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  • Algérie: L’offensive de 1955 a favorisé l’indépendance du Maroc

    Algérie: L’offensive de 1955 a favorisé l’indépendance du Maroc

    Tags : Maroc, Algérie, guerre de libération, FLN, Révolution du 1er Novembre,

    Président Bouteflika: l’offensive du 20 août 1955 a favorisé une solution politique entre les gouvernements français et marocain

    SKIKDA, 20 août 2014 (APS) – Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné mercredi que l’offensive du 20 août 1955 a favorisé l’apparition des prémices d’une solution politique entre les gouvernements français et marocain mettant fin à l’exil du Roi du Maroc Mohammed V et sa famille à Madagascar.

    Dans un message adressé à l’occasion de la journée nationale du Moudjahid, lu en son nom par le conseiller auprès de la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, le président Bouteflika a rappelé l’impact « profond » des opérations d’envergure menées par le martyr Zighoud Youcef dans le Nord Constantinois à l’intérieur et à l’extérieur du pays « en brisant l’étau imposé par les forces coloniales aux régions des Aurès et de la Kabylie laissant apparaître les prémices d’une solution politique entre le gouvernement français et le Royaume du Maroc, mettant fin à l’exil du Roi du Maroc et sa famille à Madagascar ».

    « La date du 20 août, gage de fraternité et de solidarité entre les peuples marocain et algérien et date commune aux deux peuples, illustre la communauté de destin en toutes circonstances et nous appelle à ne pas faire cas des futilités des jours ordinaires, qui tentent de nous faire oublier cet idéal et nous amènent à confondre entre les constantes et les variables », a ajouté le chef de l’Etat.

    « L’expérience en matière de militantisme acquise par les pionniers du mouvement national et la solidarité des Algériens avec les résistants en Tunisie et au Maroc, a généré inévitablement une prise de conscience quant à une impérieuse libération qui a englobé, de par sa profondeur et sa dimension, l’ensemble de la région maghrébine », a souligné le Président Bouteflika.

    Le chef de l’Etat a en outre indiqué que « le choix de la date de l’offensive du 20 août 1955 portait en lui une expression de solidarité particulièrement avec le peuple marocain frère à l’occasion du 2e anniversaire de l’exil du Roi Moudjahid Mohammed V, puisse Dieu lui accorder Sa Miséricorde ».

    « Ainsi, le 20 août 1955, les unités de l’Armée de libération nationale (ALN) lanceront une offensive dans la région du Nord Constantinois qui allait démentir, de manière irréfutable, toutes les allégations qui semaient le doute autour des capacités de la révolution et de l’indépendance de ses décisions », a ajouté le Président Bouteflika.

    « De par les acquis réalisés en faveur de la révolution au double plan national et international, l’offensive a répercuté le sentiment de doute et de suspicion dans les rangs de l’ennemi dont la confiance a été vivement ébranlée. Il s’en est alors allé renforcer sa machine de répression en mobilisant toutes ses capacités militaires, politiques et de propagande, en intensifiant sa présence sur le terrain, feignant une victoire imminente sur ceux qu’il qualifiait de hors-la-loi », a rappelé le chef de l’Etat. (APS)

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    Les offensives du 20 août 1955 ont renforcé la détermination des Algériens à étreindre la révolution

    SKIKDA, 20 août 2014 (APS) – Le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, a indiqué, mercredi à Skikda, que les victoires de terrain réalisées par les offensives du 20 août 1955 ont renforcé la détermination des Algériens à rejoindre la glorieuse Révolution de novembre.

    Dans une allocution prononcée à l’occasion des festivités officielles commémorant la Journée nationale du moudjahid, en présence d’une délégation d’anciens résistants et anciens membres de l’Armée de libération du Maroc, M.Abadou a souligné que ces évènements ont constitué un « tournant décisif pour la révolution armée », suivis une année après, jour pour jour, par la tenue du Congrès de la Soummam qui a « renforcé le processus révolutionnaire et réaffirmé l’objectif de l’indépendance. »

    Le SG de l’ONM a rappelé le combat commun des peuples algérien et marocain qui favorise leur rapprochement, avant de lancer un appel aux peuples du monde pour soutenir le peuple palestinien victime de l’agression barbare israélienne.

    De son côté, le président de la délégation marocaine, Mustapha El Ketiri, a mis l’accent sur la mémoire historique commune aux deux peuples voisins qui, a-t-il noté, fonde « un nouvel éveil ressourcé dans ce militantisme commun et dans les principes nobles du combat des aïeuls ».

    Cette mémoire commune « doit être entretenue et transmise aux générations futures pour renforcer chez eux l’esprit nationaliste et l’esprit de l’Union maghrébine », a estimé M. El Ketiri dans son intervention prononcée en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, du conseiller à la présidence de la République Mohamed Ali Boughazi, et des SG de l’ONM, de l’Organisation des enfants de chouhada et de l’Association nationale des grands invalides de la guerre de libération nationale, ainsi que de plusieurs moudjahidine et citoyens.

    Le président de la délégation marocaine a également invité les chercheurs et écrivains à échanger leur savoir sur l’histoire de ce combat commun à l’Algérie et au Maroc et l’enrichir par des travaux de recherche.

    La délégation ministérielle s’est rendue au cimetière des martyrs de la commune de Ramdane Djamel où elle s’est recueillie à la mémoire des chouhada, avant de se rendre sur le site historique élevé au stade « 20 août 1955 » où est conservé un bulldozer qui avait été utilisé pour ensevelir les victimes des massacres perpétrés le 20 août 1955 par les forces de l’occupation.

    Devant la stèle commémorative érigée sur la place des chouhada, au centre-ville de Skikda, la délégation a assisté à la levée du drapeau et écouté l’hymne national avant de déposer une gerbe de fleurs au carré des martyrs.(APS)

    #Algérie #Maroc #FLN #Guerre_de_libération #Révolution_1er_novembre

  • L’Algérie, une histoire millénaire dans la résistance: 1830/1962

    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, guerre de libération,

    Professeur des universités, expert international docteur d’ Etat 1974- Abderrahmane MEBTOUL Fils du feu Moudjahid Ali emprisonné à El Harrach et Lambèse 1958/1962

    La jeunesse a besoin de connaître son histoire, très riche, qui ne saurait se limiter à la période contemporaine de 1963 à 2022. L’histoire, fondement de la connaissance et de l’action future, une nation sans son histoire étant une nation sans âme. L’histoire de l’Algérie est une histoire millénaire devant remonter de la période des Numides à la période romaine, du kharidjisme et de la période de la dynastie des Almohades en passant par la période de l’occupation espagnole et ottomane (voir A. Mebtoul google.com 2010). Cette présente contribution, certainement imparfaite comme toute recherche à approfondir, en espérant qu’elle suscitera un débat contradictoire au profit exclusif de l’Algérie, sera scindée en deux parties: de la colonisation française au du nationalisme algérien à la révolution du 1er novembre 1954 pour aboutir à l’indépendance de l’Algérie le 5 novembre 1962.

    1.-De .la colonisation française au nationalisme algérien

    La conquête de l’Algérie de 1830 à 1871 par la France marque la fin de la domination ottomane et le début de la domination française. Il semblerait, peut être un prétexte, que tout aurait commencé par la fameuse affaire de l’éventail. Le 30 avril 1827 à Alger, le Dey soufflette avec son éventail le Consul de France, Deval. L’épisode entraîne la rupture diplomatique avec la France. Le Conseil des ministres français décide d’organiser une expédition punitive en Algérie le 31 janvier 1830. D’abord nommés «possessions françaises dans le Nord de l’Afrique», ces territoires prendront officiellement le nom d’Algérie, le 14 octobre 1839. La population algérienne est estimée à 3 millions d’habitants avant la conquête française de 1830.

    Selon l’ouvrage «Coloniser, exterminer» de l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, je cite : «Le bilan de la guerre, presque ininterrompue entre 1830/1872 souligne son extrême violence ; il permet de prendre la mesure des massacres et des ravages commis par l’armée d’Afrique. En l’espace de quarante-deux ans, la population globale de l’Algérie est en effet passée de 3 millions d’habitants environ à 2 125 000 selon certaines estimations, soit une perte de 875 000 personnes, civiles pour l’essentiel. Le déclin démographique de l’élément arabe était considéré comme bénéfique sur le plan social et politique, car il réduisait avantageusement le déséquilibre numérique entre les indigènes et les colons».

    Plusieurs observateurs s’accordent à dire que la conquête de l’Algérie a causé la disparition de presque un tiers de la population algérienne. Guy de Maupassant écrivait dans «Au Soleil en 1884», je le cite : «Il est certain aussi que la population primitive disparaîtra peu à peu ; il est indubitable que cette disparition sera fort utile à l’Algérie, mais il est révoltant qu’elle ait lieu dans les conditions où elle s’accomplit». Nous pouvons scinder cette période historique en plusieurs phases.

