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  • Macron au Congo : Faire des droits humains une priorité

    Tags : France, Congo, RDC, Emmanuel Macron, droits de l’homme, HRW,

    Les présidents français et congolais devraient s’entretenir sur les élections à venir, la violence dans l’est du pays et la justice

    Le président congolais Félix Tshisekedi et le président français Emmanuel Macron devraient discuter, à l’occasion de la visite de ce dernier le 4 mars prochain à Kinshasa, des enjeux urgents en matière de droits humains en République démocratique du Congo, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Les discussions prévues devraient inclure la garantie que les élections de décembre soient libres, équitables et transparentes, la protection des civils dans les zones touchées par les conflits, et la poursuite en justice des auteurs de violations.

    La situation des droits humains en RD Congo demeure alarmante. Les conflits internes, la corruption et la mauvaise gouvernance contribuent à la multiplication des abus, aux crises politiques et au déplacement interne de 5,8 millions de personnes.

    « Les présidents Tshisekedi et Macron devraient souligner la nécessité pour les prochaines élections en RD Congo de respecter les normes internationales », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Il s’agit notamment de garantir des conditions équitables pour tous les candidats, un dépouillement transparent des bulletins de vote et la publication rapide des résultats. »

    Au cours de la visite, les présidents Tshisekedi et Macron devraient s’engager à promouvoir le respect des droits humains et la justice en RD Congo, notamment afin que le gouvernement congolais mette fin à la répression des manifestants pacifiques, des militants et des journalistes, et demande des comptes aux responsables d’abus. Les récentes arrestations arbitraires et autres attaques visant à restreindre la liberté d’expression et l’espace civique suscitent des inquiétudes à l’approche des élections prévues en décembre, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où l’état de siège a déjà été invoqué pour museler les voix critiques.

    Emmanuel Macron, qui a indiqué, lors de son discours du 27 février sur le partenariat Afrique-France, sa volonté de dialoguer avec les organisations de la société civile africaine, devrait également s’entretenir avec des organisations congolaises, notamment celles qui jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’intégrité des élections.

    Les élections de 2018 ont été entachées d’irrégularités généralisées, notamment la suppression de candidats et d’électeurs, et des résultats officiels peu crédibles.

    Le gouvernement congolais devrait également élaborer une stratégie claire afin de s’assurer que les personnes touchées par les conflits ne seront pas exclues du processus électoral, a préconisé Human Rights Watch. Il devrait s’appuyer pour cela sur les directives de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) relatives à l’accès à l’information et aux élections en Afrique, ainsi que sur celles de la Commission sur la liberté d’association et de réunion.

    Au cours des conflits armés internationalisés qui durent depuis des décennies et ont ravagé la RD Congo dès le début des années 1990, les forces armées congolaises et étrangères, ainsi que de nombreux groupes armés non étatiques, ont commis d’innombrables violations du droit international, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des violences fondées sur le genre.

    Le président Macron devrait exhorter son homologue congolais à soutenir la mise en place d’un processus de justice transitionnelle qui prioriserait l’établissement des responsabilités pénales pour les crimes graves passés et présents au regard du droit international. Ce processus devrait inclure un programme complet de réparations pour les victimes de crimes internationaux graves et leurs familles, y compris les victimes et survivants de violences sexuelles basées sur le genre, conformément au droit international, afin de les aider à reconstruire leurs vies.

    La visite d’Emmanuel Macron intervient alors que le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a étendu son contrôle dans la province du Nord-Kivu et se rapproche de plus en plus de Goma, la capitale provinciale. Les rebelles du M23 continuent de commettre de graves abus contre les civils, notamment des exécutions sommaires et des recrutements forcés. Le gouvernement congolais a de nouveau eu recours à des groupes armés responsables d’abus afin de combattre l’offensive du M23, une stratégie qui pourrait conduire à la complicité de l’armée dans des exactions.

    La résurgence du M23 et la riposte de la RD Congo font courir un risque accru aux civils, les parties belligérantes faisant de plus en plus appel aux loyautés ethniques. Lors de leurs entrevues, les deux dirigeants devraient aborder la question de la protection des civils dans les zones où sévit le M23. Les combats actuels ont aggravé une situation humanitaire déjà catastrophique, contraignant 600 000 personnes supplémentaires à quitter leurs foyers dans la province du Nord-Kivu, et risquant de compromettre la crédibilité des élections dans la région.

