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  • Derrière la répression au Sénégal, la marque de l’impérialisme français

    Alors que la population sénégalaise souffre d’une intense répression politique, une enquête parue dans StreetPress revient sur la provenance de cet armement. Fruit d’entreprises françaises largement soutenues par l’Etat français, l’armement de la police sénégalaise cache mal la marque de l’impérialisme français.

    Depuis le 3 mars, des milliers de sénégalais sont sortis dans la rue contre le gouvernement pour demander la libération de Ousmane Sonko, opposant politique. Dans un pays où la population souffre gravement du chômage et de la pauvreté, la colère s’est rapidement portée contre les signes de l’impérialisme français, en grande partie responsable de leurs conditions. Aussi les manifestants s’en sont pris aux enseignes Auchan, lesquelles ont remplacé les boutiques locales, mettant à la porte les petits commerçants et licenciant massivement leurs employés. Mais face à l’intense répression qu’ils ont subi, au point qu’Amnesty International juge la situation particulièrement préoccupante, la population sénégalaise a justement dénoncé la provenance française de l’armement des forces de répression. Signe de l’implication de la France pour soutenir le régime de Macky Sall, elle est la marque d’un impérialisme français omniprésent au Sénégal, comme dans le reste de l’Afrique de l’Ouest.

    Une répression made in France

    Une enquête de StreetPress revient sur le détail de ces armes, leur provenance, et les entreprises qui les fabriquent. On y retrouve une grande partie des armes que l’Etat français a utilisé en France pour réprimer les manifestants : des grenades lacrymogènes et des lances-grenades notamment.

    Certains équipements sont encore plus perfectionnés : en France l’entreprise Alsetex vend des modèles « cougars », des lances-grenades très utilisés au moment des Gilets Jaunes et responsables de nombreuses mutilations, comme lors du 16 novembre 2019, où un gilet jaune a perdu son oeil par un tir tendu, Place d’Italie à Paris. Au Sénégal, elle permet aux forces de répression de disposer d’un Cougar 12, une arme très impressionnante qui permet de lancer 12 grenades simultanément. Ce dernier modèle avait été également été aperçu au Liban, lors de la répression d’émeutes au début de l’année 2020

    Au Sénégal comme au Liban, deux pays sous l’influence des intérêts impérialistes français, il y a une constante : la provenance des armes ainsi que le zèle de l’Etat et des entreprises françaises pour leur fournir.

    En plus de l’entreprise Arquus, qui vend donc le Cougar 12, on trouve aussi Nobel sport et SAPL , entreprises françaises qui ont vendu des balles en caoutchouc de calibre 12 à la police sénégalaise. Street Press, qui révèle cette utilisation en s’appuyant sur des images transmises par le photographe Thibaut Piel et le journaliste Tom Becques, explique avoir identifié des douilles comparables à celles tirées en forêt par des chasseurs. Ces dernières semaines, elles ont été utilisées pour viser à la tête des manifestants, et ont par exemple blessé une jeune fille de 14 ans.

    La France au Sénégal : armer un régime aux ordres de l’impérialisme français

    Pour soutenir la répression intense que subit la population sénégalaise, ces entreprises peuvent compter sur le soutien de l’Etat français. Alors que Macky Sall est un relai efficace des intérêts français dans la région, la France a pu, grâce à la politique d’endettement du président, faire profiter ses grandes entreprises, elle a donc tout intérêt à le maintenir au pouvoir.

    Au Sénégal presque toutes les activités économiques sont gérées par des entreprises françaises : on y compte plus de 250 sociétés tricolores qui génèrent 2 000 milliards de francs CFA de chiffres d’affaires , soit 3 milliards d’euros, comme l’a confirmé au début de février Philippe Lalliot, ambassadeur de France au Sénégal, sur une radio sénégalaise.

    Alors que le gouvernement sénégalais a opté pour une politique d’endettement, la France y gagne sur tous les tableaux. A titre d’exemple : le Sénégal s’endette auprès d’elle à hauteur de 230 millions d’euros pour financer un projet de train reliant l’aéroport Blaise-Diagne, à la capitale Dakar, il fait appel pour construire cette ligne à Alstom et à la SNCF.

    Avec un client comme le Sénégal de Macy Sall, la France a tout intérêt à maintenir la stabilité du régime, et avec lui, les intérêts de ses multinationales, en équipant la police locale.

    Ce même constat s’étend à toute la région d’Afrique de l’Ouest : en 2009, on apprenait que la formation des forces de police et des gendarmerie africaines coûtait environ 18 millions d’euros par an à l’Hexagone.

    La formation des policiers africains par l’Etat français, s’accompagne de l’appui direct du gouvernement aux entreprises qui vendent des armes.

    Déjà bien renfloués par le gouvernement Macron pour réprimer les manifestants grâce à une commande de 2 millions d’euros à Alsetex pour 450 « super flash-balls » et 1280 LBD 40., les leaders du secteur que sont Asletex, Arquus et Nobel Sport peuvent compter sur le volontarisme de Jean Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères depuis 2017, après avoir occupé le poste de ministre de la défense sous le quinquennat Hollande.