    Sous Louis Philippe 1er de 1830 à 1848, l’Emir Abdelkader figure charismatique, fondateur de l’Etat algérien selon certains historiens, résiste pendant de longues années à l’occupation coloniale. Il attaque des tribus alliées de la France et bat le général Trézel dans les marais de la Makta près de son fief de Mascara dans l’Ouest algérien. Il encercle la ville voisine d’Oran pendant 40 jours. Arrivé en renfort de métropole, le général Bugeaud inflige une défaite à Abdelkader. Le traité de Tafna est signé, le 30 mai 1837 entre le général Bugeaud et l’Émir qui reconnaît la souveraineté de la France. En échange de pouvoirs étendus sur les provinces de Koléa, Médéa et Tlemcen, il peut conserver 59 000 hommes en armes. L’armée française passe, en septembre 1839, les Portes de fer dans la chaîne des Bibans territoire que l’émir comptait annexer.

    L’Emir Abdelkader, considérant qu’il s’agit d’une rupture du traité de Tafna, reprend la guerre contre la France le 16 mai 1843. Le 14 août 1844 le général Bugeaud écrase l’armée du sultan marocain à la bataille d’Isly. L’armée marocaine se replie en direction de Taza. Le sultan s’engage alors à interdire son territoire à Abdelkader, en traitant avec la France. Le 23 septembre, les troupes d’Abdelkader sortent victorieuses lors de la bataille de Sidi Brahim, engagée par le colonel Montagnac. En décembre 1847 , l’Emir Abdelkader se rend aux spahis (nomades des régions steppiques de l’Algérie). Placé en résidence surveillée pendant quatre ans en France, l’émir fut libéré par Napoléon III, visita plusieurs villes de la métropole avant de rejoindre Damas et résida le restant de sa vie en Syrie.

    Le 11 décembre 1848, la Constitution de 1848 proclame l’Algérie partie intégrante du territoire français. Bône, (Annaba actuellement) Oran, Alger deviennent les préfectures de trois départements français. Les musulmans et juifs d’Algérie deviennent «sujets français» sous le régime de l’indigénat. Le territoire de l’ex-Régence d’Alger est donc officiellement annexé par la France, mais la région de la Kabylie qui ne reconnaît pas l’autorité française résiste encore. L’armée française contrôle alors tout le nord-ouest de l’Algérie.

    Les succès remportés par l’armée française sur la résistance d’Abd el-Kader, renforcent la confiance française, et permettent de décréter, après débats, la conquête de la Kabylie qui devait intervenir à l’issue de la guerre de Crimée (1853-1856) et qui a mobilisé une partie des troupes françaises. C’est à cette époque que Fatma N’soumer la femme rebelle marqua une grande résistance. Née en 1830, l’année même de l’occupation française d’Algérie, en 1853, elle avait 23 ans dans son Djurjura natal. Elle est arrêtée le 27 juillet 1857 dans le village de Takhliit Ath Atsou près de Tirourda. Placée, ensuite, en résidence surveillée à Béni Slimane, elle y meurt en 1863, à l’âge de trente-trois ans, éprouvée par son incarcération.

    En mars 1871, profitant de l’affaiblissement du pouvoir colonial à la suite de la défaite française lors de la guerre franco-prussienne (1870-1871), une partie de la Kabylie se soulève, favorisée par plusieurs années de sécheresse et de fléaux. Elle débute au mois de janvier avec l’affaire des Spahis et en mars avec l’entrée en dissidence de Mohamed El Mokrani qui fait appel au Cheikh El Haddad, le grand maître de la confrérie des Rahmaniya. La révolte échoue et une répression est organisée par les Français pour «pacifier» la Kabylie, avec des déportations. À la suite d’un ordre qui a été donné par l’armée de les envoyer en France, les Spahis se soulèvent fin janvier 1871 à Moudjebeur et à Ain-Guettar dans l’Est algérien à la frontière avec la Tunisie. Le mouvement est rapidement réprimé. Dès lors, le seul moyen de prévenir les révoltes, c’est d’introduire une population européenne nombreuse, de la grouper sur les routes et les lignes stratégiques de façon à morceler le territoire en zones qui ne pourront pas, à un moment donné, se rejoindre. La loi du 21 juin 1871 (révisée par les décrets des 15 juillet 1874 et 30 septembre 1878) attribue 100 000 hectares de terres en Algérie aux immigrants d’Alsace-Lorraine.

    De 1871 à 1898 les colons acquièrent 1 000 000 d’hectares, alors que de 1830 à 1870 ils en avaient acquis 481 000. Le 26 juillet 1873 est promulguée la loi Warnier, visant à franciser les terres algériennes et à délivrer aux indigènes des titres de propriété. Cette loi donne lieu à divers abus et une nouvelle loi la complétera en 1887. Son application sera suspendue en 1890. Le Code de l’Indigénat est adopté le 28 juin 1881 distinguant deux catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, c’est-à-dire les Africains noirs, les Malgaches, les Algériens, les Antillais, les Mélanésiens. Le Code était assorti de toutes sortes d’interdictions dont les délits étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation. Après la loi du 7 mai 1946 abolissant le Code de l’indigénat, les autochtones sont autorisés à circuler librement, de jour comme de nuit, et récupérer le droit de résider où ils voulaient et de travailler librement. Cependant, les autorités françaises réussirent à faire perdurer le Code de l’indigénat en Algérie jusqu’à l’indépendance en maintenant le statut musulman et en appliquant par exemple le principe de responsabilité collective qui consistait à punir tout un village pour l’infraction d’un seul de ses membres. L’Algérie possède un nouveau statut en 1900 : elle bénéficie d’un budget spécial, d’un gouverneur général qui détient tous les pouvoirs civils et militaires.

    Après une longue lutte de l’Emir Abdelkader considéré comme le précurseur de la fondation de l’Etat algérien, Messali Hadj dès 1927 réclame l’indépendance de l’Algérie ayant été le fondateur du Parti du peuple algérien (PPA). Cependant, bien que la résistance ait toujours existé depuis toutes les invasions, ce sont les guerres mondiales qui permirent une prise de conscience plus forte de l’injustice qui frappait la majorité des Algériens souvent analphabètes et travaillant à des salaires de misère. Pour faire face aux pertes humaines de la Grande Guerre, la France mobilisa les habitants des départements français d’Algérie: musulmans, juifs et Européens.73.000 mobilisés dans la population française, et 176. 000 dans la population «indigène». Le 08 mai 1945 alors que la Seconde Guerre mondiale prend fin en Europe, en Algérie, des manifestations nationalistes algériennes sont réprimées par l’armée française à Sétif et Guelma,, selon la source algérienne 45000 morts.

    Suite au Manifeste du peuple algérien de Ferhat Abbas en 1943, les élections législatives de 1946 sont un succès pour l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA). Son parti remporte onze des treize sièges réservés à l’Algérie à l’Assemblée nationale. La loi sur le statut de l’Algérie est promulguée en septembre 1947: l’Algérie reste composée de trois départements et le pouvoir est représenté par un gouverneur général nommé par le gouvernement français. En 1948 trente-six des 59 candidats du MLTD sont arrêtés. Il est utile de préciser qu’au début du XXe siècle, plusieurs leaders algériens revendiquent le droit à l’égalité ou à l’indépendance. La plupart des figures du Mouvement national algérien vont être surveillées de près par les services policiers français, d’autres seront exilées vers d’autres pays comme l’a été l’émir Khaled El Hassani Ben El Hachemi en Égypte puis en Syrie. Nous avons des figures et sans être exhaustif, Messali Hadj, Malek Bennabi, Mohamed Hamouda Bensai, Ben Badis, Mohamed Bachir El Brahimi, Larbi Tebessi, Ferhat Abbas, Omar Ouzeggane qui ont posé le problème de l’indépendance de l’Algérie avec des approches différentes.

    2.-De la révolution 1954-1962 à l’indépendance politique

    Le CRUA est fondé en mars 1954 et organise la lutte armée. Le parti du Mouvement national algérien est fondé en juillet 1954 par les messalistes. Le Front de Libération nationale FLN lui succède en octobre 1954 par la branche du CRUA (Comité révolutionnaire d’unité et d’action). Par la suite, existera une divergence entre la tendance de Messali Hadj et celle du FLN, suite à l’échec de la médiation de Ben Boulaïd, ce qui entraînera par la suite des luttes fratricides. Le déclenchement de la révolution algérienne a été décidé dans la casbah d’Alger et à Batna sous la présidence de Mostefa Ben Boulaïd dans la réunion des 22 cadres du Comité révolutionnaire d’unité et d’action CRUA). Il s’agit de Badji Mokhtar- Belouizdad Athmane- Benboulaïd Mustapha- Benabdelmalek Ramdane- Benaouada Amar- Ben M’hidi Larbi- Bentobbal Lakhdar- Bitat Rabah- Bouadjadj Zoubir- Bouali Saïd- Bouchaïb Ahmed- Boudiaf Mohamed- Boussouf Abdelhafid- Derriche Elias- Didouche Mourad- Habachi Abdesslam- Lamoudi Abdelkader- Mechati Mohamed- Mellah Rachid- Merzougui Mohamed- Souidani Boudjema-Zighoud Youcef.

