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  • Propos de Lakhdar Brahimi: « C’est une chose ahurissante! » (ONM)

    Propos de Lakhdar Brahimi: « C’est une chose ahurissante! » (ONM)

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    Propos de Lakhdar Brahimi sur la Guerre d’Algérie : « C’est une chose ahurissante ! », affirme l’ONM

    En attendant la réaction officielle aux propos de l’ancien diplomate et ministre Lakhdar Brahimi ayant remis en cause le combat de tout un peuple pour le recouvrement de son indépendance, c’est le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui sort de son silence.

    « Un diplomate et un politicien algérien a déclaré ces derniers jours que le départ des américains d’Afghanistan ressemble à celui de la France d’Algérie. C’est une chose ahurissante ! », a asséné Mohand Ouamar Benelhadj, dans une vidéo mise en ligne sur le chaîne youtube de l’ONM.

    « Il n’y a aucune comparaison. Le diplomate algérien semble halluciner. La France est partie d’Algérie après avoir tué un million et demi d’algériens entre 1954 et 1962 », a-t-il soutenu comme pour rappeler le prix fort payé par les Algériens durant les 130 années d’occupation française.

    Lakhdar Brahimi avait pour rappel affirmé dans un entretien au journal Le Monde que la France n’avait pas été vaincue militairement en Algérie, mais avait décidé de « partir ».

    L’ancien diplomate renie ainsi le passé des siens, des nôtres,en ignorant (ou faisant semblant) la réalité du caractère massif de la torture pendant la guerre d’indépendance, des exécutions sommaires, des tortures et des autres violences illégales accomplies par les forces de l’ordre françaises.

    Y.O

    Algérie Breve News, 13/09/2021

  • Elaine Mokhtefi traduit les mémoires de son mari sur l’Algérie

    Elaine Mokhtefi traduit les mémoires de son mari sur l’Algérie

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    Rebelle et combattante de la liberté, Elaine Mokhtefi traduit leur vie remarquable dans les mémoires de son mari
    Par Joseph Hammond | Religion News Service

    (RNS) – De Fidel Castro à Ho Chi Minh, Elaine Mokhtefi a rencontré certains des plus importants révolutionnaires socialistes du 20ème siècle.

    Née dans une famille juive à Hampstead, New York, en 1928, elle a souffert de l’antisémitisme de l’époque et a rapidement nourri un intérêt pour la politique progressiste. À l’âge de 16 ans, elle est acceptée au Wesleyan College en Géorgie. Cependant, après un an dans cette école chrétienne, elle est expulsée en raison de son opposition aux politiques ségrégationnistes de l’époque.

    Elle s’engage dans divers mouvements pour la paix et la justice à la veille de la Seconde Guerre mondiale et, après la guerre, s’installe en France pour travailler comme traductrice pour divers groupes politiques. En 1960, elle fait partie d’un petit groupe qui fait pression sur les Nations unies au nom du Front de libération nationale algérien (FLN).

    « Ils n’ont jamais remis en question ma religion ou mes origines. Cela en dit long sur ces hommes », a déclaré Mme Mokhtefi à Religion News Service. « Je me sentais tout à fait chez moi, et j’étais moi-même un produit de la discrimination, donc il y avait une compréhension très profonde de nos expériences mutuelles. J’étais complètement en phase avec eux. »

    En effet, c’est l’Algérie qui allait devenir le centre de sa vie à bien des égards. Elle finira par épouser Mokhtar Mokhtefi, un combattant algérien de la liberté. La traduction par Mokhtefi des mémoires de son mari, « J’étais un Français musulman », sera publiée en septembre par Other Press.

    « Il était essentiel pour lui de dire la vérité », a déclaré Mme Mokhtefi. « (Ces mémoires) reflètent sa déception à l’égard de l’Algérie indépendante. Il était déçu que l’Algérie ne parvienne pas à défendre les idéaux de démocratie, de justice et de liberté. »

    L’Algérie a obtenu son indépendance de la France en 1962, mais la déception de son mari est apparente dans les derniers passages des mémoires, lorsque l’auteur visite pour la première fois une Algérie libre, contre la volonté de ses supérieurs du FLN. Pourtant, malgré ces premières déceptions, les Mokhtefis vivront en Algérie après l’indépendance, et elle travaillera comme traductrice et facilitatrice pour un certain nombre de groupes rebelles.

    Au cours des années 1960, l’Algérie indépendante a ouvert ses portes à des groupes du monde entier, dont les Black Panthers, avec qui Mokhtefi a eu des contacts personnels.

    « Ils ne se voyaient vraiment que sur un plan romantique », dit Mokhtefi à propos des Black Panthers et du gouvernement algérien. Pour l’essentiel, les opinions des Black Panthers sur l’Algérie ont été forgées par les écrits de Frantz Fanon et le film « La Bataille d’Alger », dit-elle.

    « (Les Panthères noires) n’avaient jamais été à l’étranger et se sont retrouvées dans un pays du tiers-monde qui avait très peu de moyens techniques. De leur côté, les Algériens considéraient les Black Panthers comme les membres d’un autre groupe discriminé. »

    Elle et son mari sont rapidement désillusionnés par le tournant illibéral de l’Algérie indépendante et s’installent à New York. Pourtant, ce n’est qu’après le tournant du millénaire que le couple a commencé à travailler sur des livres séparés concernant la période historique dans laquelle ils ont tous deux joué un rôle clé.

    Mokhtefi a publié son propre livre, « Alger, capitale du tiers monde : Combattants de la liberté, révolutionnaires, panthères noires », en 2018. Trois ans après le décès de son mari, ses mémoires n’étaient toujours pas publiées. Son œuvre est hétérodoxe par rapport aux autres mémoires de l’époque, en partie en raison de sa représentation de la religion et de son portrait des colons européens en tant qu’individus.

    Lorsque Mokhtar Mokhtefi est né en 1935, il y avait environ un million de colons pied-noir, ou européens, vivant en Algérie. L’écrasante majorité d’entre eux étaient favorables au maintien de l’union avec la France, bien qu’une poignée d’entre eux fassent exception. « J’étais un Français musulman » évoque ses rencontres avec des membres du clergé catholique favorables à la cause de l’indépendance algérienne.

    « Ces membres du mouvement des prêtres-ouvriers étaient exceptionnels et offraient un soutien très fort à la cause algérienne, ce qui tempérait ses vues sur la France. Parmi eux, il y avait de très belles personnalités, qui ont pris des risques énormes », a déclaré Mokhtefi.

    Ces prêtres ont même aidé son mari à se rendre en France, où il a rencontré un médecin bosniaque travaillant comme cuisinier et qui espérait rejoindre le FLN. Des décennies plus tard, le flux de combattants étrangers ira dans l’autre sens lorsque de nombreux Algériens combattront pour la Bosnie au début des années 1990.

    Le livre comprend quelques exemples de la façon dont l’islam populaire s’est mélangé à l’idéologie de gauche du FLN. Une histoire souvent racontée est celle d’un camion rempli de guérilleros du FLN qui est arrêté pour inspection à un poste de contrôle français. Pourtant, lorsque les Français ont soulevé le volet à l’arrière du camion, les soldats français n’ont trouvé qu’un camion rempli de moutons.

    « Il y avait beaucoup d’histoires comme ça pendant la guerre d’Algérie, et celle-là était l’une des plus célèbres », se souvient Mokhtefi. « Les gens semblaient croire aux miracles pendant la guerre. Pourtant, la victoire était le véritable miracle. Qui aurait cru en 1954, lorsque la lutte armée a commencé, que le peuple algérien, avec ses mains nues, de vieux fusils français rouillés, était capable de vaincre la quatrième puissance militaire de l’époque ? »

    The Washington Post, 07/08/2021

  • Frantz Fanon et la violence révolutionnaire

    Le président de Cuba a appelé le peuple à descendre dans la rue pour défendre la révolution. Les marionnettes de l’empire l’ont accusé d’encourager la violence, mais Fanon l’a défendu.

    Le 20 juillet 1925, dans la Martinique, alors colonie française, naissait Frantz Fanon, militant du tiers-monde et l’un des plus grands intellectuels du XXe siècle. Citoyen du monde, Fanon a vécu avec la plus grande intensité, combinant engagement intellectuel et militantisme politique comme peu d’autres, et a été un exemple unique de l’union du radicalisme théorique et de la praxis décolonisatrice.

    Dès son enfance et sa jeunesse dans les Caraïbes, il a vécu de près la double dimension du colonialisme – matérielle et subjective – et a été touché par des événements à l’échelle mondiale, comme la Seconde Guerre mondiale, qui ont aiguisé sa conscience des liens entre violence coloniale, racisme et exploitation économique.

    En 1942, lorsqu’il s’engage dans l’armée française et est envoyé au Maroc, Fanon commence son pèlerinage autour du monde. Après avoir participé à la campagne victorieuse d’Aimé Césaire pour la mairie de Fort-de-France, il s’installe à Lyon en 1947, où il entame des études de psychanalyse légale. À la suite de cette période, il publie en 1952 son premier grand classique, Peau noire, masques blancs, un ouvrage indispensable pour comprendre les effets subjectifs du colonialisme.

