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J’ai parfois l’impression d’avoir rajeuni de quatre lorsque, dans ce sous-sol de l’immeuble d’El País, je cherchais des informations en parcourant ces 400000 câbles du département d’État que Wikileaks a divulgués à une demi-douzaine de grands journaux du monde, sur papier et sur ordinateur, sans connexion internet pour des raisons de sécurité.
De nombreux soupçons journalistiques ont été confirmés par leur lecture, et étayés par une avalanche de données, mais aussi de nombreuses nouvelles ont été dévoilées ! Les histoires que nous avons glanées dans l’énorme masse de télégrammes diplomatiques que nous avions imprimés et qui étaient empilés sur les tables de la pièce sans fenêtre dans laquelle nous travaillions au coup par coup et en surnombre.
Bien qu’il s’agisse d’une expérience journalistique de laboratoire, avec peu d’ingrédients extérieurs, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs professionnels.
Le 2 octobre, un petit Wikileaks a émergé à l’échelle du Maghreb. Sous le profil de Chris Coleman, un tweeter anonyme a divulgué des centaines de documents et d’e-mails provenant de la diplomatie marocaine, des services de renseignement et même de l’administration de la défense marocaine. Les autorités marocaines n’ont pas démenti l’authenticité de ces fuites.
Jusqu’à présent, seule la vice-ministre marocaine des affaires étrangères, Mbarka Bouaida, a dénoncé publiquement « une opération menée par des éléments pro-Polisario avec le soutien de l’Algérie et dans l’intention d’entraver la diplomatie marocaine ». Bien que Rabat enquête, il n’a pas été en mesure de prouver cette accusation.
Tous les matins ou tous les soirs, le twittos ne respectant pas d’horaire, je me rejouis de rendre compte professionnellement de l’accord verbal secret de novembre 2013 entre Barack Obama et le roi Mohammed VI sur le Sahara; des chamailleries entre Rabat et le secrétaire général de l’ONU ; des cadeaux de valeur distribués par l’ambassade du Maroc à New York aux diplomates et correspondants de presse amis ; de la description de Christopher Ross, l’envoyé de Ban Ki-moon pour le Sahara, qualifié d’alcoolique, maladroit dans ses mouvements au point d’avoir du mal à enfiler sa veste.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a pris les fuites tellement au sérieux que, samedi, son porte-parole a annoncé qu’une enquête avait été ouverte sur la collaboration présumée quelque peu excessive d’un de ses hauts fonctionnaires avec les autorités marocaines.
J’ai également lu avec avidité les courriels faisant état de paiements effectués par les services de renseignement, apparemment par le biais d’un intermédiaire, à des groupes de réflexion et à des journalistes aux États-Unis, en France et ailleurs, afin qu’ils écrivent au nom du Maroc. Je connais certains d’entre eux depuis des décennies. Je me demande si des noms de compatriotes espagnols engagés n’apparaîtront pas bientôt dans un autre courriel.
L’Espagnol qui apparaît est, en 2012, l’ambassadeur à Rabat. Il a promis à ses interlocuteurs marocains le plein soutien de l’Espagne au sein du Groupe des Amis du Sahara, qui se préparait pour la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en avril de la même année.
Parmi les joyaux postés par ce qui est devenu mon twitter préféré figure un câble daté du 7 juillet du chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc à Madrid, Baddredine Abd el Moumni – l’ambassadeur était absent – dans lequel il informe Rabat avec un certain regret que j’ai entamé une collaboration avec El Mundo.
« Cembrero rejoint ainsi l’équipe d’un des mastodontes de la sphère journalistique en Espagne », écrit le Chargé d’Affaires. « Fondé en 1989, El Mundo est le deuxième journal le plus lu (…) », ajoute-t-il. « Il a acquis sa réputation grâce à une ligne inspirée du modèle d’investigation américain ». Au passage, le diplomate m’accuse d’être « hostile au Maroc et de soutenir les thèses des séparatistes » [Front Polisario].
Pourtant, à plus d’une occasion, lors de séminaires ou de débats, j’ai affirmé qu’un large accord d’autonomie est aujourd’hui la moins mauvaise des solutions pour le Sahara. Parmi les câbles découverts par Chris Coleman, certains sont également préjudiciables aux indépendantistes sahraouis du Polisario, qui sont au plus bas. C’est l’un des cinq articles, la plupart dans ce blog, que j’ai consacré jusqu’à présent aux câbles mis en lumière par le tweeter.
Mais la manne des télégrammes diplomatiques a aussi son côté journalistique amer. Il y a quatre ans, Wikileaks était une œuvre partagée avec d’autres grands quotidiens ou hebdomadaires, comme le New York Times, The Guardian, Le Monde ou Der Spiegel. Parfois, en lisant ces articles à l’époque, je faisais l’éloge de l’approche anglo-saxonne ou allemande de tel ou tel sujet, que mes collègues d’El País et moi-même n’avions pas remarquée ; à l’occasion, je m’irritais aussi en voyant à quel point ils avaient peu exploité tel ou tel autre sujet.
Puis je me suis sentie accompagnée à distance. Maintenant, j’écris sur les Wikileaks marocains sans aucun miroir européen dans lequel comparer mes chroniques. Un mois et demi après le début des câbles, la presse espagnole l’ignore et, à l’exception d’Arrêt sur Images, la presse française fait de même. Maintenant, je n’ai personne avec qui rivaliser, personne de qui apprendre, à l’exception du site américain Inner City Press, spécialisé dans les reportages sur les Nations unies.
Le Maroc s’est révélé faible parce que son système de communication gouvernemental, les e-mails de ses agents secrets ont été massivement piratés pendant des mois, voire des années. Le Maroc est fort parce qu’il a réussi que personne n’en fasse l’écho, même si les ambassades et les ministères des affaires étrangères qui traitent avec Rabat gardent un œil sur ce que Chris Coleman publie.
Guardian: Le Maroc aurait espionné plus de 200 mobiles en Espagne – Pegasus, Pedro Sanchez, Margarita Robles, Gonzalez Laya, Aminatou Haidar, Sahara Occidental,Ignacio Cembrero,
Plus de 200 numéros de téléphone mobile espagnols « cibles possibles du logiciel espion Pegasus ». La fuite de données révèle l’ampleur de la surveillance potentielle exercée par le client de NSO Group, qui serait le Maroc.
Selon la fuite de données au cœur du projet Pegasus, plus de 200 numéros de téléphone mobile espagnols ont été sélectionnés comme cibles possibles de surveillance par un client de NSO Group qui serait le Maroc.
Les détails de l’ampleur du ciblage apparent sont apparus alors que la plus haute cour pénale d’Espagne a ouvert une enquête sur la façon dont les téléphones portables du premier ministre, Pedro Sánchez, et de la ministre de la défense, Margarita Robles, ont été infectés par le logiciel espion Pegasus l’année dernière.
Le gouvernement espagnol a refusé de spéculer sur l’identité des auteurs de ces attaques « illicites » et « externes », dont il a révélé l’existence lundi lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte.
Le Premier ministre aurait été pris pour cible en mai et juin de l’année dernière, une période particulièrement turbulente pour la politique espagnole. Non seulement l’administration Sánchez préparait les grâces controversées et profondément divisées de neuf dirigeants indépendantistes catalans emprisonnés pour leur rôle dans la tentative de sécession manquée en 2017, mais l’Espagne était également engagée dans une dispute diplomatique tendue avec le Maroc.
Les sélections de numéros de téléphone mobile qui auraient été effectuées par le Maroc ont eu lieu en 2019, selon les horodatages figurant dans les données, qui comprennent plus de 50 000 numéros d’individus sélectionnés comme cibles possibles de surveillance par les clients de l’ONS dans le monde entier.