    La visite d’Emmanuel Macron en Afrique – qui comprend également un passage au Gabon, en Angola et en République du Congo – est l’occasion pour le chef d’État français d’indiquer clairement que le déploiement militaire des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) devrait respecter le droit humanitaire international dans l’est de la RD Congo et se concentrer sur la protection des civils. Le 19 décembre 2022, la France a « condamné le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23 ». Emmanuel Macron devrait exprimer son soutien à une médiation axée sur le respect des droits, dans le cadre de laquelle l’Union africaine et les dirigeants de la région demanderaient au Rwanda de mettre fin à son soutien au M23.

    Le président français devrait également insister sur la nécessité d’un programme efficace de démobilisation de tous les groupes armés, que les autorités congolaises ne sont pas parvenues à mettre en place. Le rétablissement en février d’un représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs devrait être un outil supplémentaire pour l’UE, la France et d’autres États membres, afin de donner la priorité aux droits humains et à un programme de politique étrangère centré sur la protection des civils en RD Congo et ailleurs.

    La visite d’Emmanuel Macron se déroulera dans un contexte de montée du sentiment anti-français en Afrique, notamment dans la partie ouest-africaine du Sahel. Le mécontentement populaire, qui prend ses racines dans le passé colonial de la France, a récemment été exacerbé par la perception que le pays mène une politique de deux poids, deux mesures en Afrique, comme l’illustre le contraste entre la condamnation par Paris des coups d’État militaires perpétrés en Guinée, au Burkina Faso et au Mali, et son silence au sujet du changement anticonstitutionnel de gouvernement au Tchad.

    Le 27 février, Emmanuel Macron a annoncé que, pour « bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » avec les pays africains, le gouvernement français se penchera sur le passé colonial de la France dans le cadre de plusieurs initiatives et mesures, dont l’adoption d’une nouvelle loi fixant les critères et la méthodologie pour la restitution de leur patrimoine aux anciennes colonies.

    « Emmanuel Macron devrait écouter et prendre en compte les appels lancés par les organisations de la société civile congolaise et les mouvements africains en faveur de réparations efficaces pour faire face à l’héritage de la colonisation », a déclaré Carine Kaneza Nantulya. « Les deux présidents devraient discuter de l’importance des réparations pour briser le cycle continu d’abus et d’impunité. »

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    #France #Congo #Macron #HRW

  • Maroc: HRW dénonce les techniques sournoises du Makhzen

    Maroc, HRW, Human Rights Watch, répression, presse, journalistes,

    Les autorités marocaines emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les défenseurs des droits humains et les réduire au silence, a dénoncé, jeudi dernier, l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans son nouveau rapport, appelant la communauté internationale à condamner ces pratiques et à exiger du Maroc qu’il cesse cette politique.

    «Ces techniques, lorsqu’elles sont employées en combinaison, forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l’Etat», a, en outre, dénoncé l’ONG dans son rapport, soulignant que «la communauté internationale devrait ouvrir les yeux, voir la répression pour ce qu’elle est, et exiger qu’elle cesse».

    Selon le rapport de 143 pages de l’ONG tristement intitulé, «’’D’une manière ou d’une autre, ils t’auront’’ : Manuel des techniques de répression au Maroc», entre autres techniques auxquelles recourent les services du régime du Makhzen, figurent notamment «des procès inéquitables soldés par de longues peines de prison pour des accusations criminelles sans rapport avec le travail ou les positions politiques des individus ciblés, des campagnes de harcèlement et de diffamation dans des médias alignés sur l’Etat, le ciblage de membres des familles des opposants, mise sous surveillance vidéo et numérique, intimidations physiques et d’agressions».

    L’ONG a précisé, dans son rapport, qu’elle a documenté pour les besoins de son enquête «la répression multiforme de huit personnes et deux institutions médiatiques, impliquant 12 procès et le ciblage de multiples individus connexes qui ont nécessité des entretiens avec 89 personnes à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc, dont des personnes victimes de harcèlement policier ou judiciaire, des membres de leurs familles et des amis proches, des défenseurs des droits humains, des activistes sociaux et politiques, des avocats, des journalistes et des témoins de procès».

