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  • Ukraine: L’échec de l’OTAN et la «porte de sortie» de Kissinger

    Ukraine: L’échec de l’OTAN et la «porte de sortie» de Kissinger

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    L’échec redouté des atlantistes et la «porte de sortie» d’un Kissinger pour éviter la débâcle?

    Par Djerrad Amar

    L’agressivité est un exutoire de la peur.

    Les USA se testent, en permanence, par des guerres, contre les pays faibles, afin de se soulager de la frayeur de perdre leur leadership ou de subir, sur leur sol, une guerre d’anéantissement, d’un pays aussi fort, qu’il lui prévoit !

    Leur comportement continuellement irrationnel par leurs actions illégales, provocantes et paranoïaques, ne peut conduire qu’à l’impasse ! Toute réplique ne peut être que légale et légitime !

    Le jour où un pays comme la Russie se sentant en danger les a mis en sérieuse difficulté, ils ont mobilisé tous les moyens lourds (y compris la propagande de guerre) pour la persuader à renoncer, voire à abdiquer tout en s’évertuant à mettre la justice et l’humanité de leur côté !

    La Russie irréductible quand il s’agit d’un problème existentiel n’a fait que répondre légitimement à un besoin naturel de sécurité suite à une injustice ; forcée de le régler sur le terrain de combat contre un quasi ennemi qui l’a décidé par ‘‘guerre proxy’’ !

    « La propagande (dit-on) est le contraire de l’artillerie : plus elle est lourde, moins elle porte.»

    Le temps de l’échec redouté

    C’est l’heure de la panique dans le système frelaté politique, militaire et informationnel occidental ! Toutes leurs sournoiseries et leurs boniments, cachés sous un sophisme futile, sont mis au grand jour ! Stratèges dans le mensonge hier pour expliquer l’échec de « Poutine », subitement ils deviennent stratèges pour « expliquer » leur échec par d’autres mensonges amalgamés à des vérités relativisées, en y ajoutant « selon les Russes ». Toutes les vérités cachées, pendant des mois sortent en désordre, avec parcimonie et ce, grâce aux images incontestables et humiliantes des redditions, des destructions d’arsenaux militaires et des villes sous contrôle russe ! Pour supporter leur honte et leur mauvaise foi, ils y ajoutent quelques « infos » absurdes comme preuves de l’échec des Russes pour faire diversion tels « Poutine limoge des généraux qui ont échoué » et tutti quanti si bien que « Libération » a titré cette idiotie qui a fait la risée des d’internautes « Derrière la chute de Marioupol, la défaite russe » ; comme si en Ukraine on joue à « qui perd gagne » avec la Russie. Ou bien ce journal de caniveau du détestable Times britannique qui se permet d’outrager l’intelligence de ses lecteurs par un article qu’il a intitulé « Le bataillon Azov a enlevé un symbole néonazi de ses insignes, qui aidait jusque-là à nourrir la propagande russe » comme si le changement de logo efface les crimes et l’idéologie de ces bataillons ! Pour ne pas se déjuger des mensonges passés démentis par la réalité incontestable, ils posent maintenant des questionnements sur la « qualité des nationalistes ukrainiens » : « sont-ils tous néonazis ? » ou d’en minimiser l’importance après des critiques et des révélations etc. etc … Dans quelques semaines nous les verrons faire une sorte de « mea culpa » avec de fausses justifications pour espérer regagner la confiance de leurs lecteurs et téléspectateurs … pour mieux les tromper plus tard pour d’autres évènements ! Pour cette espèce, le mensonge est salutaire quand il rassure et s’accommode avec leur incompétence, leur cupidité et leur arrogance ; surtout quand la mort ne les vise pas (ou leurs proches) ou que le terrain d’essai des combats se déroule via un proxy ! «la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas.» (Paul Valéry)

    Les atlantistes constatent qu’ils sont bien en voie de perdre la guerre avec la Russie (voir aussi l’article de Moon of Alabama). Une guerre multiforme ; militaire, économique, politique, tactique et stratégique ! A ce jour, rien des multiples actions coercitives, même les plus crasses et inhumaines, n’a eu d’effets significatifs susceptibles « d’anéantir » la Russie et ce malgré une coalition active, de plus de 30 pays ! Cette Russie est même sur le point de gagner un rôle cardinal dans le nouvel ordre mondial multipolaire, dédollarisé, qui s’esquisse de jour en jour ! Jens Stoltenberg le SG de l’OTAN a évoqué récemment en Finlande, devant le président finlandais ces « concessions » pour avoir la paix. Selon lui, «… La question est de savoir quel prix (les Ukrainiens) sont prêts à payer … Combien de territoire, combien d’indépendance, combien de souveraineté sont-ils prêts à sacrifier?». Même L’influent média internationale « Open Democracy » parle même de « fatigue ukrainienne »

    En effet, quand des soldats et des officiers ukrainiens désertent ou se rendent par centaines, que des milliers périssent sur le champ de bataille à la merci de l’artillerie russe, que les munitions manquent, ou que l’écrasante majorité de l’armement fourni par l’Otan est détruit ou confisqué ou se retrouve en vente sur le marché noir etc. il y a motif acceptable pour abandonner la partie, sauver ce qui reste dont la face, par orgueil ! Même le Washington Post, par un revirement étonnant, reconnait les conditions catastrophiques des forces ukrainiennes. La bataille engagée pour le Donbass semble sceller le sort de la guerre en faveur de la Russie et mettre un terme à toute forfanterie et verbiage politico-médiatique occidental !

    Rappelons que c’est la énième fois depuis au moins 10 ans que les Russes ‘quémandent’ (pourrions-nous dire) des discussions, des négociations, etc . pour s’entendre sur une solution équitable en matière de sécurité ! Mais à qui s’adressent-ils ? A des impérialistes bouffis d’orgueil, sûrs de leurs forces, de leurs stratégies, de leur avantage et de leur réussite ! On voit les conséquences et les résultats après seulement trois mois !

    Une « sortie » par Kissinger pour éviter la déroute ?

    C’est dans ce contexte délétère de guerre, de panique, d’hystérie collective et du délitement de l’armée ukrainienne pilotée par les USA, que l’on observe, ces derniers temps, chez les atlantistes un changement de rhétorique visible dans leurs informations, les images diffusées, leurs éditoriaux, leurs débats, leurs commissions, leurs déclarations et au regard de l’agitation dans tous les sens de leurs instruments politiques, diplomatiques, médiatiques et propagandistes ! Curieusement ce sont les américains qui avouent inconsciemment être les commanditaires en demandant aux russes un cessez-le-feu au lieu des ukrainiens ! La seule option qui se suggère est d’accepter ce qui a été perdu avant que ce qui ressemble aujourd’hui à une impasse ne se transforme en déroute. Il s’agit bien d’un rétropédalage face à une réalité qui risque d’anéantir les derniers atouts à faire valoir – dont des négociations à minima.

    Les mentors Américains ont bien saisi le grave danger qui guette le grand capital américain ; d’où cette « sortie » par Kissinger dont-on a fait croire, par feinte et dissimulation, qu’elle a « suscité une fureur » ! Kissinger « lucide » dit-on ? Nous pensons qu’il a toujours été lucide, mais pour les intérêts américains exclusivement, mêmes illégitimes, au détriment des intérêts de tout autre pays souverain y compris européen ! Un rétropédalage sans perdre la face ? Sans aucun doute ! On y voit donc dans cette ‘immixtion’ de Kissinger (vu son âge avancé) un bon signe d’un échec salutaire pour le reste du monde ! En effet, comme on dit « il arrive que le diable porte pierre »

    Kissinger a déclaré qu’il ne fallait pas laisser la guerre s’éterniser en engageant des négociations qui doivent convenir la Russie. « Les négociations doivent commencer dans les deux prochains mois, avant de créer des bouleversements et des tensions qui ne seront pas faciles à surmonter » et de suggérer que l’Ukraine devait envisager des concessions territoriales à la Russie. Il poursuit « L’Ukraine aurait dû être un pont entre l’Europe et la Russie, mais maintenant, alors que les relations sont remodelées, nous pouvons entrer dans un espace où la ligne de démarcation est redessinée et la Russie est entièrement isolée. Nous sommes maintenant confrontés à une situation où la Russie pourrait se couper complètement de l’Europe et chercher une alliance permanente ailleurs. Cela peut conduire à des distances diplomatiques semblables à celles de la Guerre froide, qui nous feront reculer de plusieurs décennies. Nous devons lutter pour une paix à long terme ». Quand on lie ce discours avec la politique monétariste qui a appauvri une partie du peuple américain, le déficit budgétaire de plus de 3000 milliards de dollars, l’abus sans retenue de la planche à billet génératrice d’inflation, on comprend l’appel d’urgence de Kissinger et ses mentors à stopper la guerre en Ukraine avec la Russie ; qu’ils doivent percevoir comme ‘‘carburant’’ susceptible de précipiter la grave crise économique et financière qui pointe à l’horizon !

    Kissinger est un pur produit de l’impérialisme américain qu’il a soutenu, perfectionné et étendu. Il a donc grandement participé en acteur à ce qui se déroule d’affreux et de criminel dans le monde. Son intervention à Davos est une continuité de son engagement à défendre par tous les moyens les intérêts illégitimes de son pays, depuis des décennies ! C’est un des idéologues du Capital financier anglo-américain. Il n’intervient que pour avertir des graves risques qui guettent ce Capital en provoquant ainsi, avec la stratégie adoptée, la redoutable Russie. Surtout qu’il fallait l’éloigner de la Chine, devenue première puissance économique au lieu de la rapprocher. Sa sortie médiatique est bien d’empêcher un délitement de la puissance de son pays par l’effondrement prévisible de son système économique et financier prédateur qui se décline au fur et à mesure que les provocations, les sanctions et les contraintes sur la Russie s’intensifient et que, à l’opposée, les ripostes se constatent plus néfastes pour les atlantistes que pour la Russie !