    L’une des décisions stratégiques du groupe est la mise en place d’un découpage territorial du pays en cinq zones coiffées par Mostefa Benboulaïd pour la zone 1, Didouche Mourad pour la 2, Krim Belkacem pour la 3 – Rabah Bitat pour la 4 et Larbi Ben M’hidi pour la 5, Mohamed Boudiaf assurant la coordination et les relations avec l’extérieur. La déclaration du 1er novembre 1954 est émise à partir de Tunis . Dans la nuit du 1er novembre 1954, la caserne de la ville de Batna est attaquée par les moudjahidine. Et c’est la guerre. Environ 100 000 soldats français sont affectés dans les Aurès et plus tard ils seront plus de 400 000 en Algérie. Le massacre de Skikda (ex-Philippeville) la mort d’une centaine de manifestants algériens, eut lieu du 20 au 26 du mois d’août 1955. La même année, à l’Assemblée générale de l’O.N.U, l’inscription de l’affaire algérienne est à l’ordre du jour. Le Congrès de la Soummam organisé par Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, et Krim Belkacem le 26 août 1956 aux villages Ighbane et Ifri dans la commune d’Ouzellaguen (Kabylie) a été déterminant et a été l’acte fondateur de l’Etat algérien moderne et pilier déterminant pour la réussite de la révolution algérienne.

    Après le congrès de la Soummam, l’Algérie a été divisée en six wilayas ou états-majors. Une wilaya est divisée en quatre zones. Chaque zone est divisée en quatre régions. La région est divisée en quatre secteurs. Le Conseil national de la révolution algérienne CNRA désigné par le congrès de la Soummam se composait de 34 membres: 17 titulaires et 17 suppléants. Pour les titulaires, nous avons Mostefa Ben Boulaïd, Youcef Zighoud, Belkacem Krim, Amar Ouamrane, Med Larbi Ben M’hidi- Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf, Ramdane Abane -Ahmed Ben Bella, Mohammed Khider, Hocine Aït Ahmed, Med Lamine Debbaghine, Idir Aïssat, Ferhat Abbas, M’hamed Yazid, Benyoucef Ben Khedda, Taoufik El Madani. Après la condamnation de Larbi Ben M’hidi et le déroulement du congrès de la Soummam, le FLN intègre les dirigeants du Mouvement national algérien (MNA).

    Plusieurs partis algériens adhèrent à la cause du FLN. Les Aurès, le Constantinois, l’Ouest de l’Algérie, la Kabylie, et. seront les zones les plus sensibles du point de vue stratégique et logistique. Les deux pays(le Maroc et la Tunisie) sont sous protectorat français mais aideront le FLN. Ils hébergent les deux armées de l’ALN aux frontières. Cependant, l’histoire se précipite. La délégation des principaux dirigeants du FLN Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Ait Ahmed, Mohamed Boudiaf, et Ahmed Ben Bella est arrêtée, à la suite du détournement, le 22 octobre 1956 par l’armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat et Tunis. En 1959, Messali Hadj sort de prison, il est assigné à résidence.

    Durant cette période, des Algériens de l’armée française désertent, venant grossir les rangs de l’ALN dont certains seront connus au lendemain de l’indépendance politique et qui ont contribué à la modernisation de l’ANP, contrairement à certaines supputations de véritables patriotes, comme Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Mohamed Touati, Mohamed Lamari, Abbas Gheziel, Abdelmalek Guenaïzia etc… Les étudiants algériens s’impliquent. Après la création de l’UGEMA, en 1955, par Belaïd Abdesselam, Mohamed Seddik Benyahia, Lamine Khène, et Aït Challal, la section locale de Montpellier élit à sa tête Mohamed Khemisti (futur ministre des Affaires étrangères qui fut assassiné durant la période Ben Bella). Des intellectuels français vont aider le FLN comme Maurice Audin qui fut torturé et tué par les services français.

    Frantz Fanon s’engage auprès de la résistance algérienne. Albert Camus, natif d’Algérie, fut un défenseur des droits des Algériens, dans les années 1940, avant de refuser de prendre position pour l’indépendance avec cette phrase célèbre prononcée à Stockholm en 1957: «Si j’avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais encore ma mère». Dès 1956, Jean-Paul Sartre, et la revue Les Temps modernes prennent parti contre l’idée d’une Algérie française et soutiennent le désir d’indépendance du peuple algérien. La découverte de pétrole dans le Sud algérien favorise les convoitises et ainsi est annoncé le plan de développement économique et social dit Plan de Constantine visant à la valorisation de l’ensemble des ressources de l’Algérie, mettant en relief les relations financières entre l’Algérie et la métropole (juin 1955) et les perspectives décennales du développement économique de l’Algérie (mars 1958).

    En 1960, l’ONU annonce le droit à l’autodétermination du peuple algérien. Le côté français organise des pourparlers avec le gouvernement provisoire algérien Plusieurs réunions à l’extérieur du pays vont aboutir aux accords d’Evian. Le 17 octobre 1961, la nuit noire appelée aussi la bataille de Paris avec le massacre du 17 octobre 1961. Plusieurs Algériens sont tués en métropole lors d’une manifestation du FLN. Il y aura aussi des milliers d’arrestations au sein des Algériens. Le tournant a été les accords d’Evian qui sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Front de Libération nationale, accords signés le 18 mars 1962 à Evian -les- Bains (Haute- Savoie) et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien.

    Du côté algérien, nous avons la délégation du FLN, Krim Belkacem, Saâd Dahlab, Benmostefa Benaouda dit Si-Aamar, Lakhder Bentobbal, Taïeb Boulahrouf, Mohamed Seddik Benyahia, Seghir Mostefaï, Redha Malek, M’hamed Yazid, Ahmed Boumendjel et Ahmed Francis. Côté français, il y avait Louis Joxe, Bernard Tricot, Roland Cadet, Yves Roland-Billecart, Claude Chayet, Bruno de Leusse, Vincent Labouret, le général Jean Simon, le lieutenant- colonel Hubert de Seguins Pazzis, Robert Buron et Jean de Broglie. Dans la foulée, le CNRA se réunit à Tripoli (Libye) du 27 mai au 5 juin 1962 pour, en principe, entériner les termes des accords d’Evian. L’ordre du jour est rapidement débordé et la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet -Tunisie.

    Ce document que l’histoire retient sous le nom de programme ou parfois Charte de Tripoli, caractérisé par bon nombre de dissensions internes au sein de la direction, certains acteurs affirmant qu’il n’a jamais été adopté, établit pourtant le régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme système politique. Rappelons que de septembre 1958 à janvier 1960, Ferhat Abbas a été président du GPRA, Benyoucef Benkhedda d’août 1961 à aout 1962, Abderrahmane Farés de juillet 1962 à septembre 1962, président de l’Exécutif provisoire et à nouveau Ferhat Abbas du 20 septembre au 25 septembre 1962 président de ‘l’Assemblée nationale constituante ANC. Lors du référendum d’autodétermination de l’Algérie où les électeurs ont eu à se prononcer par «Oui» ou par «Non» sur la question suivante: «Voulez- vous que l’Algérie devienne un Etat indépendant, Le ‘’Oui » l’emporte par 99,72% (5 994 000 sur 6 034 000 votants et 530 000 abstentions). La France reconnaît l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet et celle- ci est proclamée le 5 juillet 1962.

    #Algérie #1ernovembre #Colonisation

  • Il est temps de créer un triangle mémoriel Paris-Alger-Berlin

    Il est temps de créer un triangle mémoriel Paris-Alger-Berlin

    Algérie, France, colonisation, Allemagne, guerre de libération,

    Claus Leggewie

    L’Allemagne a aussi joué son rôle dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, rappelle l’historien Claus Leggewie dans une tribune pour ‘Le Monde’.

    En juillet 1962, le chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967) et le président français Charles de Gaulle (1890-1970) célèbrent la réconciliation franco-allemande dans le lieu ultra-symbolique de la cathédrale de Reims. Quelques jours plus tôt, l’Algérie avait déclaré son indépendance de la France après 132 ans de domination coloniale. Une petite foule de « porteurs de valises » allemands – des Français qui soutenaient les Algériens en transportant de l’argent ou des informations pendant la guerre – y avaient également contribué.

    Ses dirigeants s’étaient réfugiés dans les ambassades du Maroc et de la Tunisie, pays du Maghreb déjà indépendants, et le chancelier Adenauer était bien conscient de la coopération clandestine entre Algériens et Allemands – impliquant des étudiants, des syndicalistes, des intellectuels, des chrétiens et des politiciens.

    Un des motifs de la guerre d’indépendance

    Le ministère des Affaires étrangères à Bonn a immédiatement approuvé ce germe de coopération avec l’Afrique post-coloniale. Miraculeusement, cela n’a pas gêné la réconciliation franco-allemande. L’Allemagne, qui a dû retrouver sa place dans la communauté des nations après 1945, a joué un (petit) rôle dans l’indépendance de l’Algérie.

    Les trois pays ont encore plus en commun, mais aujourd’hui l’Algérie ne joue pratiquement aucun rôle dans la politique étrangère allemande, les relations économiques restent bien en deçà de leur potentiel, aucun correspondant d’un grand média allemand ne réside à Alger, les échanges culturels et scientifiques sont minimes et seuls quelques touristes errent dans le pays.