    Grace à lui, la France a pu devenir le 2e vendeur d’armes au monde, proposant aussi bien des blindés militaires au Cameroun, utilisés par une unité d’élite accusée d’assassinat arbitraires et de tortures, des avions de chasses Rafales vendus à l’Égypte en 2015, après que le gouvernement ait réalisé le plus grand massacre en zone urbaine des trente dernières années, ou encore des navires de combat qui participent au blocus maritime qui touche le Yémen, comme le révélait il y a quelques mois une enquête du média Disclosure.

    Cette promotion des armes françaises dans les régimes autoritaires aux quatre coins du globe, est permise par le travail d’accompagnement du gouvernement, mais parfois c’est lui qui impulse directement les projets de développement de l’industrie de l’armement.

    Ainsi le groupe Nobel sport, le même dont on retrouve ses balles calibre 12 au Sénégal, a pu par exemple bénéficier de l’appui direct du ministre pour relancer sa production de poudre destinée à des armes de guerre, tandis qu’il se concentrait auparavant seulement sur les armes de chasse.

    La défense de l’industrie militaire française comme le soutien aux régimes alliés des intérêts français : la France forme des policiers et vend des armes aux forces de répressions sénégalaises pour empêcher la population de se lever contre les intérêts de Total, de Auchan et de Alstom, responsables de la pauvreté et de l’endettement de leur pays. Face à cette situation et pour soutenir la mobilisation du peuple Sénégalais, il est urgent se battre contre l’impérialisme français, contre Arquus, Alsetex, Nobel Sport, et toutes ces entreprises de l’armement qui servent à réprimer, au Sénégal comme en France.

    Révolution Permanente, 19 mars 2021

    Tags : Sénégal, France, impérialisme,

  • L’impérialisme américain restera toujours l’impérialisme américain…

    Après l’investiture officialisée il y a 7 jours de Joe Biden, mettant fin au mandat de Donald Trump, nombreux étaient les regards tournés vers les Etats-Unis pour voir si un vrai tournant allait s’opérer, notamment au niveau de la politique internationale. Et force et de constater que pour l’instant, il n’y a pas eu de grands bouleversements.

    Nous étions pourtant en droit, si l’on écoutait la plupart des médias occidentaux pro-impérialisme US à voir de réels changements, et ce dès le début du mandat.

    Pourtant les dernières mesures, que l’on pourrait qualifier de provocations de la part de Trump et de Mike Pompeo sont toujours en place. Cuba reste un « Etat soutenant le terrorisme » tandis que le Sahara Occidental est toujours considéré comme marocain par les Etats-Unis, en témoigne le maintien du consulat américain en terre Sahraouie.

    Deux non-actes qui peuvent sembler anodins en une semaine de mandat, mais qui néanmoins semblent marquer une volonté d’afficher une rupture avec le mandat Trump sur la forme (en témoigne notamment la communication sur la composition du cabinet et des secrétaires d’Etats), mais pas sur le fond.

    Mais il ne s’agit pas que de Cuba et du Sahara Occidental. Preuve qu’il n’y a vraisemblablement aucune volonté de changement à la politique impérialiste américaine telle qu’elle a été orientée ces dernières années, il n’y a qu’à voir les tentatives de déstabilisation en cours dans d’autres pays.
    On peut ainsi voir qu’au Venezuela, le putschiste Juan Guaido qui a pourtant perdu quasiment tous ses soutiens reste soutenu et considéré comme président légitime par les Etats-Unis.

    De même, il y a le cas de la Russie : si l’on ne peut remettre en cause les manifestations et la colère légitimes de la part d’une partie grandissante de la population russe envers Vladimir Poutine, il faut comme cela est toujours le cas dans les pays de l’ex-URSS voir par qui cette contestation est menée selon les Occidentaux.

    En l’occurrence, Alexeï Navalny, qui serait soi-disant le premier opposant à Poutine. Nous passerons sur le fait que ce ne soit pas le cas, étant donné que les communistes restent la première force d’opposition à Russie-Unie, le parti de Poutine, que cela soit dans les urnes ou sur le terrain. Mais il est également à noter que celui qui est présenté comme étant un grand démocrate est en réalité plus que proche de l’extrême-droite. Enfin, ses liens avec les Etats-Unis sont loin d’être inexistants, ayant ainsi été à l’Université Yale dans le cadre du programme « Yale World Fellows » et ayant bénéficié de financements de la National Endowment for Democracy, que l’on pourrait résumer comme étant une fondation promouvant la déstabilisation d’Etats dans le but d’y instaurer des régimes pro-américains.
    Comme en Biélorussie ou en Ukraine dernièrement, la mobilisation légitime d’une partie grandissante de la population russe semble ainsi aller de pair avec une tentative de déstabilisation américaine, ce qui n’est encore une fois pas une preuve de changement de politique internationale de la part de Biden.

    Enfin, comment ne pas voir de continuité dans la politique internationale auparavant opérée par Trump et maintenant dirigée par Biden dans les relations avec la Chine ?

    La guerre commerciale est toujours ouverte et l’administration Biden ne cherche pas à la calmer, Gina Raimondo , nouvelle secrétaire d’Etat au commerce ayant ainsi signifié au Sénat sa volonté de rester ferme et même agressive envers la Chine.

