Étiquette : Hassan II

  • Wikileaks : Pour le roi du Maroc, l’armée est la plus grande menace pour le trône.

    Les forces armées marocaines « restent minées par la corruption, l’inefficacité bureaucratique, les faibles niveaux d’éducation, certains de ses soldats risquent de tomber dans le radicalisme, ils sont politiquement marginalisés, et le gros de leurs troupes est déployé au Sahara occidental. » « Elles se modernisent, mais elles restent lestées par des problèmes de longue date ».

    L’ambassadeur américain au Maroc, Thomas Riley, a rédigé en août 2008, avec la collaboration de ses conseillers en matière de défense et de sécurité, un rapport confidentiel exhaustif de neuf pages sur les armées marocaines. Au total, les trois armées comptent 218 000 hommes – 10 000 de moins que celles de l’Espagne – dont 50 à 70 % se trouvent au Sahara. Seuls 40 %, un faible pourcentage, des unités déployées dans cette ancienne colonie espagnole sont opérationnelles.
    Les jeunes hommes qui s’engagent comme soldats sont payés environ 2000 dirhams par mois (180 euros), tandis que les officiers qui commencent leur carrière gagnent environ 6 000 dirhams (540 euros). A cela s’ajoute le logement gratuit, qui les place dans une « situation raisonnablement confortable dans le contexte marocain ».
    Forte surveillance
    Protagonistes de deux coups d’État ratés dans les années 1970, les forces armées sont toujours étroitement surveillées. « Nous pensons que la monarchie continue de considérer les militaires comme la plus grande menace potentielle pour la Couronne. » « Par conséquent, ses officiers continuent d’être tenus à l’écart de la prise de décision politique et leur participation aux discussions sur la force militaire du Maroc est limitée », tout comme leurs relations avec les officiers des armées étrangères, y compris les attachés militaires américains. En conséquence, la qualité de l’information sur les forces armées est parfois « défaillante ».
    En raison de cette méfiance, « il n’y a pas de mouvements de troupes, de manœuvres ou même de voyages d’officiers à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sans l’approbation du roi ». Au Maroc, il n’y a pas de ministère de la défense mais une petite administration civile qui rend compte au premier ministre. La participation du Maroc aux opérations de maintien de la paix est gérée par le ministère des affaires étrangères. « Toutes les autres questions liées à la défense sont décidées au Palais royal ».
    M. Riley estime toutefois que « certains signes montrent que la confiance du roi dans les forces armées s’accroît ». Preuve en est l’ »augmentation significative des dépenses militaires » avec l’achat, par exemple, de 24 chasseurs-bombardiers F-16 aux États-Unis. « Récemment, le roi a autorisé les vols militaires au nord de Ben Guerir [la plus grande base militaire du Maroc, à environ 200 kilomètres au sud de Rabat], ce qui n’était pas autorisé par le passé parce que le monarque voulait tenir les militaires éloignés du palais de Rabat. »
    Corruption et infiltration des islamistes
    Le principal défi auquel sont confrontées les forces armées est la corruption, selon M. Riley. Elle touche surtout les plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Elle a des origines historiques car après les deux tentatives ratées, Hassan II a dit aux militaires : « Soyez loyaux et vous pourrez en profiter. » « Des rapports crédibles indiquent que le lieutenant-général Benanni profite de sa position de commandant en chef du secteur sud pour soutirer de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. » « Une rumeur répandue indique qu’il possède une bonne partie des pêcheries du Sahara occidental. » « Comme beaucoup d’autres officiers vétérans, Benanni a une somptueuse maison familiale qui a probablement été construite avec l’argent provenant de pots-de-vin. »
    « Une position de leader dans une région est une source importante de revenus non légaux pour la hiérarchie militaire », argumente l’ambassadeur. « On rapporte même que des étudiants de l’académie militaire marocaine paient pour améliorer le classement de leur école afin d’obtenir des postes militaires lucratifs. » « Les commandements dans le secteur sud, c’est-à-dire au Sahara occidental, sont considérés comme les plus lucratifs étant donné la concentration de l’activité militaire dans cette région (…) ». « Le gouvernement marocain semble chercher des moyens de mettre fin à la corruption dans les rangs des militaires qui sont formés à partir du colonel (…) ».
    Un problème mineur, comparé à la corruption, est la pénétration islamiste de l’armée. Certains rapports « suggèrent qu’un petit nombre de soldats sont sensibles à l’islamisme radical ». Après les attentats de 2003 à Casablanca, qui ont fait 45 morts, les enquêteurs ont « identifié des militaires » parmi les conspirateurs. Par la suite, « plusieurs militaires et gendarmes appartenant à d’autres cellules terroristes, dont l’une a volé des armes dans une base d’activités terroristes » ont été arrêtés.
    Parmi les mesures préventives prises pour éviter la propagation de l’islamisme radical dans les armées figurent « la suppression de toutes les mosquées sur les bases (…) et le déploiement du contre-espionnage militaire, le fameux Cinquième Bureau, avec des agents secrets pour surveiller les activités radicales dans les mosquées » près des casernes.
    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, armée, Mohammed VI, palais royal, mafia immobilière, islamistes, Sahara Occidental,
    Source : Marocleaks, 06 juin 2021
    Etiquettes : Maroc, Wikileaks, corruption, armée, immobilier, Palais royal, Mohammed VI, Hassan II, FAR, Forces Armées Royales,
  • Wikileaks : Pour le roi du Maroc, l’armée est la plus grande menace pour le trône.

    Maroc, #Maroc, Sahara Occidental, #SaharaOccidental, Wikilieaks,

    Les forces armées marocaines « restent minées par la corruption, l’inefficacité bureaucratique, les faibles niveaux d’éducation, certains de ses soldats risquent de tomber dans le radicalisme, ils sont politiquement marginalisés, et le gros de leurs troupes est déployé au Sahara occidental. » « Elles se modernisent, mais elles restent lestées par des problèmes de longue date ».

    L’ambassadeur américain au Maroc, Thomas Riley, a rédigé en août 2008, avec la collaboration de ses conseillers en matière de défense et de sécurité, un rapport confidentiel exhaustif de neuf pages sur les armées marocaines. Au total, les trois armées comptent 218 000 hommes – 10 000 de moins que celles de l’Espagne – dont 50 à 70 % se trouvent au Sahara. Seuls 40 %, un faible pourcentage, des unités déployées dans cette ancienne colonie espagnole sont opérationnelles.

    Les jeunes hommes qui s’engagent comme soldats sont payés environ 2 000 dirhams par mois (180 euros), tandis que les officiers qui commencent leur carrière gagnent environ 6 000 dirhams (540 euros). A cela s’ajoute le logement gratuit, qui les place dans une « situation raisonnablement confortable dans le contexte marocain ».