Un numéro de portable espagnol appartenant à Aminatou Haidar, une éminente militante des droits de l’homme originaire du Sahara occidental, a été inclus dans la base de données ayant fait l’objet de la fuite et s’est avéré avoir été ciblé par Pegasus en remontant jusqu’en 2018, selon une analyse d’Amnesty International. Des traces du logiciel espion Pegasus, qui est vendu par la société israélienne NSO Group, ont également été trouvées sur un deuxième téléphone appartenant à Haidar pas plus tard qu’en novembre 2021.
Un numéro de portable espagnol du journaliste Ignacio Cembrero – dont le travail est axé sur le Maghreb – figurait également dans la base de données du projet Pegasus.
L’inclusion de plus de 200 numéros de téléphone mobile espagnols sélectionnés par un client que l’on pense être le Maroc n’indique pas que chaque numéro a été ciblé ou piraté. Mais elle indique que le client était apparemment actif dans la recherche de cibles possibles pour la surveillance en Espagne.
L’ONS a déclaré que le fait qu’un numéro apparaisse sur la liste qui a fait l’objet d’une fuite n’indique en aucun cas qu’il a été ciblé pour une surveillance à l’aide de Pegasus. NSO a également déclaré que la base de données n’avait « aucune pertinence » pour l’entreprise.
Le Maroc a précédemment nié avoir espionné des dirigeants étrangers à l’aide de Pegasus, et a déclaré que les journalistes enquêtant sur NSO étaient « incapables de prouver que [le pays avait] une quelconque relation » avec NSO.
Mais une analyse des enregistrements divulgués a montré que le Maroc semblait avoir listé des dizaines de responsables français comme candidats à une éventuelle surveillance, y compris le président Emmanuel Macron.
NSO a déclaré que ses logiciels d’espionnage ne sont vendus à des clients gouvernementaux qu’à des fins d’enquête sur des crimes graves et le terrorisme. Elle a déclaré enquêter sur les allégations légitimes d’abus et a fermement nié que Pegasus ait jamais été utilisé pour cibler Macron.
Les attaques ont été révélées alors que le gouvernement espagnol continue de faire face à des questions sur la façon dont Pegasus aurait été utilisé pour surveiller des dizaines de membres du mouvement indépendantiste catalan, dont le président de la région du nord-est de l’Espagne, Pere Aragonès, et trois de ses prédécesseurs.
Le gouvernement régional indépendantiste catalan a pointé du doigt le centre national de renseignement espagnol (CNI), qui assure que ses opérations sont supervisées par la Cour suprême et qu’il agit « en pleine conformité avec le système juridique et dans le respect absolu des lois applicables ».
Mardi, un juge de l’Audiencia Nacional espagnole a annoncé le début d’une enquête sur « un possible délit de découverte et de révélation de secrets » lié à l’utilisation de Pegasus pour infecter les appareils de Sanchez et de Robles.
Des rapports médiatiques récents suggèrent que le téléphone d’un troisième homme politique – le ministre espagnol des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya – a également été ciblé par une sorte de logiciel espion en mai de l’année dernière.
La dispute entre l’Espagne et le Maroc est survenue après que le gouvernement de Madrid ait permis à Brahim Ghali, un leader indépendantiste du Sahara Occidental, d’être traité pour Covid-19 en Espagne.
Au cours des jours suivants, alors que plus de 8 000 personnes ont traversé le Maroc pour rejoindre l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta, l’ambassadeur de Rabat à Madrid a semblé tracer une ligne entre le traitement de Ghali et l’afflux de migrants, avertissant que certaines actions avaient des conséquences qui « doivent être assumées ».
Lors d’une conférence de presse hebdomadaire à Madrid mardi, le porte-parole du gouvernement espagnol a refusé de commenter la possibilité que le Maroc soit à l’origine de l’attaque du Pegasus, et l’effet qu’une telle action pourrait avoir sur les relations diplomatiques.
« C’est un peu hypothétique de parler de ce que pourraient être les conséquences – si nous sommes capables de trouver d’où vient l’attaque », a déclaré Isabel Rodríguez.
« Mais ce qui est clair pour nous, c’est que cette attaque était externe et illicite. Ce sont les certitudes sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour prendre des décisions à l’heure actuelle. »
Le gouvernement a exclu tout espionnage interne, ajoutant que le ciblage devait provenir de l’étranger, car toute surveillance de ce type en Espagne aurait nécessité une autorisation judiciaire.
M. Rodríguez a déclaré que le gouvernement n’avait rien à cacher et a promis de collaborer pleinement à toute enquête judiciaire, « y compris en déclassifiant les documents pertinents si cela s’avérait nécessaire ».
Mardi, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Sánchez a rejoint les trois partis de la droite espagnole en opposant son veto à une enquête parlementaire sur le scandale Pegasus.
Un porte-parole du PSOE a déclaré que la commission parlementaire envisagée n’était pas nécessaire, car une enquête interne du centre national de renseignement espagnol était déjà en cours, de même qu’une enquête du médiateur public.
La décision n’a pas été bien accueillie par les partenaires juniors du PSOE au sein de l’alliance d’extrême gauche et anti-austérité Unidas Podemos, ni par le parti indépendantiste catalan de la Gauche républicaine (ERC), dont le gouvernement minoritaire dépend au Parlement.
Gabriel Rufián, le porte-parole de l’ERC, a qualifié l’utilisation de Pegasus de « scandale majeur » et a déclaré qu’il fallait enquêter.
Le projet Pegasus est une collaboration d’investigation impliquant 16 médias partenaires, dont le Guardian, le Wire, le Washington Post et Le Monde, et est coordonné par l’association française à but non lucratif Histoires interdites.
L’annonce de la publication du livre « Le roi prédateur » a provoqué un tollé dans les rangs du Makhzen. Les explications dans cette dépêche rédigée par Dominique Lagarde, une journaliste proche du Makhzen:
Maroc: Le goût des affaires
La monarchie marocaine est malmenée, ces temps-ci, par les maisons d’édition françaises. Après Paris-Marrakech (Calmann-Lévy, voir L’Express du 25 janvier), de Jean-Pierre Tuquoi et Ali Amar, le Seuil s’apprête à publier, le 1er mars, Le Roi prédateur, de Catherine Graciet et Eric Laurent, un ouvrage consacré à la fortune du roi et au rôle des holdings royaux dans l’économie. Avant même sa parution, il met en émoi la cour. Au fil des pages, les auteurs dénoncent une « entreprise prédatrice », largement orchestrée, selon eux, par le secrétaire particulier du roi, Mounir Majidi, au service de l’insatiable appétit d’un souverain qui aurait, plus que tout, le « goût des affaires ». Un réquisitoire sévère mais étayé sur ce qui constitue sans doute le principal talon d’Achille de la monarchie.
Le journal espagnol El Pais est accusé de complot pour avoir reçu en premier une copie du livre
Coup de poignard espagnol dans le dos de la France Ignacio Cembrero et El Pais viennent de prendre la presse française de court en publiant ce dimanche les bonnes feuilles du livre d’Eric Laurent et de Catherine Graciet consacré à la fortune du roi. D’après des sources bien informées à Paris, la publication-surprise des bonnes feuilles d’un livre qui n’est pas encore sorti en France et dont aucune traduction en langue espagnole n’est envisagée pour le moment vise surtout à nuire aux intérêts français au Maroc. Le livre écrit par le duo Eric Laurent et Catherine Graciet n’apporte rien de nouveau concernant la fortune du roi, mais s’attaque plutôt aux intérêts économiques de la France au Maroc. Ces mêmes sources affirment que se sont les « amis » marocains de Catherine Graciet qui sont à l’origine de la fuite dans El Pais tout en faisant remarquer que depuis quelques temps, certains cercles mécontents du réchauffement spectaculaire des relations maroco-espagnoles essaient à la fois de nuire ce rapprochement entre les deux pays. Ils essaient également de faire en sorte à ce que l’Espagne supplante la France comme partenaire stratégique su royaume du Maroc.