    Si Kissinger semble raisonnable dans cette intervention qui va apparemment dans le sens des souhaits russes, c’est qu’il a vu que son pays risque une déculotté mémorable et à échéance, une déchéance irréversible de leader mondial ! Comme les Américains n’ont de principes et de morale que ceux de l’argent et leurs intérêts exclusifs illicites, la solution la moins pénible est celle de négocier pour au moins maintenir leur position de leadership mondial. Même dans ce cas, ils resteront malhonnêtes, fourbes, perfides et tricheurs, car ils ne respectent jamais leurs engagements, même écrits ! A la moindre occasion ils ne s’embarrasseront d’aucun scrupule pour renier tout ! La preuve est donnée il y a quelques jours à propos de cette loi visant à empêcher la présence russe en Afrique par des sanctions à l’encontre des gouvernements et acteurs africains qui seraient favorables à cette présence.

    Pourquoi Kissinger âgé de près d’un siècle ? Il nous semble un intermédiaire, envoyé pas sa doxa pour faire le médiateur afin d’éviter à l’Amérique une débâcle annoncée créée par leur politique hégémonique cupide et folle !

    Faire croire au monde que le plus grand défenseur des intérêts américains, de surcroit détester par le reste du Monde pour ses forfaits, propose une solution qui arrange les Russes vise, à notre sens, à stopper net un autre échec, mais des plus humiliant pouvant anéantir un siècle de domination impérialiste assistés par leurs vassaux européens, eux-mêmes colonialistes et néocolonialistes, avec leurs politiciens, leurs presses et leurs ‘‘experts’’ et ce, de la bouche même de Klaus Schwab, le Fondateur du Forum Économique Mondial qui, selon un tweet et en caméra cachée avoue « Nous les avons tous dans nos sacs, les politiciens, les médias et surtout les experts et les scientifiques. »

    La « philosophie » de la vie est simple pour les Américains ; elle est toujours « impérialo-civilisatrice » pour accaparer les richesses des autres ! L’idée d’une « mission civilisatrice » est une exécrable tromperie ! « … une théorie imaginée en France et dans d’autres pays européens qui se considéraient seuls pays civilisés ou de civilisations supérieures et qui se donnaient pour devoir … de ‘civiliser’ les populations non européennes … selon une dichotomie remontant aux anciens Grecs et Romains dont ces pays européens se posaient comme les héritiers. » (Selon Wikipédia). Nous sommes bien au XXI siècle dans le même paradigme!

    Ce que Kissinger dénonce c’est le « mauvais choix », car « ils se sont trompés » (selon l’interprétation d’un analyste) ; entendre dans la politique et la stratégique. Il fallait donc autre chose de plus élaboré pour défaire la Russie ! En somme l’objectif reste le même celui « d’affaiblir », au moins, la Russie et de l’empêcher de s’allier à la puissante Chine ! Il n’est donc pas du tout question d’équité, de sécurité pour la Russie (ou pour la Chine), de paix ou de concurrence loyale ! Il propose donc, à notre sens, la ruse de négocier pour limiter les dégâts et d’ajourner, en quelque sorte, l’objectif fondamental qui est de ne jamais voir la Russie et la Chine puissantes économiquement et militairement au risque de voir s’accélérer le déclin impérial des atlantistes en particulier américain ! La zone Indo-Pacifique (voire Océanique) apparait bien plus stratégique pour les américains que l’Europe qui n’est qu’un faire-valoir totalement acquis ! Kissinger n’intervient pas pour rendre à la raison les atlantistes quand ils provoquent ou agressent, mais quand il pressent leur échec !

    Quand on observe qu’à cette guerre en Ukraine vient se greffer le problème de Taïwan, politiquement pro américain, mais surtout un territoire chinois inaliénable quitte, pour la Chine, à déclencher une guerre, on comprend la hantise de Kissinger d’arrêter l’escalade en négociant avec la Russie « dans les deux prochains mois, avant de créer des bouleversements et des tensions qui ne seront pas faciles à surmonter » tout en proposant de concéder des territoires ukrainiens russophones déjà annexés par la Russie. « Pour avoir la paix », il leur demande d’accorder à la Russie ce qu’ils lui ont refusé dans la paix et qu’elle a obtenu par la force ! Ce sont des territoires, non négociables, revenus à la Russie, définitivement perdu pour l’Ukraine en désintégration.

    Contrairement aux «experts» de salons et des plateaux télé, Henry Kissinger, à Davos, exprime l’inquiétude qui gagne les atlantistes en particulier les grands financiers, la réalité inquiétante des combats en ukrainien, la puissance technologique militaire de la Russie et sa puissance économique par les matières premières inévitables, ainsi que sa conviction sur la détermination de Poutine à mettre en échec la politique mondialiste et hégémonique de son pays qui risque de perdre l’essentiel s’ils ne négocient pas avec la Russie avec des « concessions ». Leurs propagandes agressives et leur voix d’ogre, face à la puissance russe, n’était donc qu’une disproportion par rapport à leurs aptitudes réelles ! « Tel un épouvantail, il ne fait peur que de loin. » dit un proverbe égyptien.

    La devise amorale des atlantistes se résume donc ainsi : Je mens, je provoque pour dominer si nécessaire par la force armée, je vole les richesses et si ça se gâte, je négocie pour gagner du temps et accumuler afin de pouvoir recommencer plus tard ! Cela est clairement exprimé par Mike Pompéo, ex Secrétaire d’État américain :« J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le faire »

    De par son histoire continue, riche et le plus souvent héroïque, les Russes sont connus pour leur résilience, leurs engagements anticolonialistes ; imbattables sur ces terrains y compris militaire ! Il suffit simplement de se demander pourquoi toute l’Europe réunie avec les USA n’ont pas osé déclarer honnêtement et ouvertement la guerre à la Russie, mais en manipulant et armant sournoisement l’Ukraine et des mercenaires ; en annonçant avec dédain des sanctions économiques qui se sont dangereusement retournées contre eux ! L’entêtement à vouloir faire du mal, en niant les principes, n’est autre qu’une réaction de faiblesse qui peut tromper la vigilance et voiler les conséquences !

    Nier tous les principes sur lesquels se construit l’équilibre et l’harmonie entre les groupes humains ou les individus uniquement pour punir un adversaire, réclamant un droit, qui lui pourtant les respecte, et la chose la plus crasse, la plus diabolique qui peut mener à la chute !

    Diableries et aberrations du ‘‘pas d’énergie Russe’’ !

    Les atlantistes ont toujours caché leurs diableries, en temps de paix, dans la bonne morale, le bien et la vérité ! Mais leur hypocrisie et leurs mensonges sont mis à découvert dans l’adversité. « Dans les plus calmes fleuves, les diables pullulent » dit un proverbe russe ! Leurs diables sont bien sortis pour se retrouver face à une redoutable force tranquille qu’ils croyaient impuissante et corrompue !

    Les Etats-Unis obligeant l’Europe à acheter du gaz de schiste cher pour minimiser sa relation avec la Russie, les dirigeants européens annoncent la fable de se défaire totalement pétrole et gaz russe, suivant le programme « REPowerEU ». En fait, ce n’est qu’un fourvoiement qui traduit une incompétence puisque sa réalisation exige d’énormes investissements, des années pour sa mise en œuvre et une refonte de la politique extérieure et ce, pour un résultat insignifiant sur la Russie qui a des demandeurs plus sûrs et crédibles de matières premières et qui s’autosuffit. L’aberration est qu’ils menacent la Russie – de façon effrontée et répétitive – qu’ils n’achèteraient plus son pétrole et son gaz, mais… une fois qu’ils auront trouvé un substitut ou un autre fournisseur ! Comme si la Russie, qu’ils doivent croire plus abrutit qu’eux, ne sait pas leur dire qu’elle peut les ‘aider’ en arrêtant immédiatement les livraisons ! Respectueuse des contrats, elle a dû leur laisser le soin de décider eux-mêmes du sort de leur économie ! Ils cherchent en quelque sorte, éperdument, dans un trou – en prévoyant de dépenser des fortunes non disponibles – ce qui est à portée de leur main à bas prix ! Il faut être aliéné pour le faire ! L’UE est en effet gouvernée, selon un commentateur, par des « imbéciles téméraires ».

    Alors que la situation se dégrade chez eux, leurs politiciens hurlent sur le risque de famine – dont la Russie serait la cause – qui guette … l’Afrique (qui n’a rien dit) et non leurs pays. Quelle trouvaille ! Ils savent parfaitement que les populations africaines, entre autres, soutiennent l’action russe. A propos du blé, L’UE, par la voix d’Ursula von der Leyen, explique que la faible livraison de blé (russe et ukrainien) est causée par la Russie qui « a transformé délibérément en boomerang les sanctions européennes », alors que les russes imputent le problème aux conséquences des sanctions qui interdisent aux navires russes d’utiliser les infrastructures côtières occidentales et au minage, par l’Ukraine, des zones maritimes. Les plus grands transporteurs y ont adhéré craignant les sanctions américaines.

    Si la guerre froide s’est terminée par l’effondrement de URSS, la 2ème guerre froide se terminera sans doute – au vu de l’évolution des choses sur le terrain des combats et les nouvelles alliances hors Europe – par l’effondrement de l’OTAN et de l’UE, par des changements importants dans le système d’échange dans le monde, dans le système des relations internationales et dans le système de gouvernance mondiale ! Et au président vénézuélien d’asséner « L’ère de la domination militaire des États-Unis dans le monde est terminée … Nous vivons une époque de transition géopolitique qui définira le destin du XXIe siècle ».

    Addendum

    Josep Borrell, vise président de Commission européenne et Haut représentant pour les affaires étrangères et la sécurité évoque les « canaux de communication (qui) n’ont jamais été fermés… Il faut continuer de parler avec la Russie », alors qu’il n’a cessé de prôner un règlement du conflit avec la Russie par « des moyens militaires » !

