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    Congo: Il y a 62 ans, coup d’Etat contre Lumumba

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    En ce jour il y a 62 ans, un coup d’État soutenu par les États-Unis a eu lieu pour renverser Patrice Lumumba, le héros congolais de la libération, panafricaniste, et premier dirigeant démocratiquement élu et premier ministre de la République démocratique du Congo indépendante. L’anti-impérialisme de Lumumba et sa vision d’une nation unie ont fait de lui un ennemi à la fois pour la Belgique et les États-Unis. La CIA a ordonné son assassinat, mais lorsqu’ils n’ont pas pu terminer le travail par eux-mêmes, les États-Unis et la Belgique ont secrètement distribué de l’argent et de l’aide aux politiciens rivaux qui ont organisé le coup d’État, emprisonné, torturé.

      Suite à une victoire éclatante aux premières véritables élections auxquelles les Congolais ont participé, Patrice Lumumba est devenu premier ministre du Congo du 24 juin 1960 jusqu’à son renversement et son emprisonnement le 14 septembre de la même année par le militaire Joseph-Désiré Mobutu et ses soutiens. Ce dernier a ensuite dirigé le pays, d’abord en sous-main, puis de manière directe à partir de 1965 jusqu’à son renversement en 1997.

    Le 17 janvier 1961, Lumumba, ce grand combattant pour l’indépendance du Congo, pour la justice sociale et pour l’internationalisme a été torturé puis exécuté, en compagnie de plusieurs de ses camarades, par des dirigeants congolais complices des puissances occidentales ainsi que par des policiers et des militaires belges. Lumumba n’avait que 35 ans et aurait pu continuer à jouer un rôle très important, tant dans son pays, qu’en Afrique et au niveau mondial.

    Comme l’a écrit la journaliste Colette Braeckman :
    « Patrice Lumumba, Premier ministre congolais destitué en septembre, placé en résidence surveillée puis détenu à Thysville, avait été envoyé au Katanga le 17 janvier 1961. Cinq heures après son arrivée sur le sol katangais, il était mis à mort avec ses deux compagnons Maurice M’Polo et Robert Okito »1.

      Parmi les dirigeants congolais qui ont participé directement à la mise à mort de Lumumba, on trouve Moïse Tshombé président proclamé de la province congolaise du Katanga qui a fait sécession le 11 juillet 1960, à peine deux semaines après le début de l’indépendance que le Congo a obtenue le 30 juin 1960. La sécession du Katanga proclamée par Moïse Tshombe fut soutenue par la Belgique et des grandes entreprises privées minières belges très présentes dans cette partie du Congo, voir plus loin, afin de déstabiliser le gouvernement du premier ministre Patrice Lumumba.

      Au moins cinq policiers et militaires belges étaient également présents lors de l’assassinat. Joseph-Désiré Mobutu, un des principaux responsables congolais de l’assassinat de Lumumba, n’était pas présent sur place le jour de l’assassinat qui a eu lieu dans l’Est alors qu’il se trouvait à l’Ouest du pays dans la capitale.
      La responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Lumumba en janvier 1961 a été établie par plusieurs auteurs, notamment par Ludo De Witte dans L’Assassinat de Lumumba, et cela a fait l’objet des travaux d’une commission du parlement belge en 2001-2002. On pourra lire également l’interview donnée par Ludo De Witte au CADTM en 2018. Dans cette interview, Ludo De Witte résume simplement les causes de l’assassinat de Lumumba :

      « Lumumba a été la victime de l’impérialisme. En fait on voulait continuer l’impérialisme au Congo, remplacer un système colonial par un système néocolonial. Un système où il y aurait des noirs, des Congolais, qui seraient des politiciens et des ministres mais, en coulisse, ce serait toujours les pouvoirs occidentaux et leurs grandes sociétés qui domineraient le pays. C’est bien ça le néocolonialisme contre lequel Lumumba voulait lutter et c’est pour cela qu’il a été assassiné. ».

      Il convient de prendre connaissance du discours du premier ministre de la République du Congo, Patrice Lumumba face à Baudouin, roi des Belges. Baudouin avait déclaré dans son allocution :
      « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique ».

    Lumumba de la prison :
    « L’histoire aura un jour son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qui est enseignée à Bruxelles, Paris, Washington ou aux Nations Unies. Mais l’histoire qui sera enseignée dans les pays libérés de l’impérialisme et de ses marionnettes. « 

      Lors de la proclamation de l’indépendance du Congo le 30 juin 1960, le Premier ministre du Congo, Patrice Emery Lumumba, prononce un discours mémorable

      Lumumba dans son discours veut que justice soit rendue au peuple congolais, en voici une version intégrale sous forme vidéo et sous forme écrite :
      Discours prononcé au siège du parlement après ceux du Roi Baudouin et du Président Joseph Kasa-vubu, le jour de la proclamation de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      « Congolais et Congolaises,
      Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
      Je vous salue au nom du gouvernement congolais.
      À vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

      Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

      Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
      Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?

      Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
      Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

      Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs, qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.

      Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ?
      Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréé pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

      Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des droits de l’Homme.
      Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
      Et pour cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.

      Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République, que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

      Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

      Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays.
      J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
      Hommage aux combattants de la liberté nationale !
      Vive l’indépendance et l’Unité africaine !
      Vive le Congo indépendant et souverain ! »

    Source : Mille babords

    Lumumba, combattant internationaliste

      Avant de devenir premier ministre, Lumumba a établi des liens solides avec une série de mouvements et de personnalités anti impérialistes, panafricanistes et internationalistes. En décembre 1958, il est présent à la Conférence des Peuples africains à Accra. Il y rencontre, entre autres, l’ Antillo-Algérien Frantz Fanon, le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Camerounais Félix-Roland Moumié 2. Il y prononce un discours dans lequel il déclare :

      « Notre mouvement a pour but fondamental la libération du peuple congolais du régime colonialiste et son accession à l’indépendance. Nous fondons notre action sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – droits garantis à tous les citoyens de l’humanité par la Charte des Nations Unies – et estimons que le Congo, en tant que société humaine, a le droit d’accéder au rang des peuples libres. ».

      Il le conclut en ses mots :
      « C’est pourquoi nous crions vivement avec tous les délégués : A bas le colonialisme et l’impérialisme. À bas le racisme et le tribalisme. Et vive la nation congolaise, vive l’Afrique indépendante. »
      À l’issue de cette conférence, Lumumba, est nommé membre permanent du comité de coordination, comme le rappelle Saïd Bouamama dans Figures de la révolution africaine 3. Lumumba était également proche de militants belges anticolonialistes et anticapitalistes comme Jean Van Lierde qui était engagé dans le soutien à la révolution algérienne et qui entretenait des liens étroits4 avec l’hebdomadaire La Gauche et avec son animateur principal Ernest Mandel.

      Quelques semaines après la conférence d’Accra, Lumumba et son mouvement organisent dans la capitale du Congo belge à l’époque, une réunion pour rendre compte des résultats de ce sommet anticolonialiste. Il y revendique l’indépendance du Congo devant plus de 10 000 personnes. Il décrit l’objectif du Mouvement National Congolais en évoquant « la liquidation du régime colonialiste et de l’exploitation de l’homme par l’homme » 5.

      Selon Le Monde diplomatique de février 1959, suite à cette conférence, une émeute éclata à Léopoldville à partir du 4 janvier 1959. Voici ce qu’en dit le mensuel français :
      « Le point de départ de l’émeute est en relation directe avec la conférence panafricaine d’Accra. C’est en effet au moment où les leaders du Mouvement national congolais — au premier rang desquels le président du Mouvement, M. Lumumba — s’apprêtaient à tenir une réunion publique sur ce sujet que les premiers troubles ont éclaté. Avec l’autorisation du gouverneur général du Congo belge, M. Cornelis, une délégation de nationalistes congolais, conduite par M. Lumumba, s’était rendue au Ghana en décembre. Et c’est un compte rendu de son voyage et de ses travaux qu’elle s’apprêtait à faire le 4 janvier, quand la police donna l’ordre aux conférenciers et à ceux qui étaient venus les entendre de se disperser » 6.

      Il faut préciser qu’au cours de l’année 1959, la répression organisée par la Belgique colonialiste a fait des dizaines, voire des centaines, de morts. Un exemple de l’ampleur de la répression : en octobre 1959, lors du congrès national du Mouvement national congolais (MNC) à Stanleyville, les gendarmes ont tiré sur la foule en faisant 30 morts et des centaines de blessés. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, il est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier 1960.

      Mais les protestations sont telles qu’à Bruxelles, le pouvoir prend peur et décide de lâcher du lest en convoquant des élections locales auxquelles les Congolais sont invités à participer. Lumumba est libéré le 26 janvier quelques jours après sa condamnation. Finalement, après les élections locales, des élections générales sont organisées en mai 1960, les premières dans l’histoire du Congo belge. Le Mouvement national congolais (MNC) en sort vainqueur et, en conséquence, Lumumba est nommé premier ministre.


    L’enchaînement des évènements qui mène au coup d’État contre Lumumba et à son assassinat

      Suite au discours de Lumumba le 30 juin, le gouvernement belge, la monarchie et les patrons des grandes entreprises belges présentes au Congo décident d’écarter Lumumba et de provoquer la sécession du Katanga, la province la plus riche en matières premières.

      Tout de suite se présentent des complices congolais en la personne de Moïse Tshombé, proclamé président du Katanga le 11 juillet 1960, puis en la personne du président Joseph Kasa-Vubu qui révoque Lumumba en septembre 1960 sans en avoir le pouvoir constitutionnel, et en Joseph-Désiré Mobutu qui dirige quelques jours plus tard un coup d’État et fait arrêter Lumumba alors que ses ministres lui ont confirmé leur confiance et que son parti est le principal parti au parlement. Mobutu, qui a fait une carrière militaire pendant la colonie et est un ancien journaliste dans la presse congolaise pro-coloniale, a réussi à obtenir un poste de colonel dans la nouvelle armée et s’est retourné très vite contre le gouvernement congolais.

      Entretemps la Belgique avait envoyé au Congo dès juillet 1960, 11 000 soldats, ce qui est énorme, dont 9 000 au Katanga. Ces 11 000 soldats belges sont acheminés au Congo en dix jours, précédés par des troupes spéciales de paras-commandos. Cette intervention militaire constitue une véritable agression contre un État désormais indépendant. Il faut souligner que la Belgique, membre de l’ OTAN, a disposé jusque dans les années 1980, en Allemagne de l’Ouest, d’une zone militaire suréquipée s’étendant de la frontière belge au rideau de fer. L’état-major belge avait à sa disposition un arsenal militaire considérable, en partie d’origine américaine, et l’ OTAN lui a permis de déployer avions, transports de troupes et même des navires de la marine de guerre qui ont bombardé des positions congolaises dans l’estuaire du fleuve Congo.

      Le gouvernement des États-Unis et la CIA sont aussi à la manœuvre aux « côtés » de la Belgique, avec qui ils ont décidé d’assassiner Lumumba. Lumumba[fn] The Assassination Archives and Research Center, Interim Report : Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, III, A, Congo.

    . De même que la France. Dans un télégramme en date du 26 août 1960, le directeur de la CIA Allen Dulles indique à ses agents à Léopoldville au sujet de Lumumba :
      « Nous avons décidé que son éloignement est notre objectif le plus important et que, dans les circonstances actuelles, il mérite une grande priorité dans notre action secrète » 7.
      Soulignons que le 12 août 1960, la Belgique avait signé un accord avec Tshombé, reconnaissant de facto l’indépendance du Katanga. Les tentatives du gouvernement de Lumumba pour faire face à cette sécession étaient tout à fait légitimes, mais étaient combattues par les grandes puissances occidentales.
      Malgré son arrestation par Mobutu, Lumumba ne capitule pas et il garde le contact avec les ministres qui restent fidèles à leur engagement et avec ses camarades. Un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga s’établit à Stanleyville. Lumumba réussit à échapper à ses geôliers le 27 novembre 1960 et cherche à rejoindre le gouvernement clandestin à Stanleyville, mais il est arrêté quelques jours plus tard en route.

      En janvier 1961, alors que Lumumba est toujours très populaire, Mobutu et les puissances occidentales craignent qu’une révolte populaire aboutisse à la libération du leader et décide de le faire exécuter. L’opération qui mène à l’exécution de Lumumba est directement accompagnée et dirigée par des Belges aux ordres de Bruxelles. De leurs lieux de détention, le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito ont été emmené en avion, piloté par un équipage belge, à Élisabethville, capitale du Katanga, et livrés aux autorités locales. Ils ont ensuite été torturés par des responsables katangais, dont Moïse Tshombé, et par des Belges. Ils sont ensuite fusillés le soir même, par des soldats sous le commandement d’un officier belge.

      Selon le témoignage du Belge Gerard Soete, commissaire de police chargé à l’époque de mettre en place une “police nationale katangaise”, les trois corps ont été transportés à 220 kilomètres du lieu d’exécution, et ont été enfouis dans la terre derrière une termitière, en pleine savane boisée.
      L’Agence France Presse qui a recueilli le témoignage de ce commissaire de police belge rapporte que 3 trois jours plus tard, les corps ont de nouveau été déplacés afin de les faire disparaître définitivement. Gerard Soete a affirmé avoir été accompagné d’”un autre blanc” et de quelques congolais, quand ils ont découpé à la scie les corps des trois martyrs avant de les mettre à dissoudre dans de l’acide [9].

    Le soutien de la Belgique à la dictature de Mobutu
      L’armée belge est intervenue à deux reprises au Congo pour aider Mobutu et son régime dictatorial à mettre fin à des actions de résistance d’organisations lumumbistes, la première fois en novembre 1964 avec l’opération Dragon Rouge et Dragon Noir respectivement à Stanleyville et à Paulis. À cette occasion, l’opération a été menée conjointement par l’armée belge, l’armée de Mobutu, l’État-major de l’armée des États-Unis et des mercenaires parmi lesquels des Cubains anti-castrites.

      Dans un discours prononcé à l’assemblée générale des Nations unies en novembre 1964, Ernesto Che Guevara avait dénoncé cette intervention. Il l’a aussi dénoncée dans un discours prononcé à Santiago de Cuba en disant : « aujourd’hui, le souvenir plus présent, plus poignant que tout autre est certainement celui du Congo et de Lumumba. Aujourd’hui, dans ce Congo si éloigné de nous et pourtant tellement présent, il y a une histoire que nous devons connaître et une expérience qui doit nous être utile. L’autre jour, les parachutistes belges ont pris d’assaut la ville de Stanleyville », extrait du Discours de Che Guevara à Santiago de Cuba, le 30 novembre 1964, à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement de la ville mené par Frank País.

      La deuxième intervention de l’armée belge s’est déroulée à Kolwezi au cœur de la région minière du Shaba (Katanga) en mai 1978 en collaboration avec l’armée française et celle de Mobutu. La justice belge n’a toujours pas rendu de jugement sur l’assassinat de Lumumba. L’affaire n’a pas été classée grâce à l’action de tous ceux et de toutes celles qui veulent que justice soit rendue. La famille de Lumumba continue son action pour exiger la vérité. Un juge d’instruction belge est toujours en charge de l’affaire car l’assassinat a été qualifié de crime de guerre pour lequel il n’y a pas de prescription. Et comme le souligne l’avocat de la famille, Christophe Marchand, cité par la RTBF le 23 juin 2011 « les principaux commanditaires sont morts aujourd’hui (…) mais d’anciens conseillers et attachés de cabinet du ministère des Affaires étrangères sont toujours vivants ».

    Lumumba : une figure devenue emblématique
      La figure de Lumumba a traversé l’histoire et constitue encore aujourd’hui un exemple pour tous ceux et celles pour l’émancipation des peuples. Lumumba n’a jamais capitulé.
      Sa popularité était telle sous le régime du dictateur Mobutu que celui-ci a décrété en 1966 que Patrice Lumumba était un héro national. Non content de l’avoir renversé en septembre 1960 puis d’avoir été un des principaux organisateurs de son assassinat, il a essayé de s’approprier une partie de son aura. Le jour de son exécution, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

      À Bruxelles, suite à des années d’action des militant·es anti-colonialistes, le conseil municipal de Bruxelles-Ville a voté le 23 avril 2018 la création d’une place Patrice-Lumumba, qui a été officiellement inaugurée le 30 juin de la même année, date du 58e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      Cela est bien peu de chose.
      Au-delà de dire la vérité sur la lutte de Lumumba et d’exiger que justice lui soit rendue, l’important est de prolonger son combat et celui de tous les Congolais et Congolaises qui ont lutté et luttent pour qu’on mette fin à toutes les formes de spoliation, d’oppression et d’exploitation.

      C’est pourquoi, le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) considère que les autorités de la Belgique doivent :

    • Reconnaître publiquement et nommer l’ensemble des méfaits et crimes commis par Léopold II et le royaume de Belgique à l’encontre du peuple congolais, et de lui adresser en conséquence des excuses officielles ;
    • Approfondir un travail de mémoire, en impliquant les acteurs concernés, tant dans l’enseignement que dans les activités d’éducation populaire, en passant par les espaces institutionnels ;
    • Procéder à une restitution de l’ensemble des biens culturels congolais ;
    • Soutenir activement une remise en cause de tous les symboles colonialistes dans l’espace public belge ;
    • Réaliser à un audit historique de la dette afin de procéder à des réparations et rétrocessions financières inconditionnelles pour les montants perçus en conséquence de la colonisation du Congo ;
    • Agir au sein des instances multilatérales, Banque mondiale, FMI, Club de Paris, etc., afin que leurs membres procèdent à une annulation totale et inconditionnelle des dettes odieuses de la République démocratique du Congo ;
    • Soutenir publiquement tout moratoire sur le remboursement de la dette qui serait décrété par le gouvernement congolais afin d’améliorer le système de santé public et de faire face à l’épidémie de Covid-19 et d’autres maladies qui provoquent des décès qui sont tout à fait évitables si les dépenses de santé publique étaient nettement accrues.