    Le partenaire privilégié est le Maroc. La Tunisie joue également un rôle plus important que l’Algérie, où près de la moitié de la population a moins de 30 ans et où un mouvement démocratique remarquable défie le régime autocratique depuis 2019 et mériterait également plus de « porteurs de valises » de l’Europe. Il est temps de créer un triangle franco-algérien-allemand.

    Les Allemands ne sont pas seulement liés à l’Algérie par la lutte de décolonisation. Le 8 mai 1945 est déjà l’occasion d’un souvenir commun.

    En France, cette date est célébrée comme la fête de la Libération, mais ce jour-là, la demande pacifique d’autonomie et d’indépendance des troupes auxiliaires algériennes a été brutalement réprimée à Sétif par les forces de sécurité. Cette tragédie a été l’un des motifs de la guerre d’indépendance contre la domination coloniale française qui a éclaté en 1954, a duré huit ans et dont les dimensions cruelles n’ont pas vraiment été abordées jusqu’à aujourd’hui.

    La réconciliation franco-allemande, avec son réseau dense de programmes de jumelage, d’échanges de jeunes, d’initiatives historiques et d’échanges culturels, pourrait servir de modèle. Est-ce une utopie ? Bien sûr, mais « l’axe franco-allemand » aussi en 1945.

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    #Algérie #France #Colonisation #Allemagne

  • Pourquoi la France n’arrive pas à faire son deuil de l’Algérie

    Algérie, France, Guerre de libération, FLN, Etats-Unis, JFK, colonisation, décolonisation,

    Pourquoi la France ne peut pas contourner sa perte de l’Algérie. La décolonisation comme bourbier 60 ans plus tard

    Albert Camus, lauréat du prix Nobel de littérature, est né et a grandi dans l’Algérie coloniale. Il est largement considéré dans l’Algérie indépendante comme le porte-parole des colons blancs, peut-être même la fierté d’une classe sociale plus connue sous le nom de  » pieds noirs  » , descendants de colons blancs ou colons qui se sont installés après la conquête de l’Algérie en 1830. Ils ont acquis la terre fertile à une fraction du prix suite à la décimation des tribus arabes et aux politiques ruineuses qui ont conduit à la dépossession des habitants restants de leurs terres communales. Les premiers colons sont qualifiés de pionniers. Ils travaillaient la terre et la rendaient extrêmement productive.

    Au cours des années 1930, les colons disaient que si l’Amérique est fière de la Californie, la France est fière d’Orléansville, aujourd’hui la province de Chlef. Certes, ces colons étaient industrieux mais notoirement connus pour exploiter les Algériens dépossédés. Les condamnés russes, qui ont vécu sous le règne du dernier tsar et purgeaient des peines de prison à Bône, ont été choqués de constater que les colons traitaient les Algériens pire que des moutons . Avec la fin du régime militaire dans les années 1880, les colons étaient responsables – par des pratiques d’exclusion – d’avoir littéralement envoyé les Algériens derrière le soleil. Naturellement, au moment où la Révolution algérienne a éclaté en novembre 1954, tout ce que les colons ont combattu et défendu était en jeu. La plupart d’entre eux à ce moment-là pouvaient retracer leur lignée au moins 100 ans ou plus.

    Pour donner aux lecteurs non algériens et non français un avant-goût de la déchirure ou des malheurs de ces colons provoqués par l’indépendance de l’Algérie en 1962, considérons cette analogie. En Afrique du Sud, Nelson Mandella a reçu le prix Nobel de la paix simplement parce qu’il n’a pas répété le bourbier algérien. Mandella n’a pas lancé de politique ni propagé un processus menant à leur éventuelle expulsion ou dépossession. Les libéraux blancs et leurs médias adorent Mandella pour ne pas avoir fait ce que le FLN (Front de libération nationale) est censé avoir fait avec les colons blancs.

    Ici entre la rhétorique conciliante de Camus pendant la guerre d’indépendance d’Algérie. Camus est connu pour avoir adopté le point de vue de sa mère au détriment de la justice. Parce que je suis originaire des mêmes personnes envoyées derrière le soleil par les ancêtres de Camus, je trouve tout engagement avec cette discussion «justice contre mère» un cheval mort. Comment? Le terrorisme auquel Camus fait référence dans la citation n’était pas du terrorisme ; c’étaient des actions délibérées d’émancipation de certains, pour rentrer dans l’histoire. Ainsi, les festivités euphoriques rapportées dans des chansons populaires telles que « يا محمد مبروك عليك الجزائر رجعت ليك » Le lyrisme de Camus ne commence même pas à se rapprocher des nécessités historiques. Lire Camus peut rendre plus sensible à certaines complexités, mais en fin de compte, faire avancer cette position, j’en suis conscient, risque de porter une atteinte majeure aux sensibilités libérales puisque Camus a été le chouchou de cette classe. Mais Camus n’est pas issu de ces classes ; il avait été acculturé, non sans son approbation tacite cependant. Avec la classe comme matrice pour une analyse significative, la ligne méthodologique est tracée pour ce qui suit.

    De même, il convient de rappeler qu’avec la conclusion des accords d’Evian, les colons sont devenus des personas non grata , indésirables dans un pays qu’ils appelaient chez eux. Une grande partie d’entre eux ne connaissaient pas d’autre pays pour s’établir que l’Algérie. Les Algériens d’aujourd’hui comprennent parfaitement et même compatissent à leur malheur. Étrangement, les accords d’Evian garantissaient le droit de séjour des colons. Mais ce sont eux qui ont scellé leur sort en réclamant et en agissant pour que l’Algérie reste française.

    S’ils étaient restés, moi et les miens (pratiquement des fils de paysans pauvres) n’aurions jamais eu la chance d’aller au-delà de l’école primaire. Nous aurions été condamnés à des positions subalternes. Il n’est pas exagéré qu’en asservissant littéralement les Algériens, pas un petit nombre de colons aient vécu comme des rois. D’où le contexte de la nostalgie et la rumination d’une Algérie française dans la France contemporaine. Sachant qu’à l’origine ces colons étaient issus de milieux paysans et ouvriers, on comprend ce qu’ils ont gagné et perdu. Camus est une icône pour tout ce à quoi ils aspirent, le modèle entrepreneurial autodidacte.

    Maintenant, concernant la façon dont l’Algérie indépendante s’en est sortie sans colons, c’est moins important pour les colons et plus attrayant pour les capitalistes. Des volumes peuvent être écrits sur les dysfonctionnements ainsi que sur la corruption imaginaire ou réelle. Mais par souci d’équité, chaque Algérien a droit à l’éducation gratuite, à l’assurance maladie, à un logement digne, etc. Pourtant, la lutte des classes reste l’arbitrage parfait pour toute mesure de succès ou d’échec.

    Le discours nationaliste dominant après l’indépendance ne cherche qu’à asphyxier la lutte des classes. À travers plusieurs slogans, Le hirak (soulèvement pacifique) de février 2019 articulait cette dimension de classe. Mais le récit triomphal a tenté et réussi à le dépeindre comme une simple exaspération avec Bouteflika et ses acolytes. En effet, le hirak exprime une insurrection incendiaire contre toute la configuration de l’ordre postcolonial.

    Cela laisse les subalternes algériens sans haine contre la France ou du moins ils ne haïssent pas la France hors de l’espace et du temps. Les algériens ne résistent pas aux marques françaises. Pour la plupart des Algériens qui mènent pratiquement leur vie quotidienne, on ne peut pas rester assis à pleurer sur du lait renversé. Toujours, par souci d’exactitude historique : les colons ont maintenu les Algériens hors du temps. Ce n’est pas un nationaliste qui rumine sur les atrocités coloniales pour couvrir les lacunes postcoloniales !

    Qui s’est opposé à la politique progressiste de la France métropolitaine, qui depuis la fin du régime militaire dans les années 1880 a recherché le bien-être des Algériens ? Aucun mais les colons. En 1962, ces colons ont obtenu ce qu’ils méritaient historiquement en tant que classe. Exposer cela ne rend pas les Algériens aveugles au fait que plusieurs colons ont ouvertement soutenu la décolonisation. La violence pendant la révolution a réglé les comptes; cette violence comme Frantz Fanon (1925-1961) le dit avec brio dans Les Damnés de la Terre a eu des effets purificateurs en ce sens qu’elle permet l’émergence de l’être humain chez le colonisé. Rappelons que chez Fanon comme chez le savant franco-tunisien Albert Memmi (1920-2020), le colonisé est une étrange combinaison de difformités. Le colonisé devait tuer le colonisé en lui pour rejoindre le royaume de l’humain. La violence, telle qu’elle a eu lieu pendant la guerre révolutionnaire d’Algérie (1954-1962) a été, pour Fanon, une manœuvre malheureuse mais nécessaire pour permettre à l’homme du colonisé de naître.

