Étiquette : harragas

  • Plus de 800 harragas algériens arrivés en Espagne en 4 jours

    L’Algérie se vide de sa jeunesse comme un corps blessé se vide de son sang. Le phénomène de la harga devient une plaie béante que la crise traversée le pays ouvre de plus en plus.

    En quatre jours, plus de 800 Algériens, des jeunes hommes et des jeunes femmes, mais aussi des mamans et des enfants, montent sur les barques de la mort, défiant la Grande Bleue, et s’élançant vers un eldorado incertain. C’est Francisco Jose Clemente Martin, de l’organisation espagnole Héroes del Mar, (Les héros de la mer), qui a livré hier un bilan alarmant sur le nombre d’Algériens qui ont foulé le sol espagnol lors de ces quatre derniers jours. Le militant et bénévole n’y va pas par quatre chemins.

    « Au cours des 4 derniers jours plus de 800 Algériens sont arriv és àAlmeria », écrit-il sur sa page Facebook .

    Plus de 1.100 personnes en quelques jours

    Parmi les 800 Algériens qui sont arrivés à Alméria ces 4 derniers jours, « seuls 600 ont été interceptés par la Garde Civile ou le Secours Maritime, les autres ont échappé aux autorités », précise la même source qui ajoute que parmi les harraga algériens, figurent beaucoup de femmes et d’enfants.

    L’activiste assure qu’aucune embarcation ne manque à l’appel en eaux espagnoles, cependant es investigations sont en cours en ce qui concerne un probable naufrage en eaux algériennes. En outre, Francisco Josel Clemente Martin assure qu’ »ils sont arriv és à Motril, Almería, Cartagena, Alicante, Baléares, ces jours-ci, plus de 1.100 personnes ». Un chiffre énorme qui laisse les autorités espagnoles impuissantes face à un tel afflux migratoire qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

    Il y a « beaucoup de harraga algériens qui se trouvent en garde à vue, mais ils seront libérés aujourd’hui ou demain » assure le militant bénévole qui précise aussi que « 4 passeurs ont été arrêté par la police espagnole. Seulement à Almería, du 1er janv ier 2021 à ce jour, un total de 245 bateaux sont arrivés » indique encore la même source qui confie avoir répondu à près de 200 messages de familles algériennes qui s’inquiétaient pour leurs enfants.

    Enfin, et en guise de conseil, il a été demandé aux candidats à la migration illégale d’attendre à ce que la mer se calme pour sortir.

    Le Midi libre, 06/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Espagne, migration, harga, harragas,

  • Femmes harraga : Un phénomène qui se banalise en Algérie

    La Méditerranée n’est plus qu’un vaste cimetière pour les migrants clandestins. Depuis deux ans, le phénomène de la harga, ou migration clandestine, a pris des dimensions effarantes en Algérie. Le fléau qui était exclusivement réservé aux hommes, voit dorénavant ses rangs renforcés par des centaines de femmes rongées par l’espoir de trouver mieux ailleurs.

    Un espoir qui mène parfois à la mort. Crise économique et sociale, flou politique, pouvoir d’achat en berne… rien ne va plus en Algérie. Si la harga ne concernait autrefois que les jeunes hommes maintenant, les femmes et les enfants s’y mettent, eux aussi, et comme il n y a pas de galanterie dans le business, les candidates à la traversée de la Grande Bleue doivent payer parfois plus que les hommes.

    Une mort au prix fort

    Inconscience ou désespoir ? De plus en plus de femmes défient la Méditerranée, se fiant à des passeurs sans foi ni loi, qui se font pourtant passer pour des sauveurs, et qui sont, hélas, souvent vus comme tels.

    « Sois assurée de la sécurité ma soeur, je ne vais pas t’embarquer dans une vieille chose qui va s’arrêter au milieu de la traversée. C’est du nouveau matériel que je propose » promet un des passeurs à une journaliste d’El Chourouk qui menait une enquête sur les prix de la traversée clandestine. « Fais-moi confiance ma soeur, travailler avec l’argent des gens et les faire traverser n’est pas chose facile », ajoute le passeur qui tente d’amadouer la journaliste qui se faisait passer pour une candidate à la harga.

    En ce qui concerne les prix, le passeur indique que « on demande 70 millions, cependant je peux t’aider un peu en te faisant une remise de 2 millions ou 1 million Autre chose ? On pourra toujours se mettre d’accord ».

    Sur la barque pour la traversée, de cinq mètres de long, vont s’entasser cinq autres femmes, dont une maman avec ses deux enfants, ainsi que trois jeunes hommes. Le convoi devrait arriver à San José, en Espagne, après trois heures et demie de navigation.

    Le Midi libre, 30 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, harga, harragas, migration, trafic de migrants, traite humaine,

  • Des harraga algériens dans les prisons tunisiennes

    Par Nabil Chaoui

    Plusieurs dizaines de harraga algériens sont détenus dans les geôles tunisiennes, a appris ce mercredi Le Jeune Indépendant auprès de deux familles concernées par la disparition de leurs progénitures, et ce après une tentative d’émigration clandestine.