Goud
Une dépêche d’Assabah va dans le même sens:
Ignacio Cembrero, journaliste du journal « El PAÍS », s’est approprié du livre écrit par le français Eric Laurent et la journaliste Cathérine Graciet, connue pour sa position hostile au système monarchique, dans une nouvelle tentative d’offenser le Royaume. Cembrero a publié un article sur le contenu du livre qui n’a eu aucun acceptation en France parce qu’il est composé d’articles de vieux articles de presse qui ont été publiés en France y compris une série d’informations fausses et trompeuses. Cembrero cherche à tout moment l’occasion d’écrire sur le Maroc en prétendant qu’il est un expert dans les affaires marocaines.
AS SABAH (Quotidien de Casablanca, le 27 février 20102)
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Texte de l’article incriminé:
El rey depredador : Los periodistas franceses Cathérine Graciet y Éric Laurent ofrecen la cara desconocida de Mohamed VI
Dans le classement 2009 des monarques établi par le magazine Forbes, le roi du Maroc Mohammed VI a fait une apparition surprise en septième position, avec une fortune évaluée à 2,5 milliards de dollars. Il devance des rivaux apparemment plus riches, comme l’émir du Qatar, dont le sous-sol regorge de pétrole et de gaz, et le Koweït, dont la fortune est, selon Forbes, six fois inférieure à celle du dirigeant marocain.
En 2009, la crise financière a durement touché tous les revenus, y compris ceux des plus riches. Pourtant, Mohammed VI, dont la fortune a doublé en cinq ans, semble mystérieusement épargné par ce sort puisque Forbes l’a placé en tête de la liste des personnalités ayant augmenté leur richesse en 2008.
Dans le rapport sur le développement humain 2007-2008 du Programme des Nations unies pour le développement, le Maroc est classé 126e sur 177 pays. Le taux de pauvreté du pays est de 18,1 %. Pire encore, plus de cinq millions de Marocains vivent avec 10 dirhams par jour, soit un peu moins d’un euro, et le salaire minimum légal ne dépasse pas 55 dirhams (5 euros) par jour.
Le classement établi par Forbes ne donnait qu’un pieux aperçu de l’étendue d’une fortune réelle bien plus importante. Surtout, elle a passé sous silence ou ignoré les méthodes utilisées pour accumuler ces richesses. Il a lié la fortune du roi à la hausse du prix du phosphate, dont le Maroc est l’un des principaux exportateurs mondiaux. Il s’est trompé dans son raisonnement.
Le pays a toutes les apparences d’un système économique normal et, à certains égards, même sophistiqué : banques, entreprises, secteur privé, etc. C’est une réalité dont il faut parler dans le passé. Le secteur économique marocain ressemble à un village Potemkine qui cache la prédation royale.
Depuis quelque temps, le roi est le premier banquier, assureur, exportateur et agriculteur du pays. Il contrôle également le secteur agroalimentaire, la grande distribution commerciale et l’énergie. L’enrichissement effréné du souverain et de certaines personnes à son service peut cependant avoir des conséquences politiques incalculables lorsque la population est touchée de plein fouet par une crise qui l’appauvrit et affaiblit les classes moyennes. (…)
Une rapide comparaison avec d’autres monarchies, à commencer par les monarchies constitutionnelles, montre que nous sommes aux antipodes de toute éthique démocratique : peut-on imaginer la reine d’Angleterre ou le roi d’Espagne à la tête des plus importantes institutions financières, industrielles et agricoles de leur pays, qui fonctionnent en situation de monopole peu ou pas déguisé ?
Attentif à ses propres intérêts, Hassan II a toujours veillé à ce que la famille royale, à commencer par lui-même, bénéficie d’importants revenus financiers. Omniprésent dans la sphère politique, il était fondamentalement désintéressé par les affaires économiques. Son héritier reste une véritable énigme politique : inexistant sur la scène internationale, souvent absent de la scène nationale, il n’a jamais accepté d’être interviewé par un journaliste marocain, n’a jamais donné de conférence de presse et semble se désintéresser de la politique comme il le fait dans son pays. Il est, en revanche, hyperactif lorsqu’il s’agit de contrôler son entreprise. Il semble considérer le Maroc comme un marché captif soumis à sa volonté. (…)
Cette prédation autarcique révèle un aveuglement surprenant lorsque l’histoire s’est mise en marche dans le monde arabe. La dénonciation de la corruption était au cœur des slogans scandés par les personnes qui ont fait tomber les régimes autoritaires en Tunisie, en Égypte et en Libye. Les récentes manifestations au Maroc ont désigné deux proches collaborateurs du roi [Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohamed VI, et Fouad Ali el Himma, un ami d’école] et stratèges de sa prise de contrôle de l’économie et de la politique du royaume.
Dans un monde aussi scrupuleusement codifié et édulcoré que celui du Maroc, ces attaques visent en fait la personne du souverain, car l’attaquer de front serait un sacrilège. (…)
En 2009, le revenu annuel par habitant au Maroc était de 4 950 dollars, soit la moitié de celui des Tunisiens et des Algériens. Ce pays pauvre à l’État faible est pourtant une source inépuisable de satisfaction pour le roi. En s’appropriant la part du lion de l’économie du pays, il augmente sa fortune personnelle déjà immense tandis que le modeste budget de l’État prend en charge toutes ses dépenses. Règle numéro un : le souverain et sa famille ne paient pas d’impôts. Règle numéro deux : l’opacité et le silence sont la règle en la matière, et cette très généreuse » couverture sociale » accordée au monarque et à ses proches n’est pas contestée. (…)
Mohammed VI reçoit un salaire mensuel de 40 000 dollars en tant que roi (…), soit deux fois plus que celui du président américain ou français. Les pensions et salaires royaux, qui s’élèvent à 2,5 millions d’euros par an, comprennent les émoluments versés au frère du roi ainsi qu’à ses sœurs et aux princes apparentés. On ne sait pas un mot de la ventilation de cet objet. Tous les membres de la famille royale reçoivent également des émoluments versés par l’État marocain pour leurs activités officielles, qui sont généralement assez modestes. La générosité du contribuable marocain, dont la coopération est sollicitée, permet à son tour de payer celle du roi. 31 millions d’euros (310 millions de dirhams) sont donnés au souverain pour être redistribués comme il l’entend, sous forme de dons ou de subventions. C’est une somme dont l’utilisation échappe à tout contrôle, même si l’on sait qu’à l’époque d’Hassan II, elle servait, en partie, de fonds reptilien pour s’assurer les faveurs de certaines personnalités politiques, marocaines ou étrangères, et pour récompenser, pour leur fidélité, cette étrange tribu française des « amis du Maroc » composée de journalistes, d’universitaires, de médecins, d’avocats, d’anciens chefs des services secrets… (…)
Les dépenses des 12 palais royaux disséminés dans le pays, en plus d’une trentaine de résidences employant plus de 1 200 personnes, sont également prises en charge par le trésor public, qui dépense un million de dollars par jour. Sur ces 12 palais, seuls trois ou quatre sont utilisés régulièrement par le roi actuel, et beaucoup d’entre eux n’ont jamais été visités par lui. Pourtant, ils sont entretenus avec le même soin vigilant. Les jardiniers, les nettoyeurs et les cuisiniers s’affairent comme si le roi allait apparaître à tout moment, même si l’on sait qu’il est à ce moment précis à l’autre bout du pays ou en voyage à l’étranger.
Les salariés employés par le palais coûtent au budget de l’État quelque 70 millions de dollars par an. Ils forment une structure pyramidale allant des plus humbles serviteurs du roi jusqu’au sommet, qui comprend le cabinet royal (300 employés permanents), le secrétariat privé du roi, le cabinet militaire, la bibliothèque, le Collège royal, plusieurs cliniques et l’équipe d’entretien du mausolée Mohammed V où sont enterrés le premier roi et son successeur, Hassan II.