    Dans Peau noire, masques blancs, Fanon décrit comment l’entreprise coloniale crée une épidermisation du monde, dans laquelle la « race » en vient à définir la place, la position et le degré d’humanité des individus. Ainsi, prenant pour présupposé l’objectivation et la réduction de l’humain à un signe, un stéréotype ou un flou, le racisme, en déshumanisant, perturbe le processus de reconnaissance et fracture le processus communicationnel. En d’autres termes, la « race » est aussi une colonisation du langage, qui dénature son potentiel humain. Cette notion, nous le verrons bientôt, est centrale dans la construction ultérieure de la stratégie révolutionnaire de Fanon.

    Comme exprimé dès les premières lignes du livre, la base marxiste permet à Fanon de comprendre comment cette subjectivité pathologique du colonialisme s’enracine dans les conditions matérielles. Comme il le dira dans Les Damnés de la Terre : « dans les colonies, l’infrastructure économique est aussi une superstructure. La cause est la conséquence ». En posant en ces termes l’économie politique coloniale, face cachée du développement des « sociétés civilisées », Fanon explicite comment le capital a toujours dépendu et dépendra toujours de l’accumulation primitive et de la soumission des peuples et des territoires, qui ne peuvent être considérés comme des phénomènes périphériques, marginaux ou de simples imperfections du capitalisme. Ils font partie de sa sombre constitution : d’une part, le capital produit la course qui produit la mort ; d’autre part, la possibilité permanente de la mort signifie la course qui étalonne le profit capitaliste. Voici le moulin satanique qui génère des pathologies et des exterminations.

    En 1953, Fanon s’installe à Blida en Algérie, alors colonie française, où il prend la direction de l’hôpital psychiatrique. L’année suivante, la guerre d’indépendance algérienne éclate. Les conditions de ségrégation et de violence se sont intensifiées. Ce fut un tournant fondamental dans la vie de Fanon : le contact direct avec la brutalité du régime colonial lui fit éprouver une répulsion irréversible envers la France, tout en générant en lui un sentiment d’identification totale avec le peuple arabe.

    En 1956, il démissionne de l’hôpital et intensifie son activité secrète au sein du Front de libération nationale (FLN), l’une des principales organisations nationalistes algériennes. En première ligne du conflit, il va, au cours des années suivantes, mener entre l’Afrique du Nord et la France un intense travail révolutionnaire, propageant la cause de la décolonisation, apportant une aide médicale à la guérilla algérienne, participant à des événements internationaux (comme les Ier et IIe Congrès des artistes et intellectuels noirs) à la recherche de soutien à la lutte anticoloniale. Tout cela sans interrompre ses recherches sur la psyché des sujets colonisés.

    Sur la base des connaissances accumulées dans l’expérience révolutionnaire, Fanon a écrit son dernier classique, Condamné de la Terre, publié à titre posthume en 1961. Comme le souligne la traduction anglaise de 1973, il s’agit d’un livre de poche sur la révolution dans le tiers monde. De plus, grâce à sa solide théorisation de la réalité coloniale et de la lutte de libération, il est devenu une lecture essentielle pour les mouvements anti-impérialistes, insurgés et d’égalité sociale du monde entier. L’un des thèmes centraux de l’œuvre est la question de la violence. Le contexte concret dans lequel les Condamnés de la Terre ont été écrits a conduit Fanon à sortir sa théorisation de la violence du domaine de la moralité abstraite et à la formuler dans le cadre d’une critique du colonialisme, de la stratégie et de la praxis de la libération.

    Le double de la violence coloniale

    La violence est toujours vue sous un double angle. D’abord, il y a la violence coloniale elle-même, qui apparaît comme une apparition inaugurale. Avec ses mitrailleuses, ses uniformes, ses grenades, ses napalms, ses baraquements, ses barbelés, ses checkpoints, ses viols et ses prisons, elle constitue un monde. Cette violence crée également le colonisé, qui est invariablement un être constitué de l’extérieur, la cible d’un désir et le transfert des propres névroses du colonisateur. Comme le souligne Achille Mbembe dans la Pharmacie de Fanon, le colonialisme est une « pratique de décivilisation » perpétrée par le crime et la terreur, constituée d’un côté jour (la guerre) et d’un côté nuit (le camp et l’extermination). Dans sa logique concentrationnaire, elle déclare inutile une partie de l’humanité et formule un projet de division des individus par l’occupation, l’expulsion, la déportation et l’élimination.

    Le colonialisme multiplie les situations extrêmes, banalise l’indifférence, banalise les actes répugnants et habitue au sadisme. Au nom de la civilisation, de l’ordre et des valeurs libérales, cette violence rend stérile toute forme de communication basée sur la reconnaissance réciproque. Il intériorise ainsi le désir de ne rien savoir, de ne pas être impliqué et de manquer d’empathie. Une violence atmosphérique et universelle, qui se ressent dans la colonne vertébrale, dans la tension musculaire et dans l’étouffement de la respiration, qui comprime et resserre le colonisé, et finit par devenir le seul langage de la colonisation.

    C’est là que l’autre côté de la violence apparaît comme un double. Le colonisateur enseigne au colonisé que le seul discours qui est compris est celui de la violence. Les opprimés décident alors de s’exprimer à travers elle, opérant une inversion : c’est maintenant le colonisé qui dit aux colonisés qu’ils ne comprennent que le langage de la force. Cette inversion découle d’une compréhension plus large, à savoir que « la colonisation et la décolonisation sont simplement un rapport de forces ». La violence est donc une méthode de libération face à une réalité d’absence de la dialectique de la reconnaissance.

    Mais il y a plus. Tout d’abord, la violence anticoloniale est un scandale qui interrompt : elle suspend le monde connu jusqu’alors. La réalité du colonialisme introjecte chez le colonisé une mentalité refoulée, dans laquelle la seule perspective de changement est de s’installer à la place du colonisateur ; le persécuté qui rêve constamment de devenir le persécuteur. Les colonisés adoptent un comportement d’évitement, ne voulant pas voir que leur liberté dépend de la destruction du colonisateur, qu’ils aiment et désirent souvent ; mais ils vivent aussi avec une rage intérieure, qui est constamment déversée entre égaux ou canalisée dans différents types de fatalisme (moral, institutionnel, spirituel). En ce sens, étant un scandale, la violence contre-coloniale signifie un mouvement de désintérêt et de rejet absolu des mensonges et des distractions créés par le colonialisme, stimulant ainsi les opprimés à ne plus se raconter de fables : « les colonisés découvrent le réel et le transforment dans le mouvement de leur praxis, dans l’exercice de la violence, dans leur projet de libération ».

    En ce sens, la violence contre-coloniale, fondée sur un désir et une force contre le colonisateur, sert de critique au volontarisme aveugle, aux pacifistes, aux légalistes et aux partis de l’ordre, ceux qui se présentent comme des interlocuteurs légitimes de la population et du mécontentement ; ceux-là mêmes qui agissent comme des vendeurs de douleur et profitent de la souffrance des autres dans les tapis verts et les institutions du monde libéral. En même temps, il fait ressortir dans le langage la nécessité d’un renversement radical du système, sans remèdes.

    La décolonisation apparaît comme un processus historique de désordre absolu et de création de nouveaux peuples, avançant à travers tous les obstacles qu’il rencontre sur son chemin. Il s’agit donc d’un scandale contre l’ »hibernation » des intellectuels et des partis qui ne font que critiquer le système colonial mais ne croient pas qu’il puisse être renversé. C’est un scandale qui réveille de cette thérapie du sommeil, en redirigeant la colère des colonisés des salons, des bureaucrates et des chefs pâles vers leur propre libération. La violence contrecoloniale a un effet profondément désaliénant et démystifiant ; elle réveille et crie : « nos morts comptent aussi » et cela ne se résout pas dans les règles du jeu.

    La solidarité a fonctionné dans le sang et la rage

    C’est ici qu’apparaît le deuxième élément de la violence insurrectionnelle : la création et l’utilisation de l’antagonisme politique comme une praxis libératrice. Il maintient et renverse le manichéisme de la domination. S’il y a un binarisme dans le colonialisme, en revanche, il n’y a pas de vérité. Avec la violence contre-coloniale, ce manichéisme ne se dilue pas, le colon reste l’ennemi du colonisé, le sujet à massacrer, mais en inversant la  » normalité  » pathologique de la colonie, cette violence rétablit la vérité et délimite un antagoniste politique. C’est le bien (ou la vérité) qui afflige le colon. Les masses colonisées deviennent la proie d’une « folie de la vérité » lorsqu’elles réalisent qu’elles ont été dépouillées de tout et que seule cette folie peut mettre fin à leur mécontentement latent et les libérer de l’oppression coloniale. Ainsi, si tous les colonisés sont égaux aux colonisateurs, les colonisés répondent : tous les colonisateurs sont égaux. Si le colonisé était considéré comme le mal absolu, le colonisateur est maintenant considéré comme le mal absolu. Le manichéisme continue à se reproduire invariablement dans la lutte de libération.

    En tant que positivité formatrice, ancrée dans la relation d’antagonisme, la violence contre-coloniale génère une reconnaissance chez les colonisés. Elle articule une histoire et un destin communs. Elle permet également d’envisager un autre avenir. Elle construit le mortier de la solidarité « travaillée dans le sang et la rage ». C’est un moment affirmatif, presque « solaire », comme dirait Mbembe. Après le processus de déshumanisation créé par le monde colonial, c’est un moment fondateur/constitutif et un geste inaugural du sujet politique, qui rejette la soumission et établit la volonté de détruire et de dévaster. Pour transformer violemment l’univers en rien. Ainsi, non seulement elle rétablit l’humanité perdue de l’opprimé, qui devient ainsi un nouveau sujet, mais elle reconstruit les liens de reconnaissance réciproque entre les colonisés, qui en viennent à se considérer comme des humains parmi tous les autres.

