Étiquette : grève de la faim

  • Maroc : Maati Monjib en grève de la faim

    Tags : Maati Monjib, grève de la faim, Makhzen,

    Le Docteur Maati Monjib a entamé jeudi une nouvelle grève de la faim pour protester contre la suspension officielle de son poste de professeur d’université. L’historien et universitaire est puni pour ses prises de position justes à l’égard de la politique répressive du Makhzen.

    De sources médiatiques, M. Monjib est victime de :

    – Interdiction de quitter le territoire pour son contrôle médical en relation avec sa cardiopathie

    – Interdiction de séminaire

    – Séquestre de son compte bancaire

    – Séquestre de son véhicule avec interdiction de sa vente pour subvenir aux besoins quotidiens

    – Espionnage et filatures

    – Emprisonnement

    – Interdiction de l’exercice de ses fonctions d’enseignant universitaire

    #Maroc #Maati_Monjib

  • Maroc: Raïssouni n’est plus que l’ombre de lui-même

    Le journaliste Soulaimane Raissouni est prisonnier des oubliettes du roi du Maroc

    Le rédacteur en chef marocain Soulaimane Raissouni n’est plus l’ombre de lui-même après trois mois de grève de la faim. Il a été arrêté après avoir critiqué la gestion de la pandémie de corona.

    Le flamboyant journaliste marocain Soulaimane Raissouni, issu d’une famille d’intellectuels, est connu pour sa plume acérée. Dans ses articles, il n’hésite pas à critiquer le grand pouvoir du roi Mohammed VI et de sa clique corrompue. Mais il y a un an, la critique de l’approche de la pandémie de corona a apparemment été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

    « Il y a plus de personnes arrêtées que de personnes testées pour le virus », avait grondé Raissouni dans un commentaire. Quelques jours plus tard, des policiers en civil sont venus le chercher tôt le matin à son domicile à Casablanca. Depuis lors, il est détenu dans la tristement célèbre prison d’Oukacha, dans la ville portuaire marocaine.

    Des tactiques éprouvées

    Selon les autorités, Raissouni (49 ans) a été arrêté pour avoir tenté de violer un homme gay. Mais les organisations de défense des droits de l’homme soulignent que ces accusations à caractère sexuel sont devenues une tactique éprouvée ces dernières années pour réduire au silence les militants et les journalistes critiques.

    D’abord, un critique est arrêté, suivi d’un lynchage publicitaire par les médias pro-gouvernementaux, puis d’un long procès et d’une lourde peine de prison. Auparavant, Taoufik Bouachrine, fondateur de Akhbar al-Yaoum, le journal dont Raissouni était le rédacteur en chef, a disparu derrière les barreaux pendant des années de la même manière. Et en ce moment, un journaliste d’investigation indépendant qui a publié des articles sur la corruption est également en prison pour viol.

    Autocensure

    Le résultat est un climat étouffant, dans lequel la plupart des journalistes s’autocensurent. Le journal de Raissouni, qui connaissait des problèmes financiers depuis un certain temps, a fait faillite en mars. En raison de son emprisonnement, il n’a pas vu son fils grandir. Et en avril, il a entamé une grève de la faim en signe de protestation. Lorsqu’il a comparu devant le tribunal le 10 juin, il était émacié et déjà incapable de marcher sans soutien.

    Entre-temps, Raissouni a entamé une grève de la faim depuis trois mois et les membres de sa famille craignent pour sa vie. Dans une tentative spectaculaire d’attirer l’attention sur son sort, sa femme Kholoud Mokhtari a récemment posté sur les médias sociaux un linceul blanc qui lui était destiné. Elle a déclaré à l’agence de presse AFP que la dernière fois qu’elle l’a vu, son mari ne pouvait même pas se tenir debout ou tenir une conversation : « Il ressemblait à un cadavre. »

    Trouw, 06/06/2021

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  • Maroc : un journaliste entre la vie et la mort

    Soulaimane Raissouni : un journaliste entre la vie et la mort

    L’ancien rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum, incarcéré depuis un an sans jugement, poursuit depuis deux mois une grève de la faim qui met ses jours en danger. Ce flamboyant éditorialiste, sans complaisance pour la monarchie, nie en bloc les accusations d’« attentat à la pudeur » et de « séquestration », dont il est l’objet. Retour sur cette affaire, par l’Humanité et Mediapart.