    Pour avoir une idée sur ce menteur, hypocrite et méprisant personnage, voici qu’il dit pour accuser Poutine en recourant de façon crasse à la navrante stratégie de « l’inversion accusatoire ». Une manipulation consistant à accuser la Russie de crimes que ses alliés coupables (USA, GB, France en particulier) ont commis ou commettent encore pour dominer des pays dans le monde :

    « Ce que fait Vladimir Poutine n’est pas seulement une grave violation du droit international, c’est une violation des principes fondamentaux de la coexistence humaine. Avec son choix de ramener la guerre en Europe, nous assistons au retour de la ‘‘loi de la jungle’’ … Sa cible n’est pas seulement l’Ukraine, mais la sécurité de l’Europe et l’ensemble de l’ordre international fondé sur des règles, basé sur le système des Nations unies et le droit international. Son agression prend des vies innocentes et foule aux pieds le désir des gens de vivre en paix… forçant les gens à fuir. Nous voyons une catastrophe humanitaire … Pendant des mois, nous avons déployé des efforts sans précédent pour parvenir à une solution diplomatique … »
    Josep Borrell n’a rien dit et ne dit rien ; n’a rien vu et ne voit rien de ce qu’ont fait ses maitres maléfiques en Afghanistan, Irak, Libye, Serbie, Liban, Tchad, Yémen, Mali, Guinée, Cote d’Ivoire, Rwanda, etc… sans parler de l’Indonésie, du Vietnam, Cambodge, Corée, Iran, Algérie, Guatemala, Cuba, Laos, Brésil, Panama, Congo, République Dominicaine, Chili, Nicaragua, Philippines etc…

    Algérie54, 15 juin 2022

    #Russie #Ukraine #OTAN #EtatsUnis #Kissinger

  • Ben Barka était un espion, selon des  documents déclassifiés

    Ben Barka était un espion, selon des documents déclassifiés

    Ben Barka était un espion, selon des documents déclassifiés – Maroc, Tchécoslovaquie, espionnage, services secrets, Guerre Froide,

    Le chef de l’opposition marocaine Mehdi ben Barka était un espion, suggèrent les dossiers de la guerre froide
    L’activiste assassiné à Paris en 1965 était un héros de la lutte mondiale contre l’impérialisme, mais les dossiers des services secrets tchécoslovaques jettent le doute sur son indépendance.

    C’est l’une des grandes causes célèbres de la guerre froide. Vers midi, le 29 octobre 1965, Mehdi ben Barka , leader de l’opposition marocaine et héros de la gauche internationale, est enlevé alors qu’il arrive dans une brasserie de la rive gauche de Paris.

    Au fil des ans, une grande partie de la vérité sur le meurtre du dissident de 46 ans a émergé : comment il a été emmené dans une maison au sud de Paris, torturé et tué par des agents des renseignements marocains. Mais de nombreuses activités de Ben Barka avant sa mort sont restées entourées de mystère. Aujourd’hui, de nouvelles recherches dans les archives des anciens États satellites soviétiques ont révélé que l’intellectuel charismatique, propagandiste et organisateur politique pourrait également avoir été un espion.

    Des dossiers précédemment classifiés de Prague montrent que Ben Barka avait non seulement une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de sécurité tchécoslovaque redouté, mais qu’il en a reçu des paiements substantiels, à la fois en espèces et en nature.

    « Ben Barka est souvent décrit comme un combattant contre les intérêts coloniaux et pour le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait de plusieurs côtés, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le froid. guerre; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », a déclaré le Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague, qui a eu accès au dossier.

    Les conclusions seront controversées. Ben Barka est toujours un héros pour beaucoup à gauche, et sa famille nie catégoriquement toute accusation selon laquelle il aurait été impliqué dans l’espionnage ou aurait eu des liens étroits avec un État.

    La possibilité d’un lien entre Ben Barka et le StB a été évoquée pour la première fois il y a près de 15 ans, bien que peu de personnes aient prêté une grande attention aux enquêtes menées par un journaliste tchèque. Mais Koura a non seulement pu accéder à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, mais a également recoupé ses 1 500 pages avec des milliers d’autres documents secrets nouvellement publiés.

    « Il n’y a aucun doute sur [la connexion tchèque]. Tous les documents le confirment », a déclaré Koura à l’ Observer .

    Selon le dossier consulté par Koura, les relations de Ben Barka avec le StB ont commencé en 1960, lorsqu’il a rencontré son espion le plus haut placé à Paris après avoir quitté le Maroc pour échapper au régime de plus en plus autoritaire du roi Mohammed V. Sa patrie, une ancienne colonie française, avait pro-occidental depuis le début de la guerre froide, mais s’était récemment rapproché de Moscou. Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur les développements politiques dans le royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien , Gamal Abdel Nasser .

    Ben Barka était également une figure majeure du « mouvement anti-impérialiste des nations africaines et asiatiques », a noté le StB, dont les contacts comprenaient Malcolm X, Che Guevara et le jeune Nelson Mandela. Peu de temps après leurs premières réunions, le StB a rapporté que Ben Barka était une source d’informations « extrêmement précieuses » et lui a donné le nom de code « Cheikh », révèlent les archives.

    En septembre 1961, selon le dossier, Ben Barka avait reçu 1 000 francs français du StB pour des rapports sur le Maroc qui, selon lui, étaient copiés du bulletin interne du service de renseignement français à l’étranger. En fait, le matériel était accessible au public, ce qui a provoqué la colère et l’embarras à Prague lorsque la tromperie a été découverte. Ben Barka s’est néanmoins vu proposer un voyage tous frais payés en Afrique de l’Ouest pour recueillir des renseignements sur les activités américaines en Guinée équatoriale. Cette mission a été considérée comme un succès.

    Les Tchécoslovaques commencèrent bientôt à soupçonner que Ben Barka avait également des relations avec d’autres acteurs de la guerre froide, apprenant en février 1962 d’un agent en France que « Cheikh » avait rencontré un syndicaliste américain au bar L’Éléphant Blanc à Paris et avait reçu un chèque fait en dollars américains. Cela a conduit à craindre que Ben Barka ait des liens avec la CIA, qui tenait à soutenir la réforme démocratique au Maroc et à sécuriser le royaume pour le camp occidental. Le StB devait recevoir d’autres rapports alléguant que Ben Barka était en contact avec les États-Unis, bien que le politicien marocain ait toujours nié cela lorsqu’il était confronté, a déclaré Koura.

    La relation s’est néanmoins poursuivie. Les Tchécoslovaques ont invité Ben Barka à Prague, où il a accepté d’aider à influencer la politique et les dirigeants africains en échange de 1 500 £ par an.

    Ben Barka a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’État de février 1963, pour lequel il a reçu 250 £, selon les documents. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises Ahmed ben Bella, le président et un ami, et a rendu compte de la situation dans le nouvel État indépendant.

    Au Caire, on lui a demandé de recueillir des informations auprès de hauts responsables égyptiens qui pourraient aider les Soviétiques dans les négociations lors d’une visite de Nikita Khrouchtchev , le premier ministre soviétique. Les rapports de Ben Barka sont parvenus aux services de renseignement soviétiques, qui ont jugé le matériel fourni comme « très précieux ». En récompense de ses services, lui et ses quatre enfants ont été invités en vacances dans un spa en Tchécoslovaquie, révèle les recherches de Koura.

    « Ben Barka n’a jamais admis qu’il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l’a jamais répertorié comme un agent, juste comme un « contact confidentiel ». Mais il fournissait des informations et était payé », a déclaré Koura.

    « Il était très intelligent, un gars très intelligent. Il n’y a pas de document avec sa signature, il n’y a pas d’échantillons de son écriture. Il a été interrogé oralement pendant des heures… Parfois, il utilisait une machine à écrire mais refusait d’écrire quoi que ce soit à la main.

    Les motivations de Ben Barka, militant engagé arrêté et emprisonné à plusieurs reprises au Maroc, restent floues.

    Ses défenseurs disent qu’il était prêt à discuter à plusieurs reprises de la situation internationale avec les responsables tchécoslovaques, car c’était le meilleur moyen de les influencer. Ils disent aussi que bien que les analyses de Ben Barka aient pu être utiles au StB, cela ne fait pas de lui « un agent », quoi qu’aient écrit des bureaucrates ambitieux et des espions sur des notes internes.

    Ils soutiennent également qu’un tel rôle aurait été incompatible avec l’engagement de Ben Barka à préserver « le mouvement du tiers-monde de l’influence soviétique et chinoise ».

    Bachir ben Barka, qui vit dans l’est de la France, a déclaré à l’ Observer que les relations de son père avec les États socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque, soulignant que les documents étudiés par Koura avaient été « produits par un service de renseignement, [et étaient donc] peut-être édités ou incomplets ».

    Koura est moins convaincu de l’altruisme de Ben Barka. « Il y avait à la fois du pragmatisme et de l’idéalisme. Je ne le condamne pas. La guerre froide n’était pas seulement en noir et blanc », a-t-il déclaré.

    Dans ses derniers mois, Ben Barka était occupé à organiser la Conférence tricontinentale, un événement qui réunirait à Cuba des dizaines de mouvements de libération, des groupes révolutionnaires et leurs sponsors. La conférence allait devenir un moment crucial dans l’histoire de l’anticolonialisme international dans les années 1960 et 1970, et le militant vétéran voulait présider l’événement.

    Mais les Soviétiques soupçonnaient qu’il était devenu trop proche des Chinois, leurs rivaux pour le leadership de la gauche mondiale. Des responsables soviétiques ont déclaré au StB que Ben Barka avait reçu 10 000 $ de Pékin et ont fait pression sur le service pour lui retirer tout soutien ou protection.

    Néanmoins, le StB a amené Ben Barka à Prague pour une semaine de formation en communications, codes, surveillance et contre-surveillance. C’était trop peu, trop tard, cependant. Une semaine après avoir demandé une arme de poing au StB, Ben Barka a été enlevé et tué.

    Bien qu’il ait ordonné une enquête, le président Charles de Gaulle a nié toute implication des services secrets français et de la police. La France et les États-Unis n’ont pas encore publié de documents secrets clés sur l’affaire.