    «Mon fils vient de m’appeler à partir d’une prison tunisienne. Il m’a informé qu’il se trouve dans la prison de Tunis-Centre avec des dizaines d’Algériens incarcérés à la suite d’un naufrage de leur embarcation en territoire maritime tunisien», a confié Bachir T., sexagénaire et propriétaire d’un commerce de coiffure. De son côté, Salah B., voisin de palier du premier interlocuteur, confirme la présence de jeunes Algériens dans les prisons tunisiennes : «Mon fils et mon neveu m’ont aussi appelé sur mon portable, ma sœur n’ayant pas de téléphone, pour me dire de ne pas nous inquiéter.

    Les Tunisiens, après des doutes sur leur présence proche des côtes tunisiennes, les ont mis au défi d’appeler leurs proches en Algérie.» Selon nos deux interlocuteurs, la conversation des deux harraga a été écoutée par les services de sécurité tunisiens. Une question se pose. Pourquoi les services de sécurité tunisiens n’ont pas informé les autorités algériennes de la présence de jeunes Algériens dans les prisons tunisiennes, ou encore informer l’ambassade d’Algérie ou les représentations consulaires ? Depuis de nombreuses années, les parents des harraga ont, à maintes reprises, manifesté devant le Consulat général de Tunisie à Annaba en vue d’obtenir des informations concernant leurs proches disparus, en vain. La représentation consulaire tunisienne ne donnait aucune information mais promettait, à chaque fois, aux proches des disparus de saisir leur ambassade à Alger à ce sujet.

    C’était toujours sans suite. Selon des informations recueillies auprès des familles de plusieurs harraga, des centaines de candidats à l’émigration clandestine se trouvent dans la prison de Tabarka, en Tunisie. Ces harraga ont, pour la plupart d’entre eux, pris le large depuis la grande plage à Seraidi, oued Bokrat, à bord d’embarcations de fortune à destination de la terre promise, la Sardaigne, en Italie, avant d’échouer sur les côtes tunisiennes. A tire d’exemple, en décembre dernier, 17 harraga ont fait une halte sur une côte tunisienne pour alléger leur embarcation du moteur qui les avait lâchés en cours de traversée. Sans boussole ni GPS, et sans aucune assistance d’orientation, l’embarcation a dérivé et ils ont flotté ainsi durant trois jours, épuisés, pour être enfin interceptés par les gardes-côtes tunisiennes.

    Ils ont été placés en prison en attendant leur jugement. Et c’est toujours suite à un appel téléphonique, depuis la prison de Tabarka, qu’un des harraga a mis fin au tourment qui rongeait sa famille. Il convient de rappeler que le phénomène de l’émigration clandestine touche plus de 50% des familles annabies. Par ailleurs, alors que certains parents ont été rassurés en sachant où étaient leurs enfants, d’autres vivent toujours le calvaire par manque d’informations. Une association de harraga disparus à été créée mais elle demeure sans informations officielles, peut-être parce qu’elle n’a pas obtenu d’accréditation de la part des pouvoirs publics. Cette association, ouverte à toutes les familles qui sont à la recherche de leur progéniture ou voulant rapatrier ceux qui sont dans les prisons des pays où ont débarqué leurs proches peinent dans sa mission. Elle a toujours prôné la sensibilisation des jeunes sur les conséquences de la traversée maritime, et a appelé à s’attaquer à tous ceux qui facilitent ces départs, en l’occurrence ceux qui en font un commerce au détriment de la vie humaine.

    La dite association a un véritable besoin du soutien et de la bonne volonté de chacun pour l’aider à convaincre les parents touchés par ce phénomène d’y adhérer fortement. D’ailleurs, il ne se passe pas un jour sans que les gardes-côtes de la wilaya d’Annaba n’enregistrent l’échouage de cadavres décomposés au point de ne pouvoir les identifier. Ces côtes sont devenues le lieu de rencontre des familles de harraga, qui viennent chercher une éventuelle dépouille, si toutefois elle peut-être identifiée, afin de pouvoir faire son deuil. D’autres, par contre, se trouvent par dizaines, voire centaines dans les prisons tunisiennes. Devant l’ampleur du phénomène de la harga, il est plus que nécessaire que les autorités des deux pays établissent des accords régissant ce genre de cas.

    Le Jeune Indépendant, 16 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Tunisie, migration, harragas,

  • Immigration clandestine en Espagne : Les Algériens représentent 71 % des migrants

    Apparemment, rien n’arrête les migrants algériens quiaffrontent toutes sortes de dangers, ne craignant rien ni personne et décidés d’arriver à la destination qu’ils ont choisie pour s’y établir.

    En effet, malgré la pandémie qui fait rage en Europe et qui décime ses habitants par milliers, les contaminations qui se poursuivent, les dangers de la mer et la surveillance continue des Garde-côtes aussi bien algériens qu’étrangers, ce sont de vagues de migrants de toutes nationalités qui débarquent sur la rive Nord de la Méditerranée.