    De plus, pour ne citer qu’un élément, l’investiture de Biden aura été marquée, là où l’on aurait pu espérer une volonté d’apaisement envers les autres pays, par une provocation envers la Chine.

    En effet, une représentante de Taïwan avait été invitée, alors que ni les Etats-Unis ni la Chine ne reconnaissent son existence en tant qu’entité indépendante, Beijing considérant par ailleurs toujours Taïwan comme étant une région sécessioniste depuis 1949 et la fuite des troupes du Kuomintang sur l’île à la suite de la proclamation de la République Populaire de Chine. Il s’agit de plus ici d’une violation du consensus international voulant qu’il n’y ait qu’une seule Chine (Taïwan se nommant officiellement République de Chine, dans la continuité de celle abolie à l’instauration de la République Populaire de Chine).

    Le constat est peut-être dur au bout d’une semaine, mais les attentes envers le président Biden sont légitimement énormes depuis son élection et ses nombreuses annonces de ruptures avec la politique, y compris internationale menée par son prédécesseur Trump. Comme nous avons pu le constater, il n’en est rien pour l’instant, les Etats-Unis ayant même vraisemblablement choisi d’ouvrir un nouveau front en Russie. Décidément, l’impérialisme américain restera toujours l’impérialisme américain…

    Mathieu Raffini

    Source : Témoignages, 28 jan 2021

    Tags : Impérialisme, colonialisme, exploitation, colonisation, spoliation, pillage,

  • La Palestine et le Sahara Occidental vendus par la servitude et le dollar

    Par Ali Akika – Après la politique de la canonnière de l’impérialisme, voici venue l’ère de celle du dollar et de la trahison. Avant d’habiller de honte cette trouvaille de ce monde qui panique devant les signes de son déclin, rappelons la nature de son système. Ce dernier se targuait d’avoir apporté à des «barbares» les bienfaits de la civilisation qui n’était en réalité qu’une entreprise de colonisation avec son cortège de misères et de massacres. Au passage, ces «barbares» ont légué à l’Humanité l’agriculture, l’écriture, la boussole et la poudre, sans parler des trésors intellectuels et artistiques qui font le bonheur des musées. Héritage qui a permis à l’Europe de flirter avec la Renaissance qui lui ouvrit les portes de la «modernité» et que les vrais penseurs appellent le capitalisme. Ce système domina le monde à l’aide de la politique de la canonnière jusqu’à l’aube du XXe siècle.