    Forte surveillance

    Protagonistes de deux coups d’État ratés dans les années 1970, les forces armées sont toujours étroitement surveillées. « Nous pensons que la monarchie continue de considérer les militaires comme la plus grande menace potentielle pour la Couronne. » « Par conséquent, ses officiers continuent d’être tenus à l’écart de la prise de décision politique et leur participation aux discussions sur la force militaire du Maroc est limitée », tout comme leurs relations avec les officiers des armées étrangères, y compris les attachés militaires américains. En conséquence, la qualité de l’information sur les forces armées est parfois « défaillante ».

    En raison de cette méfiance, « il n’y a pas de mouvements de troupes, de manœuvres ou même de voyages d’officiers à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sans l’approbation du roi ». Au Maroc, il n’y a pas de ministère de la défense mais une petite administration civile qui rend compte au premier ministre. La participation du Maroc aux opérations de maintien de la paix est gérée par le ministère des affaires étrangères. « Toutes les autres questions liées à la défense sont décidées au Palais royal ».

    M. Riley estime toutefois que « certains signes montrent que la confiance du roi dans les forces armées s’accroît ». Preuve en est l’ »augmentation significative des dépenses militaires » avec l’achat, par exemple, de 24 chasseurs-bombardiers F-16 aux États-Unis. « Récemment, le roi a autorisé les vols militaires au nord de Ben Guerir [la plus grande base militaire du Maroc, à environ 200 kilomètres au sud de Rabat], ce qui n’était pas autorisé par le passé parce que le monarque voulait tenir les militaires éloignés du palais de Rabat. »

    Corruption et infiltration des islamistes

    Le principal défi auquel sont confrontées les forces armées est la corruption, selon M. Riley. Elle touche surtout les plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Elle a des origines historiques car après les deux tentatives ratées, Hassan II a dit aux militaires : « Soyez loyaux et vous pourrez en profiter. » « Des rapports crédibles indiquent que le lieutenant-général Benanni profite de sa position de commandant en chef du secteur sud pour soutirer de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. » « Une rumeur répandue indique qu’il possède une bonne partie des pêcheries du Sahara occidental. » « Comme beaucoup d’autres officiers vétérans, Benanni a une somptueuse maison familiale qui a probablement été construite avec l’argent provenant de pots-de-vin. »

    « Une position de leader dans une région est une source importante de revenus non légaux pour la hiérarchie militaire », argumente l’ambassadeur. « On rapporte même que des étudiants de l’académie militaire marocaine paient pour améliorer le classement de leur école afin d’obtenir des postes militaires lucratifs. » « Les commandements dans le secteur sud, c’est-à-dire au Sahara occidental, sont considérés comme les plus lucratifs étant donné la concentration de l’activité militaire dans cette région (…) ». « Le gouvernement marocain semble chercher des moyens de mettre fin à la corruption dans les rangs des militaires qui sont formés à partir du colonel (…) ».

    Un problème mineur, comparé à la corruption, est la pénétration islamiste de l’armée. Certains rapports « suggèrent qu’un petit nombre de soldats sont sensibles à l’islamisme radical ». Après les attentats de 2003 à Casablanca, qui ont fait 45 morts, les enquêteurs ont « identifié des militaires » parmi les conspirateurs. Par la suite, « plusieurs militaires et gendarmes appartenant à d’autres cellules terroristes, dont l’une a volé des armes dans une base d’activités terroristes » ont été arrêtés.

    Parmi les mesures préventives prises pour éviter la propagation de l’islamisme radical dans les armées figurent « la suppression de toutes les mosquées sur les bases (…) et le déploiement du contre-espionnage militaire, le fameux Cinquième Bureau, avec des agents secrets pour surveiller les activités radicales dans les mosquées » près des casernes.

    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, armée, Mohammed VI, palais royal, mafia immobilière, islamistes, Sahara Occidental,

    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

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  • Maroc : Un lion est mort ce soir

    Par son caractère trempé, son courage indomptable (physique, s’il le fallait,) sa simplicité goguenarde, sa gouaille bravache, ses éclats de rire explosifs, Khalid Jamai était unique en son genre. Un genre qui ne se fait plus, de nos jours.

    Il a traversé plusieurs époques de l’histoire du Maroc. De l’époque où, pour « éduquer » les journalistes un peu trop rebelles, on les raflait tout bêtement au coin d’une rue, avant de les passer à tabac et de les laisser gisants sur le trottoir (ça lui était arrivé dans les années 70, m’avait-il un jour raconté –il m’avait même montré l’endroit, un angle de la rue Allal Ben Abdellah, à Rabat) à l’époque plus « politique » des années 90 (à la stupéfaction générale, il avait publiquement défié Driss Basri, alors au faîte de sa puissance, avec cette harangue devenue célèbre : « chkoun nta ? »)
    Khalid Jamai a été un modèle pour moi, et pour plusieurs générations de journalistes.

    Alors que, jeunes et enhardis par le crépuscule de Hassan II, nous luttions pour essayer de donner sens à un système qui s’ouvrait tout en restant inexplicablement fermé, lui, le vétéran, avait publié une série de chroniques à La Vie Economique, que je n’oublierai jamais. Il y expliquait qu’au-delà de la conjoncture, des espoirs et des reculs, le système politique marocain était bâti sur une culture invariante, veille de plusieurs siècles. Cela avait un nom, nous a-t-il expliqué : le « Makhzen ».

    Le mot existait avant lui, bien sûr, mais c’était un terme d’histoire, que plus personne n’utilisait. Khalid Jamai l’a remis au goût du jour, en lui donnant un sens contemporain. C’est aujourd’hui encore une pierre d’angle conceptuelle, pour quiconque veut comprendre le Maroc. Certains laissent une marque dans les esprits, mais seuls les vrais grands laissent une trace dans le vocabulaire.

    Source : Facebook (Ahmed Benchemsi)

    Etiquettes : Maroc, Khalid Jamai, gauche marocaine, militants, révolutionnaires, Hassan II, dictature, despotisme, répression, années de plomb, Makhzen, presse, journaux, journalistes,

  • Création de maisons de golf au Maroc, à la fois traditionnelles et modernes

    Le golf est une activité importante dans ce pays d’Afrique du Nord et ce sport a donné naissance à de superbes maisons pour ceux qui recherchent la proximité du golf.

    Par Sam Lubell

    La popularité du golf est montée en flèche au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de l’Algérie au Qatar. Mais un pays de la région a une avance considérable : le Maroc.

    Ce sport est présent ici depuis que les Britanniques l’ont exporté au début du XXe siècle. Mais il a pris de l’ampleur au milieu du siècle dernier, grâce au roi Hassan II – qui a régné de 1961 à 1999 – qui était fou de golf et voyait dans ce sport un outil pour aider son pays à entrer dans une économie de marché.

