Étiquette : Iran

  • Le Courrier du Soir : Pour séduire le lobby juif AIPAC, le Maroc accuse l’Iran de chercher à déstabiliser l’Afrique du Nord et de l’Ouest

    By Cheikh Dieng

    Le Maroc accuse l’Iran de chercher à déstabiliser l’Afrique du Nord et de l’Ouest

    Devenu grand ami et partenaire de l’Etat d’Israël à la suite de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays survenue le 10 décembre 2020, le Maroc entend apporter un soutien de taille à son nouvel allié qui mène une guerre sans merci contre la République Islamique d’Iran.

    Pour le royaume chérifien, cette guerre contre l’Iran est légitime comme l’affirme le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. C’est en tout cas ce que Lecourrier-du-soir.com a appris du média saoudien Ashar Al-Awsat qui relaie les propos tenus par le chef de la diplomatie marocaine qui a pris part à un événement organisé par le tout-puissant lobby juif américain, AIPAC.

    Dans l’interview accordée à la chaîne privée d’AIPAC, Nasser Bourita a tiré à boulets rouges sur le régime iranien l’accusant ouvertement de menacer l’intégrité territoriale du Maroc ainsi que sa sécurité en soutenant le Front Polisario (mouvement indépendantiste sahraoui) à qui il fournit des armes et dont il forme les militants avec l’unique objectif qu’ils attaquent le royaume chérifien.

    Parlant de l’influence de l’Iran en Afrique de l’Ouest, le chef de la diplomatie iranienne ne mâche pas ses mots. “Les activités de l’Iran en Afrique de l’Ouest détruisent l’Islam modéré que le Maroc promeut durant des siècles dans cette région”, dénonce Bourita qui ajoute que parmi les objectifs de l’Iran, il y a aussi la déstabilisation de l’Afrique du Nord.

    Il convient de souligner que depuis la normalisation de ses relations avec l’Etat hébreux en décembre 2020, le Maroc occupe une place de choix dans les relations entre Israël et le monde arabe. D’ailleurs, le pays a été invité à prendre part à l’événement d’AIPAC, une première et le Maroc est aussi invité à participer au sommet international sur le tourisme qui se tiendra à Tel Aviv les 15 et 16 juin.

    Le Courrier du soir, 10 mai 2021

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  • Jatibzade : Les accusations infondées du gouvernement marocain ne font qu’insulter ceux qui sont fidèles à la cause palestinienne.

    Face à son incapacité à résoudre ses problèmes régionaux, le gouvernement marocain a montré son soutien au régime criminel d’Israël et ne fait, une fois de plus, que répéter les accusations sans fondement contre l’Iran, a déclaré Mme Jatibzade après la réunion télématique du ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, avec des membres de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC).

    « Il est regrettable que dans le simple but d’aider les ennemis de la Oumma islamique, le Maroc, qui préside le Comité Al-Quds, cherche à détourner l’attention du principal problème du monde islamique, qui est la Sainte Al-Quds et les droits des Palestiniens », a-t-il ajouté.

    Le ministre marocain des affaires étrangères a participé jeudi pour la première fois à la conférence de relations publiques de l’AIPAC, montrant son soutien à la normalisation des relations avec le régime israélien et lançant quelques accusations contre l’Iran.

    IRNA, 08 mai 2021

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  • Mohamed-Seddik Benyahia, l’homme d’Etat dévoué et le diplomate infatigable

    L’homme politique et ancien ministre Mohamed Seddik Benyahia, décédé dans un accident d’avion le 3 mai 1982, incarnait l’homme d’Etat dévoué et le diplomate infatigable qui a fait connaitre la Guerre de libération dans le monde et servi le pays avec abnégation et humilité après l’indépendance.

    Né le 30 janvier 1932 à Jijel, Mohamed Seddik Benyahia, cet « homme hors normes », comme le qualifiait son compagnon de lutte, Rédha Malek, et au parcours irréprochable, avait marqué par son courage et son sens du sacrifice l’histoire du mouvement national et celle de l’Algérie combattante et indépendante. Le jeune militant qui a côtoyé plusieurs personnalités à l’image de Belaid Abdesselam et Lamine Khene, au lycée Albertini à Sétif, faisait déjà ses preuves en étant un membre actif et animateur de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) et est l’un des partisans de 19 Mai 1956 qui a vu des centaines d’étudiants et de lycéens abandonner les amphis et les salles de classes pour rejoindre la Révolution.

    Diplômé en droit en 1954 de l’université d’Alger, le jeune Benyahia s’est fait remarquer sur la scène politique et s’est vu même confier d’importantes missions à l’étranger, à l’instar de la conférence de Bandung en 1955 à laquelle l’Algérie, qui était en guerre contre le colonialisme, avait pris part en tant que pays observateur. Benyahia, alors âgé de 23 ans, faisait partie de la délégation algérienne présidée par Ait Ahmed et M’hamed Yazid. Après la création de l’UGEMA, les autorités coloniales avaient lancé un mandat d’arrêt contre Benyahia et Lakhdar Ibrahimi, qui se trouvaient à l’époque à Jakarta. Pour assurer leur protection, les dirigeants du FLN avaient décidé de les affecter au bureau local du FLN en Indonésie.