    «Elle a également assisté à 19 audiences de procès de divers opposants à Casablanca et Rabat et examiné des centaines de pages de dossiers judiciaires et d’autres documents officiels, et a attentivement suivi les médias alignés sur l’Etat pendant plus de deux ans», note le rapport.

    Rappelant que HRW a documenté des dizaines de condamnations de journalistes et d’activistes pour des accusations liées à leurs positions publiques depuis 1999, le rapport a fait remarquer que «les autorités ont développé une approche différente pour les opposants connus, les poursuivant pour des crimes sans rapport avec leurs positions publiques tels que le blanchiment d’argent, l’espionnage, le viol et les agressions sexuelles, et même la traite d’êtres humains».

    #Maroc #HRW #presse #journalistes



  • Palestine : les occidentaux sont coupables

    Le récent rapport de Human Right Watch (HWR) sur les pratiques ségrégationnistes d’Israël à l’endroit des Palestiniens confirme ce que tous les défenseurs sincères des droits de l’homme disent depuis des décennies. L’entité sioniste est un régime d’apartheid qui n’a rien à envier à celui des Afrikaners en Afrique du sud. Le document de HWR est formel. A la naissance un israélien a nettement plus de droits qu’un Palestinien. L’accès à l’emploi, aux services publics, au savoir et à plein d’autres droits légitimes est très restrictif aux Palestiniens des territoire occupés. Israël a tenté de parasiter le rapport, les occidentaux ont tout simplement fait l’impasse et leurs médias donnent abondamment la parole aux sionistes pour se défendre.

    On en est donc en 2021 à vouloir cacher le soleil avec un tamis. Le problème, c’est que ça a l’air de marcher, puisque on ne sent aucun frémissement de la part des dirigeant du «monde libre». Pourtant, ce sont ces mêmes dirigeants qui ont accouru à Pretoria pour l’hommage à Nelson Mandela, le grand militant anti-apartheid, lors de ses funérailles. Ils ont fait leur déplacement pour marquer leur refus de l’apartheid. Mais dans le même temps, ils acceptent l’apartheid israélien. Mais ne nous trompons pas, ils avaient bel et bien soutenu le régime des Afrikaners. Ce ne sont pas les occidentaux qui ont libéré les sud-Africain. Et jusqu’au dernier moment Israël était le grand soutien du régime de l’Apartheid de l’Afrique du sud. Et cela, tous les occidentaux le savent. Pourquoi n’agissent-ils pas ? La réponse est on ne peut plus clair. Il n’y a que leur intérêt qui importe.

    Et intérêt passe avant la vie des Palestinien qui régulièrement se retrouvent sous le déluge de feu de l’armée israélienne. Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants continuent, à ce jour, de payer de leurs vies les successives victoires de Netanyahu sous le regard impuissant de toute la planète. Face à chaque épisode meurtrier de l’histoire de l’humanité, les gouvernements des grandes puissances montrent toute leur petitesse. Personne n’ose parler de crime contre l’humanité. Pis, ils tentent de culpabiliser l’agresseur en lui reprochant de n’avoir pas pris l’initiative de désarmer la résistance palestinienne.

    Se taire sur les comportements barbares d’un régime raciste au 21e siècle amène à admettre que l’humanité tourne en rond. Et les images de Ghaza agressée, qui tournent en boucle sur de très nombreuses chaînes de télévisions internationales, est la plus mauvaise leçon d’histoire que l’humanité donne aux générations montantes. En fait, la guerre contre des femmes et des enfants est la plus hideuse image que l’on puisse donner de soi. Les occidentaux sont coupables

    Nabil G.

