées d’Afrique australe par les colons après le massacre des Hereros et des Namas. Deux peuples dont Berlin a reconnu les génocides en 2004, et pour lesquels des excuses ont été formulées en 2021.

    Un millier d’autres crânes rapportés des anciennes colonies allemandes font depuis 2017 l’objet d’une étude internationale pour en déterminer l’origine précise. Le quotidien belge La Libre Belgique explique que « ces restes humains avaient été ramenés principalement du Rwanda, mais aussi de Tanzanie et du Burundi, dans l’ancien Empire allemand (1871-1918), par l’anthropologue Felix von Luschan à des fins ‘d’études scientifiques’ ». Les lignes bougent, manifestement, mais pas partout à la même vitesse.

    Echouroukonline, 05/12/2022

    #France #Crimes_coloniaux #crânes #Musée #Colonialisme #Génocide

  • La nausée

    La nausée – Algérie, France, colonisation, crimes coloniaux, mémoire, massacres, génocide,

    Par Mohamed Koursi

    25avril 1945, le Duce est fusillé et pendu par les pieds au carrefour du Piazzale Loreto, à Milan. Hitler se suicide à Berlin six jours plus tard, et Little Boy et Fat Man mettent fin à la Seconde Guerre mondiale.

    8 mai 1945, après cinq ans et huit mois du plus meurtrier des conflits qu’aient connus l’humanité, les carillons retentissent. L’Europe danse sur toutes les places publiques. À Bełżec, Sobibór, Treblinka, Auschwitz–Birkenau… le monde découvre l’horreur et se promet que plus jamais «une guerre de civilisation» au nom d’une race ne soit menée. Les Alliés promettent d’éliminer l’odeur de la Seconde Guerre mondiale, au moment où Sartre devient une star parisienne. L’existentialisme dont il se revendique rassure quelque part les Français qui veulent oublier Vichy. Il apporte la caution de celui qui n’a pas été collaborationniste sans être résistant. Avec Simone de Beauvoir, il fonde «Les Temps modernes» et se dirige mentalement vers une rupture avec les socialistes et les communistes qui venaient d’applaudir à la sanguinaire pacification dans l’Est algérien et qui voteront, une dizaine d’années plus tard, les pouvoirs spéciaux pour Massu.

    Oui, quittons le continent européen. 8 mai 1945, les cloches des églises sonnent également dans les colonies. En Algérie, 150.000 indigènes ont pris les armes aux côtés des Alliés. La joie, la liesse, l’amour… Dans un discours radiodiffusé, De Gaulle pouvait affirmer, ce 8 mai : «Tandis que les rayons de la Gloire font une fois de plus resplendir nos drapeaux, la patrie porte sa pensée et son amour, d’abord, vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ! … Dans la joie et la fierté nationale, le peuple français adresse son fraternel salut à ses vaillants alliés… ». Le temps est-il venu pour des appels pacifiques à la liberté ? À Setif, Guelma, Kherrata et d’autres hameaux, la France, qui avait applaudi son général pour son sens de l’expression sur l’outrage fait à «Paris brisé, martyrisé, mais libéré», va, hélas, assassiner, exécuter, bombarder, brûler et faire disparaître des milliers de corps dans des fosses communes, pour faire taire cet appel.

    Armée, police, milices, coupables d’assassinats de masse, enfants, femmes, personnes âgées désarmées abattues à bout portant. Dans les villages et les villes, les forces coloniales ont regroupé des Algériens, transportés dans des camions et jetés dans des ravins, alors que d’autres sont emmenés en dehors des villes pour être exécutés. Leurs corps brûlés sont ensuite ensevelis dans des fosses communes. Des fours à chaux ont été utilisés par l’armée française pour se débarrasser des cadavres. «Du soir au matin, on empilait dans le four à chaux (le «four crématoire des minoteries Lavie», à Héliopolis, près de Guelma) les corps des fusillés… Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L’odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d’interroger les habitants de l’endroit…». Il fallait faire disparaître les preuves. «Avec la venue de l’été, la chaleur monte… et l’odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d’une pelletée de terre.

    Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l’aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C’est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu-dit «fontaine chaude» et brûlés dans un four à chaux avec des branches d’oliviers.»

    Il ne s’agit pas d’une folie meurtrière localisée dans une région, mais d’un programme d’extermination validé au plus haut sommet de l’État. La France humiliée, disloquée en trois semaines par la Wehrmacht, marquée du sceau de l’infamie par Vichy, pensait laver son affront en Algérie sur des «indigènes» désarmés, femmes et enfants qui défilèrent en brandissant, croyaient-il légitimement, le drapeau algérien. Après tout, on fêtait la Libération, et nous, Algériens, avons participé à cette victoire. De Gaulle, dès le 10 mai, envoie un télégramme au gouverneur de l’Algérie : «…Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d’une minorité d’agitateurs… ». La commission Tubert (du nom du général qui l’a présidée), chargée d’enquêter sur ces massacres, reçut l’ordre de rentrer sur Alger. Son rapport jamais terminé est resté frappé du sceau de secret-défense des décennies. Peut-être qu’à Paris, on n’aimait pas l’odeur de la campagne algérienne… Dix ans plus tard, cette même France va gazer des Algériens. Ce même De Gaulle va donner le feu vert par la création de «sections spéciales» qui vont opérer dans le plus grand secret (même les autres corps d’armées ne sont pas au courant), pour «nettoyer» les grottes. Armés de gaz, masqués, habillés de combinaisons, ils vont traquer, pourchasser, bloquer dans des grottes, les combattants de l’ALN, mais aussi des femmes, des enfants et personnes âgées qui ont cru échapper aux zones interdites, aux centres de regroupements et au napalm.

    ET L’ODEUR?

    «Elle était âcre. Comme certains produits qu’on emploie pour nettoyer, exactement la même odeur [… ]. On appelait ça les “chandelles à gaz”, qui équivalaient à des centaines de grenades. Celui gazé par ça, s’il restait un quart d’heure, il était mort, asphyxié. Ça attaquait les poumons.» un siècle auparavant, En 1845, dans des grottes du massif du Dahra, à Nekmaria (Mostaganem), le lieutenant-colonel Aimable Pélissier piégea les Ouleds riahs, y entassa des fagots de bois, alluma le feu et les enfuma, devenant ainsi, avec presque un siècle d’avance, l’un des pères des chambres à gaz. «Pendant des heures, on entend, venant des grottes, des hurlements de bêtes et d’êtres humains mêlés aux craquements sourds de la roche qui éclate par endroits sous l’effet de la chaleur. Deux jours plus tard, quand les premiers soldats s’avancent en reconnaissance, il règne sur les lieux un silence de sépulcre. Le sol est jonché de plusieurs centaines de cadavres de moutons, d’ânes, de bœufs, de femmes, de vieillards, d’hommes et d’enfants.»

