Étiquette : haine

  • Maroc: Ouaddou va porter plainte contre le Mouvement Moorish

    Maroc: Ouaddou va porter plainte contre le Mouvement Moorish – Abdeslam Ouaddou, Coupe Arabe, Algérie,

    Dans un twit publié ce matin, l’ancien footballeur international Abdeslam Ouaddou et ancien capitaine de la sélection marocaine a annoncé qu’il saisira la justice « de nouveau » contre les attaques dont ils fait l’objet depuis la finale de la Coupe Arabe de Qatar.

    « L’harcelement du mouvement moorish raciste et xénophobe continue sans relâche. La justice sera saisie de nouveau », a-t-il indiqué.

    « Ils se prétendent défenseurs de l’histoire, de la territorialité du Maroc ainsi que de notre Roi (May God Bless him). Les autorités marocaines doivent intervenir rapidement », a-t-il ajouté.

    « Ils veulent me mettre un genou à terre. J’aimerais leur dire que c’est peine perdue. Vous n’arriverez jamais à me faire détester mon prochain pour des raisons politiques. Vos idées nauséabondes contraires à ma vision de la vie et du vivre-ensemble ne rentreront jamais dans mon logiciel », conclue-t-il.

    #Maroc #Algérie #CoupeArabe #Abdeslam_Ouaddou #Mouvement_moorish

  • «Canal+» déboutée dans une affaire liée à l’Algérie et l’Islam

    par Houari Barti

    La chaîne d’information ‘Cnews’ et son polémiste haineux, Eric Zemmour, viennent de subir un second revers de la part de la justice française. En effet, le Conseil d’Etat français a rejeté, jeudi dernier, le recours déposé par le Groupe ‘Canal+’ demandant l’annulation d’une mise en demeure prononcée en décembre 2019 par le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) contre sa chaîne d’information ‘CNews’ pour des propos controversés d’Eric Zemmour sur la colonisation de l’Algérie et l’Islam.

    Dans sa mise en demeure adressée à ‘CNews’, le CSA exigeait de la chaîne d’info, selon l’AFP, de «respecter ses obligations, notamment en termes d’incitation à la haine et à la violence».

    Lors de l’émission ‘Face à l’info’ du 23 octobre 2019, Zemmour, proche des milieux d’extrême droite et partisan de «la théorie du grand remplacement» avait, pour rappel, provoqué la consternation des téléspectateurs en assimilant l’Islam à l’islamisme, avant d’évoquer la conquête de l’Algérie par la France, dans les années 1830, en se disant, en tant que Français, «du côté» du général Bugeaud qui, lorsqu’il «arrive en Algérie, (…) commence à massacrer les musulmans et même certains juifs».

    A l’annonce de la mise en demeure de sa chaîne d’info ‘Canal+’ filiale du groupe ‘Vivendi’ détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, avait répondu vouloir déposer un recours pour abus de pouvoir auprès du Conseil d’Etat, considérant cette mise en demeure «injustifiée» et «contraire aux principes de la liberté d’expression». De son côté, le Conseil d’Etat a estimé, dans sa décision datant du 16 juin, que «le CSA n’a pas fait une inexacte application des pouvoirs» qu’il détient avant de souligner qu’ «Il (le CSA) n’a pas plus porté une atteinte disproportionnée à la libre communication des pensées et des opinions (…) ni, en tout état de cause, méconnu l’objectif de valeur constitutionnelle du pluralisme des courants de pensée et d’opinion».

    La plus haute juridiction administrative française estime, par ailleurs, que «la société d’exploitation d’un service d’information n’est pas fondée à demander l’annulation de la mise en demeure qu’elle attaque».

    Il est à noter qu’une mise en demeure du CSA constitue un sérieux avertissement qui peut précéder, en cas de manquements répétés, une sanction qui peut aller de la suspension temporaire d’un programme à, carrément, un retrait de l’autorisation de la chaîne, en passant par des amendes ou privations d’écrans publicitaires.