    Le jeune militant a vite imposé son charisme et gravi les échelons dans la hiérarchie de la glorieuse Armée de libération nationale (ALN) en devenant le secrétaire général de la présidence du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), et membre de la délégation algérienne aux négociations des Accords d`Evian en 1962. Il avait également représenté, aux côtés de Rédha Malek, le GPRA lors d’une rencontre de négociations le 28 octobre 1961 à Bâle, en Suisse. Ses compagnons de lutte, dont les témoignages ont été recueillis lors de différentes commémorations de sa disparition, n’avaient cessé de brosser le profil d’un grand militant nationaliste et d’un diplomate au talent avéré et dont la mort était une grande perte pour l’Algérie. L’ancien Chef de Gouvernement et ami de lutte de Mohamed Seddik Benyahia durant la Guerre de libération nationale, lors d’une journée d’étude organisée en 2017 à l’université de Jijel, évoquait un homme « hors norme » qui a marqué de son emprunte les négociations d’Evian. Rédha Malek qui relatait le parcours révolutionnaire et diplomatique du militant nationaliste, affirmait que ses réalisations avaient « contribué au développement de l’histoire de l’Algérie contemporaine ». Il avait également mis en avant le rôle de Benyahia dans les négociations d’Evian, soulignant « ses compétences tactiques » et « son intelligence diplomatique » durant les négociations entre le Front de libération nationale (FLN) et la délégation française. Lors d’une cérémonie commémorant le 34e anniversaire de la disparition de Mohamed Seddik Benyahia, feu Zoheir Ihadadène avait évoqué les qualités d’un homme « nationaliste, intègre et compétent « , ajoutant qu’il était aussi un « fin politicien, doublé d’un diplomate et juriste aux talents avérés ». A l’indépendance, le moudjahid avait assumé plusieurs postes d’ambassadeur et de ministre, notamment ministre de la culture, de l’enseignement supérieur, ministre de l’information et celui des affaires étrangères.

    Désigné à la tête de la diplomatie algérienne en 1979, Mohamed Seddik Benyahia était au service de la paix dans le monde. L’historie retient encore aujourd’hui, 39 ans après sa disparition dans un tragique accident d’avion, son rôle dans le dénouement de la crise des 52 américains retenus otages pendant 444 jours au siège de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, en amenant les deux parties à signer l’accord d’Alger le 19 janvier 1981. Le ministre des Affaire étrangères poursuivait sa mission de paix et s’était engagé, quelques mois après l’affaire des otages américains, dans le bourbier irako-iranien voulant à tout prix mettre un terme à une longue guerre dévastatrice. Après avoir échappé à la mort dans un crash d’avion en 1979 au Mali, il trouvera la faucheuse, avec 13 autres cadres du ministère, le 3 mai 1982, dans un autre crash de l’avion qui le transportait en direction de l’Iran où il était en mission de médiation dans le conflit frontalier entre Téhéran et Baghdad. Dans une lettre adressé au Martyr Benyahia, publiée au lendemain de son enterrement dans le quotidien El Moudjahid, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, rendait hommage à un homme d’une « conscience aigue de l’injustice et cette foi nationaliste profonde qu’il sut toujours offrir aux influences harmonieuses et salutaires du devenir universel, sans jamais l’enfermer dans une crispation stérilisante, ni dans un quelconque rabougrissement desséchant ». « Il aimait à rappeler que l’indépendance n’est pas une fin en soi, mais qu’elle devait, dans cette conjonction du passé et du présent, favoriser le transfert indispensable de la Nation à la société et l’émergence de citoyens nouveaux, d’Algériens totalement libres et totalement libérés », poursuivait feu Dembri, dans sa dernière lettre à Benyahia (APS)

    APS

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  • Maroc-Iran : L’Iran rejette les remarques « sans fondement »de Nasser Bourita

    TEHRAN – L’Iran a réagi samedi aux propos tenus par le ministre marocain des Affaires étrangères dans une conversation en ligne avec des membres du groupe de pression sioniste, l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC).

    Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a réagi aux accusations de semer l’instabilité lancées contre l’Iran par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

    « Comme le gouvernement du Maroc est incapable de régler ses propres problèmes régionaux, il a une fois de plus ressassé ses allégations infondées contre la République islamique d’Iran tout en soutenant le régime criminel d’Israël », a déclaré Khatibzadeh dans un communiqué.

    Le porte-parole a déclaré que les accusations sans fondement du gouvernement marocain contre l’Iran s’inscrivent dans la lignée des plans américains et israéliens dans la région et contre ceux qui sont fidèles à la cause légitime de la Palestine.

    « Il est regrettable que le gouvernement marocain, qui occupe actuellement la présidence du Comité Qods, détourne l’attention de la question brûlante du monde musulman, à savoir la lutte contre l’agression contre le saint Qods et la défense des droits du peuple palestinien, à un moment où le monde islamique a plus que jamais besoin d’unité et de solidarité », a déclaré Khatibzadeh.

    Le ministre marocain des affaires étrangères a accusé l’Iran de menacer l’intégrité de son pays et de soutenir les milices qui attaquent le Maroc, une accusation que l’Iran a fermement démentie.

    Tehran Times, 08 mai 2021

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  • Mohamed Seddik Benyahia, un monument de la diplomatie algérienne au destin tragique

    Militant indépendantiste, homme d’État remarquable et brillant diplomate au destin tragique, Mohamed Seddik Benyahia était un illustre enfant de l’Algérie. Le 3 mai 1982, alors qu’il se trouve à bord d’un Grumman Gulfstream II, son avion est abattu par le tir d’un missile irakien, au dessus de la frontière irano-turque. Retour sur le parcours de celui qu’on a parfois nommé « le Talleyrand algérien ».

    De l’avocat au diplomate

    Né à Jilel le 30 janvier 1932, il est diplômé d’une licence de droit à l’université d’Alger, et s’inscrit au barreau de la capitale dès 1953. En sa qualité d’avocat, il défendit notamment Rabah Bitat, l’un des 6 fondateurs du FLN. En 1955 il participe à la fondation de l’UGEMA – Union générale des étudiants musulmans algériens – dont il prend la présidence, et qui rejoint le FLN en 1956. Il est l’un des instigateurs de la grève estudiantine lancée par l’UGEMA le 19 mai 1956, qui a été un succès pour le mouvement national. Il devient un cadre du FLN, rapidement il intègre les délégations diplomatiques chargées de représenter le parti à l’étranger, notamment chez les pays amis. Il va au Caire, à Jakarta, ou Accra, il participe à des conférences internationales, telle que celle de Bandung, sa carrière de diplomate est lancée.