    En ce sens, le colonisateur se libère dans et par la violence, qui fonctionne comme un moteur dialectique. Cette violence dialectique est la praxis absolue qui agit comme une véritable médiation, un élément d’agrégation et une rupture avec l’établi. Et en brisant l’interdiction discursive, la violence est un présupposé organisationnel de la lutte pour la décolonisation : elle permet aux colonisés de surmonter leurs différences, de se reconnaître, de transformer la haine en économie politique et de canaliser l’instinct en un surmoi politique. Dans ses effets constitutifs, transformateurs et inventifs, elle transforme le peuple en sujet historique dans sa lutte pour la libération. Et en créant et délimitant l’antagonisme, elle permet la construction, la composition, l’articulation d’alliances au sein de l’hétérogénéité des opprimés.

    Un chemin vers l’origine du futur

    Ceci nous amène au dernier aspect de la violence anticoloniale : elle est curative. Pour citer à nouveau Mbembe, la lutte permet aux opprimés de détendre leurs muscles et de respirer à nouveau. La possibilité d’un autre monde fait la fête à l’imagination. Violence and Insurgent Aesthetics est un travail intense sur le langage possible, qui ne se limite pas à l’institutionnalité coloniale et bourgeoise. Dans cette œuvre, le monde perd son caractère maudit. Les anciennes sédimentations culturelles sont brisées et la voie vers l’origine du futur est ouverte. En niant le monopole de la maladie et de la mort, elle recrée la possibilité du lien, de la reconnaissance, du rétablissement de l’opprimé dans son être et dans ses relations avec le monde. La violence anticoloniale est une thérapie qui génère une complicité et des intentions créatives avec un potentiel de guérison. Et en mettant en lumière ce qui a été refoulé, elle réunit les conditions de l’inévitable confrontation avec ce qui a traumatisé les colonisés.

    En ce sens, la violence contre-coloniale agit contre la matérialité du système colonial et l’esprit inhibé du colonisé à trois niveaux : comme scandale interruptif, comme créateur d’antagonisme politique et de réseaux de solidarité entre les opprimés, et enfin comme guérison. Enfin, Mbembe prévient que la violence présente toujours une dimension incalculable et imprévisible, et peut être soit un pont vers le salut, soit une ouverture dangereuse. Cependant, la théorie de Fanon met en évidence la confiance dans la violence révolutionnaire comme moyen de créer du nouveau, un instrument de résurrection régénérateur et décolonisateur, capable de faire la sourde oreille à l’ordre répressif.

    C’est là que réside l’une des contributions les plus précieuses de Fanon au monde contemporain, même si les conditions qu’il a décrites ne sont pas entièrement applicables aux différentes réalités de notre époque. Si, d’une part, il existe un sentiment généralisé de ressentiment, de mécontentement et de souffrance dû à des conditions de vie de plus en plus précaires, d’autre part, l’inévitabilité d’alternatives politiques est propagée dans une institutionnalité stérile au changement politique énergiquement démocratique. Dans ce contexte, la question de la violence est réduite à une discussion sur la supériorité morale ou monopolisée par les populismes conservateurs de toutes sortes, tous deux ancrés dans un rejet des transformations radicales.

    Un imaginaire politique pour la tradition des opprimés

    Fanon nous aide ainsi à élargir notre imaginaire politique et à donner un autre statut philosophique et politique à la violence, plus conforme à la tradition des opprimés. De cette manière, il nous apprend à retrouver la radicalité de la stratégie socialiste en période de morbidité tactique. Comme il le souligne lui-même dans Les condamnés de la terre, la violence révolutionnaire n’est pas une simple spontanéité. Elle doit se concrétiser dans la lutte contre l’individualisme, dans l’engagement dans des processus collectifs. Par conséquent, il fait partie du mouvement de considérer son problème comme le problème de tous, sans avoir le droit à l’indifférence, à l’ignorance et à la dissimulation. Décoloniser, c’est se collectiviser en désorganisant un monde et en en organisant un nouveau. Se mélanger au-delà de soi-même et s’immerger dans l’organisation populaire, ce qui permet de canaliser l’énergie et la volonté d’anéantir l’ennemi.

    Pour l’intellectuel et le militant insurgé, c’est une nécessité, car, comme le dirait un autre théoricien du peuple, le chanteur brésilien Chico Science : « Je peux partir d’ici pour organiser, je peux partir d’ici pour désorganiser, qu’en organisant je peux désorganiser, qu’en désorganisant je peux organiser ». De la boue au chaos comme condition d’un autre avenir.

    jacobinlat.com via La Haine, 25/07/2021

    Etiquettes : Frantz Fanon, violence révolutionnaire, colonialisme, colonisation, guerre de libération,

  • Algérie : Polémique malsaine

    par Abdelkrim Zerzouri

    Mémoire nationale, symboles de la nation et histoire occupent la scène à la veille de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2021. Une date évocatrice de 59 années de souveraineté nationale de notre pays, qui rappelle à la mémoire le fruit d’un très long parcours de militantisme et de lutte d’un peuple contre le colonialisme, mais ce n’est, hélas, pas le débat qu’on voit et qu’on entend de nos jours. De nos jours, il y a plutôt une polémique malsaine, concentrée sur les atteintes aux symboles de la nation depuis l’éclatement de ce scandaleux outrage contre l’Emir Abdelkader et Houari Boumediene, qui nous fait oublier, surtout, que le contentieux mémoriel n’est pas interne. Qu’un Algérien ou deux aient des avis différents sur un héro de la révolution ou du mouvement nationaliste, cela ne peut voiler les hauts faits et les sacrifices que les Algériens ont consentis en gage d’amour à leur patrie tout au long de l’histoire de la lutte contre le colonialisme.

    Y a-t-il une volonté de jouer sur la fibre sensible émotionnelle des Algériens et chercher à dévier, maintenant, le cours de ce débat évènement autour des pires souffrances infligées à un peuple et les grands sacrifices d’hommes et de femmes qui ont offert leur vie, leur sang pour libérer le pays du joug colonial ? On peut tout croire, tant les rancœurs se saisissent de la moindre perche trouvée sur le chemin pour nous faire oublier la «fête» de l’indépendance, qu’on doit au peuple héros et à ses grands hommes qui ont marqué l’histoire du pays. Ce n’est vraiment pas le moment, donc, de focaliser entièrement le débat sur les outrages, aussi choquants soient-ils, aux symboles de la nation, contre lesquels la justice aura son mot à dire, afin de ne pas tomber dans le piège qui nous ferait traverser l’étape à côté de l’histoire, la véritable histoire héroïque du peuple qui devrait inspirer les générations de l’indépendance à aimer leur pays et faire le tiers minimum de ce qu’ont fait leurs aïeux pour lui rendre sa liberté.

    Dans le feu de l’actualité, outrageante contre les hommes qui ont marqué l’histoire du pays, on devrait rebondir sur le débat réel, soit comment préserver la mémoire de la nation et protéger ses symboles dans le contexte du discours de haine et de remise en doute de la glorieuse histoire de l’Algérie, comme le suggère la conférence placée sous le thème «Fidélité aux symboles de l’Algérie» et organisée, mardi dernier, par des jeunes de l’Organisation nationale des étudiants libres (ONEL), à l’Université d’Alger ‘2′.

    Plus loin encore, pour répondre aux discours de la haine, rien de mieux que de semer l’amour de la patrie. Et, ce n’est pas uniquement du rôle ou du pouvoir des historiens de le faire, mais également des pouvoirs publics, qui doivent instaurer un climat de confiance et d’égalité des chances, un pays de droit et de valeurs pour lesquels ces symboles de la nation ont tout sacrifié. Les nouvelles générations seraient immunisées contre les outrages et les atteintes aux symboles de la nation si les gouvernants concrétisaient leurs idéaux, résumés dans la déclaration du 1er novembre, dans le temps présent. C’est le serment qu’on doit aux symboles de la nation.

    Le Quotidien d’Oran, 01/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mémoire nationale, symboles de la nation, histoire, Emir Abdelkader, colonialisme, guerre de libération, Houari Boumediene,

  • Algérie/ Pourquoi le combat des Palestiniens est pleinement le nôtre

    Par Saïd Djaafer

    De très nombreux Algériens sont naturellement solidaires des Palestiniens dont la situation atroce leur rappelle l’oppression coloniale subie dans leur chair et les entreprises de dépossession préparées par les grands massacres. Ils sont nombreux aussi à constater, impuissants, que la hogra historique subie par les Palestiniens est aggravée par la trahison des Etats, arabes ou non, qui prétendent défendre leur cause ou, du moins, les principes du droit international.

    Les moyens de soutenir effectivement ce peuple otage sont très limités ; lui exprimer sa solidarité par tous les moyens est la moindre des choses. La disproportion des forces dispense – ou devrait dispenser – de porter des jugements sur les moyens de lutte utilisés par les Palestiniens. La fameuse formule de Ben M’hidi «Donnez-nous vos chars et vos avions, et nous vous donnerons nos couffins» définit bien la terrible contrainte qui s’exerce sur ceux qui refusent de continuer à subir l’oppression coloniale et qui décident de se libérer du joug. Elle résume le présent des Palestiniens qui résistent, avec leurs faibles moyens matériels, à l’entreprise de dépossession et de purification ethnique menée par Israël dans le silence complice du monde.