      Le CADTM apporte son soutien aux différents collectifs qui en Belgique convoquent des actions dans la foulée de Black Lives Matter et tous ceux qui agissent sur le thème de la mémoire coloniale.
      Le CADTM apporte son soutien au peuple congolais pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise du Covid-19. Malgré les diktats des créanciers et les graves manquements des gouvernements congolais successifs qui se traduisent par une sévère répression et un déni flagrant des droits humains fondamentaux, les mouvements sociaux congolais résistent. Le CADTM apporte son soutien à ces luttes qui visent à faire triompher la justice sociale.

    Cet article a été publié sur le site du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM).
    Lire hors-ligne :

    Références
    1. Colette Braeckman, « Congo La mort de Lumumba Ultime débat à la Chambre sur la responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Patrice Lumumba Au-delà des regrets, les excuses de la Belgique REPERES La vérité comme seule porte de sortie Van Lierde l’insoumis », publié le 6 février 2002 https://plus.lesoir.be/art/congo-la-mort-de-lumumba-noir-ultime-debat-a-la-chambre_t-20020206-Z0LGFG.html
    2. Félix Roland Moumié (1925-1960), dirigeant de la lutte anti colonialiste et anti impérialiste au Cameroun a été assassiné sur ordre de la France à Genève le 3 novembre 1960.
    3. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, 300 p.
    4. Voir le résumé de l’intervention de Jean Van Lierde lors d’une conférence publique réalisée à Bruxelles en octobre 1995 pour rendre hommage à Ernest Mandel http://www.ernestmandel.org/new/sur-la-vie-et-l-œuvre/article/dernier-hommage-a-ernest-mandel
    5. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.
    6. Philippe Decraene, « L’Afrique noire tout entière fait écho aux thèmes panafricains exaltés à Accra » in Le Monde diplomatique, février 1959 https://www.monde-diplomatique.fr/1959/02/DECRAENE/22920
    7. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.

    Source

  • Bataille d’Alger: Première guerre contre le terrorisme occidental

    Bataille d’Alger: Première guerre contre le terrorisme occidental

    Algérie, colonialisme, impérialisme – Bataille d’Alger: Première guerre contre le terrorisme occidental

    Depuis sa sortie en 1966, « La bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo résonne encore dans l’ère actuelle de la guerre contre le terrorisme, écrit Malia Bouattia.
    Le festival du film War on Terror, présenté par la Coalition pour les libertés civiles (CCF) et parrainé par dix organisations de défense des droits humains et de défense des droits humains, s’est récemment terminé par une discussion sur La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo.

    L’événement a laissé beaucoup à réfléchir, notamment au niveau des thèmes abordés par le film qui a si puissamment capté le début de la guerre d’indépendance algérienne. La directrice exécutive du CCF, Leena Al-Arian, qui a organisé le festival à l’occasion du 20e anniversaire depuis que les États-Unis ont annoncé leur « guerre contre le terrorisme », a expliqué que La bataille d’Alger avait été spécifiquement sélectionnée « en raison de l’importance continue de ce film car il se rapporte à la guerre contre le terrorisme ».

    Le panel transatlantique, composé du célèbre universitaire américain Sohail Daulatzai, de l’artiste hip-hop britannique Lowkey et de moi-même, a tiré plusieurs volets du film qui nous semblaient pertinents à ce jour, tels que l’état la répression, la violence coloniale, le racisme, le maintien de l’ordre et les formes sexospécifiques que tout ce qui précède a pris et continue de prendre.

    « Les continuités entre la répression française en Algérie et la répression mondiale sous le couvert de la Terreur de guerre ont frappé tous les participants tout au long de la discussion »

    Les continuités entre la répression française en Algérie et la répression mondiale sous le couvert de la Guerre contre le terrorisme ont frappé tous les participants tout au long de la discussion.

    Dans le film, le colonel Mathieu, qui dirige l’opération française de contre-insurrection, déclare : « Les connaître, c’est les éliminer. Par conséquent, l’aspect purement militaire du problème est secondaire. Plus important est l’aspect policier. »

    Cette citation a capturé pour les panélistes quelque chose de puissant de notre réalité actuelle, dans laquelle un récit très similaire sur la lutte contre le terrorisme et l’élimination de sa menace est mobilisé pour justifier une répression, une surveillance et un contrôle accrus de l’État.

    La pertinence continue du film est un aspect important de son attrait et de son importance. Dans un sens, l’histoire de La bataille d’Alger capture les changements politiques mondiaux entre la période de sa fabrication et le présent ; des mouvements révolutionnaires et anticoloniaux dans le sud global et les mouvements progressistes de masse dans le nord global des années 1960 et 1970, à l’assaut mondial contemporain contre le sud global et principalement les communautés de couleur musulmanes dans le nord global sous le couvert de la guerre contre le terrorisme.

    Comme le souligne Daulatzai dans son livre, Cinquante ans de « La bataille d’Alger » : passé comme prologue, le film est passé d’une célébration de la lutte anticoloniale et d’un outil de mobilisation pour les mouvements révolutionnaires à travers le monde à un outil d’entraînement manuel par le pentagone en contre-insurrection. Les combattants de la liberté algériens sont devenus des terroristes, et les soldats français qui ont franchi les portes de chaque maison de la casbah d’Alger sont devenus les « bons », un exemple à suivre par les troupes américaines et britanniques en Irak et en Afghanistan.

    L’histoire de l’Algérie capture aussi cette transformation globale. Depuis les beaux jours de l’indépendance et de la victoire, d’Alger comme la Mecque des révolutionnaires selon les mots d’Amilcar Cabral, au cours de laquelle le film a été tourné ; la période jusqu’à présent a été marquée par un autoritarisme croissant, la répression et la défaite des ramifications progressistes de cette révolution.

    À bien des égards, la guerre contre le terrorisme a ses racines – au moins en partie – dans la longue guerre civile algérienne, tout au long des années 1990 et au début des années 2000. Durant cette période, la gauche a été décapitée par des attentats – menés, nous a-t-on dit, par le Front algérien du salut (FIS) – tandis que l’État (tant en Algérie qu’en France) a utilisé chaque attentat pour faire reculer davantage les libertés civiles, réprimer mouvements sociaux et réduire l’espace de contestation. Une logique qui s’est ensuite mondialisée dans l’ère post-2001.

    De la même manière que le sens du film était déformé, le pays et les institutions, comme le Front de libération nationale (FLN), également représentés dans le film, l’étaient également.

    Cependant, si nous prenons ces changements au sérieux, il y a aussi un fil rouge d’espoir en cours. Au cours de la dernière décennie, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont été secoués par des soulèvements de masse qui ont et continuent de défier les régimes locaux et les classes dirigeantes ainsi que l’impérialisme occidental. Le cas de l’Algérie n’est pas différent, où le processus révolutionnaire est en cours et où la revendication du mouvement – ​​Yetnahawga3/Ils doivent tous partir – reste le principe organisateur de la lutte.

    Dans ce contexte, le sens social du film peut à nouveau changer, représentant une lutte pour la liberté inachevée, et que les mouvements de masse de la région se mobilisent pour mener à bien.

    « Elle ne peut donc que continuer à se déplacer et à se transformer, au gré des hauts et des bas de cette lutte même, et incarner, à chaque génération, un nouveau sens »

    La vie de Saadi Yacef, récemment décédé, et qui a joué un rôle déterminant dans la véritable bataille d’Alger – le film est en fait basé sur ses mémoires – capture également ces changements. Yacef est passé d’une figure clé du mouvement de libération à un fonctionnaire de l’État indépendant. En tant que responsable du parti, il était, au mieux, un spectateur silencieux pendant la croissance du régime autoritaire et la guerre civile. Cependant, lorsque les gens sont retournés dans la rue ces dernières années, il est sorti avec eux et a dit aux jeunes, littéralement, qu’ils devaient « faire sortir tous les salauds ».

    La bataille d’Alger était un film réalisé avec un objectif politique, non pas une abstraction au-dessus de la réalité historique qu’elle dépeint, mais plutôt dans les tranchées aux côtés du peuple et de sa lutte. Il ne peut donc que continuer à se déplacer et à se transformer, au gré des hauts et des bas de cette lutte même, et incarner, à chaque génération, un nouveau sens.

    En Algérie, de nombreux participants du Hirak ont ​​souligné que leur combat n’est pas seulement pour le régime civil, la justice sociale et la redistribution des richesses. C’est aussi un combat pour récupérer la mémoire de la révolution, volée par le régime et bouleversée. Tout comme à l’époque de la guerre contre le terrorisme, le film a également été déformé.

    En fin de compte, la bataille d’Alger est, à l’écran et dans les rues, en cours.

    Malia Bouattia

    Malia Bouattia est une militante, ancienne présidente de l’Union nationale des étudiants et co-fondatrice du réseau Students not Suspects/Educators not Informants Network.

    The New arab, 19/11/2021

    #Algérie #Colonialisme #Terrorisme #Occidental #Impérialisme

  • Les bienfaits de la civilisation capitaliste occidentale

    Les bienfaits de la civilisation capitaliste occidentale

    Tags : Occident, civilisation, colonialisme, impérialisme – Les bienfaits de la civilisation capitaliste occidentale

    Mémento rapide des bienfaits de la civilisation capitaliste occidentale :

    Massacre des Indiens d’Amérique

    Traite négrière, millions de morts


    Impérialisme économique


    Guerres coloniales pour éclairer les peuples barbares


    Guerres mondiales, dites ainsi parce que le monde c’est eux


    Bombe atomique


    Vietnam, Napalm et massacres à grande échelle


    Israël le drapeau au front de la démocratie


    Échange inégal et exploitation constants


    Guerres du pétrole


    Pays rasés : IRAK, SYRIE, LYBIE et d’autres à venir

    Source : Facebook

    #Civilisation #Occident #Colonialisme #Impérialisme #Exploitation #Répression

  • France : des vérités sur son histoire

    Tags : France, colonialisme, impérialisme, esclavage – France : des vérités sur son histoire

    ‘L’histoire de la France s’est fondée sur l’impérialisme et le colonialisme’, c’est le titre très édifiant donné par le magazine ‘Le Point’ dans sa rubrique Politique à un long entretien qui lui a été accordé par un candidat à la présidentielle française de 2022, Anasse Kazib, un cheminot de Sud-Rail, un entretien réalisé par Clement Pétreault.

    M. Anasse Kazib est un candidat à la présidence de la république française, de l’extrême-gauche sous la bannière d’un nouveau parti politique dénommé ‘Révolution Permanente’, qu’il dit d’ailleurs une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste qu’il a été obligé de quitter après l’annonce de sa pré candidature.

    Dans ses réponses, Kazib affirme crûment et maintient ses déclarations : « au siècle dernier les gens (les français, ndlr), ont découvert la colonisation à travers la fameuse exposition coloniale, cette espère de ‘zoo humain’ dans lequel on a ramené des colonisés de différents pays d’Asie et d’Afrique », a-t-il affirmé. Cette affirmation, à elle seule, donne un aperçu de ce qu’a toujours été la France : un pays prédateur qui s’attaque à plus faible que lui pour profiter de ses richesses et de ses terres.

    La suite est aussi révoltante : « On doit poser un regard lucide sur la responsabilité de l’Etat français dans la situation internationale, par exemple. Aujourd’hui, les français, dans leur grande majorité, ne savent pas ce qui se passe au Mali ou au Mozambique », a-t-il ajouté.

    Ces déclarations sont un cri de révolte d’un français, candidat à la présidentielle, qui dit tout haut ce qu’est la France, ce qu’elle a commis comme crimes à l’encontre de nombreux peuples qu’elle a rendu à l’état d’esclavage, qu’elle a massacrés, qu’elle a spoliés de tout ce qui fait l’être humain.

    Passant plus particulièrement à la présence française au Mali, le candidat à la présidentielle de 2022 estime que : « je considère que la politique impérialiste de la France peut avoir des conséquences sur les populations civiles, je suis favorable à l’autodétermination des peuples et à leur droit pour se soulever et les aider à se battre contre toutes formes d’oppression et de domination ». Il cite ensuite l’exemple de l’Afghanistan où la France a été directement impliquée pendant plus de dix années et, lorsqu’elle a quitté le pays, elle n’y a laissé que des ruines.

    Anasse Kazib explique aussi que, sous des prétextes fallacieux d’aider les populations civiles et de maintenir la paix dans les pays en proie à la guerre, la France ne protège et ne garantit en fait que ses intérêts : « Des amis militaires m’expliquent que la plupart des missions qui leur sont confiées à l’étranger consistent à protéger les pipelines, les diplomates ou les patrons des grands groupes d’énergies lorsqu’ils viennent sur place », raconte-t-il.

    Poursuivant sur sa lancée, il déclare que les Etats devraient cesser de considérer que, dès qu’un pays subit quelque chose, c’est aux Etats-Unis ou à la France d’aller régler le problème : « cela n’a jamais fonctionné. Au final, on arrive à des situations beaucoup plus réactionnaires que celles qu’on a trouvé en arrivant », argue-t-il.

    ‘Oui, la police tue’

    L’accusation est grave là aussi ! « J’ai 34 ans, je n’ai pas souvenir d’avoir vu autant d’images de violence policière à la télé que ces dernières années. Je considère que oui, il y a violence policière et je me joins à ce qu’avait dit Philipe Poutou, oui, la police tue ! », a-t-il assené à son interviewer. Il donna des exemples de civils tués par les policiers ou les gendarmes : Zineb Redouane à Marseille, un jeune garçon, Souheil, tué en pleine rue par la police cet été. Il y a aussi le cas de Cédric Chouviat, d’Adama Traoré, de Zyed et Bouna… Adama Traoré, pour lequel les gendarmes ont été décorés ou promus. « Le commissaire qui était chargé du dispositif policier lors de la mort de Steve Maia Caniço a été promu. Comment refuser de voir tout cela ? », s’est insurgé M. Kazib.

    Les policiers ont été payés pour s’attaquer aux Gilets Jaunes

    Ce qui s’est passé avec les Gilets jaunes n’a pas non plus échappé à la colère du candidat à la présidence française : « Ça fait huit ans que les salaires sont gelés à la SNCF ! Et pourquoi dans l’Éducation nationale, on fait passer les profs pour des salauds de gauchistes et des fainéants ? Bref, pas étonnant que par la suite les policiers se soient déchaînés sur les Gilets jaunes jusqu’à faire des dizaines de mutilés. Ils avaient été payés pour ! », a-t-il affirmé.

    Colonialisme, impérialisme et traite négrière

    « Lorsqu’on parle de racisme, on ne parle pas de racisme d’un individu, on parle de système de domination. Je suis un militant antiraciste et, comme tous les militants antiracistes, je considère que l’Histoire de la France est une Histoire qui s’est fondée sur le colonialisme et l’impérialisme, sur la traite négrière notamment. Maintenant, on appelle ça des territoires d’outre-mer… »

    C’est par ces termes très forts, très justes, qui renvoient tous les défenseurs de la France vers leurs faux livres d’histoire, vers les mensonges civilisationnels, vers les crimes contre l’humanité demeurés impunis à ce jours, vers des pans d’histoire entiers qui ont été falsifiés, défigurés, dénaturés, qu’Anasse Kazib a voulu rendre justice à l’histoire, aux déportés, aux assassinés, aux enfumés, à tous ceux qui ont subi le joug et l’injustice raciste de la France.

    Ce sont aussi des histoires dans l’Histoire qu’il faudrait peut-être rappeler au président français qui s’est étalé sur l’Histoire et sur l’origine de la société Algérienne, afin qu’il sache à qui il a affaire, c’est tout.

    Synthèse par Tahar Mansour

    La patrie news, 13/11/2021

    #France #Colonialisme #Impérialisme #Pillage #Spoliation #Esclavage

  • Général Giap: L’impérialisme est un mauvais élève!

    Algérie, France Macron Eric Zemmour, colonialisme, impérialisme, #Algérie, #Colonialisme, #Impérialisme, #Eric Zemmour, xénophobie, extrême droite, visas,

    Décidément, l’indépendance de notre pays, chèrement acquise, est restée en travers de la gorge des nostalgiques de l’Algérie française qui ne ratent aucune occasion pour faire des déclarations toxiques qui transpirent le mépris des réalisations d’un peuple au demeurant laminé par 132 années d’une colonisation des plus barbares et des plus cruelles. Elles ont toutes pour dénominateur commun, rabaisser son prestige et ses réalisations pour faire croire que c’était mieux sous la gouvernance colonialiste. Naturellement les déclarations de personnalités politiques, médiatiques n’ont rien à voir avec des logorrhées prononcées dans un moment d’égarement, de perte de ses esprits ou d’énervement. Elles sont au contraire bien élaborées et orientées. J’en veux pour preuve, s’il en fallait une, les dernières déclarations dégradantes faites le 30 septembre par le Président de la République Français devant 18 jeunes français, médusés.

    Aussi, chaque patriote est invité à se remémorer les attaques verbales visant notre pays, son peuple, ses institutions, son histoire…, de cet acabit pour se faire une idée des dangers qui guettent notre patrie et à rester vigilent car les ennemis de l’intérieur qui gangrènent notre pays, identifiables à leurs comportements antinationaux, gravitant tels des charognards autour de gites de corruption, de détournements des biens du peuple, de sabotage de notre économie… etc et bien sûr la traîtrise et la lâcheté opèrent cachés, en catimini, constituent une pénétrante aux ennemis extérieurs.

    En effet, comme il fallait s’y attendre au regard de la portée historique de notre Révolution, admirée par les peuples et maladivement jalousée par des nostalgiques, notre pays ne cesse d’enregistrer depuis son accession à l’indépendance de manière cyclique à la veille de chaque date marquante de notre histoire récente, essentiellement : le premier novembre 1954, le 20 août, le 19 mars et le 05 juillet, des déclarations troublantes faites de manière péremptoire par des personnalités politiques, médiatiques, publiques assez influentes pour troubler les esprits des concitoyens. Il faut admettre que l’avènement de « présidents cocotte-minute », produits dans les laboratoires de la haute finance et des lobbies et vendus par des médias lourds transformés en de redoutables machines à propagande, grassement financés par ces derniers, ce genre de dérapage mis en scène et de propos nauséabonds chargés de mépris à l’égard de l’autre, semble favoriser ce type de comportement dévalorisant la fonction.