    Le roi a construit plusieurs parcours conçus par certains des meilleurs designers du monde et, en 1971, il a créé un tournoi de golf appelé aujourd’hui Trophée Hassan II, qui fait partie intégrante de l’European Tour.

    Le pays compte aujourd’hui plus de 40 parcours de renom, dont le nombre et la popularité ne cessent de croître. Ce n’est pas un hasard si le golf est au centre de la dernière offensive touristique du Maroc et si le prince Moulay Rachid, fils de Hassan II et frère cadet du roi Mohammed VI, est un golfeur passionné. Ou encore que le temps est ensoleillé plus de 300 jours par an.

    Le long ou à proximité des parcours du pays – qui peuvent se trouver près de la côte, des montagnes ou des villes populaires – se trouvent certaines des plus belles maisons de la région. Contrairement à de nombreuses résidences plus récentes dans des endroits comme les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Égypte, qui mettent souvent en valeur les styles et les aspirations occidentaux, ces maisons, qu’elles soient traditionnelles ou modernes, font appel aux motifs et aux approches classiques du Maroc.

    Inspirées par leurs homologues plus anciennes situées dans les centres-villes, elles adoptent souvent des murs robustes aux tons terreux et des formes abstraites subtiles, et sont pleines de couleurs vives, d’ornements détaillés et de boiseries, céramiques, métaux et textiles finis à la main. Ils sont souvent adoucis par des plantations luxuriantes, des fontaines, des écrans, des patios ombragés et des cours intérieures ombragées. Et leur conception est souvent un hybride des styles islamique, berbère, mauresque et français.

    ImageCette maison, conçue par l’architecte marocain Eli Moyal, possède des plafonds voûtés en berceau coulés à la main, des murs en brique, des carreaux de sol faits à la main et des lustres en verre et en métal faits à la main.
    Cette maison, conçue par l’architecte marocain Eli Moyal, possède des plafonds voûtés en berceau coulés à la main, des murs en briques, des carreaux de sol faits à la main et des lustres en verre et en métal faits à la main.

    « Lorsque les gens viennent au Maroc, ils veulent avoir l’impression d’être au Maroc », explique Maud Fajas, directrice du bureau de Marrakech de la société immobilière internationale Emile Garcin, qui propose environ 200 propriétés résidentielles à vendre ou à louer dans le pays, la plupart près de Marrakech et de ses plus de 20 terrains de golf. (Les propriétés situées près des terrains de golf varient généralement entre 1,2 million et 3,6 millions de dollars à la vente et entre 950 et 1 400 dollars par nuit à la location). Originaire de France, Mme Fajas est partie en vacances au Maroc en février 2000 et n’en est jamais repartie, un thème assez courant chez les expatriés dans le pays.

    Le secret de cette fusion entre le moderne et le classique, souligne-t-elle, est l’extraordinaire tradition artisanale du pays. Presque tout ce que vous pouvez désirer peut être fabriqué à la main par un nombre pratiquement illimité d’artisans locaux experts, des maçons aux menuisiers en passant par les tisserands.

    « C’est la façon dont ils travaillent ici », dit Mme Fajas. « C’est la seule façon dont ils savent le faire ». Souvent, les artisans ont appris de leurs parents, qui ont appris des leurs, possédant des compétences spécialisées et une volonté de construire n’importe quoi.

    Au cours d’une visite (virtuelle) de l’une des maisons de son entreprise, conçue par le célèbre architecte marocain Eli Moyal, à côté du parcours de golf PalmGolf Marrakech Palmeraie conçu par Robert Trent Jones, elle a fait remarquer les plafonds voûtés en berceau coulés à la main, les murs en brique sertie, les carreaux de sol faits à la main, les lustres en verre et en métal faits à la main, et un plafond en bambou installé à la main près de la piscine.

    Cette maison conçue par l’architecte marocain Eli Moyal se trouve à côté du parcours de golf PalmGolf Marrakech Palmeraie, conçu par Robert Trent Jones.

    Mme Fajas a également remarqué deux maisons de style contemporain situées à côté du Al Maaden Golf Resort, qui a ouvert ses portes en 2008, à quelques minutes au sud des rues sinueuses de Marrakech. (La plupart des nouveaux parcours de la ville sont regroupés au sud de son centre, dans une zone moins traditionnelle).

    Ces types de maisons, plus répandus ces dernières années, sont plus carrés, plus dépouillés, avec de grandes fenêtres et une grande liberté d’action. Mais à l’extérieur, elles imitent souvent les surfaces orange brûlé, semblables à de l’argile, des maisons marocaines traditionnelles – généralement un mélange de béton, de chaux et de terre étalés à la truelle – et leurs connexions fluides entre l’intérieur et l’extérieur. Et à l’intérieur, ils contiennent des objets artisanaux et des détails abstraits, comme des écrans filigranes, des tissus brillants et des carreaux de céramique géométriques, dont les motifs abstraits s’adaptent aussi bien à un environnement traditionnel que moderne.

    « L’artisanat que vous obtenez est très spécifique », a déclaré David Schneuwly, un autre transplanté français. M. Schneuwly a fondé Villanovo, une société qui loue des villas dans le pays et ailleurs dans le monde. Cela se voit dans les détails des moucharabiehs [fenêtres à treillis en bois en saillie] et dans les variations subtiles de couleurs et de lignes ».

    Ce niveau d’artisanat, a déclaré Vincent et Sophie Rambaud, propriétaires d’une propriété classée par Villanovo à environ 10 minutes du PalmGolf Marrakech Palmeraie, leur a permis de construire le type de maison qu’ils voulaient.

    La maison de Vincent et Sophie Rambaud à Marrakech est le fruit d’un mélange de visions françaises et marocaines en matière de design.
    Cette maison, construite il y a 15 ans, a fini par inclure un mélange de formes et de surfaces traditionnelles et modernes. Cela n’a pas été facile – ils sont passés par plusieurs architectes et constructeurs – mais la seule constante était les incroyables artisans, chacun se concentrant sur quelque chose de spécifique.

    Un spécialiste ne travaillait que sur le tadelakt (surfaces imperméables subtilement texturées à base de plâtre, de chaux, d’eau et de pigment). « Vous devez l’appliquer d’une certaine manière et il doit être fabriqué à partir d’une chaux spéciale provenant d’une certaine région de Marrakech », explique M. Rambaud. « Vous ne pouvez pas voir les couleurs avant qu’elle ne soit terminée, et vous devez attendre trois semaines avant qu’elle ne soit sèche. »

    Ce type de compétence et d’attention au détail s’est poursuivi dans tous les coins de la maison : Les plâtriers ont créé des moulures sur mesure et des plafonds complexes ; un vieux menuisier a créé des portes festonnées (dont les formes ont été conçues par Mme Rambaud) pour chaque pièce ; un métallurgiste de la médina de Marrakech a fabriqué des poignées de porte en bronze (également conçues par Mme Rambaud) pour chaque pièce. Les meubles en bois ont été conçus par Mme Rambaud et par des artisans locaux et sont produits par divers talents locaux ; les textiles géométriques colorés proviennent du Maroc et d’autres régions d’Afrique.