    Politis, mai 2022

    #Algérie #France #Crimes_coloniaux #mémoire

  • 17 octobre 1961 à Paris : « Fleuve de sang »

    17 octobre 1961 à Paris : « Fleuve de sang »

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    Ils furent précipités dans la Seine sans aucun ménagement, comme dans un guetapens prémédité par un préfet préposé aux hautes trahisons et que sa propre patrie découvrira comme un collabo qui a donné des résistants à la Gestapo. Les nôtres de résistants étaient sortis de leurs ghettos ce soir d’octobre pour répondre à l’appel du FLN et manifester pacifiquement pour l’Algérie indépendante. Nous sommes en 1961 et la situation avait alors évolué , la cause algérienne étant entendue par toutes les chancelleries étrangères. La guerre perdurait et le combat fut déplacé même chez l’oppresseur avec ce pied de nez que lui faisaient ces ouvriers aux mains calleuses qui ne voulaient plus baisser les bras. Et ce fut la répression sanglante, inhumaine et empreinte d’une rare haine. Le fleuve comme tombeau où des flics zélés mirent du coeur à l’ouvrage en poursuivant les manifestants jusque dans les ruelles obscures du Quartier latin pour les jeter dans la Seine. Une sauvagerie sans pareil. Près d’un demi siècle plus tard, le président français a eu cette formule que ne retiendra pas l’histoire, habituée à immortaliser les sentences qui lui conviennent le mieux,, comme cette réponse cinglante de Larbi Ben M’hidi à ses bourreaux « donnez nos vos chars et on vous donnera nous couffins » : celle de Sarkozy à toutes les horreurs fut un modèle de reniement : « je ne suis pas venu pour m’excuser », déclara-t-il à Alger. Rien que pour cette funeste soirée d’octobre, il eut fallu qu’il se repentît. Au nom d’une France prompte à reconnaître ses exactions quand il s’agit de l’autre. Prête à se recueillir à Auschwitz en mémoire des petits juifs livrés au nazisme par un certain Papon, celui-là qui ordonna qu’on jetât dans la Seine les manifestants Algériens. Comme dit le poète « Sous le pont Mirabeau coule la Seine et ses horreurs »…la mémoire est bien sélective.

    Le Courrier d’Algérie

    Les discours glorifiant le colonialisme ne contribuent pas à rendre justice à l’Algérie

    Encore un épisode regrettable inscrit au front de la France officielle. Indélébile, tatoué d’une encre permanente, éternelle tant qu’elle persiste à l’ignorer comme elle continue à ignorer toutes les exactions commises depuis des lustres. La Seine en témoigne. Les rues et ruelles de Paris en parlent toutes les nuits. Les jours, les spectres maléfiques s’effacent comme des vampires craignant la lumière. La vérité est l’éclat qui aveugle l’obscurantisme. La France est victime du coté sombre de son histoire. Paradoxes intemporelles ou gloires et déboires qui la nanisent face à la nostalgique grandeur de cette nation des droits de l’homme. Serait-elle en phase de perdre ses vraies valeurs et ses idéaux au point de refuser de faire son mea culpa. Reconnaître ses crimes s’est se repentir et s’en excuser c’est grandir. Notre religion nous exige de pardonner à ceux qui s’excusent et non à ceux qui s’entêtent à reconduire l’erreur et persistent à cacher la vérité.

    Le 17 octobre 1961, faute d’être une date mémorable, elle attire aujourd’hui regrettablement plus de guêpes que d’abeilles. La loi de la jungle continue d’instaurer ses mœurs enrobées d’amnésies généralisées et, comme leitmotiv, elle préside au rappel. Juste pour le rappel !, même s’il constitue un bien fait pour les croyants. Cependant, à y bien méditer sur le sort de ceux précipités injustement vers les bords de la Seine, noyés, incarcérés et torturés, par une horde sauvage déchainée, il y a lieu de s’indigner devant le mutisme ambiant et, pire encore, face au verbiage infécond, plus dangereux que l’insolence d’un ignorant. Des espaces sont envahis pour célébrer cette date. Elle est commémorée sur des tribunes envahies par les épigones d’une société civile désabusée, en mal de notoriété politique. Juste pour se refaire une virginité sur le dos des victimes. Arrêtant ce second massacre. Celui de Papon et ses sbires suffit pour être déjà une plaie saillante qui témoigne de la déchéance d’un Etat incapable de restituer le droit des concitoyens victimes de la barbarie. D’intenter ne serait-ce qu’un procès posthume contre les criminels qui ont enfreint toutes les règles des droits de l’homme en massacrant à leur guise des citoyens franco-musulmans. C’est ce suffixe qui les dérangeait. Cette arabité, cet islam et cette amazighité qu’il ne cesse de manipuler pour envenimer l’atmosphère d’une nation indépendante. Sans pour autant ignorer l’appel du peuple au droit à son autodétermination et à sa liberté. Le 17 octobre conclu en réalité la série macabre des massacres coloniaux perpétrés contre des populations civiles désarmées depuis l’invasion des territoires algériens. Des enfumages aux razzias, de l’éventrement des femmes et aux tueries des enfants, des massacres massifs aux exterminations des tribus, du génocide de mai aux déportés de la Nouvelle-Calédonie, des guillotinés aux veuves et orphelins de novembre, sans pour autant occulter les spoliations des biens, l’expropriation des terres, le vol des trésors de la Casbah et de Tlemcen, la destruction des monuments, le déracinement, l’acculturation et l’ethnocide absout par l’étendard du positivisme coloniale, la religion des missionnaires, celle des moines de Tibhirine et des bienfaiteurs de la Kabylie et des monts de chenoua.

    Le réveil occasionnel…

    En berne toute l’année des voix s’élèvent occasionnellement pour exhiber leurs chétifs bicéphales tentant de remémorer ou commémorer à la manière locale une date qui reste dans les annales de l’histoire franco-algérienne une honte inscrite à l’encre indélébile. Un crime contre l’humanité qui clôture en faite le chapelet macabre des exactions commises tous le long de la tragique nuit colonial. Mais cette fois-ci les événements se sont transposés sur le sol français. L’intelligentsia algérienne, pour la plus part absente, ne trouve en fait aucune démarche probante à cette réverbération désolante et répétitive sur un sujet qui mérite plus d’engagement et de conviction. Même les « politiques », et en particulier les apprentis sorciers, excellant dans l’art de la reculade à main levée et à la révérence majestueusement exécutée à leur dame « la doulce France ». Ils n’hésitent nullement à se dressant en objecteurs de conscience, s’ils ont en une, pour la ménager tout en essayant ardemment de lui miroiter leur docilité et leur adhésion aux principes imposés et déjà annoncés par la président de la république français, Nicolas Sarkozy, lors de son passage en Algérie. Tourner la page et regarder vers l’avenir. Lui qui se déclare incompétent quant conduite de ses aïeux, alors qu’il a été un des artisans de la loi du 23 février 2005. Les notre, affaiblis par leur instinct de conservation, s’évertuent à chercher des subterfuges et coller faussement au concept cher au défunt Houari Boumediene : « Tournant la page et ne la déchirons pas ». Une trouvaille instrumentalisée à des fins indignes. Trouvez mieux, messieurs les repentis, pour nous convaincre de vos fausses manouvres. La jeunesse algérienne est attentive à vos sarcasmes. Elle n’a nullement l’intention de céder un neurone de sa mémoire, un iota de ses revendications pour faire fléchir la France coloniale. Car, il ne s’agit pas de faire la démonstration du réel ou du vari ou faux virtuel. On a beau raconter inlassablement les événements. Corriger peut-être, certains détails nécessaires. L’essentiel est de confirmer et affirmer le crime, aboutir à son jugement et châtier les criminels quelques soit leurs statuts. Les bourreaux ont déjà fait le boulot et ils en sont fiers. Ils l’ont à mantes reprises déclaré au vu et au su de tous. Qui ignore aujourd’hui que Mitterrand a été un des donneurs d’ordre. Qui des généraux auxquels on a accordé des stèles, des monuments et des honneurs, se déclare n’avoir exécuté que les ordres et obéir en gentilshommes désabusés ses supérieurs.