    Ouest Tribune, 29 avr 2021

    Etiquettes : Israël, Palestine, Occident, HRW, Apparthein, ségrégation,

  • Sahara occidental : Le Maroc réprime des indépendantistes

    La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc ne change rien au statut du territoire

    (New York) – Le Maroc a réprimé des activistes indépendantistes au Sahara occidental suite à un incident à un poste frontière survenu le 13 novembre 2020, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’incident a ravivé le conflit, depuis longtemps paralysé, entre le Maroc et le Front Polisario, mouvement basé en Algérie et réclamant l’indépendance de ce territoire. Les forces de sécurité ont brutalement dispersé des manifestations en faveur de l’indépendance. Elles ont aussi harcelé, frappé ou arrêté plusieurs activistes, ou encore attaqué leurs domiciles.
    Le fait que l’administration américaine ait reconnu, le 10 décembre, la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne change en rien à son statut de territoire non autonome, tel que déterminé par les Nations Unies.
    « Le Maroc et le Polisario s’affrontent sur les plans frontalier et diplomatique, mais cela n’autorise en rien le Maroc à réprimer des civils sahraouis qui s’opposent pacifiquement à son administration du territoire », a déclaré Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.
    Fin octobre, des civils sahraouis ont bloqué une route reliant le Sahara occidental à la Mauritanie à travers une zone tampon de 5 kilomètres. Côté Sahara occidental, le Maroc maintient depuis longtemps le poste frontalier de Guerguerat, dont l’existence même est considérée, par le Polisario, comme une violation de l’accord de cessez-le-feu signé entre les deux parties en 1991. Le 13 novembre, l’armée marocaine a expulsé les civils de la zone tampon sans faire de victimes ni d’arrestations. Soutenant que cette opération mettait fin, de fait, au cessez-le-feu, le Polisario a fait voeu de « reprendre la guerre ». Aucune confrontation armée significative n’a eu lieu depuis.
    Les autorités marocaines contiennent fortement, depuis longtemps, toutes les manifestations d’opposition à leur administration du Sahara occidental. Elles empêchent les rassemblements de soutien à l’autodétermination sahraouie, soumettent les activistes indépendantistes à des violences, dans la rue ou en garde à vue, les emprisonnent, les condamnent au terme de procès entachés d’irrégularités ou d’actes de torture, entravent leur liberté de déplacement, et les font suivre ouvertement. De telles violations ont de nouveau été rapportées suite à l’incident de Guerguerat.
    À Laâyoune, après des manifestations majoritairement pacifiques en soutien au Polisario le soir du 13 novembre, des membres armés des forces de sécurité marocaines et des véhicules blindés de transport de troupes ont été déployés dans plusieurs quartiers, dressant des barrages routiers et empêchant les piétons de circuler. La branche de Laayoune de l’Association marocaine des droits humains a rapporté que pendant les quelques jours qui ont suivi le 13 novembre, les forces de sécurité marocaines ont matraqué des passants pacifiques, des policiers masqués ont attaqué ou fait irruption dans sept maisons de partisans présumés du Polisario, et des hommes, femmes et enfants ont été arrêtés avec un usage disproportionné de violence.
    À la même période, des groupes d’activistes sahraouis ont rapporté des événements similaires dans les villes de Smara, Dakhla et Boujdour. Les manifestations indépendantistes brutalement réprimées étaient en grande majorité pacifiques, même si quelques cas limités de jets de pierre sur la police ont été enregistrés, notamment à Laâyoune. Les autorités, en revanche, ont autorisé de larges manifestations dans le Sahara occidental, le 12 décembre, pour célébrer la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le 16 novembre, des policiers sont allés chercher Hayat Diyya, 12 ans, dans son collège de Laâyoune, et l’ont emmenée dans un poste de police, après qu’un membre du personnel de l’école a signalé qu’elle portait une veste de type militaire et qu’elle avait cousu, sur son uniforme scolaire, un écusson représentant le drapeau sahraoui. « Les policiers l’ont retenue pendant cinq heures, l’ont giflée, lui ont tiré les cheveux, et l’ont frappée brutalement sur plusieurs parties de son corps », a déclaré Lahbiba Diyya, la mère de Hayat, à Human Rights Watch. « Ils l’ont aussi forcée à s’agenouiller et à chanter l’hymne national du Maroc face à un portrait du roi. Depuis, elle fait régulièrement des cauchemars. »