Le parc automobile, quant à lui, dispose d’un budget de six millions d’euros consacré au renouvellement des véhicules utilitaires, mais aussi à l’entretien des voitures de luxe appartenant au souverain. À l’époque de Hassan II, l’invité du palais avait la surprise de découvrir de nombreuses Rolls Royce, Cadillac, Bentley et autres modèles de luxe soigneusement alignés dans les garages royaux. Son successeur, quant à lui, n’a pas hésité à affréter un avion militaire marocain pour transporter son Aston Martin DB 7 au siège du constructeur en Angleterre afin qu’elle soit réparée au plus vite. Il est également un client privilégié de Ferrari, une marque dont il a acheté de nombreux modèles.
Ses caprices vestimentaires ont également un coût pour le budget de l’État : deux millions d’euros par an. (…) Il s’est fait faire un manteau de laine par un tailleur londonien au coût de 35 000 £. Enfin, un million de dollars est la somme destinée aux soins et à l’alimentation des animaux vivant dans le palais.
Autre chapitre coûteux de la loi budgétaire : les voyages à l’étranger du roi et de sa cour, qui se sont élevés en 2008 à 380 millions de dirhams (38 millions d’euros). (…) Le Boeing de Sa Majesté est ostensiblement luxueux et a été équipé d’une chambre à coucher, d’un bureau qui fait office de salle de réunion, d’un équipement d’exercice et d’une chaîne stéréo dernier cri. (…) Le Roi est également accompagné de 250 à 300 personnes dans un Boeing 747 et deux Boeing 737-400, plus trois Hercules C-130 pour le mobilier et les bagages. Pour un voyage de trois semaines et 60 heures de vol par semaine, la facture dépasse les trois millions de dollars. (…) Ses voyages officiels à l’étranger sont presque toujours prolongés par un jour férié.
Un ingénieur marocain, Ahmed Bensedik, a effectué une comparaison rapide sur la base de données officielles. En 2009, le produit national brut du Maroc s’élevait à 90 milliards de dollars et celui de la France à 2,75 milliards de dollars. Malgré cette différence de richesse stupéfiante, le budget du palais royal, dont l’État marocain est responsable, est de 228 millions d’euros, tandis que celui de l’Élysée [la présidence française] est de 112,6 millions. Le montant alloué à Mohammed VI est le double de celui du Président de la République française. Cette différence, déjà importante en soi si on la rapporte au PNB de chacun des deux pays, montre que la monarchie marocaine coûte 60 fois plus cher au budget de l’État que la présidence française.
Une autre comparaison révélatrice peut être faite, montrant à quel point l’avenir est incertain dans un pays où, selon les Nations unies, 51 % de la population a moins de 25 ans. Si l’on additionne les budgets de quatre ministères – Transport et développement, Jeunesse et sports, Culture et logement, et Urbanisme – ils s’élèvent à 2,26 milliards de dirhams (226 millions d’euros). Cette somme est inférieure au budget du palais royal (…).
En 2008 (…), 380 millions de dirhams (38 millions d’euros) ont été dépensés pour les déplacements du roi à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Lorsqu’il décide de s’installer pour quelques jours dans la capitale d’une région, la police et la gendarmerie font venir des milliers d’hommes pour surveiller la zone. Si le souverain n’a pas de palais à proximité, les plus belles demeures sont réquisitionnées pour faciliter son séjour et celui de son important entourage de conseillers, ministres et autres courtisans. Des convois en provenance de Rabat ou de Marrakech transportaient les meubles, la vaisselle, les cuisines, mais aussi les cuisiniers et autres personnels de service. (…)
Cette apparente bonté royale a des effets limités : l’entourage du roi et les autorités de la région cherchent avant tout à lui plaire, quitte à tricher. Après l’inauguration d’un tout nouvel hôpital dans le sud, l’établissement a été fermé après la visite du roi. L’équipement médical n’avait pas encore été commandé, et le matériel qu’on lui a montré a été loué pour l’occasion. (…)
Les plus proches d’entre eux sont Mohamed Rochdi Chraibi, originaire de Ouazazate, dans le sud du royaume, et Fouad Ali el Himma, qui vient de la région de Marrakech. Tous deux sont fils de familles modestes et sont bien conscients de la chance qui leur a été donnée. El Himma et Chraibi se comportent comme d’éternels rivaux, dont les disputes verbales se terminent parfois violemment. (…) Plus retors et plus prompt à manipuler le roi en montant de sombres intrigues contre ses rivaux, Fouad Ali el-Himma parvient finalement à s’imposer comme le plus proche compagnon de Mohammed VI [puisqu’ils étaient tous deux étudiants au Collège royal]. Au cours de l’été 2011, il est parvenu à mettre hors-jeu, bien que temporairement, un énième rival, Mohamed Moatassim, conseiller royal estimé et juriste de renom. Il a été imprudent et a commis l’erreur de déverser sa bile sur le parti Authenticité et Modernité (AMP) dans une ligne téléphonique interceptée. Le PAM a été créé de toutes pièces par Mohamed VI et piloté par El Himma pour affronter les islamistes du Parti de la justice et du développement.
Au cours d’une formation de plusieurs années au ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Driss Basri, Fouad Ali El Himma a développé un goût pour les informations secrètes. Il ne semble pas avoir laissé un souvenir extraordinaire à son ancien mentor, qui ne l’appréciait pas particulièrement et disait de lui, alors qu’il était déjà en exil à Paris, qu’ »il n’était pas un travailleur acharné car il préférait faire la fête avec le prince héritier » [le futur roi Mohammed VI]. (…)
Aussi impopulaire que Fouad Ali El Himma, et précédé lui aussi de la mauvaise réputation d’être un homme sans scrupules, Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohammed VI, gère l’immense fortune du monarque. Contrairement à son rival, El Himma, Majidi n’est pas issu du Collège royal mais d’une autre bande tout aussi importante aux yeux du roi : celle de son cousin adoré Naoufel Osman, mort prématurément de maladie en 1992. (…) Mounir Majidi, lui, tremble de peur au moindre changement d’humeur du patron dont les fureurs sont légendaires. Et pas seulement à cause des corrections physiques qu’il inflige de temps en temps. (…).
Fouad Ali el Himma et le groupe du Collège royal, Mounir Majidi et la bande de Naoufel… Depuis le début de la dernière décennie, les amis de Sa Majesté ont monopolisé tous les postes clés du royaume, sauf ceux du domaine exclusivement militaire.
Dans ce mail, le journaliste Ignacio Cembrero dément être derrière cet article
Note de Karim Bouzida au sujet du livre « Le roi prédateur »
Note au sujet de la publication du livre de Graciet et Laurent
ABSTRACT
La publication du livre « le Roi prédateur », développant un discours négatif, pourrait avoir des visées de déstabilisation politique et économique. Le sujet n’étant pas nouveau, il conviendrait de bien doser les aspects de communication de façon à ne pas lui faire une publicité gratuite ou le crédibiliser. Nous pensons que l’adossement du nom d’Eric Laurent à Catherine Graciet procède par ce souci de « crédibilité » de l’ouvrage, c’est pourquoi ce paramètre est central.
Tout en évitant toute sur-réaction nous recommandons toutefois un dispositif dont certains éléments sont a déployer dés fin de cette semaine, étant entendu que l’intensité du dispositif (au Maroc et en France essentiellement) restera a calibrer en fonction de l’évaluation qui sera faites de la sortie de l’ouvrage ou de toute autre action imprévue concomitante.
AXES PRINCIPAUX DE L’EDITEUR
L’ouvrage prétend être une « enquête » sur les intérêts économiques de la Monarchie. Son résumé mis à disposition par l’éditeur souligne :
La fortune personnelle du roi du Maroc a quintuplé en dix ans, et le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde.