    Pour rappel, la chaîne ‘CNews’ n’est pas à son premier dérapage du genre. En mars dernier, ‘CNews’ avait écopé d’une amende de 200.000 euros du CSA, également pour «incitation à la haine» et «à la violence» après un autre dérapage d’Eric Zemmour, cette fois-ci, sur les migrants mineurs isolés. La Chaîne d’info en continu a été à nouveau mise en demeure le 12 juin sur ses obligations en matière de pluralisme pour avoir trop donné la parole à un candidat du Rassemblement national (RN), ex Front National (extrême droite), aux élections régionales par d’autres listes.

    Le Quotidien d’Oran, 19 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Canal+, CNews, Eric Zemmour, propos controversés, colonisation de l’Algérie, Islam, Conseil d’Etat français, haine, violence,


  • Algérie : Halte à la haine !

    A l’approche du rendez-vous électoral du 12 juin prochain, les prédateurs de la cohésion sociale redoublent d’efforts et se dé « chainent sur tous les fronts. En plus d’un Hirak totalement dévié de ses origines de changement, les contestations socioprofessionnelles dans certains secteurs économiques et administratifs sont une réalité et montrent preuve à l’appui la suite d’un agenda stratégique établi pour la déstabilisation de l’Algérie d’où ce regain prompt de manipulation et qui prend la forme d’une véritable campagne visant l’ordre public en vue de l’instauration d’un climat de confusion à la veille de l’important scrutin législatif. A ce propos, le général de corps d’Armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’ANP, a dimanche lors de son allocution inaugurale des travaux du séminaire intitulé  » La Cyber-sécurité et la cyber-défense « ,a indiqué, que les sites et les réseaux sociaux constituent une  » tribune  » pour les réseaux du crime organisé, connus pour  » leur rancune et leur haine  » envers l’Algérie, qui a réussi à  » contrer leurs attaches et mettre en échec tous leurs plans et complots menés à travers le cyberespace « . Il a expliqué :  » Les sites et les réseaux sociaux ont constitué ainsi, une tribune pour les réseaux du crime organisé, connus pour leur rancune et leur haine envers l’Etat algérien, connu pour ses principes immuables, ses nobles valeurs humaines et sa Révolution de libération inégalée dans l’histoire, pour mener des campagnes subversives visant à porter préjudice à la stabilité et à semer la discorde entre les fils du même pays « . Dans ce contexte, le général de corps d’Armée a précisé que  » les tentatives de manipulation, la diffusion des messages de propagande, la promotion des idées subversives par ces réseaux ont, clairement, pour objectif de service des agendas hostiles qui sont désormais démarqués pour tous « .

    En effet, ces tentatives de manipulation font partie d’un agenda préétabli par des milieux à la fois occultes mais aussi connus. Un autre prétexte pour attirer l’ingérence étrangère. Et pour preuve, le MAK et Rachad, deux mouvements classés dans la liste du terrorisme, sautent sur l’occasion pour se hisser dans l’actualité. Ils supplient certaines capitales étrangères et des ONG hostiles à l’Algérie de faire un travail de sape à l’égard de l’Algérie et ses institutions. Ces appels n’étonnent pas de la part du MAK et de Rachad et répondent au  » mémoire  » que Ferhat Mehenni et Mohamed Larbi Zitout ont étudié avec le Makhzen et le Mossad. Aujourd’hui, il n’est plus question de douter que ces tentatives sont le fait de manipulation et de propagande dont l’attitude et l’adversité de ces aventuriers ne peuvent changer à l’égard de la Nation.

    C’est une erreur de le croire, ils ne sont pas en mesure de modifier leur haine contre la stabilité de l’Algérie et son épanouissement social et économique. Les raisons avancées pour justifier l’acharnement de ces aventuriers et autres acteurs de l’anarchie tendant à porter atteinte à l’essence même du climat ambiant à la paix sociale, renvoient fréquemment à la culture politicienne dénigrante, notion utilisée par les faibles dans un sens de haine, de rancunes et volontarisme affichés ainsi à toute stabilité du pays. Un activisme qui se caractérise par une adhésion sans faille tournée vers le mal au détriment du bien, mais aussi une réaction aux similitudes d’un environnement pollué des politiques.