    Proche collaborateur de Ferhat Abbas, il a notamment occupé la fonction de secrétaire général de la présidence du GPRA. Compètent, fin négociateur, humble et intègre, il joue un rôle majeur dans l’insertion de la cause indépendantiste dans l’agenda international. À ce titre il participe aux négociations des accords d’Évian – signés le 18 mars 1962 – en tant que membre de la délégation du GPRA. C’est à cette occasion que Louis Joxe – Ministre d’État aux affaires algériennes – lui donne le surnom de « renard du désert ». Ce dernier dira que pendant ces négociations la volonté de fer de Benyahia lui paraissait redoutable et fascinante. En mai 1962, il organise le congrès de Tripoli, véritable prélude à l’affrontement armé fratricide de l’été 1962 pour la conquête du pouvoir.

    Au service du jeune État algérien

    A l’indépendance de l’Algérie, le pouvoir du président Ben Bella fait appel à lui pour occuper la fonction d’ambassadeur à Moscou en 1963. Le 19 juin 1965, le président Ben Bella est renversé par le ministre de la défense, Houari Boumediène. Ce dernier dit-on, est autant séduit par le diplomate que méfiant à son égard, pragmatique cependant, il veut mettre ses compétences au service de l’État. Benyahia, toujours critique, préfère néanmoins être « à l’intérieur du système, car à l’intérieur on peut toujours faire quelque chose », disait Youcef Ferhi en rapportant ses dires.

    Seddik Benyahia est nommé ministre de l’information le 24 octobre 1966. Sa plus grande réalisation à la tète de ce ministère est l’organisation du festival panafricain d’Alger en 1969. Esprit éclairé, il est l’un des architectes du projet révolutionnaire algérien – malgré des divergences avec la ligne du président – en 1970, il écrivait pour Révolution africaine un article intitulé « Les mutations psychologiques dans la révolution algérienne », dont voici un extrait :

    « L’indépendance nationale n’est pas seulement un acte de libération politique et économique, mais la restauration d’une identité nationale qui donne à cette indépendance sa substance et sa dynamique. La décolonisation politique et économique serait inopérante sans une décolonisation des esprits »

    À la formation du gouvernement Boumediène III le 21 juillet 1970, il est nommé ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, poste qu’il occupa jusqu’en avril 1977. Il a la lourde tâche de construire ce ministère nouvellement crée et de bâtir l’université algérienne, cependant l’enseignement supérieur n’a pas atteint les objectifs qualitatifs escomptés. Quand le gouvernement Boumediène IV est formé en 1977 il devient ministre des finances, jusqu’en mars 1979.

    Outre ses fonctions de ministre, il a activement prit part à la construction de l’édifice institutionnel. Membre du Bureau Politique du FLN, il a participé à la rédaction de la charte d’Alger en 1964, puis à l’élaboration de la charte nationale adoptée en 1976, qui était le guide idéologique de l’Algérie socialiste. Enfin il était membre de la commission de rédaction de la constitution de 1976, promulguée en novembre de la même année.

    Ministre des affaires étrangères : Le Talleyrand algérien

    Le 9 février 1979, le colonel Chadli Bendjedid succède à Houari Boumediène – décédé le 27 décembre 1978 – au poste de président de la République. Le 8 mars 1979, Mohamed Seddik Benyahia devient ministre des affaires étrangères.

    Dès sa prise de fonction il entreprend des réformes au sein du ministère. D’abord il le dote d’un nouvel organigramme, d’effectifs plus importants et crée la fonction de chef de bureau. Révolutionnaire, il rompt avec les pratiques régionalistes au sein de l’institution, véritables mécanismes d’attributions des postes sous son prédécesseur.

    Il enregistre plusieurs succès aux affaires étrangères, notamment dans les relations algéro-françaises. Il entreprend un rapprochement entre Alger et Paris, malgré d’importants sujets de discorde (contrats gaziers, question de la libre circulation et des cartes de résidence, service militaire des binationaux). Le 3 février 1982, le contrat Sonatrach-Gaz de France est signé, il supporte un surcoût de 25 % en faveur de l’Algérie, le contrat favorable à cette dernière, avait fait scandale en France (Naoufel Brahimi El Mili, 2012). Cependant il ne s’agit pas du plus important succès du ministre des affaires étrangères, en effet, sa consécration internationale eut lieu un an auparavant.

    L’artisan des accords d’Alger de 1981

    Dans la crise des otages américains retenus à l’ambassade américaine de Téhéran, Alger tente de s’imposer en médiateur. Dans les faits, c’est même l’Iran qui a sollicité la médiation algérienne – lors d’un discours du guide suprême Khomeini en date du 12 septembre 1980 – comme le souligne Patrick Juillard en 1981, dans un article sur la médiation algérienne dans cette crise. Dans ce même écrit il indique que l’action de Benyahia était essentielle, et qu’il agissait comme une « centrale de renseignement ».

    Après des discussions et négociations s’étalant de novembre 1980 à janvier 1981, américains et iraniens parviennent à des accords le 19 janvier 1981, en partie grâce aux manœuvres algériennes pour faciliter certains arrangements (comme les modalités du transport des otages). Le 20 janvier, les 52 otages américains quittaient Téhéran à bord d’un Boeing d’Air Algérie.

    C’est un succès total pour le ministre Mohamed Seddik Benyahia, dont la signature est présente sur ces accords. Salah Benkobbi – ancien diplomate et membre fondateur de l’UGEMA – racontait le rôle primordial du défunt ministre : « C’est lui qui a rédigé l’accord et qui a réussi à le faire signer par les deux parties ». Il ajoutait également que c’était un coup de maître lui ayant valu le respect de la communauté internationale.