    Pour l’Espagne, ce sont les Algériens qui ont la « cote » car ayant été les plus nombreux à débarquer dans ce pays en 2021, c’est par dizaines qu’ils arrivent à bord d’embarcations de fortune ou de navettes rapides qu’ils abandonnent sur les plages.

    Ainsi et selon l’Agence Européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) entre le 1er janvier et le 28 février 2021, ce ne sont pas moins de 887 migrants algériens qui ont débarqué illégalement en Espagne. Ce chiffre est de loin le plus important comparé aux autres nationalités arrivées sur la péninsule ibérique.

    Selon les statistiques de l’agence européenne, les migrants illégaux algériens arrivés en Espagne représentent 71% du nombre total des personnes ayant effectué la traversée vers l’Espagne, le reste c’est-à-dire les 29 % proviennent du Maroc avec 357 migrants clandestins.

    En tout, ce sont 1.234 immigrés qui ont pu rejoindre la péninsule ibérique par voie maritime pendant le mois de février 202, un chiffre qui selon Frontex reflète une baisse significative estimée à 47 % par rapport à la même période en 2020. Cette baisse est due essentiellement aux conditions météorologiques défavorables qui avaient caractérisé les mois de janvier et février ce qui a quelque peu réduit le flux de migrants, les passeurs ne voulant pas s’aventurer par mauvais temps.

    Le corridor algéro espagnol est aussi emprunté par les migrants marocains qui traversent les frontières terrestres près d’Oujda pour ensuite s’embarquer à partir d’Oran en direction d’Almeria (Espagne). Par ailleurs et, pas plus loin que vendredi passé, ce sont 8 jeunes Algériens sans papiers qui ont été interceptés par la police espagnole dans la campagne d’Almeria. L’on rapporte que ces jeunes auraient utilisé une navette rapide qu’ils avaient abandonnée après avoir débarqué sur les côtes espagnoles. La Guardia civil a trouvé cette navette échouée sur une des plages et ses occupant auraient quitté les lieux dans la précipitation de peur d’être interceptés par la police espagnole

    Le Provincial, 15 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, migration, harga, harragas, Espagne, pateras,

  • Ceuta : Plus de 1500 harragas rapatriés au Maroc

    L’Espagne renvoie 1 500 immigrants au Maroc après l’entrée massive à Ceuta

    La remise aux autorités marocaines s’effectue conformément à un accord signé avec Rabat en 1992 et l’on s’attend à ce que, dans les prochains jours, tous ceux qui ont franchi la frontière soient renvoyés.

    Des sources policières consultées par Vozpópuli indiquent que l’Espagne a déjà renvoyé au Maroc 1 500 immigrants sur les quelque 6 000 qui ont franchi le périmètre frontalier de Ceuta depuis lundi. Ce geste s’inscrit dans le cadre de l’application d’un accord signé avec Rabat en 1992. On s’attend à ce que, dans les jours à venir, la même décision puisse être prise avec le reste des personnes qui restent dans la ville autonome après l’entrée massive de la clôture.

    La gravité de la situation a contraint le ministère de l’Intérieur à convoquer une réunion d’urgence à laquelle ont participé le chef du portefeuille, Fernando Grande-Marlaska, le secrétaire d’État à la sécurité, Rafael Perez, le directeur général de la police, Francisco Pardo, la directrice générale de la garde civile, Maria Gamez, ainsi que d’autres hauts représentants du département.

    La réunion s’est conclue par la décision d’envoyer 200 agents supplémentaires à Ceuta pour renforcer le dispositif : 50 de l’Institut armé qui seront déployés aux points critiques de la frontière et 150 de la Police nationale, qui sont répartis entre les agents de l’Unité d’intervention de la police (UIP), les scientifiques et la spécialité des étrangers et des frontières. L’incorporation de ce dernier correspond à l’intention d’appliquer l’accord signé avec le Maroc en 1992 qui permet le retour des immigrants qui traversent le périmètre frontalier.

    Effondrement à Ceuta

    Après la batterie d’entrées – d’autres sources indiquent à ce journal que le chiffre pourrait dépasser 5 000 immigrants en une seule journée – l’Espagne a déjà procédé à l’expulsion de 300 personnes, qui ont été remises aux autorités marocaines. Cet épisode a provoqué l’effondrement des installations habituellement mises en place pour s’occuper et gérer la situation des immigrants arrivant à Ceuta.

    La ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Arancha González Laya, dément dans une interview sur Cadena Ser que cette entrée massive soit le résultat d’un « désaccord » avec le Maroc après avoir accueilli le leader du Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. « Je ne peux pas parler pour le Maroc. En tout cas, je peux vous dire qu’on nous a assuré il y a quelques heures que ce n’est pas le résultat d’un désaccord ».

    Le ministre des affaires étrangères insiste sur le fait que la priorité est de « maintenir les canaux habituels avec les autorités marocaines pour comprendre quelle est la raison » de cet épisode, puis d’ »assurer la sécurité de nos frontières » et, enfin, de « renvoyer dans leurs lieux d’origine ceux qui sont arrivés de manière irrégulière conformément aux protocoles ». Un retour qui a déjà commencé avec les 300 premiers immigrants livrés au Maroc.