Par le biais des holdings que contrôle la famille royale, avec l’aide du secrétaire particulier de Sa Majesté et la complaisance de nombre de dignitaires et de valets du pouvoir, c’est à une véritable mise en coupe réglée de l’économie du Royaume que l’on assiste depuis plus de dix ans.
Voici ce système, et les hommes qui en tirent les ficelles, pour la première fois mis au jour au terme d’une minutieuse enquête de terrain, d’un examen fouillé des dossiers sensibles, de nombreuses rencontres avec les principaux témoins de cette royale prédation, y compris parmi les proches du Palais
Voici comment le souverain d’un des régimes désormais les plus menacés par la vague démocratique dans les pays arabes a transformé ses sujets en clients, l’Etat en machine à subventionner les intérêts de la famille royale, et notre pays en complice d’un désastre politique et moral auquel contribue, à son corps défendant, le contribuable français.
ANALYSE CONTEXTUELLE
Saissisant le contexte regional dit “printemps arabe” et avide de paraléllisme pervers , un nombre de réseaux antagonistes a choisi de nuire a l’image des institutions sur deux bases, le champs économique et le champs polititique.
On constate toutefois que ces réseaux qui s’employent sur le plan national et international ont concentré leurs attaques sur le champs économique .
Cette concentration trouve son explication dans :
Faiblesse des arguments antagonistes sur un pseudo hégémonie de l’institution Royale sur le champs politique, lesquels viennent notament buter sur le train de réformes initié par Sa Majesté trés largement plebiscite au plan international ( discours du 9 mars , referendum constitutionnel, transparence des elections, arrivée de l’opposition parlementaire a la premature, renouveau de la classe partisane, gestion soft des revendications et manifestations…)
Volonté antagoniste de nuire a la proximité du souverain avec les couches les plus défavorisées et ses actions de régne contre l’exclusion ( on sent une forte crispation de ces réseaux contre la symbolique de “Roi des pauvres” )
Ces réseaux croient en la “solidité de leurs arguments” : classement Forbes, chiffres et statistiques, performances des filiales Sni…
Tout pretexte est “bon a prendre” ainsi ces réseaux , appuyés par des relais internationaux et des sites webs Marocains , travestisent et amplifient des actes tels que : le sit in d’ouvriers des domaines agricoles, la cession d’atlas hospitality, la renovation de la residence de Sa Majesté, les protestations d’Imider…
Les “mouvements” dits contestataires ( principalement 20 février) ont trés vite montré leurs limites en terme de mobilisation, les dits réseaux, convergeant ici avec Jaoi, s’évertuent a utiliser ce theme en guise de mobile de mobilisation et d’excitation des protestaires a caractére économique et social
Pour ces réseaux, decliner sur l’espace public de maniére outrageuse voire injurieuse des elements censés se rapporter a la sphere privée de Sa Majesté est une maniére censée écorcher la sacralité du souverain voire de provoquer une reaction repressive qu’ils ne manqueraient pas d’utiliser fallacieusement.
ANALYSE SPECIFIQUE A L’OUVRAGE
L’ouvrage procède d’une volonté manifeste visant à nuire à l’image de la Monarchie dans un contexte de profondes mutations politiques que connait le Royaume couronnant une année réussie de gestion «intelligente et différenciée » des effets du printemps arabe.
Le choix de la date de parution semble également avoir voulu miser sur un pseudo succès de l’anniversaire du 20 février, ce que le week end dernier a démenti !
Cette publication intervient aussi dans un contexte particulier dans la vie du groupe SNI qui s’est engagé dans un processus progressif de désengagement d’un certain nombre d’activités stratégiques en vue de développer une nouvelle vocation de fonds d’investissement. De plus, le contexte est marqué par la multiplication des attaques contre les intérêts économiques de la Monarchie, souvent incarnés et la personne du secrétaire particulier de Sa Majesté.
On peut alors déduire que les auteurs de livre, ou ceux qui les ont inspiré, visent deux objectifs suivants :
Déstabiliser politiquement, en cherchant à ternir l’image de Sa Majesté sur un sujet éminemment populiste.
Déstabiliser économiquement, la SNI qui a pris le parti de se désengager de certaines entreprises stratégiques mais tout en veillant à garantir une dose pertinente de marocanité dans leur capital.
La trame de fonds de l’ouvrage sécrète l’idée mensongère qui voudrait que le Souverain « a bien entamé le règne puis se serait laissé allé a une voie de prédation », laquelle thèse a été édictée par nombre de vecteurs des réseaux ( sarah daniel , benchemsi, boukhari…). Le but de cette thèse étant d’opposer une logique de « déviation » a la logique de réforme, de progressivité et de consolidation du règne de Sa Majesté.
La tonalité, les portraits positifs de quelques acteurs presentés comme “victimes du systéme” ( Hassan bernoussi, Khalid oudghiri, Driss Jettou…) et dans d’autre cas negatifs ( Nekkouche, ali fassi fihri, Sefrioui, Ratib..) semblent etre l’une des techniques sciement utilises depuis prés d’un an pour provoquer “la rebellion des milieu d’affaires marocains” contre “le makhzen”. Cet objectif pervers est d’ailleurs l’un des axes majeurs de la stratégie decline par ces réseaux.
EVALUATION GLOBALE
Le sujet n’étant pas nouveau, des groupes intéressés et lobbys, selon leurs convenances, l’ont souvent porté sur la scène publique soulignant plusieurs « griefs » et mettant en exergue de pseudo « anomalies ».
C’est pourquoi il conviendrait d’évaluer de façon analytique la portée des informations, voire révélations contenues, dans le présent ouvrage. Du réchauffé ? de l’inédit ? de la pertinence ?…
Cette évaluation permettant de calibrer de manière adéquate la posture et l’intensité de la communication (voire le plan médias) qui pourrait être mise en œuvre pour contrer les risques éventuels.
Au vu de l’évaluation faite a la lecture de l’ouvrage il s’avère que la plupart des sujets évoqués relèvent du « réchauffé » agrémenté de témoignages , de citations en off et de chiffres censés donner du relief et de la crédibilité.
Au titre des témoignages « inédits » dont se prévalent les auteurs de l’ouvrage on relève une forte volonté de s’appuyer sur les déclarations de khalid Oudghiri , cette insistance semblait vouloir donner du souffle et de la convergence a l’ouvrage d’Oudghiri qui était annoncé dans les médias .Les auteurs de cet échafaudage n’avaient pas anticipé la grâce Royale.
Ceci est d’autant plus vrai qu’il est fort probable que la présence d’Eric Laurent en tant que co-auteur n’aurait pour autre objectif de co-signature que de crédibiliser les écrits de Catherine Graciet. En effet, cette dernière s’est, depuis toujours, attaquée aux questions économiques traitées dans ce livre1.
De plus le fait que le livre soit signé par un journaliste perçu initialement comme ami du Maroc (ayant publié un livre d’entretiens avec feu Hassan II), cela encouragera la comparaison pernicieuse du type : « Sa Majesté Mohammed VI est beaucoup moins raisonnable que son défunt père en matière de prédation économique ».
AUTRES MENACES A ANTICIPER
Des extraits de ouvrage ne manqueront pas d’être médiatisés et amplifiés par des relais et supports connus pour leur antagonisme, ce qui ne constitue pas une menace en soit, toutefois nous nous permettons d’anticiper les risques paralélles suivants :
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des acteurs institutionnels plus crédibles :
Partis politiques ( Psu, membres du pjd tels Hamieddine, et plus gravement une partie de Usfp qui se cherche une place d’opposition , cf positions contre Fc com…) ou élus locaux voire nationaux ( Tarik kabbaj , Khairat ou Daidaa en questions orales…)
Le conseil de la concurrence qui cherche a imposer son positionnement et qui peut être mu par un sens militant de son président
Des leaders d’opinion en France ou au Maroc ( exemples : guy Bedos sur Moumni ou Berrada sur Tgv…)
Des organisations nationales ou internationales types collectif anti tgv, transparency…
Des personnes politiques françaises avides de thémes électoralistes pour la présidentielle et désirant marquer la rupture ( type Arnault de Montebourg,josé bové,marine le Pen…)
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des acteurs économiques :
leaders d’opinion économiques nationaux ( type miloud Chaabi, membres de la Cgem, fédération ou chambre professionnelle…)
entreprises nationales ou internationales s’estimant victimes ( exemples : Savola, Copag, concurrents de Nareva…)
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des zones géographiques ou populations cibles : région d’Imider ou tout autre bassin minier, zones limitrophes aux domaines agricoles royaux, acteurs de la filière laitière, agriculteurs partenaires Cosumar, région d’exploitation source thermale sidi harazem….