    Il n’est pas surprenant que ces créations ultra-personnalisées – qui restent abordables en raison de la prépondérance de l’artisanat dans le pays – puissent parfois être imprévisibles.

    « Il faut juste être patient et calme », a déclaré M. Rambaud. « À la fin, vous obtenez plus ou moins ce que vous voulez, et parfois vous obtenez quelque chose de mieux ».

    Comme le montre le mélange de visions de design français et marocain qui a été intégré dans la maison, les artisans sont souvent ouverts à la combinaison d’esthétiques et même d’époques.

    Un bon exemple de cette approche variée est Popham Design, une entreprise de carreaux de béton basée à Marrakech et créée par un couple d’Américains, Caitlin et Samuel Dowe-Sandes. Le couple emploie 65 personnes dans son studio, la plupart étant des artisans locaux qui créent les riffs du couple sur les anciennes mosaïques zelliges en fabriquant des moules en laiton, en les remplissant de béton coloré, en les pressant à la main et en les laissant durcir pendant environ deux semaines.

    M. Dowe-Sandes a expliqué comment la prévalence de l’artisanat se retrouve dans tous les aspects de la vie. « Si vous voulez un panier à linge en osier pour votre maison, vous irez chez le gars qui le fabrique, vous le mesurerez et quatre jours plus tard vous l’aurez », a-t-il dit. « Nous avons rénové une maison, et pas un seul outil électrique n’a été utilisé. Il y a encore beaucoup de cela. Vous réalisez que vous pouvez encore accomplir beaucoup de choses sans Home Depot. »

    Les plâtriers ont créé des moulures personnalisées et des plafonds complexes dans la maison des Rambaud.
    En dehors de l’artisanat traditionnel et de l’éclectisme mondain, une autre influence majeure sur ces maisons est la même chose qui permet aux terrains de golf de s’épanouir : le climat nord-africain ensoleillé, qui façonne les maisons pour qu’elles offrent des espaces de rassemblement extérieurs, des ombrages stratégiques et une protection contre les nuits froides.

    Les Rambauds ont travaillé avec une équipe de jardiniers pour créer des jardins méditerranéens contenant des palmiers, des oliviers et des orangers de tailles et de groupements différents. Ils ont créé des patios et des pièces extérieures semi-fermées pour passer beaucoup de temps à l’extérieur (« Nous vivons entre l’intérieur et l’extérieur », dit M. Rambaud), et ils ont installé une cheminée dans presque chaque pièce.

    Audrey Lebondidier, une architecte paysagiste d’origine française basée à Casablanca, s’émerveille toujours de cet écosystème indulgent dans lequel presque tout peut pousser avec un peu d’eau. Elle travaille avec des propriétaires qui veulent des paysages méditerranéens comme ceux des Rambauds, mais elle crée aussi des paysages de maisons dans des styles tropicaux, asiatiques, européens et autres.

    Selon Mehdi Amar, directeur adjoint du bureau de Marrakech de Barnes International Realty, les maisons situées sur des terrains de golf à Marrakech ont l’avantage d’avoir une vue non seulement sur les terrains, mais aussi sur les lacs et les montagnes de la région. Il a déclaré que les propriétés adjacentes au golf avaient été l’un des secteurs de croissance les plus importants de son bureau avant que la pandémie ne suspende les voyages internationaux. Mais les affaires, dit-il, reprennent lentement.

    Si les maisons sont presque toujours ouvertes aux éléments, elles réservent souvent des surprises à l’intérieur. La maison des Rambauds, comme beaucoup d’autres au Maroc, contient son propre hammam (un bain cérémoniel et un hammam), dans ce cas un espace en forme de dôme avec une lumière naturelle qui pénètre par le haut.

    En se déplaçant dans la maison, on passe de pièces ouvertes et lumineuses à des pièces plus sombres, aux ouvertures imprévisibles et aux perspectives variées. C’est presque comme si l’on se promenait dans la médina, la partie ancienne et fortifiée de la ville, qui n’est pas très éloignée. Comme le Maroc lui-même, il est parfois familier, et parfois totalement étranger.

    « Nous aimons le Maroc et Marrakech ; les gens, la vie que nous menons, le climat, la vue », a déclaré M. Rambaud. « Nous nous sentons en quelque sorte chez nous et en même temps absolument ailleurs ».

    The New York Times, 22 mars 2021

    Tags : Maroc, golf, Hassan II,

  • Maroc: Un diplomate marocain revient sur les années de torture dans les geôles du Makhzen

    L’ancien conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, a livré un témoignage de son expérience amère de la détention dans les geôles marocaines dans les années 1970 en raison de son militantisme pour le changement démocratique au Maroc, disant ne pas regretter son engagement malgré le lourd tribut qu’il a payé.