    On ne compte plus, depuis un an, ses comparutions, d’audiences renvoyées en demandes de remise en « liberté provisoire » refusées. Il est apparu sur le banc des accusés, ce jeudi 3 juin, méconnaissable, au 57 e jour d’une grève de la faim qui menace aujourd’hui sa vie : la peau sur les os, les traits émaciés, prostré sur sa chaise, incapable de se tenir debout, la tête dodelinante, entouré comme le plus dangereux des criminels par des haut gradés de la police. Soulaimane Raissouni, éditorialiste à la plume libre et acérée, d’une éloquence impitoyable, le dernier, au Maroc, à oser critiquer de front la monarchie, sa corruption, ses penchants tyranniques, l’injustice sociale sur laquelle elle est assise, se débat aujourd’hui dans l’arbitraire, entre la vie et la mort. Le rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum, asphyxié par le régime, contraint de baisser le rideau voilà trois mois, n’est plus que l’ombre de lui-même.

    Reclus à l’isolement depuis plus d’un an, dans sa geôle de la prison d’Oukacha, à Casablanca, il a perdu près de 40 kilos. Sa vie ne tient plus qu’à un fil et sa jeune épouse, Kholoud, prépare déjà son deuil. Dans un geste désespéré, un cri de révolte contre l’indifférence, elle a posté sur les réseaux sociaux, la semaine dernière, l’image du linceul blanc qu’elle destine à son époux. Soulaimane Raissouni n’aura pas vu grandir leur fils, aujourd’hui âgé de 18 mois. La vie de ce talentueux journaliste a basculé le 22 mai 2020, lorsqu’une escouade de policiers en tenue civile l’ont brutalement appréhendé à l’aube, à son domicile de Casablanca. Sans convocation officielle, ni mandat, sous l’œil de caméras, prévenues pour l’occasion. Il a dû attendre plusieurs jours avant que lui soient notifiées les charges pesant sur lui : attentat à la pudeur et séquestration. Quelques jours plus tôt, la justice s’était saisie des accusations lancées le 14 mai sur le réseau social Facebook par un militant des droits des personnes LGBT. Ce dernier, qui s’exprimait sous le pseudonyme d’Adam Muhammed, affirmait avoir subi « une tentative de viol en 2018 » au domicile du journaliste, sans le nommer. Soulaimane Raissouni nie en bloc ces accusations. Un témoin corrobore sa version : l’employée de maison, présente ce jour-là.

    Les avocats de la défense ont maintes fois demandé au juge d’instruction de l’auditionner. Refus catégorique. Le jeune militant LGBT n’a déposé plainte qu’après l’interpellation du journaliste, annoncée en amont à coups de clairon, selon un procédé bien rodé, par les auxiliaires médiatiques du régime. Dès le 20 mai, le site Barlamane, relais des services de renseignements, annonçait « un scandale honteux », exigeant que le journaliste, qualifié de « déséquilibré » soit traduit en justice. « On se demande ce que vous attendez pour ouvrir une enquête », lisait-on dans ses colonnes, à l’attention du ministère public. « Petite Soulaiminette, c’est l’avant-dernier avertissement avant de te détruire ! », menaçait, trois jours auparavant, le site Internet Chouf TV, véritable organe du régime et de ses basses œuvres, en promettant le « sacrifice » de l’éditorialiste pour l’Aïd el-Fitr, la grande fête de fin du ramadan qui avait lieu, cette année-là, le 24 mai. Promesse tenue… Ces médias connus pour manier la diffamation sur ordre vilipendaient Raissouni depuis des mois. En cause ? Ses éditoriaux au vitriol, n’épargnant ni le roi, ni sa garde rapprochée, ni le tout-puissant chef des services de sécurité, Abdellatif Hammouchi, visé en France par des plaintes pour torture, et dont la convocation par la justice française lors de l’un de ses séjours parisiens avait déclenché, en 2014, une tempête diplomatique entre Paris et Rabat. En cause, encore, ses prises de position en faveur du journaliste Omar Radi, poursuivi pour « espionnage » et « atteinte à la sûreté de l’État » après le scandale suscité par les révélations d’Amnesty international sur l’usage par les autorités marocaines du logiciel espion israélien Pégasus pour le surveiller – plus tard accusé de viol à son tour ( lire notre enquête sur l’affaire Omar Radi).