    Dans les faits…

    Fort d’une population de 135 000 adhérents sur un total de 300 000 résidents en France, soit un taux de 45 %, le FLN pouvait compter sur l’apport conséquent de cette masse pour porter la guerre sur le territoire français. C’est au cœur de l’Europe où la revendication algérienne avait déjà gagné l’écho international, que tout dérapage français ne pouvait que nuire à sa réputation. Il fallait une démonstration de choc à la mesure de la répression permanente dont il était victime sur l’ensemble du territoire coloniale. D’autant plus qu’affaibli dans les maquis algériens suite aux opérations jumelles, le FLN devait consolider sa position à un moment ou les pourparlers s’engager dans une impasse. La question de la souveraineté sur le Sahara, qui constituait le frein momentané à toutes formes de rapprochement pacifique, étant tranchée, le FLN répondra favorablement à la reprise des négociations. Bien structurée, notamment à Paris avec plus de 90 000 adhérents, la Fédération de France qui avait servi un moment comme la principale trésorerie de la cause, devait, selon l’esprit des dirigeants, apporter son soutien pratique à la guerre d’indépendance. Une contribution qui s’est soldée par un massacre collectif commis par la France coloniale et un bilan d’affrontement regrettable entre les frères ennemis (FLN-MNA). Car, il est utile de rappeler que le FLN faisait à ce moment précis face à un double front. Ce qui ne pouvait être qu’a l’avantage de l’armée coloniale qui souffler ardemment sur la braise pour capoter les engagements politiques de part et d’autre. Neuf mois séparaient ces crimes des suffrages en faveur de l’indépendance. Quant à l’entrée de Papon en scène des opérations, elles les précédaient de presque quatre ans. Préfet bigame, il avait été sélectionné en 1958 par ses supérieurs pour son savoir faire dans l’art de la répression, ayant pour principale mission de nettoyer Paris de ses perturbateurs. Etant un potentat du pouvoir, on lui colla la sale besogne et on en fera un parfait bouc émissaire pour s’amender à leur tour de toutes formes d’accusations criminelles. Le FLN multipliait ses actions contre la police, incendiant les raffineries de Marseille et la banque, la riposte ne devait être que plus féroce. Des restrictions sont imposées à la population musulmane. Un couvre feu sélectif paralysait les actions nocturnes et guerrières du FLN. Le 17 octobre sera ainsi le théâtre de cette tension exacerbée. On voulant briser l’embargo, imprudemment le FLN mettre dans la gueule du loup ces militants en particulier les civiles. Ouvriers, femmes et enfants, manifestant certes pacifiquement, subirent le même sort que leurs frères de 1945. Un autre crime contre l’humanité venait enrichir le tableau positif de la colonisation.

    De l’affaire au procès Papon…

    Au passé pétainiste et pour des raisons purement électoralistes Mitterrand n’hésita à aucun moment s’allier les juifs. Soutenu par le canard enchainé, il ouvrît le bal et déclencha vers 1981 une affaire dite Papon. Ce dernier avait également servi sous le régime de Vichy jusqu’en 1942. Responsable des déportations, il devient ainsi objet de marchandage pour gagner les cœurs et les voix de la communauté juives en France qui comptait 1% d’électeurs. Sans rentrer dans les détails, l’affaire Papon dénudait en fait les scandales de l’Etat français dans toute sa grandeur depuis la deuxième guerre mondiale. Il mettait en lumière les malveillances des hommes du pouvoir, qui agissaient à l’encontre des principes fondateurs de la commune. Une attitude qui persiste jusqu’à l’heure. François Mitterrand, Valérie Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, trois concurrents au poste de Président de la république, dans les années 80/90, se disputaient le personnage principal. Ce scandale politique entrouvrira les multiples dérapages relatifs aux injustices commises contre les communautés qualifiées autrefois d’indigènes. Il servira à noyer le poisson dans l’eau. D’une affaire préfabriquée les vérités feront progressivement surface. Il reviendra à l’honneur de Jacques Chirac d’avoir exceller dans la démesure. L’affaire Papon deviendra le Procès. Des déportations de juifs aux massacres du 17 octobre 1961, en passant par d’autres scandales aussi terrifiants que désolants. La persévérance et la capacité de nuisance du peuple juif feront en sorte que Papon sera jugé et condamné à 10 ans de prison ferme. En fuite, il refusa de reconnaitre la justice française pour sa tendance politique. Il sera capturé par la police suisse en 1999, Interné à la santé, il se considéra prisonnier politique jusqu’à sa mort. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux évènements dés les premières années des massacres. Elles seront enrichies par d’autres textes relatifs aux procès intentés contre ce tortionnaire, traitant notamment des questions relatives à la responsabilité directe de l’Etat français.