    Le réveil des peuples avec leurs révolutions et luttes de libération ouvrirent des brèches dans cette domination sans partage. Un autre monde émergea dans le sillage des révolutions en Russie (URSS), Chine, Vietnam, Algérie, Cuba. Et de nos jours avec ses défaites en Irak, Afghanistan, Syrie, Venezuela, l’impérialisme inventa la stratégie du dollar et de la trahison. Il faut dire que la gouvernance de ce monde-là est tombée dans les mains des hommes d’affaires qui idolâtrent le dieu dollar. Dès lors, il ne faut point s’étonner de voir cette politique appliquer en Palestine et au Sahara Occidental. Quand on réfléchit à cette nouvelle stratégie, on ne peut ne pas penser aux similitudes de la représentation du monde chez le trio Trump-Netanyahou-Mohammed VI.
    Ces similitudes se retrouvent dans le triptyque de leur idéologie : je veux, je prends, ça devient mien légalement. Et ce n’est pas un hasard si ces chefs d’Etat sont à la tête de pays où l’on a précisément chassé les habitants de leurs terres et pensent qu’une simple signature sur du papier biodégradable légitimerait et légaliserait le vol d’autrui. Comme le dernier arrivé dans le trio, M6 n’est pas assez armé pour concevoir une stratégie à lui, il ne s’embête pas et copie à la virgule près les expériences des pays de Trump et de Netanyahou. Ces derniers s’appuient sur la Bible pour écrire l’Histoire. Pour eux, ce texte religieux est un titre de propriété inaliénable parce que «divin».
    Mais comme ils savent que la Bible n’est pas le livre de chevet de toute l’humanité, ils sortent le carnet de chèques pour appâter ceux qui sont préparés à vendre leur âme sans honte, ni remords. Notre roi du Maroc a, enfin, trouvé en Trump et en Netanyahou des amis qui croient, comme lui, aux balivernes des contes de fée. Ses deux comparses croient en les divinités bibliques, lui leur préfère les liens d’allégeance de ses sujets et tribus. Allégeance veut dire rapport de soumission, de servitude, et c’est avec cette notion-là qu’il veut rivaliser avec la décision juridique de la Cour internationale de justice de La Haye.
    Hélas, pour lui, le droit international est né précisément sur les décombres de toutes les règles d’allégeance propres au féodalisme et autres «droits divins». Nos rois du Maroc, père et fils vendirent ce droit d’allégeance à tous ceux qui ont accepté d’être les idiots utiles à l’intérieur du pays et les puissances qui tiennent à pérenniser leurs intérêts au Maroc. Mais leurs rêves et ambitions virent se dresser sur leur chemin le peuple sahraoui. Il ne restait qu’à se barricader derrière un gigantesque et interminable mur de sable en attendant que ce peuple se fatigue. Comme c’est bizarre, nos rois du Maroc imitèrent Trump avec son mur à la frontière mexicaine et Netannyahou avec ses murs le long des frontières, entre les villes et villages et poussa la folie jusqu’à séparer le champ du paysan de la maison où il habite. Ainsi, pour leurs interminables murs, nos rois firent appel au savoir-faire de l’armée de Netanyahou et aux drones américains pour surveiller ces satanés et têtus Sahraouis du Polisario.
    En dépit des misérables trouvailles de cette politique de la prédation, invention d’une légitimité divine ou féodale, de l’appât pour esprit vénal, de l’enfermement derrière des murs de sable, l’opinion et le droit internationaux restèrent sourds à cette politique de la force s’appuyant sur les dénis de l’Histoire. Alors, ils sortirent leur dernière carte d’un chapeau usité dans les cirques : le pigeon de l’illusion. Ils pensèrent au prestige lié au statut d’une ambassade installée comme une signature indélébile d’une reconnaissance d’un pays. Comme si une ridicule plaque d’une ambassade allait effacer des millénaires d’histoire dans une ville comme Al-Qods ou bien une baraque ensablée dans l’immensité du désert saharien. Voilà ce qui s’est tramé dans la tête de ce trio en quête d’un succès diplomatique pour réaliser leurs ambitions dans leurs Etats. Voilà sur quoi repose le marchandage Sahara contre la reconnaissance d’Israël. Dans cette équation, ils ont oublié un peuple à qui revient un jour ou l’autre le dernier mot. Ici, les combattants sahraouis qui ont repris les armes.
    Ainsi, le grain de sable ou plutôt la grosse pierre dans le moteur de la trahison de M6, c’est le peuple sahraoui. Avec la pierre sahraouie, il faut aussi compter avec la géopolitique et la géostratégie de la région. M6 recevra, certes, des dollars mais il n’y aura aucune troupe militaire qui viendra mourir pour lui dans le sable chaud du désert. Ce ne seront pas les armées des féodaux qui font déjà appel pour leur propre protection à des puissances étrangères. Pas plus du reste, l’armée d’Israël ne viendra au secours du petit roi. Elle est occupée à occuper la terre de Palestine, à bétonner la frontière nord et le Golan face au Hizbollah. La défaite de la coalition internationale en Syrie et en Irak qui a favorisé l’entrée dans le Moyen-Orient de la Russie et de l’Iran a refroidi les va-t’en-guerre.
    Quant à la Libye, les puissances (France et Angleterre) à l’origine du désastre ont été proprement dégagées de ce pays au profit d’amis (Turquie et Russie) qui ne leur veulent pas du bien. On voit mal les troupes des féodaux du Golfe venir défier le Polisario, ni Israël qui s’épuise pour zéro bénéfice à bombarder des ennemis coriaces qui voient à l’œil nu les premières lignes de défense de son armée. Le roi M6 sera bien seul dans un mois quand Trump sera à la retraite. Il n’est pas sûr que les 3 milliards promis seront «versés» par son successeur. Il sera seul et, en face de lui, il y aura le peuple marocain qui, à la différence de ceux du Golfe «endormis» par les dollars du pétrole et servis par les travailleurs étrangers esclavagisés, se soulèvera.
    Avec le développement de la lutte armée du Polisario, les pressions économiques et diplomatiques et autres par le biais de la cyberguerre vont se manifester. Il ne faut pas exagérer l’importance du pion marocain au regard de la complexité et la géopolitique de la région. Les réactions diplomatiques ici et là montrent qu’il ne faut pas bouger une pièce du jeu de domino pour éviter une 2e Libye aux portes de l’Europe. Il n’y a que la vérité du champ de bataille qui vaille. Le Polisario est entré dans la seconde étape de sa lutte de libération. Rappelons la leçon de la première étape. Le roi Hassan II a fanfaronné en occupant tout le Sahara Occidental puis l’a partagé avec la Mauritanie. La lutte du peuple sahraoui a fait voler en éclats ce petit scénario et la Maurétanie a tourné le dos à ce marchandage. La lutte a continué.
    Hassan II a voulu couper les liens du Polisario avec l’Algérie pour gagner la guerre. Il commit une faute en s’attaquant à l’armée algérienne qui aidait les populations sahraouies à Amgala. La riposte fut foudroyante qui se solda par la disparition de la garnison marocaine. Hassan signa pour gagner du temps un cessez-le-feu qui dura jusqu’au 13 novembre 2020. Au vu des déclarations du Polisario, les subterfuges des deux rois, et malgré l’aide et les complaisances de l’Occident, la guerre a repris pour ne s’arrêter que par la victoire sur le terrain et l’application de l’autodétermination du peuple saharaoui reconnu par l’ONU.
    A. A.
    PS : Je viens de lire le papier de l’Américain conseiller démocrate. Il nous joue la fable de La Fontaine du Corbeau et du Renard. Modestement, je dis qu’il conforte mon papier. Ses amis du Golfe et Israël sont incapables d’intervenir directement. Ils n’ont comme ressources que la flatterie et ils croient que tout le monde est alléché par le dollar. Les Algériens connaissent cette musique, De Gaulle en arrivant au pouvoir a lancé le plan de Constantine pour nous berner, on connaît la fin du film.
    Algérie Patriotique, 16 déc 2020
  • Corona peut-elle guérir notre complexe de supériorité?

