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  • Les pétrodollars introdduisent l’idéologie Wahhabite en Afrique

    Les pétrodollars au service d’une idéologie islamiste: La pénétration Wahhabite en Afrique

    Bien que la diffusion du wahhabisme en Afrique remonte aux années 1960, c’est l’avènement du pluralisme politique dans les années 1990 dans de nombreux États africains qui a permis à l’Arabie saoudite de renforcer son offensive idéologique sur le continent. Alliant prédication et actions sociale et humanitaire, les ONG islamiques, les organisations transnationales musulmanes et les fondations saoudiennes ont investi financièrement et idéologiquement le continent africain -souvent avec la complicité des États -pour imposer leur interprétation conservatrice de l’islam, outil par excellence de la « diplomatie religieuse » des Saoud.

    Après des décennies d’une stratégie d’influence ininterrompue, le Royaume saoudien peut désormais s’appuyer sur ses relais locaux pour saper les bases des hiérarchies traditionnelles de l’islam africain, combattre les confréries soufies et bannir les pratiques religieuses ancestrales. Les nouveaux adeptes africains du wahhabisme formés dans les universités du Golfe s’opposent ouvertement aux institutions maraboutiques afin d’assujettir l’espace public aux normes spirituelles rapportées d’Arabie saoudite.

    Cette lame de fond a conduit à une fragmentation doctrinale croissante de l’islam africain qui se traduit par une prolifération de groupes professant des interprétations extrêmement sélectives des principes religieux. Aujourd’hui les groupes terroristes qui sévissent au Sahel et en Afrique du Nord-Ouest profitent d’un environnement de plus en plus pétri de l’idéologie wahhabite où le conservatisme religieux s’est banalisé par des décennies d’une insidieuse pénétration doctrinaire.

    L’islam fondamentaliste saoudien est le terreau sur lequel sont nés et prospèrent le salafisme et le djihadisme armé qui minent les sociétés africaines et s’exportent au-delà des frontières.

    Avec près de 350 millions de musulmans, l’Afrique représente un morceau de choix pour l’Arabie saoudite¹. Depuis plusieurs décennies, Riyad a entrepris de diffuser son modèle wahhabite de croyance selon le principe du daawa wal irchad (prosélytisme et propagation de la foi) pour contrecarrer les autres obédiences musulmanes et les pratiques populaires de l’islam présentes sur le continent : soufisme, ibadisme, chiisme, animisme, culte des saints, etc.

    La montée de l’islamisme d’inspiration wahhabite est à replacer dans le contexte du déclin du nationalisme arabe et de la montée en puissance de l’Arabie saoudite. La politique pan-islamiste saoudienne en Afrique remonte aux années 1960, sous le règne du roi Fayçal. Elle visait autant à diffuser le wahhabisme qu’à contrer l’influence panarabe nationaliste que les monarchies conservatrices percevaient comme une menace. Le wahhabisme s’opposait aux courants réformistes qui ont marqué l’histoire moderne de l’Islam.

    Le pèlerinage et l’immigration depuis différentes parties du monde musulman vers le Golfe, associés au développement du système bancaire islamique et à la prolifération des organismes saoudiens de bienfaisance, ont été les facteurs clés de l’expansion du wahhabisme saoudien. Le boom pétrolier a permis d’investir des fonds énormes dans la promotion de la prédication dont les fers de lance furent les prêcheurs-missionnaires wahhabites.

    La pénétration wahhabite s’est renforcée dans les années 1990 au moment de l’ouverture de l’espace politique dans de nombreux États africains, permettant ainsi au wahhabisme de trouver sa légitimité en s’africanisant et de devenir un courant de l’islam politique local ayant pignon sur rue.