    Ce qui frappe dans la mobilisation pour les familles du quartier Sheikh Jarrah d’Al-Qods menacées d’éviction de leurs maisons, c’est le courage et la détermination dont font preuve les Palestiniens malgré l’obscène disproportion des forces. Même s’ils sont seuls, les Palestiniens ne se résignent pas, ils prouvent que l’esprit de résistance peut permettre de s’opposer à la volonté d’annihilation d’un peuple par la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient.

    Dans les monarchies arabes qui ont choisi la normalisation avec l’Etat colonial d’Israel, on n’est pas loin de rendre les Palestiniens responsables de la situation insupportable qui leur est faite. En Algérie, un discours, très minoritaire, conteste, avec des arguments frisant parfois le racisme, aux Algériens le droit d’exprimer leur solidarité. Certains ajoutent à la confusion en arguant que les régimes instrumentalisent la question palestinienne à des fins de politique intérieure. C’est l’un des clichés les plus entendus ces derniers temps. Comme si les mauvaises intentions des régimes – elles sont connues – pouvaient disqualifier une cause juste et un combat mené par un peuple. Comme si les errements de l’Autorité palestinienne pouvaient justifier que l’on s’abstienne d’exprimer notre révolte, notre profonde indignation, à ce qui est imposé au peuple palestinien.

    Autre argutie de mauvaise foi, les Algériens n’auraient d’yeux que pour la Palestine et ne se préoccupent pas des combats des autres peuples. Ces dernières heures, on leur aura même fait le reproche de ne pas se soucier des luttes du peuple colombien! C’est aberrant. Et faux de surcroît. Car il y a dans la culture des Algériens, même s’il elle ne s’étale pas tous les jours dans les discours et les médias, la conscience que tout être humain opprimé et emprisonné mérite la solidarité de tous les êtres humains conscients de leur humanité.

    Notre histoire explique notre sensibilité aux malheurs des Palestiniens
    La sensibilité naturelle des Algériens à la question palestinienne n’a pas à se justifier. Les soutiens sont naturellement plus forts à l’égard de ceux qui sont dans une proximité géographique, culturelle ou historique. Dans ces petits milieux on retrouve aussi une tendance à accuser les Algériens d’être animés par une motivation religieuse. Alors qu’il devrait être évident pour tous que les Palestiniens, musulmans, chrétiens, agnostiques ou athées, sont logés à la même enseigne, ils font partie d’un peuple enfermé par une puissance coloniale, entravé dans tous ses mouvements, dans tous les domaines de la vie, humilié à chaque occasion, et dont la terre même est volée chaque jour un peu plus.

    Bien avant que les ONG soulignent qu’Israël pratique le crime d’apartheid, Desmond Tutu avait livré un témoignage édifiant: « J’ai été témoin des routes et des maisons réservées aux Juifs et de l’humiliation infligée de manière systématique par l’armée israélienne aux femmes, aux hommes et aux enfants palestiniens. Leur humiliation nous est familière à nous, Noirs sud-africains, qui avons été réprimés, harcelés et insultés par les forces de sécurité du gouvernement d’apartheid.».

    En 2014, lors de l’agression sur Ghaza, le Dr Mads Gilbert, Professeur et Chef de clinique norvégien, présent à l’hôpital al-Shifa où il a participé à prendre en charge des milliers de victimes palestiniennes, a décrit une situation où “les Palestiniens sont traités comme des animaux. Enfermés, bombardés, affamés, privés des droits humains”. Cet homme qui avait grandi avec le récit dominant en Occident sur Israël, a découvert la réalité en allant sur place. Une des conclusions de son expérience était que “la solidarité est une arme puissante ».

    Notre histoire, celle d’un peuple marqué par la hogra et l’injustice, explique cette solidarité spontanée à l’égard du peuple palestinien. Dans ce combat inégal qu’ils mènent, les Palestiniens n’ont que leur volonté, leur courage, leur patience, leur disponibilité au sacrifice. Nous, à défaut de pouvoir les soutenir de manière plus concrète, nous pouvons, nous devons leur exprimer notre attachement fraternel et notre respect pour leur combat, un combat qui a été, et qui demeure le nôtre.

    Les Palestiniens, hommes, femmes et enfants, sont aujourd’hui en première ligne du combat universel pour la dignité humaine. Aujourd’hui ils incarnent au mieux le propos de Nelson Mandela: “ Un être humain, c’est un être de lumière libre, qui se fait braise quand il tombe, qui se fait incendie quand il se relève”.

    24hDZ, 12 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Palestine, oppression coloniale, guerre de libération, colonisation, résistance, Ghaza, Al Qods, Jérusalem, Israël, sionisme,

  • Algérie.- Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

    Par Youssef Girard

    Ahmed Ben Bella est né officiellement le 25 décembre 1916 à Maghnia dans une famille marocaine originaire de la région de Marrakech. Parallèlement à ses études, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) à Tlemcen et pratiqua le football ce qui le conduisit à signer à l’Olympique de Marseille pour la saison 1939-1940.

    Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

    En 1944, Ahmed Ben Bella participa à la bataille de Monte Cassino au sein du corps expéditionnaire français en Italie puis à la libération de la France et à la campagne d’Allemagne en 1945. Promu adjudant, il est cité quatre fois dont deux fois à l’ordre de l’Armée et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en avril 1944 en Italie.

    Militant du PPA, il devint membre de l’Organisation spéciale (OS), l’organisation paramilitaire du Parti qui devait préparer le déclenchement de l’insurrection. Arrêté en mai 1950 dans le cadre du démantèlement de l’OS dont il avait pris le commandement, il fut condamné à sept ans de prison. En 1952, il s’évada de la prison de Blida en compagnie d’Ahmed Mahsas et se réfugia au Caire où se trouvaient déjà Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider.

    Avec ces deux derniers, il forma la délégation extérieure du Front de Libération Nationale (FLN) au moment du déclenchement de la Révolution algérienne, le 1ier novembre 1954. Il fut le principal artisan du soutien de l’Égypte de Gamal Abdel-Nasser à la Révolution algérienne.

    Il fut arrêté une deuxième fois le 22 octobre 1956, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf, lors du détournement par l’armée française de l’avion qui les transportait du Maroc vers la Tunisie. Au même moment, Ahmed Ben Bella s’opposa aux décisions du Congrès de la Soummam auquel la délégation extérieure qu’il dirigeait, n’avait pas participé. Écarté avec Mohamed Boudiaf de la direction exécutive, il contesta la validité du Congrès et de ses décisions. Dans une lettre destinée aux cadres du FLN, Ahmed Ben Bella dénonçait la « gravité de certaines de ces décisions escamotant soit intentionnellement, soit par omission certains points doctrinaux contenus dans la charte rendue publique le 1er novembre 1954 ». Il condamnait notamment des décisions qui remettaient « en cause des points doctrinaux aussi fondamentaux que celui du caractère islamique de nos futures institutions politiques » (1).

    Panarabiste convaincu, Ahmed Ben Bella condamnait également la volonté de rompre l’axe stratégique reliant l’Égypte nassérienne et la Révolution algérienne qui avait été formulée dans la Plateforme de la Soummam. Cet axe donnait à la Révolution algérienne une profondeur stratégique indispensable pour vaincre la puissance coloniale. La participation française à l’agression tripartite, aux côtés du Royaume-Uni et d’Israël, contre l’Égypte nassérienne après la nationalisation du canal de Suez en 1956 confirmait totalement l’analyse d’Ahmed Ben Bella. En effet, la France avait participé à cette agression principalement dans le but d’affaiblir l’Égypte et de couper le FLN de son principal soutien.

    Libéré en mars 1962, après six ans d’emprisonnement et de résidence surveillée en France, Ahmed Ben Bella désapprouva publiquement les accords d’Évian et critiqua en effet la légitimité du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) dirigé par Benyoucef Ben Khedda. Du 27 mai au 7 juin 1962, il participa au Congrès de Tripoli du FLN où il s’opposa aux orientations du GPRA. Après des affrontements durant l’été 1962, Ahmed Ben Bella, soutenu par l’armée des frontières, prit le pouvoir en septembre de la même année dans une Algérie qui venait de se libérer de 132 ans de colonisation française.

    Élu président de la République algérienne un an plus tard, en septembre 1963, Ahmed Ben Bella avait pour objectif de mettre en place un socialisme spécifique à la culture arabo-musulmane en organisant notamment la révolution agraire.

    Panarabiste et proche de Gamal Abdel-Nasser, Ahmed Ben Bella organisa une aide concrète aux révolutionnaires anticolonialistes africains ou palestiniens. L’Algérie fournit ainsi ses premières armes au Fatah de Yasser Arafat.

    Il fut finalement renversé par le coup d’État de Houari Boumédiène le 19 juin 1965 à Alger, emprisonné jusqu’en juillet 1979, puis assigné à résidence jusqu’à sa libération en octobre 1980. Gracié par Chadli Bendjedid, il s’exila en Suisse à partir de l’année 1981. En exil, il créa le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). Légalisé après l’ouverture au multipartisme en 1988, le MDA fut finalement dissous par le tribunal d’Alger en juin 1997 pour refus de se conformer à la loi interdisant aux partis de faire référence à l’Islam.