    Par Sven Biscop

    UE et partenaires stratégiques, stratégie de l’UE et politique étrangère
    Un complexe de supériorité est difficile à guérir. Personne en Europe n’aspire à un retour à l’empire (enfin, personne en Europe continentale, du moins). La plupart des Américains prétendent encore qu’ils n’ont même jamais eu d’empire. Mais les Européens et les Américains estiment toujours que nous avons le droit de dominer la politique internationale et qu’il est parfaitement naturel que l’UE et les États-Unis soient les pays les plus riches de la planète. Au fond, nous pensons que nous l’avons mérité, grâce à notre travail acharné – l’implication étant que si d’autres personnes sont moins bien nanties, elles l’ont également mérité. La réalité est, bien entendu, que nous avons créé l’ordre international à notre avantage économique. Si le dollar américain est la monnaie de réserve du monde, et si la Banque mondiale est toujours dirigée par un Américain et le Fonds monétaire international par un Européen, ce n’est pas une loi de la nature, mais le résultat d’une stratégie clairvoyante quE les États-Unis et leurs alliés européens ont mis en œuvre à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    De toute évidence, personne en dehors de l’UE et des États-Unis ne pense que nous avons droit à une prééminence permanente. L’Europe et l’Amérique ont déjà perdu une grande partie de leurs plumes par leur incapacité à prévenir, puis à gérer résolument, la crise financière de 2008. C’est notre propre échec qui a laissé un vide que la Chine a profondément comblé; nous avons permis la percée finale de Pékin. La Chine a senti l’opportunité d’utiliser ses énormes ressources pour obtenir un gain d’influence massif et s’est fermement établie en tant que grande puissance au même niveau que les États-Unis et l’UE.

    Aujourd’hui, la crise corona a définitivement lavé le dernier glas des réputations européennes et américaines. Nous ne réalisons pas la perte de crédibilité accablante que nous avons subie dans les autres régions du monde, notamment en Asie. Il était déjà difficile de comprendre pour les personnes en Asie pourquoi nos États supposés bien organisés, avec leurs systèmes de santé complets, ont réagi si tard à l’épidémie en Chine. Mais alors notre manque d’expérience avec le virus du SRAS, qui a frappé durement l’Asie en 2003, pourrait servir d’excuse. Bien que cela indique également notre complexe de supériorité: n’avons-nous pas vu le COVID-19 comme un simple virus «extraterrestre» qui nous passerait? Cela pourrait frapper la Chine, mais certainement pas nous – jusqu’à ce que ce soit le cas. Ce qui est vraiment incompréhensible en Asie, cependant, c’est que l’UE et les États-Unis se laissent à nouveau submerger par la deuxième vague de la pandémie. Du coup, il semble que le coronavirus soit devenu «le fardeau de l’homme blanc»… Après cet échec gigantesque de la part des États les plus riches et les plus forts du monde, il sera très difficile de faire le tour du monde en agitant les doigts, en faisant semblant que nous savons mieux que d’autres comment gérer les choses.

    Ne répétez pas nos erreurs

    Si la pandémie peut guérir définitivement l’Occident de son complexe de supériorité, elle aura au moins eu un effet secondaire positif. Dans sa stratégie globale de 2016, l’UE a inscrit un ordre international fondé sur des règles comme l’un de ses intérêts vitaux. Ces règles ne peuvent plus être simplement imposées par l’Occident aux autres. Cela ne signifie pas que nous devons abandonner notre programme stratégique. Mais nous devrons convaincre activement les autres États de la validité de ce que nous considérons comme les règles fondamentales: ne pas faire la guerre, ne pas clôturer les sphères d’intérêt exclusives, respecter les droits de l’homme et respecter les règles que vous voulez que les autres suivent. Nous devrons négocier avec d’autres États sur un pied d’égalité et être prêts à partager le pouvoir afin de créer un ordre fondé sur des règles auquel tous les États adhèrent. Cela nécessite que nous formulions un projet positif pour l’ordre international. «Nous ne sommes pas la Chine» ne suffit pas; nous devons annoncer quels biens publics mondiaux nous cherchons à créer pour le bénéfice de tous.

    Malheureusement, de nombreux régimes autoritaires présentent l’échec de l’Occident comme un échec de la démocratie et sapent ainsi la crédibilité de notre vision des règles fondamentales. Il suffit de se pencher sur Taiwan démocratique, qui a probablement traité le coronavirus mieux que quiconque, pour savoir que le problème n’est pas la démocratie. Sans un leadership résolu et un appareil d’État fort, les régimes démocratiques, populistes et dictatoriaux échouent tous. Mais la crise corona représente un échec du sens du collectif en Occident. Les États-Unis démontrent que le patriotisme et même le nationalisme peuvent aller de pair avec l’absence de responsabilité collective. De nombreux patriotes fervents voient les États-Unis d’Amérique comme un ensemble d’individus qui se débrouillent seuls plutôt que comme une communauté de citoyens qui se soucient les uns des autres grâce à des institutions solides. Dans l’UE, vice versa, les États providence forts incarnent le sens de la responsabilité collective, mais ils sont victimes de leur propre succès. De nombreuses personnes n’ont plus le sentiment d’avoir une responsabilité personnelle à assumer. C’est probablement pourquoi le Japon, la Corée du Sud et Taïwan réussissent tellement mieux que nous à contrôler l’épidémie.