    En Algérie…c’est l’amnésie totale

    En Algérie rien ne semble faire la différence depuis l’indépendance. Silence et inertie totale sur tous les fronts. Les ardeurs se réveillent occasionnellement pour marquer l’événement comme si par un instinct presque naturel nous sommes prédisposés à accepter notre sort d’indigène. Un diagnostic psychopathologique s’impose pour tirer au clair l’état de santé mentale de l’algérien type. Et en particulier, les recalés des classes pour regagner la classe politique et des pseudo-intellectuelles. Les événements du 17 octobre ont été mille fois narrés. Du moins, il semblerait selon certains analystes de salons qu’une certaine prise de conscience a bourgeonné dés les années quatre vingt. Depuis, nous avons eu droit, chaque année commémorative, aux mêmes configurations. Figures et témoins incontournables, les mêmes scènes autour de la seine, un timing à point à la télévision algérienne, des sonorités radiophonique en chaine, reliant depuis peu les locales. Seule la presse écrite a le mérite, de nous livrer souvent des analyses probantes. Des contributions inédites œuvres d’auteurs méconnues. Sommes-nous arrivés par tout ce tintamarre inutile injustement. Surement pas. Nous sommes encore pétrifié à méditer sur le bienfondé de notre cause. Certains ont déjà tranché, ils s’autorisent même le droit de décider à la place du peuple. La dernière sortie du RND qui n’est surement pas une surprise en témoigne. Son secrétaire général, en chef d’orchestre chevronné, a déjà composé le refrain. Quand on n’a pas de suite dans les idées vaut mieux se taire et laisser place à ceux qui disposent de capacité de synthèse. La France doit reconnaitre ses crimes et s’en absoudre. Comme, elle doit s’en excuser pour avoir elle-même demandé à l’Allemagne de le faire pour si peu. La proportion est taille, 132 ans pour 5, la sentence n’en sera que plus lourde. On ne peut être plus royaliste que le Roi. Si les français, du moins les officiels, accordent leur violent avant de se prononcer sur des sujets aussi sensibles que la mémoire, pour la simple raison que l’électorat est à cheval sur le moindre détail, veillant scrupuleusement sur les exploits comme sur les erreurs de chaque formation dans la perspective d’améliorer les conditions de coexistence communautaire d’une nation et la préservation de sa notoriété et sa mémoire. Les notre pensent que les jeux sont fait. Grâce à l’administration, ils peuvent s’assurer une pérennité dorée en espérant ne plus avoir besoin d’électeurs. Les fausses ambitions sont illusoires et l’avenir nous donnera raison… La presse a été éloquente cette semaine. Le maire de paris s’est prononcé sur le crime. Il le dénonce et considère que : « les massacres du 17 octobre sont un acte de barbarie et que l’Etat français doit reconnaitre ». Voici un homme qui bouscule la demeure et chamboule le décor et l’ambiance intérieure. Du coté de chez nous, un mutisme total, une peur bleu, un recul tragique. Hors du temps et des stratégies gagnantes, ils se bousculent devant le portillon pour offrir les meilleures garanties à l’ex-colonisateur pour lui permettre de nous livrer ses ordures technico-économiques. Cela s’appel le dégel des relations bilatérales. Cependant, si de ce coté on tente de dégeler, la France profite des circonstances pour installer ses nouvelles mines anti-personnelles. Elle floue le traitement de la question du sahel et s’entête à nous imposer son projet de l’UPM. Elle glorifie le colonialisme en inaugurant la fondation relative à « l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie et les batailles de la Tunisie et du Maroc », sans gène, ni complexe ou entrave et encore moins d’égard à la sensibilité bilatérale, ni à la diplomatie moderne. Elle persiste dans son obstination à refuser même de reconnaitre les faits. C’est ce que nous méritons peut-être ?

    Il y a eu crime contre l’humanité et puis

    On peut s’évertuer d’avoir porté la guerre sur le territoire français. Un acte de bravoure, même s’il comporte ses imperfections et ses dérapages, qui ont couté la vie à de nombreux innocents, (seule l’histoire nous éclairera un jour à ce sujet), a été possible au temps où il y avait hommes et des vrais. Abnégation, sacrifice et nationalisme pure et dur pour l’honneur de la partie. La dégringolade visiblement regrettable sur les valeurs d’antan, nécessaires pourtant en ces temps de réconciliation, nous entraine vers un avenir incertain. La rente, la corruption, les passes-doits, la ségrégation régionaliste, la centralisation à outrance, les lapidations des biens de la communauté chèrement acquis et bien d’autres nouvelles mœurs qui s’imposent actuellement comme valeurs d’échanges et mode de production nous font craindre le pire. Sommes-nous comptable de cette régression béante qu’affichent nos apprentis boulitique sur la scène nationale ? Ils se donnent des airs de spécialistes en historiographie. Et pire encore, à peine élus sur des sièges éjectables, ils se donnent le droit de décider à la place du peuple des suites à donner quant à la qualité de nos relations avec la France. Il faudrait du moins dévoiler ses références pour s’autoriser un tel statut. Etre algérien, c’est avant tous être un bon musulman et défendre les principes fondamentaux de notre religion. A défaut, avoir un esprit démocratique, épris de respect à autrui est salutaire. Car, il ne faut pas oublier que nous vivons en communauté. Un lourd contentieux nous impose la promiscuité, bon gré malgré nous avec la France. Sans aucun esprit revanchard ni chauvin, on distingue le bon grain de l’ivraie. Cependant, des crimes ont été commis. Des crimes contre l’humanité, selon le concept propre et cher à la France (). Celui du 17 a été reconnu par tous. Il doit être jugeait et les criminels condamnés. D’autant plus que nulle entrave ne nous empêche d’intenter un vrai procès. L’expérience de la Fondation est méritoire et enrichissante, mais elle ne suffit pas pour faire justice. Le crime n’est pas amnistié, il est imprescriptible. Aujourd’hui nous sommes face à un double affront. Le refus de la France de reconnaitre ses crimes, une justice raciste et sélective, une attitude déloyale positivant le colonialisme. Et une totale inertie, recule et mystère et boules de gomme de la part de notre junte politique. Dieu en est témoin et l’histoire jugera les actes de chacun. « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. »(). A méditer….

    M.Boukherissa Kheiredine Président de la Fondation du 8 mai 45

    PATRICK JARRY, MAIRE DE NANTERRE, ET LES MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961
    « La France doit reconnaître sa responsabilité »

    Il est temps que le nombre de morts lors des événements du 17 Octobre 1961 soit véritablement avoué et qu’il ne fasse plus l’objet d’une quelconque polémique.

    De plus en plus de voix s’élèvent en France pour dénoncer les massacres du 17 Octobre 1961 et exiger une reconnaissance des faits. Le dernier en date est Patrick Jarry, maire socialiste de Nanterre qui a affirmé qu’«il est temps que les plus hautes autorités de l’Etat, 50 ans après, reconnaissent enfin officiellement leur responsabilité dans ces massacres à travers un acte qui engage la République».

    S’exprimant en marge de la commémoration dimanche, à Paris, des massacres du 17 Octobre 1961, présidée par le secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah, le maire de Nanterre a annoncé la future commémoration par sa municipalité, en 2011, du cinquantenaire de ces massacres par la dénomination d’un boulevard du 17 octobre qui se situera entre la place de la Croisée et le boulevard des Provinces Françaises.

    Une première en France pour évoquer le souvenir de ces événements. Nanterre a connu une forte présence d’Algériens qui s’y sont établis en s’intégrant très vite dans les luttes syndicales et politiques, comme en témoigne la création du Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj dans un café de Nanterre en 1937. Une séance de travail avait auparavant réuni Benatallah et Jarry à l’issue de laquelle, le secrétaire d’Etat a salué la «leçon d’amitié et de fraternité» qui se distingue dans la perpétuation de la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés.

    «Nous sommes en train de jeter des passerelles afin que l’histoire soit rétablie dans toute sa vérité», a déclaré Halim Benatallah, qui a salué les acteurs qui oeuvrent «avec courage et ténacité» pour que la société civile en France s’assume et rétablisse «la vérité historique» sur les massacres perpétrés le 17 octobre 1961 contre des Algériens qui manifestaient pacifiquement pour leur droit à la dignité et la liberté.