    TAPAGE MÉDIATIQUE POUR FAIRE DIVERSION

    C’est pour servir de relais que l’aboyeur de service et mercenaire à la parole aisée, Eric Zemmour pour ne pas le nommer, qui ne recule devant rien au point de faire passer des mensonges pour des vérités, qui fait feu de tout bois pour faire passer ses messages, est dans son rôle de rabatteur de voix. De fait, il est là pour exécuter un mandat de ses commanditaires qui le rétribuent grassement. Pour donner l’illusion que ce qu’il débite est partagé par des français à la recherche de solutions de rechange, les marionnettistes l’appuient par des sondages orientés et gonflés à l’hélium pour leur donner l’illusion qu’il caracole au-dessus de tous les autres, au point de le présenter comme candidat à l’élection présidentielle de 2022.

    Le fiel qu’il déverse quasi quotidiennement à grand flot sur les immigrés et leurs pays d’origine (comprendre les Algériens et l’Algérie) aidé en cela par des médias en quête de l’audimat semble se transformer en miel pour lui. En fait, son discours racoleur, démagogique et stigmatisant, construit sur le rejet sélectif de l’autre, instillant dans le corps social beaucoup de haine et de méfiance, n’est autre que la synthèse de la pensée et des échecs de la droite dans toutes ses nuances et déclinaisons les plus abjectes. C’est à ce redoutable aboyeur qui fait office de porte-voix des droites réactionnaires, qu’échoit le rôle de dire tout haut ce que pense tout bas cette dernière.

    LES VISAS COMME MOYEN DE PRESSION ET DE CHANTAGE

    L’angle d’attaque de notre pays privilégié par la France officielle, une mesquinerie de plus, est celui de la délivrance de visas. Cette arme des visas que les pouvoirs politiques français dégaine de manière intempestive, est devenue cette rengaine lassante, utilisée comme moyen de pression voire de marchandage et de chantage. Elle vise un double objectif qui est celui de priver les Algériens de leurs droits universels à la libre circulation des personnes et des biens garantie par la déclaration universelle des droits de l’homme dont la France, comble de l’ironie, s’arroge la paternité, d’humilier nos compatriotes et de chercher par cette pratique ignoble, à soulever le peuple contre ses gouvernants.

    Pourtant, ils ne sont pas sans savoir que les visas de circulation régis par une stricte réglementation ne doivent pas être soumis à des quotas comme c’est le cas pour les visas de travail et/ou d’émigration. Autrement dit, chaque citoyen demandeur de visa de circulation ayant satisfait à toutes les formalités réglementaires doit obtenir son visa. Mieux encore, en cas de refus, la réglementation oblige l’autorité consulaire à motiver son refus et permet au demandeur, s’il s’estime lésé dans son droit, d’introduire un recours et si besoin est, de saisir les juridictions compétentes en la matière pour recouvrer son droit.

    Seulement, la France officielle, en faisant fi de sa propre réglementation en vigueur en la matière, a choisi d’infliger arbitrairement une punition collective à tout un peuple au motif que les pouvoirs politiques de ces ex colonies (c’est ce complexe dont les gouvernants de l’ex puissance coloniale n’arrivent pas à se départir) n’acceptent pas de reprendre des délinquants jugés et détenus en France pour, entre autre, terrorisme. La question qui se pose ; En quoi un citoyen algérien désireux de rendre visite à sa famille et à ses amis, ou de voyager en France est-il responsable des agissements de ces délinquants ?

    Ce qui revient à dire que les pouvoirs politiques français considèrent que tous les Algériens sont des clandestins potentiels, ce qui, de mon point de vue, est ressenti par nos compatriotes comme une insulte suprême. Ils se gardent bien évidemment de parler des millions d’Algériens qui ont fait de nombreux voyages en aller-retour nullement intéressés par l’immigration fut-elle légale. L’idée de braquer l’opinion publique travaillée au corps à corps par un tapage médiatique qui n’a rien à envier à celui des États totalitaires et abreuvés de sondages dirigés sur la poignée de délinquants présentés d’ailleurs comme la source de tous les maux quitte à terroriser les potentiels électeurs, est privilégiée.

    Pourquoi l’État algérien souverain, doit-il servir de base pour soulager les prisons françaises ? Cette histoire de délivrance de visas agitée souvent par l’ex colonisateur à des moments bien choisis pour troubler les esprits de nos concitoyens et rassurer un certain électorat, n’est en fait que l’expression d’une volonté de certains réactionnaires de remettre en cause les prétendus avantages accordés indument aux Algériens par l’accord de 1968 régissant l’immigration algérienne conclu entre les deux États en application des accords d’Evian. C’est souvent que nos compatriotes entendent dire par des fonctionnaires haineux: « vous avez voulu votre indépendance, alors restez chez vous ! » Et dire que ces décisions sont le fait de gouvernants prétendument démocrates d’un pays revendiquant la paternité de la déclaration universelle des droits de l’homme !

    À noter que dans un premier temps, c’étaient toutes les catégories de demandeurs de visas qui sont touchées par cette mesure arbitraire ; il s’en est suivi un rétropédalage pour préciser que seuls les dirigeants ayant bénéficié jusque-là de faveurs et d’un traitement privilégié sont concernés, une manière de jeter l’opprobre sur ces derniers et de les désigner à la vindicte populaire. En fait, le corrupteur c’est qui ?Très clairement, il est anormal et injuste de faire payer les insuffisances de gestion des administrations chargées de gérer le flux et le reflux des voyageurs aux demandeurs de visas sous prétexte qu’une poignée d’entre eux pourraient resquiller. Ce jugement de valeur fait d’à priori, qui considère sans aucun discernement, que tout demandeur de visa est, jusqu’à preuve du contraire, un resquilleur est arbitraire, infamant et indigne d’un État de droit. Il est juste instructif de se poser la question pour comprendre pourquoi les pouvoirs politiques français n’avaient pas retenu l’angle d’attaque, comme cela se passe au niveau mondial, la sanction économique ? La réponse est certainement dans la structure de nos échanges commerciaux largement favorables à l’économie française. La France nous achète des hydrocarbures indispensables à son économie, a implanté depuis les années 1980 quelques 450 entreprises pour pomper les devises que nous procurent le gaz et le pétrole et écouler en Algérie ses produits manufacturés.

    ÉLÉMENTS DÉCLENCHEURS DE CETTE SALVE DE DÉCLARATIONS

    Nonobstant les questions liées à la campagne électorale qui s’annonce rude et dont l’issue est des plus incertaines, un certain nombre de faits et évènements pourraient avoir agacé le Président français pour le faire sortir de ses obligations de réserve, de perdre son sang-froid au point de quitter la diplomatie (science des rapports internationaux) pour calomnier, invectiver, dénoncer, outrager, manipuler l’histoire. Parmi ces événements qui rognent sérieusement l’emprise que la France officielle avait sur notre pays durant de longues années, il convient de citer :

    – le retour en force, tant attendu, sur la scène internationale de la diplomatie algérienne caractérisée par sa constance et son indépendance, qui rappelle fièrement celle conduite par le regretté Mohamed Seddik Benyahia, dont le point d’orgue fut la libération des diplomates américains retenus en otage par les Ayatollah iraniens ;

    – la rupture inattendue des relations diplomatiques avec son protégé royaume marocain qui vivait depuis longtemps en concubinage avec l’entité sioniste avait décidé d’officialiser cette relation contre nature par les liens sacrés du mariage contre une promesse faite par un président sans pouvoirs, la reconnaissance du droit de propriété du Maroc sur le Sahara occidental ;

    – la déclaration officielle des autorités algériennes signifiant clairement que la rupture des relations diplomatiques avec le makhzen est sans appel et qu’elle n’est sujette à aucune médiation, ferme définitivement la porte aux tentatives de l’Elysée de se saisir de ce dossier ;

    – la fin de l’attribution de juteux marchés de gré à gré selon la procédure accélérée, le renouvellement des contrats de service et la remise en cause des avantages mirobolants accordés à certaines sociétés françaises, inquiète les milieux d’affaires et politiques.

    – La décision inattendue des autorités algériennes de fermer le gazoduc MEDGAZ alimentant le Maroc en gaz algérien, (gaz fourni à prix d’ami 20% moins cher), pose de sérieux problèmes aux entreprises françaises installées au Maroc.

    DIVISER POUR GAGNER : LA STRATÉGIE DE RECONQUÊTE DU PERDU

    En politique rien ne se fait au hasard surtout quand on a à sa disposition une armada de conseillers et d’experts en tout genre et dans tous les domaines qui arrivent à qualifier une attaque virulente contre un pays et ses institutions, que rien ne justifie en dehors de la campagne électorale française de simple dérapage, un euphémisme qui ne passe pas. C’est pourquoi de prime abord, les propos rapportés par le journal « le Monde » tenus par le Président de la République Française devant 18 jeunes médusés, ne peuvent et ne doivent être interprétés autrement que comme une attaque en règle contre nos institutions et au-delà. Il a usé et abusé de sa posture présidentielle, convaincu qu’il est, pour faire non sans arrogance, dans le déni de notre histoire plusieurs fois millénaires en déclarant que l’Algérie est une « création française » rejoignant ainsi, la cohorte de nostalgiques de l’Algérie française, dont l’aboyeur en est le porte étendard.

    « Macron excelle dans l’art de diviser pour régner » (dixit une intellectuelle malienne) ! On ne peut mieux dire. En effet ses dernières déclarations et actions entreprises qu’il convient de rappeler succinctement par ce dernier, corroborent cette affirmation et semblent s’inscrire dans le cadre d’un plan murement réfléchi visant à rassurer un électorat déçu par son bilan et au-delà. Pour arriver à ses fins, se faire réélire et peu importe la moralité des procédés, il s’autorise de passer outre les règles de bienséance que tout responsable se doit d’observer dans ses relations avec l’autre, de s’ingérer dans les affaires intérieures de ses voisins, de juger et de noter les responsables de pays de son ancien empire. Tel un enfant gâté, il transforme le majestueux palais de l’Elysée qui a vu défiler des personnalités hors du commun en une vaste cour de récréation où l’on peut se lâcher sans retenu ni respect pour les lieux et ses camarades. Pourquoi tout ça et en ce moment précis ? Là est la question !Pour avoir une idée plus précise de la stratégie mise en place en vue de l’élection présidentielle prochaine, il est utile de rappeler les éléments saillants, qui de notre point de vue, font partie intégrante de ce plan de reconquête de l’électorat :

    Le rapport Stora sur les questions mémorielles attendu par des crédules comme une avancée, a accouché après plusieurs mois de gestation, d’un sapin de noël enveloppé du burnous de l’Emir AEK, orné de la panthéonisation de Madame Halimi, de la reconnaissance de l’assassinat par la France de notre Grand Ali Boumendjel,… pour cacher une montagne d’horreurs commises à l’endroit de la nature et des humains commises durant 132 ans de colonisation française. Il a aussi permis de remettre en cause les déclarations faites par le candidat Macron à Alger en 2017 et de renoncer à demander pardon au peuple Algérien.

    – le recul et le renoncement à la panthéonisation de Madame Gisèle Halimi, présentée pourtant comme mesure phare préconisée par le rapport Stora. Pour glaner les voix des harkis il n’a pas hésité à accéder à la demande des femmes de harkis qui s’opposaient à la panthéonisation de cette dame courage, dont le seul tort est d’avoir défendu des indigènes.

    – Réception en grande pompe et au palais de l’Elysée de quelques 300 harkis pour leur demander au nom de la France pardon de les avoir parqués comme des sous êtres (en vérité et dans toutes les cultures les « colabos » désignés sous le vocable de harkis, dans des conditions inhumaines dans des endroits grillagés avec barbelés et miradors pendant de longues années. En même temps, il s’obstine à refuser de demander pardon aux descendants des 45.000 indigènes massacrés le 08 mai 1945 dont des parents et proches, furent mobilisés pour chasser les nazis de la France.

    – Rencontre avec les 18 jeunes français au somptueux palais de l’Elysée, à la veille de la commémoration des massacres perpétrés par Papon le 17 octobre 1961 et du déclenchement de la révolution de libération nationale. Le public cible ; 18 jeunes français choisis sur des critères que seul leur auteur en détient le secret. L’objet de cette rencontre est la réécriture l’histoire de la guerre d’Algérie. Cela renseigne sur l’importance de cette messe qui a servi de décor au Président de la République Française pour lancer sa campagne électorale et faire des déclarations inacceptables visant notre pays qui, le moins que l’on puisse dire, déshonorent sa fonction.

    – Et ce n’est certainement pas par hasard que parmi ces jeunes convoqués à cette messe on y trouve le petit fils du sanguinaire Salan et le petit fils de notre grand patriote Ali Boumendjel assassiné par la France (assassinat que le président de la république française en place venait de reconnaître) pour entendre leur Président dire que leurs parents leur ont menti sur l’histoire de la guerre d’Algérie et qu’il leur promet dela réécrire.

    – Les déclarations, le Président de la République Française, par certains aspects, envoient un signal clair aux organisations classées comme organisations terroristes qu’il héberge déjà, en leur promettant des émissions destinées à diffuser la vraie histoire de l’Algérie (comprendre par-là que celle écrite par ses historiens est entachée de contre-vérités). Soucieux du détail, il n’oublie pas de préciser que ces dernières seront diffusées en langue en arabe et en langue kabyle ! la précision est édifiante !

    – Le sommet Afrique-France :hier, c’était les descendants de gaulois, partis coloniser des contrées lointaines pour agrandir leur empire qui avaient fait appel, voire obligé, de pauvres indigènes analphabètes pur porter la tenue de « colabo » harki, pour les aider à coloniser et à piller leurs pays. Les temps ont changé, mais les procédés demeurent globalement les mêmes. Aujourd’hui, fidèles à leurs ancêtres, les enfants de ces rustres gaulois, dont l’actuel Président de la République Française en serait le digne héritier, tout en ne dérogeant pas à ce qu’ils conçoivent comme une règle, ayant évolué en néocolonialistes, avaient décidé de convoquer 3.000 personnes triées sur le volet pour assister à une messe organisée à Montpellier, baptisée pour la circonstance « sommet Afrique-France ». Le but affiché est de dresser ce qu’ils nomment pompeusement « société civile » contre les dirigeants de leurs pays qualifiés de vieillissants, de corrompus…etc, et de recruter des« harkis » modernisés, bardés de diplômes, de connaissances, pour servir de têtes de pont au néocolonialisme et gérer directement l’aide extérieure. Pour les promoteurs de ce rendez-vous qui semble avoir bénéficié d’une préparation minutieuse, il n’y pas l’ombre d’un doute que les jeunes africains allaient adhérer allégrement à cette démarche visant à court-circuiter les États et qu’ils dégageront leurs dirigeants pour permettre à leur mentor de régenter leurs pays respectifs. Aveuglés qu’ils sont, ces apprentis néocolonialistes oublient d’admettre que cette ère est définitivement révolue et que les aspirations des Africains en général et de sa jeunesse en particulier n’est pas de servir de suppôts aux visées néocolonialistes mais de support au développement et à l’émancipation de leurs pays.

    – Le Président de la République Française, non repu avec tout ce qu’il s’est permis de déverser comme fiel sur notre pays et ses institutions, affirme de manière péremptoire, que l’Algérie est une « création française » confortant ainsi, les promoteurs et les défenseurs de la colonisation positive. Et pour caresser dans le sens du poil et rassurer l’électorat de droite réactionnaire, il franchi sans état d’âme le Rubicon en passant par perte et profit, les quelques cinq millions d’indigènes victimes de la colonisation française et la dévastation de notre écosystème par l’atome et le napalm.

    L’INSTRUMENTALISATION DE L’ALGÉRIE POUR DES BESOINS DE POLITIQUE INTÉRIEURE

    À travers les faits historiques saillants rappelés ci-après pour souligner le fait que notre pays a de tout temps été utilisé par les pouvoirs politiques français pour faire diversion, sauvegarder leurs privilèges et faire prospérer leur économie. Deux siècles plus tard, pour sauver le soldat Macron, ou à défaut, son clone idéologique, à l’élection présidentielle prochaine, ses promoteurs n’ont pas dérogé à la règle en choisissant de s’en prendre, sans raison, à notre pays pour mobiliser leurs électeurs.

    – Décidée en conseil des ministres le 31janvier 1830, l’expédition d’Alger, pour sauver l’autorité chancelante du roi de Charles X, opération en préparation depuis 1827, a permis au roi de garder pour quelque temps son trône et à la France de s’affranchir du paiement du blé qu’elle avait reçu d’Algérie, faire mains basse sur les richesses et les réserves d’or évaluées par des historiens et des chancelleries à environ 3.000.000 or, éloigner les officiers présentant un danger, agrandir son empire. Évidemment, la prise d’Alger fut fêtée dans l’allégresse et la joie par le gotha de la classe politique et bien naturellement l’église.

    -1ière et 2ième guerres mondiales, notre pays occupé avait servi de base arrière pour la métropole occupée, fourni de la chair à canon, approvisionné la population et l’armée françaises, au détriment bien évidemment de la population indigène décimée par les maladies et la faim, fournir des matières premières pour faire fonctionner son industrie.

    1954, Les gouvernants de la 4ième République très chancelante, avaient, pour sauver les meubles, du moins ce qui reste de cette dernière, pris comme mesure de sauvegarde, le transfèrement des officiers défaits dans la bataille de Dien Bien Phu au Vietnam, humiliés par le Général Giap, directement en Algérie pour leur offrir en guise de consolation un champ de tir où ils pouvaient canarder à volonté des indigènes, chose qu’ils avaient faite avec l’extrême sauvagerie pour assouvir leur soif de sang, laver leur honneur et se réhabiliter aux yeux des tenants de la colonisation. Ils subiront, en Algérie, une 2ième humiliation dont ils se souviendront à jamais pour transmettre à leur descendance un récit orienté.