    Après son retour à Alger le 27 septembre 1990, Ahmed Ben Bella se retira de la vie politique et se consacra à des dossiers internationaux tels que la Palestine, l’Irak ou la lutte des Amérindiens. Il se rapprocha également des mouvements altermondialistes pour lutter contre « la mondialisation capitaliste ».

    En Algérie, durant la décennie noire, Ahmed Ben Bella défendit l’idée d’une réconciliation nationale et d’une sortie de crise par une négociation politique.

    Finalement, Ahmed Ben Bella s’est éteint le 11 avril 2012 à Alger après une vie consacrée à combattre la colonisation et à lutter pour l’Algérie, la nation arabe et l’ensemble des peuples opprimés par l’Occident impérialiste.


    (1) Mohammed Harbi, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Ed. Jeune Afrique, 1981, page 168

    The International Solidarity Movement, 11 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, Ahmed Ben Bella, FLN, guerre de libération, Mouvement pour la démocratie en Algérie, MDA,

  • Algérie : “La consolidation du front interne nous permettra de relever tous les défis et enjeux » (salah Goudjil)

    Dans un entretien exclusif accordé à la revue «El Djeich», le président du Conseil de la Nation, M. Salah Goudjil, a affirmé que la colonisation de l’Algérie par la France fut une colonisation de peuplement qui diffère de toutes les autres formes de colonisation dont ont été victimes d’autres peuples, tant elle eut pour visée l’extermination du peuple algérien qui, pour sa part, reste en permanence attaché aux sacrifices des Chouhada. Il a également estimé que, tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution libératrice a également libéré le peuple français. Le président du Conseil de la Nation a souligné avec force que la conjoncture actuelle exige le renforcement et la consolidation du front intérieur pour faire face aux complots ourdis contre notre pays.

    El Djeich : M. le Président, notre pays a célébré, il y’a quelques jours, la Journée du Chahid, coïncidant avec le 18 février de chaque année. En tant que Moudjahid de la première heure, que représente pour vous cette journée ?

    Le président du Conseil de la Nation : Je dois en premier lieu dire qu’en tant que moudjahid, je suis honoré d’avoir un entretien avec cette prestigieuse revue qui a vécu toutes les étapes franchies par l’Algérie, depuis l’indépendance à nos jours, et qui met toujours en exergue l’importance des missions dont s’acquitte l’Armée nationale populaire. En ce qui concerne votre question, et alors que nous commémorons la Journée nationale du Chahid, il est nécessaire de rappeler les sacrifices des glorieux Chouhada grâce auxquels l’Algérie jouit de l’indépendance. Aussi, nous avons en permanence à l’esprit leurs sacrifices, car peu sont les pays dont les fils ont consenti autant de sacrifices pour le recouvrement de la souveraineté nationale, comme l’ont fait les Algériens.

    J’atteste que tous les Chouhada, en particulier ceux dont j’ai eu l’occasion d’assister aux derniers instants avant leur martyre, ont prononcé une seule phrase avant la chahada, qui est : «Prenez soin de l’Algérie». Les Chouhada n’ont à aucun moment réclamé que l’on prenne soin de leurs enfants, de leurs familles ou de leurs biens, mais de préserver l’Algérie. C’est en réalité une recommandation qui ne peut quitter nos esprits ni notre mémoire, car elle constitue assurément le référent fondamental de toutes nos actions. Vous m’interrogez sur la place du Chahid, il n’y a pas une famille algérienne qui n’a pas un Chahid parmi ses membres, ce qui est un motif de fierté pour toutes ces familles. Personnellement, ma famille compte de nombreux Martyrs. Aussi, aujourd’hui, après toutes ces années, depuis le déclenchement de la glorieuse Révolution, il est d’une grande importance de préserver notre mémoire. A ce propos, il est nécessaire de rappeler que le mérite aujourd’hui revient au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d’avoir décrété la journée du 8 mai, Journée nationale de la mémoire, afin que les sacrifices des Chouhada ne sombrent pas dans l’oubli. En outre, M. le Président a ouvert le dossier de la mémoire auquel il a accordé toute l’importance nécessaire. Dans ce cadre, la récente création d’une chaîne de télévision consacrée essentiellement à la mémoire et au patrimoine historique permettra à tous ceux qui ont vécu la période de la Révolution libératrice d’apporter leurs témoignages ainsi qu’aux historiens et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la nation, afin que la mémoire nationale demeure vive dans le cœur et l’esprit des générations futures. Sur la base de tout ce qui précède, je dirais que la Journée nationale du Chahid aura toujours une grande importance et une haute portée symbolique dans la conscience collective du peuple algérien. Elle constitue une partie indissociable du patrimoine commun des Algériens de façon à ce que chaque année, elle nous rappelle les valeurs du sacrifice et du dévouement, ainsi que la barbarie de la colonisation et les crimes de l’armée française durant la Révolution. Pour toutes ces raisons, le Chahid doit de meurer éternellement vivant dans la mémoire collective des Algériennes et des Algériens. Sur un autre plan, il est nécessaire de rappeler que nous avons récemment célébré le 2e anniversaire du Hirak El Moubarak authentique, qui a été consacré par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie. Concernant le Hirak El Moubarak du 22 février, je dirai que les Algériennes et les Algériens ont donné à l’ensemble des pays, même à ceux qui se targuent d’être démocratiques, un exemple sans précédent de pratique démocratique.

    Quelle lecture faites-vous des politiques des gouvernements français qui se sont succédés durant les 132 ans d’occupation et disposez-vous de chiffres sur la politique d’extermination organisée par l’occupant à travers les opérations de liquidation, de destruction, de déplacements et d’exil ?

    Initialement, il faut souligner que la colonisation de l’Algérie par la France est radicalement différente de toutes les formes de colonialisme vécues par les autres peuples. Il s’agissait d’une colonisation de peuplement et de destruction dans le sens propre du terme, dont l’objectif principal, depuis 1830, était l’effacement du peuple algérien et son remplacement par un autre peuple, dans le cadre d’une politique suivie par la France coloniale depuis qu’elle a mis les pieds sur le territoire algérien. J’avais évoqué précédemment cette question en disant que ce type de colonisation n’a eu cours qu’en Amérique du Nord, suite à la migration des Européens vers cette région qu’ils ont occupée et s’y sont installés après avoir exterminé les populations autochtones. Mais ce qui fait la grandeur de la Révolution libératrice est qu’elle a transcendé tous les us et coutumes, tant il est vrai que le peuple algérien n’a pas permis à l’occupant de l’exterminer. Bien plus, il n’a eu de cesse de résister jusqu’à contraindre l’occupant à retourner d’où il est venu. L’évocation de notre histoire et la lecture attentive de ses événements impose un retour aux débuts, car tout est lié, il ne suffit pas de parler seulement de la période qui commence depuis 1954, il faut revenir à tous les faits qui l’ont précédée. Ainsi, la politique d’extermination pratiquée par l’occupant français est mise en évidence par certains indicateurs, dont le plus important est clairement le déclin quantitatif de la population algérienne au cours des différentes phases de l’occupation suite à cette politique, et que j’ai divisée en quatre périodes principales. La première, entre 1830 et 1870 (soit 40 ans), depuis que l’occupant avait mis les pieds sur notre terre, sachant que cette occupation n’englobait pas l’ensemble du territoire national. Les statistiques montrent qu’à l’époque, la population de l’Algérie était de 3 millions. La deuxième période qui a duré également 40 ans, de 1870 à 1910, au cours de laquelle les meurtres et la tentative d’extermination du peuple algérien se sont poursuivis. Les statistiques de l’époque indiquent que la population algérienne était estimée à 2,9 millions. La troisième phase, de 1910 à 1945, au cours de laquelle la population a augmenté, selon un recensement de 1950, atteignant environ 6 millions. Une période qui coïncide avec la baisse des massacres collectifs, au regard du fait qu’en ce laps de temps, il y eut deux Guerres mondiales pour lesquelles la France avait procédé à la mobilisation obligatoire de milliers d’Algériens envoyés au front. La quatrième période s’étale de 1945 à 1954. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le jour où les alliés célébraient leur victoire sur le nazisme, le 8 mai 1945, des massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma, Kherrata…, au cours desquels l’occupant a fait preuve d’un art inégalé dans le recours aux pratiques de répression et d’extermination, faisant 45 000 Martyrs. Durant cette période, la France a essayé de lancer des réformes, par le biais des élections e vue de l’élection d’une nouvelle assemblée algérienne en 1947, constitué de deux collèges distincts, le premier composé de colons français et européens et le deuxième collège composé d’Algériens. On reléve ici clairement une autre manifestation de la discrimination et du racisme que la France a adopté dans ses relations avec les Algériens. Pour conclure ma réponse, je dirai en toute objectivité que l’occupation française a reposé sur une politique de déshumanisation de l’Algérien, de sa destruction sur les plans social, politique, culturel et civilisationnel, bien plus, elle a même oeuvré à nous déposséder de nos noms et prénoms… C’est ce qui confère le caractère criminel à cette politique qui a duré 132 années, cela avec des preuves irréfutables. Il en est pour preuves les essais nucléaires destructeurs, les massacres collectifs, les enfumages de tribus entières dans les grottes, les opérations d’assassinats et de liquidations extrajudiciaires et autres faits qui, aux yeux du droit international, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’Histoire retiendra que la colonisation en Algérie a été la plus violente et la plus barbare que l’humanité a connue.