    Néanmoins, il ne sert à rien que l’Occident ne conquiert son complexe de supériorité que pour que d’autres en assument un, notamment la Chine. De nos jours, les responsables américains ne parlent plus de la Chine; ils parlent tous du Parti communiste chinois. De toute évidence, le PCC a tout le pouvoir dans un État à parti unique, mais si les États-Unis appliquaient ce principe de manière cohérente, ils devraient également parler de la Maison d’Al-Saud plutôt que de l’Arabie saoudite. Plus important encore, ce trope rhétorique rate le défi principal, qui est le nationalisme chinois. La propagande du PCC a été très efficace, non pas pour promouvoir le communisme, mais pour créer le nationalisme. Le patriotisme est une force pour le bien, et le peuple chinois peut être fier à juste titre de nombre des réalisations économiques de la Chine. Le nationalisme, cependant, est une force négative, et s’il n’est pas maîtrisé, il risque de mettre la Chine sur une voie qui ne peut que contrarier d’autres États, au détriment des intérêts de la Chine.

    Au lieu de cela, une pandémie mondiale appelle à une coopération mondiale. Les dirigeants mondiaux ont raté la première occasion: lorsque l’épidémie a frappé pour la première fois, beaucoup l’ont instrumentalisée pour poursuivre leur rivalité avec d’autres puissances. Mais nous avons une seconde chance: si et quand un vaccin devient disponible, il ne doit pas devenir un instrument de compétition, mais une raison de coopérer et d’assurer sa disponibilité à tous. Prouvons que nous sommes supérieurs à nos pires pulsions.

    Le professeur Sven Biscop, membre honoraire du Collège européen de sécurité et de défense, est directeur du programme Europe dans le monde à l’Egmont – Institut royal des relations internationales à Bruxelles, et professeur à l’Université de Gand.

    Source : Egmont Institute, 9 nov 2020

    Tags : Coronavirus, impérialisme, économie, coopération,

  • Trump Vs Biden, fascisme à l’ancienne contre fascisme du XXIème siècle

    Je vous propose une analyse de la situation politique aux Etats Unis telle qu’elle est comprise par Glen Ford de Black Agenda Report.

    Black Agenda Report se présente comme un média d’information, d’analyse et de commentaire politique de la gauche noire. L’article est extrait de leur site, Black Agenda Report dispose aussi d’une page Facebook.

    D’après Glen Ford, c’est en tout cas ce que j’ai compris, Donald Trump en tant que figure du passé, d’un fascisme à l’ancienne, est un accident dans le paysage politique des Etats Unis, du moins c’est ainsi que le perçoivent les élites économiques et financières. Ces dernières auraient opté pour un nouveau modèle qui inclut le management de la diversité susceptible de permettre à une infime minorité richissime de maintenir son contrôle de l’État. Ce modèle n’est pas moins fasciste (ou fascistoïde dirait Emmanuel Todd) puisque son principe est le pouvoir de cette minorité d’ultra-riches, le militarisme et la guerre perpétuelle.

    Pendant que cette élite dirige, le reste de la population est lancé dans une course vers le bas, la descente dont parle Emmanuel Todd dans son livre sur les luttes de classes en France au XXIème siècle.

    Glen Ford a-t-il lu Todd où s’agit-il simplement d’une convergence qui résulte de l’analyse,



    Qui est le fasciste le plus dangereux?
    Par Glen Ford, Black Agenda Report (USA) Editor 23 Juillet 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

    La plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme, et les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.

    «Dans leur vison politique caricaturale, fasciste signifie simplement «Trump».

    Après la prise d’une première tête de pont autour des bâtiments fédéraux à Portland, en l’Oregon, Donald Trump menace d’envoyer ses über alles Storm Troopers [Sections d’Assaut] de la sécurité intérieure dans les villes du pays qui, selon lui, sont «dirigés par des démocrates très libéraux [à gauche dans la terminologie américaine]… par la gauche radicale». La prochaine sur la liste est Chicago, où 150 agents fédéraux devraient être déployés dans les prochains jours. Des agents de la sécurité intérieure ont déjà été envoyés à Seattle et à Washington DC, et Trump a évoqué la nécessité de «dominer» le terrain à Philadelphie, Detroit, Baltimore et Oakland. Pendant ce temps, le ministère américain de la Justice prévoit d’étendre son intervention urbaine «Operation Legend», qui vise actuellement la criminalité locale à Kansas City, Missouri.

    Tout comme d’autres présidents américains ont historiquement utilisé l’armée comme instrument pour leur réélection, organisant des attaques contre des pays désignés par les Etats Unis comme «voyous» et «terroristes» pour consolider leur assise électorale, Donald Trump fait campagne en tant que shérif qui fera régner la loi et l’ordre dans les vastes régions du pays occupées le mois dernier par les hordes inspirées de «Black Lives Matter». Bien que l’intervention armée de Trump dans les affaires locales et étatiques semble politiquement en contradiction avec ses sympathies confédérées, son déploiement massif d’agents de la force publique paraît légal.