    A Melilla aussi

    En outre, tôt ce mardi, on a appris que plusieurs dizaines de migrants subsahariens ont sauté la barrière frontalière entre l’Espagne et le Maroc à Melilla et ont réussi à accéder à la ville tôt ce matin en différents groupes.

    Ces entrées irrégulières ont eu lieu depuis 4h30 ce matin dans la zone du Dock Sud, où la police locale a coupé la circulation la nuit dernière « pour faciliter le contrôle » des forces et des forces de sécurité de l’État après l’afflux massif d’immigrants qui s’est produit hier à Ceuta.

    Selon les sources policières ont informé Efe, les immigrants sont entrés à Melilla en plusieurs groupes, le premier d’entre eux plus nombreux, et une fois dans la ville ont été dirigés vers la course au Centre de séjour temporaire des immigrants (CETI), escorté par des patrouilles de la Garde civile et la police locale.

    Les Subsahariens ont parcouru le Paseo Marítimo en célébrant leur entrée dans la ville par des signes de joie et des cris d’euphorie.

    Voz Populi, 18 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, harragas,

  • Espagne: Sanchez annule son voyage à Paris face à la crise migratoire à la frontière avec le Maroc

    Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a annulé le voyage qu’il avait prévu de faire ce mardi à Paris pour participer à un sommet sur le financement de l’Afrique organisé par le président de la République française, Emmanuel Macron. La crise déclenchée à la frontière avec le Maroc après l’arrivée massive d’immigrants illégaux à Ceuta et Melilla a provoqué ce changement dans l’agenda du leader socialiste.

    La Moncloa a fait part de la suspension de ce voyage par le biais d’un communiqué dans lequel il est également souligné que l’exécutif s’efforce de « rétablir la normalité le plus rapidement possible ».

    Ces dernières heures, plus de 5 000 immigrants clandestins ont gagné les côtes de Ceuta à la nage, face à la passivité des autorités marocaines. Aux premières heures de la matinée de mardi, des dizaines d’immigrants subsahariens ont également franchi la vallée frontalière avec le Maroc à Mellilla.

    OKDIARIO révèle que les autorités marocaines ont donné l’ordre à leur police de ne pas agir contre la vague d’immigrants illégaux vers l’Espagne. Certaines sources assurent que le Maroc fait à nouveau pression sur l’Espagne avec l’une de ses armes les plus efficaces : le décontrôle volontaire du départ des immigrants illégaux de son territoire vers l’Espagne. Rabat s’est plaint il y a quelques semaines que le leader du Front Polisario recevait un traitement médical dans notre pays et il semble que ce fait coïncide avec un changement dans l’effort qu’il consacre à la surveillance de ses frontières.

    « La fermeté maximale ».

    Pedro Sanchez s’est exprimé sur cette crise à travers les réseaux sociaux. « Ma priorité pour le moment est de ramener la normalité à Ceuta. Ses citoyens doivent savoir qu’ils ont le soutien absolu du gouvernement espagnol et la plus grande fermeté pour assurer leur sécurité et défendre leur intégrité en tant que partie du pays face à tout défi », a déclaré le dirigeant socialiste.

    Le président du gouvernement présidera le Conseil des ministres ce mardi et après cette réunion, il fera une déclaration institutionnelle depuis La Moncloa sur cette crise migratoire que connaît Ceuta.

    OK Diario, 18 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, harragas, Sahara Occidental, Brahim Ghali,

  • Au moins 2 700 personnes arrivent à Ceuta à la nage dans un contexte d’escalade des tensions diplomatiques avec le Maroc.

    Quelque 700 mineurs, des centaines de jeunes et plusieurs familles ont franchi une digue frontalière en l’absence des forces marocaines, après que ce pays a protesté contre l’accueil en Espagne du chef du Front Polisario.

    Au moins 2 700 personnes sans papiers, dont environ 700 mineurs, sont entrées lundi à la nage dans Ceuta depuis la ville voisine de Fnideq, 77 000 habitants, anciennement Castillejos, selon la délégation du gouvernement. L’arrivée a eu lieu sans que les autorités marocaines n’opposent de résistance et après plusieurs semaines au cours desquelles le Maroc a décidé de resserrer la corde diplomatique avec Madrid. Le désaccord est survenu après que les services de renseignement marocains ont découvert en avril dernier que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a été reçu sous une fausse identité dans un hôpital de Logroño, souffrant de covid-19. La diplomatie marocaine déplore cet acte, avertit qu’elle en prend note et menace le gouvernement espagnol de représailles.