    Par Amel N.
    «Quelle ignominie que de jeunes manifestants pacifiques soient emprisonnés alors que nos bourreaux sont en liberté. C’est injustifiable et il faut que ça cesse immédiatement, car persister sur cette voie c’est faire injure à tous ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté et la dignité», a écrit M. Benomar sur sa page Facebook, 45 ans après avoir été emprisonné et torturé au Maroc.
    Jamal Benomar a été arrêté en 1976 avec le groupe «Ila Al Amam» (En avant) dont le militant politique Abraham Serfaty était l’un des piliers, au cours des «années de plomb» au Maroc. Il avait alors été accusé de complot contre le régime.
    Jamal Benomar s’est remémoré, avec beaucoup d’amertume, son arrestation.
    «Il y a 45 ans jour pour jour, j’ai été enlevé par la sécurité politique marocaine et emmené au poste de police de Rabat où j’ai été torturé toute la nuit», a-t-il précisé.
    Durant toutes ces années, il n’est pas parvenu à effacer l’image de ce bourreau qu’il garde toujours en mémoire.
    «Ce n’était autre que le dénommé Mohamed El Khalti qui avait torturé et supervisé la torture de dizaines d’activistes dans les années 70», a-t-il dit. Il subit, par la suite, une interminable torture après son transfert dans un centre de détention secret à Casablanca «Derb Moulay Cherif» où il a été détenu, des mois durant, menotté et les yeux bandés à longueur de journée.
    Benomar a de nouveau subi une humiliation et une torture barbare du principal bourreau El Youssoufi Kaddour qu’il a dénoncé aux journalistes au milieu des années 90, étonné de le voir au siège de l’ONU à Genève parmi une délégation gouvernementale officielle qui venait présenter un rapport à la commission de l’ONU chargée de la torture.
    Benomar est resté prisonnier des autorités marocaines, huit années durant, juste pour s’être opposé pacifiquement à un régime tyrannique et avoir aspiré à la justice et à la liberté.
    Tous ses droits légitimes ont été déniés, de même qu’il n’a pas été autorisé à jeter un dernier regard sur son père avant sa mort ni à assister aux obsèques.
    L’exil, une solution pour fuir la prison et l’humiliation
    Il est libéré en 1983, suite aux pressions exercées sur le Maroc par des organisations des droits de l’Homme, dont Amnesty international.
    L’ex-opposant quitte son pays clandestinement pour rejoindre Amnesty international à Londres avant de se rendre aux Etats-Unis où il est passé d’opposant qui a fui la tyrannie des autorités de son pays au cercle de la diplomatie internationale.
    Le diplomate rappelle qu’il n’a pas tourné la page de ces années d’intimidation après sa libération, tel qu’il le croyait, le harcèlement et la persécution s’étant poursuivis.
    «J’ai été incarcéré une seconde fois suite aux massacres perpétrés par l’armée dans certaines villes du nord du Maroc en janvier 1984 lorsque la population est sortie dans les rues pour protester», a-t-il précisé.
    Ensuite, il a été contraint de fuir le pays secrètement dans un bateau de pêche pour rester en exil pendant plus de 20 ans, et là il s’est rappelé d’un souvenir malheureux lié à la mort de sa mère, déplorant le fait de ne pas l’avoir vue au cours des cinq dernières années de sa vie car, a-t-il dit, sa santé ne lui permettait pas de lui rendre visite à New York.
    M. Benomar a par ailleurs affirmé «ne pas regretter du tout son militantisme dont il a payé un lourd tribut», ajoutant : «Je suis fier d’avoir soutenu les militants engagés contre la tyrannie et d’avoir contribué de manière très modeste à notre lutte pour le changement démocratique».
    Il a en outre regretté que beaucoup de ses camarades détenus d’opinion aient été tués avant de voir le véritable changement politique auquel ils aspiraient, mais nombre de nos tortionnaires sont toujours en vie, profitant de leur retraite et bénéficiant de la protection de l’Etat et d’une impunité honteuse, a-t-il dit.
    «Je ressens un mélange de chagrin et de colère, car après 45 ans de la terrible nuit durant laquelle j’ai été arrêté, il y a encore des prisonniers d’opinion au Maroc», a-t-il ajouté. Dénonçant la peine de 20 ans de prison confirmée pour les manifestants pacifiques dans la région du Rif qui réclamaient l’amélioration des prestations gouvernementales en matière de santé et d’éducation, Djamel Benomar a indiqué qu’il «est dommage que les jeunes manifestants pacifiques soient emprisonnés alors que nos tortionnaires restent en liberté. C’est injustifiable et il faut y mettre fin immédiatement, car sa poursuite est une insulte pour nous et pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté et la dignité», a-t-il conclu.
    A. N.
    Tags : Maroc, Jamal Benomar, répression, années de plomb, Hassan II,
  • Révélations sur les relations secrètes Israël – Maroc

    Le 5 juin 2005, l’historien Yigal Bin-Nun* a fait des révélations sur les relations secrètes Israël-Maroc

    Yigal Bin-Nun est un historien israélien, enseignant et chercheur à l’Université Paris VIII.

    Ses travaux nous permettent de découvrir les prémices des relations israélo marocaines, de la fin des années cinquante au début des années soixante, alors que le rejet de l’état juif par le Monde arabe semblait à la fois massif et éternel.

    La consultation d’archives déclassifiées peu à peu, quarante ans après, nous font découvrir comment vont s’établir des canaux secrets de négociation entre le gouvernement marocain, des diplomates israéliens et des agents du Mossad ; quel fut le rôle des responsables de la communauté juive, et comment fut organisé le départ, massif et bien organisé, de centaines

    de milliers de personnes vers Israël ; comment tous les leaders marocains, y compris Mehdi Ben Barka qui fut le grand rival du Roi Hassan II, cherchèrent de façon très étonnante l’appui d’Israël à une période où la monarchie chérifienne passait par une période très agitée au lendemain de l’indépendance … Yigal Bin-Nun vient de présenter ses travaux lors d’un cyclen de conférences au Centre Communautaire de Paris, où j’ai eu le plaisir de faire sa connaissance.

    En attendant la publication de son prochain livre en langue française (il vient de faire éditer en langue anglaise un ouvrage intitulé : « Psychosis or an ability to foresee the futur ? The contribution of World Jewish Organisations to the Establishment of Rights for Jews in Morocco 1956-1961 », Editions REEH European Journal of Hebrew Studies 2005), les auditeurs de JUDAIQUES F.M auront la primeur de ses passionnantes révélations !

    Depuis cette époque héroïque … les relations israélo-marocaines ont connu des hauts et des bas, mais après le « gel » de la deuxième Intifada, des contacts diplomatiques à haut niveau ont eu lieu et on parle de plus en plus de reprise des relations. Le journal marocain en ligne « L’Observateur » vient de consacrer un dossier passionnant à ce sujet, clique sur le lien pour le lire.

    *Yigal Bin-Nun est un historien israélien, enseignant et chercheur à l’Université Paris VIII. Ses travaux nous permettent de découvrir les prémices des relations israélo marocaines, de la fin des années cinquante au début des années soixante, alors que le rejet de l’état juif par le Monde arabe semblait à la fois massif et éternel.

    La consultation d’archives déclassifiées peu à peu, quarante ans après, nous font découvrir comment vont s’établir des canaux secrets de négociation entre le gouvernement marocain, des diplomates israéliens et des agents du Mossad ; quel fut le rôle des responsables de la communauté juive, et comment fut organisé le départ, massif et bien organisé, de centaines de milliers de personnes vers Israël ; comment tous les leaders marocains, y compris Mehdi Ben Barka qui fut le grand rival du Roi Hassan II, cherchèrent de façon très étonnante l’appui d’Israël à une période où la monarchie chérifienne passait par une période très agitée au lendemain de l’indépendance….

    Source : Yigan Bin-Nun, 15 mai 2008

    Tags : Maroc, Israël. Mossad, Hassan II

  • Le Maroc, la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf

    Au Maroc, le pouvoir, en vue d’imposer son autorité aux républicains et progressistes de la gauche, a tenté d’imiter la grenouille qui se veut aussi grande qu’un bœuf. Ainsi, le roi du Maroc se prend pour le dirigeant d’un grand empire semblable aux empires français et britannique. Alors, il rêve d’étendre, d’enfler, d’agrandir ses frontières en vue de donner cette impression de grandeur et pouvoir.