    Leur comportement dans la rue, cependant, est une autre affaire. «Des agents fédéraux non identifiés dans des véhicules banalisés enlèvent des manifestants pacifiques dans les rues, les transportent vers des lieux inconnus, sans les informer des raisons de leur arrestation, puis les relâchent sans trace de d’une procédure d’arrestation», a déclaré Marjorie Cohn, ancienne présidente de la National Lawyers Guild. «Ces actions rappellent la police secrète des dictatures qui kidnappe e t« fait disparaître» les opposants au régime. Elles sont conçues pour dissuader les gens d’exercer leur droit au premier amendement de protester contre le racisme et la suprématie blanche.»

    Oui, ça «rappelle» la police secrète à d’autres époques et dans d’autres pays, mais les agents de la sécurité intérieure se comportent en fait comme le font les flics locaux un peu partout aux États-Unis. La police de Chicago a fait fonctionner pendant des années un centre de torture pas si secret dans lequel des hommes noirs disparaissaient jusqu’à ce qu’ils avouent des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Les villes du pays déploient régulièrement des «escouades» de policiers en civil qui sautent de véhicules banalisés pour enlever des gens dans les rues de leur quartier. Et la plupart des flics locaux chargés de réprimer les manifestations anti-police retirent leurs badges et marques d’identification. Les équipes SWAT (unités d’élite de la police) locales et fédérales portent régulièrement des masques pour cacher leurs identités. Cela aussi «rappelle» le fascisme, mais cela n’a pas commencé avec Trump en janvier 2017.

    De fait Trump est plutôt amateur dans le domaine de l’art sinistre de la répression intérieure, son expérience passée se limitant à terroriser les locataires de ses immeubles d’habitation et les «apprentis» dans les émissions de télé-réalité. Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents. Le FBI de Barack Obama a coordonné la répression par la police nationale des sites d’Occupy, il y a près de dix ans – une vaste opération impliquant les actions synchronisées d’un président démocrate noir, de maires principalement démocrates et de leurs chefs de police. La maire noire de Baltimore avait qualifié les personnes qui avaient pris part à la rébellion de Freddie Gray de 2015 de «voyous» – déshumanisant ainsi ses propres électeurs – tout comme Obama, dont les procureurs fédéraux avaient exigé et obtenu des peines sévères pour les accusés de dégradations matérielles.

    Obama a marqué un tournant dans l’histoire de l’État policier quand il a obtenu l’adoption par le Congrès d’une législation autorisant la détention pour une durée indéfinie de citoyens américains sans faire l’objet d’un procès ou d’une accusation – un saut dans l’abîme que même George W. Bush n’avait pas osé faire.




    Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents.




    Les libertariens en matière de droits civiques sont à juste titre préoccupés par le fait que le ministère de la Justice de Trump se coordonne avec la police locale pour se servir de Facebook pour accuser ceux qui protestent contre l’assassinat de George Floyd de crimes graves – un autre signe avant-coureur du fascisme. Mais les polices locales utilisent depuis des années Facebook comme outil d’enquête de premier ordre. Et les groupes de travail de la police fédérale- police de New-York sous le titre «Operation Crew Cut» s’étaient grandement appuyés sur des déclarations faites sur Facebook pour inculper plus de 100 jeunes dans deux quartiers HLM de Harlem en 2014 et 120 autres jeunes noirs et à la peau bronzée du Bronx en 2016– un raid présenté comme la plus grande opération de «répression des gangs» de l’histoire de New York. Est-il fasciste d’utiliser Facebook contre des dissidents politiques, mais normal quand il s’agit d’expédier les «suspects habituels» (jeunes de couleur ) dans le goulag de l’incarcération de masse? Ou est-cet fasciste seulement quand Trump le fait?




    Si la plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme,les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.




    Comme je l’ai écrit dans des articles précédents (voir «91ll Legacy: Two Contending Fascisms », 15 septembre 2018), le système Jim Crow du sud des États-Unis a servi de modèle à l’État racial d’Adolph Hitler. Le Sud ségrégationniste entièrement sous les lois Jim Crow, correspondait en fait plus étroitement à la définition largement répandue du fascisme que la plupart des fascismes européens du XXe siècle:

    * Nationalisme poussé à l’extrême

    * Recours fréquent au pouvoir de la foule

    * Oppression d’un «Autre» interne comme principe organisateur

    * Militarisme

    * La domination politique des éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie

    “ le système Jim Crow du sud des États-Unisa servi de modèleà l’État racial d’Adolph Hitler”

    Donald Trump est un fasciste américain à l’ancienne, du genre Jim Crow – mais qui est également désireux d’utiliser tous les outils modernes de répression politique et raciale pour préserver un système capitaliste dans sa phase de déclin final. La politique ouvertement raciste de Trump (avec l’oppression d’un «Autre»interne comme principe organisateur») le rend incompatible avec la doctrine de la «diversité» managériale adoptée par nécessité par les multinationales. Il entre donc en tension avec le régime capitaliste au 21e siècle – mais est extrêmement utile comme repoussoir, c’est pourquoi il a été l’adversaire préféré des démocrates liés au monde des affaires en 2016 et 2020. N’ayant rien à offrir à leur base si ce n’est une austérité sans fin («la course vers le bas ”) et la guerre, les démocrates liés au monde du business ont fait de Trump le seul enjeu de leurs campagnes.