    Pouvez-vous, M. le Président, nous entretenir de la réaction des patriotes algériens, en particulier des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, ainsi que des préparatifs à la veille du 1er Novembre, en particulier de la proclamation du 1er Novembre ?

    Comme je l’ai mentionné précédemment, des élections à l’Assemblée algérienne avaient eu lieu, le Parti populaire algérien (PPA) a été autorisé à y participer sous la dénomination de Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dans la mesure où, après son interdiction, il continuait d’activer dans la clandestinité. L’assemblé algérienne comptait 121 sièges, 60 pour les Français et 61 pour les Algériens qui n’avait d’autre prérogatives que celle de débattre le budget consacré à ce qui était appelé le département de l’Algérie et rien d’autre. Cependant, à l’issue des élections, le MTLD n’avait remporté que 5 sièges et le parti de Ferhat Abbas 05 ou 06 sièges, le reste des sièges avait été remporté par les Français. Ceci à la suite d’un truquage éhonté des élections par Naegellen, qui a débouché sur un Parlement dont plus des deux tiers étaient revenus aux Français, alors que dans les faits, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques les avait remportés haut la main. La fraude a été tellement massive que lorsqu’on parle d’élections truquées dans les milieux français, ont dit qu’il s’agit d’«élections à la Naegellen», du nom de Marcel Edmond Naegelen, ancien ministre de l’Education dans le gouvernement français, nommé gouverneur de l’Algérie et qui a supervisé le truquage de ces élections. A la suite de cela, les dirigeants du Mouvement national se sont réunis pour étudier la situation, caractérisée par la volonté de l’occupant à continuer d’ignorer les droits des Algériens. A l’issue de cette réunion, ils ont conclu que l’action politique seule ne suffisait plus à obtenir les résultats escomptés et qu’elle devait s’accompagner d’une action armée. Une décision importante qui s’est traduite par la création de l’Organisation spéciale (OS), activant dans la clandestinité et composée de jeunes militants ayant de l’expérience dans la lutte, dont l’objectif principal était de préparer la lutte armée contre un occupant qui ne comprenait que le langage des armes. L’action de l’Organisation spéciale, sous la direction des défunts Mohamed Belouizdad; Husseine Aït Ahmed puis Ahmed Ben belle, avait englobé tout le territoire algérien et je me souviens que parmi les frères qui avaient formé cette organisation, entre autres les défunts Rabah Bitat, qui activait dans la région d’Oran et Chihani Bachir, dans la région d’Aïn Sefra. Il ressort donc que les militants activaient en dehors de leur région d’origine, ce qui met en évidence le caractère clandestin de l’action de l’organisation. Les autorités d’occupation ne découvriront son existence qu’en 1950, suite à l’arrestation de certains de ses membres. Pour sa part, le défunt Aït Ahmed avait réussi à échapper au coup de filet et rejoint l’étranger avec l’aide du Chahid Mustapha Ben Boulaïd, qui lui a obtenu de faux papiers d’identité. Après ces faits, la direction du parti s’était réunie et décida du gel de l’action de l’OS et sa réorganisation. Décision que le Chahid Mustapha Ben Boulaïd rejeta catégoriquement, au motif que l’organisation avait obtenu des résultats positifs et pu atteindre un bon niveau en matiére d’organisation tout comme elle avait réussi à obtenir des armes acheminées à dos de chameau depuis la Libye à travers le sud algérien jusqu’à la région des Aurès. Nombre de militants ont tenté avec insistance de convaincre Ben Boulaïd de revenir sur sa décision, mais ce dernier a fermement refusé de geler les activités de l’organisation. La poursuite de l’action de l’OS a fait que les principaux responsables militants se sont réfugiés dans d’autres régions pour échapper à la chasse des autorités d’occupation, suite à la découverte de l’OS, à l’exemple du Chahid Zighoud Youcef, Abdallah Ben Tobbal, Ammar Benaouda et Rabah Bitat, Dieu les bénisse tous. A la suite de la scission au sein du parti entre les messalistes et les centralistes, Mustapha Ben Boulaïd a décidé, le 23 mars 1954, avec un groupe de militants de l’OS, la création d’une nouvelle organisation ayant pour objectif l’unification des rangs dans la perspective de l’action armée. C’est la naissance du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (Crua) qui, à la suite de l’échec de sa tentative de réconcilier les deux parties en conflit, décida d’organiser la réunion du Groupe des 22, tous membres de l’OS. Dans la réalité, le nombre des militants devant participer à la réunion était bien supérieur, du fait que nombreux de ceux qui activent à travers le territoire national n’ont pu effectuer le déplacement, en raison des mesures strictes appliquées par l’administration coloniale. L’objectif de la réunion du Groupe des 22, présidée par le Chahid Mustafa Ben Boulaïd, le 26 juin 1954, était de faire le point sur la situation. Après discussions, un comité a été créé pour réfléchir aux mesures à prendre par la suite. Depuis lors, et jusqu’au 26 octobre 1954, selon les données que j’ai en ma possession, le Groupe des 22 était à la recherche d’une personnalité charismatique, connue du peuple, pour diriger la phase suivante. Ils ont pensé à Messali Hadj auquel Ben Boulaïd a rendu visite en Belgique, en juillet de la même année, du fait que ce dernier avait les moyens d’effectuer ce voyage, outre le fait qu’il était membre du Comité central du Parti. L’offre faite par Ben Boulaïd à Messali de diriger le groupe qui aura la charge de déclencher la Révolution a été rejetée par ce dernier qui a affirmé que la primauté de prendre une décision aussi cruciale lui revenait de droit. Suite à cette fin de non-recevoir, le Chahid Mustapha Ben Boulaïd se rend à Paris où il rencontre quelques militants responsables, comme Ahmed Nouaoura et Ammar Belagoune, auxquels il demandera de cesser de verser les cotisations mensuelles au parti de Messali Hadj et de se préparer à rentrer au pays pour contribuer au déclenchement de la Révolution, ce qui sera le cas. Ben Boulaïd s’est également rendu à Tripoli où il a rencontré le défunt Ahmed Ben Bella pour se concerter sur la question du ravitaillement en armes. Ils se sont ensuite déplacés au Caire où ils ont rencontré le président égyptien Djamal Abdel Nasser qu’ils ont informé des préparatifs en cours pour le déclenchement de la Révolution et sollicité pour qu’il leur fournisse des armes et facilite leur entrée en Algérie. D’autre part, à son retour au pays, Ben Boulaïd a pris attache avec le Dr Lamine Debaghine, personnalité bien connue, qui a rejeté l’idée du déclenchement de la Révolution. Alors, Ben Boulaïd a décidé de l’option de la direction collégiale avec Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, tout en mettant l’accent sur le fait qu’elle ne saurait se faire sans la présence en leur sein d’un représentant de la région de Kabylie. C’est ainsi qu’ils ont pris contact avec Krim Belkacem et son adjoint Ammar Ouamrane, les invitant à prendre part à cette décision historique. Ce qui se fit facilement du fait que les contacts entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem n’avaient jamais été interrompus. Après s’être mis d’accord sur tous les détails, les membres du Groupe des Six ont veillé à la rédaction de la proclamation du 1er Novembre afin de préserver la confidentialité. Il s’agissait de dirigeants imprégnés des valeurs portées par le mouvement national, d’un haut niveau culturel. En outre, l’intérêt suprême a fait qu’ils ont renoncé à leurs appartenances (sensibilités idéologiques) pour rédiger un appel invitant les algériennes et les Algériens, toutes catégories et tendances confondues, à rejoindre la Révolution à titre individuel et non en tant qu’organisations ou partis. Toutes et tous devaient se fondre dans un seul mouvement ayant pour objectif l’indépendance nationale, à savoir le Front de libération nationale, qui a rassemblé tout le monde sous un slogan d’une grande portée stratégique, à savoir «la Révolution par le peuple et pour le peuple», un slogan qui est resté en usage jusqu’à l’étape post-indépendance. Par la suite, la Révolution est entrée dans la phase organisationnelle avec le découpage du territoire en cinq zones et à la désignation des responsables de chacune d’elles. La Révolution a touché l’ensemble du territoire national. Mustafa Ben Boulaïd a ainsi dirigé la Révolution dans la région des Aurès, Krim Belkacem en Kabylie, Rabah Bitat, dans la région Centre, Ben M’hidi, dans la région Ouest et Didouche Mourad à l’Est. Le défunt Mohamed Boudiaf a été chargé de la coordination entre l’intérieur et l’extérieur. Muni de la proclamation du 1er Novembre, il s’est rendu au Caire où il a rejoint Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Khider afin qu’elle soit diffusée par la Radio «Sawt El Arab».

    l Il était nécessaire que l’armée qui a participé à la libération du pays, immédiatement après l’accession à l’indépendance nationale, de s’engager dans une autre étape, celle de l’édification d’une armée au diapason des aspirations du peuple. A cet égard, quelles étaient les circonstances qui ont présidé à la conversion de l’ALN en Armée nationale populaire ?