    Se recueillant à Nanterre, devant une plaque commémorative, Halim Benatallah, s’adressant au maire socialiste de Nanterre, Patrick Jarry, sur la place des droits de l’homme, en face de la préfecture de police, dira: «Nous sommes ici pour accomplir un devoir de mémoire grâce à vous M.le Maire et d’autres hommes de conviction.» Sur cette place, construite sur le site du bidonville «La folie», le plus grand de France où s’entassaient plusieurs centaines d’émigrés algériens, le maire de Nanterre, a déclaré que «se souvenir aujourd’hui, c’est aussi faire oeuvre de mémoire et de vérité». Il a rappelé que «Nanterre a pris la responsabilité, en 2003, de poser cette plaque, car de nombreuse victimes de ce crime d’Etat venaient de cette ville». Après l’étape de Nanterre, Benatallah s’est rendu sur le pont de Clichy à la mairie de Clichy-La Garenne où il a été accueilli par le maire, Gilles Gatoire, également conseiller municipal des Hauts-de-Seine, sur fond d’exécution des hymnes nationaux de l’Algérie et de la France. Le secrétaire d’Etat a remercié au nom du gouvernement algérien l’acte ainsi posé qui contribue à la réhabilitation de l’histoire. Il a également adressé, au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la communauté nationale établie en France, «les sentiments les plus profonds de compassion et de solidarité» en ce jour commémoratif. M.Gatoire a loué les perspectives d’établissement d’un «climat de confiance bilatérale» et évoqué «la coopération pour la construction d’un avenir qui s’appuiera sur cette histoire partagée». Une rencontre a réuni Benatallah et des diplomates algériens avec le maire. Le secrétaire d’Etat a ensuite rencontré les membres de l’ancienne Fédération de France du FLN, qui ont appelé à un devoir de «reconnaissance» pour tous les sacrifices consentis durant la guerre de Libération nationale par la communauté émigrée.

    Abdelkrim AMARNI

    Alors que l’Algérie a mis sous le coude la loi criminalisant le colonialisme : Les partisans de la loi du 23 février persistent et signent

    Les anciens de “l’Algérie française” et du courant xénophobe s’apprêtent à installer, demain, la fondation pour la mémoire, prévue par l’article 3 de la loi du 23 février 2005 qui considère le colonialisme comme “une entreprise civilisatrice”.

    La récente annonce faite par le président de l’APN, au sujet de la décision des autorités politiques algériennes de mettre sous le coude le projet de loi portant criminalisation du colonialisme, ne semble pas être mesurée à sa juste portée du côté français. Du moins de la part des anciens de l’Algérie française et du courant xénophobe de l’extrême, qui n’ont visiblement rien perdu de leurs ardeurs nostalgiques pour l’empire perdu. Et pour cause, ils s’apprêtent à installer, demain mardi, la fondation pour la mémoire. Cette fondation est prévue par l’article 3 de la loi scélérate du 23 février 2005 qui considère le colonialisme comme “une entreprise civilisatrice”. Cette fondation qui jouit certainement de la bénédiction du pouvoir élyséen, soucieux de ménager l’électorat lepéniste, suscite néanmoins un tollé auprès d’organisations de la société civile française et d’universitaires qui la dénoncent. C’est le cas de l’historien Gilles Manceron, historien et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, pour qui la mise en place de cette fondation montre que la société française est “à la croisée des chemins”. Cet historien souligne “le paradoxe entre une grande partie de la population française, souvent jeune, qui veut que la vérité soit dite sur la colonisation et une autre fraction de celle-ci, plus âgée, surtout implantée dans le Midi de la France, qui ne veut rien reconnaître ni regarder en face, et reste attachée aux dénégations et aux anciens mensonges”. C’est cette tranche de l’opinion qui a mené à l’occasion du dernier Festival de Cannes une croisade hystérique contre le film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi. C’est encore elle qui avait soutenu l’érection de plusieurs monuments à la gloire de l’Algérie française et des tueurs de l’OAS, insiste cet historien qui rappelle à juste titre que “c’est cette fraction de l’opinion qui a poussé à l’adoption de la loi du 23 février 2005 qui prétendait présenter la colonisation comme positive”. Gilles Maceron déplore aussi le fait que cette fondation, dont le but est de “légitimer les crimes coloniaux” soit contrôlée par “des institutions à la tête desquelles se trouvent des généraux qui persistent dans la justification de l’emploi de la torture par l’armée française en Algérie et dans la négation du mouvement nationaliste algérien”. Cette fondation est en porte-à-faux avec la proposition du président Sarkozy d’avoir un regard apaisé sur le passé colonial, mais elle constitue surtout une torpille au travail conduit par de nombreux universitaires français en collaboration avec leurs collègues algériens pour une réécriture “honnête” de l’Histoire, s’insurge cet historien. Un autre historien, Olivier Le Cour Grandmaison, lui aussi partisan de “laisser l’Histoire aux historiens”, voit dans cette fondation en ce moment précis des desseins électoralistes. “L’offensive de la majorité actuelle (la droite UMP, ndlr) se poursuit sous des formes diverses et se poursuivra sans doute jusqu’en 2012” pour des raisons électoralistes, argumente-t-il. Mettant en relief la “singularité” de la France dans son rapport avec son passé colonial, il explique que la loi “scandaleuse” du 23 février 2005 qui “sanctionnait une interprétation positive, officielle et mensongère de la colonisation française”, n’a “aucun équivalent européen, sinistre exception française” et n’est pas l’épilogue d’une offensive idéologique menée, il y a cinq ans, mais bien le prologue d’un combat en réhabilitation qui n’a jamais cessé depuis. C’est la raison pour laquelle Olivier Le Cour Grandmaison juge “essentiel” que les candidats des gauches parlementaires et radicales présents au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 “prennent clairement position pour l’abrogation de cette législation”. Et ce n’est certainement pas une coïncidence fortuite que la mise en place de cette fondation intervienne aussi deux jours après la commémoration des massacres d’Algériens par la police du préfet Maurice Papon, le 17 octobre 1961 à Paris. D’ailleurs de nombreux chercheurs et des scientifiques ont refusé d’entrer dans son conseil scientifique, estimant qu’au lieu d’être un outil au service de la recherche historique, “elle risque de capter des archives privées dans des conditions difficiles à contrôler, relevant son caractère partial quant au travail sur la mémoire” de la guerre de Libération nationale.

    La lame tranquille

    On découvre, dans les limbes des archives exhumées par les deux auteurs, un Mitterrand, garde des Sceaux, qui, pendant 16 mois, refuse 80% des demandes de grâce des militants algériens et se faisant un sinistre devoir de signer les billets d’exécutions sans broncher.

    La France a mis 53 ans pour découvrir que François Mitterrand était un boucher. Le livre choc de François Malye et de Benjamin Stora déconstruit le mythe d’un Mitterrand qui se révèle sous son véritable visage d’ordonnateur de la guillotine.

    Quarante-cinq martyrs algériens sont passés à l’échafaud par la seule volonté d’un homme qui fut président de la France. On savait Mitterrand pétainiste, machiavélique et ardent défenseur d’une guerre totale contre les Algériens et leur représentant l’ALN. Mais on découvre, dans les limbes des archives exhumées par les deux auteurs, un Mitterrand, garde des Sceaux, qui, pendant 16 mois, refuse 80% des demandes de grâce des militants algériens et se faisant un sinistre devoir de signer les billets d’exécutions sans broncher. Une réalité bien lointaine du Mitterrand qui abolit la peine de mort dès son investiture en 1980 et qui fut, pour cela, célébré comme un chantre des droits de l’homme par les socialistes et le peuple de gauche.