    L’immersion dans la réalité populaire rend compte de la cohérence et de la convergence de la mobilisation autour de la stabilité du pays et la préservation de son avenir.

    L’ensemble de la communauté nationale prend de plus en plus conscience du danger qui la menace : les aventuriers, les mercenaires de réseaux sociaux. A ce sujet, le Chef d’état-major de l’ANP a précisé que la mission de protection, de sécurisation et de défense de notre cyberespace est une responsabilité collective, assurée par une stratégie nationale globale de cyber-sécurité, à laquelle nous devons tous adhérer, à commencer par le citoyen, qui doit prendre conscience des dangers des cyberespaces et respecter rigoureusement les mesures appropriées lors de l’utilisation des moyens technologiques, en passant par les experts « .
    B. C.

    Le Maghreb, 26-05-2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, unité, union, haine, armée, MAK, Rachad,

  • Le gouvernement allemand fait des insultes motivées par la haine un crime

    BERLIN (AP) – Le gouvernement allemand a adopté mercredi une nouvelle loi faisant des insultes motivées par la haine un délit pénal passible d’une amende ou d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans.

    Le ministre allemand de la Justice a déclaré que la nouvelle loi vise à protéger les juifs, les musulmans, les homosexuels, les personnes handicapées et d’autres personnes.

    « Il est de notre responsabilité de protéger chaque personne de notre société contre l’hostilité et l’exclusion », a déclaré Christine Lambrecht, rapporte l’agence de presse allemande dpa.

    La nouvelle mesure, qui doit encore être approuvée par le Parlement, inclut les messages de haine insultants envoyés sous forme de textes, de courriels ou de lettres.

    « Les membres des communautés juives ou musulmanes sont raillés et dénigrés », a déclaré Mme Lambrecht.

    Les crimes haineux et les attaques contre les minorités ont augmenté en Allemagne ces dernières années et, avec l’utilisation croissante des médias sociaux, les insultes ciblées sont devenues monnaie courante, selon les groupes qui suivent les crimes haineux.

    En vertu de la législation en vigueur, les insultes étant personnelles et non publiques, elles ne peuvent être sanctionnées en tant qu’incitation à la haine raciale.

    Associates Press, 12 mai 2021

    Etiquettes : insultes, haine, crime, racisme, discriminations, juifs, musulmans, homosexuels, personnes handicapées,

  • Si l’extrême droite arrivait au pouvoir en France

    Par Mohamed Habili

    Il était question hier de la crise dans laquelle plongerait sûrement la France si au lieu du président sortant, c’est la candidate d’extrême droite qui était élue à la présidentielle de l’année prochaine. Le cas échéant, ce ne serait pas non plus sans danger sur nous. C’est d’ailleurs là la raison principale de l’intérêt particulier que nous portons à cette élection. L’extrême droite française est en effet un regroupement de nostalgiques inconsolables de l’Algérie française. Si elle arrivait au pouvoir et qu’une opportunité s’offrait à elle, nul doute qu’elle ne manquerait pas de nous nuire. Déjà que le gouvernement actuel travaillait jusqu’à récemment à nous déstabiliser sans trop s’embarrasser de scrupules, si bien que les autorités algériennes ont menacé d’expulsion son représentant à Alger, lequel semble s’être calmé depuis.

    La prochaine élection présidentielle en France est autant dire une question de vie ou de mort pour ce pays. Pendant la campagne électorale, qui du reste a déjà commencé, il sera à peine question de l’Algérie, mais soyons certains qu’elle sera à tout moment dans les esprits. Elle y sera parce que l’extrême droite y pense sans arrêt pour sa part. C’est même cette hantise du paradis perdu qu’elle représente pour elle qui en fait un cas à part dans la fachosphère européenne.