    l Les autorités coloniales avaient mis sur pied ce qu’elles ont appelé la «force locale», composée d’officiers et de soldats qui avaient servi dans l’armée française,dotés d’armes dans toutes les wilayas avec à la tête de ces wilaya un ancien officier de l’armée française. Le ministre des forces armées de l’époque Piére Messmer avait déclaré que cette force locale constituera le noyau dur de l’armée algérienne après l’indépendance, ajoutant que les unités de l’ALN aux frontières ne seraient autorisées à rentrer au pays qu’à l’issue du référendum et après équipement de la force locale. De même, dès leur retour, les éléments de l’ALN seraient soumis au choix d’intégrer la force locale ou de bénéficier d’une somme d’argent et retourner à la vie civile. Dans le même temps, après le cessez-le-feu, une réunion a eu lieu en Tunisie, regroupant le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Benyoucef Ben Khedda, et l’ancien président tunisien, Habib Bourguiba. Dans sa déclaration, ce dernier avait affirmé que le pouvoir ne pouvait être l’émanation des chars pendant que Ben Khedda annonçait la dissolution de l’étatmajor général. Mais ce qui s’est passé par la suite, c’est que l’ALN avait franchi la frontière. Une réunion a eu lieu à Bou Saâda, regroupant des responsables des Wilayas I, VI et V ainsi que le Commandement de l’état-major général, au cours de laquelle il a été question du changement de l’appellation de l’Armée de libération nationale. Il faut aussi savoir que lors de la réunion de Tripoli, il avait été décidé de la reconversion de l’Armée de libération nationale et, après des discussions approfondies, il a été unanimement reconnu que cette armée, qui puise ses racines du peuple, devait rester liée au peuple et à la patrie. A ce titre, ils se sont entendus pour lui donner le nom d’Armée nationale populaire. Cet attachement nous le vivons et le ressentons aujourd’hui dans le lien étroit existant entre le peuple et l’armée. Pour ma part, j’ajoute toujours : «L’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale». Lorsque nous faisons le lien entre tout ce que nous avons mentionné et rappelons les étapes franchies par notre pays, nous pouvons considérer que la phase d’édification de l’Etat s’est étendue de 1967 à 1977, que le défunt président Houari Boumediene l’avait qualifiée à l’époque d’étape du retour à la base, depuis la commune jusqu’à la Constitution, en passant par la Charte nationale, tout comme il a été procédé à l’élection de l’Assemblée populaire nationale, suite à la dissolution du précédent Parlement Le pays a connu une autre phase sous la direction du président Chadli Bendjedid, de même, notre peuple a eu à faire face au terrorisme barbare une décennie durant, seul, sans l’aide de personne. Mais grâce à Dieu et à la résistance de notre peuple, à la détermination et aux sacrifices des hommes et femmes des différents corps de sécurité, à leur tête l’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale, nous avons vaincu le terrorisme et ses résidus. Ensuite, il y eut la période du président Bouteflika qui a duré 20 ans. Durant ce temps, le pays a connu des déviations et des dépassements destructeurs à tous les niveaux, ce qui a conduit le peuple à sortir pour protester et exprimer son rejet de ces pratiques dans des manifestations pacifiques, civilisées. Tout au long de ces manifestations, l’armée s’est tenue aux côtés du peuple, préservant ainsi leur caractère pacifique. Il en est pour preuve que pas une goutte de sang n’a été versée. Il est curieux que certains négligent étrangement cette particularité très importante et à travers elle la position historique de l’ANP, digne et méritante héritière de l’ALN … Au regard de tout ce que nous venons d’évoquer, je ne cesserai jamais de dire et de rappeler que la contribution de l’ANP a toujours fait éviter à notre pays de se faire entraîner vers des lendemains incertains. Par ailleurs, ce que nous devons souligner est que notre pays a traversé une période difficile qu’il a finalement surmontée avec l’organisation d’élections présidentielles intègres et démocratiques, de l’avis même des candidats. Des éléctions qui ont permis d’entrer dans la légitimité démocratique. Ainsi, le Président a élaboré un programme visant le changement et fixé des objectifs à atteindre progressivement. Il est vrai que ce programme a pris quelque retard du fait de circonstances objectives caractérisées essentiellement par la propagation de la pandémie du coronavirus, sans pour autant que son application ne soit interrompue. Après les élection présidentielle, le président de la République a décidé de l’organisation d’un référendum portant révision de la Constitution aprés son enréchissement. Une révision qu’il a voulue consensuelle. Personnellement J’ai retrouvé dans cette Constitution certains avis que j’avais soumis. Ma lecture est que cette constitution concrétise réellement la devise «par le peuple et pour le peuple». Ce que je trouve de plus important à signaler à ce propos est la poursuite du processus d’édification des institutions de l’Etat, un Etat où tout le monde trouvra sa voie, et qui soit sous forme d’une grande maison abritant tout le monde quels que soient leurs différends. Il nous appartient bien sûr de faire la différence entre l’Etat et le gouvernement. Ce dernier change selon les aspirations et la volonté du peuple, car l’Etat a vocation d’être pérenne. Telle est la finalité des réformes engagées par Monsieur le président de la République qui, comme attendu, vient de décider la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, dans le but d’aller vers des élections législatives où la parole sera donnée au peuple pour que se concrétise le changement politique dans le pays. Partant de là, quiconque est porteur d’un programme qui peut contribuer à servir la nation et qui bénéficie de la confiance du peuple, aura toute la latitude d’œuvrer pour le bien et l’intérêt de la patrie. A ce titre, le président de la République avait précédemment affirmé que même si dans le cas où à l’issue de ces élections législatives, celle-ci aura l’occasion de constituer le gouvernement conformément aux nouvelles dispositions consacrées par la dernière révision constitutionnelle, à l’initiative du président de la République, M Abdelmadjid Tebboune. Ce qui constitue le summum de la démocratie et sa consécration. Que peut-il y avoir de plus que cette démocratie participative fondée sur notre glorieux legs novembriste ?

    En tant que Moudjahid de la première heure, quel est votre point de vue sur le dossier de la mémoire et quels sont les fondements sur lesquels doit reposer le dialogue sur ce volet avec la partie française ?

    S’agissant de la question de la mémoire, il faut souligner que la feuille de route pour un dialogue sur cette question doit se faire avec l’Etat français, indépendamment des personnes ou des présidents. Il est important de noter que lorsque nous avons combattu la France, nous avions fait la distinction entre le colonialisme français et le peuple français. Notre Révolution a été menée contre le colonialisme et jamais contre le peuple. Aussi, l’écriture de l’histoire, en partant de ce postulat, montre que tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution a également libéré le peuple français. Comment? Durant cette période, la France a vu passer six gouvernements dirigés par des personnalités françaises connues, comme Edgar Faure, Guy Mollet, Charles de Gaulle… Ces gouvernements sont tombés l’un après l’autre du fait de la pression exercée par la Révolution libératrice, et puis ce fut la chute de la IVe République qui ramena au pouvoir le général De Gaulle, suite à un coup d’Etat mené par les colons en Algérie, avec l’aide d’officiers de l’armée. Par la suite, le général De Gaulle, avec le général Challe, a tenté d’étouffer la Révolution libératrice par le lancement d’un plan opérationnel qui a nécessité la mobilisation de tous les moyens humains et matériels. Parallèlement, il a tenté quelques réformes politiques et économiques, à travers notamment le plan de Constantine et l’organisation de simulacres d’élections municipales dans le but de constituer une troisième force d’Algériens comme interlocuteurs pour négocier le sort de l’Algérie. Puis, lors d’une conférence de presse tenue en 1958, il a suggéré l’idée d’une «Paix des braves». Alors que jusque-là, la France coloniale qualifiait les révolutionnaires de «hors-la-loi», de «Fellagha», voilà qu’à ses yeux, ils devenaient des braves qu’il invite à négocier. L’échec de cette stratégie poussa De Gaulle à penser au devenir de la France et au choix entre la perte d’une colonie ou celle de son pays. La France était à l’époque, un des pays européens les plus faibles économiquement, d’où l’idée de procéder à des essais nucléaires en Algérie dans une tentative de redorer le blason de la France et de restaurer son prestige en Europe et dans le monde. Mais la pression permanente de la Révolution finira par le contraindre à s’asseoir autour d’une table qui conduira aux négociations d’Evian. L’analyse de toutes ces phases montre que l’Algérie a libéré le peuple français car sans la Révolution libératrice, tous ces développements n’auraient pas eu lieu en France. Ainsi, en comparant ce contexte historique avec ce qui se passe actuellement suite à la présentation au président français du dossier de la mémoire par l’historien Benjamin Stora, nous dirons que ce rapport traite une question francofrançaise qui ne nous concerne pas. Cependant, si j’avais à formuler mes remarques personnelles sur ce rapport, en tant que moudjahid ayant participé à la Révolution, je dirais que la France veut encore gérer le dossier de la mémoire avec l’idée de la «paix des braves», comme avait tenté de le faire le général De Gaulle avec les révolutionnaires. Ainsi, le dossier de la mémoire aujourd’hui est voué à connaître le même sort que la stratégie du général De Gaulle durant la Révolution, à savoir l’échec. D’autre part, le rapport Stora a abordé la période 1954 – 1962, alors que, comme je l’ai mentionné précédemment, parler d’histoire et de mémoire doit commencer du tout début, car les étapes de l’histoire nationale sont indissociables les unes des autres. L’histoire est un processus permanent qui ne saurait être compartimenté en des épisodes, tout comme ne pourrait l’être la période d’occupation coloniale de 1830 au 5 Juillet 1962.

    Un des principes immuables de l’Algérie est la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et le soutien du droit des peuples opprimés à l’autodétermination. Quel est votre commentaire au regard des questions palestinienne et sahraouie ?