    Si Mitterrand a fait aussi fort que Robespierre, ce livre n’est que le début d’une histoire qui transparaît au compte-gouttes. Pas un mot sur la responsabilité connue de Mitterrand dans l’exécution de Larbi Ben M’hidi, malgré le témoignage accablant d’un Aussaresses renvoyé dans ses foyers sans la légion d’honneur. Enseveli dans la fosse commune de l’histoire le témoignage du juge Bérar qui avait servi de courroie de transmission à l’ordre d’exécution que Mitterrand a signé.

    Cela va sortir. Ce pan de l’histoire doit sortir. À l’horizon 2012, alors que l’Algérie fêtera les 60 ans de son indépendance, Paris prépare également son inventaire de mémoire en fêtant “la colonisation positive”. Celle souhaitée par le duo Sarkozy-Guaino et célébrée par les hordes nostalgiques de l’extrême droite et des harkis. Le mot repentance va refaire surface, au grand dam de Nicolas Sarkozy, et les deux nations vont s’emparer de leurs symboles comme des étendards. Et c’est à celle qui écrira le mieux l’histoire la plus vraisemblable de ses héros. La mémoire de Mitterrand a pris un coup. Son mythe a été écorché, mais Paris ne laissera jamais dire que c’était un assassin de sang-froid. Comme Alger ne pourrait jamais brader le culte d’un Ben M’hidi, un héros d’une flamboyance jamais égalée. La guerre de la mémoire est loin d’être terminée.

    Liberté, 21/10/2010

  • De l’Algérie au Rwanda, la « politique de reconnaissance » d’Emmanuel Macron

    En reconnaissant les responsabilités de la France dans le génocide au Rwanda, le président français a souhaité tourner la page de 27 ans de tensions diplomatiques. Une visite qui s’inscrit dans une démarche visant à confronter le passé, « sans repentance ni déni ». Décryptage. 

    « Je viens reconnaître nos responsabilités ». Jeudi 27 mai, dans la capitale rwandaise, le président Emmanuel Macron prononce un discours historique, reconnaissant officiellement pour la première fois le rôle de la France dans le génocide de 1994, qui a fait quelque 800 000 morts, essentiellement issus de la minorité tutsi. 

    Cette visite officielle, visant à tourner la page des tensions persistantes entre la France et le Rwanda autour de ce chapitre tragique de l’histoire, s’inscrit dans une politique plus large du président de la République, mise en place dès le début du quinquennat, pour « regarder l’histoire en face ». Un exercice périlleux qui suscite tout à la fois de l’admiration et de vives critiques. 

    Travail de longue haleine 

    Si le discours d’Emmanuel Macron a été accueilli très favorablement au Rwanda, la nature de son propos aura suscité peu de surprise. Depuis plusieurs années, le président français travaille d’arrache-pied au rétablissement des relations entre les deux pays. Le 24 mai 2018, il reçoit Paul Kagamé à Paris et promet qu’un travail sera mené sur les archives françaises liées au génocide au Rwanda. Un an plus tard, il concrétise sa promesse avec la mise en place de la commission Duclert qui conclut, dans son rapport remis au président le 6 mars, à de lourdes responsabilités du pouvoir français, tout en excluant la notion de complicité. Le président rwandais salue alors un “grand pas en avant”. Entre temps, la France décrète une journée de commémoration du génocide des Tutsis, le 7 mai. Enfin, en avril, Emmanuel Macron permet la déclassification d’archives françaises sur le génocide.

    Pour Jean Claude Félix-Tchicaya, chercheur à l’Institut de Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), en reconnaissant aujourd’hui le rôle de la France, le président français achève un tournant historique : “Avec ce discours Emmanuel Macron se place en homme du 21e siècle (…) Il fait faire un bond à la France, à l’Afrique et au Rwanda”. 

    Approche “volontariste” 

    Cette politique de reconnaissance, Emmanuel Macron la mène sur de nombreux fronts. En visite à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, le président s’engage à restituer le patrimoine africain dérobé pendant la conquête coloniale. En 2020, la France officialise la restitution de 26 œuvres au Bénin ainsi que d’un sabre historique au Sénégal. 

    Autre axe majeur de cette politique, la colonisation. En 2017, alors qu’il n’est que candidat, Emmanuel macron, en visite en Algérie, qualifie la colonisation de “crime contre l’humanité”. “Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes”, affirmait-t-il alors. Des excuses qui ne seront finalement pas prononcées, l’Élysée y préférant des “actes symboliques”, selon les conclusions du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie demandé par Emmanuel Macron à l’historien Benjamin Stora. « L’excuse n’est pas la question centrale, ce qui compte ce sont les actes concrets, comme la reconnaissance officielle des crimes ou la déclassification d’archives” juge ce dernier, contacté par France 24. 

    “D’autres présidents comme Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou bien François Hollande se sont bien sur exprimés sur la colonisation, mais Emmanuel Macron a multiplié les actions, poursuit l’historien. Il a reconnu la responsabilité de la France dans la disparition de Maurice Audin, il a reconnu l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel et même fait déposer une gerbe au nom de la France à Sétif, à l’occasion des commémorations des massacres du 8 mai 1945. Même s’il reste beaucoup à faire, il faut reconnaître qu’aucun président français n’avait fait cela avant lui. Ses actions montrent qu’il n’est pas prisonnier de cette époque et avance de manière volontariste.” 

    Polémique “racialiste” 

    Si elle est jugée courageuse par certains, la politique de reconnaissance d’Emmanuel Macron est loin de faire l’unanimité. Le 18 avril, lors d’un entretien à la chaîne américaine CBS, le président aborde la question du racisme qui “cause beaucoup de tensions” en France et souligne l’importance d’un “dialogue apaisé et ouvert pour en comprendre les causes et d’une certaine manière déconstruire notre propre histoire”. Une déclaration qui suscite alors de vives réactions, comme celle de Xavier Bertrand, des Républicains, qui dénonce une vision “injuste au regard de ce qu’est la France” et qui va à l’encontre de “l’unité nationale”. 

    À droite, certains détracteurs du président l’accusent de prêter le flanc à de la repentance excessive et de céder à un courant “racialiste”. Un débat stérile selon Benjamin Stora : “c’est un piège politique tendu par l’extrême droite. La question du racisme est bien sur importante, mais il s’agit avant tout de regarder le passé en face. Emmanuel Macron veut s’inscrire dans la lignée du général De Gaulle qui considérait que la décolonisation est la grandeur de la France. Ce qu’il cherche c’est la reconquête du prestige international” analyse l’auteur de « France-Algérie, les passions douloureuses. »

    Engagement insuffisant ? 

    Attaquées par une partie de la droite, les actions d’Emmanuel Macron sont également jugées insuffisantes par certains à gauche. Son absence de discours le 10 mai, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, a ainsi suscité l’agacement de Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux et initiatrice de la loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. “Il est quand même édifiant de constater que le président de la République n’a rien trouvé à dire sur plus de deux siècles de l’Histoire de la France, alors qu’il y a cinq jours il faisait des gammes sur Napoléon Bonaparte”, déclarait-elle alors.