    -1962, Pour sauver la France, isolée diplomatiquement au niveau mondial grâce à la diplomatie agressive, engagée et patriotique menée par le FLN qui avait rallié à notre cause un grand nombre de pays et la guerre que lui avait livrer sur le terrain notre ALN, soutenues par tout un peuple, les gouvernants français, contraints et forcés, avaient entrepris de s’asseoir à la table des négociations qui ont débouché sur les accords dits d’EVIAN. Effectivement, l’indépendance de notre pays a permis à la France de repartir économiquement et diplomatiquement à la reconquête de sa place sur la scène mondiale.

    -1982 ; La visite officielle, d’ailleurs très folklorisée, effectuée en France en 1982 par le président algérien (soit vingt ans après notre indépendance), une France dirigée alors par celui qui avait dit que l’Algérie c’est la France et n’avait pas hésité à faire actionner à trois reprises, (ce qui en droit est interdit), la guillotine sur le coup de notre Zabana, s’était soldée par une moisson de contrats juteux qui ont permis à la France de se redresser économiquement, de se replacer premier fournisseur de notre pays devenu poubelle de cette dernière (les voitures de moins de trois ans) et d’ouvrir le marché algérien aux entreprises françaises pour le siphonner. Le néocolonialisme, c’est aussi ça !

    Conclusion

    Affirmer péremptoirement que le peuple algérien cultive la haine, histoire de justifier les bouillons de culture de la haine anti ex colonisés (particulièrement visés les algériens), est une façon tendancieuse de faire passer aux yeux de l’opinion publique française, les Algériens pour ce qu’ils ne sont pas. Ce que l’auteur de cette avalanche de déclarations méprisantes indignes d’un chef d’État, doit savoir, au minimum, deux choses :

    -1- Pour le peuple algérien, la haine c’est péché et de fait, il la rejette et la combat car elle est tout bonnement contraire à ses croyances et à ses valeurs intrinsèques.

    -2- La famille et l’esprit de famille qui caractérisent le peuple algérien constituent la ligne rouge qu’il n’est pas permis de franchir. Ce qui est permis aux membres de la famille à l’intérieur de celle-ci ne l’est pas forcément aux étrangers. Autrement dit, quand la famille est attaquée même verbalement, tous ses membres, transcendent leurs éventuels différents pour se dresser comme un seul homme pour défendre l’honneur de la famille à l’exception de quelques uns : comme Boualem SANSAL dont Eric Zemmour le haineux nous dit compter comme son ami en s’appuyant sur son argumentaire, pour ne pas dire sa « prophétie » de voir la France plongée dans la guerre civile si la droite et son extrême ne récupère pas le pouvoir pour nettoyer la France de la « vermine » algérienne en premier. Il y a aussi Addi Lahouari « l’inventeur » de la régression féconde (à propos du FIS) qui dans son statut « d’intello de service », a volé au secours de Macron par son écrit dans le journal le Monde. Ils ne sont malheureusement pas les seuls, ces « colabos » qui ont vendu leur dignité et celle de « leur » peuple en contrepartie d’une reconnaissance éphémère, pour qu’il soit utile d’en établir la liste exhaustive… Faut-il encore remercier Zemmour et Macron pour avoir débusquer ces « lièvres honnis » ? Les Algériennes et les Algériens sauront se souvenir ! Et l’Histoire de l’Algérie en marche retiendra !

    Pour conclure il est toujours utile de rappeler une des sagesses de notre terroir que nos aïeux à travers nos parents, nous ont enseignées ; Ne jamais oublier que la personne que vous avez humiliée publiquement cherchera à se venger, il faut s’en méfier. Et si par le fait d’une force majeure vous devez faire un bout de chemin ensemble, il faut la mettre devant ou à défaut sur le côté et garder des distances de sécurité. Les colonialistes français, administration et armée, humiliés par des indigènes, n’oublient pas et semblent, si l’on juge à travers les déclarations de l’actuel Président de la République Française et pas que, pas prêts d’oublier. C’est pourquoi cette sagesse que nous ont léguée par nos aïeux est plus que jamais d’actualité et mérite d’être observée dans nos relations avec l’ex puissance coloniale. Ne dit-on pas à toute chose malheur est bon !? Les déclarations du Président de la République Française doivent nous interpeler et nous incitent à rester vigilants et unis pour signifier clairement aux nostalgiques de l’Algérie Française que nous somme une famille.

    Je reste persuadé que les déclarations intempestives et autres provocations sus-rappelées, auxquelles il faut ajouter toutes celles qui ne sont pas rendues publiques, qui ont heurté profondément les patriotes attachés à leur indépendance très chèrement acquise, produiront un effet contraire à celui attendu par leurs auteurs et ne manqueront pas de booster notre cohésion nationale, déjà au beau fixe, comme vient de le démontrer le mémorable mouvement populaire authentique de février 2019.

    Mahmoud Chabane

    Le Quotidien d’Oran, 14/10/2021

  • Pour l’abolition de la loi glorifiant l’impérialisme Français

    France, Algérie, colonisation, impérialisme, Afrique, françafrique, néo-colonialisme, #France, #Algérie,

    Là est le nerf de la guerre, la bataille de toutes les batailles : Si les algériens, maghrébins et africains du « sahel » regagnent leur souveraineté et leurs droits légitimes, l’empire « France-Afrique » disparaîtra quasiment instantanément, faute de la base solide sur laquelle s’appuyer : le territoire et ses ressources, source de toutes les convoitises.

    Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui n’est que la résultante de la domination et de l’oppression exercées par l’occident de la chrétienté et vues par son oligarchie dirigeante comme « porteuses de lumière ». Cette doctrine date des empires grecs et romains, Rome ayant passé le relais à l’église de Rome qui devint le Vatican au IVème siècle après que l’empereur Constantin eût cédé l’empire romain à l’église romaine.
    Depuis lors, la France s’est livrée au pillage, à la rapine, au meurtre organisé, au vol, à l’occupation et au génocide d’abord sur le continent européen, puis dès le XIème siècle en Afrique du nord, Moyen-Orient avec les croisades, puis durant « l’ère de la découverte » et de la prise de possession des continents africain et américain au XVème siècle jusqu’à aujourd’hui, sans discontinuer.

    Vouloir lutter efficacement aujourd’hui contre l’empire colonial, c’est lutter contre le fondement même de l’impérialisme qui repose sur le pilier de la « glorification » de la colonisation et un pilier de pouvoir idéologique étroitement impliqué l’un avec l’autre.

    Attaquer ces deux piliers porteurs aura pour résultat à terme, d’effondrer la glorification coloniale française notamment. Pour se faire, couper en cela l’herbe sous les pieds de l’empire français et œuvrer ensemble pour un changement radical de paradigme politique et économique.

    L’empire français est entré dans sa dernière phase, celle du capitalisme monopoliste hideux, qui ne peut, pour sa survie, qu’implanter une dictature sur toute l’Afrique. Jacques Chirac ne confiait-il pas lui-même, hors micro, en 1999 : « Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections » ?

    Comment ? Par la prise de conscience et le boycott physique et idéologique tout en amenant des solutions efficaces de remplacement aux dogmes ploutocratiques unipartite, vieux de plusieurs siècles qui nous ont été imposées depuis plus de cinquante années.

    La France Afrique « Un univers pourri jusqu’à la moelle »

    La politique franco-africaine, autrement appelée Françafrique, est extrêmement nocive. Après la proclamation de l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, des réseaux politiciens ont assuré la continuité du pillage du continent noir au profit notamment des hommes de pouvoir en France en plaçant des dictateurs corrompus à la tête des États nouvellement indépendants.

    Depuis plus de quarante ans, la politique française en Afrique vise uniquement à exploiter les ressources naturelles et géopolitiques des pays francophones. Les profits sont immenses. La corruption, le meurtre, la manipulation et la guerre. C’est le plus long scandale de la France, soi-disant patrie des droits de l’homme, soutenu, au-delà de toute raison, les inspirateurs et les auteurs du génocide rwandais.

    La France Afrique, c’est autre chose, le pré carré de toutes les compromissions et de tous les coups tordus, un espace protégé où l’impunité est assurée aux puissants.

    En 1994, et en moins de trois mois, 800 000 Tutsis sont massacrés au Rwanda sous les yeux impassibles de la France. Dans le même temps, de véritables armées privées sont recrutées et entraînées dans l’hexagone par le biais d’organismes tels que le DPS « Département protection sécurité » du Front national. Ainsi, alors que l’on croyait en avoir fini avec le paternalisme français et ses rapports incestueux avec un certain nombre d’autocrates africains.

    Des années durant après le drame, le président du Rwanda Paul Kagamé, les médias, les associations « humanitaires », une grande partie de la classe politique et les réseaux sociaux continuent d’accuser la France d’avoir participé au génocide rwandais.

    Pour la pensée unique, les « Tutsis » sont les victimes de crimes contre l’humanité commis par les Hutus pro-français, jamais leur part de culpabilité n’est mise en évidence, jamais on n’explique les raisons sordides qui se cachent derrière ce massacre !

    Jamais n’est mentionné le rôle néfaste de la présence française en Afrique ayant eu intérêt à provoquer la catastrophe. Il est temps de reprendre l’affaire à zéro et oser dire, preuves à l’appui, que votre histoire officielle a été truquée.

    Les années quatre-vingt-dix demeurèrent celles d’une collusion entre intérêts français et pratiques illégales sur le continent Africain.

    Rappelons, c’est important, que le niveau de vie du peuple français doit beaucoup à la rapine et à la vampirisation de l’Afrique : pétrole, gaz, or, diamants, uranium, cacao… Rappelons également que ces crimes sont de la responsabilité totale de la franc-maçonnerie criminelle qui dirige l’Afrique depuis la colonisation de ses mains ensanglantées.

    Des dizaines, voire centaines, de livres existent sur ces affaires, rien de secret, rien d’occulte, juste des archives déclassifiées. Du coup, quand on entend Macron, Sarkozy, Hollande, Valls, Eric Zemmour ou Marine nous parler de « valeurs occidentales », on se demande bien lesquelles ?

    L’éternelle histoire de ces assistants criminels ? Sauf les noms et les appellations qui changent le mode opératoire demeure le même ! Juste pour mieux comprendre ce processus mafieux d’hier et d’aujourd’hui !
    D’où il est nécessaire, de jeter la lumière sur cette affaire de corruption de la France en Afrique, au Maghreb et au Sahel et la relier directement avec Le terrorisme manipulé et les guerres secrètes à des fins géopolitiques des organismes de financement.

    Nous sommes tous des colonisés aux yeux de la France !

    Le seul moyen d’en sortir est pour nous, les Hommes politiques, parlementaires, historiens des deux côtés (colonisateurs – colonisés) doivent s’organiser et s’impliquer davantage autour des thèmes fondés sur les principes de réciprocités et d’universalité, de démocratisation des processus décisionnels et de politiques gouvernementales. Il s’agirait notamment de mieux préciser les rôles, responsabilités/obligations, attentes et réciprocités entre l’Algérie et ses partenaires, ainsi que d’un pays à l’autre, en vue de reconnaître ouvertement le mal perpétré, œuvrer pour une véritable restitution des droits volées et ressources usurpées ainsi que pour une réconciliation réelle avec les peuples colonisés d’hier et d’aujourd’hui, car nous avons besoin les uns des autres pour bâtir une véritable société juste qui soit toujours plus à la hauteur de la dignité humaine, émancipée et libre.

    Il n’y a pas d’autre alternative, ni aucune solution au sein du système oligarchique coercitif, oppressif et totalement mortifère qu’on nous a imposé en nous bourrant le crâne avec la pseudo-inéluctabilité de l’affaire par une science tronquée, biaisée et falsifiée à bien des niveaux.

    Tout cela est bien au-delà de toute rédemption et nous devons définitivement lâcher-prise d’avec cette ignominie colonialiste à la française, qui est le pire fléau que la terre ait porté depuis des milliers d’années.
    Ainsi nous voyons pour la mission actuelle l’unique issue de ce dilemme est : L’abolition des lois, glorifiant l’impérialisme Français !

    Véritable pilier de soutien entre les peuples, qui verra la libération des peuples des deux rives, de la doctrine colonialiste euro-centrique et l’ensemble des peuples s’auto-déterminés en adoptant et adaptant les modes de gouvernance de sociétés libres et indépendants à pouvoir non coercitif ; ceci rendant les conflits impossibles par concept.

    Ceci ne pourra s’effectuer après qu’une véritable reconnaissance des droits légitimes du peuple algériens volés ait été faite durant la colonisation soit au total 132 ans.

    Pour tous ceux qui désirent lutter efficacement contre le colonialisme français qui est le cœur même de l’impérialisme d’hier, d’aujourd’hui et de demain si rien ne change, il faut œuvrer à détruire les piliers porteurs de l’empire, qui aujourd’hui se situe plus que jamais en Afrique du Nord.

    Là est l’enjeu, là est le talon d’Achille de l’oligarchie coloniale impérialiste et c’est là qu’il faut frapper, à la réconciliation sinon, frapper là où cela fait mal, aux portefeuilles et aux ressources, c’est la seule solution réaliste et viable.

    La méthode doit consister à condamner et à rejeter la glorification de la « doctrine visant à légitimer l’occupation, la domination politique et l’exploitation économique de territoires par certains États » et par la même en forcer les entités de droit international à reconnaître la nullité de cette loi, forcer une rétractation de laquelle dépend l’effondrement du système juridique soutenant cette escroquerie.

    Le système colonial français est fait pour se protéger lui-même, par des lois oligarchiques de protection vous avez pour ça la Loi française du 23 février « glorifiant le rôle positif de la présence française en Afrique du Nord »
    C’est pourquoi il faut une énorme pression populaire pour forcer l’abolition définitive de cette ignominie devenue dogme fondateur de la société coloniale occidentale d’aujourd’hui ? Nous devons à cet égard, agir de concert avec nos frères maghrébins, des pays du Sahel et surtout les occidentaux débarrassés de l’idéologie colonialiste, avec les peuples colonisés des continents qu’ils ont colonisés. Cette union verra la chute inéluctable de tout empire et de toute hégémonie idéologique, économique et politique, car la base raciste sur laquelle repose tout le système n’existera simplement plus.

    Les oligarques colonisateurs ont peur, très peur, car ils savent que leur paradigme ne tient qu’à la division et qu’au contraire, l’union des peuples est leur angoisse existentielle. Comment mieux diviser les peuples que par la guerre ? Ce qui en plus leur fait gagner des sommes fabuleuses qui renforcent leur monopole capitaliste.
    Voilà pourquoi, nous insistons de plus en plus sur cet aspect de la lutte, qui à notre sens est devenu vital et offre une solution lumineuse pour se débarrasser avant toute chose de l’empire oppresseur français, condition sine qua non d’un changement de paradigme pour le bien–être de tous…

    Cela peut ne pas paraître évident mais néanmoins, il me semble pertinent de mettre en avant un fait. En effet La conquête de l’Algérie est-elle justifiée seulement par le désir de venger l’affront fait à un diplomate ? Non, répond Pierre Péan, auteur de du livre « Main basse sur Alger », un livre qui retrace les dessous de l’entreprise française.

    Cette conquête avait été menée dans le but de faire main basse sur les immenses trésors de la régence d’Alger (plus de 500 millions de francs de l’époque, soit 4 milliards d’euros) afin de constituer les fonds secrets du « Roi Charles X » pour corrompre et retourner le corps électoral français ?!

    Qu’est-il advenu de cette immense fortune ?

    Une partie a été versé dans les caisses de l’état, d’autres millions sont revenus au corps expéditionnaire. Le reste ? La plus grande partie du trésor et des pillages opérés dans la Casbah, dans la ville et dans les environs d’Alger a abouti dans les poches des militaires ,de fonctionnaires des finances , de négociants et d’ aventuriers mais aussi dans celles du roi des français , indique Pierre Péan.

    En résumer l’expédition militaire contre l’Algérie fut donc un « Grand hold-up financier » jamais admis. A cela s’ajoute les génocides jamais révélés !

    D’après des historiens la période d’occupation a fait plus de 5 millions de morts, dont un million et demi, seulement lors de la révolution de libération entre 1954 et 1962.

    La colonisation française a aussi fait des milliers de disparus et de blessés, des villages entiers ont été détruits, sans parler des ravages des rayonnements causés par les essais nucléaires français menés dans le désert algérien.

    La colonisation française de l’Algérie a duré entre 1830 et 1962, les autorités et les historiens algériens affirment que cette période a été marquée par des meurtres de près de cinq millions de personnes, ainsi que des campagnes de déplacement et de pillage des richesses, et du vol de milliers de documents et de pièces archéologiques, dont certaines dateraient de l’époque ottomane (1515-1830).

    Les responsables français ont répété à plusieurs reprises la nécessité pour l’Algérie de tourner la page de son passé colonial, mais l’Algérie n’a cessé de réclamer à plusieurs occasions la reconnaissance officielle de Paris de ses crimes coloniaux.

    Ce qui est évident et sûr, c’est que nos martyrs morts pour une juste cause demeureront immortels, pour l’éternité.

    La moindre défaite, pour eux était une victoire gagnée sur l’ennemi.

    Que Faut-il ajouter d’autre. Hommage à tous les morts pour l’Algérie indépendante.

    Tarek Benaldjia

    L’Espoir libéré, 04/10/2021

  • Algérie-Nouvel Ordre Mondial: le lion et les hyènes -partie1-

    Algérie-Nouvel Ordre Mondial: le lion et les hyènes -partie1-

    Algérie, Afrique, France, Françafrique, impérialisme,

    L’Algérie futur lion du continent africain : Cible des hyènes du Nouvel Ordre Mondial(1ère partie)

    Par Djamal Yalaoui Avocat au barreau de Paris

    Correspondant associé au barreau d’Oran

    La planète est devenue un immense chaos, au sein duquel, tous les repères s’effondrent les uns après les autres, comme si la théorie des dominos fût transposée, brutalement, dans la vie réelle de plus de 7 milliards d’êtres humains.