    Hassan II s’est regardé dans le miroir et s’est dit : « Je peux ». Il s’opposa à l’indépendance de la Mauritanie avant d’être rappelé à l’ordre par son maître français. Alors, il s’est tourné vers une Algérie indépendante depuis quelques mois, mais la petite grenouille marocaine a failli exploser en se heurtant à la détermination des algériens à défendre leur territoire.

    Jugeant que le soutien de la France et des Etats-Unis lui permettra d’annexer au moins l’ancienne colonie espagnole du Sahara Occidental et au même temps éloigner le fantôme des coups d’État militaires, le souverain et ses alliés ont vite découvert que leurs calculs étaient des faux basés sur la sous-estimation de la capacité de réplique de la population autochtone.

    Quarante-trois ans après, le Maroc se prend toujours pour la grenouille qui se croyait aussi grosse que le bœuf. En se prenant pour un pays aussi grand que les pays occidentaux qui le soutiennent, il tente de suivre leur ancienne stratégie de tension et d’action sous fausse bannière.

    La stratégie de la tension est la tactique mise en pratique par les gouvernements occidentaux, pendant la guerre froide et en particulier pendant les soi-disant «années de plomb» en Italie, afin de diviser, manipulent et contrôler l’opinion publique en utilisant des tactiques visant à instiller la peur, à diffuser de la propagande, à créer de la désinformation, à faire la guerre psychologique et à utiliser des agents provocateurs, lors d’opérations sous un faux drapeau terroriste pour atteindre leurs objectifs tactiques et stratégiques.

    Dans ses ambitieux plans de déstabilisation, le Maroc tente de porter atteinte aux relations de la Mauritanie avec ses voisins, l’Algérie et la République Arabe Sahraouie Démocratique. Pour Rabat, la position de Nouakchott par rapport au conflit du Sahara Occidental est décisive. Les marocains tentent par tous les moyens d’amener les mauritaniens à se positionner contre les sahraouis. La grenouille n’a pas perdu l’espoir au risque de se voir exploser.

    Tags : Maroc, Hassan II, Mohammed VI, expansionnisme, grand maroc, Algérie, Mauritanie,

  • Hassan II, le fils de Glaoui

    Le général Oufkir à raconté, ce qu´il a appris de Glaoui lui-même: que – Hassan II est, en fait, né d´une ancienne concubine (de mère juive) du Pacha de Marrakech qu´il a offert (enceinte de lui de six mois) à Mohamed Ben Youssef.Hassan II, le fils de Glaoui

    Hassan II est le fils biologique du grand traître Haj Thami l´Glaoui!

    Les sultans alaouites ne célébraient pas leur mariage et ne le rendaient pas public. c´était des mariages morganatiques. La célébration se passait souvent à la naissance d´un enfant dont souvent on ne savait pas, avec certitude, qui en est le vrai père!

    Ceux qui ont offert les concubines aux sultans, les marchands maquereaux qui les ont vendues ainsi que les esclaves de la « garde noire » peuvent souvent être les vrais pères des sultans « alaouires » bâtards.
    Hassan II, le fils de GlaouiHassan II, le fils de Glaoui

    Les sultans alaouites avaient souvent plusieures femmes « légitimes » et un grand nombre de concubines souvent offertes, en corruption, par des tribus ou achetées par l´intermédiaires de marchands juifs spécialisés en Europe.

    Mohamed V – qui était un « coureur de jupons » et obsédé sexuel notoire – avait reçu du Glaoui, le bordelier de Marrakech, durant plusieures années, tout un harem de concubines souvent d´origine juives ou africaines. D’ailleurs le premier mariage « officieux » de Mohamed V ne s’est pas déroulé à Rabat, la Capitale du Maroc, mais à Marrakech, « Capitale » de Glaoui, le 27 octobre 1928 avec une concubine de Glaoui « Abla » fille de Tahar son chauffeur atitré originaire de Safi et aussi née d’une mère juive décèdée à Rabat le 1 er mars 1992.
    Hassan II, lui aussi, a suivi la tradition féodale et jahilite de ses encètres « alaouites ». Mohamed, son fils aîné et l´actuel « ROI » Mohamed VI, est né le 21 août 1963 à Rabat. Sa mère était « roturière » – selon le mythe alaouite – et n’a jamais reçu de titre, tout au plus était-elle l´une des « mères des enfants royaux »!

    Tags : Maroc, Hassan II, El Glaoui, Pacha,

  • Le roi du Maroc: une erreur de chromosome, selon son père

    « Une erreur de chromosome »

    Le futur souverain est né en 1963, au moment où son père, le dos au mur, devait affronter une contestation croissante à l’intérieur du pays, mais également une opération de déstabilisation venue de l’étranger, notamment de l’Algérie. À l’époque, l’avenir de la monarchie est des plus incertains.

    Hassan II impose à son fils une éducation stricte, des châtiments corporels, le fait surveiller en permanence, et autant il manifestera un profond attachement à ses petits-enfants, autant il se conduira comme un père dur et distant. Le cousin germain de Mohammed VI, le prince Moulay Hicham, évoque en ces termes les châtiments corporels infligés par Hassan II: «Un jour, raconte-t-il, le roi s’est rendu compte que les serviteurs étaient gentils avec son fils aîné et moi-même. Il leur a dit: “Ce que vous avez enduré, ce ne sont pas des cris de douleur, c’est une mise en scène de cinéma.” Et il s’est mis à cogner: vingt coups de fouet(1).»

    Le prince héritier ne semble pas avoir été l’enfant préféré de son père. C’était un jeune homme plutôt ouvert et rieur, et d’une grande courtoisie. Des traits qui semblent s’être complètement évanouis, depuis qu’il est monté sur le trône.

    En 1998, Hassan II est malade, fuit même ses plus proches courtisans, les bouffons qui jusqu’alors le divertissaient. Il vit seul, replié dans son palais, et il sait que son successeur, grâce à lui, disposera de pouvoirs institutionnels sans précédent. La mort, qui l’obsède, rôde dans le palais. Nul doute qu’il éprouve en ces heures un profond désarroi envers cette toute-puissance qui va bientôt lui être enlevée, et de la jalousie pour celui qui va en hériter. À cet instant, il est piégé. Il avait balayé la tradition qui voulait que ce fussent les oulémas qui désignent le futur souverain, pour s’imposer, en tant qu’aîné, comme prince héritier. Et, sous peine de remettre en cause la stabilité monarchique, il a perpétué ce choix. Sans enthousiasme.