    3 mai 1982, une mort tragique

    Ce jour là, il est dans un avion volant en direction de Téhéran. Deux ans plus tôt, l’Irak lançait l’opération Qadisiya, déclenchant alors une guerre meurtrière contre l’Iran qui allait durer jusqu’en 1988. L’Algérie propose sa médiation, forte de son expérience dans le règlement des contentieux irako-iraniens (accords d’Alger, 1975). Seddik Benyahia s’active, il multiplie les passages à Bagdad et Téhéran, et tente d’imposer sa médiation à deux camps fermement résolus à continuer la guerre.

    Selon Pierre Razoux dans son ouvrage La guerre Iran-Irak, L’Algérie aurait discrètement torpillé le plan de paix de l’OCI d’avril 1982 (jugé trop favorable à l’Irak) ce qui aurait fait enrager Saddam Hussein, ce dernier accusant l’Algérie de favoriser systématiquement les iraniens. Le 3 mai 1982, alors que son avion (avec à son bord des cadres du MAE et d’autres ministères) survole la frontière turco-iranienne, un missile – d’abord d’une provenance non-identifiée – abat l’aéronef qui s’écrase à Qottour en Iran, le crash ne laissant aucun survivant.

    En Algérie, un deuil de trois jours a été décrété. L’émotion est considérable, plusieurs dizaines de milliers d’algérois se déplaçaient lors de ses obsèques le 7 mai, pour lui rendre hommage. Il était l’un des responsables politiques les plus populaires du pays.

    Un mystère dont l’histoire n’a pas encore dévoilé touts ses secrets

    Dans un premier temps, irakiens et iraniens s’accusent mutuellement, tandis qu’Alger, enrage envers les deux pays et ne sait pas qui accuser pour ce crime (Pierre Razoux, 2013). Très rapidement une commission d’enquête est formée, sous la direction de Salah Goudjil, ministre des transports.

    Les premiers éléments de l’enquête semblent disculper l’Iran, on comprend vite que le missile était irakien. De plus, l’absence de Tarek Aziz aux obsèques des défunts, contrairement au ministre des affaires étrangères iranien Ali-Akbar Velayati, ne fait qu’agacer d’avantage les responsables politiques algériens. La version officielle irakienne affirme que l’avion algérien a été prit pour un aéronef iranien, dans un contexte ou des combats aériens se déroulaient à ce moment, dans cette zone.

    Ahmed Taleb Brahimi – ancien ministre et compagnon de longue date de Benyahia – est revenu sur cette affaire dans ses mémoires publiées en 1999 (Mémoires d’un algérien – Tome 3). Il écarte les thèses du complot d’une fraction radicale du Baath irakien hostile à la paix ou de la responsabilité directe de Saddam Hussein. Pour d’autre, comme l’ancien ministre de la défense, le général à la retraite Khaled Nezzar (1990-1993), Saddam Hussein est bien responsable de cet assassinat. Rien ne permet de vérifier l’hypothèse d’un ordre de Bagdad, il est pour l’instant impossible d’avoir le fin mot de cette affaire. Les résultats de l’enquête n’ont jamais été rendus publics.

    Selon Ahmed Taleb Brahimi, l’affaire a été étouffée par le président Chadli Bendjedid, qui tenait les propos suivants lors d’une réunion du Bureau Politique du FLN le 1er septembre 1982 : « Si l’hypothèse du missile irakien se vérifiait, il sera difficile de dire la vérité au peuple algérien car cela risquerait de développer un sentiment anti-arabe, préjudiciable à notre soutien au peuple palestinien et à nos efforts pour une solution au Moyen-Orient ». Un autre témoignage vient renforcer la thèse de l’affaire étouffée, celui de Ahmed Al-Jebouri, qui rapportait à la chaîne Al-Jazeera en 2008, une conversation qu’il avait eu avec Salah Goudjil. Ce dernier était à Bagdad pour une réunion avec Al-Jebouri et Saddam Hussein. Le ministre algérien aurait dit aux deux irakiens que les résultats de l’enquête incriminant l’Irak ne seraient connus que par un nombre restreint de personnes, et qu’il s’agit des instructions du président algérien.

    Mohamed Seddik Benyahia était un homme dont l’intégrité et le sens de l’État avaient conquis le cœur du peuple algérien. Sa vivacité, ses talents de diplomate et sa finesse d’esprit avaient également marqué les responsables politiques étrangers qui l’ont vu à l’oeuvre. Benyahia est l’un des bâtisseurs de l’État, ainsi qu’un monument de la diplomatie algérienne, qui est incontestablement l’une des réussites de l’Algérie indépendante. Le 3 mai 2021, le ministère des affaires étrangères a décidé de baptiser son siège au nom de Mohamed Seddik Benyahia, un acte symbolique, qui permet à l’institution d’honorer son patrimoine.

    Kassaman Times, 4 avr 2021

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  • La Haute Cour du Danemark confirme la condamnation d’un Norvégien dans une affaire d’espionnage en Iran

    Une haute cour danoise a confirmé jeudi la peine de sept ans d’emprisonnement prononcée à l’encontre d’un citoyen norvégien d’origine iranienne pour espionnage et complicité dans un complot manqué visant à tuer une figure de l’opposition arabe iranienne au Danemark.

    L’affaire, qui a révélé une lutte de pouvoir en matière de renseignement sur le sol danois entre l’Arabie saoudite et l’Iran, a conduit le Danemark à demander des sanctions à l’échelle de l’UE contre l’Iran en 2018 après l’arrestation du Norvégien.

    « Un jury unanime de la Haute Cour de l’Est a déclaré un Iranien coupable d’activités de renseignement illégales et de complicité dans une tentative de meurtre d’un Iranien en exil à Ringsted », a déclaré le procureur général danois sur Twitter jeudi.

    L’accusé, Mohammad Davoudzadeh Loloei, a été condamné à sept ans de prison et à une expulsion permanente du Danemark, a déclaré le procureur Mads Kruse à Reuters.