    L’arrivée de 2 700 migrants irréguliers en un seul jour à Ceuta est un événement sans précédent dans la ville autonome. Non seulement en raison du nombre record d’arrivées, mais aussi en raison du contexte sanitaire délicat dans lequel il s’inscrit. Le Maroc a décidé de protéger sa population en fermant les frontières terrestres de Ceuta et Melilla en mars 2020. Et il y a plusieurs semaines, elle a suspendu ses liaisons aériennes avec une quarantaine de pays, à titre de mesure préventive. Maintenant, c’est aux autorités de Ceuta de faire face au problème humanitaire posé par ce phénomène. Et c’est au gouvernement de Madrid et à l’Union européenne de relever le défi diplomatique posé par Rabat.

    En l’absence de confirmation officielle, les entrées irrégulières de lundi représentent un record quotidien qui n’a jamais été atteint, même dans les périodes les plus critiques de forte pression migratoire. Aux îles Canaries, le week-end le plus intense, celui des 7 et 8 novembre, a enregistré 2 000 arrivées. En 2018, année qui a enregistré le plus grand nombre d’entrées irrégulières, le mois de juin a enregistré l’une des semaines les plus compliquées avec le débarquement entre le 21 et le 27 juin de près de 2 800 personnes, rapporte María Martín.

    Le 26 avril dernier, après l’accueil du Ghali en Espagne, 120 jeunes sont déjà arrivés à Ceuta en nage. Cette fois, le nombre a été largement dépassé. « Nous sommes débordés », a déclaré une source dans la ville autonome. « Dans le navire où nous recevons les migrants irréguliers [et où ils doivent servir la quarantaine], il y avait environ 70 personnes dimanche. Je ne sais pas ce que nous allons faire du reste ni où nous allons le mettre ».

    Un habitant de Fnideq a déclaré à ce journal que la passivité de la police marocaine était totale. Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des personnes se baignant sans que personne ne les en empêche. La source susmentionnée de la ville autonome a déclaré : « La police marocaine laisse les migrants venir sur la plage la plus proche de Ceuta. Ils arrivent donc ici tout de suite ». L’absence de surveillance sur les plages marocaines contraste dans un pays où il existe un contrôle policier rigoureux à l’entrée et à la sortie de centaines de communes, dont Fnideq.

    Les arrivées ont commencé à trois heures du matin, lundi. Et cela n’a pas cessé de toute la journée. Ils ont pénétré à la fois sur la plage de Tarajal et dans la région de Benzu. Une partie des nouveaux arrivants a été dirigée vers un navire dans le polygone de Tarajal, près de la frontière, ce qui a permis de maintenir la quarantaine. Selon des sources de la Croix-Rouge, l’enceinte a une capacité d’accueil d’un peu plus de 200 personnes, soit moins de 10% du dernier nombre d’entrées. Les personnes soignées font la queue aux portes, mais le dispositif est complètement débordé. Selon les médias locaux, certaines des personnes qui ont atteint la ville autonome se sont dispersées directement dans les quartiers de la ville, notamment le quartier d’El Principe.

    Depuis la fermeture des postes-frontières en mars 2020, un flux constant d’arrivées s’est produit aux points de convergence des barbelés et de la mer, tant à Ceuta qu’à Melilla. Ce type d’entrée par la natation, la traversée perchée sur les rochers des brise-lames ou par les points faibles de la clôture, tels que les canalisations d’égouts, s’est intensifié pendant l’été et s’est développé en raison de l’impossibilité d’accéder aux villes autonomes par d’autres voies depuis le Maroc. À Melilla, la Garde civile a constaté une plus grande intensité de ce type de traversées qui, toutefois, tendent à être individuelles ou en petits groupes. Jamais, jusqu’en avril, n’avait été enregistrée une entrée collective comme ce lundi par les bords du périmètre frontalier.

    Problème pour l’Espagne et les autorités marocaines

    Cette arrivée massive pose un problème à l’Espagne mais en dégage un autre, majeur, pour les autorités marocaines, puisque la région de Castillejos est fortement touchée par le chômage après les mesures prises par Rabat contre la contrebande et après la fermeture des frontières intervenue en mars 2020 en raison de la pandémie. La ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a déclaré lundi qu’elle n’était pas au courant que l’arrivée de migrants était due à une tentative de Rabat de faire pression sur les autorités espagnoles.

    La vague d’arrivées enregistrée ce lundi rappelle celle du 26 avril. Ce jour-là, plus de 128 personnes, selon les données de la Croix-Rouge, sont arrivées à Ceuta par la plage près de Fnideq. Pendant deux jours de tempête, ils se sont jetés à la mer devant l’inaction totale des autorités de l’autre côté de la frontière. Un habitant de la ville marocaine qui a suivi de près la fuite de dizaines de jeunes en avril a déclaré à ce journal sous couvert d’anonymat : « Ce n’est pas que nos policiers ont collaboré. Je les connais tous et je sais qu’ils ne feraient pas ça. Ce qui s’est passé, c’est que ce week-end-là, il n’y avait pas un seul policier pour surveiller les plages. Tout le monde a remarqué.

    Au moins deux personnes sont mortes pendant l’émigration massive ce jour-là. Ensuite, les négociations entre le ministère de l’Intérieur et Rabat ont permis de stopper l’entrée de personnes à Ceuta avec le déploiement de forces marocaines sur la côte et ont permis le retour rapide d’environ 110 jeunes malgré la fermeture stricte de la frontière. Il ne restait plus que 30 mineurs dans la ville autonome.