    LE WAHHABISME LA RÉALISATION D’UNE SOCIÉTÉ ISLAMIQUE TRANSNATIONALE
    Le terme « wahhabisme » a d’abord été employé par les partisans de cette tradition pour se distinguer de leurs adversaires au XIXe siècle. Depuis le règne du roi Abd al-Aziz (1902-1953), il est récusé par les oulémas saoudiens qui préfèrent se désigner comme « salafistes ». La notion de « salafisme » désigne la pratique des salaf, les pieux ancêtres dont se réclament non seulement les islamistes saoudiens, mais aussi les héritiers intellectuels de la salafiyya fondée à la fin du XIXe siècle par Jamal al-Din al-Afghani (1838-1897) et son disciple Muhammad Abduh (1877-1938).

    Le salafisme est donc loin d’être une spécificité wahhabite. Il concerne également l’école malékite, dominante au Sahel : « il apparaît que l’analyse des trajectoires de radicalisation au Sahel dément très largement l’idée que le djihadisme serait le prolongement du wahhabisme dans cet espace ».

    La famille royale, gardienne des lieux saints, se sentant investie d’une mission de purification, va entreprendre d’exporter sa conception de l’islam à travers le monde. Une mission clairement résumée dans les propos du prêcheur saoudien Abdelaziz al-Fawzan: « Nous voulons purifier l’Islam de ses sectes, des innovations, et de tous les mensonges que les faux prêcheurs ont apporté. Car ils détruisent l’Islam en profondeur. Le musulman est celui qui suit les actions du Prophète. Tout ce qui s’en écarte éloigne les croyants de la vraie religion ».

    Le wahhabisme n’a donc rien à voir avec la pensée panislamique du XIXe siècle qui visait à s’opposer au colonialisme européen sans renier pour autant les emprunts aux idées politiques réformatrices occidentales. Ainsi, wahhabisme et réformisme arabe s’inscrivent dans deux temps historiques différents du processus de développement de la pensée islamique.

    Le réformisme arabe né au XIXe siècle regroupe ceux que l’on a appelés les « nouveaux penseurs de l’islam³ » dont le but était de rénover le discours religieux pour rénover le monde musulman alors confronté à la modernité. Ce mouvement intellectuel sera le creuset de la renaissance culturelle arabe ou Nahda, au moment où l’Empire ottoman est affaibli par la menace que font peser les grandes puissances européennes sur son intégrité territoriale. Les élites arabes réformistes feront une large part à la philosophie des Lumières, y compris celles issues de l’université égyptienne al-Azhar. Le mouvement s’épanouira au XXe siècle, en particulier en Égypte, en Syrie, en Irak et en Tunisie, tandis qu’en Turquie, Mustafa Kemal -dit Atatürk -imposera un régime constitutionnel laïc.

    Jusqu’aux années 1970, le nationalisme arabe, sans pour autant la renier, ne fera pas une place centrale à l’identité, mais mettra l’accent sur la modernisation intellectuelle, culturelle et institutionnelle du monde arabe.

    Cette renaissance s’incarnera dans des partis politiques de masse tel le nassérisme, et le Baath syrien et irakien.

    La seconde moitié du XXe siècle va être marquée par l’émergence d’un « antinationalisme arabe de nature islamique (…) dans le contexte (…) des dictatures arabes nationalistes et socialisantes qui dominent alors la scène arabe⁴ ». À partir des années 50, grâce à la montée en puissance pétrolière, financière et politique de l’Arabie saoudite, la promotion de la doctrine wahhabite deviendra indissociable de l’identité du royaume. Ce dernier a, de fait, toujours mis en avant l’unité de l’oumma musulmane et promu sa propre forme de panislamisme fondée sur l’appropriation des lieux saints que sont La Mecque et Médine. Dès 1956, le prince et futur roi Fayçal déclarait que « l’islam (dans son acception wahhabite) devait être au centre de la politique étrangère du royaume ».