    Quant aux relations franco-algériennes actuelles, elles aussi ne peuvent être décontextualisées. Toutes les critiques que l’on lit dans les médias français ne sont pas exactes ou innocentes. Quelques observateurs sont même prêts à admettre qu’il existe une corruption dans le signalement de la corruption en Algérie. Les premiers à attirer l’attention du public sur la surtarification de l’autoroute de 1200 km en 2006 sont les médias français. Pourquoi? Des entreprises françaises, comme américaines, japonaises et sud-coréennes ont fait leur offre. Mais le projet a été contracté par trois grands géants de la construction chinois appartenant à l’État. Comment? Simplement parce que les bureaucrates algériens ont confié le projet au moins disant.

    Comme partout dans le monde, le fonds initial destiné à couvrir la construction n’a pas suffi et les entreprises sous-traitantes ont demandé ce qui leur revenait légalement. L’autoroute n’est pas l’autoroute allemande mais son coût est raisonnable. Et l’infrastructure livrée n’est pas mauvaise comme on le rapporte souvent. De même, les médias français sont devenus furieux lorsque les autorités ont confié le contrat de construction du plus grand barrage du Maghreb, celui de Beni Haroun en 2001, aux Chinois. Le contrat donne l’eau à la bouche et bientôt les habituelles dénonciations médiatiques commencent. Le mandat de Bouteflika n’a pas été à court d’objections, mais il reste un devoir d’être juste.

    Les grands contrats de construction d’infrastructures clés comme celui décrit ci-dessus sont quelques exemples des raisons pour lesquelles les tensions ont toujours gouverné les relations entre l’Algérie indépendante et la France. L’explication culturelle telle que proposée par l’establishment algérien vise souvent à justifier, et rarement à expliquer. La tension a des racines profondes dans l’histoire matérielle et le sens de l’accumulation primitive. C’est la baisse tendancielle du taux de profit [telle que précisée par Karl Marx dans le volume trois du Capital] qui obligent les entreprises françaises à concurrencer des entreprises américaines plus dynamiques pour des parts sur les marchés algériens qui dictent la tension. La corruption dans les discussions porteuses de corruption cherche à couvrir le fait que la mauvaise gestion des actifs par les agents publics ne peut pas expliquer de manière significative les contradictions qui sous-tendent la mondialisation. Cette dernière ne précipite aucune préférence contractuelle pour un seul capital national – une situation qui reste pleine d’obstacles et génère des tensions entre les capitalismes concurrents qui marquent la mondialisation. A titre d’illustration, la décision de l’Algérie de nationaliser son secteur de l’énergie en février 1971 a donné un effet de levier aux entreprises américaines au détriment des entreprises françaises.

    Cela explique que si l’on vise à aborder les forces souterraines qui façonnent les relations franco-algériennes, alors il faut lire et considérer la thèse sous-jacente proposée par Gregory D. Cleva dans JFK Algeria Speech (2022). Ce n’est pas comme si nous voulions seulement lire le livre, mais nous devons le faire. L’essentiel du volume de Cleva précise qu’à la suite de ce discours, un modèle a été établi pour la relation non seulement entre les États-Unis et l’Algérie ou les États-Unis et la France, mais entre les établissements algériens et français. Sortir de l’éphémère (ce que les médias français jugent digne d’intérêt) et embrasser l’essentiel, le discours de JFK Algérie est la voie à suivre. Le réseau complexe de connexions est à peine mis en évidence, et encore moins suffisamment abordé, ni par les nationalistes algériens convaincus, ni par les journalistes et universitaires français largement nostalgiques.

    Pour une grande partie des Algériens ordinaires, le FLN a finalement gagné parce qu’il a forcé Charles de Gaulle à accepter des négociations. Sous le tapis, cependant, se cache le fait qu’au moment où JFK a prononcé son discours, la révolution algérienne a été militairement vaincu. Souvenez-vous, c’était dans le contexte peu après la bataille d’Alger en 1957 et lorsque les cerveaux révolutionnaires ont été décimés. La stratégie des généraux français pour vaincre l’insurrection a commencé à porter ses fruits. Et pourtant, la révolution, en dernière analyse, a obtenu ce qu’elle voulait ! Étrange, n’est-ce pas ? Certaines autres forces travaillaient contre les décideurs politiques français de l’époque et en faveur du FLN, pas nécessairement en faveur du peuple algérien ou des révolutionnaires. Nous lisons dans le récit de Cleva que les consuls généraux américains à Alger, en poste de 1942 à la fin des années 1950, ont joué un rôle clé en signalant les pièges de la politique coloniale française. En tant que membre de la commission de politique étrangère du Sénat et donc candidat probable à la présidence, JFK officialise ce que l’establishment américain, jusque-là, a toujours voulu.

    Les États-Unis ne sont pas sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale comme ça. Le monde se souvient encore de la réaction de l’ancien président Donald Trump en novembre 2018 face à l’allusion du président français Emmanuel Macron à la nécessité de créer une armée européenne indépendante, un cadre hors OTAN. Trump a répondu avec colère : « Sans l’aide des États-Unis dans les deux guerres mondiales, les Parisiens d’aujourd’hui parleraient allemand. » Le point ici est que si les généraux français ont massivement réussi à réprimer l’insurrection en Algérie, les politiciens français n’ont pas pu capitaliser sur ce succès parce que Washington voulait le contraire. Ce dernier s’est lancé dans une politique de décolonisation et même la Grande-Bretagne n’était pas à l’abri. L’Inde, joyau de l’empire, a conquis son indépendance !

    Avec son retour au pouvoir en 1958, de Gaulle a fait de son mieux pour sécuriser l’Algérie en tant que Française, mais finalement, il savait que ses manœuvres équivaudraient à un peu de mise en scène. Les intérêts géostratégiques américains voulaient la fin de la colonisation, de peur que les bouleversements et les insurrections dans les colonies ne brisent le nouvel ordre fragile. La décolonisation en tant que politique était censée contenir les colonisés, peu importe comment, en surface, elle leur offrait de meilleures conditions (pas les meilleures) pour négocier leurs futures émancipations. Pour les Indiens comme pour les Algériens ou les Kényans, les mouvements d’indépendance se sont largement décidés ailleurs, bien qu’il soit irrespectueux de présumer que les champs de bataille n’avaient pas d’importance.

    Naturellement, cela nous laisse une image précise de la façon dont l’establishment français perçoit l’Algérie aujourd’hui. Peut-être moins quand il s’agit de la façon dont la Grande-Bretagne perçoit l’Inde, la France voit l’Algérie comme un partenaire volage qui a simplement décidé d’échanger des partenaires et de coucher avec Washington. Toutes les autres approximations de ces relations sont destinées à justifier, jamais à expliquer ce que l’establishment français ne peut à ce jour surmonter ce qu’il considère comme la perte impossible ! Mais c’est précisément ici que les Algériens préfèrent ignorer le rôle américain et attribuer la victoire exclusivement aux sacrifices de leurs ancêtres.

    International Policy digest, 24/07/2022

    #Algérie #France #Guerre_de_libération #JFK #Etats_Unis #Colonisation #Décolonisation

  • Monde : Retour en force de la diplomatie algérienne

    Algérie, diplomatie, Afrique, guerre de libération, Enrico Mattei, Palestine, Hamas, OLP,

    La diplomatie algérienne, fidèle aux principes du 1er Novembre 1954, fondés sur le soutien aux causes justes et au droit des peuples à l’autodétermination, a marqué un retour en force sur la scène internationale en contribuant au règlement des crises dans la région et à l’instauration de la paix, a affirmé le moudjahid et ancien ambassadeur, Noureddine Djoudi.

    Dans un entretien à l’APS à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, M. Djoudi a souligné que la diplomatie algérienne a joué un rôle important dans
    l’affranchissement du pays du joug colonial, précisant que le premier jalon fut lorsque les chefs de la Révolution ont compris l’importance de la lutte diplomatique pour combattre le colonisateur qui a tenté plus d’un siècle durant d’effacer l’identité algérienne.

    Pour contrer la propagande française, qui présentait l’Algérie comme une « partie intégrante de la France », il fallait créer un mouvement de sympathie et de solidarité mondial, et pour atteindre cet objectif, la « diplomatie de guerre » fut enclenchée par « l’ouverture de bureaux et de représentations du Front de libération nationale (FLN) dans plusieurs capitales, notamment dans les pays qui soutenaient la France », a-t-il expliqué.

    Il s’agissait, par cette démarche, de « révéler à l’opinion publique mondiale la réalité des faits pour faire pression sur les gouvernements des pays qui soutenaient la France coloniale, à travers leurs peuples, et de montrer que l’Armée de libération nationale (ALN) était composée de révolutionnaires et non de bandits sous la coupe de l’Internationale socialiste », selon le diplomate.

    Evoquant les moudjahidine ayant porté la cause algérienne sur la scène internationale, Noureddine Djoudi a cité Tayeb Boulahrouf qui a contribué, a-t-il dit, au « ralliement de responsables italiens, dont le fondateur d’Eni, Enrico Mattei, à la cause nationale ».

    Pour le diplomate, la lutte menée par Boulahrouf continue de porter ses fruits en témoignent les relations fortes qu’entretiennent aujourd’hui l’Algérie et l’Italie.