    Le doute s’est distillé au tréfonds des méandres des plus solides certitudes.

    Les crises sont devenues des séismes économiques, sociales, culturelles, spirituelles…Et comme lors de tremblement de terre, en fonction de leur degré sur l’échelle de Richter, elles engendrent, plus ou moins, de dégâts et leur multiplication fissure toujours, un peu plus, davantage les édifices que les pays, les nations ont édifié sur des décennies au prix de sacrifices.

    Depuis l’effondrement de l’U.R.S.S, sous les coups de boutoirs des occidentaux et la chute du mur de Berlin, le monde est entré dans une spirale sans fin de destructions que, même, une troisième guerre mondiale n’auraient pas permis :

    Le 11 septembre 2001 c’est l’anéantissement des tours jumelles de New York ;
    Au seuil du 21ème siècle c’est la détonation de la bulle internet ;
    En 2008 c’est l’effondrement des marchés financiers suite à l’explosion de la bulle des subprimes ;
    Depuis 40 ans c’est le nombre exponentiel de guerres créées de toutes pièces, aux quatre points cardinaux de la planète (ex-Yougoslavie, Géorgie, Ukraine…Afghanistan, Irak, Libye, Syrie…) pour des considérations de mise en place d’un Nouvel Ordre Mondial (NOM) par on ne sait quels grands architectes maléfiques !
    Ce tableau désastreux, digne d’un extrait de film d’horreur, est porté à son paroxysme par une nouvelle forme de séisme : le tsunamis sanitaire de la pandémie du Covid-19.

    Depuis cette année, 2020, l’histoire de l’humanité, dans sa globalité, subit et ressens le fer rouge de la douleur et de la tragédie.

    Après la mondialisation, la globalisation semble annoncer un monde menaçant, fluctuant, flou, énigmatique et malsain !

    La principale conséquence de ce constat, morbide, est que chaque pays comme chaque individu sera dans la nécessité de bâtir des fondations solides, au quotidien, échafauder sa propre résilience, charpenter solidement sa résistance aux répliques qui ont lieu après chaque séisme ou tsunami : les répliques peuvent faire plus de dégâts que le cataclysme, lui même.

    Le nouveau Président algérien, Abdelmajid Tebboune, semble s’inscrire dans cette stratégie pour anticiper les secousses telluriques économiques à venir et préparer le citoyen algérien à faire face aux risques auxquels la Nation algérienne va être confrontée.

    Gouverner, c’est, avant tout, prévoir !

    C’est toute la noblesse de l’engagement, de la volonté d’un dirigeant pour défendre les intérêts de son peuple…

    Pour certains dirigeants politiques : Gouverner c’est mentir !

    N’est-ce pas monsieur Macron, vous qui êtes toujours, prompt, a donné des leçons aux « roturiers africains », sans jamais vous les appliquer : « Faites ce que je dis pas ce que je fais ! »!

    C’est dans cet esprit, que lors de son rendez vous avec les responsables des médias algériens, le jeudi 30 avril 2020 au soir et diffusé le 1er mai, Le président Tebboune a révélé qu’il avait décliné pour ne pas dire balayer (mais nous sommes diplomates et donc respectueux de la forme) la proposition des institutions financières internationales, c’est à dire, le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), d’accorder à l’Algérie des « facilités de crédits » à hauteur de 130 millions de dollars.

    Monsieur Tebboune a précisé « nous préférons emprunter auprès de nos citoyens plutôt qu’auprès du FMI ou de la Banque Mondiale ».

    Il a relevé que la masse monétaire qui circule hors du système financier officiel et conventionnel représentait « entre 6.000 milliards de dinars (42,57 milliards) et 10.000 milliards de dinars (près de 71 milliards d’euros) ». Le Président algérien a tenu a rassurer les détenteurs de ces fonds en en stipulant qu’ils auraient « toutes les garanties et les facilitations (…) pour contribuer à l’économie nationale ».

    Le Président Abdelmajid Tebboune a, de surcroît, déclaré « je préfère emprunter auprès des algériens que d’aller vers le FMI ou d’autres banques étrangères » car « lorsque nous empruntons auprès de banques étrangères, on ne peut parler ni de Palestine ni du Sahara Occidentale ».

    La Palestine et le Sahara Occidentale sont deux constantes, intangibles, de la politique étrangère de l’Algérie et cette dernière est une des clés de voûte de la souveraineté nationale.

    Le premier magistrat de l’Algérie, indépendante, a parfait son allocution sur ce sujet en proclamant « face à la crise du coronavirus, notre point fort est que nous ne sommes pas endettés ».

    Face à cette attitude ferme et sereine, digne d’un feu Houari Boumediene, d’une part, alors que l’Algérie est le seul pays africain qui freine du pied et de la main, d’autre part ; les réactions d’indignation, flirtant avec presque l’injure, des « capots médiatiques de la finance internationale » ne se sont pas fait attendre !

    Certains esprits avisés me rétorqueront, avec raison, qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil de Satan » et que l’Algérie est sous la protection de la lune de Allah le très haut, en ce mois sacré du saint Ramadan!

    Cependant, compte tenu que la pandémie du coronavirus qui n’est pas une crise de plus, mais le symptôme d’un bouleversement majeur des sociétés du monde entier, le mépris des titres de la presse affidée aux FMI et à la Banque Mondiale sont très révélateurs.

    Dans les faits, et les faits sont têtus, les campagnes de dénigrement durent depuis des années :

    L’hebdomadaire français « Le Point » de septembre 2019 titrait avec fracas « L’Algérie au bord de la cessation de paiement ». Les « journalopes » du Point prennent leur rêve pour une réalité palpable !!
    Dès octobre 2019, la directrice générale du FMI Christine Lagarde ancienne avocate de la place de Paris ainsi que le président du groupe de la Banque Mondiale avaient exhiber « la disponibilité de leurs institutions à accompagner l’Algérie dans ses efforts, de développement ».

    Dans ce monde où les muselières ne sont plus faites pour les chiens mais pour les nations souveraines, « ces gens là » ont pris l’Algérie pour « un blaireau masochiste ».

    En effet, cette « disponibilité à accompagner » l’Algérie est une invitation à se mettre à table avec le diable : le FMI accorde des prêts sous condition de la mise en place d’une tutelle qui oblige l’emprunteur à des politiques d’austérité drastiques. Rien n’échappe à leurs fourches caudines : en matière sociale, bancaire, budgétaire, import-export…Et même les affaires étrangères n’y échappent pas, comme l’a justement rappelé le Président Tebboune.

    Je ne suis pas ici pour accuser le FMI et la BM, encore moins faire leur procès : ils profitent à raison des faiblesses et de l’attitude de victimes consentantes, et elles sont nombreuses en ce bas monde.

    Le quotidien français le Figaro de février 2019 annonçait dans son titre « Algérie : une économie à bout de souffle malgré des ressources abondantes », tel un Nostradamus de comptoir du café du commerce. Le pilier de bar remettait une dose dans son hebdomadaire le Figaro International de décembre 2019 qui titrait « L’ombre funeste du FMI plane sur l’Algérie » et en sous titre « La chute brutale du prix du pétrole laisse entrevoir une crise imminente ».

    Ces « merdias » et leur code de la haine qui a remplacé leur code de déontologie, à l’égard de l’Algérie, ne prennent aucune réserve dans leur commentaire fumeux (et non fameux !) : « Les autorités algériennes craignent par dessus tout l’ingérence des puissances étrangères. Mais il y en a une à laquelle, selon les économistes, elles n’échapperont pas, c’est celle du FMI, au mieux en 2022. A cette échéance, les réserves de change, 200 milliards de dollars en 2014, seront complètement épuisées et l’Algérie se retrouvera en cessation de paiement. ».

    Depuis quand l’économie est une science exacte au même titre que des mathématiques ???

    Même la médecine du 21ème siècle, déposée sur un piédestal telle une divinité a démontré de manière, manifeste, avec la crise du Covid-19 combien elle était une science inexacte !!

    Quant aux économistes et aux prétendus experts, de tout bord, ils n’ont jamais été capables de prévoir l’explosion d’une quelque conque bulle ou crise financière !

    Le média Jeune Afrique de mars 2020, qui n’a de jeune et d’africain que son nom, titrait « Coronavirus : l’Algérie enregistrera le pire déficit budgétaire de la région, prévient le FMI » et d’enfoncer le clou de la bêtise en sous titrant « la situation est pire que durant la crise financière de 2008 ».

    Ils ont juste oublié, ces idiots utiles du système dont ils sont les affidés, qu’en février 2020 Jean François Dauphin, chef de la division Moyen-Orient Asie Centrale du FMI, avait constaté une « vraie volonté de changement » de la situation de l’économie algérienne. Il soutenait que l’Algérie disposait « d’un potentiel énorme » en la matière et d’une population « jeune et instruite ».

    Il ajoutait, en sa qualité de donneur de leçon néocolonialiste du siècle dernier, que « les marges de manœuvre sont relativement réduites », en citant notamment la baisse des niveaux de réserves de change de l’Algérie depuis « le choc » pétrolier de 2014 !

    Monsieur Dauphin, qui a l’habitude de nager en eau trouble et dont la visibilité est réduite à l’égard de certains pays, s’est senti obligé de mettre en exergue la nécessité de transformer et de diversifier l’économie algérienne de manière à mettre en valeur tous les gisements de croissance qui existaient pour la création d’emploi.

    Cela s’appelle « enfoncer des portes ouvertes » avec en supplément une morne condescendance : comme si l’Algérie avait attendu monsieur Dauphin telle un messie, qui vient déclamer sa parole magique, aux ignorants que nous sommes !!

    Que « ces gens là » aillent balayer, d’abord devant leur porte !

    Les pays de la zone de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) c’est à dire les pays occidentaux vont connaître une récession de l’ordre de -6% à -10%, en 2020, quand l’Algérie va connaître une croissance de 0,7% à 1%.

    C’est vraiment « l’hôpital qui se moque de la charité », mais nous sommes musulmans et au surplus en période de Ramadan et donc on ne va pas jouer les snipers sur des ambulances, nous ne sommes pas dans la bande de Ghaza et nous respectons nos opposants!

    Le Monde Afrique du 2 mai 2020 titrait avec des relents de regrets « Le président algérien exclut le recours au FMI malgré la chute du pétrole » et
    Le Financial Afrik du 3 mai 2020 lui emboitait un pas claudiquant en titrant « L’Algérie refuse le prêt du FMI : idéologie et rationalisme ». A défaut de se taire on préfère continuer à ergoter : « ces gens là » devraient avoir pour dogme accroché à leur boutonnière, « quand ton silence est plus beau que tes mots, alors tais toi ! » il gagnerait en humilité, donc en intelligence et par conséquent en crédibilité !
    « Ces gens là » qui ont, décidément, une mémoire a géométrie variable négligent d’évoquer que l’Algérie détiens 5 milliards de dollars, sous forme de titre, sur le FMI : l’Algérie est le créancier du FMI !

    « Ces gens là » occultes que l’ancien Ministre des Finances Mohamed Loukal avait annoncé que l’endettement extérieur de l’Algérie se fera uniquement auprès des banques de développement dont elle est membre, comme la Banque Africaine de Développement et la Banque Islamique, notamment.

    Si le FMI est « un véritable mamamouchi mamamouchant », il n’a pas tord quand il dit que l’Algérie a une religion politique gravée dans les veines de son histoire : sa souveraineté érigée en identité !

    « Ces gens là » ne peuvent pas comprendre que l’identité ne se perd pas,, elle s’acquiert aux forceps. L’algérien préfère manger un seul repas, par jour, plutôt que devenir le serviteur soumis et méprisé du Nouvel Ordre Mondial : dignité et liberté sont indissociables !

    C’est pourquoi, les lions ne pactisent pas les hyènes, et l’Algérie n’a pas fini de contrarier la feuille de route ou l’agenda de « ces gens là ».

    L’Algérie continue a dérangé l’histoire de la vieille France tel un jeune adulte plein d’énergie et d’avenir.

    Algérie54, 8 mai 2020

  • Israël et le Maroc exécutent une stratégie mise au point par l’impérialisme

    « L’entité sioniste et le Makhzen exécutent une stratégie mise au point par l’impérialisme »

    L’entité sioniste et le Makhzen marocain sont « deux acteurs exécutant une seule et même stratégie » ayant été mise au point par l’impérialisme il y a une centaine d’année, a indiqué dimanche, le directeur général de l’Institut national des études stratégiques globales (INESG) sur les ondes de la Radio nationale.
    « Le Makhzen et l’entité sioniste sont deux éléments hégémoniques qui exécutent un plan visant à déstabiliser les républiques au profit des monarchies dans une zone s’étendant de l’est de l’Atlantique jusqu’en Afghanistan », a soutenu M. Medjahed lors de son passage à l’émission « l’Invité de la rédaction » de la chaîne 3.
    Le plan qu’il a évoqué trouve ses racines dans les accords de Sykes-Picot, en 1916, entre la France et le Royaume-Uni pour le partage du Moyen-Orient et la déclaration de Balfour de 1917 promettant la création d’un Etat juif en Palestine. Un plan qui a été actualisé avec le projet américain du Grand Moyent-Orient.
    Néanmoins, l’invité de la chaîne 3 a tenu à faire la distinction entre « le Makhzen qui sert la stratégie de l’impérialisme et le peuple marocain qui est un peuple frère ». Il a estimé également que, dans les circonstances actuelles, l’Algérie avait besoin de renforcer son front interne.
    Le DG de l’INESG a déploré, toutefois, l’absence d’une forte mobilisation chez l’élite algérienne. « C’est également le cas pour les élites au niveau des mondes arabe et musulman. Les élites y sont divisées et leurs divisions sont projetées sur les sociétés où elles vivent », a-t-il expliqué.
    Interrogé au sujet de la situation en Libye et au Sahel, M. Medjahed a accusé l’impérialisme occidental d’avoir créé une situation de chaos afin de faire obstacle à l’avancée, dans la région, de la Russie et de la Chine, notamment.
    Etiquettes : Maroc, Israël, sionisme, France, impérialisme, Makhzen, Algérie, Libye, Sahel, 
  • L’échec de la reprise impériale américaine

    Par Claudio Katz, via le blog de l’auteur, traduit par João Pedro Noronha Ritter

    L’idéologie impériale des États-Unis se heurte aux mêmes difficultés que la conception américaniste du monde. Tous deux exaltent les valeurs du capitalisme, privilégient l’individualisme, idéalisent la concurrence, glorifient le profit, mystifient le risque, louent l’enrichissement et justifient les inégalités.

    A LA RECHERCHE DE LA SUPREMATIE

    La tentative américaine de reconquérir la domination mondiale est la principale caractéristique de l’impérialisme du 21e siècle. Washington entend retrouver cette primauté face aux adversités générées par la mondialisation et la multipolarité. Affronter l’ascension d’un grand rival et l’insubordination de ses anciens alliés.

    Le premier pouvoir a perdu son autorité et sa capacité d’intervention. Il cherche à contrecarrer l’expansion de la puissance mondiale et l’érosion systématique de son leadership. Au cours des dernières décennies, il a essayé plusieurs voies infructueuses pour inverser son déclin et continue de sonder cette résurrection.

    Toutes vos actions sont basées sur l’usage de la force. Les États-Unis ont perdu le contrôle de la politique internationale dont ils ont fait preuve dans le passé, mais ils conservent une grande puissance de feu. Développez un arsenal destructeur pour forcer votre propre recomposition. Ce comportement confirme la terrifiante dynamique de l’impérialisme comme mécanisme de domination.

    Dans la première moitié du 20e siècle, les grandes puissances ont défié le leadership mondial par la guerre. Dans la période suivante, les États-Unis ont exercé ce leadership avec des interventions armées à la périphérie pour faire face à la menace socialiste. Actuellement, le capitalisme occidental fait face à une crise très sévère avec son timonier endommagé.

    Washington cherche à regagner la suprématie dans trois domaines qui définissent la domination impériale : la gestion des ressources naturelles, l’assujettissement des peuples et la neutralisation des rivaux. Toutes ses opérations visent à capturer la richesse, à réprimer les rébellions et à dissuader les concurrents.

    Le contrôle des matières premières est essentiel pour maintenir la primauté militaire et garantir des approvisionnements qui ont un impact sur le cours de l’économie. Contenir les révoltes populaires est fondamental pour stabiliser l’ordre capitaliste que le Pentagone a assuré pendant des décennies. Les États-Unis cherchent à maintenir la force avec laquelle ils sont traditionnellement intervenus en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Il doit également relever le défi chinois pour vaincre d’autres rivaux. Dans ces batailles, le succès ou le naufrage de la résurrection impériale américaine est résolu.

    CENTRALITÉ BELLIQUE

    L’impérialisme est synonyme de puissance militaire. Toutes les puissances régnaient par cette lettre, sachant que le capitalisme ne survivrait pas sans armées. Il est vrai que le système recourt également à la manipulation, à la tromperie et à la désinformation, mais il ne remplace pas la menace coercitive de la simple prééminence idéologique. Il combine violence et consentement et revendique un pouvoir implicite (soft power) qui s’appuie sur un pouvoir explicite ( puissance dure).

    Ces fondements doivent être rappelés, étant donné les théories qui remplacent l’impérialisme par l’hégémonie comme concept directeur de la géopolitique contemporaine. Certes, les puissants ont renforcé leur prédication à travers les médias. Ils développent un travail systématique de désinformation et de dissimulation de la réalité. Ils ont également perfectionné l’utilisation des institutions politiques et judiciaires de l’État pour garantir leurs privilèges. Mais, dans l’ordre international, la suprématie des grandes puissances se résout par des menaces militaires.