    Par principe, l’Algérie n’a jamais cherché à s’ingérer dans les affaires internes d’autres pays, aussi nous n’acceptons donc jamais que d’autres s’immiscent dans nos affaires intérieures. Une partie de ces principes que je viens d’évoquer constitue l’essence de l’orientation et de la doctrine algérienne et il est important de se rappeler qu’elle se cristallise conformément aux principes fondateurs de notre politique étrangère. Celle-ci se traduit par le renforcement du respect de la légalité internationale, le dialogue et la concertation entre l’ensemble des parties concernées pour le règlement pacifique des conflits. De même pour notre pays, il est nécessaire d’organiser les relations internationales dans le cadre du respect des principes et dispositions du droit international, s’agissant particulièrement du respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires internes, le respect de la souveraineté nationale des Etats et de leur indépendance. Telle est la voie que nous suivons à titre d’exemple et non exhaustif dans le cas libyen, la région du Sahel etc. S’agissant de la question palestinienne, Monsieur le président de la République a réaffirmé la position immuable de notre pays à son égard. Quand à la question du Sahara occidental, il s’agit d’une question de décolonisation de la dernière colonie sur le continent Africain et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, un principe pour lequel nous avons combattu jusqu’à ce que notre pays arrache son indépendance et recouvre sa souveraineté. Le dossier du Sahara occidental est posé au niveau de l’organisation onusienne. Il concerne un peuple qui cherche à exercer son droit à l’autodétermination. Ainsi, il importe que les décisions de la légalité internationale préconisant l’organisation d’un référendum par lequel le peuple sahraoui pourra exercer son libre choix, soient appliquées. Un peuple qui a eu longtemps à endurer l’occupation espagnole puis marocaine actuelle. Ici, nous devons faire la distinction entre le peuple marocain frère et le régime d’occupation du Makhzen. Tout comme l’Algérie avait refusé l’occupation française dans sa totalité, l’a combattu et payé le plus lourd des tributs pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté nationale, elle rejette tout autant l’occupation par le Maroc du Sahara occidental et toutes les formes d’occupation. D’autre part, comme tout le monde le sait, l’Algérie n’est pas partie au conflit qui oppose la République arabe sahraouie démocratique et le royaume marocain. Un conflit qui doit trouver sa solution sous l’égide de l’ONU, à travers la désignation urgente d’un envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, chargé de relancer le processus de règlement du conflit et d’organiser le référendum afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit imprescriptible à l’autodétermination.

    Quel message pouvez-vous adresser au peuple algérien à propos des campagnes agressives flagrantes menées par certaines parties ? Et comment faire face aux complots ourdis contre notre pays ?

    La vérité que tout le monde devrait prendre en compte est que les ennemis de l’Algérie, à l’intérieur comme à l’étranger, n’apprécient guère que l’Algérie soit forte et debout. Il est clair qu’ils visent l’Armée nationale populaire parce que c’est l’épine dorsale de l’Etat, tout comme ils ne veulent pas que l’Algérie soit un Etat démocratique. La démocratie véritable qui confère une immunité à l’Etat et qui barre la route à l’ingérence d’autrui dans nos affaires internes, leur fait peur. Les Algériens qui ont donné le meilleur des exemples en matière de lutte et de sacrifices durant la Révolution et qui ont pris des décisions vitales durant le processus d’édification de l’Etat, y compris la nationalisation des hydrocarbures (dont nous venons de célébrer le cinquantenaire), saura faire face et relever tous les défis. Ici, il me revient à l’esprit la visite effectuée en 1969 par le défunt roi d’Arabie saoudite, Fayçal. A l’époque, j’étais Mouhafedh à Annaba qui chapeautait nombre d’autres wilayas actuelles. Une visite au complexe d’El Hadjar avait été programmée où je l’avais accueilli, accompagné du secrétaire général de la wilaya. A la fin de la visite, nous lui avons présenté le Livre d’or pour qu’il le signe. Il écrivit «Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux» puis s’arrêta et dit : «Je remercie Dieu de m’avoir accordé le temps pour que je puisse visiter l’Algérie indépendante ainsi qu’une des nombreuses réalisations édifiées par l’Algérie indépendante.» Après un bref silence, il ajouta : «En 1956, j’étais ministre des Affaires étrangères de mon pays, j’avais effectué une visite en France. A l’époque, mon homologue français était Robert Schumann. A l’issue de la visite et avant de quitter Paris, je lui avais exprimé mon désir de visiter de nouveau la France mais après l’indépendance de l’Algérie.». Il a ajouté : «Au regard des sacrifices consentis par le peuple algérien durant la Révolution libératrice, il est de son droit d’opter pour la doctrine de son choix, fusse-t-elle le communisme…». Il a également remarqué que de nombreuses mosquées avaient été construites et celles en voie de l’être sur tout le territoire algérien après quelques années seulement d’indépendance et il conclut en disant que telle était sa vision de l’Algérie. A travers cet exemple, j’ai voulu inviter les Algériens à revenir à l’histoire et à s’en inspirer, qu’ils aient conscience de la grandeur de l’Algérie, de sa place et de son rôle dans le monde arabe et en Afrique. L’Algérie est un pays aux positions immuables et profondément enracinées, et nous ne devons pas oublier que ses relations avec les Etats-Unis d’Amérique se sont détériorées et ont été rompues pour une période, du fait de la cause palestinienne, et Washington avait compris notre position, néaumoins, le pragmatisme a prévalu et relations économiques ont évolué entre nos deux pays par rapport à ce qu’elles étaient par le passé. Telle est l’Algérie pour laquelle nous nous battons encore et dont nous œuvrons à transmettre les positions aux générations futures afin qu’elles réalisent la place qu’occupe leur pays dans le concert des nations et la place du peuple algérien parmi les peuples du monde. En général, en de telles circonstances, il importe de renforcer et de consolider le front interne afin de faire face à toute forme de menaces, de complots et de manœuvres… Quand a ce qui a trait à ceux qui auront à assumer des responsabilités à tous les échelons, ce sera conformément aux fondements de la démocratie et selon ce que décide le peuple. En vérité, les complots ourdis contre l’Algérie ne datent pas d’aujourd’hui, à cette différence près qu’ils sont désormais ouvertement affirmés. Ils sont nourris par de multiples parties et cercles qui voudraient clairement faire de l’Algérie un pays quelconque, alors que l’Algérie avec sa longue et honorable histoire, son peuple fier, ne peut être qu’un grand pays, traitant avec les Etats d’égal à égal. Ainsi, je dirais qu’il nous incombe à tous d’œuvrer ensemble afin de concrétiser l’objectif commun, celui de l’édification de la nouvelle Algérie, stable et prospère, conformément aux aspirations du peuple et par fidélité aux sacrifices consentis par nos valeureux Chouhada. Nous œuvrons à le concrétiser étape par étape, sous la direction du président de la République. En conclusion, je voudrais insister sur la question du renforcement et la consolidation du front interne ainsi que l’unification des rangs qui nous permettra inévitablement de relever tous les défis et enjeux. Les ennemis de l’Algérie sont désormais connus et tentent vainement de polluer le climat à travers des voix installées à l’étranger, qui s’attaquent à notre pays au nom de la liberté d’expression. là, il faut faire la distinction entre liberté d’expression et liberté de s’adonner à des pitreries… C’est au nom de cette liberté qu’ils diffusent des informations fausses et tendancieuses, auxquelles on ne saurait faire face que par l’unification des rangs, l’action constante, davantage de vigilance et de perspicacité. Vive l’Algérie libre et indépendante, gloire et éternité aux Chouhada.

    El Djeich nº 692, mars 2021

    Tags : Algérie, Mémoire, Maroc, Sahara Occidental, FLN, 1er novembre, guerre de libération, colonisation,

  • La Banque d’Algérie émet des monnaies à l’effigie des héros historiques de la révolution

    La Banque d’Algérie a émis une nouvelle coupure de 2 000 DA et une pièce de monnaie de 200 DA. Des figures de la guerre d’indépendance y sont représentées.

    Le billet de 2 000 DA est d’une dimension de 158 mm x 71,8 mm. Il s’agit d’une coupure « bleu violacé au recto et marron violacé au verso ».
    « En vignette, le groupe des six : les six chefs historiques de la glorieuse révolution du 1er novembre 1954». « Le nouveau billet circulera concomitamment avec les billets de banque actuellement en circulation », précise la Banque d’Algérie. C’est la première fois que la banque d’Algérie émis des billets en référence aux héros de la révolution. Généralement c’est l’emir Abdelkader qui apparaît dans les billets ou des références générales de la révolution, mais jamais des héros connus. 
    La pièce est, quant à elle, de « type bimétallique ». « Elle est constituée d’une couronne extérieure en cupronickel, de couleur grise acier, et d’un cœur en bronze serti à l’intérieur de cette couronne et de couleur jaune ». Sa face porte « l’effigie de Ahmed Zabana », qui est au revers du chiffre de 200 dinars.
    Le nouveau billet de 2.000 dinars et la nouvelle pièce de 200 dinars sont mise en circulation en Algérie à partir de la date de la publication au Journal officiel des règlements portant leur création et leur émission, c’est-à-dire ce mercredi 27 janvier, selon la Banque d’Algérie.
    DIA, 28 janvier 2021
    Tags : Algérie, guerre de libération, guerre d’Algérie,