Un montage d’opérations de marketing négatifs type appels a boycotter produits danone , marjane ou addoha…
RECOMMANDATIONS
Une sur-réaction donnerait de la visibilité voire une certaine crédibilité a l’ouvrage mais nous recommandons toutefois de :
Maintenir une veille permanente médiatique et
non médiatique afin de calibrer parfaitement toute réaction
décliner médiatiquement et objectivement des éléments
témoignant de la subjectivité et la non crédibilité des 2 auteurs
( voir pistes plus bas) et de leurs sources ( ahmed Benseddik !!!)
et ce avant la parution
positionner aux yeux de l’opinion publique nationale, quelques jours
avant la parution ,l’ouvrage comme étant une somme de faux scoops et de basse littérature ( a l’exemple de l’article ci-joint de Tourabi qui était paru sur Goud la veille de la sortie du livre d’ali Ammar et en a considérablement réduit la portée)
Utiliser , si besoin est, un axe fort de vulnérabilité de l’ouvrage ;
il prend ouvertement la défense des intérêts économiques Français !!!.
Il serait alors pertinent d’exploiter le dernier livre de Laurent contre les délocalisations ( ie Renault a Tanger )
voire la récente prise de position de Lydec qui refuse de s’acquitter de ses dettes a Casablanca
ELEMENTS A CHARGE CONTRE LES AUTEURS
Eric Laurent
Il était de 1979 à 1980 conseiller de Jean-Jacques Servan-Schreiber frère de Jean-Louis Servan Schreiber (Telquel).
Un article de l’Express daté du 5 octobre 2010 annonce l’association entre Backchich, Eric Laurent et Khadija Mohsen Finan, pour le lancement de la lettre du Sud, un site payant spécialisé dans le monde arabe.
– Avec tout ce que supposeraient ces relations avec des milieux hostiles.
Publications de livres à forte portée sensationnelle, « La guerre des Bush » en janvier 2003, « Le monde secret de Bush » en mai 2003, « La face cachée du 11 septembre » en 2004, « La face cachée du pétrole » en 2006, « Bush, l’Iran et la bombe, Enquête sur une guerre programmée » en 2007, « La Face cachée des Banques. Scandales et révélations sur les milieux financiers » en 2009.
– Cette attitude populiste cache une logique mercantile en adoptant de grotesques raccourcis analytiques et en puisant dans la théorie du complot. Le présent livre s’inscrirait dans cette même logique
Publication d’ouvrages à forte doses de complaisance, « La mémoire d’un Roi » entretiens avec Hassan II en 1993, « Les chemins de ma vie » entretien avec Henri Konan Bédié en 1999.
– Prédisposition à la complaisance dans un objectif mercantile
Publication en 2011 d’un livre intitulé « Le scandale des délocalisations » développant des positions extrémistes sur le nationalisme économique, s’attaquant ainsi à la délocalisation bénéfique, en l’occurrence, aux pays du sud notamment le Maroc.
– Cet élément pourrait être mis en exergue pour étayer les objectifs de déstabilisation économique, particulièrement à l’occasion du contexte médiatique français à l’aune de l’ouverture de la nouvelle usine Renault.
Déclarations en 2009, à l’occasion des dix ans de l’intronisation de Sa Majesté Mohammed VI, sur un projet de livre recensant des propos inédits de Feu Hassan II qu’il lui aurait confié ne demandant leur publication qu’après une décennie.
– Il s’agissait, manifestement, d’une volonté de rattraper la vague des publications et de faiseurs d’opinions qui sont intervenus durant cette période. La véracité de ces propos peuvent être sujette à caution et démontre le côté intéressé et mercantile de leur auteur.
Catherine Graciet
Capitaliser objectivement sur son passé et ses positions systématiquement négatives sur le Royaume et ses institutions.
Ignacio Cembrero révèle le détail avec lequel il a découvert que le Maroc l’espionnait Son appareil mobile avait été infecté par Pegasus, un logiciel difficile à détecter.
L’espionnage de Pegasus fait constamment la une des médias. Le logiciel espion créé par la société israélienne NSO a contaminé plus de 50 000 appareils dans le monde, touchant notamment des journalistes, des hommes politiques, des hommes d’affaires et des militants.
Ignacio Cembrero, journaliste spécialisé dans le Maghreb et le Moyen-Orient, est l’un de ceux qui ont été touchés par cet espionnage mondial. Dans un article publié par Cembrero lui-même dans El Confidencial, il décrit comment il s’est rendu compte qu’il était espionné.
Le journaliste explique dans le journal qu’il a reçu d’un ami un lien vers une information publiée dans le média Maroc-Diplomatique. L’article, qui remet en question son indépendance, affirme qu’il a l’habitude « d’opérer dans les coulisses de chaque crise maroco-espagnole » et de recevoir de l’argent de « fonds ministériels espagnols secrets ».
Bien que le journaliste affirme qu’il pensait qu’il s’agissait d’un énième article écrit sur lui depuis l’éclatement de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, à la fin de l’article, « dans l’avant-dernier paragraphe », il a trouvé quelque chose qu’il ne s’attendait pas à voir. Sur ce support, « une idée que je n’avais fait qu’esquisser dans l’une de mes conversations WhatsApp a été reprise », raconte le journaliste, qui dit avoir conclu, après mûre réflexion, qu’il était espionné par les services secrets marocains. « Conclusion : les services secrets marocains avaient lu mes WhatsApp et le journaliste alaouite avait fait une erreur en s’en faisant l’écho », ajoute Cembrero.
Bien qu’à ce moment-là, l’idée ne soit qu’un soupçon, le journaliste avoue dans son article qu’il y a une semaine, il a reçu quelques appels de Forbidden Stories. L’association de médias qui enquête sur cet espionnage l’a informé lors d’un premier appel que son téléphone portable figurait sur la liste des appareils qui avaient été contaminés par le logiciel Pegasus. Lors d’un second appel, il a été informé que les premiers rapports sur ce qui s’était passé seraient publiés le dimanche après-midi.
Dans des déclarations à Infolibre, le journaliste ne semble pas surpris par cet espionnage et assure que « le Maroc a une longue tradition d’espionnage des journalistes ». Bien qu’il se considère comme privilégié de vivre dans un État de droit, M. Cembrero affirme : « Notre intégrité n’est pas menacée, seulement notre vie virtuelle. Pendant ce temps, des journalistes continuent d’être condamnés à la prison ».
Selon E Confidencial, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero a remis son téléphone portable au parquet pour une enquête sur espionnage présumé.
« Le journaliste et collaborateur d’El Confidencial Ignacio Cembrero a remis ce vendredi son téléphone portable au ministère public afin d’enquêter sur l’espionnage dont il affirme avoir été victime dans le cadre du programme Pegasus, une affaire qui devrait être transmise au parquet de Madrid », précise la même source.
« M. Cembrero, qui, selon l’organisation Reporters sans frontières (RSF), était « très probablement » surveillé par le Maroc, a exprimé sa surprise d’être le seul téléphone portable espagnol figurant sur la liste et a demandé dans sa plainte que les auteurs de l’espionnage présumé soient identifiés », ajoute-t-on.