    Enfin la question des excuses et des réparations continue de faire débat. Le 8 mai, alors que l’Algérie commémorait sa première “Journée nationale de la Mémoire”, le gouvernement a fait savoir qu’il était toujours en attente de “la repentance” de la France et “d’indemnisations équitables”. Interrogé, lors de sa visite à Kigali, sur d’éventuelles excuses à l’égard du Rwanda, le président français a jugé que le terme n’était “pas approprié », préférant “donner” la reconnaissance de la responsabilité de la France. Le président rwandais, Paul Kagame, a, pour sa part, salué un discours d’ »immense courage » qui a « plus de valeur que des excuses ». 

    France24, 27 mai 2021

    Etiquettes : France, Afrique, colonisation, Algérie, Rwanda, génocide, reconnaissance, responsabilité, Mémoire,

  • Algérie : L’énigme des fosses communes du 8 mai 1945

    Dans le souvenir du 8-Mai 1945, hommage à nos chouhadas. |

    Bonjour. Voilà arrivé un événement douloureux, et qui sera célébré par tous les Algériens, en particulier les wilayas de l’EST.
    Le 8 mai 45, « la France, pays de liberté, égalité et fraternité, mais surtout démocratie », avait utilisé une répression, qui provoqua l’extermination d’au moins 45.000 civils.

    Pour les autorités coloniales de l’époque, il fallait frapper fort pour dissuader toute nouvelle tentative de révolte…

    Soixante seize ans après les faits, cet épisode sanglant reste gravé dans la mémoire collective et les fosses communes demeurent un thème sur lequel universitaires et historiens se sont penchés pour « déterrer » des victimes exécutées et enterrées sommairement.

    Des moudjahidine et des témoins de ces faits relatent toujours cette ambiance d’apocalypse que la France coloniale avait réservée à des milliers et des milliers d’Algériens qui rêvaient de liberté… Gloire et éternité à nos valeureux martyrs.

    ALLAH YARHAM ECHOUHADAS EL ABRAR. Bonne journée.

    Etiquettes : Algérie, 8 mai 1945, France, colonisation, crimes coloniaux, génocide, mémoire,

  • Algérie-France/ Mémoires du 8 Mai : de l’abjection coloniale à l’impossible repentance

    par Boubakeur Hamidechi

    Au chevet de son histoire tourmentée, l’Algérie a toujours été perçue comme une entité humaine régulièrement exposée aux appétits d’un assujettissement à l’origine de l’affaiblissement chronique de sa souveraineté. Aussi, a-t-elle patienté durant quasiment plusieurs siècles avant de renouer avec l’esprit de la résistance et manifester violemment son refus à la moindre soumission. Une date majeure, après tant de révoltes inabouties, s’imposa au tournant du XXe siècle. Celle du 8 Mai 1945 qui allait inaugurer l’épopée ponctuée par la révolution de novembre 1954 et l’accouchement douloureux d’une indépendance en 1962. Une indiscutable identité nationale allait s’imposer qui lui permet alors de se prévaloir d’une pérennité à toute épreuve n’ayant plus rien à envier à celles parmi les nations les plus célèbres. Autant dire donc qu’un État qui fut capable de ressurgir après des ères d’enfouissement à la marge de l’Histoire devrait, en toutes circonstances, valoriser ses anniversaires afin de les opposer à ceux du vis-à-vis historique, cet « ennemi complémentaire » qu’était la France coloniale comme le qualifia pertinemment l’anthropologue Germaine Tillon.

    En effet, les peuples de France comme ceux de l’Algérie sont, de nos jours encore, soumis à des comparaisons se traduisant parfois dans la similitude des dates à honorer. Une démarche officielle que le calendrier avait sanctifiée mais qui, à ce jour, symbolise deux événements différents. C’est ainsi que la date du 8 Mai 1945 croise deux faits majeurs ayant donné lieu à la plus mortifère confrontation entre deux peuples dont l’un revendiquait la liberté et, pour mieux dire, l’indépendance, alors que l’autre recevait la sienne sans y avoir contribué tout en poussant l’ignominie à priver de toute respectabilité humaine ces indigènes-là. Une date bicéphale venait de naître sur d’horribles charniers tout en faisant des génocidaires du moment des récidivistes à partir de novembre 1954. C’est pourquoi le temps des colonies fut lui aussi frappé du sceau de la négation de « l’autre » et qu’à la suite de cet aveuglement haineux s’ajouta, au fil des ans, l’organisation de la terreur que les milices coloniales entretinrent en collaboration avec l’armée. Ce n’était pas uniquement l’impunité qui fit son entrée mais aussi de nouvelles méthodes pour guerroyer.

    Quelques années de cela, des révélations odieuses eurent lieu à ce sujet sans que cela ait dû modifier quelques arguments moraux chez les dirigeants de l’ex-empire. Du boucher Aussaresses jusqu’aux soldats de plomb qui flinguaient de paisibles bergers et violaient de pubères paysannes cachées dans leurs gourbis, tout cela n’a pas ébranlé la moindre conscience des dirigeants. À l’inverse, la description de ces enfers aiguisa certaines plumes de romanciers qui firent de ces révélations glauques l’éloge de ces « caporaux patriotiques ». Mais alors, pourquoi avait-on simulé la découverte de ces infamantes pratiques alors que ces réalités étaient déjà de notoriété journalistique en leur temps ? Celles, entre autres, des opérations de liquidation durant les événements du 8 Mai 1945 ont été abondamment décrites dans le monumental ouvrage d’André Mandouze consacré à « la question nationale et politique algérienne 1919-1951 ».(1)

    En reprenant quelques rares témoignages, André Mandouze mit l’accent sur le travail d’investigation d’un journaliste de l’époque lorsque celui-ci se décida à la dénonciation. « Jamais, écrivait ce dernier, depuis l’an 1842 et le maréchal de Saint-Arnaud l’Algérie n’avait connu, même aux jours les plus sombres de son histoire, de répression plus féroce contre un peuple sans défense ». Il écrira par la suite ceci : « … Sur les routes, à travers les sentiers, dans les champs, dans les rivières et dans les ravins, ce n’était partout que cadavres entrouverts où s’engouffrait la gueule sanglante des chiens affamés… Çà et là des villages entièrement rasés, éléments d’une humanité primitive fuyant sous les balles meurtrières des civilisés !!! ». C’était donc en ces mots que ce témoin exprimait sa douleur et son indignation.

    Certes, ces crimes foncièrement racistes ne doivent pas se réduire à la barbarie coloniale du 8 Mai. En 1959, ils se sont plutôt industrialisés avec l’apport des méthodes de l’armée. Déjà, à notre date de référence, la très sérieuse revue Les temps modernes révélait les témoignages des torturés indiquant que les exécutions sommaires de leurs malheureux compagnons étaient de parfaits crimes de guerre que rien ne justifiait.