    Prague a tenté d’imputer l’assassinat apparent de Ben Barka à la CIA, révèlent les nouveaux documents tchécoslovaques. Cela a dupé quelques-uns. Dans un document obtenu par l’ Observer en vertu des lois britanniques sur la liberté d’information, les diplomates londoniens louent la « modération » dont fait preuve Paris face aux preuves « accablantes » de la responsabilité des services de renseignement marocains.

    The Guardian, 26/12/2021

    #Maroc #Mehdi_ben-Barka #Tchécoslovaquie #Guerre_froire #Services_secrets #Espionnage

  • Maroc-Algérie: un vieux conflit entre monarchistes et républicains

    Maroc-Algérie: un vieux conflit entre monarchistes et républicains

    Algérie, Maroc, république, monarchie, guerre froide, #Maroc, #Algérie,

    Le conflit chronique entre l’Algérie et le Maroc : Une exception dans le monde arabe ?

    Les tensions diplomatiques actuelles entre l’Algérie et le Maroc sont le reflet d’un long conflit historique entre monarchistes et républicains dans le monde arabe ; par conséquent, un cadre de référence étroit ne peut pas l’expliquer.

    Les tensions entre l’Algérie et le Maroc ont une longue histoire. Bien que l’Afrique du Nord, de la Libye au Maroc, soit une société homogène partageant des cultures et des langues similaires, les différences politiques entre les États entretiennent des tensions erratiques entre les pays de la région. Les familles s’étendent au-delà des frontières sous les mêmes noms de famille. La région compte différents dialectes, mais tous les dialectes proviennent de deux langues maternelles : l’arabe et le tamazight.

    Historiquement, les tensions se sont concentrées autour de deux entités politiques fondamentales.

    Les racines historiques

    Entre 120 et 91 avant J.-C., le roi Bocchus de Mauritanie (actuel Maroc) trahit son beau-père Jugurtha, le roi de Numidie (actuel Algérie), et s’allie aux Romains contre Judurtha. Bien des siècles plus tard, au XVIe siècle, alors que les Ottomans étaient sur le point de libérer Oran, une ville algérienne, de la domination espagnole, la dynastie Saadi dirigée par Abdallah ibn Muhammad al-Shaykh, également connu sous le nom d’Abu Muhammad al-Ghalib, s’est alliée à l’Espagne contre les Ottomans afin de rester au pouvoir (voir le livre : « L’Afrique du XVIe au XVIIIe siècle »).

    Au XVIIe siècle, alors que les Ottomans sont occupés à conquérir la Tunisie, Moulay Ismail Ibn Sharif entre dans le massif de l’Amour, dans l’ouest de l’Algérie, en 1678-1679, avant d’être vaincu par les Turcs. Cette défaite obligea Moulay Ismail à reconnaître la frontière établie, d’autant plus que ses prédécesseurs l’avaient reconnue par écrit. Sous le règne de Moulay Souleyman, la ligne frontalière est scellée à la vallée de Wadi Kiss en 1795.

    Au XIXe siècle, alors que les Algériens luttent contre la colonisation française, l’armée de Marrakech envahit la partie orientale de la Moulouya (Malwiya). Le sultan de Marrakech a trompé el-Amir Abdulkadir (Emir Abdelkader) en fermant la frontière contre Abdulkadir, qui avait l’habitude de traverser son territoire afin de déjouer l’armée française.

    À l’époque moderne, l’agression s’est poursuivie : l’implication du roi du Maroc dans l’enlèvement de dirigeants pendant la résistance algérienne contre les Français ; la guerre des sables en 1963 ; la mise en cause de l’Algérie dans les attaques terroristes à la veille des attentats de Marrakech en 1994 ; l’affaire Pegasus. Néanmoins, l’implication du Maroc dans les affaires intérieures algériennes (le Maroc est accusé d’avoir allumé des feux de forêt en Algérie), et le soutien réel de Rabat au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) – classé comme organisation terroriste en Algérie – par l’intermédiaire de son ambassadeur à l’ONU, ont contraint Alger à couper ses liens diplomatiques avec Rabat.

    L’impact de la guerre froide

    Pourtant, si cette agression témoigne de la position marocaine à l’égard de l’Algérie, les tensions entre les deux pays reflètent un dur contentieux historique opposant royaumes et républiques. À l’époque de la guerre froide, le conflit arabo-arabe (également connu sous le nom de guerre froide arabe) a débuté dans les années 1950 avec l’ascension du président égyptien Gamal Abdel Nasser en 1952, représentant les républiques arabes contre les royaumes arabes dirigés par Faisal bin Abdulaziz Al Saud.

    Les républiques se sont rangées du côté des Soviétiques tandis que les royaumes se sont alignés sur le camp américain. Bien qu’elles se soient alliées aux Soviétiques sur le plan stratégique et aient adopté le socialisme, les républiques arabes ont éliminé la plupart des partis communistes et ont emprunté la voie du nationalisme arabe. De l’autre côté, les royaumes du camp américain ont maintenu des structures économiques semi-féodales ou rentières.

    L’objectif derrière l’adoption du nationalisme arabe était de rassembler les Arabes afin de mettre fin à leur dépendance vis-à-vis du camp occidental. L’approche de Nasser consistait donc à remodeler les États arabes et à les transformer en républiques en évinçant les dynasties au pouvoir dans les royaumes. Il n’est donc pas surprenant de constater que le dirigeant irakien renversé Saddam Hussein, le dirigeant libyen Moammar Kadhafi, les Assad (père et fils Hafez et Bashar) de Syrie ont tous eu une relation inégale avec les rois arabes.

    Si la guerre froide est désormais terminée, ce différend historique s’est poursuivi entre les États arabes. En 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït et annonce une nouvelle république dirigée par Ali al-Khafaji al-Jaber. Dans le même ordre d’idées, l’Arabie saoudite accueille le cheikh déchu Jaber al-Ahmad al-Sabah, qui forme le gouvernement koweïtien en exil. En Afrique du Nord, le Maroc soupçonne l’Algérie d’être responsable des attentats de Marrakech en 1994 et impose des visas aux Algériens. L’Algérie a riposté en fermant sa frontière avec le Maroc. Par ailleurs, les États du Golfe ont soutenu l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

    À la veille du soulèvement arabe, les royaumes ont largement soutenu l’effondrement des républiques. Outre l’effondrement de l’Irak en 2003, le soutien des royaumes forts était évident lors du soulèvement arabe contre la Libye et la Syrie. Bien que la position envers le régime de Bachar Assad n’était pas claire au début de la révolution, la plupart des royaumes ont clairement commencé à s’opposer à Assad en 2012. En Afrique du Nord, certains royaumes arabes ont soutenu de manière flagrante l’intervention de l’OTAN en Libye pour renverser le régime de Kadhafi.

    Les tensions arabo-arabes s’intensifieront avec la nouvelle dispute entre les États-Unis et la Chine pour le leadership mondial. Pendant la guerre froide entre les Soviétiques et les États-Unis, les Arabes ont connu de fortes tensions entre leurs entités politiques. Après la guerre froide, le conflit entre les royaumes et les républiques du monde arabe a pris une tournure différente de celle qui prévalait pendant la guerre froide. Avec la montée en puissance de la Chine et les tentatives des États-Unis de récupérer leur statut mondial, la tension entre les Arabes pourrait aboutir à un recadrage des républiques arabes et au maintien des royaumes.

    Bien que la tension entre les Arabes continue de refléter la même tension entre les royaumes et les républiques, l’architecture de certaines des positions des républiques se distingue des versions précédentes. Certaines républiques se sont rangées du côté de la clique des royaumes (comme l’Égypte), tandis que d’autres ne méritent pas d’être critiquées aux yeux des monarchistes. Alors, qu’est-ce qui a changé ? Mon prochain article analysera cette question.

    *Chercheur associé au Centre pour l’islam et les affaires mondiales (CIGA) de l’université Sabahattin Zaim d’Istanbul.

    Daily Sabah, 24/09/2021

  • L’effet boomerang de la question du Sahara Occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, ONU, Guerre Froide,

    La Guerre Froide est finie il y a plus de 25 ans. Et avec elles, les raisons qui justifiaient le soutien des Etats-Unis au Maroc dans le conflit qui l’opposait aux sahraouis. Les changements géopolitiques impliquent forcément les changements d’alliances et des intérêts. Le souci politique de la lutte contre l’idéologie socialiste s’est transformé en souci de lutte contre la crise financière.

    Les importantes ressources naturelles du Sahara Occidental ont poussé la France à poursuivre la politique marocaine visant à s’assurer le contrôle définitif de ce territoire.

    Faute de pouvoir contourner le principe d’autodétermination dans ce conflit qui dure depuis la retraie de l’Espagne en 1976, la France a imposé le principe de « solution mutuellement acceptable » en vue de garantir la situation de « ni guerre, ni paix ». Un statu quo qui apparaît, pour certains, bien plus commode que toute sortie de crise qui remettrait en cause la stabilité même relative et les équilibres actuels de la région.

    Le Maroc s’en est bien accommodé en espérant que le temps jouerait en sa faveur et atténuerait la volonté de résistance des sahraouis. C’était sans compter que « le vent peut souffler dans la directions contraire à celle voulue par les marins », dixit le proverbe arabe.

    Cette nouvelle configuration politique est derrière le nouveau discours du roi Mohammed VI, qui, à l’entendre, on dirait que Che Guevara a ressuscité et revenu au monde pour défendre les anciennes thèses de la gauche radicale. 

    Qui avait imaginé que le souverain marocain allait, un jour, èpouser les discours de ses anciens ennemis, tel Kadhafi, Hugo Chavez ? C’est sans doute l’effet boomerang de sa volonté de coloniser le Sahara Occidental qui est derrière les délires de Mohammed VI. 

    Si la configuration politique a changé, la nature du contentieux au Sahara Occidental est restée égale à elle-même : un problème de décolonisation d’un territoire non autonome dont l’unique solution conforme au droit international reste l’autodétermination.