    Hormis la LMI, les deux autres piliers stratégiques du royaume saoudien seront l’Organisation de la conférence islamique (OCI³) et l’Organisation des pays arabes producteurs de pétrole (OPAEP). La machine qui se met en place grâce aux revenus de l’or noir sert surtout les intérêts des religieux saoudiens. Elle leur permet de diffuser la version saoudienne du salafisme à travers le financement, la rénovation et la prise en charge des frais de fonctionnement d’une multitude de mosquées monumentales et de complexes religieux, en particulier dans de nombreuses villes d’Afrique : Khartoum, Yaoundé, N’Djamena, Lagos, Abuja, Bamako, Nouakchott, Conakry, Accra, et Kampala.

    Cet empire fait de mosquées, d’écoles coraniques, d’universités et d’hôpitaux sera possible grâce à une énorme accumulation de richesses. Il contribuera à créer un environnement favorable aux formes intolérantes de l’islam dont, quarante ans plus tard, seront porteuses les jeunes générations, aussi bien dans les pays à majorité musulmane que dans les pays où l’islam est minoritaire, ainsi que dans les diasporas.

    L’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques (1979) fournira aux Saoudiens l’occasion de réveiller le djihad en sommeil depuis les années 1920 et d’envoyer à des milliers de kilomètres les Saoudiens les plus radicaux. Le Prince Sultan, alors ministre de la Défense, déclarera que tout citoyen saoudien qui partira combattre en Afghanistan contre le communisme, se verra offrir 75 % du billet d’avion par le gouvernement.

    « Les djihadistes de toutes nationalités qui partent se battre en Afghanistan contre les troupes soviétiques sont alors considérés comme des « combattants de la liberté » et nullement comme une menace future pour la liberté des sociétés musulmanes ou une source potentielle d’un futur terrorisme transnational » (…) Oussama Ben Laden et ses hommes ont ainsi été longtemps considérés comme des « combattants de la liberté » ayant contribué au retrait de l’armée soviétique et ayant donc contribué de façon décisive à la victoire des États-Unis sur l’URSS dans la guerre froide⁴“.

    L’attrait pour la cause afghane et le retrait soviétique en 1989, au moment où l’Iran est englué dans sa guerre avec l’Irak, seront autant d’éléments qui favoriseront le triomphe de l’idéologie et de la vision de l’islam saoudien. La planète se couvrira de satellites et de prêcheurs saoudiens qui envahissent les ondes. En trois décennies, l’Arabie saoudite est devenue le principal centre de diffusion du salafisme dont l’objectif est de purger la pratique religieuse de ses particularités locales et de son syncrétisme

    Depuis les librairies islamiques implantées partout dans le monde -où sont diffusés les écrits des théologiens salafistes saoudiens -, jusqu’aux tenues vestimentaires importées directement de la péninsule arabique, en passant par les chaînes satellitaires d’obédience wahhabite, il ne s’agira ni plus ni moins d’une entreprise de globalisation confessionnelle, d’uniformisation de l’islam à travers l’imposition d’une conception centralisée et totalitaire de la religiosité et des pratiques islamiques.

    Le succès de cette propagande se traduira par le développement et l’expansion de mouvements islamistes divers et variés.

    Cette lame de fond wahhabite va avoir trois conséquences majeures :
    -une sur-confessionalisation de l’identité musulmane;

    -l’instauration d’un conformisme intégriste croissant dans les moeurs quotidiennes de nombreuses sociétés africaines où, parallèlement, l’offre culturelle se réduira comme peau de chagrin;

    -la fragmentation de l’islam en différents groupes, sous-groupes et sectes, en particulier en Afrique, se réclamant tous d’un islam des origines.

    Les signes extérieurs de cette religiosité standardisée alimenteront la surenchère vestimentaire. Ils s’affichent aujourd’hui un peu partout à travers le « look » islamiste : barbe fine ou sauvage ; tenue afghane ou qamîs pour marquer l’adhésion politique à l’idéologie rigoriste du jihadisme international ; foulard, niqab ou voile sous toutes ses variantes, en particulier intégral ; gants ; abbaya ; etc. Dans beaucoup de pays musulmans, ces nouveaux habits islamistes ont supplanté les habits traditionnels ainsi que la minijupe très répandue dans les pays arabes dans les années 1970. La standardisation va également se manifester dans l’introduction progressive d’une façon de prier salafiste (bras croisés contre bras le long du corps), dans le choix des horaires de prières, et même dans la remise en question par certaines sectes puristes de la fête traditionnelle du Maoulid célébrant la naissance du Prophète.