    Il ne faut jamais perdre de vue ce qui s’est déjà produit, car autrement il se répétera, et sous une forme malgré tout reconnaissable. Toute l’idéologie de l’extrême droite est dans la désignation d’un bouc émissaire comme la cause de tous les maux du présent. C’était le Juif dans les années 1940. C’est l’immigré maghrébin et africain aujourd’hui. L’extrême droite revenue au pouvoir fera ce qu’a fait le régime de Vichy, dont elle procède, à peine celui-ci installé.

    Sa première cible sera ce qu’elle appelle les Français de papiers, qu’elle voudra dépouiller de leur nationalité française pour mieux les expulser ensuite. C’est ce qu’a fait le régime de Vichy avec les Juifs d’Algérie naturalisés dès 1870 de par le décret Crémieux. Non seulement il leur a enlevé la nationalité française, mais il a incité les non-Juifs à s’emparer de leurs biens. Pas un Algérien n’a pris un bien à un Juif. Les Oulémas ont pris les devants d’ailleurs en émettant une fatwa interdisant ce crime.

    Les fascistes d’aujourd’hui arrivant au pouvoir en France s’en prendraient aux Arabes, comme à ceux qui pour eux leur sont assimilables. Un fasciste n’est pas un fasciste s’il n’est pas raciste et brutal. S’il n’est pas ennemi du genre humain. La haine du plus faible parce qu’il est le plus faible, tel est son ADN, sa nature profonde, son identité politique. Dans la première tribune des généraux, puisqu’une deuxième serait en préparation, il a été question de “hordes de banlieue” à mater, à réduire. Tout est là : le bouc émissaire et le sort affreux à lui réserver.

    L’extrême droite commettra par les temps qui courent des crimes non moins horribles que ceux du passé si l’occasion s’en présente, dans quelque pays que ce soit, en France ou ailleurs. Il se trouve qu’en France, il y a un précédent. Elle ne sera pas prise au dépourvu, elle en particulier. Nous autres Algériens, Maghrébins et Africains, aurons de bonnes raisons de nous estimer directement menacés par l’extrême droite au pouvoir en France. Il nous sera impossible de garder les mêmes relations avec elle.

    Le Jour d’Algérie, 09 mai 2021

    Etiquettes: France, Algérie, extrême droite, fascisme, racisme, xénophobie, régime de Vichy, haine, arabes, musulmans, noirs,

  • La décapitation en France et les enfants de la haine

    Opinion- Luk Vervaet

    Le 16 octobre 2020, un enseignant a été assassiné, décapité à Paris. L’acte est terrifiant et terrible, les mots pour le décrire le sont également. Un meurtre commis au couteau, à mains nues, non seulement d’un passant, mais d’un enseignant, touche délibérément notre imagination, plus qu’un meurtre commis à distance, avec une arme à feu ou avec un drone. Il évoque une image du passé, des temps barbares et primitifs, que nous pensions révolus depuis longtemps.

    Pourtant, nous ne découvrons pas cette horreur pour la première fois. Nous l’avons vu en Syrie, nous l’avons vu en Grande-Bretagne. Le meurtre du professeur de français m’a rappelé les images de l’attaque de Woolwich près de Londres. Le 22 mai 2013, deux jeunes hommes, Michael Adebolajo (28 ans) et Michael Adebowale (22 ans) d’origine nigériane, ont assassiné le soldat Lee Rigby (25 ans) avec un couteau de boucher puis ont tenté de le décapiter. Pour se venger de la guerre contre les musulmans en Irak, ont-ils déclaré.

    Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, l’un des instigateurs de la guerre contre l’Irak, a ensuite déclaré que l’attaque n’était pas l’expression isolée de deux individus fous, mais une partie, je cite, « d’un problème plus large au sein de l’Islam ». Dans la semaine qui a suivi le meurtre, 193 incidents islamophobes ont été signalés, dont des attaques contre 10 mosquées.