    Il a également rappelé l’ouverture d’un bureau aux Nations Unies à New York grâce à Hocine Aït Ahmed, M’hamed Yazid et Abdelkader Chanderli. Ce dernier a réussi à convaincre le sénateur John Kennedy qui a appelé dans son célèbre « discours algérien », devant le sénat à la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie ».

    « La diplomatie algérienne, qui a toujours été une arme, repose sur des principes solides, à l’instar du droit des peuples à la liberté et à la dignité, ce qui explique que notre diplomatie s’appuie, à ce jour, sur la défense du droit des peuples à l’autodétermination », considère l’ancien ambassadeur.

    Pour ce qui est de la diplomatie algérienne après l’indépendance, M.Djoudi a fait savoir que l’on aspirait, à l’époque, à mettre en place un corps diplomatique basé sur la formation et que des membres de l’Armée de libération, y compris lui, avaient été choisis et nommés aux postes d’ambassadeurs et avaient comme orientation principale que la lutte des peuples souffrant du joug colonial et de discrimination raciale était celle de l’Algérie.

    « Au lendemain de l’indépendance, un corps diplomatique commençait à se former, en accédant à des écoles de formation diplomatique à l’étranger, jusqu’à la création de notre propre école au ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger », a-t-il poursuivi.

    M. Djoudi a rappelé l’aide apportée par la diplomatie algérienne au dirigeant sud-africain, Nelson Mandela qui voulait s’imprégner de la lutte des Algériens et qui a été amené à lancer « la diplomatie de guerre », étant un outil important pour faire connaitre la cause de son peuple et la discrimination raciale qu’il subissait et expliquer au monde le système de « l’Apartheid », et c’est à partir de là qu’a commencé l’élimination de ce régime ségrégationniste en Afrique du Sud, a-t-il dit.

    Il a également évoqué la participation de l’Algérie au règlement de nombreuses crises, à l’instar de celle des otages américains en Iran, du règlement du conflit entre ce pays et l’Irak en 1975, ou encore le
    règlement de la crise du détournement de l’avion koweïtien en 1988, soulignant que la diplomatie algérienne a toujours aspiré à la paix et à la justice entre les pays en conflit et est pleinement convaincue que tout conflit interne d’un pays ne peut être réglé que par la diplomatie et le dialogue, et la recherche de solutions pacifiques contre l’ingérence politique ou armée des puissances étrangères.

    A cet effet, il a rappelé la position de l’Algérie à l’égard des pays voisins, dont la Libye, précisant qu’elle a appelé à la non ingérence dans les affaires internes de cette dernière, tout en insistant sur l’impératif d’aider les Libyens à concrétiser leur union, tout comme pour le Mali.

    « L’Afrique, première des priorités »

    L’ancien ambassadeur en Afrique du sud, en Angola et aux Pays bas regrette le recul de la diplomatie algérienne à une certaine période, mais a-t-il dit, « nous sommes revenus aujourd’hui en force » soulignant que le Président de la République, M Abdelmadjid Tebboune l’a clairement signifié en affirmant que l’engagement de l’Algérie aux côtés de l’Afrique était la première des priorités. »

    Il s’est dit « fier » de voir la nouvelle diplomatie aussi active que dans les années de la Révolution, ajoutant que « notre diplomatie est capable aujourd’hui de faire face à toute offensive contre l’Algérie. Il y a aujourd’hui ce qu’on appelle la diplomatie du militantisme, pareille à celle que nous avons connue durant la guerre de libération ».

    Il y a un lien entre la diplomatie de guerre et la nouvelle diplomatie, a-t-il dit, précisant que les démarches menées par l’Algérie pour le règlement des conflits renseignent sur le rôle pionnier et essentiel de sa diplomatie ».

    M. Djoudi a salué l’initiative du Président de la République pour « l’unification des rangs palestiniens » lors de la rencontre historique entre le chef du bureau politique du mouvement Hamas, Ismail Haniyeh et le président palestinien, Mahmoud Abbas après des années de marasme.

    « La diplomatie algérienne a réussi à poser le premier jalon pour mettre fin à la division entre les factions palestiniennes, a-t-il dit, ajoutant « c’est, désormais, aux Palestiniens de faire front uni contre l’entité sioniste ».

    L’orateur a rappelé les déplacements continus du Président Tebboune dans de nombreux pays, l’intense activité de la diplomatie algérienne ainsi que les visites du Ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger Ramtane Lamamra, affirmant que les pays arabes ont favorablement accueilli et salué le Sommet arabe qu’abritera l’Algérie en novembre prochain.

    M. Djoudi a en outre souligné que la diplomatie algérienne qui a engendré une élite de diplomates de la trempe du chahid Mohamed Seddik Ben Yahia et bien d’autres, peut en former d’autres aussi compétents, sur les pas de leurs prédécesseurs et avec les mêmes principes de soutien aux cause justes et au droit des peuples à l’autodétermination.

    APS

    #Algérie #Diplomatie #Afrique #Palestine

  • La Tunisie cœur battant de la Révolution Algérienne

    La Tunisie cœur battant de la Révolution Algérienne

    Tunisie, Algérie, Guerre de libération, colonisation, France,

    Deux lieux anodins au centre-ville de Tunis rappellent le rôle important qu’a joué la Tunisie de 1956, nouvellement indépendante dans la réussite de l’élan révolutionnaire algérien et sa concrétisation, six ans plus tard par sa libération.

    Le premier, petit hôtel coquet du centre-ville, le Majestic est aujourd’hui connu pour son bar retro et sa terrasse qui accueillent l’élite tunisoise et quelques touristes et qui a eu une histoire liée à la Révolution algérienne, car il deviendra en 1960 le siège du Gouvernement provisoire de la République Algérienne, jusqu’à 1962. Ses couloirs ont vu passer Saad Dahleb, Lamine Debbaghine et Krim Belkacem. L’EtatMajor politique algérien y avait accueilli les chefs d’Etats de passage à Tunis comme le Président Tito. Il a en outre servi de base pour les agents du Ministère de l’armement et des liaisons générales, ce fut d’ailleurs le lieu de résidence de Abdelhafid Boussouf son patron.

    Second lieu mythique lié à la guerre d’Algérie, le siège d’El Moudjahid, actuel siège de l’Amicale des
    algériens de Tunisie qui avait accueilli de grandes plumes de la Révolution algérienne comme Franz
    Fanon ou Redha Malek. Ce siège avait accueilli le journal d’octobre 1957 au 19 mars de 1962.

    Tunis a aussi été l’écrin d’une des plus belles armes du peuple algérien dans son combat contre le
    colonialisme, l’équipe du FLN, qui s’établira dans la capitale tunisienne en 1958. «Par le biais du sport, la cause nationale a avancé. Elle a gagné 10 ans sur le combat libérateur», dira Ferhat Abbas premier chef du GPRA. Ce qui est moins connu, c’est la création dans les bases de l’Ouest tunisien, de l’équipe de l’ALN en 1956, une équipe constituée de joueurs algériens évoluant en Tunisie et de réfugiés ou combattants algériens.

    Outre l’appareil médiatique et politique algérien, la Tunisie a abrité l’armée des frontières et l’étatmajor général dans la région frontalière. La proximité entre les deux peuples face au colonialisme s’est illustré le 8 février 1958, lors du bombardement par l’aviation française du village de Sakiet Sidi Youcef en Tunisie, à quelques encablures de la frontière. Un bombardement qui a conduit à la mort de 70 tunisiens et algériens et la blessure de 140 autres. Parmi les victimes, 12 enfants dans une école et des dizaines de réfugiés regroupés dans un camp de la Croix rouge.

    L’armée française avait commis ce crime contre des civils en réponse à l’activité transfrontalière des
    éléments de l’ALN. L’horreur de cette vengeance conduira à la chute du cabinet de Felix Gaillard une semaine plus tard.

    Le basculement de la Tunisie vers le soutien total à la cause algérienne a permis au FLN de s’installer durablement et d’établir une base arrière militaire pour assurer l’approvisionnement en armes et en hommes des maquis de l’intérieur. On verra s’installer à partir de la mi 1956 des bases de l’ALN dans les villes de Ghardimaou, Sakiet Sidi Youssef, Le Kef, Tajerouine, Thala, Thélepte, Gafsa et Kasserine.

    Un réseau de dépôts d’armes et de munitions est établi dans le Sud tunisien, il fait la jonction avec les réseaux d’acheteurs d’armes en Libye et en Europe et se charge de réceptionner les cargaisons venant d’Egypte.

    En 1958 l’ALN amasse une force considérable, prête à entrer en Algérie pour poursuivre le combat. Dans l’arrière-pays de Tabarka, 1200 et 1500 hommes se préparent à rejoindre les wilaya I et II, Le 15e bataillon de l’ALN, masse ses hommes pas loin de là pour préparer ses hommes à rejoindre la wilaya III.

    Plus au Sud du côté de Hydra, pas loin des mines de fer de Ouenza, deux bataillons se préparent à
    rejoindre les wilaya I et IV. Cette concentration de troupes donnera lieu à la guerre des frontières entre l’armée française et l’ALN

    les six premiers mois de l’année 1958. Plus de 2000 algériens tomberont au champ d’honneur pour
    assurer l’approvisionnement en armes des maquis de l’intérieur.