    Loloei a été initialement condamné l’année dernière par un tribunal de district, puis a fait appel de cette décision.

    « Cela a été un cas sans précédent dans l’histoire juridique danoise, qui aura probablement des répercussions au-delà des frontières du Danemark », a déclaré Kruse.

    « Nous avons réussi à prouver ce lien entre l’accusé et le service de renseignement iranien, ce qui est très inhabituel et peut être une tâche difficile », a-t-il ajouté.

    L’avocat de Loloei a déclaré qu’il s’attendait désormais à ce que son client fasse appel devant la Cour suprême du Danemark.

    Loloei a été arrêté en octobre 2018 dans le cadre d’une vaste opération de police, au cours de laquelle le Danemark a temporairement fermé ses frontières.

    Des membres du groupe d’opposition iranien connu sous le nom de Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahvaz (ASMLA), y compris le chef du groupe, ont été séparément accusés par un tribunal danois d’espionnage pour les services de renseignement saoudiens et de financement du terrorisme en Iran. lire la suite.

    L’ASMLA cherche à créer un État distinct pour les Arabes de la province pétrolière du Khuzestan, dans le sud-ouest de l’Iran. Les Arabes sont une minorité en Iran, et certains d’entre eux se considèrent comme sous occupation perse et souhaitent l’indépendance ou l’autonomie.

    Reuters, 06 mai 2021

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  • Le chef du renseignement militaire américain : La Russie représente une menace existentielle du pôle Nord au pôle Sud

    par Rick Rozoff

    Le lieutenant général Scott Berrier, directeur de la Defense Intelligence Agency, a présenté l’évaluation annuelle de la menace mondiale de son agence devant la commission des forces armées du Sénat le 29 avril.

    La transcription de son témoignage compte cinquante-sept pages et est vaste dans sa portée et souvent détaillée dans ses descriptions. Ce qui suit est donc un précis qui s’attarde sur le thème général de sa présentation, laissant de côté, par exemple, sa discussion sur les menaces posées par ce qui était autrefois appelé organisations terroristes et qui est maintenant appelé organisations extrémistes violentes (VEO).

    Ses commentaires sont largement passés inaperçus, car ils ne font généralement pas partie des castes gouvernementales et militaires américaines, à l’exception d’un reportage de CNN intitulé « Top US military intelligence official says Russian military poses an ‘existential threat’ to the US ».

    Son analyse des menaces, militaires et non militaires, qui pèsent sur les États-Unis et leurs alliés est tout à fait conforme à celle d’autres hauts responsables de l’armée, des services de renseignement et de la politique étrangère : quatre nations menacent le monde, séparément mais surtout conjointement, et sur tous les continents et dans toutes les mers et tous les océans. Ces quatre nations, qui forment collectivement le nouvel Axe du mal, sont la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Pour employer les termes actuellement en vogue dans les cercles militaires, de renseignement et ce que l’on peut appeler grossièrement diplomatiques américains, les quatre sont divisés en challengers et adversaires proches et non proches. Les États-Unis reconnaissent volontiers qu’ils n’ont pas d’égal militaire dans le monde – et entendent le rester – sauf dans la mesure où la Russie maintient la parité nucléaire avec eux.

    La Russie et la Chine sont des menaces quasi-parallèles. L’Iran et la Corée du Nord ne sont pas à ce niveau. Mais tous les quatre sont présentés comme des menaces nucléaires.

    Son point de vue est partagé par d’autres départements, commandements et agences de l’armée, du renseignement et de la politique étrangère des États-Unis, ainsi que par l’OTAN :

    le Commandement de l’Afrique

    Commandement central

    Commandement européen

    Commandement Indo-Pacifique (p. 6-9)

    Commandement nord

    Commandement Sud (p. 31-38)

    Commandement spatial

    Commandement stratégique

    Département d’État

    Agences de renseignement américaines

    Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

    M. Berrier a commencé son témoignage en accusant les quatre organismes précités d’exploiter la crise mondiale du COVID-19.

    La Chine a été abordée en premier et a été qualifiée de « défi majeur pour la sécurité [qui] reste un concurrent stratégique à long terme pour les Etats-Unis ». Sa description de cette menace incluait le fait que « la Chine a entrepris une série de missions militaires, notamment la projection de puissance, la sécurité des voies maritimes, la lutte contre la piraterie, les opérations de maintien de la paix, ainsi que l’assistance humanitaire et les secours en cas de catastrophe. » Un peu comme n’importe quelle nation plus ou moins peuplée l’a fait au cours des dernières décennies.

    Mais il a réservé sa principale critique à la Russie, exprimant une inquiétude alarmiste reprise par CNN, à savoir :

    « L’armée russe est une menace existentielle pour les États-Unis et un outil puissant conçu pour maintenir une influence sur les États de sa périphérie, concurrencer la primauté mondiale des États-Unis et contraindre les adversaires qui contestent les intérêts nationaux vitaux de la Russie. » (p. 13)

    Le fait que la phrase ci-dessus s’applique aux États-Unis bien plus qu’à la Russie semble avoir échappé à l’attention du directeur, mais il a souligné la véritable menace de la Russie : le potentiel de concurrence avec la primauté mondiale des États-Unis. Cela constitue en soi une menace existentielle, évidemment.

    Il a déclaré que la Russie représente une menace pour la patrie américaine parce qu’elle « continue à investir dans ses forces nucléaires stratégiques, dans de nouvelles capacités pour renforcer sa dissuasion stratégique…. ».

    Elle est en outre coupable de menacer Peoria ou Kansas City parce que sa « force militaire repose sur ses forces nucléaires stratégiques capables de survivre et sur une force conventionnelle largement positionnée pour des opérations défensives et régionales. » Veuillez noter les mots « dissuasif », « défensif » et « régional » : des mots inconnus de Washington et du Pentagone, ou, s’ils sont connus, qui ne limitent en rien leur prérogative autoproclamée de projection de puissance mondiale.