    Le rappel de cette réalité par Ban Ki-moon a été manipulé par les autorités marocaines en vue de neutraliser les actions du chef de l’ONU visant à sortir ce conflit du statu quo. L’essentiel pour Rabat et que rien ne bouge jusqu’au départ du diplomate coréen le 31 décembre 2016.

    #Sahara_Occidental #Maroc

  • Qui a tué Dag Hammarskjöld, le pionnier de la diplomatie mondiale?

    Dag Hammarskjöld : le pionnier provocateur de la diplomatie mondiale, mort dans un mystérieux accident d’avion.

    Par Binoy Kampmark

    L’idée d’une institution mondiale captive les penseurs depuis Emmanuel Kant au XVIIIe siècle. Mais un organisme créé pour instaurer et maintenir la paix et la sécurité dans le monde a besoin des bonnes personnes pour fonctionner.

    Lorsque les Nations unies ont été créées en 1945, de vieux sentiments – observés dans la Société des Nations dissoute – menaçaient de prévaloir. L’ONU et ses dirigeants se contenteraient-ils de se conformer aux grandes puissances de l’époque ?

    Dag Hammarskjöld a été le deuxième secrétaire général de l’ONU de 1953 à 1961. Il a montré qu’il était possible de faire preuve d’indépendance dans ce rôle.

    Une éducation politique

    Dag Hammarskjöld est né à Jönköping, dans le centre-sud de la Suède, en 1905. Il est le quatrième fils du premier ministre suédois de la première guerre mondiale, Hjalmar Hammarskjöld.

    En 1953, il a réfléchi à l’influence de sa famille sur sa carrière.

    Des générations de soldats et de fonctionnaires du côté de mon père, j’ai hérité de la conviction qu’aucune vie n’était plus satisfaisante qu’une vie de service désintéressé pour son pays – ou l’humanité.

    Après avoir obtenu des diplômes de littérature, de linguistique, d’histoire, d’économie et de droit, il entre dans la fonction publique suédoise en 1930, pour finir au ministère des affaires étrangères. À la fin des années 1940, il a représenté la Suède aux Nations unies nouvellement créées.

    Un nouveau secrétaire général

    En 1953, il succède au Norvégien Trgve Lie au poste de secrétaire général de l’ONU – obtenant facilement suffisamment de voix pour ce poste. À cette époque, le système étatique international est en crise. La guerre froide et le rideau de fer menacent de paralyser l’ensemble de l’organisation.

    L’approche de Hammarskjöld et son héritage durable ont consisté à développer le rôle politique du secrétaire général. Il a pris des mesures exécutives, qui ont comblé les vides du pouvoir lorsque le système colonial s’est effondré après la Seconde Guerre mondiale.

    Deux concepts sous-tendaient cette approche. Le premier était l’intervention pour maintenir l’ordre international – transformant ainsi l’ONU d’un organisme international statique en un organisme plus engagé.

    Ces interventions comprenaient la « diplomatie préventive » – qui consiste à essayer d’empêcher les conflits de se développer et de s’étendre -, les missions d’enquête, les forces et opérations de maintien de la paix, l’assistance technique et l’administration internationale.

    Les États naissants pourraient compter sur l’aide de l’ONU jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. Cela permettrait de préserver l’indépendance des pays décolonisés et de forger un système international offrant « des opportunités économiques égales pour tous les individus et toutes les nations ».

    Comme l’explique Hammarskjöld en 1960, l’ONU est idéale pour cette tâche :

    une organisation universelle neutre dans les grandes luttes de pouvoir pour l’idéologie et l’influence dans le monde, subordonnée à la volonté commune des gouvernements membres et libre de toute aspiration à son propre pouvoir et à sa propre influence sur tout groupe ou nation.

    En effet, le deuxième concept clé était un engagement ferme de neutralité dans le maintien de l’ordre international. Cet aspect était considéré comme un élément vital pour une organisation internationale dédiée à la gouvernance mondiale.

    En pratique, Hammarskjöld a négocié la libération de soldats américains capturés par l’armée de volontaires chinoise pendant la guerre de Corée et a tenté de résoudre la crise du canal de Suez en 1956. Il a également contribué à faciliter le retrait des troupes américaines et britanniques du Liban et de la Jordanie en 1958. Par ces actions, il a défini le rôle du secrétaire général dans la diplomatie internationale et la gestion des conflits et a assuré la pérennité des opérations de maintien de la paix.

    Faire des vagues – et des ennemis

    Mais l’expansion de ce type d’intervention de l’ONU n’est pas accueillie favorablement par les puissances traditionnelles. Réfléchissant au rôle joué par Hammarskjöld pendant la crise de Suez, Sir Pierson Dixon, ambassadeur britannique auprès des Nations unies, observe que le secrétaire général ne peut plus être considéré comme « un symbole ou même un cadre : il est devenu une force ».

    Comme l’écrit l’historienne Susan Williams,

    Hammarskjöld a cherché à protéger les nations nouvellement indépendantes des visées prédatrices des grandes puissances. Parmi ses ennemis figuraient les colonialistes et les colons d’Afrique, déterminés à maintenir la domination de la minorité blanche.

    En septembre 1961, Hammarskjöld est en mission de paix dans le Congo nouvellement indépendant. Mais alors qu’il se rendait de Léopoldville, ancienne capitale du Congo belge, à Ndola en Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie), son avion s’est écrasé. Toutes les personnes à bord, y compris le secrétaire général, ont été tuées.

    Un mystère non résolu

    Le crash n’a jamais été officiellement reconnu comme un assassinat politique. Mais il y a toujours eu de profonds soupçons, ce qui en fait l’un des grands mystères non résolus du 20e siècle.

    Comme le président américain de l’époque, Harry Truman, l’a déclaré aux journalistes immédiatement après le crash, Hammarskjöld :

    était sur le point de faire quelque chose quand ils l’ont tué. Remarquez que j’ai dit « quand ils l’ont tué ».

    L’héritage de Hammarskjöld était si profond qu’il a suscité toute une série de théories sur les raisons de sa mort. En 1992, le diplomate australien George Ivan Smith et l’écrivain irlandais Conor Cruise O’Brien, tous deux fonctionnaires de l’ONU en 1961 au Congo, ont estimé que le secrétaire général avait été abattu par des mercenaires à la solde d’industriels européens.

    Dans son livre de 2011, Who Killed Hammarskjöld ? Williams a examiné la possibilité d’un assassinat ou d’un détournement d’avion raté. Notant que les détails étaient encore obscurs, elle a conclu :

    sa mort est très certainement le résultat d’une intervention sinistre.

    Maintien de la paix, neutralité, indépendance

    Aujourd’hui encore, l’héritage d’Hammarskjöld perdure à travers le déploiement continu d’opérations de maintien de la paix des Nations unies dans le but de promouvoir « la stabilité, la sécurité et les processus de paix ».

    Il a également façonné le poste de secrétaire général : une figure internationale et neutre chargée, même avec succès, d’utiliser la diplomatie préventive, de promouvoir la paix et de garantir un environnement dans lequel les États peuvent se développer selon leurs propres conditions.

    Binoy Kampmark est maître de conférences en études mondiales, sciences sociales et planification à l’université RMIT. Cet article a été publié pour la première fois sur The Conversation. Il fait partie d’une série de profils pour Guess the Game Changers, le quiz diffusé dans le cadre de Saturday Extra avec Geraldine Doogue sur ABC Radio National. Soyez à l’écoute à partir de 7h30 chaque samedi.

    ABC.NET.NEWS, 03/07/2021

    Etiquettes : ONU, Dag Hammarskjöld, décolonisation, impérialisme, Guerre Froide,

  • L’UE et les USA « ne manquent pas d’air »: (Medvedev)

    L’UE et les États-Unis « ne manquent pas d’air »: Dmitri Medvedev évoque le niveau de tensions inédit avec la Russie

    À l’approche du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, Dmitri Medvedev, chef du parti au pouvoir Russie unie et ex-Président du pays, constate que les relations entre la Russie, l’UE et les États-Unis se sont « considérablement détériorées » et sur certains points sont même pires qu’à l’époque de la guerre froide.

    À deux semaines du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, l’ancien Président, ex-chef du gouvernement russe et actuel président du parti au pouvoir Russie Unie, Dmitri Medvedev, revient sur les relations entre Moscou, Bruxelles et Washington dans une interview au journal russe Kommersant. Il déplore un niveau de tensions inédit.

    « Ces dernières années, ces relations [entre la Russie, l’Union européenne et les États-Unis, ndlr] se sont considérablement détériorées. Et ce n’était pas de notre initiative. Je considère que c’est mauvais, qu’en termes économiques, tout le monde a beaucoup perdu. C’est mauvais pour la situation générale dans le monde », constate-t-il.

    Dmitri Medvedev, adepte des nouvelles technologies et fan de musique rock, fait preuve d’un certain optimisme. La détérioration des relations russo-occidentales doit être traitée « sans fatalisme ». « Tout peut revenir », assure-t-il. « Nous avons besoin de relations stables, bonnes, de bon voisinage et bénéfiques pour tous avec l’UE et les États-Unis. […] Il nous faut d’autres principes de coopération qui soient normaux et durables. J’espère que cela arrivera notamment grâce à l’activité russe internationale », a-t-il indiqué. D’après Dmitri Medvedev, la première réunion en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Joe Biden prévue en juin, sera « au minimum » une occasion de « discuter les thèmes les plus compliqués et conflictuels ».

    La rencontre entre les Présidents russe et américain est fixée au 16 juin à Genève, mais les deux parties restent réservées. Le Président russe pourrait évoquer les questions du contrôle des armements et de la stabilité stratégique en évitant celle des sanctions. La Maison-Blanche a fait savoir que Biden parlerait de la situation en Ukraine et en Biélorussie. Dmitri Medvedev, nommé vice-président du Conseil de sécurité russe après sa démission de la tête du gouvernement en 2020, évoque la fatigue due aux tensions avec les pays européens et Washington. « Il n’y a pas que quelques personnes qui en ont assez de la confrontation. Je vais vous dire plus: nous sommes tous fatigués de la confrontation. Qui l’aime? Personne. Moi non plus je n’aime pas ça. Je suis sûr que le Président ne l’aime pas, et mes autres collègues ne l’aiment pas non plus », insiste-t-il.