    Le système mondial fonctionne avec une guerre menée par les États-Unis. Depuis 1945, la première puissance a effectué 211 interventions dans 67 pays. Il maintient actuellement 250 000 soldats stationnés dans 700 bases militaires réparties dans 150 pays (Chacón, 2019). Cette mégastructure a guidé la politique américaine depuis le largage des bombes atomiques sur Nagasaki et Hiroshima et la formation de l’OTAN comme bras auxiliaire du Pentagone.

    Les trois principaux attentats de la guerre froide (Corée en 1950-1953, Vietnam en 1955-1975 et Afghanistan en 1978-1989) ont démontré la portée meurtrière de cette puissance. Washington a construit une structure internationale d’installations militaires sans précédent dans l’histoire (Mancillas, 2018).

    Le contrôle des matières premières a été un facteur déterminant dans de nombreuses opérations militaires et les massacres subis par le Moyen-Orient pour déterminer à qui appartient le pétrole illustrent cette centralité. Ce différend a déclenché l’effusion de sang en Irak et en Libye et a influencé les incursions en Afghanistan et en Syrie. Les réserves de pétrole brut sont aussi le butin convoité par les généraux qui organisent le harcèlement de l’Iran et le siège du Venezuela.

    ECONOMIE D’ARMES

    La politique étrangère américaine est conditionnée par le réseau d’hommes d’affaires qui s’enrichit de la guerre. Ils profitent de la fabrication d’explosifs qui doivent être testés dans un coin de la planète. L’appareil militaro-industriel a besoin de ces conflits. Il se nourrit de dépenses qui augmentent non seulement dans les périodes de guerre intense, mais aussi dans les phases de ralentissement.

    Une grande partie du changement technologique a lieu dans l’orbite militaire, l’informatique, l’aéronautique et l’activité spatiale étant les épicentres de cette innovation. Les gros fournisseurs du Pentagone profitent de la protection du budget de l’Etat pour fabriquer des appareils vingt fois plus chers que leurs homologues civils. Ils opèrent avec des sommes importantes, dans un secteur autonome des restrictions concurrentielles du marché (Katz, 2003).

    Ce modèle d’armes se développe au rythme des exportations. Les 48 grandes entreprises du complexe militaro-industriel contrôlent 64% de la fabrication dans la guerre mondiale. Entre 2015 et 2019, le volume de ses ventes a progressé de 5,5% par rapport au quinquennat précédent et de 20% par rapport à la période 2005-2009.

    En 2017, les dépenses militaires mondiales ont atteint leur plus haut niveau depuis la fin de la guerre froide (1 74 000 milliards de dollars), les États-Unis étant en tête de toutes les transactions (Ferrari, 2020). Le premier pouvoir concentre la moitié des dépenses et sponsorise les cinq principales entreprises de cette activité.

    Le leadership technologique nord-américain dépend de cette primauté internationale dans le domaine militaire. Le développement du capitalisme numérique au cours de la dernière décennie est passé par des fabrications militaires précédentes et est conforme à l’utilisation d’armes dans le pays. Les États-Unis sont le principal marché pour les 12 milliards de balles fabriquées chaque année. La National Rifle Association fournit un soutien matériel et culturel à la centralité continue du Pentagone.

    Mais cette centralité de l’économie d’armement génère aussi de nombreuses adversités pour le système de production. Elle nécessite un volume de financement que le pays ne peut assurer avec ses propres ressources. Le trou est couvert par un déficit budgétaire et un endettement extérieur qui menacent la domination du dollar.

    Les États-Unis ont soutenu leur échafaudage militaire depuis l’après-guerre avec la grande dette qu’ils ont imposée à leurs partenaires. Ce fardeau est actuellement combattu par les alliés européens et a déclenché une crise de financement de l’OTAN. Avec la disparition de l’Union soviétique, le Vieux Continent s’oppose à l’utilité d’un dispositif que Washington utilise pour ses propres intérêts.

    L’économie militaire américaine est basée sur un modèle à coût élevé et à faible compétitivité. Le gendarme du capitalisme a longtemps réussi à forcer la subordination de ses rivaux désarmés. Mais il n’a plus la même latitude pour gérer ses coûteuses innovations militaires. D’autres pays développent les mêmes innovations technologiques avec des opérations moins chères et plus efficaces dans la sphère civile.

    Les dépenses de guerre ont une influence très contradictoire sur le cycle de l’économie américaine. Il détermine le niveau d’activité lorsque l’État canalise les impôts vers la demande captive. Elle absorbe également des capitaux excédentaires qui ne trouvent pas d’investissements rentables dans d’autres domaines. Mais en période défavorable, il creuse le déficit budgétaire et capte des portions de dépenses publiques qui pourraient être utilisées pour de nombreuses allocations productives. A cette époque, les revenus générés par les dépenses militaires en technologie et en exportations ne compensaient pas la détérioration (et le ciblage désastreux) des ressources publiques.

    LES GUERRES DE NOUVEAU TYPE

    L’intervention étrangère américaine actuelle recrée les anciens modèles d’action impériale, mais la conspiration reste une composante centrale de ces modalités. La vieille tradition de coups d’État de la CIA contre les gouvernements progressistes est réapparue dans de nombreux pays.

    Washington s’attaque également à la « guerre par procuration » dans des zones prioritaires pour s’en prendre aux nations crucifiées par le Département d’État (Chine, Russie, Iran, Corée du Nord, Venezuela) (Petras, 2018).

    Mais l’échec de l’Irak a marqué un changement dans les modalités d’intervention. Cette occupation a conduit à un échec majeur en raison de la résistance rencontrée dans le pays et en raison de l’incohérence de l’opération elle-même, ce fiasco a conduit au remplacement des invasions traditionnelles par une nouvelle variété de guerres hybrides (VVAA, 2019).

    Dans ces incursions, les actions militaires actuelles sont remplacées par un amalgame d’actions non conventionnelles, avec un poids accru des forces parapubliques et un recours accru au terrorisme. Ce type d’opération prédominait dans les Balkans, en Syrie, au Yémen et en Libye (Korybko, 2020).

    Dans ces cas, l’action impériale assume une connotation policière de harcèlement, qui privilégie la soumission à la victoire explicite sur les opposants. Ces interventions s’appuient sur les opérations que la DEA a mises au point dans sa lutte contre le trafic de drogue. Le contrôle du pays violé devient plus pertinent (ou faisable) que sa défaite et l’agression high-tech occupent une place prépondérante (« guerres de cinquième génération »).

    Dans de nombreux cas, la composante terroriste de ces actions a dépassé le cap fixé par la Maison Blanche, générant une séquence autonome d’actions destructrices. Ce manque de contrôle a été vérifié auprès des talibans, initialement entraînés en Afghanistan pour poursuivre un gouvernement pro-soviétique. Les djihadistes aussi, entraînés en Arabie saoudite pour éroder les gouvernements laïcs du monde arabe.

    A travers des guerres hybrides, les Etats-Unis tentent de contrôler leurs rivaux, sans nécessairement procéder à des interventions militaires. Il combine encerclement économique et provocation terroriste, avec la promotion de conflits ethniques, religieux ou nationaux dans les pays stigmatisés. Il encourage également la canalisation du mécontentement de droite par des dirigeants autoritaires qui ont profité des « révolutions de couleur ». Ces opérations ont permis à plusieurs pays d’Europe de l’Est de se joindre au siège de l’OTAN contre la Russie.

    Les guerres hybrides comprennent des campagnes médiatiques plus répandues que les vieilles munitions d’après-guerre contre le communisme. Face à de nouveaux ennemis (terrorisme, islamistes, trafic de drogue), des menaces (États en déroute) et des dangers (expansionnisme chinois), Washington développe ses campagnes à travers un vaste réseau de fondations et d’ONG et utilise également la guerre de l’information sur les réseaux sociaux.

    Les attaques impérialistes incluent une nouvelle variété de fonctionnalités. Il suffit de regarder ce qui s’est passé en Amérique du Sud avec l’opération mise en place par divers juges et médias contre des dirigeants progressistes (lawfare), pour mesurer l’ampleur de ces complots. Cependant, ces attaques provoquent une agitation sans précédent à de nombreux niveaux.

    SCÉNARIOS CHAOTIQUES

    Au cours de la première moitié du 20e siècle, les guerres ont pris une ampleur industrielle, avec des masses de soldats exterminés par la machine de guerre – et tant de morts anonymes enterrés que ces guerres sans fin sont rappelées dans les tombes de « soldats inconnus » (Traverso, 2019 ).

    Au cours des dernières décennies, une autre modalité d’action en temps de guerre a prévalu, avec la diminution du détachement de troupes sur le champ de bataille. Les États-Unis ont perfectionné cette approche, en utilisant des bombardements aériens qui détruisent des villages sans la présence directe des Marines. Ce type d’intervention s’est consolidé avec la généralisation de l’utilisation des drones et des satellites.

    Avec ces modalités, l’impérialisme du XXIe siècle détruit ou balkanise les pays qui empêchent la résurgence de la domination américaine. L’augmentation du nombre de membres des Nations Unies est un indicateur de ce remaniement.

    La population non armée a été la plus touchée par les incursions qui ont brouillé l’ancienne distinction entre combattants et civils. Seulement 5% des victimes de la Première Guerre mondiale étaient des civils. Ce nombre est passé à 66% pendant la Seconde Guerre mondiale et en moyenne à 80-90% dans les conflits actuels (Hobsbawm, 2007 : Ch. 1).

    Les opérations soutenues par le Pentagone ont définitivement balayé toutes les règles des Conventions de La Haye (1899 et 1907), qui distinguaient les uniformes des civils. La même dissolution a lieu dans les conflits externes et internes de divers États nationaux. La frontière entre la paix et la guerre s’est estompée, ajoutant aux souffrances indescriptibles des réfugiés. L’agence qui calcule le nombre de sans-abri enregistré en 2019 un total de 79,5 millions de sans-abri.

    Ce nombre monumental de transferts forcés illustre le niveau accru de violence. Bien que les conflits n’atteignent pas l’ampleur généralisée du passé, leurs conséquences sur les civils sont proportionnellement plus importantes.

    L’agression impérialiste brise systématiquement les frontières entre les pays. Elle impose une reformulation géographique qui contraste avec les frontières rigides de la guerre froide. Ces lignes délimitaient des champs d’affrontement stricts et enfermaient rigidement les populations dans leurs lieux d’origine.

    Les déclenchements de guerre actuels accentuent les effets de la pression croissante de l’émigration vers les centres de l’hémisphère nord. La fuite de la guerre converge avec la fuite massive de la dévastation économique subie par plusieurs pays de la périphérie.

    L’impérialisme américain est la principale cause des tragédies de guerre contemporaines. Il fournit des armes ; favorise les tensions raciales, religieuses ou ethniques; et promeut des pratiques terroristes qui détruisent les pays touchés (Armanian, 2017).

    Ce qui s’est passé dans le monde arabe illustre cette séquence d’événements. Sous les ordres des présidents successifs, les États-Unis ont mis en œuvre la démolition de l’Afghanistan (Reagan-Carter), de l’Irak (Bush) et de la Syrie (Obama). Ces massacres ont fait 220 000 morts dans le premier pays, 650 000 dans le second et 250 000 dans le troisième. La désintégration sociale et le ressentiment politique générés par ces massacres ont, à leur tour, déclenché des attentats-suicides dans les pays centraux. La terreur a conduit à des réponses aveugles de plus de terreur.

    Les atrocités impériales sapent les objectifs initiaux de ces incursions. Afin de déplacer Kadhafi, l’impérialisme a pulvérisé l’intégrité territoriale de la Libye et démantelé le système de communication construit en Afrique du Nord pour contenir l’émigration vers l’Europe. Le pays est devenu un centre d’exploitation des migrants, dirigé par les mafias que l’Occident a financées pour prendre le contrôle de la Libye. Face à ce chaos, les anciennes métropoles coloniales ne projettent plus de nouvelles frontières formelles. Ils improvisent simplement des mécanismes de confinement des réfugiés (Buxton ; Akkerman, 2018).

    Le Pentagone a également établi une cinquantaine de bases cachées en Afrique, tandis que les compagnies pétrolières occidentales contrôlent ses champs au Nigeria, au Soudan et au Niger par des actions armées (Armanian, 2018). Cet appétit pour les ressources naturelles est la toile de fond de tragédies sur le continent noir. L’action impériale a encouragé les affrontements ethniques ancestraux pour accroître la gestion de ces ressources.

    LA FRACTURE INTERNE

    Le principal obstacle à la recomposition impériale américaine est l’effondrement de la cohésion interne du pays. Pendant des décennies, ce fut le fondement qui a soutenu l’intervention de la première puissance dans le reste du monde. Mais le géant du Nord a subi un changement radical en raison des revers économiques, de la polarisation politique, des tensions raciales et de sa nouvelle composition ethnique-population. L’uniformité culturelle qui alimentait le « rêve américain » a disparu et les États-Unis sont confrontés à une division interne sans précédent.

    Les divisions ont érodé les conditions de maintien de l’ingérence américaine à l’étranger. Les opérations militaires manquent du soutien du passé et ont été affectées par la fin de la conscription obligatoire. Washington ne se lance plus dans ses incursions avec une armée enrôlée à son insu, ni ne justifie ses actions par des messages d’allégeance aveugle au drapeau. Pour effectuer des opérations chirurgicales, il a opté pour l’utilisation d’armes plus limitées et plus précises. Il donne la priorité à l’impact médiatique et au confinement des victimes dans ses propres rangs.

    La privatisation de la guerre incarne ces tendances. L’utilisation de mercenaires embauchés et de milices pour négocier le prix de chaque massacre s’est généralisée. Cette forme de belligérance sans engagement de la population explique la désaffection générale pour les actions impérialistes. Les guerres sans recrues nécessitent des dépenses plus élevées mais atténuent la résistance interne. Ils évitent même de percevoir les échecs dans des territoires lointains (Irak, Afghanistan) comme leurs propres adversités.

    Cependant, la contrepartie de cette rupture est la difficulté impériale croissante à s’aventurer dans des projets plus ambitieux. Il est très difficile de reconquérir le leadership mondial sans l’adhésion de segments importants de la population.

    L’impérialisme d’après-guerre reposait sur une autorité officielle qui se dissipait. La fin de l’enrôlement de masse a introduit un nouveau droit démocratique, qui sape paradoxalement la capacité de l’État américain à regagner son pouvoir impérial en déclin (Hobsbawm, 2007 : 5).

    La privatisation de la guerre, à son tour, accentue les effets traumatisants de la séparation entre les militaires et la population. Le traumatisme des retours d’Irak ou d’Afghanistan illustre cet effet. L’utilisation de mercenaires étend également la militarisation interne et l’explosion de violence incontrôlable causée par la possession gratuite d’armes.

    Cette séquence de corrosions prend de l’ampleur avec la canalisation du mécontentement social de la droite. Manifestée à la Tea Party, elle s’est consolidée avec tromperie.

    La xénophobie, le chauvinisme et la suprématie blanche se sont propagés avec des discours racistes qui accusent les minorités, les migrants et les étrangers du déclin des États-Unis. Mais cette fureur nationaliste ne fait qu’approfondir la fracture interne, sans recréer la vaste base sociale que l’impérialisme américain avait l’habitude d’envahir à l’étranger.

    LES ÉCHECS DE TRUMP

    Les quatre dernières années ont dressé un portrait saisissant de la tentative ratée des États-Unis de reprendre la domination impériale. M. Trump a donné la priorité à la remise sur pied de l’économie nationale et espère utiliser la supériorité militaire du pays pour susciter un nouveau départ productif.

    Malgré ce soutien, il a dû faire face à des négociations étrangères très dures dans le but d’étendre au plan commercial les avantages monétaires que le dollar conserve. Il a promu les accords bilatéraux et remis en question le libre-échange pour profiter de la primauté financière de Wall Street et de la Réserve fédérale.

    Trump a tenté de préserver la suprématie technologique en augmentant les demandes de paiement de la propriété intellectuelle. En contrôlant la financiarisation et le capitalisme numérique, il espérait forger un nouvel équilibre entre les secteurs mondiaux et américains de la classe dirigeante. Il a fait le pari de combiner protectionnisme local et commerce mondial.

    Le milliardaire a donné la priorité à l’endiguement de la Chine. Il s’est battu brutalement pour réduire le déficit commercial, pour répéter la soumission que Reagan a imposée au Japon dans les années 1980. Il cherche également à consolider une primauté sur l’Europe, en tirant parti de l’existence d’un appareil d’État unifié par rapport aux concurrents transatlantiques qui n’ont pas réussi à étendre leur unification monétaire au plan fiscal et bancaire. Sous couvert de désordre improvisé, l’occupant de la Maison Blanche a conçu un plan ambitieux pour le redressement des États-Unis (Katz, 2020).

    Mais sa stratégie dépendait de l’aval d’alliés (Australie, Arabie saoudite, Israël), de la subordination de partenaires (Europe, Japon) et de la complaisance d’un adversaire (Russie) pour forcer la capitulation d’un autre (Chine). Trump n’a pas réussi à réaliser ces alignements et le nouveau démarrage américain a échoué dès le départ.

    La confrontation avec la Chine a été son principal échec. Les menaces n’ont pas intimidé le dragon asiatique, qui a accepté plus d’importations et moins d’exportations sans valider l’ouverture financière et le frein aux investissements technologiques. La Chine n’a pas adapté sa politique monétaire aux exigences d’un débiteur qui a placé la plupart de ses obligations dans des banques asiatiques.

    Les partenaires des États-Unis n’ont pas non plus renoncé à faire affaire avec le grand client asiatique. L’Europe ne s’est pas jointe à la confrontation avec la Chine et la Grande-Bretagne a continué à jouer son propre jeu dans le monde. Pour conclure, la Chine a augmenté ses échanges commerciaux avec tous les pays de l’hémisphère américain (Merino, 2020).

    Trump n’a réussi qu’à induire un soulagement économique, sans inverser un déséquilibre significatif de l’économie américaine. Ce manque de résultats a été mis en évidence dans la crise précipitée par la pandémie et dans sa propre éviction de la Maison Blanche.