El Confidencial indique que le journaliste espagnol, « spécialisé dans la couverture du Maghreb, a également remis le texte du journal numérique marocain Maroc Diplomatique dans lequel il a trouvé en juin dernier des extraits de ses messages WhatsApp adressés à de hauts responsables du gouvernement espagnol sur la crise entre l’Espagne et le Maroc ».
Journaliste espagnol espionné : Pegasus va sensibiliser les autorités mondiales
Madrid, 12 août (EFE) – Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, qui aurait été visé par le programme Pegasus, estime que cette affaire signifiera un avant et un après, » une prise de conscience de la part des autorités mondiales » de la gravité de l’espionnage électronique.
Dans un entretien téléphonique avec Efe, il fait valoir que la liste des victimes comprend « de nombreux hommes politiques, dont le président de la France, Emmanuel Macron, et le président du Conseil européen, Charles Michel ».
Selon l’enquête publiée en juillet dernier par un consortium de médias internationaux, coordonné par l’organisation française Histoires interdites, et avec le soutien technique d’Amnesty International, les gouvernements de plusieurs pays auraient espionné des milliers de téléphones portables, en tant que clients de l’entreprise technologique israélienne NSO Group, à laquelle appartient Pegasus.
L’Arabie saoudite, le Maroc, le Mexique, la Hongrie, l’Inde et l’Azerbaïdjan figurent parmi les pays qui auraient eu recours à cette pratique.
Cembrero se souvient qu’il avait déjà été espionné auparavant, en septembre 2010, alors qu’il travaillait pour le journal espagnol El País : « Le virus a causé quelques problèmes au personnel informatique du journal, à qui j’ai demandé de l’aide pour ouvrir un fichier (dans l’e-mail). C’est alors qu’ils ont réalisé que le fichier contenait un virus pour m’espionner ».
À l’époque, il enquêtait sur la branche terroriste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
DES SOUPÇONS D’ESPIONNAGE
À la mi-juin, M. Cembrero a également émis des doutes quant à l’intégrité de son téléphone portable et à la confidentialité de ses conversations Whatsapp.
Le 16 juillet », explique-t-il, « j’ai reçu un appel de Forbidden Stories, une organisation journalistique qui enquête sur l’affaire Pegasus, et ils m’ont dit que je figurais sur la liste des téléphones qui avaient été espionnés. En tout cas, le 20 juin, l’éditorial d’un journal marocain (Maroc Diplomatique) dans lequel ils parlaient de moi reproduisait le contenu de certains de mes messages, ce qui me laissait déjà penser que j’étais surveillé ou espionné », reconnaît le journaliste espagnol.
Cembrero dénonce une « campagne de diffamation » à son encontre car il est considéré comme un « élément gênant pour les autorités marocaines », en raison de sa connaissance et de son opinion critique du gouvernement marocain.
Le Maroc, pour sa part, a démenti à plusieurs reprises les « accusations infondées et fausses » concernant son implication dans l’utilisation de Pegasus.
Plusieurs des personnes prétendument espionnées sont des journalistes marocains condamnés dans leur pays pour des délits sexuels, selon Cembrero.
Ces condamnations constituent « une forme de répression de la part du régime (marocain), qui rend difficile la mobilisation des ONG de défense des droits de l’homme ». C’est beaucoup plus compliqué si le journaliste a été envoyé en prison pour des crimes sexuels et non pour ses écrits », déclare Cembrero.
Malgré tout, le journaliste espagnol n’a jamais eu le sentiment que sa vie était en danger : « Bien que j’ai reçu une menace de mort en 2014, je pense qu’il s’agit de me surveiller et de faire pression sur moi, pour que je jette l’éponge.
En Espagne, dit-il, il reçoit de nombreux témoignages de solidarité et des offres d’aide, notamment de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) et de l’Association de la presse de Madrid.
ISRA ISRAEL, PEGASUS ET LE GROUPE NSO
Le gouvernement israélien, plus précisément le ministère de la défense, a accordé à la société qui a créé Pegasus une licence pour vendre ce produit en dehors du pays.
Cependant, Amnesty International a demandé la « suspension immédiate de l’exportation, de la vente et de l’utilisation des technologies de surveillance jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire respectueux des droits de l’homme soit mis en place ».
Théoriquement, ils vendent ce produit uniquement pour la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue et non pour d’autres types d’utilisation », a déclaré M. Cembrero, « et il est clair que du Mexique à l’Arabie saoudite en passant par le Maroc, le programme a été utilisé pour des tâches qui n’ont rien à voir avec le trafic de drogue ou la lutte contre le terrorisme.
Le journaliste a déposé fin juillet une plainte auprès du bureau du procureur général d’Espagne afin d’enquêter sur les responsabilités dans ce cas d’espionnage, plainte qui a été acceptée.
De la part du gouvernement espagnol, le journaliste note l’indifférence des autorités : « Il n’y a pas la moindre aide ou le moindre conseil. Je peux confirmer que l’autorité publique en charge de la sécurité a proposé à certains journalistes d’analyser leurs téléphones portables pour vérifier s’ils avaient Pégase ».
Cembrero fait partie des journalistes qui ont rejoint la plainte déposée par RSF en France contre la société israélienne NSO Group. EFE
L’agenda espionné de Cembrero comprenait les noms de membres du gouvernement, de militants, de réfugiés et d’exilés marocains. Le journaliste expert du Maghreb dénonce l’espionnage de Pegasus au Parquet.
Le journaliste Ignacio Cembrero, l’un des principaux spécialistes européens de l’information sur le monde arabe et plus particulièrement sur le Maghreb, a demandé au ministère public d’identifier les responsables de l’espionnage dont il a été victime, après avoir appris qu’il figurait sur la liste des cibles surveillées par les autorités marocaines à l’aide du logiciel « Pegasus ».
Dans une récente interview accordée à ElPlural.com, M. Cembrero a accusé directement et sans équivoque les services secrets marocains, soulignant que le Maroc avait « une longue histoire d’espionnage de nombre de ses exilés ». C’est précisément en raison de son travail d’information que le journaliste a été dénoncé à plusieurs reprises par les autorités marocaines, qui ont intenté des procès qui ont toujours été classés sans suite.
Aujourd’hui, les rôles sont inversés et c’est Ignacio Cembrero lui-même qui a dénoncé l’affaire d’espionnage dont il a fait l’objet devant le ministère public.
Le vendredi 16 juillet, Ignacio Cembrero a reçu un appel téléphonique de l’équipe de Forbidden Stories, qui l’a informé que son numéro de téléphone avait été inclus dans la liste des cibles du logiciel malveillant « Pegasus » par les autorités marocaines.
Logiciel de piratage mobile
Le logiciel est délibérément envoyé sur les téléphones mobiles, où il s’infiltre et prend possession du contenu du téléphone, surveillant les mouvements de l’utilisateur sur le combiné infecté. Les opérateurs peuvent également activer à distance la caméra ou le microphone.
L’agenda convoité de Cembrero
L’objectif principal dans le cas du journaliste espagnol était, comme le lui a expliqué son interlocuteur, et sans préjudice d’autres intrusions, de faire une copie de sa liste de contacts, une liste convoitée qui comprend des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement espagnol, des diplomates, des militants, des réfugiés et des exilés marocains.
Des informations publiées par la suite dans la presse européenne indiquent que l’espionnage a été initié par la Direction Générale de Surveillance du Territoire, l’une des autorités de police opérant au Maroc. Elle dispose également de personnes stationnées en Espagne pour effectuer des travaux de renseignement.