    D’après lui, dans le cas de la Crimée, les États-Unis et les pays européens auraient pu se comporter différemment. Suite à la réintégration de la Crimée à la Russie en 2014, qui est considérée par l’Occident comme une annexion du territoire ukrainien, l’UE et les États-Unis ont accusé la Russie d’ingérence et introduit une série de sanctions.

    « L’Occident […] aurait pu se comporter d’une manière beaucoup plus nuancée et intelligente: ne pas détruire ses relations avec nous et en même temps déclarer certaines de ses préoccupations. Mais ils ont tout détruit, ont coupé les ponts », déplore-t-il.

    Des partenaires qui « ne manquent pas d’air »; « Malheureusement, nos partenaires occidentaux ne manquent pas d’air à cause de leur pouvoir, surtout depuis l’effondrement du Pacte de Varsovie. C’est vrai. En effet, auparavant aucun pays n’avait tenté d’amener la confrontation avec notre pays à un tel niveau », a indiqué Medvedev. De plus, « sur certains points », les relations avec l’Occident sont actuellement pires qu’à l’époque de la guerre froide, assure-t-il.

    « [Auparavant, à l’époque soviétique, ndlr] aucun pays n’avait jamais pensé à couper toutes les voies de communication. Mais qu’ont fait nos partenaires, par exemple, dans l’Union européenne ou aux États-Unis? Ils ont commencé à imposer des sanctions individuelles », regrette l’homme politique russe.

    « Et même l’expulsion de diplomates, qui s’intensifie actuellement, n’avait pas été pratiquée à un tel point auparavant. Oui, il y a eu des cas similaires, mais jamais en pareille mesure », s’étonne-t-il.

    Ces derniers mois, la Russie a fait face à une vague d’expulsions de ses diplomates par des pays européens, notamment par la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, l’Italie. En avril, des fonctionnaires tchèques ont désigné des agents russes comme responsables d’explosions dans des dépôts d’armes en 2014. Les États-Unis ont eux aussi expulsé des diplomates russes suite à des accusations sur une implication russe dans les élections américaines.
    B. C.

    Le Maghreb, 03-06-2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Union Européenne, UE, USA, Russie, Dmitri Medvedev, Vladimir Poutine, Joe Biden, Guerre froide,

  • L’organe politique le plus puissant de l’ONU reste paralysé face à une nouvelle guerre froide

    Par Thalif Deen

    NATIONS UNIES, 14 avr 2021 (IPS) – Une nouvelle guerre froide – cette fois, entre les Etats-Unis et la Chine – menace de paralyser l’organe le plus puissant de l’ONU, alors même que les conflits militaires et les guerres civiles balaient le monde, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine.

    Les critiques de plus en plus nombreuses à l’encontre du Conseil de sécurité visent principalement son incapacité collective à résoudre les conflits et les crises politiques en cours dans plusieurs points chauds, notamment en Syrie, au Yémen, en Afghanistan, en Irak, au Myanmar, en Somalie, au Sud-Soudan, en Ukraine et en Libye, ainsi que son échec de longue date concernant la Palestine.

    Les fortes divisions entre la Chine et la Russie, d’une part, et les puissances occidentales, d’autre part, devraient se poursuivre, ce qui soulève la question : Le Conseil de sécurité a-t-il dépassé son utilité ou a-t-il perdu sa crédibilité politique ?

    Les cinq grandes puissances tendent de plus en plus leur bras protecteur autour de leurs alliés, malgré les accusations croissantes de crimes de guerre, de génocide et de violations des droits de l’homme portées contre ces pays.

    La semaine dernière, Yasmine Ahmed, directrice pour le Royaume-Uni de Human Rights Watch, a appelé la Grande-Bretagne à « s’imposer comme porte-plume sur le Myanmar et à commencer à négocier un projet de résolution du Conseil de sécurité sur un embargo sur les armes et des sanctions ciblées contre l’armée ».
    http://www.ipsnews.net/2021/02/china-russia-throw-protective-arms-around-myanmar/

    Plus de 580 personnes, dont des enfants, ont été tuées depuis le coup d’État du 1er février : « il est temps que le Conseil de sécurité ne se contente pas de faire des déclarations et commence à travailler à une action de fond », a-t-elle averti.

    Mais dans la plupart de ces conflits, y compris au Myanmar, les embargos sur les armes sont très peu probables car les principaux fournisseurs d’armes aux parties belligérantes sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.
    http://www.ipsnews.net/2021/03/worlds-worst-humanitarian-disaster-triggered-deadly-weapons-us-uk/

    Le président américain Joe Biden a décrit la nouvelle confrontation croissante comme une bataille entre démocraties et autocraties.

    Dans un récent article analytique, le New York Times a déclaré que l’alignement le plus frappant de la Chine est avec la Russie, les deux pays se rapprochant après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Les deux pays ont également annoncé qu’ils allaient construire conjointement une station de recherche sur la lune, préparant le terrain pour concurrencer les programmes spatiaux américains.

    « La menace d’une coalition dirigée par les États-Unis qui conteste les politiques autoritaires de la Chine n’a fait que renforcer l’ambition de Pékin d’être un leader mondial des nations qui s’opposent à Washington et à ses alliés », a déclaré le Times.

    Ian Williams, président de l’Association de la presse étrangère basée à New York et auteur de « UNtold : The Real Story of the United Nations in Peace and War’, a déclaré à IPS que dans les premières années, avec une majorité sûre à l’Assemblée générale (AG), les Etats-Unis pouvaient prétendre à la vertu et éviter d’utiliser le veto. Les Soviétiques en difficulté y ont eu recours à maintes reprises.

    « Mais, comme pour beaucoup d’éléments du droit international et des Nations unies, l’exception israélienne a permis aux États-Unis de rattraper le temps perdu. Maintenant, les Russes ont rattrapé leur retard avec des vetos pour la Serbie et la Syrie ».

    La Chine, a-t-il souligné, évite d’utiliser le veto à moins que Taïwan ou le Tibet ne soient mentionnés. Autrefois, il y avait un soupçon d’élément idéologique – tiers-monde et socialisme contre impérialisme.

    « Mais aujourd’hui, c’est entièrement transactionnel, les détenteurs du droit de veto s’occupant de leurs clients et alliés, et personne ne devrait se faire d’illusions sur le fait que la Chine et la Russie agissent de manière progressive et constructive. Mais les Etats-Unis ne sont pas en position de montrer du doigt la Syrie alors qu’ils protègent l’Arabie Saoudite et Israël ».

    « Nous pouvons espérer que la majorité des membres s’indigneront suffisamment pour essayer de provoquer l’indignation. Mais malheureusement, l’expérience historique suggère que de nombreux gouvernements ont une tolérance presque illimitée pour les meurtres de masse dans des pays lointains dont ils ne savent pas grand-chose », a-t-il noté, notamment au Darfour, dans les Balkans, au Rwanda et maintenant au Myanmar.

    La percée serait que les États-Unis disent « mettez fin à l’occupation » et invitent ensuite les autres pays à se joindre à eux pour réaffirmer la Charte.

    « Mais comme je ne crois pas vraiment à la petite souris, je devrais me contenter d’une coalition des conscients de l’AG unis pour la paix – et pour l’ordre public international », a déclaré M. Williams, un analyste chevronné qui a écrit pour des journaux et des magazines du monde entier, notamment l’Australian, The Independent, le New York Observer, le Financial Times et le Guardian.

    Interrogé sur les meurtres au Myanmar et sur l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire général Antonio Guterres a déclaré aux journalistes le 29 mars : « Nous avons besoin de plus d’unité dans la communauté internationale. Nous avons besoin de plus d’engagement de la part de la communauté internationale pour faire pression afin de s’assurer que la situation s’inverse. Je suis très inquiet. Je vois, avec beaucoup d’inquiétude, le fait que, apparemment, beaucoup de ces tendances semblent irréversibles, mais l’espoir est la dernière chose à laquelle nous pouvons renoncer. »

    Vijay Prashad, directeur exécutif de Tricontinental : Institute for Social Research, qui a beaucoup écrit sur la politique internationale, a déclaré à l’IPS que les Nations Unies sont une institution essentielle, un processus, à bien des égards, plutôt qu’une institution entièrement achevée.

    Les agences de l’ONU – y compris l’OMS, l’UNICEF, le HCR, a-t-il dit, fournissent un service vital aux peuples du monde ; « et nous devons rendre ces institutions plus robustes, et nous devons nous assurer qu’elles conduisent un agenda public qui fait avancer les principaux objectifs de la Charte de l’ONU (à savoir maintenir la paix, mettre fin à la faim et à l’analphabétisme, fournir la base d’une vie riche, en somme) ».

    Le Conseil de sécurité est victime des batailles politiques dans le monde, a-t-il fait valoir.

    Il n’y a aucun moyen de construire un meilleur cadre pour gérer les grandes différences de pouvoir », a déclaré Prashad, auteur de 30 livres, dont le plus récent « Washington Bullets » (LeftWord, Monthly Review),

    « Il serait de loin préférable de donner du pouvoir à l’Assemblée générale des Nations unies, qui est plus démocratique, mais depuis les années 1970, nous avons vu comment les États-Unis – en particulier – ont sapé l’AGNU pour confier la prise de décision presque exclusivement au CSNU ».

    Depuis la chute de l’URSS, a-t-il ajouté, le Secrétaire général des Nations unies est devenu inféodé au gouvernement américain (« nous l’avons vu de manière choquante avec le traitement réservé à l’ancien Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali »).

    Le nouveau « Groupe d’amis pour la défense de la Charte des Nations unies », qui comprend la Chine et la Russie, est une évolution positive, a déclaré M. Prashad.

    L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a déclaré aux journalistes le 31 mars : « Et puis, en ce qui concerne la collaboration avec mes homologues du Conseil de sécurité, je sais qu’il y a des domaines – et c’est une discussion que j’ai eue – avec mes collègues russes et chinois – nous savons qu’il y a des lignes rouges ».