    La transmission des préceptes religieux par les pères et par la filiation familiale va être déconsidérée au profit d’une éducation islamique officialisée qui produit ce que le psychanalyste Fethi Benslama nomme le « surmusulman » « amené à surenchérir sur le musulman qu’il est par la représentation d’un musulman qui doit être encore plus musulman. C’est la conduite d’un sujet en proie à des reproches de défection qu’il se fait à lui-même et au harcèlement des armées de prédicateurs qui l’accusent des pires crimes moraux et le vouent à l’enfer ».

    La psychologue algérienne, Cherifa Bouatta, transpose cette notion aux femmes, qui « font preuve de surenchère pour plus d’islam, plus de religion (…) Pour l’adoption d’un islam purifié, débarrassé d’adjonctions malsaines, c’est-à-dire des rites et croyances traditionnels ».

    Cette sur-islamisation considère l’islam traditionnel syncrétique (shirk) comme relevant de la djahilia (période pré-islamique dite de l’ignorance). Les parents sont ainsi dépossédés de leur parentalité, en ce sens où « ils n’ont plus rien à apprendre à des enfants devenus savants ».

    Sur le site Islam.net par exemple, on peut lire : « Si la personne n’a pas appris la science de la religion, il ne lui est pas suffisant que son père fut un savant ou que son grand-père fut un saint. Il est indispensable qu’elle apprenne elle aussi la science de la religion par transmission orale », sous-entendu dans une école coranique. On verra plus loin comment une partie du secteur éducatif partout en Afrique sera pris en main par les tenants du wahhabisme en dévalorisant la transmission du savoir religieux par les aînés.

    Ce conservatisme islamique va peu à peu imprégner le tissu social et les mœurs par le biais de l’éducation et d’associations à but religieux. Les nouvelles élites religieuses nationales vont diffuser des normes, réviser des pratiques culturelles, et imposer des valeurs morales et sociales, sur des bases islamiques.

    UN ISLAM CONFISQUÉ ET RÉMUNÉRATEUR
    C’est à La Mecque que la marque wahhabite est la plus visible. En s’arrogeant la protection des lieux saints de l’islam au XVIIIe siècle, les Saoud ont imposé leur doctrine wahhabite comme la seule autorisée à y être prêchée lors des pèlerinages qui drainent environ 2 millions de personnes.

    Dès l’origine, pour les wahhabites, ni les monuments, ni les hommes ne doivent être révérés. Selon le fondateur de cette doctrine, Ibn ‘Abd al-Wahhâb, le monde musulman doit être purifié des tombes, reliques et sanctuaires qui “divinisent des êtres humains” et représentent un polythéisme déguisé. Grâce à son alliance avec les Saoud, il pourra mettre en œuvre quelques-unes de ses ambitions, en détruisant localement les monuments dédiés à des saints musulmans.

    La conquête de La Mecque en 1803 a en effet été le théâtre de destructions massives de sites historiques, de mosquées et de tombeaux de saints de l’islam. Dans la grande mosquée, les édifices dévolus aux autres courants de l’islam ont purement et simplement été détruits par les autorités saoudiennes.

    La première tombe à être rasée a été celle de Zayd ibn al-Khattab, compagnon de Mohamed et frère du second calife Omar. La coupole de la source Zamzam, les dômes des tombes de ersonnages centraux du cimetière Jannatul Mu’alla (dont celles du grand-père et de la première épouse de Mohamed), ont fait place à un terrain vague. À Abwa, la tombe de la mère du Prophète a été rasée et brûlée. À Médine, le cimetière Jannatul Baqi, la mosquée al-Nabawi ou mosquée du prophète, ont été rasés entre 1806 et 1925.