    Le capital multinational et l’État sécuritaire (CIA, etc.) trouvent Trump totalement indigne de confiance en tant que gestionnaire de l’empire américain – c’est pourquoi ils ont concocté le Russiagate en collaboration avec les démocrates.

    Les républicains sont depuis plusieurs générations les vassaux des grandes compagnies pétrolières, tandis que les démocrates sont le parti privilégié du capitalisme financier qui domine désormais tous les secteurs capitalistes, y compris les médias et la haute technologie. Au sein du duopole électoral, les Noirs n’ont d’autre choix que les Démocrates, tandis qu’environ la moitié des Blancs choisissent les Républicains, ouvertement le parti des Blancs bien avant l’avènement de Trump, l’intrus impulsif. Cependant, le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion], échangeant périodiquement les rênes du pouvoir exécutif avec le moins de perturbations possible pour l’ordre capitaliste. {C’est ce qu’ils appelaient le «génie» du système. ) L’humiliation de l’establishment corporatif républicain par Donald Trump en 2016 – avec l’aide décisive des démocrates et des grands médias – a déstabilisé le duopole politique, le mécanisme institutionnel qui, avec les médias liés au monde des affaires, médiatise les divergences entre les secteurs capitalistes et construit un récit politique commun ( mensonges) pour la consommation populaire. Le résultat a été une scission ouverte et destructrice de la classe dirigeante, les instruments étatiques de la sécurité nationale (CIA, etc.) collaborant ouvertement avec les démocrates pour rendre politiquement illégitime un président en exercice.




    “ le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion]’”




    La bonne nouvelle, c’est que la guerre civile interne à la classe dirigeante a délégitimé non seulement Trump mais l’ordre impérial US lui-même. Une fois perdue, la légitimité politique peut rarement être intégralement recouvrée – et certainement pas par un ordre capitaliste en bout de course en proie à un écheveau de contradictions accumulées en son stade terminal, et dont le domaine impérial se réduit progressivement.

    La mauvaise nouvelle est que la gauche US est si faible qu’elle a été incapable de proposer un discours qui explique les crises multiples qui ont été si dévastatrices pour le peuple américain, ou même d’accomplir a minima nos obligations de solidarité avec les victimes de l’impérialisme US dans le monde. Imaginant le fascisme dans les termes d’une caricature personnifiée par Trump, les gauchistes américains semblent croire que anti-Trump égale antifascisme, alors qu’en fait Trump représente un avatar de Jim Crow que les champions du capital cherchent à écarter depuis un demi-siècle afin d’exercer leur pouvoir plus efficacement. Ces champions du capital ont, par contre, construit un ordre fasciste du 21ème siècle dans lequel un tout petit nombre de milliardaires peut exercer le pouvoir sans réelle opposition, tandis qu’une bonne partie du monde est enfermé et contraint à une «course vers le bas» et que la moitié de l’humanité vit dans la terreur d’interminables guerres américaines.

    Le président Obama était un agent de ce fascisme – qui n’est pas une caricature de presse, et tue des millions de gens. Il en est ainsi de tous les Démocrates du jeu institutionnel. Ils sont les plus dangereux parce que si peu de gens les considèrent comme des fascistes, en dépit de leur servilité abjecte à l’égard de la dictature du monde des affaires, de l’État carcéral et des guerres sans fin. Nous battrons Trump pour la simple raison qu’il ne représente pas la véritable classe dirigeante capitaliste. L’oligarchie veut qu’il soit battu – et elle veut que nous la remerciions d’oeuvrer pour ses propres intérêts et se débarrasser de son propre problème: le genre de service que rend l’oligarque Michael Bloomberg quand il achète le contrôle de l’infrastructure du Parti Démocrate ainsi que la loyauté d’une partie substantielle de la (pseudo) classe politique noire.

    Certains gauchistes américains, incapables de sortir de leur vision caricaturale craignent que Donald Trump refuse de quitter la Maison Blanche si le scrutin lui est défavorable en novembre. Ils imaginent que les généraux de l’armée américaine soutiendront un coup de force de Trump dans un scénario de «Sept jours en mai» à l’envers. Complètement ridicule! Un coup de force militaire ne pourrait venir que du J-SOC, le Joint Special Operations Command qui supervise les forces d’opérations spéciales de toutes les branches de l’armée, comme les Bérets Verts (armée de terre) et les SEALS (marine). Les unités d’opérations spéciales ont toujours travaillé main dans la main avec la CIA – de fait, les Bérets Verts sont souvent appelés «l’armée de la CIA». Donald Trump, le candidat de «l’arrêt des des changements de régimes» [no more regime changes] en 2016 s’est ainsi gagné un ennemi implacable dans la CIA.

    Si un coup de force quelconque devait se produire en novembre, ce serait en faveur des Démocrates. Et beaucoup de gens qui se présentent comme de gauche applaudiront, se figurant la CIA comme un allié dans la lutte contre le «fascisme.»

    Source : Mounadil Al Djazaïri

    Tags : Etats-Unis, USA, Donald Trump, Joe Biden, fascisme, impérialisme, racisme,