Contexte
L’apparition de son nom sur la liste n’a pas été une surprise pour le journaliste espagnol. Le 20 juin 2021, le journal en ligne Maroc-Diplomatique, favorable aux autorités marocaines, a publié un article intitulé « Ignacio Cembrero : l’ectoplasme de la Moncloa ». Il y mentionne qu’il a tenu des « séances de remue-méninges » avec un membre du gouvernement espagnol et des hauts fonctionnaires de l’administration de l’État. Dans l’avant-dernier paragraphe, l’article comprenait un commentaire du journaliste adressé à ces interlocuteurs en relation avec la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Le commentaire de Cembrero a seulement été envoyé par le journaliste via WhatsApp à quelques destinataires. L’auteur de l’article, en somme, n’aurait pu obtenir ces informations qu’en lisant le contenu de leurs messages.
Le 22 juillet, Ignacio Cembrero a été photographié alors qu’il parlait au journaliste José Antonio Lisbona à Madrid. Les deux hommes se sont rencontrés par hasard et discutaient, lorsqu’un homme s’est approché d’eux et les a photographiés avec un téléphone portable.
Ce n’est pas la première fois qu’Ignacio Cembrero est victime des tactiques d’espionnage marocaines. En avril 2014, il a été usurpé d’identité sur Facebook et a reçu des menaces de mort qui ont été signalées à la brigade d’investigation technologique. Un an plus tard, il a été suivi et photographié dans des cafés de Madrid et de Paris, avec des clichés qui ont été publiés par des journaux marocains favorables aux autorités. Ils ont également été utilisés pour réaliser un photomontage, publié dans la presse marocaine, le montrant assis à côté du prince Moulay Hicham, considéré comme le membre dévoyé de la famille royale.
Depuis l’aggravation de la crise entre l’Espagne et le Maroc en mai dernier, la presse marocaine lui a consacré des articles virulents, parfois insultants, l’accusant d’être à la solde de La Moncloa ou du régime algérien, ce qui pourrait être une réponse aux analyses publiées par le journaliste dans El Confidencial.
Soutien de RSF
Reporters sans frontières a apporté son soutien au journaliste et a dénoncé « Le harcèlement qu’Ignacio Cembrero subit depuis des années de la part des autorités marocaines a franchi une étape supplémentaire avec l’espionnage de son téléphone portable. RSF le soutient et le soutiendra, tant en Espagne qu’au niveau international, partout où il aura besoin de nous, comme nous le ferons avec les 200 journalistes victimes du tristement célèbre logiciel Pegasus. Nous ne nous arrêterons pas tant que justice ne sera pas rendue, dans chaque cas et dans chaque pays où nous pouvons agir », déclare Alfonso Armada, président de RSF Espagne.
Dénonciation de la société israélienne à l’origine du logiciel malveillant
RSF, qui dénonce depuis quatre ans la société israélienne NSO, auteur du logiciel malveillant d’espionnage, a publié une liste de recommandations à l’intention des journalistes qui ont subi une situation similaire ou qui pensent avoir été victimes de Pegasus.
Le Maroc est classé 136e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Reporters sans frontières soutient sans réserve le journaliste dans sa lutte contre l’espionnage de masse, tant dans ses actions en Espagne que dans celles que l’organisation prépare au niveau international.
Le journaliste Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, a demandé au parquet d’identifier les responsables de l’espionnage dont il a été victime, après avoir appris qu’il figurait sur la liste des cibles surveillées par les autorités marocaines à l’aide du logiciel « Pegasus ». Reporters sans frontières soutient sans réserve le journaliste dans sa lutte contre l’espionnage de masse, tant dans ses actions en Espagne que dans celles que l’organisation prépare au niveau international.
Le vendredi 16 juillet, Ignacio Cembrero, qui a passé une grande partie de sa carrière à El País et écrit désormais pour El Confidencial en Espagne, Orient XXI en France et Middle East Eye au Royaume-Uni, a reçu un appel téléphonique de l’équipe de Forbidden Stories l’informant que son numéro de téléphone avait été inclus dans la liste des cibles du programme malveillant « Pegasus » par les autorités marocaines.
Le logiciel est délibérément envoyé sur les téléphones mobiles, où il s’infiltre et prend possession du contenu du téléphone, surveillant les mouvements de l’utilisateur sur le combiné infecté. Les opérateurs peuvent également activer à distance la caméra ou le microphone.
L’objectif principal dans le cas du journaliste espagnol était, comme l’a expliqué son interlocuteur, et sans préjudice d’autres intrusions, de faire une copie de sa liste de contacts, une liste convoitée qui comprend des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement espagnol, des diplomates, des militants, des réfugiés et des exilés marocains.
Des informations publiées par la suite dans la presse européenne indiquent que l’espionnage a été initié par la Direction Générale de Surveillance du Territoire, l’une des autorités de police opérant au Maroc. Elle dispose également de personnes stationnées en Espagne pour effectuer des travaux de renseignement.
Contexte
L’apparition de son nom sur la liste n’a pas été une surprise pour le journaliste espagnol. Le 20 juin 2021, le journal en ligne Maroc-Diplomatique, favorable aux autorités marocaines, a publié un article intitulé « Ignacio Cembrero : l’ectoplasme de la Moncloa ». Il y mentionne qu’il a tenu des « séances de remue-méninges » avec un membre du gouvernement espagnol et des hauts fonctionnaires de l’administration de l’État. Dans l’avant-dernier paragraphe, l’article comprenait un commentaire du journaliste adressé à ces interlocuteurs en relation avec la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Le commentaire de Cembrero a seulement été envoyé par le journaliste via WhatsApp à quelques destinataires. L’auteur de l’article, en somme, n’aurait pu obtenir ces informations qu’en lisant le contenu de leurs messages.
Le 22 juillet, Ignacio Cembrero a été photographié alors qu’il parlait au journaliste José Antonio Lisbona à Madrid. Les deux hommes se sont rencontrés par hasard et discutaient, lorsqu’un homme s’est approché d’eux et les a photographiés avec un téléphone portable.
Ce n’est pas la première fois qu’Ignacio Cembrero est victime des tactiques d’espionnage marocaines. En avril 2014, il a été usurpé d’identité sur Facebook et a reçu des menaces de mort qui ont été signalées à la brigade d’investigation technologique. Un an plus tard, il a été suivi et photographié dans des cafés de Madrid et de Paris, avec des clichés qui ont été publiés par des journaux marocains favorables aux autorités. Ils ont également été utilisés pour réaliser un photomontage, publié dans la presse marocaine, le montrant assis à côté du prince Moulay Hicham, considéré comme le membre dévoyé de la famille royale.
Depuis l’aggravation de la crise entre l’Espagne et le Maroc en mai dernier, la presse marocaine lui a consacré des articles virulents, parfois insultants, l’accusant d’être à la solde de La Moncloa ou du régime algérien, ce qui pourrait être une réponse aux analyses publiées par le journaliste dans El Confidencial.
Ignacio Cembrero écrit sur le Maghreb depuis plus de vingt ans, période pendant laquelle le gouvernement marocain a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général et un procès auprès de l’Audiencia Nacional contre le journaliste pour « apologie du terrorisme ». Toutes deux ont été rejetées et classées, ce qui prouve le caractère fallacieux des accusations, comme Reporters sans frontières l’a dénoncé à plusieurs reprises.
« Le harcèlement qu’Ignacio Cembrero subit depuis des années de la part des autorités marocaines a franchi une nouvelle étape avec la mise sur écoute de son téléphone portable. RSF le soutient et le soutiendra, tant en Espagne qu’au niveau international, partout où il aura besoin de nous, comme nous le ferons avec les 200 journalistes victimes du tristement célèbre logiciel Pegasus. Nous ne nous arrêterons pas tant que justice ne sera pas rendue, dans chaque cas et dans chaque pays où nous pouvons agir », déclare Alfonso Armada, président de RSF Espagne.
L’organisation, qui dénonce depuis quatre ans la société israélienne NSO, auteur du logiciel malveillant d’espionnage, a publié une liste de recommandations à l’intention des journalistes qui ont subi une situation similaire ou pensent avoir été victimes de Pegasus.
Le Maroc est classé 136e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF.