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  • UE-Maroc: La coopération conditionnée par la réadmission

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    Dans le cadre du suivi des conclusions du Sommet européen tenu en décembre 2005 relatives à l’adoption de l’approche globale pour la gestion de la migration et du Sommet européen de décembre 2006 qui prévoient le renforcement de manière globale et équilibrée de la coopération et du dialogue avec les pays tiers d’origine et de transit, la Commission européenne a proposé, en mai 2007, une Communication relative aux Partenariats pour la mobilité (PPM) entre l’UE et les pays tiers.

    Principaux éléments du PPM:

    A travers le concept de Partenariat pour la mobilité, l’UE adopte une nouvelle démarche en ce qui concerne la coopération avec les pays tiers qui collaborent dans la lutte contre la migration clandestine et ce, selon un paquet qui pourrait comprendre des possibilités de migration légale, une assistance pour développer les capacités de gestion des flux migratoires légaux, des mesures contre la fuite des cerveaux et l’assouplissement des procédures de délivrance de visas de court séjour.

    En contre partie, les pays qui souhaitent bénéficier dudit paquet doivent s’engager pleinement dans la lutte contre la migration clandestine, notamment à travers la conclusion d’un Accord de réadmission avec l’UE, le renforcement du contrôle des frontières (appui des Etats membres ou Frontex), la sécurisation des documents de voyage (utilisation de la biométrie), l’échange d’informations et la lutte contre le trafic des migrants et la traite des êtres humains.

    Principes des PPM :

    Ce nouveau concept a été adopté en décembre 2007 par le Conseil européen qui a insisté sur les éléments suivants :

    Les PPM devraient être larges, différenciés et équilibrés et devraient comprendre des éléments présentant un intérêt pour toutes les parties.

    Les PPM pourraient représenter une approche novatrice, susceptible d’apporter une valeur ajoutée dans la mise en œuvre des différents aspects de l’approche globale en matière migratoire à savoir : la migration légale, la lutte contre les migrations clandestines et la migration et développement.

    Le contenu des PPM peut varier considérablement d’un pays à l’autre, selon les profiles migratoires des pays tiers.

    Les participants aux PPM du côté européen sont la Communauté européenne et les Etats membres qui souhaitent y contribuer. Le strict respect de la répartition des compétences de chaque partie a été clairement souligné.

    Projets pilotes :

    Le Conseil européen a mandaté la CE pour engager un dialogue avec le Cap-Vert et la Moldavie en vue de lancer les premiers partenariats pilotes pour la mobilité et ce en étroite collaboration avec les Etats membres et la Présidence de l’UE. Ainsi, les déclarations communes concernant les deux premiers projets pilotes de PPM avec ces deux pays ont été signées en juin 2008.

    Par la suite l’UE a adopté en novembre 2009 une déclaration similaire avec la Géorgie. Les discussions sont en cours avec le Sénégal. Bien que les négociations avec ce pays ont commencé en même temps que celles avec la Géorgie, jusqu’à présent les deux parties ne se sont pas encore mises d’accord sur le contenu du PPM UE-Sénégal.

    Il Convient de souligner que les PPM adoptés à ce jour soulèvent les remarques suivantes :

    Les déclarations signées synthétisent quelques intentions de coopération seulement sans aucun engagement de la part de l’UE, notamment pour le financement de la mise en œuvre de ces PPM. Il s’agit plutôt d’une action de communication que d’un vrai projet de coopération avec lesdits pays tiers.

    La majorité des actions proposées aux annexes des déclarations relèvent du cadre bilatérale entre les Etats membres intéressés et les pays tiers concernés. Il semblerait que l’UE cherche, à travers le PPM, à comptabiliser les réalisations au niveau bilatéral en vue de les utiliser dans le cadre des négociations des paquets de coopération entre l’UE et les pays tiers dans le domaine migratoire.

    Le programme de Stockholm, adopté en décembre 2009, a souligné la nécessité de poursuivre et d’élargir l’utilisation des PPM dans le cadre de la coopération avec les pays tiers qui auront une valeur ajoutée certaine par rapport aux cadres bilatéraux existants. Il a indiqué que ledit cadre doit être flexible et réceptif aux besoins des parties concernées et doit inclure tous les volets prévus par l’approche globale.

    Dans ce cadre, l’UE avait identifié des pays prioritaires avec lesquels elle envisage de conclure des PPM à savoir : le Ghana, l’Arménie et l’Ukraine. D’autres pays avaient été évoqués lors des dernières discussions entre les Etats membres : Egypte, Mali, Kenya et Maroc.

    Il convient de souligner que les derniers développements politiques intervenus dans la région et leurs conséquences en matière migratoire, notamment en Tunisie, ont remis la question de la migration sur la table des discussions au sein de l’UE. C’est ainsi, que les Etats membres ont approuvé, le 20 juin 2011, la proposition conjointe de la CE et du SEAE visant à lancer les négociations en vue de conclure des PPM avec un premier groupe de pays voisins composé du Maroc, de la Tunisie et d’Egypte.

    Concernant le Maroc :

    La Commission européenne (DG JLS) avait exprimé, en 2007, son intérêt à conclure un PPM avec notre pays en estimant qu’il s’agit d’une opportunité pour renforcer davantage la coopération entre le Maroc et l’UE en matière migratoire.

    Cette question a été également abordée lors des négociations sur la réadmission Maroc-UE, où la partie européenne avait indiqué que le « paquet réadmission », demandé par notre pays, trouverait certaines éléments de réponse dans le « Partenariat pour la mobilité ».

    Notre pays avait répondu favorablement (lettres à MM. Del Moral et De Brouwer le 29 octobre 2007) à la proposition de la Commission européenne d’entamer des discussions exploratoires informelles pour s’informer davantage sur ledit Partenariat et examiner les possibilités de coopération offertes par cette nouvelle initiative.

    A cette occasion, il a souhaité que cette proposition soit porteuse d’une réponse globale, équilibrée et novatrice en la matière et constituera un modèle de coopération pour les autres pays de voisinage.

    Cette question n’a pas eu de suite car la partie européenne a conditionné le développement de la coopération entre les deux parties en matière migratoire, notamment dans le cadre du Statut avancé, par la conclusion des négociations sur la réadmission. Ce qui est dommage.

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine révélé par le hacker Chris Coleman

    Lire aussi : Maroc-UE: Projet d’accord sur la réadmission des clandestins

    #Maroc #Union_européenne #Immigration #Réadmission



  • Réadmission: Chantage permanent pour le Maghreb

    Maroc, Union Européenne, UE, Stattu avancé, réadmission, Immigration,

    L’obsession de la réadmission par L’UE

    Dans son nouveau livre, l’universitaire marocain, Abdelkrim Belguendouz, apporte une critique documentée au nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile. Il alerte aussi sur les sous-traitants de cette politique au Maroc. Tribune, en deux parties.

    Par Abdelkrim Belguendouz *

    Partie n°1**

    Annonçant déjà ce que signifiera pour l’Afrique le nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile (PEMA), la communication conjointe de la Commission européenne et de la Haute représentation de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, portant le titre « vers une stratégie globale pour l’Afrique » (9 Mars 2020) précise qui suit:

    « La coopération en matière de retour et de réadmission ainsi que les taux de retour effectifs devraient être améliorés. L’UE et l’Afrique devraient œuvrer en faveur de mécanismes plus efficaces et durables, notamment en soutenant les retours volontaires, et grâce à la mise en œuvre et la conclusion effective d’accords de réadmission. Les retours devraient s’accompagner d’une réintégration durable dans les pays d’origine ».

    Par ailleurs, fournissant les éléments essentiels en termes de réadmission inclus dans le nouveau PEMA, la communication conjointe précitée sur le nouveau programme en Méditerranée (9 Février 2021), énonce que l’Union européenne (UE) mobilise tous les instruments dont elle dispose : « le renforcement de la coopération en matière de retour, de réadmission et de réintégration durable et l’amélioration de l’efficacité des retours sont des éléments importants de ces politiques pour soutenir ces partenariats, l’UE mobilise l’ensemble des politiques, outils et instruments pertinents de l’UE dans le cadre d’une approche globale. Compte tenu de l’importance des retours volontaires et de la réintégration, elle définira de nouvelles approches en termes de conception, de promotion et de mise en œuvre des programmes d’aide au retour volontaire et à la réintégration » (SWD(2021)23 final, p20). Elle propose en conséquence notamment les deux mesures suivantes : «  intensifier la coopération en matière de retour effectif et de réadmission; soutenir les mesures d’aide au retour volontaire et à la réintégration durable depuis l’UE, mais entre les différents pays partenaires »

    Ceci constitue de notre point de vue un rappel insistant de l’UE pour que les accords communautaires de réadmission ne visent pas uniquement les ressortissants des pays d’origine en situation irrégulière au sein de l’UE qui auraient transité par ces mêmes pays, à charge pour ces derniers de les réadmettre vers leur lieu d’origine.

    Vision actuelle par l’UE des accords communautaires de réadmission

    Constituant le résultat du processus de communautarisation de la gestion des flux migratoires irrégulières à l’intérieur de l’UE et s’inscrivant au cœur de l’actualité des relations migratoires euro-méditerranéennes avec une grande sensibilité politique et diplomatique, les accords communautaires de réadmission sont considérés par l’UE comme la pièce maîtresse pour faciliter le retour forcé des migrants en situation irrégulière en Europe dans leur pays d’origine ou de dernier transit. Comme l’a bien dit la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Juhansson, lors de la présentation du projet de nouveau Pacte, « Nous devons nous concentrer davantage sur le retour (…) il y a dans notre paquet aujourd’hui nombre d’initiatives pour atteindre une efficacité accrue des retours (…) Un point crucial est bien entendu d’avoir de bons accords de réadmission dans les pays-tiers, et c’est ce qui sera une priorité ».

    Actuellement, selon les chiffres de la Commission, énoncés dans sa communication en date du 27 avril 2021, seul un tiers des migrants déboutés quitte effectivement le territoire de l’UE. En effet, sur les 491 195 ressortissants de pays tiers se trouvant en situation irrégulière sur le territoire de l’UE en 2019, seuls 142 320 ont été renvoyés par les États membres. Le taux de retour et de réadmission que Bruxelles juge « insuffisant » est dû d’après un autre document communautaire, aux divers « défis auquel les États membres sont confrontés lorsqu’ils mettent en œuvre les procédures pour coordonner le retour des migrants en situation irrégulière et lorsqu’ils coopèrent avec les Etats-tiers en matière de réadmission ».

    Dans cet esprit, au point 6.5 intitulé « favoriser la coopération en matière de réadmission et de réintégration », la communication de la Commission européenne relative au nouveau Pacte, traduit l’attention obsessionnelle de l’UE sur la réadmission.

    En effet, à la page 25, l’impératif suivant est mis en avant : « Il faut avant tout mettre pleinement et efficacement en œuvre les vingt-quatre accords et arrangements européens existants en matière de réadmission avec les pays tiers », il s’agit ici non pas des accords bilatéraux signés par les États membres mais des accords communautaires conclus par l’EU en tant que telle, achever les négociations de réadmission en cours et, si nécessaire, lancer de nouvelles négociations et trouver des solutions pratiques afin d’accroître le nombre de retours effectifs.

    Dans la perspective d’intensifier concrètement la réadmission et les retours, la Commission énonce certaines mesures qui vont être prises pour être opérationnalisées, en particulier l’établissement d’un système commun de l’UE en matière de retour, qui requiert la mise en place de règles et de procédures claires; la mise en place d’une gouvernance solide en matière de retour avec la désignation d’un coordinateur chargé des retours, qui pourra s’appuyer sur un réseau de haut niveau et collaborant étroitement avec l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), qui joue le rôle de police des frontières extérieures de l’UE.

    Ainsi, la préoccupation centrale de l’UE est de s’attacher avant tout à cette recherche d’efficacité en matière de retour, plutôt qu’à la mise en place de garanties concrètes de protection des droits humains des migrants en situation administrative irrégulière.

    Avec cet impératif, il est devenu impossible pour les États d’origine ou de transit cibles, de coopérer avec l’UE dans un domaine spécifique quelconque, sans que les objectifs européens en matière migratoire ne soient imposés. En d’autres termes, la question migratoire devient une condition centrale incontournable dans tous les secteurs et domaines de coopération de l’UE avec les États tiers.

    L’UE lie ainsi toutes ses propositions à un pays du voisinage, à la signature d’un accord communautaire de réadmission. De la sorte, l’externalisation de la politique européenne de réadmission cherche moins la promotion des droits fondamentaux des migrants « sans-papiers », que l’implication des États du voisinage, en particulier dans le contrôle frontalier ainsi que le retour forcé et la réadmission, comme c’est le cas pour le Maroc.

    Jusqu’à présent, l’UE a signé 15 accords communautaires de réadmission avec le pays suivant : l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, Hong Kong, le Cap-Vert, Macao, la Macédoine Du Nord, la Moldavie, le Monténégro, l’Ukraine, le Pakistan, la Russie, la Serbie, le Sri Lanka, Bosnie-Herzégovine, Biélorussie et la Turquie.

    Sur incitation et instigation de l’Espagne, le projet d’accord communautaire de réadmission UE-Maroc est sur la table depuis 2000. Bien que sa conclusion « imminente » ait été annoncée par la partie européenne à plusieurs reprises au cours des vingt dernières années, le blocage persiste. Les autres États tiers partenaires potentiels sont les suivants : Chine, Algérie, Tunisie, Mali, Nigeria. L’UE a signé également six arrangements en matière de réadmission avec les pays suivants : Afghanistan, Gambie, Guinée, Bangladesh, Ethiopie et Côte d’Ivoire. Par ailleurs, des dispositions relatives à la réadmission sont également présentes dans des accords plus généraux de l’UE avec certains pays tiers ou région, comme l’accord succédant à l’accord de Cotonou entre l’UE et 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, au sujet duquel un accord a été paraphé le 15 avril 2021, la signature formelle définitive devant avoir lieu le second semestre de 2021.

    Arrêtons-nous donc sur la dimension de la réadmission à partir de l’Union européenne pour le cas du Maroc.

    Quelles sont les exigences attendues du Maroc par l’UE en matière de réadmission ? Comment peut-on expliquer le refus par le Maroc de signer l’accord communautaire de réadmission, en discussion depuis pratiquement le début de ce siècle ? L’accord de réadmission n’étant pas encore conclu jusqu’à présent, quelles pourraient en être les raisons majeures ? Comment expliquer la résistance marocaine et quel impact pourrait avoir le nouveau pacte sur les négociations euro-marocaines sur la réadmission ?

    L’interpellation du Maroc par l’UE concernant la réadmission

    Déjà en 1996, dans le cadre de l’Accord d’association, l’UE était parvenue à imposer au Maroc l’acceptation de négocier la réadmission des migrants en situation irrégulière. L’article 71, alinéa B de cet accord prévoit « la réinsertion des personnes rapatriées en raison du caractère illégal de la situation au regard de la législation de l’ État considéré ». Par ailleurs, au Conseil européen de Tampere en Finlande des 15 et 16 octobre 1999, qui a jeté les bases à de l’élaboration d’une politique européenne commune « dans les domaines distincts  mais étroitement liés de l’asile et des migrations », les conclusions du sommet ont préconisé, outre un partenariat avec les pays d’origine et de transit à travers une approche globale des migrations (aspects politiques, développement), « une gestion plus efficace des flux migratoires » et la « nécessité d’exercer aux frontières extérieures un contrôle cohérent afin de stopper l’immigration clandestine (…) ».

    Lors du même conseil européen, ont été adoptés également des rapports spécifiques établis sur le Maroc, l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie et le Sri Lanka par le Groupe de Haut Niveau Asile Migration, institué par le Conseil en décembre 1998. Établi à la demande expresse de l’Espagne, qui s’est sentie plus concerné, compte tenu du voisinage immédiat (Détroit De Gibraltar et les deux présides Sebta et Melilla encore colonisés par l’Espagne), le Plan d’action Maroc d’inspiration ultra sécuritaire comme les cinq autres, proposait en particulier, sur l’impulsion de l’Espagne, la signature entre l’Union européenne et le Maroc d’un accord communautaire de réadmission des migrants en situation irrégulière qui engage par conséquent l’ensemble de l’Union. C’est sur cette base que le Conseil a donné à la Commission européenne (à laquelle la compétence pour négocier de tels accords a été transférée en 1999), un mandat de négociations avec une série de pays dont le Maroc, pour la conclusion de cet accord.

    Maillon essentiel de la lutte contre l’immigration irrégulière ou clandestine, l’accord communautaire de réadmission est un instrument technique de prédilection de la politique migratoire des pays du dispositif. Il établit, sur une base de réciprocité, les conditions dans lesquelles doit être effectué le retour forcé vers les pays contractants des populations étrangères dont le séjour n’est pas ou n’est plus autorisé sur le territoire de l’autre partie. L’accord prévoit des obligations, fixe les modalités et les procédures de cette opération et facilite le retour contraint (champ d’application, gestion opérationnelle, comme le laissez-passer, financement et prise en charge, délais…).

    Au travers du projet d’accord communautaire de réadmission entre l’Union européenne et le Maroc, les exigences et engagements attendus de ce derniers pays (pays requis) par la partie requérante (UE) sont multiples: rapidité d’exécution ; extension de l’accord aux immigrés étrangers en situation irrégulière en Europe, présumés avoir transité par le Maroc avant de rejoindre le territoire de l’Union ; prise de relais par le Maroc de la réadmission vers les pays d’origine des irréguliers venant d’Europe. Voyons de plus près ces exigences européennes.

    La célérité d’abord

    Présentée comme une procédure administrative et opérationnelle, la réadmission concerne l’éloignement rapide d’étrangers considérés comme non autorisés à séjourner dans le pays concerné. Elle revient à faciliter le renvoi contraint et forcé vers le pays d’origine ou de transit des migrants appréhendés, dés en situation irrégulière par le territoire de l’ État de séjour ? Sont concernés non seulement les ressortissants des parties contractantes à un accord, mais aussi les ressortissants de pays-tiers ainsi que les apatrides ayant transité sur le territoire des parties contractantes.

    Ce qui est recherché dans le projet d’accord euro-marocain, c’est la rapidité et l’efficacité de la réadmission d’abord des nationaux marocains, qui ne doit souffrir aucune entrave de procédure par les consulats marocains, qui doivent fournir notamment des laissez-passer, aussi bien pour ceux entrés illégalement que pour les personnes qui ne répondent plus aux critères fixés par la législation en cours concernant le séjour dans les différents État membres de l’UE. Dans ces deux cas, le Maroc s’engage selon le projet communautaire à établir « des procédures rapides et efficaces d’identification et de renvoi ».

    Marocains irréguliers et étrangers « illégaux » en Europe en transit par le Maroc 

    Dans les négociations euro-marocaines visant la conclusion d’un accord communautaire de réadmission des nationaux marocains des ressortissants de pays-tiers ayant transité par le territoire marocain, les deux exigences sont indissociables. Dans la communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen relative à une politique communautaire en matière de retour des personnes en séjour irrégulier, en date de 2002, la Commission européenne précise que les accords de réadmission visent à faciliter l’éloignement : « des personnes qui ne remplissent pas ou ne remplissent plus leur condition d’entrée, de présence ou de séjour dans l’État requérant ».

    Il y a d’abord la réadmission des ressortissants marocains. Dans l’article 2 du projet d’accord de réadmission, il est précisé que : « le Maroc réadmet, à la demande d’un État membre de l’UE et sans formalités, toute personne qui, se trouvant sur le territoire de l’État membre requérant, ne remplit pas ou ne remplit plus les conditions d’entrée, de séjour en vigueur, lorsqu’il est établi ou valablement présumé, sur la base du commencement de preuve fournie, la nationalité du Maroc ».

    Cependant, le projet d’accord de réadmission que l’Union européenne s’est fixé de faire entériner par le Maroc, concerne également la réadmission de ressortissants de pays tiers ou même d’apatrides. C’est ainsi que l’article 3 stipule que « le Maroc admet, à la demande d’un État membre de l’UE et sans formalités, toute personne qui, se trouvant sur le territoire d’un État membre, ayant transité par le Maroc, ne remplit pas ou ne remplit plus les conditions d’entrée, de présence ou de séjour en vigueur sur l’État membre requérant, lorsqu’il est établi ou valablement présumé, sur la base du commencement de preuve fournie que ces personnes : 

    1. sont en possession d’un visa ou d’un permis de séjour en cours de validité par le Maroc, ou 
    2. sont entrés sur le territoire des États membres de manière illégale en provenance du Maroc » (alinéa 1 l’article 3 du projet d’accord de réadmission UE-Maroc).

    Dans ce cas, la même procédure de délivrance des document de voyage que pour les ressortissants marocains doit être suivie par le Maroc, sinon l’UE lui imposera un document type de voyage aux fins d’expulsions vers le Maroc : « Si le Maroc n’a pas répondu à la demande d’un État dans les 15 jours, il sera supposé accepter l’utilisation du document type d’expulsion » (JOI 1996 c 274, p.18) .

    L’annexe trois du projet d’accord euro-marocains, euro-marocain énumère les listes communes des documents qui sont considérés comme une preuve des conditions de réadmission des ressortissants des pays tiers et des apatrides :

    • timbres d’entrée/ départ ou aval similaire dans le document de voyage du sujet
    • billets ainsi que certificats et notes de tout genre (par exemple des notes d’hôtel, des cartes de rendez-vous pour les médecins-dentistes, cartes d’entrée pour les institutions publiques/ privées, etc. qui montre clairement que le sujet est resté sur le territoire de l’ État requis
    • informations montrant que le sujet a utilisé les services d’un courrier ou d’une agence de voyage
    • déclaration officielle faite, notamment, par le personnel de l’autorité de frontière et d’autres témoins qui peuvent témoigner à propos du sujet concerné par la traversée de la frontière
    • description du lieu et des circonstances dans lesquelles le sujet a été intercepté son entrée sur le territoire de l’ État requérant
    • informations se rapportant à l’identité et/ou au séjour d’émanant d’une organisation internationale (OIM/ HCR)
    • rapports/ confirmation d’information par des membres de la famille, des compagnons de vie etc.
    • déclaration d’un sujet, (…)

    Accords en chaîne à signer par le Maroc, en particulier avec les pays subsahariens

    Précisons ici que, selon l’article 13 du projet d’accord communautaire de réadmission décrivant la procédure de transit, celui-ci peut ne pas se limiter au Maroc, mais aller jusqu’à la frontière de l’État de destination finale. Ceci sous-entend que l’UE (ou bien le Maroc avec l’aide de l’UE) va, dans le cadre d’un « réseau », établir des accords de « libre-échange » particuliers, à l’intérieur de la zone migratoire potentielle pour pouvoir organiser le transit. Deux situations pour le Maroc peuvent se présenter :

    • « si le transit est effectué par voie aérienne, la personne à remettre et les escortes éventuelles sont exemptées du devoir d’obtention d’un visa de transit d’aéroport.
    • si le transit est effectué par d’autres voies, les autorités compétentes de l’État requis (le Maroc), sous réserve de consultations mutuelles, soutiennent le transit, notamment par la surveillance des personnes en question et la mise à disposition des équipement appropriés à cet effet. » (Point 4 de l’article 13).

    La réflexion des auteurs du Plan d’Action Maroc (dans le cadre de la politique européenne de voisinage), adopté le 17 décembre 2004 par le Conseil européen, va dans ce sens puisque, dans le cadre de la prévention et lutte contre la migration illégale vers et à travers le Maroc, une des mesures prises, faisant allusion à la clause de réadmission insérée dans l’article 13 de l’accord de Cotonou, consiste dans « l’action de l’UE en amont auprès des pays d’origine et de transit et mise en œuvre effective des accords ACP en particulier en matière de réadmission ».

    Ceci veut dire par exemple qu’un migrant verra sa demande d’asile examinée dans le pays de renvoi ou le pays de transit dans lequel il a été admis, ou sera renvoyé dans son pays de transit avec son pays d’origine.

    Ceci signifie en particulier que le projet d’accord communautaire UE-Maroc, de réadmission des migrants en situation irrégulière, va demander la mise en place de centres de rétention ou de détention pour abriter ces irréguliers. Il s’agit aussi de sécuriser ces camps, de permettre l’identification des refoulés et de s’assurer que les réadmis ne quittent à nouveau le Maroc, à destination de l’Union européennes, ce qui est redouté au plus haut point par l’Europe. Les conditions et procédures de réadmission sont ensuite précisées dans le projet d’accord.

    […]

    *Abdelkrim Belguendouz est analyste et observateur actif de la scène migratoire marocaine. Cet universitaire marocain est l’auteur de plusieurs ouvrages et d’études en matière de migration et d’émigration notamment sur les politiques publiques adressées à la communauté marocaine résidante à l’étranger.

    Partie 2 **

    Relevons que depuis 2003, année du lancement du dialogue formel (après deux années de discussions informelles) euro-marocain pour l’établissement d’un accord communautaire de réadmission des immigrés irréguliers avec l’Union européenne (Marocains en situation administrative irrégulière en Europe et migrants présumés avoir transité par le Maroc, principalement Africains subsahariens), les responsables européens au niveau communautaire ou à celui des États de l’UE, n’ont cessé d’exercer d’énormes pressions et chantage pour amener Rabat à s’y soumettre. Cette obsession de la réadmission a été présentée soit pour rappeler l’importance cruciale d’un tel accord, soit pour regretter la non signature du Maroc ou alors pour donner un “ ultimatum” ou fixer de manière arrogante une date impérative de conclusion de l’accord par le Maroc. Prenons quelques exemples parmi tant d’autres.

    Dans sa déclaration à l’occasion du 5ème Conseil d’association UE-Maroc tenu le 23 novembre 2005, l’UE note, avec un brin d’irritation et d’impatience à peine retenues, que: « le projet d’accord sur la réadmission a déjà fait l’objet de huit cycles de négociations. Elle invite le Maroc à poursuivre les progrès en vue de conclure un accord de réadmission avant la fin de cette année ».

    Chantage certain et d’une nette conditionnalité

    Trois années plus tard, lors du septième Conseil d’association UE-Maroc tenu à Luxembourg le 13 octobre 2008, on observe la formulation d’un chantage certain et d’une nette conditionnalité dans la Déclaration de l’UE sur le statut avancé accordé au Maroc, Bruxelles ayant recours à son poids politique et économique pour tenter de faire plier Rabat, en l’acculant à finaliser l’accord communautaire de réadmission et satisfaire ainsi son exigence. Dans le point 26 de ce document, il est mentionné que l’approfondissement du dialogue bilatéral pour la concrétisation de ce statut avancé qui renvoie à un vaste domaine, nécessitant une approche globale, est conditionné et subordonné plus particulièrement à la prise en charge de manière responsable et sérieuse par le Maroc de la réadmission par la signature en la matière d’un accord communautaire avec l’UE. Sur ce plan, l’UE déclare clairement sans la moindre réticence ou hésitation, qu’elle est « prête à développer sa coopération avec le Maroc (…) dès que les négociations avec la Commission européenne et le Maroc relatives à l’accord de réadmission auront été achevées avec succès ».

    En clair, tant que l’accord de réadmission n’est pas signé, il ne peut y’avoir de possibilité de développement ou d’approfondissement de la coopération et du partenariat bilatéral dans ses aspects et dimensions multiples. Or cette politique de conditionnalité suivie par l’UE est aux antipodes du principe de réciprocité et de l’esprit partenarial, consacré nettement par le partenariat euro-méditerranéen de Barcelone.

    En termes moins diplomatiques encore et prenant une attitude de maître à élève, l’ambassadeur en poste à l’époque de l’UE à Rabat, Eneko Landaburu, s’était habitué à exercer le forcing sur le Maroc, à le sommer à des échéances à respecter coûte que coûte.

    C’est ainsi que dans une longue interview accordée au journal casablancais « Akhbar Al Yaoum » du 22 mars 2010, il déclarait notamment : « Pas de partenariat avancé avec le Maroc sans reprise des immigrés clandestins ayant transité par le Maroc».
    Pour l’ambassadeur de l’UE de l’époque, cette exigence devrait se concrétiser impérativement courant 2010…

    Fin février 2011, lors d’une conférence de presse, le même ambassadeur déclarait de manière catégorique: « il n’y a aura pas d’avancées sur la facilitation des visas sans qu’au préalable, un accord soit trouvé et signé sur la réadmission » (La Nouvelle Tribune du Maroc, n°733 du 3 mars 2011).
    Cet aspect a été fréquemment soulevé par les responsables et les diplomates UE à Rabat pour que l’opinion publique marocaine elle-même, qui ne cesse de demander l’assouplissement de l’octroi du visa européen, exerce de fortes pressions sur le gouvernement marocain pour qu’il cède à cette « ouverture » et « générosité » de l’UE.

    L’autre exemple de chantage est la « Déclaration conjointe établissant un partenariat de mobilité entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne et ses États membres » (7 juin 2013), qui prévoit que l’accord sur les possibilités de facilitation de délivrance des visas, ne peut être conclu que si de manière parallèle, simultanée et comme condition incontournable, le Maroc signe avec l’UE l’accord communautaire de réadmission avancé par la Commission européenne depuis s l’ouverture des négociations en septembre 2000.

    Par ailleurs, datée du 6 mars 2016 sous le titre « rapport d’avancement sur la mise en œuvre de l’agenda européen en matière de migration », la communication de la Commission au Parlement européens et au Conseil européens précise à la page 14 : « Des négociations sont en cours avec le Nigeria, la Tunisie et la Chine et celles avec le Maroc devraient reprendre rapidement. Lorsque cela est nécessaire, un plus large éventail de leviers, relevant de toutes les politiques pertinentes de l’UE, devrait être actionné en étroite coordination avec les leviers utilisés au niveau des États membres. La politique de l’UE en matière de visas a déjà contribué à faciliter les négociations sur la réadmission et le mécanisme de suspension de l’exemption de visa a aidé à contrôler étroitement les obligations dans le domaine de la réadmission » (COM (2019)126 final).

    Dix-sept rounds formels depuis 2003

    Cependant, après quelques 17 rounds formels depuis 2003 et quatre ateliers sur le flagrant délit (ces derniers organisés par l’OIM), et en dépit de la pression continue, de la conditionnalité permanente, du forcing et du chantage incessant, la résistance marocaine a été continue jusqu’à nos jours en juillet 2021, selon toute vraisemblance d’après nous, sur directives du sommet de l’État marocain, ce qui n’empêche nullement Bruxelles de continuer à insister, persister et signer en la matière.

    Dernièrement, à la suite des événements de Sebta de fin mai 2021, le Parlement européen, au lieu de combattre les accords communautaires de réadmission comme contraires aux droits humains, s’est inscrit dans la même logique. Dans sa résolution du 10 juin 2021 sur la migration des mineurs marocains, il critique au même moment de façon indirecte le Maroc pour tarder à signer l’accord général de réadmission avec l’UE, puis plus particulièrement le Maroc afin de passer très rapidement à son exécution, comme si ce type d’accord devrait être conclu coûte que coûte et qu’il ne soulevait pas des objections majeures à prendre en compte nécessairement.

    *Abdelkrim Belguendouz est un analyste et observateur actif de la scène migratoire marocaine. Cet universitaire marocain est l’auteur de plusieurs ouvrages et d’études en matière de migration et d’émigration notamment sur les politiques publiques adressées à la communauté marocaine résidante à l’étranger.

    ** Maroc, réservoir de talents et de compétences…Pour l’UE. Alerte au nouveau pacte européen CONTRE la migration et l’asile…des Africains, Rabat (2021).

    Enass Media, 16/02/2022

    Lire aussi : Maroc-UE: Projet d’accord sur la réadmission des clandestins

    #Maroc #UE #Immigration #Réadmission

  • Plus de 7000 migrants tunisiens ont atteint l’Italie en 7 mois

    Tunisie, Italie, Immigration,

    TUNIS, 31 juillet (Xinhua) — Au total, 7.170 migrants tunisiens ont réussi à atteindre illégalement les côtes italiennes au cours des sept premiers mois de 2022, a rapporté dimanche la station de radio privée Mosaïque FM.

    « Les migrants tunisiens représentent le plus grand nombre parmi toutes les nationalités enregistrées qui sont arrivés illégalement en Italie », a déclaré Mosaïque FM, citant des chiffres du ministère italien de l’Intérieur.

    Le nombre de migrants tentant d’atteindre l’Italie depuis les côtes tunisiennes augmente généralement en été en raison des bonnes conditions météorologiques.

    Chaque année, des milliers de migrants tentent de traverser illégalement la Méditerranée depuis la Tunisie, ce pays d’Afrique du Nord étant l’un des principaux points d’accès à l’Europe par des voies irrégulières.

    Source : Xinhua 2022-07-31

    #Tunisie #Italie #Immigration

  • Espagne-Maroc: L’accord d’immigration tombe à l’eau à Melilla

    Espagne-Maroc: L’accord d’immigration tombe à l’eau à Melilla

    Espagne, Maroc, Melilla, immigration, migrants africains,

    Vendredi 24 juin, 27 réfugiés sont morts en tentant de franchir la frontière maroco-espagnole à Melilla, dans le nord du Maroc. Deux policiers sont également morts. La tragédie s’est produite lorsque plusieurs centaines de réfugiés ont tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla, près de la ville de Nador. Cette enclave, ainsi qu’une autre enclave à Ceuta, est l’un des derniers héritages territoriaux de la colonisation. Ces enclaves sont les seules frontières terrestres avec l’Union européenne sur le continent africain.

    Un communiqué de presse officiel de la préfecture de Nador résume le drame comme suit : « La tentative d’entrée illégale a commencé à 6 h 40 avec un groupe de 2 000 migrants s’approchant de Melilla. Plus de 500 d’entre eux, originaires d’Afrique subsaharienne, ont forcé l’entrée du poste frontière à l’aide de cisailles métalliques. 133 ont réussi à entrer. Au cours de la bousculade, 18 migrants ont été tués en tombant de la porte en fer. Ce qui est remarquable dans cette attaque, c’est que les migrants ont utilisé des méthodes très violentes ». Depuis vendredi, cinq autres des centaines de blessés ont succombé à leurs blessures. Par l’intermédiaire du Premier ministre Pedro Sanchez, le gouvernement espagnol contredit la version marocaine en assumant et en reconnaissant que les morts ne sont pas le résultat de l’assaut, mais des actions des forces de sécurité espagnoles et marocaines : « La gendarmerie marocaine avait travaillé en coordination avec les forces de sécurité (espagnoles) pour repousser cet assaut. Si quelqu’un est responsable de ce qui s’est passé à la frontière, ce sont les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains près d’une ville qui est un territoire espagnol. Par conséquent, il s’agissait d’une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays. »

    La plupart des journaux ont décrit les faits sans les replacer dans leur contexte économique et historique. Le résultat d’une telle réduction est que les gens commencent à voir le drame de Melilla comme une tragédie pour laquelle personne n’est à blâmer ou comme un malheur africain fatal contre lequel les États sont impuissants. La réalité est bien sûr très différente, et pour bien la comprendre, il est nécessaire de tenir compte d’éléments contextuels essentiels.

    Ceuta et Melilla : des paradis fiscaux

    La première, bien sûr, est l’existence même des villes autonomes espagnoles de Ceuta et Melilla. Depuis son indépendance en 1956, le Maroc a réclamé à juste titre la restitution de ces deux villes, que la Constitution espagnole de 1978 considère comme faisant partie intégrante du territoire espagnol. Les deux villes bénéficient également du statut officiel de zones franches, c’est-à-dire exemptes de droits de douane, depuis plus d’un siècle. Lorsque l’Espagne a rejoint l’Union européenne en 1986, ils sont devenus des ports francs européens, éligibles aux fonds structurels européens mais non soumis à la fiscalité, notamment à la TVA. Le résultat de ce statut exceptionnel ne s’est pas fait attendre. Ceuta et Melilla sont devenues des oasis de prospérité dans un désert de misère. Les habitants des régions de Tétouan et de Nador peuvent entrer dans ces villes sans visa, vendre leurs produits frais et repartir avec de gros ballots de marchandises européennes hors taxes qu’ils revendent ensuite chez eux. L’écart entre le niveau de vie de ces deux villes et celui des régions marocaines voisines a naturellement suscité des appels à la migration, d’abord du Maroc, puis de l’Afrique subsaharienne. Chaque année, près de 50 000 personnes tentent d’entrer dans l’une de ces deux villes, soit pour s’y installer, soit pour se rendre en Europe. Dans l’attente de leur chance, les candidats à l’immigration se rassemblent dans des camps temporaires dans les forêts marocaines voisines.

    Clôture de six mètres de haut

    Le deuxième élément contextuel à prendre en compte est la réaction de l’Espagne et de l’Union européenne face à cette situation économique intenable. Tout ce qu’ils ont fait, c’est fermer les frontières et renforcer la répression contre les candidats à l’immigration. La frontière de Ceuta, longue de huit kilomètres, et celle de Melilla, longue de douze kilomètres, ont été dotées d’une double clôture avec des miradors, des projecteurs, des radars, des distributeurs automatiques de gaz lacrymogènes et des barrières dissuasives. En 1995, l’Union européenne a investi massivement pour porter la clôture initiale de trois mètres à six mètres et l’équiper d’un système de surveillance par radars et caméras infrarouges. L’image de ces barrières est très proche de celle d’un camp de concentration nazi « inversé » : ici, la mort n’est pas causée par une tentative de fuite, mais par une tentative d’entrée. Une telle mesure purement sécuritaire ne peut que conduire à des tragédies répétées comme celle d’octobre 2005. Dans un scénario similaire à celui de cette année, une douzaine de victimes ont été tuées par balles.

    Externaliser le sale boulot

    Le troisième élément de contextualisation est la politique migratoire de l’Union européenne qui consiste à externaliser le contrôle des frontières vers le continent africain. En subventionnant les États africains et en les faisant chanter pour obtenir des prêts et des aides, l’Union européenne confie le sale boulot d’oppression des Africains à d’autres Africains. Chaque accord entre l’Union européenne et un pays africain comporte désormais une clause relative à l’enfermement et à l’expulsion des migrants. La sociologue Anaik Pian résume ainsi le durcissement de la politique sécuritaire du Maroc à l’égard des candidats à l’immigration : « Sous la pression de l’Union européenne pour renforcer les contrôles à ses frontières, le Maroc a adopté en 2003 une nouvelle loi relative à ‘l’arrivée et au séjour des étrangers au Maroc et à l’émigration et l’immigration irrégulières’. Cette nouvelle législation, étroitement contrôlée, vise à empêcher la transmigration vers les pays européens. Depuis lors, la répression des autorités marocaines s’est intensifiée. Les raids se multiplient, les déportations se multiplient, la violence augmente et les forces de l’ordre bloquent régulièrement les camps en contrôlant leurs entrées et sorties ». Le Maroc est tout sauf un cas isolé, même s’il occupe une place particulière dans la stratégie de l’Union européenne. La ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, a déclaré à propos de ce déplacement de frontière en janvier 2021 : « Nous avons des accords de coopération pour gérer les flux migratoires avec des pays comme le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui prévoient également la possibilité de renvoyer les migrants qui se trouvent en Espagne de manière illégale ». Le Maroc est le pays avec lequel nous avons les liens les plus étroits après l’Europe ».

    Reconnaissance du Sahara occidental comme Marocain

    Un dernier élément du contexte est l’instrumentalisation par le Maroc de la question du contrôle des frontières : il veut amener l’Espagne et l’Union européenne à reconnaître le Sahara occidental comme marocain. Le roi du Maroc Mohamed VI avait déjà tenté de normaliser ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance officielle par les États-Unis du caractère marocain du Sahara occidental. Le 10 décembre 2020, Donald Trump a déclaré dans un communiqué officiel : « Une nouvelle avancée historique aujourd’hui est le fait que nos deux grands amis Israël et le Royaume du Maroc ont accepté de normaliser pleinement leurs relations diplomatiques. C’est un grand pas en avant pour la paix au Moyen-Orient. Pour le Sahara Occidental, la proposition sérieuse et réaliste d’autonomie du Maroc est la seule base pour une solution juste et durable qui garantira la paix et la prospérité ». La même logique s’applique aux relations entre le Maroc et l’Espagne. Officiellement, jusqu’à récemment, l’Espagne soutenait la position de l’ONU, qui préconise un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Le Maroc menace régulièrement de ne plus contrôler les flux migratoires vers Ceuta et Melilla. Par exemple, lorsqu’en avril 2021 le gouvernement espagnol a décidé d’accueillir Brahim Ghali, le représentant du Front Polisario, le mouvement indépendantiste du peuple sahraoui, pour des raisons médicales, les forces de police marocaines ont laissé passer 10 000 candidats à l’immigration par la plage ou la mer jusqu’à Ceuta pendant plusieurs jours. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a qualifié « l’initiative marocaine de chantage et de violation des frontières de l’Espagne et de l’Union européenne ». Il est inacceptable d’ouvrir les frontières pour que 10 000 migrants puissent entrer dans une ville espagnole en moins de 48 heures à cause de désaccords de politique étrangère ». Un an plus tard, en mars, le gouvernement espagnol cède aux pressions marocaines en reconnaissant le caractère marocain du Sahara. Pedro Sanchez a ensuite déclaré : « Le plan d’autonomie de 2007 sous souveraineté marocaine est la base la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible pour résoudre ce différend ». En échange, il a reçu la garantie que les forces de police marocaines participeraient davantage à la répression des migrants. La tragédie de vendredi dernier à Melilla est l’aboutissement logique de ces sales négociations entre États, dans un contexte d’appauvrissement croissant des pays africains et d’externalisation du sale boulot répressif qu’est le contrôle des frontières.

    En omettant de mentionner ces faits, les médias grand public contribuent à rendre la situation incompréhensible. Pour les lecteurs et les auditeurs européens, il s’agit donc d’une tragédie inévitable causée par un flux migratoire massif dont l’Europe doit se protéger. Cependant, ces quelques dizaines de milliers de candidats à l’immigration ne sont rien comparés aux millions de réfugiés ukrainiens qui ont été accueillis en Europe en quelques semaines.

    DeWereldMorgen.be, 05 JUI 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Immigration #Migrants_africains

  • Algérie: Paris refuse le visa à des dizaines de députés

    Algérie, France, visas, Emmanuel Macron, Parlementaires, députés, immigration, rappatriement des clandestins,

    Selon Al Arabi Aljadid, le consulat de France en Algérie a récemment refusé d’accorder des visas à des dizaines de membres du parlement algérien, suite à une décision politique annoncée par le président Emmanuel Macron début octobre dernier qui prévoit l’annulation du privilège d’obtention de visas pour les fonctionnaires algériens.

    Cela intervient dans le contexte d’une crise politique qui a résulté du refus de l’Algérie de faciliter l’expulsion de ses ressortissants qui se trouvent en situation irrégulière. Une crise qui s’est compliquée plus tard à la suite des déclarations provocatrices de Macron contre l’Algérie.

    Selon la même source qui cite une source parlementaire au parlement algérien, l’administration du parlement n’avait pas réussi à obtenir des visas pour les parlementaires au consulat de France en Algérie, en raison des atermoiements du consulat et du refus d’accorder des visas Schengen à 150 députés. Le bureau chargé des visas et des relations publiques au Parlement a déposé leurs passeports au consulat de France.

    Il a ajouté que les passeports des députés sont restés au consulat de France pendant quatre mois, avant que l’administration du parlement ne décide de les récupérer et d’en transférer une partie vers d’autres consulats européens, dont le consulat italien, précise Al Araby Aljadid.

    #Algérie #France #Visa #Députés #Macron



  • Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne, Maroc, immigration, trafic,

    La police nationale espagnole a annoncé, jeudi, avoir démantelé un réseau facilitant l’immigration irrégulière depuis le Maroc. Les arrestations ont eu lieu à Algésiras, Murcie et Almería dans le cadre du démantèlement de ce réseau qui est parvenu à introduire 800 personnes en Espagne, rapporte Ceuta TV.

    Au total, quatre personnes ont été arrêtées dans les provinces de Cadix, Murcie et Almería. Le réseau a obtenu plus de 1 200 000 euros de bénéfices, en utilisant «des bateaux précaires de type patera, avec lesquels ils transportaient des migrants sur la côte espagnole», poursuit la même source, précisant que chaque migrant payait en moyenne 1 500 euros.

    Les bateaux effectuaient plusieurs rotations pour transporter plus de migrants en Espagne, alors que le réseau facilitait leur retour au Maroc pour maintenir ce trafic d’êtres humains. Les personnes visées étaient principalement des candidats ayant déjà tenté de migrer de manière irrégulière, parfois cachées dans la cabine d’un camion et même parmi dans les bagages, explique-t-on.

    Les détenus ont été accusés de «crimes d’appartenance à une organisation criminelle et crimes contre les droits des citoyens étrangers», conclut Ceuta TV.

    #Espagne #Maroc #Immigration #Trafic

  • Belgique: Comment le Maroc infiltre l’immigration et les institutions

    Belgique: Comment le Maroc infiltre l’immigration et les institutions

    Belgique, Maroc, RMI, immigration, communauté marocaine, lobbying,

    Le Makhzen ne ménage aucun effort afin de maintenir sa domination sur les ressortissants marocains installés sur le sol belge et qui restent néanmoins les esclaves soumis de la monarchie féodale, vassale du sionisme. Notre attention a été attirée par un ancien article daté de février 2010 de Baudouin Loos, journaliste du quotidien belge Le Soir, dans lequel il rapporte différents témoignages où l’on peut lire que le Makhzen s’efforce de récupérer des dizaines d’élus belges issus de l’immigration marocaine, et que la grande majorité de ceux-ci sont régulièrement invités par Rabat, le roitelet du Maroc s’assurant de leur allégeance. Comment s’en étonner, sachant que la pédophilie est très répandue surtout dans l’élite politique belge (voir les affirmations de Laurent Louis au parlement belge) et que le tourisme sexuel se pratique couramment au Maroc ; ces phénomènes sont très liés et constituent les deux facettes de la même médaille.

    Pour le député national Ecolo Fouad Lahssaini, «il est dommage que beaucoup d’élus issus de l’immigration n’ont pas envers l’avenir du Maroc une position consistant à promouvoir la démocratie et une économie saine, car le Makhzen, relais du conservatisme et du chauvinisme au Maroc, paralyse le développement et la vision des Lumières. Or, les Marocains ici ou là-bas n’attendent que cela : la démocratie et la transparence». Certaines sources évoquent même l’existence d’une cinquième colonne, puisque la plupart des élus belgo-marocains appartenant aux trois grands partis traditionnels sont loyaux au Makhzen comme, parmi tant d’autres, Abdelrhani Belhaloumi, conseiller communal écolo à Saint-Gilles, Mostafa Ouezekhti, PRL-FDF, et Fouad Ahidar, PS.

    Des Belges ont également succombé au chant des sirènes, comme Philippe Moureaux, ténor du Parti socialiste, ministre d’Etat, sénateur et ancien maire socialiste de Molenbeek, commune bruxelloise, époux en secondes noces d’une Belgo-Marocaine de 35 ans sa cadette, et qui a organisé des soirées en faveur de la marocanité du Sahara Occidental financées avec l’argent public. Philippe Moureaux, l’arroseur arrosé, a été éjecté de son fauteuil de bourgmestre, malgré son dévouement au Makhzen et son soutien inconditionnel au Maroc dans le dossier du Sahara Occidental. Retourner sa veste au gré du vent étant dans leur nature, les Marocains ont choisi un autre maître issu du Parti libéral. Dure a été la chute de Philippe Moureaux.

    Les propos tenus dans l’article du Soir n’ayant jamais été démentis, la véracité des témoignages s’avère donc le reflet de la réalité. Ainsi, d’après ces éléments, les nombreuses associations marocaines qui pullulent sur le territoire belge, les mosquées, les grands partis traditionnels, les conseils municipaux, les parlements et même le gouvernement sont tous infiltrés par des gens à la solde d’un Etat étranger. L’immigration marocaine en Belgique représentant environ 1 400 000 individus, la plus grande majorité d’entre elle vit dans la crainte du Makhzen qui exerce une pression en permanence. La présence des services secrets marocains en Belgique a d’ailleurs déjà provoqué quelques problèmes à la Sûreté de l’Etat belge dont le chef, Alain Winants, a dû exiger le rappel de trois agents au Maroc en 2008 pour leur «ingérence» et autres «activités hostiles».

    Le rapport 2008 de la Sûreté belge signalait que le lobbying pouvait signifier «pousser une communauté à défendre les intérêts de son pays d’origine, parfois au détriment de ceux de son pays d’accueil, l’idée étant de rappeler qu’une communauté doit avant tout allégeance à son pays». L’ambassadeur du Maroc à Bruxelles, Samir Addahre, a déclaré dans un journal belge en septembre 2010 que l’intégrisme a pris pied en Belgique et que des poseurs de bombes s’y sont introduits, et que «dans le cadre d’une action concertée, le Maroc encadre la communauté marocaine de Belgique, en conformité avec les valeurs de tolérance et d’ouverture que nos deux pays partagent», confirmant ainsi l’influence du Maroc sur sa diaspora. Dont acte. Nul besoin d’ailleurs d’être professionnel pour exercer des activités de surveillance, de simples citoyens jouent les indicateurs, comme l’affirment d’autres témoignages qui évoquent le fait que bien des Marocains se portent volontaires par «patriotisme», pour les honneurs, des intérêts commerciaux ou même des petits trafics à protéger.

    Un député d’origine marocaine raconte les pressions qu’il a subies lorsqu’il a été invité en 2008 à une conférence dédiée à la position belge sur le Sahara Occidental, et où 90 % du public était composé de perturbateurs. Un caméraman filmait tout ce qui s’y déroulait à l’affût du moindre propos contraire aux intérêts marocains et les propos du député lui ont valu d’être qualifié de traître et de recevoir plus tard des menaces de mort. Il est des sujets qui ne doivent pas être évoqués sous peine d’être insulté, menacé, voire tabassé. Une marche citoyenne de la communauté belgo-marocaine s’est déroulée le 4 novembre 2012 pour peser sur le travail de négociation de Christopher Ross, l’émissaire de l’ONU. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’une manifestation spontanée, sauf qu’elle a été organisée en sous-main par l’ambassade du Maroc, qui a pesé de tout son poids pour une présence massive.

    L’épouse de l’ambassadeur, Samira Sitaïl, a démarché dans les rues et les commerces pour racoler les gens et les inciter à participer, les mosquées ont pris le relais et une troupe de chanteurs a même été déplacée du Maroc pour animer la manifestation. L’ambassadeur s’est joint à la marche avec divers élus, comme Fouad Ahidar, ainsi que le grand rabbin de la communauté juive en Belgique, Albert Guigui, qui avait été invité. L’ambassadeur, petit pantin aux mains de son roitelet n’a pas hésité à s’attaquer à l’Algérie qui n’a pas riposté en tolérant les propos contre notre pays dans le journal télévisé d’une chaîne publique belge, tout cela parce que nous n’avons pas un pouvoir fort. Le Maroc en profite pour mener campagne inlassablement via ses satellites implantés dans le cœur de Bruxelles, capitale européenne, et tout le territoire belge.

    Des questions essentielles se posent donc. Les élus qui ont prêté serment à la Constitution belge ont-ils le droit de prêter allégeance au roi du Maroc ? La Belgique peut-elle tolérer la présence d’élus d’origine marocaine qui soutiennent la politique du Makhzen concernant le dossier du Sahara Occidental, l’un des derniers territoires à décoloniser selon l’ONU ? La Belgique respecte-t-elle le droit international en prenant parti via ces élus contre le peuple sahraoui en faveur de la monarchie du cannabis et de la débauche ?

    La Maroc a inondé le territoire belge de cannabis en faisant des enfants belges des débris toxicomanes, la loi du pays tolérant la consommation jusqu’à 3 grammes par personne mais interdisant son commerce et sa distribution. C’est dire l’hypocrisie du régime belge qui permet aux Marocains de diffuser leur venin par le biais du cannabis. Le royaume de Belgique, laxiste, reste une terre promise pour le Makhzen et ses sbires avec la complicité des autorités belges qui ont besoin d’un électorat analphabète et illettré, bref des moutons à tondre qu’elles activent à chaque élection via des milliers d’associations marocaines surnommées ASBL (associations sans but lucratif subsidiées par l’Etat, qui sont en fait des commerces ou des cafés qui ne paient pas les taxes inhérentes à l’activité commerciale), et où le cannabis côtoie les thèses du Makhzen, très bon cocktail pour semer la propagande et maintenir la communauté marocaine dans la soumission totale au roitelet du Maroc.

    Mohsen Abdelmoumen, 13/03/2014

    #Maroc #Belgique #Immigration #RME #Lobbying #Corruption

  • La France, l’échec

    La France, l’échec

    France, corruption, Afrique, Mali, Libye, lgilets jaunes, violences policières, COVID-19, immigration, racisme, discrimination,

    La liste des échecs de la France est longue. Le dernier en date est son incapacité d’organiser une rencontre footballistique d’un jour dans une capitale envahie par la saleté, les rats et les drogués. Mais avant cet échec frappant, il y’avait d’autres: la corruption des institutions, la montée des extrêmes, le déclin de la démocratie, la perte de l’influence dans le monde et en Afrique en particulier, les sous-marins australiens, la Libye, les gilets jaunes, les violences policières, la gestion de l’épidémie COVID-19, les masques, le vaccin qu’elle est la seule parmi les grands à ne pas su trouver, le Mali…etc.

    Mais de tous ses échecs le plus grave est son incapacité avérée à gérer ses contradictions. À force de vouloir être originale, elle devient banale, voir menacée dans son existence. Elle a si profondément perverti la notion de laïcité que celle-ci s’assimile désormais chez elle à l’islamophobie. Elle veut une “laïcité à la française” qui n’est plus la laïcité universelle. Elle veut un “Islam de France” qui n’est plus l’Islam universel. Elle veut un traitement de l’immigration par l’intégration qui efface les diversités culturelles. Elle veut tout mais elle n’a rien. Le résultat : le face-à-face prédit par le ministère de l’intérieur Gérard Collomb avant son départ devient une réalité et la guerre civile n’est plus une simple vue de l’esprit, elle est une menace réelle.

    Elle peine à regarder sa réalité en face et à se remettre en cause. Elle s’entête, malgré tout, à croire qu’elle est le meilleur modèle de gouvernance au monde. Elle croit encore à ses lumières qui n’illuminent même pas chez elle.

    Ses malins génies, les Sarkozy, les Zemmour, les Marine le Pen, les Devillier, les Dupont-Aignan, et les Darmanin, ont trouvé la cause de ses déboires: l’ensauvagement et les sauvages. Ils entendent par là que le mal vient des immigrés maghrébins et africains noirs qui polluent la vie tranquille et policée de français de souche, blancs et chrétiens.Il se peut qu’il y’ai une part de vérité dans cette justification malgré son absurdité patente. Mais qui en assume la responsabilité ? Ces immigrés, ces habitants des zones déshéritées, ses “sauvages” dont on rappelle à chaque fois les origines pour s’en dédouaner, ne sont pas venus d’ailleurs, ils sont, en très grande majorité, des natifs de la France, des enfants de la France, formés à l’école républicaine française, par la société française, par la politique française, dans le cadre de l’économie française, qui évoluent dans les villes et les cartiers français et qui ont complètement coupé les liens avec les pays de leurs parents et leurs cultures. Ils sont les victimes de l’intégration et donc les victimes de la France et non de l’Algérie, de la Tunisie, du Cameroun où du Niger. Elle les a adopté en leur accordant la nationalité, elle en a par conséquence la garde. C’est elle qui a pris la charge de les former et de les ” civiliser”. Elle n’a pas su le faire. Et pour celà, telle un mère indigne, elle est la seule à blâmer.

    Ces enfants qui râlent et qui cassent ne sont pas des sauvages, ils sont des laissés pour compte, des révoltés. Désormais la France ne peut plus s’en débarrasser, ils font partie d’elle. Ils ne sont pas SON problème, ils ne sont qu’une petite partie de SON problème.

    Mekideche A.

    Bel-Abbès Info, 31 mai 2022

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    #France #Extrêmedroite #Discrimination #Laïcité #Immigration

  • Zemmour progresse avec son projet de re-immigration

    Présidentielle en France- Zemmour progresse avec son projet de re-immigration – A six mois de l’élection présidentielle en France, les questions liées à l’immigration, à l’islamisme et à la sécurité enflamment les débats avec des idées parfois choquantes qui s’affrontent et se confrontent entre les postulants à la candidature pour cette échéance de 2022 .

    Certains parlent d’enjeu de civilisation, alors que d’autres préfèrent se focaliser sur ce qu’ils qualifient de la pire crise financière et sociale que vit la France. Même si les sondages demeurent favorables au président sortant, Emmanuel Macron, accrédité de 25 %, les intentions de vote ne cessent de balancer vers la droite, voire même l’extrême droite.

    L’émergence du polémiste Eric Zemmour qu’il n’a, pourtant, pas encore déclaré sa candidature, traduit cette tendance qui inquiète les catégories sages et lucides de l’hexagone. Même s’il faut se méfier des sondages qui relèvent en partie du pronostic, Marine le Pen croit à sa victoire. Elle continue à fustiger le système et à être le réceptacle des électeurs en colère. Elle se dit même prête à une alliance avec Zemmour, sachant que certains de ses alliés ont lâché le Rassemblement national pour rallier le polémiste aux ambitions présidentielles qui n’en finit pas de faire réagir la sphère politique.

    Chauffé à blanc, Zemmour domine la campagne présidentielle et sème la pagaille chez les républicains. Une stratégie qui vient rappeler celle de Donald Trump en 2016 et fait surgir une interrogation de taille à savoir jusqu’au peut aller cette radicalité qui évoque une re-immigration.

    Selon Zemmour, les Français d’origine étrangère qui peinent à s’intégrer dans la culture française doivent retourner dans leur pays d’origine même s’ils ont une carte d’identité française. Cette offensive de la droite et de l’extrême droite qui font de l’islamisme radical un bouc-émissaire a pris de l’ampleur après, notamment, l’implosion du Parti socialiste et de la désertion des candidats de gauche à l’exception de Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui continue à résister au tsunami de la droite.

    Celui-ci ne perd pas, ainsi, espoir de pouvoir renverser la donne d’ici mars 2022. Ce qui n’est pas exclu avec le maintien des thématiques actuelles qui sont en relation directe ou indirecte avec l’Algérie, sachant que l’échéance présidentielle coïncide avec la commémoration des accords d’Evian de mars 1962. Tout compte fait, les six millions de binationaux auront certainement leur mot à dire.

    Cela-dit, les électeurs traditionnels de la droite ne chôment pas. Ils sont tous dans l’attente d’un sursaut d’orgueil de la primaire de leur parti Les Républicains pour désigner leur candidat à la présidentielle, même si Xavier Bertrand est déjà accrédité par les sondages de 15%.

    Assia Boucetta

    Horizons, 20/10/2021

  • Espagne : La tragédie silencieuse de la frontière sud

    Maroc, Espagne, Ceuta, immigration, #Maroc, #Immigration,

    par Carmen Echarri

    Ce qui est grave avec les tragédies, c’est que nous les normalisons et assimilons l’apparition constante de corps sans vie dans la mer comme quelque chose de logique. Cela se passe à Ceuta, cela se passe à une frontière qui, depuis sa fermeture en mars 2020, a provoqué un véritable désastre pour de nombreuses familles.

    Les jeunes, sans avenir, se jettent à la mer, cherchant à contourner les brise-lames de la mort, laissant beaucoup d’entre eux en chemin. Seuls quelques corps sont retrouvés, d’autres ne le sont jamais. Si l’on ajoute à la vérification du décès confirmé par l’apparition d’un cadavre la rangée des personnes disparues, dont on ne sait rien de plus, le résultat est choquant.

    Ce qui se passe à la frontière sud n’est d’aucun intérêt. Les médias nationaux ne regardent pas ce charnier qui se développe sous nos yeux, tandis que les autorités évitent tout simplement de s’exprimer parce qu’elles ont normalisé ce qui se passe. Et c’est grave, car normaliser la tragédie signifie ne même pas s’étonner de la mort constante de jeunes et de mineurs ou considérer comme logique qu’ils doivent être enterrés le plus rapidement possible, car à Ceuta, il n’y a pas de réfrigérateurs en fonctionnement et nous n’avons pas de salle pour conserver ces corps pendant une période raisonnable afin qu’ils soient non seulement identifiés mais aussi réclamés par leurs familles.

    Mais cela n’a aucun intérêt. Personne ne fait attention à cela. À Ceuta, il semble que l’on s’inquiète davantage du fait que certaines femmes, qui ont tous les droits, se baignent en burkini dans le Parque Marítimo que de ce qui se passe.

    Ils sont plus préoccupés par les serpents dans les quartiers que par des infrastructures décentes pour faire face correctement à cette tragédie.

    Je n’ai pas entendu ou lu une seule critique, de quelque parti que ce soit, concernant le manque d’installations sanitaires mortuaires dont nous disposons.

    Ce n’est plus seulement que cela n’a pas d’importance, c’est que ce véritable drame passe à côté de nous et génère du rejet. Certains s’offusquent du fait que nous parlions de ce qui se passe, que nous racontions les tragédies et que nous suivions ce qui se passe. Et nous le faisons parce que tant de morts sont vraiment barbares, nous n’avons jamais vu trois cadavres retrouvés en une semaine et tant d’autres personnes disparaissent, sans que nous sachions si elles sont mortes ou vivantes.

    Cela se passe juste à côté de chez nous, il n’y a pas besoin d’aller dans un autre pays pour photographier la barbarie entre les frontières quand elle est juste sous nos yeux.

    Ni l’Espagne ni le Maroc ne veulent en parler parce qu’ils l’ont normalisé, parce qu’ils ont étiqueté les morts, parce qu’ils ne réagissent qu’à ce qui a des conséquences politiques directes. Cette saignée ne semble pas leur aller.

    El Faro de Ceuta, 05/09/2021