    Sultana Khayya, une activiste connue de la ville de Boujdour, a déclaré à Human Rights Watch que des agents de police avaient pénétré en son absence dans son domicile familial le 19 novembre, et frappé sa mère de 84 ans à la tête. Ayant perdu connaissance, cette dernière a été évacuée en ambulance vers un hôpital. Khayya a ajouté que les policiers sont revenus le lendemain soir, ont encerclé la maison, martelé la porte avec leurs gourdins, puis frappé à la tête avec une matraque en métal sa sœur Waara, 47 ans, lui causant des saignements. Depuis lors et au moins jusqu’au 3 décembre, jour où Human Rights Watch a interrogé Sultana Khayya, la police est restée devant la maison, empêchant les membres de la famille de sortir et les visiteurs, y compris les proches, d’entrer.
    Le 15 novembre vers 5 heures du matin, une vingtaine de policiers en civil ont pénétré dans une maison de Laâyoune, ont sorti de son lit Ahmed El Karkar, un homme de 19 ans atteint d’un handicap mental, et l’ont arrêté. Il a ensuite été accusé d’avoir dressé des obstacles routiers ainsi que d’avoir insulté et agressé un agent de police lors d’une confrontation entre manifestants et policiers à Laâyoune, deux jours plus tôt.
    La mère d’El Karkar a déclaré à Human Rights Watch qu’Ahmed était à la maison pendant cette confrontation. Le 12 décembre, un tribunal l’a condamné à dix mois de prison. Son avocat a informé Human Rights Watch que le tribunal avait rejeté sa requête d’examen médical pour prouver le handicap mental de son client. El Karkar est aujourd’hui à la prison Lakhal de Laayoune, en attendant son procès en appel.
    Une activiste sahraouie, Nezha Khalidi, a déclaré à Human Rights Watch que l’après-midi du 21 novembre, quelques heures avant la cérémonie prévue pour célébrer son mariage avec Ahmed Ettanji, activiste sahraoui lui aussi, la police a encerclé et bloqué trois maisons appartenant à des parents des deux fiancés, coupé l’électricité dans l’une d’elles, et interdit à tous les occupants de quitter ces maisons, empêchant de fait la famille de se rassembler pour célébrer le mariage. 
    Le mariage a été annulé, et les maisons sont restées sous surveillance policière depuis, a déclaré Khalidi à Human Rights Watch le 10 décembre. Elle a précisé que cet assaut de la police ne répondait à aucune provocation, et que le mariage devait être un événement familial privé. Khalidi comme Ettanji font partie d’Équipe Média, un collectif d’activistes Sahraouis qui se sert des médias sociaux pour contourner la censure du Maroc et documenter la répression. Ses membres sont régulièrement harcelés par les autorités.
    Les autorités marocaines font systématiquement obstruction au travail des associations qui plaident pour l’autodétermination au Sahara occidental. Le 29 septembre, en réponse à la création de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine, un nouveau groupe indépendantiste fondé entre autres par une activiste célèbre, Aminatou Haidar, un procureur de Laayoune a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « activités [visant à] port[er] atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume ». Le même jour, la police a encerclé le domicile de six membres de ce nouveau groupe, dont Haidar. L’un d’eux a déclaré à Human Rights Watch le 5 octobre que des véhicules de police les suivaient dès qu’ils quittaient leurs maisons, quel qu’en soit le motif, et les empêchaient de recevoir des visites.
    La plus grande partie du Sahara occidental est sous occupation du Maroc depuis que l’Espagne, l’ancien administrateur colonial du territoire, s’en est retirée en 1975. Le gouvernement considère qu’il s’agit d’un territoire marocain et refuse tout référendum d’autodétermination dont l’un des choix serait l’indépendance. Cette option était pourtant incluse dans le référendum sur lequel le Maroc et le Front Polisario s’étaient accordés, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU – mais ce référendum ne s’est jamais tenu. Les Nations Unies ne reconnaissent pas l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, et ont fait savoir que leur position demeurait « inchangée » malgré la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le Maroc a toujours refusé que le mandat de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix au Sahara occidental (MINURSO) soit élargie afin d’englober le suivi des droits humains. Human Rights Watch a appelé à un tel élargissement à plusieurs reprises, afin d’aligner cette mission sur la quasi-totalité des opérations modernes de maintien de la paix de l’ONU.
    « Ni la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine, ni la répression du Maroc, ne peuvent ôter aux Sahraouis leur droit fondamental de s’opposer pacifiquement à l’administration du territoire par le Maroc », a conclu Eric Goldstein.
    HRW, 18 déc 2020