    Les mêmes adversités ont été constatées dans l’orbite géopolitique. Trump a tenté de contrecarrer le lourd héritage des échecs militaires. Il a favorisé une approche plus prudente des aventures guerrières face au fiasco de l’Irak, à la dégradation de la Somalie et aux débats sur la Syrie.

    Pour inverser les campagnes infructueuses de Bush, il a ordonné le retrait des troupes dans les endroits les plus exposés. Il a transféré les opérations à ses partenaires saoudiens et israéliens et a réduit l’importance des troupes américaines. Il a soutenu l’annexion de la Cisjordanie et les massacres des Yéménites, mais n’a pas engagé le Pentagone dans une autre intervention. Il a retiré les Marines de la crise en Libye, retiré les troupes de Syrie et abandonné les alliés kurdes. Dans cette région, il approuve l’intervention croissante de la Turquie et consent à la prééminence de la Russie.

    Trump a de nouveau connu la même impuissance que ses prédécesseurs à contrôler la prolifération du nucléaire. Cette incapacité à restreindre la possession de la bombe atomique à un club restreint de puissances illustre les limites américaines. Les Etats-Unis ne peuvent pas dicter le cours de la planète si un certain nombre de pays partagent le pouvoir de persuasion par la menace que leur confère leur capacité nucléaire.

    L’échec des accords avec la Corée du Nord a confirmé ces faiblesses de Washington. Kim a perfectionné le cadre des missiles et a rejeté l’offre de désarmement en échange de fournitures d’énergie ou de nourriture. Il sait que seule l’énergie nucléaire empêche la répétition dans son pays de ce qui s’est passé en Irak, en Libye ou en Yougoslavie.

    Cet abri atomique est une protection contre un empire qui a imposé la division de la péninsule coréenne et rejette tout accord de réunification. Les États-Unis opposent constamment leur veto aux avancées de la proposition russo-chinoise visant à freiner la militarisation des deux côtés (Gandásegui, 2017). Mais après plusieurs menaces, Trump a rangé sa pose arrogante et a accepté la simple poursuite des négociations.

    Un obstacle très similaire a été rencontré en Iran. Là aussi, la priorité impérialiste a été d’arrêter le développement nucléaire pour assurer le monopole atomique régional d’Israël. Trump a rompu l’accord de désarmement signé par Obama que la reconnaissance internationale rendait viable.

    Il a redoublé ses provocations avec des embargos et des attaques. L’assassinat du général Soleimani a été le point culminant de cette agression. C’était un acte de terrorisme flagrant contre le chef d’état-major d’un pays qui n’a commis aucune agression contre les États-Unis. Mais ce type de crime – suivi de l’élimination de plusieurs scientifiques de haut rang – n’a pas empêché l’incorporation progressive de l’Iran dans le club des pays protégés par l’armement atomique.

    Cette même propagation de la puissance nucléaire empêche Washington d’imposer son arbitrage dans d’autres conflits régionaux. Les tensions entre le Pakistan et l’Inde, par exemple, se produisent entre deux armées dotées de ce type d’armement et d’une capacité conséquente à s’autonomiser de la tutelle impérialiste.

    Trump a également échoué dans ses attaques contre le Venezuela. Il a encouragé toutes les conspirations imaginables pour reprendre le contrôle de la principale réserve pétrolière de l’hémisphère, mais n’a pas réussi à soumettre le Chavismo. Ses menaces se heurtent à l’impossibilité de répéter les anciennes interventions militaires en Amérique latine.

    LA NOUVELLE STRATÉGIE DE RÉARMEMENT

    Trump ne s’est pas limité à contenir la présence militaire à l’étranger dans l’espoir de renforcer l’économie. Il a augmenté de façon spectaculaire le budget militaire afin d’exclure toute suggestion d’un retrait impérial effectif. Ces dépenses sont passées de 580 milliards de dollars (2016) à 713 milliards de dollars (2020). Il a obtenu des profits records pour les fabricants de missiles et a testé une mégabombe d’une portée sans précédent en Afghanistan.

    Trump a relancé le programme Star Wars[1] et a rompu les traités de désarmement nucléaire. Il a également approuvé le passage à la « compétition entre grandes puissances » (CPG), qui remplace la « guerre mondiale contre le terrorisme » (GWOT). Cette évolution tend à remplacer l’identification, le suivi et la destruction des forces adverses dans des zones reculées d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient par un réarmement plus conventionnel destiné à préparer les conflits. Cette péripétie a mis fin au chapitre des incursions de Bush dans les zones reculées pour reprendre la confrontation traditionnelle avec les ennemis du Pentagone (Klare, 2020).

    Dans cette perspective, Trump a complété la pression commerciale sur la Chine par un changement majeur de flotte dans le Pacifique. Il a appelé à la démilitarisation de la côte de la mer de Chine méridionale pour briser le bouclier défensif de son rival. Il a renforcé de manière spectaculaire le mouvement des troupes, initié par Obama, du Moyen-Orient vers le continent asiatique.

    La pression sur la Chine s’est accrue avec l’expansion de la marine et l’acquisition d’un nombre impressionnant de navires et de sous-marins. L’armée de l’air a été modernisée en fonction de toutes les innovations en matière d’intelligence artificielle et de formation à la cyberguerre.

    Pour tourmenter la Chine, Trump a renforcé le bloc formé avec l’Inde, le Japon, l’Australie et la Corée du Sud (le Quad). Cet alignement militaire suppose que les confrontations éventuelles avec Pékin se dérouleront dans les océans Pacifique et Indien. Un célèbre conseiller du département d’État situe l’issue de la confrontation sino-américaine dans cette région (Mearsheimer, 2020).

    La stratégie à l’égard de la Russie a été plus prudente et a pris la forme de la tentative initiale d’attirer Poutine dans un accord contre Xi Jinping. De l’échec de cette opération sont nées les initiatives visant à renforcer les armées de terre sur le continent européen. La Maison Blanche a poursuivi son travail de cooptation militaire des voisins de la Russie et a étendu le réseau de missiles de l’OTAN des républiques baltes et de la Pologne à la Roumanie.

    Avec cette nouvelle stratégie, le développement des armes nucléaires a repris son ancienne centralité. Trump a approuvé le développement de munitions atomiques basées sur des ogives à portée limitée et des missiles balistiques lancés en mer. La première série de ces bombes a déjà été fabriquée et livrée au haut commandement.

    Pour développer ces engins explosifs, Trump a rompu les différents traités de rationalisation nucléaire conclus en 1987. Il a mis fin au mécanisme compatible avec la Russie qui rendait la destruction des armes obsolète. Il a également parrainé le premier test d’un missile de moyenne portée depuis la fin de la guerre froide.

    La nouvelle stratégie de guerre explique la demande brutale d’un financement européen accru pour l’OTAN. L’intimidation de la Maison Blanche a rappelé à l’Occident qu’il doit payer l’aide fournie par les États-Unis. Cette demande a généré la plus grande tension transatlantique depuis l’après-guerre.

    Trump a tenté d’entraîner ses alliés dans des conflits avec la Chine et la Russie, qui minent les affaires sur le Vieux Continent. Dans cette région, il existe une forte résistance à la militarisation promue par les États-Unis. Mais le capitalisme européen n’a pas été capable de s’émanciper de la guerre belliciste américaine et a donc suivi les incursions en Irak et en Ukraine. Ils rejettent la demande de dépenses supplémentaires pour l’OTAN, mais sans rompre avec leur subordination à Washington.

    L’impérialisme alternatif européen conçoit son propre système de défense en étroite relation avec le Pentagone et, pour cette raison, ne parvient pas à unifier sa propre armée. Il existe un divorce entre la suprématie militaire de la France et la puissance économique de l’Allemagne qui empêche cette initiative de se concrétiser (Serfati, 2018).

    Trump n’a pas réussi à subjuguer l’Europe, mais ses interlocuteurs à Bruxelles, Paris et Berlin ont continué à manquer de direction propre. Ce flou a accru la capacité affichée par la Russie à contenir la recomposition impériale américaine. Poutine a renforcé la digue défensive qu’il a établie avec Xi Jinping et est sorti indemne du bras de fer géopolitique en Syrie, en Crimée et dans le Haut-Karabakh. Le fossé persistant entre ces résultats et la désintégration qui prévalait sous l’ère Eltsine est très visible.

    Parce que la Chine ne rivalise pas avec la même frontalité géopolitique, ses réalisations sont moins visibles, mais elle affiche des résultats économiques impressionnants en concurrence avec les États-Unis. Au final, Trump a dépeint l’incapacité américaine à retrouver la primauté impériale.

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    Trump s’est tiré d’affaire avec une aventure qui dépeint l’ampleur de la crise politique américaine. L’invasion du Congrès n’était pas un acte impromptu. Les groupes d’extrême droite ont rendu le plan public à l’avance, financé les voyages, réservé des hôtels et transporté des armes. À l’intérieur des circonscriptions, ils ont suivi les voies d’accès aux bureaux désignés des membres du Congrès complices.

    La police a mis en place une zone de dégagement et a sécurisé les assaillants pendant des heures. Si un groupe d’Afro-Américains avait tenté une telle action, ils auraient été instantanément abattus. Ces dernières années, des manifestations pacifiques à cet endroit précis se sont soldées par des centaines de blessés et d’arrestations.

    Trump a directement participé au coup d’État. Il a été l’instigateur des manifestants, a maintenu la communication avec leurs dirigeants et a promis de les soutenir. L’objectif de cette action était de faire pression sur les membres républicains du Congrès qui remettaient en cause la contestation du résultat des élections. Ils ont notamment menacé de les forcer à suivre les instructions du président. Avec la provocation au Capitole, Trump a tenté d’étayer son allégation absurde de fraude. Il parvient à conserver la loyauté d’une centaine de législateurs et à retarder l’expulsion, mais finit par abandonner la partie et condamner les occupants.

    L’attaque était aussi surréaliste que les spécimens qui l’ont perpétrée. Le groupe d’hallucinés qui a été photographié dans les fauteuils du Congrès semblait tiré d’une série télévisée fantastique. Mais leur action bizarre n’efface pas la marque fasciste de l’opération.

    Tous les fous qui ont participé à l’assaut font partie de l’une ou l’autre des milices suprématistes blanches. Ils opèrent dans des sectes fanatiques (QAnon Shaman) ou font référence à la congressiste qui a gagné son mandat avec le symbole de la mitraillette (Marjorie Taylor Greene). Les policiers qui ont ouvert les portes du Congrès participent également à ces formations d’ultra-droite.

    Les groupes paramilitaires comptent 50 000 membres bien équipés. Ils sont spécialisés dans l’attaque de manifestations de jeunes ou de démocrates, et il y a quelques mois, ils ont répété une cour de coup d’État devant l’assemblée législative du Michigan. Un quart de ces milices sont composées de militaires ou de policiers, et cette appartenance a été confirmée dans la liste des personnes arrêtées pour l’attaque du Capitole.

    L’importante présence militaire dans les pelotons fascistes a forcé deux déclarations du haut commandement rejetant l’implication des forces armées dans les aventures du Trumpisme. Dix anciens secrétaires à la défense ont signé cet avertissement, et le FBI a organisé l’inauguration de Biden avec une opération sans précédent pour démanteler d’éventuelles attaques. Après de nombreuses années de liberté de mouvement et de prédication, les groupes fascistes sont devenus la principale menace terroriste. Les suprémacistes (et non les héritiers de Ben Laden) sont désignés comme le grand danger qui se profile. Contrairement à ce qui s’est passé avec les tours jumelles, cette fois l’ennemi est interne.

    Ces groupes sont soutenus par une base sociale raciste qui a actualisé les emblèmes néo-confédérés. Ils constituent une reprise des vagues périodiques de réaction contre les acquis démocratiques. Dans le passé, ils exécutaient les esclaves libérés ou violaient les droits civils. Aujourd’hui, ils rejettent l’intégration raciale, le multiculturalisme et l’action positive.

    Les Afro-Américains restent la première cible d’un ressentiment qui s’étend aux immigrants. C’est pourquoi la contestation du résultat de l’élection anti-Trump a été si intense dans les États comptant des électeurs noirs et latinos. Les extrémistes évangéliques ont ajouté leur croisade contre l’avortement et le féminisme à la campagne ultraconservatrice.

    L’attaque du Capitole n’était pas l’antithèse de la réalité américaine que Biden imaginait. Il a exprimé l’état d’agonie du système politique et a complété toutes les anomalies qui sont apparues au cours de l’élection. L’irruption de fascistes armés au Congrès n’est pas étrangère au système électoral antidémocratique que la ploutocratie au pouvoir a créé.

    Les tentatives de coup d’État étaient le seul ingrédient manquant dans ce plan infâme. Les hordes trumpiennes ont comblé ce vide, enterrant toute dérision contre les régimes politiques latino-américains. Cette fois, l’épisode typique de la République bananière s’est produit à Washington. Les voyous n’ont pas envahi les parlements du Honduras, de la Bolivie ou du Salvador. L’opération que le Département d’État exporte et que l’ambassade yankee organise a été réalisée chez nous.

    Les conséquences politiques de cet épisode sont incommensurables. Ils affectent directement la capacité d’intervention impérialiste. L’OEA devra réinventer ses scénarios pour condamner les « violations des institutions démocratiques » dans les pays qui ne font qu’imiter ce qui s’est passé à Washington. Elle doit également expliquer pourquoi les dirigeants républicains et démocrates ont toléré cette incursion sans exercer de représailles énergiques contre les responsables.

    Les effets plus durables sont encore flous, mais les comparaisons établies avec la prise de Rome par les barbares ou les marches de Mussolini illustrent la gravité de ce qui s’est passé. Plusieurs historiens estiment que le pays est confronté à la plus grande confrontation interne depuis la guerre civile du XIXe siècle.

    Dans l’immédiat, il existe deux scénarios opposés au déclin ou à la résurgence de Trump. En particulier, les tenants de la première constatent que l’aventure du coup d’État a accentué une détérioration déjà subie par le nabab à la suite du pandalisme et de la défaite électorale (PSL, 2021 ; Naím, 2021). Il a été libéré de ses fonctions (amendement 25), mais pas d’un impeachment qui pourrait le disqualifier à l’avenir. Il a fait fi des fonctionnaires qui ont fait défection, du rejet des membres républicains du Congrès et d’un pardon honteux de ses complices. L’inauguration militarisée a dissuadé les marches prévues pour soutenir son administration.

    Trump a été abandonné par les secteurs financiers et industriels qui avaient soutenu sa campagne, et le secteur technologique l’a répudié en coupant ses comptes Twitter et Facebook. L’establishment craint les effets ingérables des actions de l’ancien président. Si le déclin de Trump se confirme, l’attaque du Capitole sera comparée au « Tejerazo » de 1981 en Espagne (la dernière tentative ratée du régime franquiste pour conserver le pouvoir).

    Mais un nombre opposé d’analystes estiment que ce qui s’est passé ne changera pas la solide insertion politique du Trumpisme (Vandepitte, 2021 ; Farber, 2021 ; Post, 2020). Le millionnaire dispose d’une base sociale qui rassemble 47% des électeurs et soumet le parti républicain à son leadership. De nombreux législateurs ont répété sa fable de la fraude électorale, avec l’ajout fou qu’elle était perpétrée par un groupe de gauche fantôme (Antifas).

    Ce point de vue postule que le trumpisme s’est retranché dans la structure de l’État (police, juges, bureaucratie) et pourrait construire une troisième colonne pour remettre en cause le bipartisme s’il ne parvient pas à dompter le chaudron républicain. La disqualification de Trump serait neutralisée par l’importance de ses enfants ou d’un autre successeur. Et l’animosité des financiers serait compensée par d’autres contributeurs.

    Mais les deux options de chute ou de continuité du trumpisme ne dépendent pas seulement du comportement des élites et des réalignements des républicains. À l’opposé, la réaction des jeunes, des travailleurs précaires, des Afro-Américains, des féministes et des Latinos qui, avant la période électorale, ont occupé les rues avec de grandes manifestations. Si ces voix se manifestent à nouveau – avec la demande de démocratisation du système électoral – l’avenir du magnat sera inscrit dans un scénario différent.

    CONTINUITÉS ET PROBLÈMES

    Le départ de Trump atténuera le ton de la rhétorique impériale, mais pas l’intensité de l’agression américaine. En usant davantage de diplomatie et d’hypocrisie, Biden partage la politique étatique de son prédécesseur.

    Les deux partis de l’establishment se sont relayés pour gérer les structures qui soutiennent la prééminence militaire du pouvoir en place. Les preuves de ce bellicisme partagé sont innombrables. Non seulement les démocrates ont initié les grandes guerres de Corée et du Vietnam, mais Clinton et Obama ont autorisé plus d’incursions à l’étranger que Trump, et Biden lui-même a soutenu l’invasion de l’Irak en 2002, supervisé l’intervention en Libye et approuvé le coup d’État au Honduras (Luzzani, 2020).

    Le système impérial américain est fondé sur un système politique non démocratique qui garantit la répartition régulière des fonctions publiques entre les deux partis traditionnels. Lors des dernières élections, le fonctionnement de ces mécanismes de manipulation a été particulièrement visible. Aux États-Unis, le principe élémentaire « une personne, un vote » ne fonctionne pas. Il n’existe pas non plus d’inscription fédérale des électeurs ni d’autorité électorale unique. Il faut s’inscrire, et le gagnant de chaque État obtient le vote du collège électoral.

    La ploutocratie qui dirige ce système assure sa continuité grâce au financement massif des campagnes électorales assuré par les grandes entreprises (10,8 milliards de dollars en 2020). Les 50 Américains les plus riches – qui possèdent une richesse équivalente à la moitié de la population du pays – sont assurés de contrôler le régime. Sur cette base, ils définissent les stratégies impériales utilisées pour dicter des leçons de démocratie au reste du monde.