    Les événements du mois d’avril ont été un premier coup sur la table par le Maroc, agacé par l’arrivée à Logroño, le 18 avril, du leader du Front Polisario pour être soigné pour un covide en Espagne. Le fait que l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, ait reconnu en décembre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a conduit le Maroc à faire pression sur l’Espagne, l’Allemagne et l’Union européenne en général pour qu’ils emboîtent le pas à Trump. Jusqu’à présent, la réponse de l’UE a été unanime et appelle les deux parties au conflit à parvenir à un accord mutuellement accepté au sein des Nations unies.

    Au début du mois, une déclaration du ministère marocain des affaires étrangères a reproché à l’Espagne l’ »inaction » de son système judiciaire qui a permis à Ghali d’entrer sur son territoire et a critiqué Madrid pour avoir agi « dans le dos d’un partenaire et voisin ». La diplomatie marocaine a reconnu que l’accueil du Ghali était une « décision souveraine de l’Espagne », mais a prévenu qu’elle en tirerait « toutes les conséquences ». Les neuf partis marocains ayant une représentation parlementaire ont accusé le gouvernement espagnol, dans une lettre commune, de maintenir une attitude « inacceptable et ouvertement provocatrice ».

    L’émigration massive de Fnideq est un soulagement pour les autorités marocaines, dans une région où plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers mois, avec des centaines de femmes réclamant des alternatives économiques à la fermeture des frontières avec Ceuta et Melilla.

    Des centaines de familles dans des villes proches de la frontière comme Fnideq – à côté de Ceuta – ou Beni Enzar, Barrio Chino et Farhana – à côté de Melilla – dépendaient des relations transfrontalières, qui ont été suspendues pendant plus d’un an depuis que les passages officiels ont été fermés en mars 2020 en raison de la pandémie. Rien qu’à Melilla, quelque 35 000 travailleurs transfrontaliers traversaient la frontière chaque jour. Les travailleurs domestiques, les travailleurs qualifiés et les employés du secteur des services laissés de l’autre côté de la frontière ont perdu leur emploi et, dans de nombreux cas, vivent des salaires qu’ils reçoivent encore de leurs employeurs par le biais de services de transfert de fonds certifiés.

    Il a également été mis un terme définitif au portage ou commerce atypique, une forme de contrebande à laquelle Rabat voulait mettre un terme et qui employait des milliers de personnes, dont beaucoup venaient de villes de l’intérieur du Maroc, comme Fès ou Casablanca. À Fnideq, les restaurants et les magasins ont été contraints de fermer. Des dizaines de familles de porteurs ont quitté la ville pour retourner dans leurs villages d’origine dans les montagnes de l’Atlas.

    En février, des centaines d’habitants de Fnideq sont descendus dans la rue jusqu’à quatre vendredis consécutifs pour demander l’ouverture des frontières avec l’Espagne. Les autorités ont arrêté plusieurs jeunes la première semaine. Mais cela n’a pas empêché des milliers de résidents, principalement des femmes, de manifester à nouveau le vendredi suivant, en criant « Honte à vous ! Vous avez tué Fnideq », « Le peuple veut ouvrir la frontière », « Liberté pour les détenus ». La police a alors décidé d’autoriser les rassemblements de protestation, tandis que la justice libérait les prisonniers et que les autorités distribuaient des bons d’alimentation d’une valeur de 30 euros. Mais les manifestations ont continué. « Nous ne voulons pas de l’aumône », ont-ils scandé.

    Alors que le Maroc s’efforce de relancer l’économie dans le nord du pays, la population de la région dépérit face à la fermeture de la frontière, qui a entraîné un flux constant d’arrivées à Ceuta et Melilla par la mer depuis le début de la pandémie et s’est intensifié depuis la fin de 2020. Cependant, ce type d’entrée massive à la nage n’avait jamais été observé auparavant, comme si une autoroute avait été ouverte dans la mer.

    Enfin, en mars, quelque 300 contrats temporaires sont arrivés pour d’anciens porteurs désireux de travailler dans l’industrie textile à Tanger. Mais la situation est loin d’être résolue à Fnideq. Les familles demandent quelque chose d’aussi simple et compliqué à trouver qu’un emploi. Entre-temps, la ville est à nouveau sous le feu des projecteurs des relations diplomatiques entre Rabat et Madrid.

    Augmentation des arrivées également dans le détroit de Gibraltar

    L’entrée à Ceuta coïncide avec une augmentation de l’arrivée de migrants en patera dans les eaux du détroit et de la mer d’Alboran, après des mois de faible activité. En seulement huit heures, de sept heures du matin ce mardi à trois heures de l’après-midi, le sauvetage maritime a secouru 46 immigrants, dont une femme, dans un flot continu qui a commencé à l’aube dans les environs de la zone sud de Tarifa. Il s’agit d’un nombre supérieur aux 33 migrants secourus à Cadix entre le 8 et le 28 avril, selon des sources de la subdélégation du gouvernement à Cadix.