    La Russie est accusée d’intégrer les leçons apprises en Syrie dans les formations et les exercices. Toutes les puissances militaires depuis la Perse et Rome ont fait de même, bien sûr.

    Elle est également critiquée, du moins implicitement, pour sa conviction exagérée et irrationnelle que ses principales menaces sont les États-Unis et l’OTAN. Le fait que ces deux derniers aient encerclé la Russie, du cercle polaire à la mer Noire, de sous-marins nucléaires, de navires de guerre à missiles guidés, d’avions de chasse, de bombardiers à longue portée à capacité nucléaire, de missiles antibalistiques, de véhicules blindés, de bases, de troupes et de centres de cyberguerre n’est qu’un prétexte, selon M. Berrier, pour que Moscou exploite la question pour « la préservation du régime en place ».

    Et pour aggraver la menace qu’elle fait peser sur les États-Unis et l’OTAN, la Russie « perturbe la cohésion de l’OTAN et sa capacité à formuler des politiques efficaces pour contrer l’influence malveillante de la Russie ». Cela ressemble beaucoup à de l’autodéfense, un principe universellement reconnu en droit international comme en droit pénal.

    La Russie est accusée de cibler particulièrement les États membres de l’OTAN ayant des « affinités historiques, culturelles ou religieuses » avec elle. (p. 14) Il s’agirait de pays qui parlent principalement des langues slaves et pratiquent le christianisme orthodoxe. Aucune de ces affinités n’est particulièrement favorisée par le nouvel ordre international occidental fondé sur des règles.

    Il a également répété l’accusation souvent entendue selon laquelle la Russie a employé l’ »agent neurotoxique de qualité militaire » Novichok contre Sergueï et Ioulia Skripal en Grande-Bretagne en 2018 et récemment contre Alexeï Navalny dans son pays. Au siège de l’OTAN en mars, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a décrit le premier incident comme l’utilisation d’armes chimiques sur le sol d’un pays de l’OTAN.

    La Russie est également dénoncée par M. Berrier pour son rôle en Géorgie depuis 2008 et en Ukraine depuis 2014, tandis qu’il a vanté le fait que « la coopération en matière de sécurité entre la Géorgie, l’Ukraine et l’Azerbaïdjan et les partenaires de l’OTAN » est une source d’irritation pour la Russie ; il a toutefois souligné que le gouvernement Poutine a ignoré l’attaque azerbaïdjano-turque contre le Haut-Karabakh et l’Arménie, alliée de la Russie au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective, l’année dernière ; une attaque qui a conduit la Russie à accueillir des troupes de la Turquie, puissance de l’OTAN, dans le Caucase du Sud. Il a également reconnu la collaboration de la Russie avec la Turquie en Syrie et en Libye, bien que les deux pays soutiennent des belligérants opposés dans les deux cas.

    Sous une forme plus abrégée, car sinon le récit serait interminable, la Russie est accusée d’être de connivence avec presque tous les mauvais acteurs, comme on les appelait autrefois, aujourd’hui des influences malignes, dans le monde, dans presque toutes les régions du monde, en adoptant un comportement incluant, sa ns s’y limiter, les éléments suivants :

    L’expansion des liens militaires et la participation à des exercices conjoints avec la Chine.

    Le maintien de relations normales d’État à État avec l’Iran et la Corée du Nord. (p. 19)

    Le maintien des liens de l’ère soviétique avec l’Algérie et l’Angola en Afrique. (p. 18)

    Faire de même en Amérique centrale avec le Nicaragua et dans les Caraïbes avec Cuba, et fournir des armes défensives au Venezuela en Amérique du Sud. (p. 19)

    Non contente de présenter la Russie comme une menace pour l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique, la Defense Intelligence Agency la dépeint également comme un rival et un adversaire dans l’Arctique –  » La Russie est… en train d’étendre son réseau de systèmes de missiles de défense aérienne et côtière, renforçant ainsi ses capacités d’anti-accès/de déni de zone sur des portions clés de sa zone maritime arctique (p. 20) – et l’Antarctique – « Moscou… étend ses activités de pêche dans cette région et, aux côtés de la Chine, a bloqué les efforts internationaux de conservation de l’environnement visant à limiter la pêche dans cette zone. (p. 20)

    Bien que la Russie demeure la seule menace « existentielle » pour le cœur de l’Amérique, pour Midtown, U.S.A., elle est aussi, dans l’esprit de Berrier et de ceux qu’il sert, la meneuse d’une conspiration internationale dirigée contre les États-Unis et leurs alliés démocratiques dans le monde. Ce réseau infâme de malfaiteurs est composé des éléments suivants :

    La Corée du Nord qui vend des armes à l’Iran et à la Syrie.

    Le soutien de la Chine à la Corée du Nord.

    L’implication de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, où Berrier présente Téhéran comme le seul méchant, à l’exception de la Russie en Syrie. (Bien que Berrier admette qu’une incursion militaire turque y a déplacé 70 000 civils, ajoutant : « Une autre incursion turque dans le nord de la Syrie déplacerait aussi probablement des centaines de milliers de civils, comme on l’a vu en 2018 et 2019. » Mais la Turquie est un allié précieux de l’OTAN).

    La Chine prend Cuba au piège de son initiative « la Ceinture et la Route ».

    L’Algérie, alliée de la Russie, soutient le Front Polisario au Sahara occidental, où la menace d’une invasion du Maroc, partenaire de l’OTAN, soutenue par l’Occident, semble imminente.

    La Chine et l’Iran conspirant avec la Russie pour soutenir le gouvernement du Venezuela, « ce qui atténue presque certainement les effets économiques des sanctions internationales. » (Voir Présence et influence sécuritaire de la Chine, de la Russie et de l’Iran dans la région. p. 48. Par exemple, « Téhéran cherche à tirer parti de ses récentes ventes avec le Venezuela pour étendre l’empreinte régionale de l’Iran en Amérique latine »).