    Un an et demi plus tard, le 14 janvier 2015, le raciste blanc Zack Davies (26 ans) a piraté le Dr Sarandev Bhambra, un sikh, avec une machette et un marteau dans un supermarché Tesco au Pays de Galles. Pour se venger du meurtre du soldat Lee Rigby, il a déclaré lors de son procès. La chaîne de vengeance et de représailles est sans fin. La ressemblance avec ce qui s’est passé en France est frappante. Seul l’auteur en France, contrairement aux trois auteurs susmentionnés en Grande-Bretagne, ne fera plus de déclaration. En France, plus de siège d’un coupable jusqu’à ce qu’il se rende, mais l’application de la peine de mort dans la rue. Quelque chose qui alimentera à nouveau toutes sortes de théories du complot.

    Dans une société comme la nôtre qui concentre tout sur l’individu, il suffit de marquer les auteurs comme des monstres qui se cachent sous nous et surgissent soudain de nulle part. Il suffirait de classer encore mieux et plus de personnes, de les liquider physiquement dans une attaque terroriste ou de les emprisonner à vie. Le choc généré par la cruauté des jeunes auteurs peut nous faire perdre de vue tout sens de la raison et de la proportion. Il ne s’agit pas ici de comparer les meurtres d’une part avec ceux de l’autre et donc de les blanchir. Ce qui compte, c’est d’assumer nos responsabilités en tant que société et société si nous voulons éviter autant que possible de telles tragédies.

    Les gens, et en particulier les jeunes, sont le produit de leur temps, de leur environnement, de leur société. Par exemple, ma génération de mai 68, ou du moins sa partie de gauche radicalisée, était un produit de son temps. Nous n’avons aucun mérite à cela. Nous avons été pris dans la vague de protestations et de résistances révolutionnaires qui faisait rage dans le monde à l’époque.

    Les jeunes d’aujourd’hui sont tout autant des produits et des échos du temps présent. En ce sens, le meurtre du professeur est un signe, un signal sur le monde barbare que les jeunes d’aujourd’hui ont hérité de nous. Aussi parce que la génération qui les a précédés a stocké ses rêves et ses idéaux d’un nouveau monde, ainsi que sa résistance aux guerres sans fin, pour s’intégrer dans le système que nous détestions autrefois.

    Kyle Rittenhouse (17) et Abdoullakh Anzorov (18)

    Je viens d’écrire un petit essai sur le meurtre de George Floyd aux États-Unis et les liens entre le terrorisme, l’extrême droite et la police aux États-Unis. Quand j’ai appris la nouvelle du meurtre du professeur à Paris, j’ai été frappé par le parallèle entre deux jeunes tueurs, l’un aux États-Unis, l’autre en France. Certains diront que c’est tiré par les cheveux ou que les États-Unis n’ont pas leur place dans ce débat. Parce que les Américains seraient des barbares en matière d’armes, de violence, de prisons ou de Guantanamo. Mais peut-être devrions-nous commencer précisément par regarder le monde, sans regarder aveuglément les soi-disant identités nationales et supériorité, comme cela se passe en France aujourd’hui.

    Le jeune homme aux États-Unis s’appelle Kyle Rittenhouse. Il a 17 ans. Il est fasciné par Trump. Il y a deux mois, le 25 août, il a commis deux meurtres. Deux jours plus tôt, il a vu des images de Mark et Patricia McCloskey en tant qu’invités d’honneur à la Convention nationale républicaine. Le couple était devenu connu dans tout le pays quand, lui avec un fusil d’assaut, elle avec un pistolet, ils se tenaient menaçants devant leur villa alors qu’une manifestation Black Lives Matter passait. Lors de la Convention, le couple a lancé un appel à suivre leur exemple: «Si nous sommes menacés, nous devons nous défendre». « S’ils ne l’avaient pas fait », a tweeté Trump, « au mieux, ils auraient été battus, leur maison aurait été pillée et peut-être incendiée ».