    Le 4 juillet 1962, la veille de l’indépendance, le 17e bataillon de l’armée des frontières stationné à
    Ghardimaou en Tunisie est le premier groupe de l’ALN à faire marche vers l’Algérie. Il prend position à Souk Ahras après avoir traversé la ligne Challe puis se déploie tout au long de la frontière.

    La visite du Président Kaïs Saïd en Algérie à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du pays n’est que la continuation de ces relations. A rappeler que le président Saïed avait décoré la moudjahida Djamila Bouhired du Grand cordon de l’Ordre de la République tunisienne en janvier 2020.

    Akram Kharief

    Le Jeune Indépendant, 04/07/2022

    #Algérie #Tunisie #Guerre_de_libération

  • 05 juillet 1962: Esprit de victoire et de liberté d’un peuple

    Algérie, 60e anniversaire, indépendance, guerre de libération, colonisation, France,

    Par Tarek Benaldjia

    Le 05 juillet 1962, Allah prouva qu’il était des siècles durant avec le peuple algérien, Il lui a annoncé la bonne nouvelle qu’il le soutiendrait tous les temps et resterait à ses côtés sur cette voie de la victoire. Alors que nous continuons avec des pas plus fermes et plus forts dans cette grande marche. La «résistance implacable» se poursuit. C’est le destin pour nous, pour notre nation. C’est une date qui a vu le triomphe de l’esprit humain et la victoire de la démocratie et de la liberté sur l’oppression et la discrimination.

    Tous ceux qui sont tombés en martyr, devenus vétérans, handicapés, orphelins, qui ont travaillé avec les maquisards, qui ont porté leurs colères contre l’injustice, l’impérialisme colonial français dans les monts des Aurès et Djurdjura qui l’ont exprimée à travers leurs armes et écrits dans toutes les wilayas, nous leur exprimons ici, notre plus grande gratitude qui, à travers leurs engagements et leurs sacrifices, nous ont ouvert une voie vers l’indépendance et de meilleures conditions de vie.

    Malgré toute cette cruauté depuis l’époque coloniale à laquelle ont été confrontés les algériens durant 132 ans, ils restent convaincus de leur belle histoire, tiennent un discours basé sur le calme, la maturité, la sagesse, la raison et la grâce de la pensée philosophique et non pas avec la collaboration avec l’ennemi.

    Il est tout à fait claire que l’Algérie a besoin aujourd’hui des Hommes de la trempe de nos chouhadas, leur victoire sur l’ennemi est la conséquence directe à favoriser l’essor de l’intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute considération politique étroite car il s’agit de l’avenir du peuple et du destin de la nation.

    Ces caractéristiques majestueuses seront Incha-Allah, transmises aux futures générations vont continuellement illuminer notre marche vers l’avenir et nous rendre encore et encore plus puissants.

    Ceux qui essaient d’affaiblir et de diluer cette lutte ne figureront jamais dans les pages honorables de notre histoire.

    05 juillet une victoire à la hauteur de l’esprit humain. Elle se poursuivra éternellement pour les algériens. C’est une responsabilité, chargée d’histoire, de géographie et d’identité. Les traîtres et tous ceux qui nuisent à la terre des Chouhadas, ont oublié que tôt ou tard, ils seront démasqués et échoueront dans leur sale besogne. Il est certain que tous ceux qui ont foi en le pacte des vaillants Chouhadas et leur éternel serment, contribueront en toute sincérité à la lutte contre la corruption et participeront avec abnégation et dévouement à la purification de l’Algérie des inféodés et serviteurs du colonialisme.

    Algériens , algériennes faites connaître votre présence et prenez la place réelle qui vous revient dans les premiers rangs. Le pays a besoin de vous. Les virtuoses de l’Algérie devraient monter sur la scène afin qu’ils prennent la décision qui fera en sorte que vraiment leurs intérêts seront protégés, défendus et moussés sur la scène internationale comme ils devraient l’être, c’est-à-dire qu’ils décident de se donner entièrement à leur propre pays, à la lumière de « Mustapha Benboulaid, Amirouche, Krim Belkacem , Ait Ahmed, Houari Boumediene… ». Ceux qui possèdent de grands talents, une grande habilité dans un domaine donné, devraient mettre à profit leurs connaissances et leurs expériences au service du pays et de la nation. Tel est l’esprit de la victoire et de la liberté d’un peuple.

    Vive l’Algérie Algérienne et gloire à nos glorieux combattants et chouhada.

    #Algérie #60anniversaire #Indépendance #GuerreDeLibération

  • Algérie. Maurice Audin : Grand jour d’Histoire

    Algérie. Maurice Audin : Grand jour d’Histoire

    Algérie, France, colonialisme, guerre de libération, FLN, torture, crimes coloniaux, Maurice Audin

    Grand jour historique et forte émotion, hier, à Alger à l’inauguration du buste du mathématicien partisan de l’indépendance du pays, enlevé et assassiné en juin 1957 par des parachutistes de l’armée française dans des conditions non encore totalement élucidées. La cérémonie s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils du martyr et figure centrale de l’association Josette et Maurice Audin qui milite sur le terrain mémoriel et travaille à intensifier la coopération scientifique, notamment dans le domaine des mathématiques, entre la France et l’Algérie.

    Moment de forte émotion, hier, au cœur d’Alger avec l’inauguration du buste de Maurice Audin, sur la place qui porte son nom, en mémoire de ce militant de la cause algérienne assassiné en juin 1957 par l’armée française.

    La cérémonie d’inauguration du buste intervient à l’occasion de la visite, qu’effectue en Algérie depuis le 28 mai, une délégation de l’Association Josette-et-Maurice-Audin qui s’est rendue également à Oran et à Constantine sous le signe de la mémoire et de la coopération scientifique.

    L’inauguration, qui intervient à la veille de la commémoration du 65e anniversaire de la tragique disparition du militant pour l’indépendance de l’Algérie et à l’approche de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance, s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils cadet de Maurice Audin, et du président de l’Association Josette-et-Maurice-Audin, Pierre Mansat, le wali d’Alger, Ahmed Maabed, des autorités locales et militaires et des citoyens.

    Sur place et devant le buste érigé à la mémoire du militant, son fils a exprimé sa «fierté» de se retrouver sur cette place qui porte le nom de son père, «un partisan de l’Indépendance de l’Algérie», a-t-il souligné. Pour le wali d’Alger, il s’agit d’un jour «important» qui confirme la consécration de «la grandeur et la bravoure de Maurice Audin qui a sacrifié sa vie pour la cause algérienne».
    Créée en 2004 par le mathématicien Gérard Tronel et Pierre Mansat, l’Association Josette-et-Maurice- Audin affirme militer pour «la défense de la mémoire de Maurice Audin, jeune mathématicien, militant de l’indépendance algérienne, assassiné en 1957 par l’armée française, et de son épouse Josette».

    Elle milite également pour «la promotion d’actions d’échange et de solidarité comme le Prix de mathématiques Maurice-Audin remis tous les deux ans à des mathématiciens algériens et français, et combat pour la vérité sur les injustices et crimes commis par la puissance coloniale envers le peuple algérien et sur les milliers de disparus algériens et français».

    Au-delà de la forte symbolique de cette inauguration, c’est la question de la vérité quant aux circonstances tragiques de la disparition de Maurice Audin qui surgit dans ces moments de commémoration. Après son arrestation le 11 juin 1957 au cours de la bataille d’Alger, il disparaît et meurt assassiné à une date inconnue, selon des récits d’historiens alors que son corps n’a jamais été retrouvé. Pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d’historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, Maurice Audin a été tué pendant son interrogatoire par des parachutistes. Cette thèse a longtemps été rejetée par l’armée et l’Etat français, qui affirmaient qu’il s’était évadé, jusqu’à ce que le général Aussaresses affirme avoir donné l’ordre de le tuer au couteau pour faire croire à un meurtre par des Algériens. La première «reconnaissance officielle» par la France de la mort en détention de Maurice Audin est faite, en 2014, par le président François Hollande, sans toutefois rendre publics les documents le confirmant. En 2018, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement les responsabilités de l’Etat français et de l’armée française dans cet assassinat.

    L’autre combat pour la vérité

    Or, pour le fils Audin, qui s’est exprimé quelques jours après son retour à Alger, sa terre natale, «l’ouverture des archives, l’accès aux témoignages, l’accès aux archives privées, c’est fondamental, de façon à ce qu’on réussisse à tout savoir sur ce qui s’est passé». Pas d’excuses, pas de repentance, pas de pardon, pas de choses comme ça. Juste savoir la vérité. Quand j’étais petit, j’ai été bercé par un certain nombre de slogans que répétait ma mère. L’un d’eux disait : «Seule la vérité est révolutionnaire.» «Je pense que c’est un slogan que tout le monde devrait connaître, assimiler. La vérité, c’est ça qui fait avancer les choses».