    Les choses ne pourraient pas être plus claires pour les planificateurs civils et militaires de la politique étrangère américaine et ceux de ses alliés de l’OTAN. Tout va bien dans le monde des 194 membres des Nations Unies, sauf les menaces que représentent la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Surtout la Russie.

    Rick Rozoff est un rédacteur collaborateur d’Antiwar.com. Il est impliqué dans le travail anti-guerre et anti-interventionniste à divers titres depuis quarante ans. Il vit à Chicago, dans l’Illinois. Il est le directeur de Stop NATO. Cet article a été initialement publié sur Anti-Bellum.

    Antiwar.com, 02 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Russie, Chine, Iran, Venezuela,

  • Khamenei critique le ministre iranien des Affaires étrangères pour des propos ayant fait l’objet d’une fuite.

    Le guide suprême de l’Iran a critiqué dimanche son ministre des Affaires étrangères, qui a déclaré dans une interview ayant fait l’objet d’une fuite que les Gardiens de la révolution avaient plus d’influence que lui sur les affaires étrangères et le dossier nucléaire de Téhéran.

    Dans cette interview, diffusée la semaine dernière par la chaîne d’information par satellite en langue persane Iran International, basée à Londres, le ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré qu’il n’avait « aucune » influence sur la politique étrangère de l’Iran. en savoir plus

    Zarif a été le visage public de la diplomatie iranienne alors qu’elle traite d’une foule de questions, notamment les pourparlers avec les puissances mondiales sur la façon de relancer l’accord nucléaire iranien de 2015 que Washington a abandonné il y a trois ans.

    Les relations entre le gouvernement du président pragmatique Hassan Rouhani et les Gardiens sont importantes car l’influence de la force dure peut perturber tout rapprochement avec l’Occident.

    L’ayatollah Ali Khamenei, s’exprimant dans un discours télévisé, n’a pas appelé Zarif par son nom mais a déclaré à propos de ses commentaires : « C’était une grosse erreur qui ne doit pas être commise par un officiel de la République islamique ».

    « Nulle part dans le monde, le ministère des Affaires étrangères ne détermine la politique étrangère. Ce sont des fonctionnaires de plus haut rang qui prennent les décisions et définissent les politiques. Bien sûr, le ministère des affaires étrangères est également impliqué. »

    Dans un post Instagram après le discours de Khamenei, Zarif s’est excusé pour des commentaires qui avaient « agacé » la plus haute autorité du pays, qui a le dernier mot sur toutes les questions d’État.

    L’Iran a imposé des interdictions de voyager à 15 personnes pour leur implication présumée dans la fuite de l’enregistrement audio, dont les autorités ont déclaré qu’il avait été produit pour les archives de l’État plutôt que pour être publié.

    Utilisant un langage rarement entendu en politique en Iran, M. Zarif s’est plaint dans l’interview de l’étendue de l’influence du défunt chef de la Force Quds, Qassem Soleimani, sur la politique étrangère, laissant entendre que Soleimani a tenté de faire échouer l’accord nucléaire de 2015 en s’alliant à la Russie.

    Soleimani était une figure centrale qui a construit le réseau d’armées mandataires de l’Iran à travers le Moyen-Orient. Il a été tué dans une attaque de drone américaine en Irak l’année dernière.

    « La Force Qods a été en mesure de mettre en action la politique indépendante de la République islamique dans la région, qui est basée sur l’honneur », a déclaré Khamenei.

    Bien que M. Zarif ait déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de se présenter à l’élection présidentielle du mois prochain, son nom a été suggéré par des modérés comme candidat possible à cette élection. Plusieurs commandants éminents de la Garde sont également en lice pour le poste exécutif le plus élevé.

    Certains critiques ont déclaré que les commentaires de Zarif dans la cassette visaient à attirer les votes des Iraniens désabusés par une économie au point mort et un manque de libertés politiques et sociales.

    Reuters, 2 mai 2021

    Etiquettes : Iran, Mohammad Javad Zarif, Hassan Rouhani, Ayatollah Ali Khamenei,

  • Think tank : Le Réseau des menaces iraniennes (RMI)

    Quatre modèles de partenariats avec des clients non étatiques de l’Iran

    Le réseau de la menace iranienne (ITN) est une force redoutable composée de dizaines de milliers de combattants. Il s’étend au Moyen-Orient et en Asie du Sud et a des liens et une influence en Afrique et en Amérique latine. Le RMI permet à l’Iran d’être présent et de projeter sa puissance dans toute la région, ainsi que de dissuader et de harceler ses adversaires. Le réseau est composé de groupes divers et disparates, ce qui se reflète dans la nature et le montant du soutien fourni et dans le niveau de commandement et de contrôle exercé par Téhéran sur chaque groupe. Ces différences permettent à l’Iran d’utiliser le RMI pour atteindre quatre types d’objectifs politiques et militaires.

    Les auteurs se concentrent sur le RMI, qui se trouve à l’intersection de deux menaces – l’Iran et les acteurs non étatiques – mises en avant dans la stratégie de défense nationale des États-Unis de 2018 et la stratégie de sécurité nationale des États-Unis de 2017 comme une priorité à contrer pour le gouvernement américain. Dans ce rapport, les auteurs évaluent plusieurs indicateurs des relations Iran-ITN pour offrir un aperçu de la nature, de la profondeur et de l’ampleur des relations de l’Iran avec ces partenaires non étatiques clés classés par objectifs iraniens.

    La poursuite de l’expansion du RMI par l’Iran augmenterait sa capacité à utiliser le réseau pour saper la stabilité dans la région, contrarier les alliés et partenaires des États-Unis, saper l’influence des États-Unis et représenter un risque pour le personnel militaire américain. À la lumière de cette expansion, cette étude explore les relations de l’Iran avec son réseau non étatique afin de mieux permettre au gouvernement américain de contrer la subversion iranienne dans la région via le RMI.