    Le lendemain, le Kenosha Guard, une milice locale d’extrême droite, a lancé un «Appel aux armes» sur Facebook. Le groupe a appelé « les patriotes armés à descendre dans la rue pour défendre la ville contre les criminels de Black Lives Matter ». C’est le climat qui a poussé Kyle à décider de déménager à Kenosha, de chez lui à Antioche, dans l’Illinois, à une demi-heure de route. Il était armé de son fusil Smith and Wesson AR-15, avec 30 cartouches. Sur ce, il a tiré de sang-froid sur deux manifestants.

    Le jeune homme en France s’appelle Abdullakh Anzorov. Il a 18 ans. Il est d’origine tchétchène et est né à Moscou en 2002. Il vit en France depuis l’âge de six ans. Comme Kyle, il ne vit pas là où il commettra son acte. Il habite Evreux, à une centaine de kilomètres de la commune de Conflans-Sainte-Honorine, où s’est déroulé le drame. Il aurait publié des messages sur Twitter pour promouvoir le jihad contre la Chine et l’Afghanistan.

    Tout comme Kyle a dû faire un long voyage, Abdoullakh doit se rendre à l’école, où il demande à un certain nombre d’élèves de lui désigner l’enseignant qu’il recherche. Il aurait même payé des étudiants pour cette information. Il ne connaît pas ce professeur. Il ne le connaît que par le biais des réseaux sociaux où il a lu les manifestations, demandant sa démission parce qu’il a montré les caricatures du prophète Mohamed dans la classe. L’humiliation doit être vengée. Abdoullakh répond à l’appel: « J’ai exécuté un de vos chiens de l’enfer qui a osé humilier Mohammed », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Plusieurs heures plus tard, la police l’a abattu.

    Je peux continuer avec des comparaisons, comme celle entre Patrick Crusius, 21 ans, qui a tiré sur 21 personnes dans un supermarché d’El Paso, et Mohammed Merah, 23 ans, qui a tué sept personnes à Toulouse et Mantauban.

    Vingt ans de guerre, vingt ans de haine

    Ces jeunes ont tous le même âge que la guerre qui s’est déclenchée dans le monde entier il y a vingt ans pour se venger des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Ces attaques ont été à leur tour une réponse à la première guerre du Golfe, qui a commencé en 1991 contre le monde arabe, contre l’Irak. Ce fut le début d’une guerre de cent ans contre les pays du Sud, pour l’instant principalement les pays arabes et musulmans.

    Nous nous souvenons des paroles de Bush et Blair: «Qui n’est pas avec nous est contre nous», «Les règles du jeu ont changé à jamais». Ce qui signifiait que la violence devenait le moyen de résoudre les problèmes politiques, sociaux ou religieux. Ce qui signifiait qu’il était légitime d’aller en guerre. Se venger. Détester l’autre. Œil pour œil dent pour dent.

    Ces jeunes n’ont jamais rien connu d’autre, jamais rien entendu d’autre. Ce sont les enfants de vingt ans de déclarations guerrières, racistes et islamophobes ininterrompues. Appel aux enfants de vingt ans à riposter et à se venger du massacre et de l’humiliation subis par les peuples et les pays opprimés.

    Dans ce climat, la liberté d’expression a une signification guerrière et un arrière-goût amer: quelqu’un comme Julian Assange est en prison à Londres et risque 175 ans de prison aux États-Unis pour avoir publié des documents anti-guerre. Les militants du BDS doivent régulièrement répondre devant les tribunaux de leurs publications contre l’État d’apartheid d’Israël. Les caricatures dégoûtantes de Charlie Hebdo sont déclarées marque de commerce de la République française. Quelque chose qui équivaut presque à la déclaration de Trump comme symbole de la civilisation occidentale.

    Les enfants nous regardent avec incrédulité. Le droit à la caricature est assimilé à l’éducation aux valeurs de la République: oubliez la pénurie d’enseignants, oubliez l’inégalité choquante dans l’éducation ou le manque tout aussi poignant de soutien et de ressources pour les écoles pour les enfants du peuple, oubliez les défavorisés les quartiers et les quartiers où les enfants sont censés apprendre.