    Biden est sur le point de reprendre la politique étrangère traditionnelle entachée par la colère de son prédécesseur. Il tentera dans cet environnement le même retour à la « normalité » qu’il promet au niveau national. Les médias sont d’accord avec ce maquillage.

    Le nouveau résident de la Maison Blanche maintient le néolibéralisme avec quelques touches de progressisme sur l’agenda des minorités, du féminisme et du changement climatique. Ce même mélange sera déterminant dans l’arène étrangère, entourant les lignes directrices fondamentales de l’empire de plus d’ornements de la rhétorique amicale. Cette ligne a été suggérée par des conseillers traditionnels du département d’État (Nye, 2020). Biden mettra en œuvre cette combinaison en s’appuyant sur son expérience d’un demi-siècle dans les interstices de Washington.

    Il a déjà placé la même équipe de fonctionnaires d’Obama à des postes clés de la politique étrangère, mais il ne pourra pas simplement répéter le mondialisme multilatéral de cette administration. Avec les accords de libre-échange transpacifique et transatlantique, Obama a favorisé un réseau d’alliances asiatiques pour encercler la Chine et un cadre d’accords avec l’Europe pour isoler la Russie. Aucun de ces accords n’a pu être finalisé avant leur enterrement brutal par le bilatéralisme mercantile de Trump. Il est très peu probable que Biden puisse reprendre l’approche précédente comme pilier économique de sa stratégie impériale.

    La conclusion de méga-accords commerciaux avec l’Europe et l’Asie nécessite une économie hautement efficace que les États-Unis ne gèrent plus. Le dollar, la haute technologie et le Pentagone ne suffisent plus. Dans l’hémisphère américain lui-même, Washington n’a pas été capable de mettre en œuvre une stratégie de libre-échange. Elle a seulement réalisé l’ALENA 2.0 (CUSMA / USMCA / T-MEC[2]) sans rétablir une quelconque variante de la ZLEA dans le reste de la région.

    D’autre part, la crise de la mondialisation persiste et le prêche de Trump pour affronter les adversaires commerciaux a séduit l’électorat. Il existe un fort courant d’opinion qui est hostile au mondialisme traditionnel des élites côtières. A ce malaise s’ajoute le Grand Confinement généré par la pandémie et la paralysie sans précédent des transports et du commerce international. La confluence des obstacles à la reprise du multilatéralisme est très importante.

    Biden devra concevoir un nouveau pilier pour son programme étranger avec un autre équilibre entre américanistes et mondialistes. De la même manière que Trump a pris ses distances avec l’interventionnisme de Bush, Biden devra proposer une recette plus éloignée du format démocrate traditionnel.

    Ses premières mesures viseront à reconstruire les relations traditionnelles avec les alliés de l’OTAN. Il tentera de panser les plaies laissées par son prédécesseur en se lançant dans des projets de lutte contre le changement climatique (Accord de Paris). Il cherchera à « décarboniser » le secteur de l’énergie par des mesures d’incitation en faveur des énergies renouvelables et la promotion des voitures électriques. Mais ces initiatives ne résolvent pas le grand dilemme de la stratégie par rapport à la Chine.

    Dans ce domaine, il existe de nombreux signes de continuité. Biden intensifiera la pression en faveur d’une OTAN Pacifique-Indien (Dohert, 2020). L’Australie a déjà décidé de participer à des exercices navals avec le Japon et de devenir le principal porte-avions régional du Pentagone. De son côté, Taïwan a reçu de nouvelles armes aériennes et l’Inde montre des signes d’approbation de la menace en mer de Chine (Donnet, 2020).

    Le nouveau président va essayer d’intégrer l’Europe dans cette campagne. Il se prépare à suturer les plaies laissées par Trump, en profitant du nouveau climat d’adversité envers la Chine qui émerge parmi les élites du Vieux Continent. L’Union européenne a désigné le géant oriental comme un « concurrent stratégique » et les gouvernements allemand, français et britannique négocient pour opposer leur veto à Huawei sur leurs réseaux 5G. Macron vient de nommer un représentant français au sein du quartet belliciste que le Pentagone a formé en Asie (le Quad).

    Mais personne ne sait encore comment l’OTAN sera financée, et la liste des problèmes de conflit avec l’Europe est très longue. Il comprend la position américaine sur le Brexit et des clarifications sur le projet d’accord de libre-échange anglo-américain de Trump. La position du département d’État sur le pipeline reliant l’Allemagne à la Russie est également en attente.

    Ces définitions influenceront la stratégie de guerre du président Biden. Il devra choisir entre les pénuries de troupes qui caractérisent Trump ou l’interventionnisme privilégié par Obama-Clinton. Pousser les guerres hybrides ou se réarmer pour des confrontations majeures implique une autre décision importante. Mais dans chacune de ces variantes, il est prêt à insister sur le projet impérial de redressement américain.

    BLOCAGE DE L’IDÉOLOGIE

    Il est probable que Biden revienne à la bannière des droits de l’homme pour justifier la politique impériale. Cette couverture a traditionnellement été utilisée pour masquer des opérations d’intervention. Trump a abandonné ces messages et a simplement opté pour des déclarations scandaleuses sans aucune prétention à la crédibilité.

    La pression que Biden envisage d’exercer sur la Chine comprendra certainement une allusion à l’absence de démocratie. Dans ce cas, il annoncera des condamnations des mêmes délits qui sont perpétrés dans les pays associés à Washington. Ce qui n’est pas dit sur l’Arabie saoudite, la Colombie ou Israël occuperait le premier plan des questions pour Pékin.

    Biden remplacerait les accusations émoussées de concurrence déloyale ou de fabrication du coronavirus par une critique de l’absence de liberté d’expression et de réunion. Peut-être soulignera-t-il également la responsabilité de la Chine dans la détérioration de l’environnement pour séduire son complice européen subalterne.

    Mais il ne sera pas facile d’inscrire la Chine sur la liste des pays touchés par une tyrannie. L’impérialisme des droits de l’homme a généralement été utilisé pour protéger les petites (ou moyennes) nations. Dans ces cas, l’inefficacité d’un « État défaillant » et le besoin d’aide humanitaire qui en découle sont mis en évidence. C’était la carte postale des attaques contre la Somalie, Haïti, la Serbie, l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye.

    Les envahisseurs n’expliquent jamais la sélectivité de ce parrainage. Ils excluent de nombreux pays soumis aux mêmes anomalies. De plus, ils disqualifient la population « secourue », en la présentant comme une multitude incapable de gérer son propre destin.

    L’endiguement des massacres résultant d’affrontements ethniques, religieux ou tribaux a été un autre prétexte d’intervention. Elle a été utilisée en Afrique et dans les Balkans, invoquant la nécessité de contenir les massacres parmi des populations éloignées. Dans ces cas également, il a été supposé que seule une force armée étrangère pouvait pacifier les peuples en conflit.

    Mais ce patronage impérial contraste avec l’incapacité fréquente d’arbitrer leurs propres conflits internes. Personne ne suggère une médiation externe pour résoudre ces tensions. L’essence de l’impérialisme réside précisément dans le droit auto-attribué d’intervenir dans un autre pays et de gérer les problèmes nationaux sans aucune ingérence extérieure.

    Il en va de même pour la poursuite des coupables. Les défendeurs des pays périphériques sont soumis aux règles du droit international, qui ne s’appliquent pas à leurs homologues du premier monde. Milosevic peut faire face à un tribunal, mais Kissinger est invariablement exempté de ce malheur.

    Avec cette conduite, les États-Unis mettent à jour le tas d’hypocrisie hérité de la Grande-Bretagne. Au XIXe siècle, la flotte britannique a affublé la traite internationale des esclaves d’arguments libertaires, dissimulant son objectif de contrôler l’ensemble de la navigation. Washington arbore un drapeau similaire et néglige les désastres monumentaux produits par des puissances qui se conçoivent comme des sauveurs de l’humanité. Ces interventions aggravent généralement les scénarios qu’elles promettaient de corriger.

    Si Biden tente de suivre ce vieux scénario libéral, il ajoutera à la perte de crédibilité qui affecte actuellement les États-Unis. Le discours officiel sur les droits de l’homme est usé jusqu’à la corde. C’était la grande bannière de la Seconde Guerre mondiale et elle a perdu sa cohérence pendant le Maccarthisme. Elle est réapparue avec l’implosion de l’URSS, mais a été à nouveau démolie par les agressions de Bush et la complicité d’Obama.

    Cela vaut également pour la bannière de la démocratie, qui, dans la variante impériale des États-Unis, a toujours combiné universalisme et exceptionnalisme. Avec le premier pilier, on justifie le rôle missionnaire salvateur de la puissance primordiale, et avec le second, le repli isolationniste occasionnel.

    La mythologie que Washington cultive mélange un appel au leadership planétaire (« le monde est destiné à nous suivre ») avec des messages de protection de son propre territoire (« ne pas impliquer le pays dans des causes extérieures »). De ce mélange a émergé l’image de soi des États-Unis comme une force militaire active, mais soumise à des opérations demandées, payées ou suppliées par le reste du monde (Anderson, 2016).

    Les facettes interventionniste et isolationniste ont toujours eu des bases divergentes dans les mystifications des élites des côtes et dans les préjugés à l’intérieur des États-Unis. Les deux courants se sont complétés, ont fusionné et se sont à nouveau fracturés. Ce contrepoint a été actualisé par les forces mondiales contre les américanistes, et maintenant, par Biden contre Trump.

    Mais les deux camps sont sous-tendus par la même obsession immémoriale de la sécurité, dans un pays curieusement privilégié par la protection géographique. La peur de l’agression étrangère a atteint des sommets de paranoïa pendant la tension avec l’URSS et a refait surface avec des vagues de panique irrationnelle pendant la récente « guerre contre le terrorisme ».

    L’idéologie impériale des Etats-Unis se heurte aux mêmes difficultés que la conception américaniste du monde. Tous deux exaltent les valeurs du capitalisme, donnent la priorité à l’individualisme, idéalisent la concurrence, glorifient le profit, mystifient le risque, louent l’enrichissement et justifient l’inégalité.

    Ces principes ont consolidé l’hégémonie américaine de l’après-guerre et ont obtenu une certaine survie complémentaire sous le néolibéralisme. Mais ils ne sont plus soutenus par la primauté économique de l’Amérique du Nord et ont été transformés par sa reconversion dans les idéaux des autres classes capitalistes du monde. Les mythes américains n’ont pas la prééminence du passé (Boron, 2019).

    Dans la seconde moitié du 20e siècle, l’impérialisme américain a complété la coercition par une idéologie qui s’est imposée dans la langue et la culture. Cette influence persiste, mais avec des modalités plus autonomes par rapport à la matrice américaine, aussi les tentatives de recomposition impériale doivent-elles tenir compte de ce fait. –

    Lavrapalavra, 05/07/2021

    Etiquettes : Etats-Unis, impérialisme, capitalisme, individualisme, concurrence, profit, risque, enrichissement, inégalités,

  • Qui a tué Dag Hammarskjöld, le pionnier de la diplomatie mondiale?

    Dag Hammarskjöld : le pionnier provocateur de la diplomatie mondiale, mort dans un mystérieux accident d’avion.

    Par Binoy Kampmark

    L’idée d’une institution mondiale captive les penseurs depuis Emmanuel Kant au XVIIIe siècle. Mais un organisme créé pour instaurer et maintenir la paix et la sécurité dans le monde a besoin des bonnes personnes pour fonctionner.

    Lorsque les Nations unies ont été créées en 1945, de vieux sentiments – observés dans la Société des Nations dissoute – menaçaient de prévaloir. L’ONU et ses dirigeants se contenteraient-ils de se conformer aux grandes puissances de l’époque ?

    Dag Hammarskjöld a été le deuxième secrétaire général de l’ONU de 1953 à 1961. Il a montré qu’il était possible de faire preuve d’indépendance dans ce rôle.

    Une éducation politique

    Dag Hammarskjöld est né à Jönköping, dans le centre-sud de la Suède, en 1905. Il est le quatrième fils du premier ministre suédois de la première guerre mondiale, Hjalmar Hammarskjöld.

    En 1953, il a réfléchi à l’influence de sa famille sur sa carrière.

    Des générations de soldats et de fonctionnaires du côté de mon père, j’ai hérité de la conviction qu’aucune vie n’était plus satisfaisante qu’une vie de service désintéressé pour son pays – ou l’humanité.

    Après avoir obtenu des diplômes de littérature, de linguistique, d’histoire, d’économie et de droit, il entre dans la fonction publique suédoise en 1930, pour finir au ministère des affaires étrangères. À la fin des années 1940, il a représenté la Suède aux Nations unies nouvellement créées.

    Un nouveau secrétaire général

    En 1953, il succède au Norvégien Trgve Lie au poste de secrétaire général de l’ONU – obtenant facilement suffisamment de voix pour ce poste. À cette époque, le système étatique international est en crise. La guerre froide et le rideau de fer menacent de paralyser l’ensemble de l’organisation.

    L’approche de Hammarskjöld et son héritage durable ont consisté à développer le rôle politique du secrétaire général. Il a pris des mesures exécutives, qui ont comblé les vides du pouvoir lorsque le système colonial s’est effondré après la Seconde Guerre mondiale.

    Deux concepts sous-tendaient cette approche. Le premier était l’intervention pour maintenir l’ordre international – transformant ainsi l’ONU d’un organisme international statique en un organisme plus engagé.

    Ces interventions comprenaient la « diplomatie préventive » – qui consiste à essayer d’empêcher les conflits de se développer et de s’étendre -, les missions d’enquête, les forces et opérations de maintien de la paix, l’assistance technique et l’administration internationale.

    Les États naissants pourraient compter sur l’aide de l’ONU jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. Cela permettrait de préserver l’indépendance des pays décolonisés et de forger un système international offrant « des opportunités économiques égales pour tous les individus et toutes les nations ».

    Comme l’explique Hammarskjöld en 1960, l’ONU est idéale pour cette tâche :

    une organisation universelle neutre dans les grandes luttes de pouvoir pour l’idéologie et l’influence dans le monde, subordonnée à la volonté commune des gouvernements membres et libre de toute aspiration à son propre pouvoir et à sa propre influence sur tout groupe ou nation.

    En effet, le deuxième concept clé était un engagement ferme de neutralité dans le maintien de l’ordre international. Cet aspect était considéré comme un élément vital pour une organisation internationale dédiée à la gouvernance mondiale.

    En pratique, Hammarskjöld a négocié la libération de soldats américains capturés par l’armée de volontaires chinoise pendant la guerre de Corée et a tenté de résoudre la crise du canal de Suez en 1956. Il a également contribué à faciliter le retrait des troupes américaines et britanniques du Liban et de la Jordanie en 1958. Par ces actions, il a défini le rôle du secrétaire général dans la diplomatie internationale et la gestion des conflits et a assuré la pérennité des opérations de maintien de la paix.

    Faire des vagues – et des ennemis

    Mais l’expansion de ce type d’intervention de l’ONU n’est pas accueillie favorablement par les puissances traditionnelles. Réfléchissant au rôle joué par Hammarskjöld pendant la crise de Suez, Sir Pierson Dixon, ambassadeur britannique auprès des Nations unies, observe que le secrétaire général ne peut plus être considéré comme « un symbole ou même un cadre : il est devenu une force ».

    Comme l’écrit l’historienne Susan Williams,

    Hammarskjöld a cherché à protéger les nations nouvellement indépendantes des visées prédatrices des grandes puissances. Parmi ses ennemis figuraient les colonialistes et les colons d’Afrique, déterminés à maintenir la domination de la minorité blanche.

    En septembre 1961, Hammarskjöld est en mission de paix dans le Congo nouvellement indépendant. Mais alors qu’il se rendait de Léopoldville, ancienne capitale du Congo belge, à Ndola en Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie), son avion s’est écrasé. Toutes les personnes à bord, y compris le secrétaire général, ont été tuées.

    Un mystère non résolu

    Le crash n’a jamais été officiellement reconnu comme un assassinat politique. Mais il y a toujours eu de profonds soupçons, ce qui en fait l’un des grands mystères non résolus du 20e siècle.

    Comme le président américain de l’époque, Harry Truman, l’a déclaré aux journalistes immédiatement après le crash, Hammarskjöld :

    était sur le point de faire quelque chose quand ils l’ont tué. Remarquez que j’ai dit « quand ils l’ont tué ».

    L’héritage de Hammarskjöld était si profond qu’il a suscité toute une série de théories sur les raisons de sa mort. En 1992, le diplomate australien George Ivan Smith et l’écrivain irlandais Conor Cruise O’Brien, tous deux fonctionnaires de l’ONU en 1961 au Congo, ont estimé que le secrétaire général avait été abattu par des mercenaires à la solde d’industriels européens.

    Dans son livre de 2011, Who Killed Hammarskjöld ? Williams a examiné la possibilité d’un assassinat ou d’un détournement d’avion raté. Notant que les détails étaient encore obscurs, elle a conclu :

    sa mort est très certainement le résultat d’une intervention sinistre.

    Maintien de la paix, neutralité, indépendance

    Aujourd’hui encore, l’héritage d’Hammarskjöld perdure à travers le déploiement continu d’opérations de maintien de la paix des Nations unies dans le but de promouvoir « la stabilité, la sécurité et les processus de paix ».

    Il a également façonné le poste de secrétaire général : une figure internationale et neutre chargée, même avec succès, d’utiliser la diplomatie préventive, de promouvoir la paix et de garantir un environnement dans lequel les États peuvent se développer selon leurs propres conditions.

    Binoy Kampmark est maître de conférences en études mondiales, sciences sociales et planification à l’université RMIT. Cet article a été publié pour la première fois sur The Conversation. Il fait partie d’une série de profils pour Guess the Game Changers, le quiz diffusé dans le cadre de Saturday Extra avec Geraldine Doogue sur ABC Radio National. Soyez à l’écoute à partir de 7h30 chaque samedi.

    ABC.NET.NEWS, 03/07/2021

    Etiquettes : ONU, Dag Hammarskjöld, décolonisation, impérialisme, Guerre Froide,