    « Il y a des domaines où nous avons de sérieuses préoccupations, et nous avons été ouverts et francs à propos de ces préoccupations. En Chine, ce qui se passe avec les Ouïghours, par exemple. Avec la Russie, en Syrie, et il y en a beaucoup d’autres. Nous savons quelles sont les lignes rouges », a-t-elle ajouté.

    « Nous avons essayé de combler ces écarts, mais nous essayons aussi de trouver les domaines où nous avons un terrain d’entente. Nous avons été en mesure de trouver un terrain d’entente sur la Birmanie (Myanmar). Avec les Chinois, nous travaillons sur le changement climatique d’une manière, je pense, très positive. Nous ne sommes pas exactement au même endroit, mais c’est un domaine dans lequel nous pouvons avoir des conversations les uns avec les autres. »

    « Donc, en tant que principale diplomate américaine à New York, il est de ma responsabilité de trouver un terrain d’entente afin que nous puissions atteindre des objectifs communs, mais pas de donner un laissez-passer à l’un ou l’autre pays lorsqu’ils enfreignent les valeurs des droits de l’homme ou poussent dans des directions que nous trouvons inacceptables », a-t-elle déclaré.

    Entre-temps, pour revenir à une époque révolue, au plus fort de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique dans les années 1960, les Nations unies étaient le champ de bataille idéologique où les Américains et les Soviétiques s’affrontaient, que ce soit dans la salle de l’Assemblée générale ou à la table en fer à cheval du Conseil de sécurité de l’ONU.

    L’une des guerres de mots les plus mémorables a peut-être eu lieu en octobre 1962, lorsque l’ambassadeur américain Adlai Stevenson (1961-1965), politiquement très engagé et deux fois candidat démocrate à la présidence des États-Unis, a défié l’envoyé soviétique Valerian Zorin au sujet d’allégations selon lesquelles l’URSS, peut-être sous le couvert de l’obscurité, avait déplacé des missiles nucléaires vers Cuba, à une distance annihilante des États-Unis.

    S’exprimant lors d’une réunion tendue du Conseil de sécurité, Stevenson admonesta Zorin : « Je vous rappelle que vous n’avez pas nié l’existence de ces armes. Au contraire, nous avons entendu dire qu’elles étaient soudainement devenues des armes défensives. Mais aujourd’hui – encore une fois, si je vous ai bien entendu – vous dites maintenant qu’elles n’existent pas, ou que nous n’avons pas prouvé leur existence, avec un autre beau déluge de mépris rhétorique. »

    « Très bien monsieur », dit Stevenson, « laissez-moi vous poser une question simple. Niez-vous, ambassadeur Zorin, que l’URSS a placé et place encore des missiles et des sites de portée moyenne et intermédiaire à Cuba ? » « Oui ou non ? N’attendez pas la traduction : Oui ou Non ? », insiste Stevenson sur un ton d’arrogance implicite.

    S’exprimant en russe par l’intermédiaire d’un traducteur de l’ONU (qui a fidèlement traduit en anglais les sentiments de l’envoyé américain), Zorin a répliqué : « Je ne suis pas dans un tribunal américain, monsieur, et je ne souhaite donc pas répondre à une question qui m’est posée à la manière d’un procureur. En temps voulu, monsieur, vous aurez votre réponse. Ne vous inquiétez pas. »

    Ne voulant pas se laisser distancer, Stevenson a hurlé en retour : « Vous êtes dans le tribunal de l’opinion mondiale en ce moment, et vous pouvez répondre oui ou non. Vous avez nié leur existence. Je veux savoir si … je vous ai bien compris. »

    Lorsque Zorin a dit qu’il fournirait la réponse en « temps voulu », Stevenson a déclaré : « Je suis prêt à attendre ma réponse jusqu’à ce que l’enfer gèle. »

    *Thalif Deen est l’auteur d’un nouveau livre sur les Nations Unies intitulé « No Comment – and Don’t Quote Me on That ». Ce livre de 220 pages est rempli de nombreuses anecdotes – des plus sérieuses aux plus hilarantes – et est disponible sur Amazon dans le monde entier et à la librairie Vijitha Yapa au Sri Lanka. Les liens sont les suivants :

    Roderic Grigson

    Vijitha Yapa

    IPS, 14 avr 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Guerre Froide, Chine, Etats-Unis, Russie,




  • Le Conseil de sécurité de l’ONU et la «nouvelle guerre froide américano-chinoise»

    Par James A. Paul

    NEW YORK, 12 avril 2021 (IPS) – Les commentateurs parlent d’une «nouvelle guerre froide» entre les États-Unis et la Chine. Ils concluent parfois que la rivalité géopolitique entre ces deux grandes puissances a ruiné l’efficacité du Conseil de sécurité de l’ONU par des veto hostiles et d’autres obstacles à l’action du Conseil.

    En fait, cependant, la rivalité préjudiciable au Conseil de sécurité n’a rien de nouveau. Le Conseil a toujours été entravé par les vetos et autres privilèges spéciaux des membres permanents.

    La rivalité géopolitique entre les Cinq permanents – les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine et la Russie – est une caractéristique courante du Conseil depuis ses premières réunions il y a soixante-quinze ans, empêchant à plusieurs reprises l’organe de remplir son mandat.

    L’affrontement entre les États-Unis et la Chine a affecté le Conseil, bien sûr, mais pas aussi gravement que les rivalités entre les grandes puissances dans le passé.

    Certains analystes ont soutenu au fil des ans que les dix membres élus du Conseil avaient modéré les tendances oligarchiques de l’institution et lui avaient donné un caractère plus efficace et «démocratique». Mais c’est une chimère.

    Les élus ont un rôle très secondaire, même lorsqu’ils sont riches ou très peuplés, comme l’Allemagne ou l’Inde. Ils ont un mandat court de deux ans et les règles du Conseil sont opposées à eux. Les membres permanents agissent impitoyablement (quoique de façon décente) pour conserver leurs privilèges et obtenir un avantage mondial.

    La planification de la fondation des Nations Unies a été entreprise pendant la Seconde Guerre mondiale, par les «trois grands» – ou les «trois policiers», comme aimait à le dire en privé le président Roosevelt. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique ont cherché à prendre le contrôle de la «sécurité» mondiale et à assurer la domination sur leurs propres sphères d’influence.

    Comme les archives le précisent, ils voulaient le contrôle des ressources naturelles et des marchés pour leurs produits et autres avantages matériels – bien que ce contrôle soit bien sûr présenté en des termes plus acceptables comme «préserver la paix».

    Finalement, avant la finalisation de la Charte des Nations Unies, la France et la Chine ont été invitées à rejoindre l’oligarchie en tant que partenaires juniors. Le reste des nations a dû accepter l’arrangement: à prendre ou à laisser.

    Au fil des ans, il y a eu de nombreuses formes de conflit entre les cinq. La première rivalité systémique opposait les anciens rivaux impériaux – la Grande-Bretagne et la France – à des puissances plus récentes – les États-Unis et l’Union soviétique.

    Alors que les mouvements d’indépendance défiaient les seigneurs coloniaux et que des guerres de libération éclataient, la solidarité des «trois grands» s’effondra et le Conseil fut incapable d’agir. La Grande-Bretagne et la France, utilisant des veto et d’autres moyens, ont systématiquement bloqué l’action du Conseil qui menacerait leur autorité coloniale.

    Le Conseil ne pouvait même pas tenir de débats ou de discussions sur la plupart des conflits coloniaux, aussi brutaux et sanglants soient-ils. L’Algérie, le Kenya, le Vietnam et de nombreuses autres guerres ont disparu de la compétence du Conseil.

    Dès les premières années, il est donc devenu clair que le Conseil de sécurité n’était pas un instrument de rétablissement de la paix impartial (comme de nombreux internationalistes et défenseurs de la paix l’avaient espéré), mais une scène de rivalité diplomatique poliment féroce et de manœuvres pour un avantage mondial.

    Les colonies ont finalement obtenu leur indépendance, avec l’aide de l’Assemblée générale des Nations Unies, mais pas grâce au Conseil de sécurité.

    Puis il y a eu la «guerre froide» entre les États-Unis et l’Union soviétique, qui a éclaté à la fin des années 40 et qui s’est poursuivie jusqu’à la fin des années 80. Chacun a cherché l’hégémonie dans l’ordre mondial décolonisant.

    Cette rivalité a également eu un impact considérable sur le Conseil de sécurité et a conduit à de nombreux vetos et à une inaction organisée dans les guerres et les conflits dans le monde. Les Soviétiques ont utilisé le veto sur les conflits en Tchécoslovaquie, en Hongrie et ailleurs, tandis que les États-Unis et leurs alliés ont également bloqué l’action du Conseil sur le Vietnam, la Palestine, Cuba, Chypre, le Sahara occidental et de nombreux autres pays.

    Les multiples rivalités à travers le monde ont abouti à une impasse du Conseil qui était bien pire que ce que nous voyons aujourd’hui. Le Conseil de l’époque se réunissait rarement et sa production de résolutions et de déclarations était rare.

    L’action militaire de l’ONU au Congo au début des années 60 semble être une exception, mais les résultats finaux ne sont guère encourageants. Le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, a péri dans un accident d’avion très suspect dans la jungle africaine; un dictateur militaire est rapidement apparu au Congo pour protéger les intérêts miniers occidentaux.

    En 1989, après l’effondrement de l’Union soviétique, il y a eu une brève période de coopération du Conseil et plus d’activités convenues d’un commun accord. Les réunions du Conseil ont augmenté en fréquence, les vetos ont diminué et les résolutions ont augmenté considérablement en nombre.

    Il y avait un bref espoir que le Conseil serait enfin efficace. Mais cette lune de miel n’a pas duré longtemps et les rivalités ont rapidement refait surface. La Chine, le membre le moins actif du Conseil, a commencé à étendre ses ambitions mondiales et à prendre son rôle au Conseil au sérieux.