    Principales conclusions

    Le réseau de la menace iranienne est une force formidable composée de dizaines de milliers de combattants.

    -Les auteurs ont classé les quatre catégories de groupes au sein du RMI qui sont ressorties de leur analyse du réseau de clients non étatiques de l’Iran en fonction des objectifs poursuivis par Téhéran : Cibleurs, dissuadeurs, stabilisateurs et influenceurs.
    -Les cibles sont conçues pour augmenter les coûts du maintien de la présence américaine à l’avant. Le principal objectif poursuivi par l’Iran en soutenant ces groupes est de les utiliser pour dissuader et harceler les forces américaines dans la région.
    -Les dissuadeurs sont des groupes que Téhéran cultive principalement pour dissuader et imposer des coûts à ses rivaux régionaux. Ces rivaux comprennent Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
    -Les stabilisateurs sont des groupes employés pour stabiliser les alliés de l’Iran, comme la Syrie.
    -Les influenceurs sont des groupes qui permettent à Téhéran d’étendre son influence au sein des États.

    Le RMI est le moyen de dissuasion le plus puissant dont dispose Téhéran contre les États-Unis.

    -Le RMI est actuellement – et restera probablement à l’avenir – le principal moyen de projection de puissance de Téhéran et son instrument d’influence privilégié au Moyen-Orient.
    -Les membres du RMI- et non Téhéran – sont les plus susceptibles de lancer des attaques contre des cibles américaines et autres.
    -Le RMI pose un dilemme plus large pour les États-Unis, car les tensions croissantes entre les États-Unis et l’Iran ont obligé les États-Unis à renforcer leur position au Moyen-Orient et à réduire leurs ressources pour d’autres priorités de défense américaines.
    -Il est important que le gouvernement américain adopte une approche multidimensionnelle pour contrer l’utilisation par l’Iran du RMI pour saper les intérêts américains ou potentiellement nuire au personnel militaire et civil américain.

    Recommandations

    -Le gouvernement et l’armée des États-Unis devraient formuler des réponses spécifiques à chaque catégorie du MII plutôt qu’une approche générale de lutte contre le MII, en reconnaissant leurs différentes faiblesses, leurs leviers d’influence et leurs relations avec l’Iran pour mieux contrer le RMI.
    -Parce que les Targeters sont conçus pour contrer la présence américaine – et, par extension, l’influence américaine – au Moyen-Orient, ils représentent la plus grande menace du RMI pour les États-Unis. Ces groupes ont évolué en groupes hybrides désormais incorporés au système politique et aux forces de sécurité irakiennes. L’armée américaine doit veiller à éviter toute activité de coopération sécuritaire par inadvertance avec ces groupes.
    -Les dissuadeurs ne constituent pas une menace directe pour le territoire américain et l’armée américaine, mais une menace pour les partenaires régionaux. Par conséquent, les efforts de l’armée américaine pour renforcer les capacités des partenaires afin de permettre aux partenaires régionaux des États-Unis d’être responsables de leur propre sécurité sont essentiels.
    -Certains membres des stabilisateurs sont susceptibles de contester la présence américaine dans la région, car ils cherchent à stabiliser les alliés iraniens. Par conséquent, l’armée américaine doit identifier les signaux critiques lorsque ces groupes pourraient chercher à prendre des mesures contre les actions américaines afin de renforcer la protection des forces.
    -Les Influenceurs vont probablement continuer à mener des activités violentes au Moyen-Orient et en Asie du Sud afin de saper la stabilité et de renforcer leur influence dans leurs pays respectifs. Pour freiner leurs ambitions, l’armée américaine doit continuer à renforcer les relations entre militaires avec les partenaires clés de la région afin d’envoyer un message dissuasif et de renforcer la capacité des partenaires à contrer le RMI.

    RAND Corporation, 2 mai 2021

    Etiquettes : Iran, réseau, Etats-Unis, Israël, Moyen Orient,

  • Accord nucléaire iranien : Des diplomates de cinq pays reprennent les pourparlers

    – Des diplomates de Chine, d’Allemagne, de France, de Russie et du Royaume-Uni se réunissent à Vienne pour relancer l’Accord nucléaire iranien signé en 2015

    Des diplomates de haut rang venant de Chine, d’Allemagne, de France, de Russie et de Royaume-Uni reprennent, samedi, les pourparlers sur le dossier nucléaire iranien à Vienne.

    « Les diplomates se préparent aujourd’hui à reprendre les négociations sur le retour des États-Unis à l’Accord nucléaire historique avec l’Iran », a rapporté l’Associated Press.

    Les États-Unis n’auront pas de représentant à la réunion des diplomates, en raison du retrait unilatéral de l’ancien président Donald Trump de l’Accord en 2018 et de l’imposition, encore une fois, de sanctions à l’Iran, alors que Joe Biden tente, de son côté, de rejoindre l’Accord, selon la même source.

    Une délégation américaine participe à des pourparlers indirects tenus à Vienne avec l’Iran, où des diplomates d’autres puissances mondiales jouent le rôle de médiateurs.

    Le Wall Street Journal a rapporté que l’administration Biden était prête à assouplir certaines sanctions imposées, sur des secteurs essentiels de l’économie iranienne, tels que le pétrole et le financement et ce, dans une tentative de booster les pourparlers de Vienne et de rapprocher les visions au sujet de l’Accord nucléaire iranien.

    Des négociations ont été récemment lancées à Vienne pour relancer l’Accord nucléaire conclu entre l’Iran, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie et l’Allemagne, dans le but d’y ramener Washington et de convaincre Téhéran de tenir ses engagements.

    Agence Anadolou, 01 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Iran, accord nucléaire,