    En ces heures, comme si le temps lui était compté, il multiplia confidences et petites phrases. Lorsque je lui demandai: «Est-ce rassurant pour vous de savoir que votre succession se déroule de façon stable?», il répliqua d’une voix cinglante: « Jusqu’au bout je m’interroge, et malgré les apparences mon choix n’est toujours pas définitivement arrêté…» Il marqua alors une pause pour mieux accroître son effet, et ajouta : « Je ne voudrais pour rien au monde que ce pays soit victime d’une erreur de chromosome(2).»

    La formule était évidemment d’une violence inouïe, mais, impassible, il me regarda la noter, sans me demander de l’atténuer.

    La toute-puissance politique qu’Hassan II léguera à son successeur se double d’une puissance économique et financière déjà considérable. Dès le début des années 1980, il a ordonné la libéralisation de l’économie et engagé un programme de privatisations. Le bon vouloir du roi s’exerce dans ce domainelà aussi. Les entreprises publiques les plus juteuses tombent alors dans son escarcelle, mais chaque fois, comme le souligne la presse marocaine aux ordres du Palais, avec «le plein accord des pouvoirs publics». On s’en serait douté.

    Le roi rachète ces entreprises publiques à travers l’ONA, l’Omnium nord-africain, qu’il a acquis en 1980 et qui regroupait tous les biens, considérables, détenus par Paribas au Maroc. Déjà présent dans tous les secteurs de l’économie marocaine, l’ONA va, au fil des ans, beaucoup accroître son périmètre. Le holding royal contrôle ainsi des dizaines de filiales. Dans le secteur agroalimentaire, l’ONA rachète la Centrale laitière, Lesieur Cristal, Cosumar. Mais aussi des banques, de l’immobilier, de la chimie, des mines…

    Robert Assaraf, qui fut l’un des responsables du groupe, expliquera plus tard, sans mesurer sans doute l’énormité du propos: «L’idée était de marocaniser un maximum d’entreprises cruciales pour le développement du Maroc. L’ONA avait un rôle de locomotive(3).» Le seul objectif des dirigeants du groupe, qui sont tous des courtisans accomplis, est pourtant bien de donner satisfaction au souverain en maximisant ses profits. Ils savent que le maintien à leur poste en dépend. Entre 1981 et 1985, l’ONA multiplie son chiffre d’affaires par sept. 72% du volume d’activités sont réalisés dans l’agroalimentaire(4).

    Il est facile de comprendre pourquoi. Pour ce groupe qui détient quarante-trois sociétés au Maroc et en contrôle indirectement quatre-vingt-six autres, l’alimentaire est un formidable marché aux bénéfices importants. Pour une raison simple. Des sociétés comme Cosumar, qui détient le monopole du sucre, la Centrale laitière, celui du lait, ou Lesieur Cristal, celui de l’huile, opèrent sur des marchés où les produits sont subventionnés. Là encore, l’État marocain courbe l’échine sous l’ampleur des prélèvements: le secteur subventionné, tel qu’il est organisé au Maroc, vise à puiser dans le budget de l’État pour financer les entreprises royales et leur garantir des bénéfices records. Ce système de subventions, baptisé Caisse de compensation, censé acheter la paix sociale, contribue avant tout à enrichir le roi.

    La stratégie de l’ONA reflète la psychologie d’Hassan II: ne pas tolérer d’opposition à sa volonté. Bientôt il nommera son gendre, Fouad Filali, à la tête du groupe. Tous les concurrents potentiels de l’ONA sont impitoyablement écartés, quels que soient leurs secteurs d’activités.

    Au fil des ans, le Maroc devient de plus en plus un pays en trompe-l’œil, où vie politique et fonctionnement de l’économie de marché ne sont plus qu’illusions. Hassan II aura au moins eu l’habileté de tolérer, à côté de l’ONA, un secteur privé où des hommes d’affaires pouvaient encore agir. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, dans le cadre de la stratégie de contrôle mise en œuvre par son successeur.

    Hassan II, interventionniste en diable, décide du casting et des figurants sur la scène publique. Lui qui a dessiné les contours de la monarchie va faire de même avec la vie politique. « J’étais sur la route et je conduisais, racontait-il, quand je me suis dit: il serait bon que dans l’éventail politique il y ait un parti communiste. Je me suis tourné vers Ali Yata, qui était assis à mon côté, et je lui ai dit: “Tu vas créer un parti communiste dont tu prendras la direction(5).” » Il professe un profond mépris pour une classe politique qu’il veut aux ordres, et dont les représentants sont choisis pour leur souplesse d’échine. Un fonctionnement que Mehdi Ben Barka, son ancien professeur de mathématiques devenu son principal opposant, a résumé d’une formule cinglante: «Tu baisses la tête, tu baises la main et tu finiras par être récompensé.»

    Il adore tirer les fils, jouer les montreurs de marionnettes. Un soir, alors qu’il est un peu plus de 22 heures, nous discutons dans son palais de Skhirat, à trente kilomètres de Rabat. Soudain, il glisse dans la conversation:

    – À propos, je vous ai préparé une petite surprise. J’ai organisé pour vous un dîner avec le Premier ministre et les dirigeants des grands partis politiques.

    Je réponds, surpris: – Merci, Majesté. Quel jour?

    Il jubile littéralement.

    – Maintenant, ils vous attendent déjà !

    Comme je m’apprête à partir, d’un geste de la main il m’intime l’ordre de rester.

    – Il n’y a pas d’urgence, ne vous inquiétez pas.

    Il est 0 h 45 quand il me laisse enfin quitter le palais, et 1 heure 30 du matin quand j’arrive sur le lieu du dîner. Je pousse la porte, je découvre des hommes âgés assoupis dans des fauteuils. Je dis au Premier ministre, Karim Lamrani:

    – Je suis désolé pour ce retard.

    – Aucun problème, me répond-il en se frottant les yeux pour se réveiller. Nous vous attendions en discutant(6).

    Un absolutisme légal

    Pourtant la médiocrité, parfois flagrante, de certains de ces hommes a le don de l’exaspérer. Alors qu’il a décidé d’élections générales et que la campagne électorale bat son plein, il arrive sur un terrain de golf, suivi de son fils.

    – Vous avez regardé les débats télévisés, hier? me demande-t-il. Non? Eh bien, vous avez bien fait. Ils étaient tous nuls. Comment voulez-vous que j’arrive à convaincre les gens d’aller voter avec des incapables pareils?

    Quel merveilleux sursaut démocratique! Tandis que son père est sur le green, le futur Mohammed VI s’approche.

    – Comment se déroulent les choses avec mon père?

    – Plutôt bien, merci!

    Il se penche alors vers moi en souriant.

    – Soyez tout de même sur vos gardes, c’est un immense manipulateur(7).