    Les veto et les blocages russes sont revenus à la surface. Les trois occidentaux, comme toujours, n’ont pas hésité à utiliser leur muscle et leur pouvoir de blocage – et ils ont souvent dénoncé leurs rivaux du Conseil en termes passionnés. Inévitablement, l’action du Conseil en a souffert.

    Mais le Conseil est resté beaucoup plus actif qu’il ne l’était au cours de ses cinquante premières années. Où que nous regardions, passé et présent, il n’ya pas de période idéalisée de coopération et d’engagement durables en faveur de résultats pacifiques.

    La rivalité et les guerres par procuration prévalent toujours dans le paysage mondial entre les titans. Quelle tragédie que ces puissances sont chargées de résoudre les problèmes mêmes que crée – la plupart du temps – leur rivalité!

    L’énorme succès économique de la Chine et sa grande population lui donnent aujourd’hui un gros avantage dans le tirage au sort géostratégique. Il est difficile de se souvenir de la Chine passive qui a si peu fait au Conseil il y a à peine deux décennies.

    Quel que soit son intérêt personnel actuel dans les affaires du Conseil, la Chine n’est pas hostile et négative envers l’ONU comme l’est son ennemi, les États-Unis. L’alliance de la Chine avec la Russie renforce son influence au Conseil et dans la diplomatie plus largement.

    Les États-Unis, quant à eux, sont entravés par leur approche négative du multilatéralisme. Hérissés de puissance militaire et enclins à intimider d’autres pays, les États-Unis sont toujours le capo dei tutti capi, le patron des patrons sur la scène mondiale. Mais pour combien de temps et avec quel impact sur l’avenir du Conseil?

    La rivalité entre les États-Unis et la Chine n’a pas radicalement modifié le Conseil, mais elle nous rappelle qu’il existe désormais un cinquième rival que les quatre autres doivent prendre en compte de près. Le processus décisionnel du Conseil a une géométrie radicalement nouvelle.

    L’affrontement entre les États-Unis et la Chine peut durer des années, mais ce ne sera certainement pas la dernière faille majeure du Conseil. Tant que l’oligarchie des Cinq permanents persistera, il y aura à l’avenir des batailles diplomatiques et des obstacles futurs à une action constructive du Conseil.

    Nous pouvons et devons espérer davantage. Pour être véritablement efficace à l’avenir, le Conseil doit être profondément réformé. Les cinq policiers, oligarques du Conseil, ne devraient pas avoir leur place dans une institution démocratique et pacifique.

    Mais comment réussir à changer cette structure archaïque? Certainement pas en créant de nouveaux membres permanents et en approuvant de nouveaux centres de pouvoir nationaux. Il y a déjà cinq renards de trop dans le poulailler mondial!

    Un changement fondamental devra venir d’en bas, de la pression publique, de campagnes qui exigent une vraie paix, et non des guerres froides sans fin.

    * En tant que directeur exécutif, James Paul était une figure éminente de la communauté de défense des ONG aux Nations Unies et un conférencier et écrivain bien connu sur les Nations Unies et les questions de politique mondiale. Il est l’auteur de «Of Foxes and Chickens» —Oligarchy and Global Power in the UN Security Council.

    IPS, 12 avr 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Chine, Etats-Unis, guerre froide,

  • Voici comment l’armée américaine a volé un hélicoptère soviétique.

    En 1988, un hélicoptère soviétique Hind s’est écrasé au Tchad. L’armée américaine a donc cherché à le capturer.

    PAR JAMES CHADWELL

    La progression de la technologie militaire a toujours été essentielle dans la guerre. Disposer des armes et des armements les plus avancés peut procurer un avantage crucial sur le champ de bataille. Au cours des millénaires passés, la création d’armes en bronze dans la région de la mer Égée a permis aux cultures de la Grèce mycénienne et minoenne de devenir des puissances régionales. Pendant la Première Guerre mondiale, les chars d’assaut britanniques ont permis de sortir de l’impasse de la guerre des tranchées. Aujourd’hui, des drones miniatures offrent aux soldats américains une paire d’yeux supplémentaire.

    Dans les années 1980, l’hélicoptère était la pièce de technologie de pointe qui permettait de dominer la guerre. Extrêmement mobile, capable de remplir une variété de rôles allant du transport à l’attaque en passant par l’évacuation sanitaire et presque intouchable par l’armement conventionnel de la première moitié du 19e siècle, la qualité de l’hélicoptère d’une armée pouvait déterminer l’issue d’un conflit. Et dans les années 80, il y avait peu d’hélicoptères plus redoutables que le Mil Mi-24 Hind D soviétique. Bien sûr, face à un ennemi aussi impressionnant, l’armée américaine était impatiente de découvrir le fonctionnement du Hind.

    Ainsi, en 1988, lorsqu’un Hind utilisé par l’armée de l’air libyenne s’est écrasé et a été abandonné au Tchad, un complot a été mis au point pour le capturer.

    Le Hind

    Le Mi-24 Hind D était à la pointe du progrès. Mais s’il était en avance sur tout ce que l’armée américaine avait mis en service à l’époque, il était en fait inspiré par les hélicoptères américains des années 60. Selon Military History Now, son inventeur, Mikhail Leontyevich Mil, a pris note des modèles américains utilisés au Vietnam pour créer le Hind.

    L’une des principales avancées du Hind était qu’il combinait pour la première fois plusieurs fonctions. Alors que les hélicoptères américains comme le Bell UH-1 Iroquois (mieux connu sous le nom de Huey) étaient utilisés pour le transport de troupes, l’évacuation sanitaire et les missions d’attaque au sol, chaque mission spécifique nécessitait l’utilisation d’une version spécialisée de l’hélicoptère, et la plate-forme était essentiellement un véhicule de transport. Le AH-1 Cobra était un hélicoptère de combat beaucoup plus efficace, mais son rôle sur le champ de bataille était limité.

    Le Hind, en revanche, était capable de servir efficacement tous ces objectifs sans compromis. Ce mastodonte aéroporté pouvait transporter jusqu’à une douzaine de soldats ou plus de deux tonnes de marchandises. Un canon rotatif de 12,7 mm était monté sous le nez dans une tourelle motorisée, deux canons de 23 mm étaient situés sur les côtés du fuselage, et des ports de tir supplémentaires permettaient à l’équipage de l’hélicoptère d’utiliser des armes légères en cas de besoin.

    Bien que cela soit déjà suffisant pour fournir un appui au sol, engager un combat aérien ou détruire un char, le Hind pouvait également transporter 3 300 livres de munitions comme des missiles guidés sur des points de montage externes.

    La capacité de survie était assurée par le blindage, qui rendait l’hélicoptère résistant aux balles de tous les angles pour des calibres allant jusqu’à 12,7 mm. Le Hind avait également la vitesse de son côté ; c’était l’hélicoptère le plus rapide du monde avec une vitesse de pointe de plus de 200 mph. Le Mi-24 a réellement surpassé ses homologues américains à tous les égards, et il a permis à l’Union soviétique de contrôler le ciel dans un certain nombre de conflits sur plusieurs décennies.

    Compte tenu des capacités et des succès du Mi-24, il n’est pas surprenant qu’il ait été adopté par plusieurs autres pays. Rebaptisé Mi-25 pour indiquer qu’il s’agissait d’un modèle d’exportation, l’armée de l’air libyenne a acheté des Hinds aux Soviétiques et les a utilisés dans un conflit avec le Tchad dans les années 80.

    La Libye, alors contrôlée par le dictateur militaire tyrannique Mouammar Kadhafi, était déjà intervenue dans les affaires de son voisin du sud, politiquement instable, à la fin des années 70. Pendant la majeure partie des dix années suivantes, les forces libyennes ont soutenu les groupes tchadiens dans leur lutte contre les factions soutenues par la France.

    À la fin des années 80, cependant, la plupart des forces tchadiennes se sont unies contre l’occupation libyenne. Les Libyens étant en fuite, les soldats français et tchadiens avaient mis la main sur un Mi-25 abandonné et en parfait état sur une base aérienne déserte.

    Malgré le réchauffement des relations américano-soviétiques vers la fin des années 80, il n’était toujours pas question pour les Etats-Unis d’acquérir un Hind pour étude auprès de l’URSS. Comme les Hind n’étaient pas encore sur le marché d’eBay, l’armée américaine devait en obtenir un clandestinement, et l’exemple libyen était un candidat de choix pour la capture. Les Français, qui étaient alors les gardiens de l’hélicoptère abandonné, ont accepté de le remettre à la CIA. Malheureusement, la question de son extraction d’une zone de guerre reste entière.

    Le retour

    L’armée de l’air libyenne était toujours active dans la région, et les tensions entre les États-Unis et la Libye étaient assez fortes à l’époque en raison d’une attaque terroriste sanctionnée par la Libye qui avait tué des soldats américains et d’une attaque de représailles de l’armée de l’air américaine contre la Libye. Le désert est également connu pour être inhospitalier, et les risques environnementaux avaient joué un rôle important dans la catastrophe de l’Eagle Claw en 1980.

    Pour mener à bien cette récupération risquée, la CIA a fait appel au 160e régiment d’aviation d’opérations spéciales, une unité de l’armée de terre fréquemment sollicitée pour des missions de haut niveau, dont le raid qui a tué Oussama ben Laden. Deux MH-47 Chinooks ont été envoyés au Tchad, où ils ont subrepticement pris possession du Hind. Après l’avoir sécurisé sans être détecté par les forces libyennes voisines, les Chinooks ont ramené le Mi-25 en territoire tchadien ami, en faisant la course pour éviter une tempête de sable qui a projeté des débris jusqu’à 3 000 pieds dans les airs.

    Enfin en sécurité, les Chinooks et les Hinds ont été chargés sur des avions de transport C-5 Galaxy et ramenés en Amérique. Une fois aux États-Unis, le Hind a été examiné, ses secrets ont été révélés à la CIA et l’histoire du Mi-25 capturé a pris fin.

    Hot cars, 5 avr 2021

    Etiquettes : Russie, Etats-Unis, Guerre froide, armes, armement, hélicoptère,