    Sur son retour en Algérie, muni cette fois d’un passeport algérien, Pierre Audin déborde de joie et de satisfaction. «Quand je suis à Alger, la ville la plus belle du monde, je me sens bien, je me sens bien. Je me sens chez moi», lance-t-il, en soulignant avoir «assez longtemps attendu» pour avoir son passeport. «Je n’ai ressenti vraiment le besoin d’avoir cette preuve de ma nationalité qu’après la déclaration du président Macron», a-t-il avoué, faisant part de son espoir que sa nationalité algérienne «l’aidera dans la recherche des restes, jamais retrouvés, de son père».

    «Quelques jours avant le décès de ma mère, je lui ai promis de continuer à chercher les restes du corps (…) Le fait d’être Algérien est de m’adresser aux autorités de mon pays avec mon passeport vert c’est quelque chose d’important», a indiqué Pierre Audin. «Il y a un certain nombre de crimes, de méfaits qui ont été commis par la France contre l’Algérie et les Algériens. Ce qui est important, c’est de dire la vérité. Mais certainement pas de dire ‘je m’en lave les mains, j’ai demandé pardon’. Il n’y a pas de pardon à avoir, c’est inexcusable», a déclaré Pierre Audin dans un entretien à l’AFP à Alger.

    Il a ajouté à propos de sa quête de vérité, qu’à «partir du moment où il y a un doute je pense que ça vaut le coup d’aller faire des fouilles aux divers endroits indiqués par différents témoins. C’est un début. Il faut que les gouvernements mettent la main dans la main pour glaner des renseignements sur le sort des Algériens qui ont disparu durant la bataille d’Alger».

    A noter qu’avant l’inauguration du buste de Maurice Audin, le ministre des Moudjahidine a déclaré avoir donné des instructions «pour que soient entreprises les recherches sur les lieux où le corps du chahid pourrait avoir été enterré par ses bourreaux», ajoutant que l’association «fera des démarches pour que l’exécutif français fasse pression sur les anciens militaires afin qu’ils ouvrent leurs archives personnelles ainsi que celles qu’ils ont privatisées».

    PAR NAZIM BRAHIMI

    Reporters, 06/06/2022

    #Algérie #France #MauriceAudin #Guerre_de_libération #FLN

  • Abd El-Krim (1882-1963)  Le stratège de la guerre du Rif

    Abd El-Krim (1882-1963) Le stratège de la guerre du Rif

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    Mohammed Ben Abdelkrim Al-Khattabi, dit Abd El-Krim, est né vers 1882 à Ajdir, près d’Al-Hoceima, dans le Rif marocain, au sein du clan Al-Khattab, de la puissante tribu berbère des Beni Ouriaguel. Son père, cadi (juge musulman), donna à son fils une formation coranique, et l’encouragea à faire des études secondaires à Tétouan et à Melilla, où il passa son baccalauréat. Il suivit ensuite une carrière de droit islamique à l’université Qarawiyin de Fès, et de droit espagnol à Salamanque.

    A l’âge de 24 ans, Abd El-Krim est recruté par le quotidien de Melilla, El Telegrama del Rif, pour diriger sa section en langue arabe. Un an plus tard, en 1907, l’administration coloniale l’engage comme professeur d’arabe et traducteur pour son bureau des affaires indigènes. Les autorités françaises, en 1915, le dénoncent auprès des forces espagnoles comme « informateur » du Reich allemand. Une enquête révèle alors ses sentiments anticolonialistes. Incarcéré dans la forteresse de Rostrogordo, il se brise une jambe en tentant de s’en évader, ce qui le fera boiter pour toujours.

    A sa sortie de prison, Abd El-Krim entreprend d’organiser la révolte contre les colonisateurs. Grâce à son charisme, il parvient à rassembler les principales tribus du Rif, et constitue le noyau de son armée. Il devient le chef du mouvement anticolonial au Maroc. Il remporte des victoires militaires retentissantes, en particulier à Annoual, où, le 22 juin 1921, il met en déroute plus de 25 000 soldats espagnols avec à leur tête le général Sylvestre. Au printemps de 925, il lance de violentes attaques vers le sud. Fès est menacée, de même que la riche région du Gharb.

    Sa renommée devient internationale : Abd El-Krim cherche l’appui du Komintern et du Parti communiste français, et trouve des aides dans le monde islamique. Il crée sur le territoire qu’il contrôle la « République confédérée du Rif », dotée d’une Constitution et d’un makhzen (administration centrale), qui est bien accueillie, pour des raisons géopolitiques évidentes, par la Grande-Bretagne, mais combattue par l’Espagne et par la France. Ces deux pays rassemblent une force redoutable aux ordres du général Primo de Rivera et du maréchal Philippe Pétain. La contre-offensive, lancée en septembre 1925, vient à bout de la résistance d’Abd El-Krim, qui se rend aux forces françaises en 1926.

    Les autorités coloniales l’envoient en exil à la Réunion. En 1947, il réussit à s’enfuir et trouve refuge en Egypte, où il continue à œuvrer pour la décolonisation de l’Afrique du Nord. Il meurt au Caire en février 1963, à l’âge de 81 ans, avec la satisfaction d’avoir vu, après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la libération totale du Maghreb.

    La guerre du Rif a servi de modèle aux mouvements d’indépendance d’autres pays colonisés. Hô Chi Minh, le héros de l’indépendance du Vietnam, considérait Abd El-Krim comme le « précurseur », parce qu’il mit au point le modèle de lutte armée pour la décolonisation des peuples.

    Le Monde diplomatique, avril-mai 2006

    #Maroc #Rif #République_du_Rif #France #Espagne #Protectorat #Colonialisme #Guerre_de_libération

  • « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis-

    « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis-

    « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis- France, colonisation, gaz toxiques, guerre de libération, ALN, moudjahidines,

    La revue mensuelle Politis a mis la lumière, dans son dernier numéro, sur une page sombre de la colonisation pendant la Guerre de libération nationale durant laquelle l’armée française a eu recours aux gaz toxiques contre les moudjahidine et les civils, dont des femmes et des enfants, enfermés dans des grottes.

    Sous le titre générique « La guerre des grottes », le mensuel édité par le quotidien El-Moudjahid, revient sur ce « dossier explosif qui remonte à la surface 65 ans plus tard », illustré par des articles et photos d’archives.

    Evoquant des crimes « souterrains » commis par le colonialisme français entre 1956 et 1961, Politis revient, dans le détail, sur cette page sombre de l’histoire qui « fait partie des secrets verrouillés par la France sur la guerre d’Algérie ».

    L’auteur de l’article mentionne que c’est sous « le secret le plus total, au plus haut sommet de l’Etat français, qu’a été prise la décision de créer des +sections spéciales+ entièrement coupées de l’armée française, chargées de mener une sale guerre, à coups de gaz, dans les grottes où se repliaient les combattants de l’ALN et, très souvent, des civils, femmes et enfants que les ratissages, les exactions et les bombardements au napalm avaient forcés à quitter leurs hameaux ».

    Le général De Gaulle avait donné le feu vert pour la création de « sections spéciales » qui vont opérer dans le plus grand secret (même les autres corps d’armées n’étaient pas au courant), pour « nettoyer » les grottes, écrit le même auteur, précisant qu’il s’agit d’un « crime d’Etat méconnu en raison d’un accès impossible aux archives ».

    Dans un entretien accordé à Politis, Christophe Lafaye, docteur en histoire, estime, dans ce sens, qu’il est « urgent » d’ouvrir toutes les archives, soulignant qu’à travers « la guerre des grottes », le ministère des Armées de la 4ème République « croit en l’utilisation de la chimie à des fins militaires pour remporter la victoire. C’est ainsi que l’emploi de gaz toxiques est décidé ».

    Dans un autre article, d’anciens membres de ces sections spéciales reconnaissent qu’ »ils ont laissé les cadavres de combattants algériens dans les grottes. Les entrées étaient détruites lorsque cela était possible », ajoutant que le nombre de disparus de cette guerre « souterraine » est « inconnu ». Leurs familles « n’ont pas su s’ils étaient morts, ni dans quelles conditions », ont-ils confié.

    Des historiens et journalistes, dont Christophe Lafaye et Gilles Manceron, ont lancé, le 7 avril 2022, un appel aux autorités françaises pour que les archives militaires « cadenassées » sur le recours aux armes chimiques par l’armée française dans des grottes pendant la Guerre d’Algérie soient « ouvertes et consultables », rapporte Politis.

    La même publication note qu’un documentaire sur « la guerre des grottes » est en préparation, mais ses initiateurs ont du mal à le réaliser, en raison des difficultés d’accès aux archives.

    Dans ce sens, il est écrit que 60 ans après la fin de la colonisation et de la Guerre de libération nationale, « on parle d’un +apaisement de mémoires+ ». Mais, « est-ce possible si la mémoire n’est pas d’abord restituée et si l’accès aux archives reste encore partiel », s’interroge l’auteur qui conclut: « il en est ainsi de la guerre des grottes ».

    Réveil d’Algérie, 01/05/2022

    #Algérie #France #ALN #Politis #Gaz_toxiques #Mémoire