    Or, de cette réalité ancienne, quelques réseaux de moudjahidine eurent l’idée d’exiger de la France une réparation, morale seulement, laquelle était susceptible d’instruire un dossier algérien grâce auquel le principe d’une repentance serait validé. L’initiative avait été aussitôt écartée par l’organisation idoine sur injonction du régime et pour cause, trop de connivences politiciennes étaient hostiles à tout démarchage sur la base de l’éthique. Argumentant sur cet aspect, la parole officielle trouva irréaliste le fait d’exiger pour soi une quelconque repentance, comme si l’Algérie et sa guerre de libération étaient suffisamment habilitées à devenir les dépositaires exclusifs du malheur colonial. Tout au plus, laisse-t-on entendre, l’Algérie aurait dû ou pu se rapprocher d’autres tribunes des nations pour rétablir toutes les vérités historiques, si réellement les précédents dirigeants avaient le souci de la mémoire collective que l’on voulait réhabiliter à présent, nous dit-on. En attendant, c’est de notre propre indigence dans ce domaine que l’Algérie souffre. Hélas, pas une seule idée allant dans le sens actuel et universel des dénonciations raciales et quasi-esclavagistes n’a émergé opportunément chez nous. Se cantonnant dans les laborieuses négociations algéro-françaises, ne s’est-elle pas condamnée à clarifier une suspecte « guerre civile » ? Cette dernière formule est certes troublante par ses connotations, en tout cas c’était ce qu’a toujours laissé entendre l’Élysée tout au long de nos 60 années d’émancipation. C’est dire que même le concept de repentance est réfuté officiellement tout en irritant l’opinion de la rive nord de la « mare » qui nous sépare.

    Certains commentateurs parmi les plus influents ne se révélèrent-ils pas à ce propos d’une remarquable agressivité dans leurs écrits ; eux qui estimèrent il y a quelque temps que l’Algérie transgressait une « certaine bienséance hiérarchique ». En clair, c’était l’empire qui sermonnait les pékins ayant pris du grade grâce à la vieille dame de l’Europe.

    Quand bien même l’on sait que « comparaison n’est jamais raison », ces journalistes en verve ont tout de même pris bien soin de faire le parallèle entre une hésitante préoccupation des dirigeants algériens lorsqu’ils abordent le passif du pays à la suite des méfaits de la colonisation et la manière dont avait été soldée ici une guerre civile sans imposer une quelconque repentance aux terroristes amnistiés. Deux arguments mis en parallèle qui ont fait mouche par la pertinence du raisonnement et surtout ont fait mal à notre dignité nationale.

    Il est vrai que même les célébrations simultanées du 8 Mai 1945 n’ont jamais été des dates en partage entre la France et l’Algérie mais demeurent plutôt des abcès de fixation qu’aucun des deux pays n’a jusque-là crevés.
    B. H.

    (1) André Mandouze, professeur d’université à Alger dans les années 1950 puis doyen de cette institution du supérieur en 1962.

    Le Soir d’Algérie, 08 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, mémoire, colonisation, crimes coloniaux, génocide,

  • Algérie/ Massacres du 8 mai 1945: un « génocide » occulté par le rapport de Benjamin Stora

    ALGER – Le rapport sur la Guerre de libération nationale de l’historien français, Benjamin Stora, a « fait l’impasse » sur les massacres du 8 mai 1945, a déploré l’historien Mohammed Ould si Kaddour El-Korso, qualifiant ce sanglant épisode de « génocide ».

    « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements.

    Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».

    En revanche, fait observer M. El-Korso, le tragique épisode dont a été le théâtre de nombreuses villes algériennes en 1945, a été évoqué uniquement à travers le rappel des déclarations des ambassadeurs français en Algérie, Hubert Colin de Verdière (2005) et Bernard Bajolet (2008). Lesquelles ont été suivies, en 2012, de celle du président François Hollande.

    Pour l’interlocuteur, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ».

    ALGER – Le rapport sur la Guerre de libération nationale de l’historien français, Benjamin Stora, a « fait l’impasse » sur les massacres du 8 mai 1945, a déploré l’historien Mohammed Ould si Kaddour El-Korso, qualifiant ce sanglant épisode de « génocide ».

    « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements.

    Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».

    En revanche, fait observer M. El-Korso, le tragique épisode dont a été le théâtre de nombreuses villes algériennes en 1945, a été évoqué uniquement à travers le rappel des déclarations des ambassadeurs français en Algérie, Hubert Colin de Verdière (2005) et Bernard Bajolet (2008). Lesquelles ont été suivies, en 2012, de celle du président François Hollande.

    Pour l’interlocuteur, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ».

    Et de convier les Algériens à mener « le combat » dans ce sens : « Il s’agit d’une mission à accomplir au quotidien et pas seulement lors des commémorations. Elle nécessite une mobilisation des compétences intellectuelles, des approches pluridisciplinaires, une volonté politique effective mais surtout une démarche politique d’Etat à Etat ».

    APS, 07 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, massacre du 8 mai 1945, génocide,

  • Jeux et enjeux au Moyen-Orient (Edito de l’Expression)

    La reconnaissance du génocide arménien par le président américain Joe Biden a eu l’effet d’une douche glacée en Turquie où certains hauts responsables ont haussé le ton pour, non seulement, la dénoncer, mais aussi appeler à «expulser les troupes US» des bases militaires d’Incirlik, construite en 1951, et Kurejik. Pourtant, le président Erdogan, plus bavard en d’autres circonstances, n’a entrepris aucune charge verbale contre son homologue américain avec lequel il a eu un entretien téléphonique, Biden ayant pris soin de désamorcer la tension avant l’annonce fatidique.

    Le silence du chef de l’Etat turc est d’autant plus justifié que les bases stratégiques à partir desquelles les Etats-Unis quadrillent l’ensemble du Moyen-Orient et une partie de l’Europe centrale ne peuvent leur être soudainement confisquées sans de graves conséquences.

    Ainsi, ces menaces ne sont que de la poudre aux yeux pour une récupération de l’opinion publique turque. Le ministre de la Défense turc Haluci Akar a beau dire qu’Incirlik «est l’une de nos bases aériennes, appartenant aux forces armées turques. C’est une base turque, et sa propriété, ainsi que toutes les installations qui s’y trouvent, appartiennent à la République turque», il y a loin du discours à l’action.

    Aussi spectaculaire que puisse être l’escalade verbale turque, les Américains présents dans ces bases, depuis plus d’un demi-siècle, peuvent dormir tranquilles, le stock d’armes nucléaires B61 entreposé étant à l’abri. Certes, la décision du président Biden a heurté le sentiment national d’une grande partie du peuple turc. D’où la réaction contrainte des dirigeants qui doivent aller dans le même sens que l’indignation populaire, le temps que la tension retombe.

    Même si la question arménienne sert à cimenter l’union de toutes les forces du pays, Erdogan et les dirigeants qui l’entourent savent que la base d’Incirlik a permis aux Etats-Unis de surveiller la présence soviétique, durant la guerre froide, et qu’elle joue un rôle crucial dans toute la région, en tant que base de l’Otan, à une centaine de km de la Syrie. Comme ils savent aussi que, contrairement au cas de l’Union européenne, ils ne disposent d’aucun instrument de rétorsion envers les Etats-Unis, dans le cas, improbable, d’une crise ouverte entre les deux alliés de la force atlantiste, même si Ankara a, quelque peu, brouillé les pistes en se rapprochant de la Russie, à l’heure d’une grande redistribution des cartes dans toute la région.

    L’Expression, 06 mai 2021

    Etiquettes : Turquie, Etats-Unis, Tayyip Erdogan, Arménie, génocide,