    En réalité, malgré leurs divergences, les deux hommes sont faits de la même étoffe. Celle de dirigeants qui savent qu’ils sont au-dessus des lois et n’ont de comptes à rendre à personne. Hassan II a façonné un pouvoir absolu et sans entraves qui n’a cessé de fasciner celui qui, plus tard, allait en disposer à son tour. Un absolutisme légalisé à travers les textes constitutionnels consacrés au droit traditionnel et divin (l’allégeance, commandeur des croyants). Les droits du souverain sont ainsi réputés «inviolables et sacrés».

    Toutes les stratégies mises en place par Hassan II sont observées avec soin par le prince héritier. Or, derrière chacun de ses choix, il y a un calcul personnel. «La grande fierté de mon règne, affirmait Hassan II, ce sont ces barrages que j’ai fait construire à travers le pays.» Au total, cent vingt grands barrages auront été édifiés durant son règne, et à un rythme soutenu. Certaines années, 40% du budget de l’État auront été consacrés à ces travaux. Une politique des barrages qui aura masqué un véritable détournement d’actifs opéré par le roi. C’est lui qui choisit les régions où ils seront construits et évalue le nombre d’hectares qui seront irrigués. Le processus d’expropriation sera l’occasion de faire passer de nombreuses surfaces de qualité dans le giron royal…

    Dans un pays où les trois quarts des entreprises agricoles ont moins de cinq hectares, la terre permet non seulement au roi de s’enrichir mais de disposer d’un système de corruption efficace. S’il ne prétend en aucun cas connaître ou évaluer le nombre d’hectares appartenant aux Domaines royaux, l’économiste Najib Akesbi se livre néanmoins à un calcul intéressant: celui des terres qui ont disparu des registres fonciers après l’Indépendance du Maroc. «En 1956, on comptabilise un peu plus de un million d’hectares. On sait que, sur ce total, trois cent vingt-cinq mille hectares de terres de colonisation officielles ont été récupérés en 1963 et distribués lors de la réforme agricole qui s’est étendue de 1963 à 1975, sous forme de lots de cinq hectares, notamment lors des périodes de tensions sociales, qu’Hassan II cherchait ainsi à calmer. Il y a eu ensuite les deux cent mille à deux cent cinquante mille hectares récupérés au début des années 1970, lors de l’opération dite de marocanisation, et confiés à deux sociétés d’État, la Sodea, spécialisée dans les fermes plantées, et la Sogeta, dans les terres nues(8).»

    Au final, il resterait donc entre quatre cent mille et quatre cent cinquante mille hectares qui n’ont jamais été récupérés par l’État et qui ont fait l’objet de cessions illégales entre colons et Marocains. La famille royale en a-t-elle profité? Si oui, dans quelles proportions? Cinquante-six ans après l’Indépendance du royaume, le mystère demeure. Un sujet sensible dans un pays agricole où la moindre indication sur l’ampleur de la confiscation royale pourrait avoir des conséquences politiques et sociales graves.

    Dernier legs d’Hassan II, utilisé avec encore moins de scrupule par son successeur: l’appel à l’aide internationale pour financer des projets dans lesquels la famille royale est souvent impliquée. Outre la Banque mondiale, engagée dans le financement des barrages, la France figure naturellement au premier rang des bailleurs de fonds. En 1992, Hassan II est reçu à Paris par François Mitterrand et Jacques Chirac, cohabitation oblige.

    Depuis 1990, l’aide française atteint annuellement 1 milliard de francs, montant qui doublera à partir de 1995. La France est alors le premier créancier du Maroc, dont elle détient 13% de la dette, pourcentage qui grimpera à 19% en 1999. Elle est également le premier bailleur de fonds bilatéral du pays, au titre de l’aide publique au développement, avec 50% du total. Une filiale de l’Agence française de développement, la Proparco, dont les bureaux marocains sont installés à Casablanca, accorde également des fonds propres et des prêts à des entreprises ainsi qu’à des banques marocaines.

    En 2001, Proparco investit ainsi de l’argent des contribuables français, au total 160 millions d’euros, notamment dans le groupe minier Managem, appartenant au roi, pour l’exploitation d’une mine d’or au sud-est d’Agadir (9). Elle investit également, dès cette époque, dans l’énergie éolienne contrôlée par le souverain. À l’époque, Proparco est aussi partenaire dans Upline Technologies, un fonds d’investissement créé par la banque d’affaires et appartenant au groupe Upline, dont l’un des actionnaires « cachés» aurait été le propre frère du roi, le prince Moulay Rachid.

    La monarchie marocaine a paisiblement prospéré à l’ombre de l’omerta française. Les responsables politiques qui se sont succédé ont tous fait preuve, qu’ils soient de droite ou de gauche, d’une tolérance coupable. «Ne pas désapprouver l’inacceptable» semblait depuis longtemps la règle d’or adoptée par Paris. Ainsi, à l’abri des critiques ou des pressions, le roi et son entourage pouvaient sans risque se livrer à tous les excès.

    Staline, dit-on, avait confié un jour: «Donnez-moi un homme, j’en ferai un procès.» Hassan II aurait pu déclarer en le paraphrasant: «Donnez-moi un homme, j’en ferai un courtisan.» Le spectacle désolant des personnalités françaises se pressant à ses réceptions faisait peine à voir. Chaque année, le 31 décembre, le roi organisait une immense réception pour le nouvel an. Des centaines de voitures officielles déposaient des invités aux sourires béats devant les portes d’un palais illuminé. J’ai (É. L.) assisté à l’époque à l’une de ces soirées, et je puis témoigner que la vision offerte était particulièrement obscène. Des hommes et des femmes en robe du soir et smoking remplissaient à ras bord leurs assiettes de caviar, comme autant de Thénardier affamés se précipitant sur un bol de soupe.

    Au terme du repas, des serviteurs en livrée portant des hottes emplies de cadeaux étaient littéralement bousculés par les invités qui s’efforçaient, un instant après, d’en récupérer un maximum. Hassan II n’apparaissait pas une seule fois, mais nul doute que, bien à l’abri des regards, il devait observer ce spectacle avec satisfaction. Sans doute le confortait-il dans son scepticisme sur la nature humaine et le mépris qu’il éprouvait pour l’immense majorité des gens.

    1. Ignace Dalle, Hassan II, entre tradition et absolutisme, Paris, Fayard, 2011.

    2. Propos recueillis par Éric Laurent, Rabat, 1998.

    3. Fahd Iraqi, «Il était une fois l’ONA», TelQuel, nº 456.

    4. Ibid.

    5. Entretien avec Éric Laurent, Skhirat, 1993.

    6. Propos recueillis par Éric Laurent, Rabat, 1993.

    7. Propos recueillis par Éric Laurent, Bouznika, 1994.

    8. Entretien avec les auteurs, Rabat, septembre 2011.

    9. L’Économiste, 5 septembre 2001.

    Source : Le Roi prédateur

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