    À la guerre!

    Le 2 octobre, quatorze jours avant l’assassinat, le président français Macron avait annoncé lors d’une conférence de presse sous le thème «La République en action», des mesures radicales pour enrayer le «séparatisme islamique», qui échappe aux valeurs de la république. coucher. Désormais, il ne s’agit plus d’une guerre contre le terrorisme, mais d’une guerre contre l’islamisme politique.

    Après le meurtre, une autre vitesse est passée: une véritable machine de guerre est mise en marche pour venger le meurtre du professeur. Stigmatisation de la communauté tchétchène par les uns. L’unanimité pour freiner «l’islam politique». Les perquisitions à domicile et l’annonce de la dissolution des organisations à but non lucratif et d’autres organisations, comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Fermeture de mosquées radicales. Annonce des expulsions. Renforcement de l’interdiction de porter le foulard.

    Les politiciens de gauche et les défenseurs des droits humains doivent commencer à s’excuser d’avoir participé à des marches contre l’islamophobie, au risque d’être qualifiés d’islamo-gauchistes, les judéo-bolcheviks des années 1930. Si nécessaire, disent certains, la constitution doit changé pour faire adopter toutes ces mesures. Le tout surmonté d’un discours ininterrompu sur la défense de nos valeurs, de notre civilisation, de notre liberté d’expression. Contre la barbarie des minorités qui rejettent ces valeurs.

    Breivik et Anzorov: deux mesures, deux poids

    Je n’oublierai jamais le silence qui a régné en Europe après le massacre de 77 personnes, dont des dizaines de jeunes, par Anders B. Breivik à Oslo et sur l’île d’Utoya le 21 juillet 2011. Bien sûr, l’absence a été grande et tout le monde a approuvé – de la gauche à la droit – me demande ce qui s’était passé. Mais pas de manifestations de masse, pas de stigmatisation, pas de raids, pas d’organisations interdites, pas de dénigrement contre «la barbarie de la majorité», pas d’interdiction de publication ou de traduction du manifeste de Breivik.

    Ce qui m’a le plus frappé à l’époque, c’est l’unanimité européenne, le déni dans toutes les clés de toute responsabilité politique de la droite ou de l’extrême droite pour la folie qui s’était produite en Norvège. Après tout, le meurtre et la liberté d’expression étaient deux choses différentes. Cette fois, c’est différent. Cette fois, il semble que nous nous dirigeons vers la guerre civile. La population n’a qu’une impression: le terrorisme musulman est l’ennemi parmi nous. L’extrême droite n’a rien à faire, à ne rien dire, elle a juste besoin de récolter les fruits du climat actuel.

    Où sont nos valeurs en ce qui concerne la percée de l’extrême droite juridique dans pratiquement tous les pays européens? Où est l’éducation sur nos valeurs et notre civilisation en réponse à la série de meurtres d’extrême droite en Europe?

    Après les 10 meurtres, les 15 vols de banque et les 2 attentats à la bombe commis entre 2000 et 2011 par la NSU, le groupe fasciste allemand de Beate Zschäpe. Après le meurtre du député britannique Jo Cox en 2016 par le raciste blanc Thomas Mair. Après la fusillade de Luca Traini, 28 ans, candidat de la Lega Norte aux élections municipales, qui a tiré ses deux pistolets semi-automatiques dans les rues de Macerata en février 2018 sur six migrants africains qui se sont croisés sur son chemin. Après l’assassinat du politicien allemand Walter Lübcke en juin 2019 par le fasciste Stephan Ernst, décrit par lui et une partie de la presse comme un «défenseur des migrants».