    En cause, enfin, son soutien sans faille à sa nièce, Hajar Raissouni, 29 ans, elle-même talentueuse journaliste d’ Akhbar al Youm. La jeune femme avait été condamnée, le 30 septembre 2019, sur la base de rapports médicaux truqués, à un an de prison ferme pour « avortement illégal, relations sexuelles illégales, débauche », après son interpellation à la sortie d’une consultation de gynécologie. Devant le tollé suscité au Maroc et à l’étranger par cette incarcération, Hajar Raissouni avait finalement été libérée le 16 octobre, en vertu d’une grâce royale. Cette « stratégie sexuelle » pour démolir les opposants, des journalistes et réduire au silence les voix critiques avait déjà fait tomber une figure d’ Akhbar al Yaoum, son directeur, Taoufik Bouachrine, condamné un an plus tôt à douze ans de prison, au terme d’un procès jugé « inéquitable » par le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, pour « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Peine alourdie en appel à quinze ans de prison ferme. Dans le dossier Bouachrine, sur les quinze plaignantes initialement recensées par la presse marocaine, huit avaient finalement manifesté le refus de témoigner contre lui, ou s’étaient ouvertement rétractées. L’une d’entre elles, Afaf Bernani, avait même été condamnée pour cela : « falsification de procès-verbal », six mois de prison ferme.

    Depuis son exil, elle exhorte aujourd’hui le régime marocain à « cesser d’utiliser les allégations d’agression sexuelle pour réduire au silence les opposants ». Lors du procès à huis clos, qui s’était étiré sur plusieurs mois, d’autres témoins, revenus sur leurs déclarations, avaient fini derrière les barreaux. Des mandats d’amener avaient dû être délivrés pour contraindre certaines plaignantes à se présenter à la barre. Une femme présentée comme une « victime » de Bouachrine, refusant de se présenter au tribunal, avait été retrouvée cachée, terrorisée, dans la voiture d’un témoin… Dans l’affaire Raissouni, les enquêteurs n’ont pas ménagé leur peine pour tenter de collecter d’autres plaintes et mettre en scène une accumulation propre à transformer l’éditorialiste en prédateur sexuel. En vain. Le plaignant lui-même, devant le calvaire du journaliste, répète aujourd’hui être attaché au « droit à la vie » et ses avocats ne s’opposent pas à ce que Raissouni comparaisse libre. Lors de l’audience du jeudi 3 juin, le juge est resté sourd à ces appels : il a estimé que l’incarcération de Raissouni, « en bonne santé » selon lui, pouvait se prolonger. L’expertise médicale demandée par la défense a été rejetée.

    La Patrie News, 07 juin 2021

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  • Maroc: le journaliste Omar Radi suspend sa grève de la faim

    Le journaliste marocain engagé dans la défense des droits humains Omar Radi, en détention préventive depuis neuf mois, a suspendu vendredi sa grève de la faim entamée il y a 21 jours pour des raisons de santé, a annoncé sa famille.

    Ce journaliste de 34 ans est poursuivi pour avoir reçu des « financements étrangers », « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « viol » pour deux affaires différentes. Son procès a été renvoyé à deux reprises, la prochaine audience est prévue le 18 mai.

    Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim », à cause de « la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a écrit vendredi son père Driss Radi sur sa page Facebook.

    Le militant avait entamé son mouvement dans l’espoir d’obtenir sa remise en liberté provisoire, après plusieurs refus de la justice marocaine.

    Malgré la suspension de sa grève de la faim, Omar Radi « continue de défendre son droit constitutionnel à un procès équitable et à des poursuites en état de liberté », a souligné son père.

    Un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, en détention depuis onze mois et en grève de la faim depuis 23 jours, avec les mêmes revendications que M. Radi, poursuit pour sa part son mouvement.

    Ce rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum –qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières– est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT.

    La prochaine audience de son procès, déjà renvoyé trois fois, est également fixée au 18 mai.

    La justice marocaine a refusé à plusieurs reprises la liberté provisoire des deux journalistes, poursuivis dans des affaires distinctes mais toutes deux liées, selon leurs soutiens, à leurs publications critiques.

    Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».

    Les deux plaignants à l’origine des poursuites pour agression sexuelle les visant nient toute « instrumentalisation ». Les autorités marocaines, elles, mettent toujours en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.

    France24, 30 avr 2021

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