    Les personnes secourues voyageaient à bord de 13 petites embarcations : des jouets gonflables, des kayaks et un canoë. Une vingtaine des nouveaux arrivants sont d’origine subsaharienne et le reste, d’origine nord-africaine. À l’exception de trois personnes qui sont arrivées à Fuengirola (Malaga) et qui ont été transférées dans la capitale de Malaga, la majorité, qui est arrivée sur la côte de Cadix, est en train d’être transférée dans la baie d’Algeciras, où un centre de prise en charge temporaire des étrangers (CATE) fonctionne depuis la crise migratoire de 2018, confirment de la Subdélégation du gouvernement de Cadix. Des sources du Secours maritime expliquent que ce rythme de sauvetages est « beaucoup » plus élevé que ce qu’ils enregistraient ces derniers temps. « Nous constatons une augmentation tant dans le détroit que dans la mer d’Alboran », explique Manuel Capa, sauveteur et délégué CGT du comité d’entreprise du sauvetage maritime. Capa a regretté que cette augmentation des arrivées ait commencé à se produire après que Fomento ait réduit les renforts de personnel qu’ils avaient dans les navires de sauvetage, rapporte Jesús A. Cañas.

    El País, 17 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Brahim Ghali, hospitalisation, Ceuta, Gibraltar, migration, harragas, pateras,

  • Algérie/ L’espoir, ce vieux vinyle rayé !

    par Madjid Khelassi

    Plus de 30 embarcations, transportant des Harraga algériens, ont été interceptés sur les côtes d’Almeria (Sud de l’Espagne), en seulement 48 heures, et ce durant le week-end qui a précédé l’Aid El Fitr.

    Ces chiffres rapportés par le quotidien espagnol OK Dario, montrent l’ampleur du phénomène migratoire algérien vers la rive européenne de la Méditerranée.

    D’après le Haut Commissariat des nations-unies pour les réfugiés, 2000 Harraga arrivent à rejoindre chaque mois, les rivages sud du continent européen, sur des embarcations clandestines avec pour principales destinations, l’Espagne, l’Italie et la France.

    Son rapport du 12 mai 2021, fait état de 10 000 Harraga depuis janvier 2021.

    10 000 Harraga en 4 mois…Le paradis algérien tant chanté vire à une géhenne quotidienne.

    Chômeurs, ouvriers spécialisés, cadres , médecins, architectes, enseignants, sportifs.

    La panoplie migratoire s’étoffe et se « mixte ». C’est un catalogue multigamme.

    Les personnes qui mettent les voiles, sont certes des personnes touchées par la précarité, voire la pauvreté, mais beaucoup d’entre- eux sont des pauvres qui ne devraient pas l’être. Car disposant d’un capital culturel ou professionnel assez élevé, mais qui ne trouve pas preneur dans l’Algérie réelle.

    On passe ainsi de la migration des précaires à celle des intellectuels. Dramatique équation, qui souligne la faillite de notre système économique et social.

    Pour ces candidats, l’espoir, coincé quelque part, ressemble à un vieux vinyle rayé.

    Donc l’espoir est supprimé. Place à une réalité, qui souvent, se termine par le chavirage tragique d’une felouque voguant vers un ailleurs meilleur.

    El Harga, brûlure contemporaine des déshérités, ou comment on est anéanti par un espoir en congé permanent.

    Dans tous les ports et plages d’Algérie, surgit, chaque soir, un Aladin des mers, qui embarque, moyennant un joli pactole, des milliers d’algériens en classe tous risques, vers un eldorado incertain.

    Houle et mal de mer, éléments imprévisibles déchaînés…la traversée vire souvent à l’ordalie marine. Et les rêves, déjà en pointillés, sombrent dans la lagune d’une destinée malmenée.

    El Harga, décision définitive, tourneuse de tête et tueuse…Qu’a cela ne tienne !

    Tous les Harraga vous diront qu’ils préfèrent ça, à l’Algérie (l’ancienne et la nouvelle), qui n’a jamais rien compris au rêves contrariés de ses enfants.

    La Nation, 16 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, migration, harga, harragas, pateras, Almeria,

  • Les garde-côtes espagnols interceptent trois bateaux de « Harragas » algériens

    Lundi à l’aube, les patrouilles du service maritime de la Garde civile espagnole ont intercepté trois embarcations de fabrication traditionnelle équipées de moteurs de 80 chevaux transportant 38 immigrants clandestins de nationalité algérienne, âgés de 16 à 37 ans, partis de la plage d’Ain Franin, au cœur de la forêt de Cristel, à l’est d’Oran, en direction de la côte sud de l’Espagne.

    Selon des sources informées, la Garde civile espagnole a déjoué les tentatives de ces jeunes hommes de pénétrer dans la péninsule ibérique, après que la période de navigation secrète entre la côte d’Oran et son homologue espagnole ait duré environ 17 heures complètes, selon ce qui a été rapporté par le journal local « Alvaro de Ciota » dans la province de Grenade.