    Après l’attaque de Philip Manshaus, le terroriste raciste d’Oslo, contre la mosquée Baerum en août 2019. Après les meurtres de Stephan Balliet, 27 ans, un homme de Halle, en Allemagne, qui, le 9 octobre 2019, parce qu’il n’est pas entré une synagogue pour commettre une attaque, puis abattre une femme qui a eu le malheur d’y passer, et un homme dans un restaurant de kebab. Après les meurtres de Tobias Rathjen qui a abattu 11 personnes dans deux bars à chicha du centre-ville de Hesse le 19 février de cette année avant de se suicider. Et puis nous ne parlons pas de toutes les attaques et incendies criminels contre les centres d’asile qui ne sont pas classés comme terrorisme, mais comme crimes de haine.

    Chez Europol, toutes les flèches restent focalisées sur le djihadisme islamique. Mais pour la première fois, le rapport sur le terrorisme d’Europol 2019 pourrait ressentir une inquiétude croissante concernant l’extrémisme de droite. «En 2019, une vague d’incidents violents de droite, y compris les terribles attentats à Christchurch (Nouvelle-Zélande) et les attaques aux États-Unis, a également atteint l’Europe. Avec des attaques en Allemagne, en Norvège et au Royaume-Uni, une attaque ratée en Lituanie et un plan terroriste contrecarré en Pologne … Bien que de nombreux groupes d’extrême droite dans l’UE n’utilisent pas la violence, ils contribuent à un climat de peur et d’hostilité contre les groupes minoritaires. Ce climat, basé sur la xénophobie, la haine des juifs et des musulmans et des sentiments anti-immigrés, peut abaisser le seuil pour que certaines personnes radicalisées utilisent la violence contre les personnes et les biens des minorités, comme nous l’avons trop souvent vu ces derniers mois. Comme les djihadistes, les auteurs violents isolés de droite sont intégrés dans des communautés en ligne plus larges qui prêchent la haine et déshumanisent certains groupes de nos diverses sociétés ». Le rapport vaut largement la peine d’être lu. Tout cela étant entendu que, dans la plupart des cas, le terrorisme de droite n’est pas classé dans le terrorisme mais dans le crime de haine.

    Personne ne rate le fait qu’il s’agit d’une explosion mondiale de terrorisme blanc de droite. Le Centre très officiel d’études stratégiques et internationales (CSIS), qui se qualifie lui-même de «réflexion-merci numéro un dans le monde de la défense et de la sécurité nationale», exprime son inquiétude depuis des années. En 2018, vous pouviez lire sur son site Web: «  Le nombre d’attaques terroristes perpétrées par des auteurs d’extrême droite a augmenté au cours de la dernière décennie, et a plus que quadruplé entre 2016 et 2017 … En Europe, les attaques de l’extrême droite ont également augmenté, avec 43% entre 2016 et 2017… Depuis 2014, le nombre d’attaques d’extrême droite est plus élevé que celui d’attaques par des islamistes extrémistes ».

    Le 17 juin 2020, le SCRS a publié un nouveau rapport, encore plus inquiétant: «Entre 1994 et 2020, il y a eu 893 attentats et complots terroristes aux États-Unis. Dans tout cela, les terroristes de droite ont commis 57% de toutes les attaques et complots de cette période, contre 25% par des terroristes de gauche, 15% par des terroristes religieux, 3% par des ethno-nationalistes et 0,7% par des terroristes ayant d’autres motifs. ‘

    L’alternative ne peut être que de nous mobiliser pour mettre fin aux guerres sans fin qui font non seulement des centaines de milliers de victimes, mais qui alimentent également le terrorisme de toutes parts. Protéger les minorités ensemble. Ensemble, encore une fois, ouvrant la perspective radicale d’un monde qui mettra fin aux inégalités et à la pauvreté dans tous les domaines. Une inégalité déjà dramatique, mais qui s’est intensifiée pendant la crise sanitaire. Plus de répression, plus de guerre interne apporteront exactement le contraire de ce dont nous avons besoin: plus de haine et plus de folie meurtrière.

    De Wereld Morgen, 24 oct 2020

    Tags : Etats-Unis, terrorisme, Islam, islamisme, France, racisme, haine,