    Les « harragas » ou immigrants illégaux étaient répartis sur trois bateaux, le premier était un bateau en caoutchouc, transportant 13 jeunes Algériens, dont un mineur, le deuxième était un bateau traditionnel en bois transportant 14 immigrants, la plupart dans leur quatrième décennie de vie, et le troisième bateau en bois avait 11 jeunes hommes portant des combinaisons de plongée.

    Les mêmes sources ont révélé que les migrants arrêtés ont été interceptés à 20 miles nautiques au sud de Motril.

    Chacun d’entre eux a été emmené sous haute surveillance par les patrouilles des services maritimes jusqu’au port de Motril, dans la région d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, où des tests ont été effectués sur eux pour s’assurer qu’ils étaient exempts du virus Corona.

    Ensuite, il a été décidé de les transférer dans un centre de la région de « Capilera », supervisé par la Croix-Rouge espagnole, comme le dictent les mesures de précaution visant à freiner la propagation du nouveau virus Corona, en raison de la fermeture continue des centres pour immigrants illégaux en Espagne. Des fuites locales ont indiqué dans ce contexte que toutes les personnes arrêtées par les autorités espagnoles étaient originaires des provinces algériennes de Chlef et de Djelfa.

    Ils ont pris la mer en masse depuis la plage d’Ain Franin après que les barons de l’immigration clandestine aient profité du calme de la mer pour envoyer plusieurs embarcations vers l’Espagne.

    Il s’agit du deuxième incident de ce type en moins de trois jours, après l’annonce par les services de secours maritimes espagnols de l’interception d’une embarcation artisanale transportant dix immigrants clandestins algériens sur les côtes de Carthagène appartenant à la région de Murcie.

    Les immigrés clandestins algériens dont le bateau a été intercepté sont des adultes et sont en bonne santé, précisant qu’ils ont été transférés dans la région « Escombreras » de Carthagène, où ils ont été soumis à des tests pour détecter la possibilité d’une infection par le virus Covid-19, conformément au protocole sanitaire en vigueur.

    Echourouk online, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Espagne, migration, pateras, harragas, harga,

  • Algérie/ Le prix de la désillusion (Edito de Liberté)

    Le contraste est saisissant : au moment où le régime s’emploie, la tête dans le guidon, à mener à bon port son entreprise de restauration autoritaire, des jeunes quittent le pays, par vagues successives et au moyen d’embarcations de fortune, en quête de cieux plus cléments sur l’autre rive de la Méditerranée. En l’espace de deux jours, pas moins de trente embarcations de harraga, ces “brûleurs de frontières”, sont arrivées sur les côtes espagnoles, selon la presse locale.

    Durant les deux premiers mois de l’année en cours, les deux tiers des migrants arrivés en péninsule ibérique sont des Algériens. En 2020, alors que le pays était en confinement total, dans le sens le plus large du terme, plus de 11 000 Algériens ont quitté le pays. Loin d’être exhaustifs, ces chiffres sont appelés à augmenter dans les prochaines semaines, étant entendu que la période estivale demeure la plus propice et la plus favorable pour les traversées. Et comme le redoutent, d’ailleurs, les autorités espagnoles, leur pays risque de faire face dans les prochains mois à la pire vague migratoire des dix dernières années.

    Ni la pandémie, ni la crise économique qui frappe l’Europe, ni les conditions drastiques de séjour, ni la traque des autorités, autant espagnoles qu’algériennes, encore moins la crainte de périr en mer ne semblent dissuader ces jeunes, de plus en plus nombreux, dont des femmes, de tenter l’aventure en quête d’un soupçon de bonheur qu’ils peinent à trouver dans leur pays.

    Cette recrudescence d’un phénomène, pourtant en net reflux durant la première année du Hirak populaire, signe, sans aucun doute, la désillusion qui a désormais gagné cette frange de la population précarisée, sans perspectives, dont la situation sociale s’est aggravée par les conséquences de la pandémie. Elle traduit aussi ce confus sentiment d’étouffement, d’absence de lisibilité et de projection sur l’avenir dans un contexte marqué par un statu quo mortifère.

    Faute d’offre politique à la mesure des aspirations pour le changement exprimé par les Algériens depuis février 2019 et à la mesure des espoirs suscités par la formidable mobilisation, le régime, par mépris, cécité, manque de clairvoyance ou par hostilité au changement, n’a pas réussi le pari de conforter cette espérance.

    Comment parviendra-t-il à rétablir la confiance, clé de voûte de la crise, à remobiliser ces jeunes qu’il n’hésite pas à tenter d’amadouer et à les convaincre que leur devenir est chez eux ? Sans changement de paradigmes de gouvernance, sans une véritable vision de rupture, la mission est quasi impossible. En attendant une hypothétique approche de nature à semer l’espoir, le pays continuera à dévorer ses enfants. Sur terre et en mer.

    Liberté, 10 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, migration, embarcations de fortune, harga, harragas, Espagne,