    À l’époque, en Arabie saoudite, il y avait encore des cinémas. Ils furent tous fermés en 1979 après que des fanatiques wahhabites saoudiens aient pris en otage des fidèles dans la grande mosquée de La Mecque pour protester contre la « déliquescence des moeurs ». Sauvée par le GIGN français, la famille royale durcit alors le ton et interdit définitivement les salles de cinéma dans le royaume.

    La maison du Prophète et celle de ses compagnons ont subi le même sort. Depuis 1985, plus de 90 % des bâtiments historiques ont disparu. En 2014, les portiques ottomans d’enceinte de la Kaaba ont été démontés, sous prétexte de réaliser l’extension de la grande mosquée de La Mecque, alors que la maison de l’oncle de Mohamed, Hamza, avait déjà cédé la place à un hôtel, et que la maison de Khadidja, première épouse du Prophète, avait été remplacée par des services publiques.

    En plus des démolitions, on assiste à une véritable « dysneylandisation » de La Mecque : sur l’emplacement de la maison d’Abou Bakr, premier calife de l’islam, on trouve à présent un hôtel Hilton et un Burger King. À la forteresse Al-Ajyad, citadelle ottomane datant de 1780 pour protéger la ville sainte et ses sanctuaires, s’est substitué un hôtel ultramoderne abritant un centre commercial de cinq étages.

    À l’instar des destructions menées par Ibn ‘Abd al-Wahhâb, d’autres disciples contemporains du wahhabisme ont anéanti le patrimoine sacré et culturel, islamique, préislamique ou antique : les Talibans afghans ont détruit les bouddhas de Bâmiyân (2001) ; Ansar-eddine a mis à terre plusieurs mausolées de Tombouctou (2012) ; en Libye, les milices salafistes ont rasé des sanctuaires soufis et des mosquées abritant des saints (2011-2012) ; et l’unité spéciale de Daech s’en est pris par deux fois au site antique de Palmyre.

    En s’appropriant les lieux saints, l’Arabie saoudite s’arroge le pouvoir de les contrôler étroitement. Le ministère saoudien du Hadj traite avec tous les États et les agences de voyages agréées, pour organiser le pèlerinage annuel (Hadj). Il fixe les quotas, accrédite les agences de voyages étrangères ainsi que les guides locaux qui s’occupent des pèlerins selon leur région d’origine.

    Pour le royaume wahhabite, le pèlerinage est la seconde source de revenus après le pétrole. En 2012, il a rapporté 16 milliards de dollars. Les flux du pèlerinage explosent dans les années 1960-70 avec la généralisation de l’avion. La demande est telle qu’en 1987, l’Arabie saoudite décide d’imposer, avec l’aval de l’OCI, un système de quotas.

    Depuis lors, les pays musulmans ne sont autorisés à envoyer chaque année qu’un millier de pèlerins par million de croyants. En raison de la croissance démographique particulièrement forte dans la plupart de ces pays, cette restriction ne freine pas l’augmentation continue du nombre de pèlerins. Ils étaient un peu plus d’un million à venir de l’étranger en 1995, contre 1,8 million en 2010. En 2012, le nombre total de pèlerins présents à La Mecque dépassait pour la première fois les 3 millions³.

    En 2013, l’Arabie saoudite a encore réduit de 20 % le quota annuel de pèlerins étrangers autorisés et de 50 % celui des Saoudiens.

    L’AFRICANISATION DU WAHHABISME ET LE RENOUVEAU ISLAMIQUE
    À partir des années 1990, l’islam africain subit une fragmentation doctrinale croissante qui a inévitablement une incidence sur les actions des militants islamiques sur le terrain. Cette hétérogénéité s’illustre dans la prolifération de groupes professant des interprétations extrêmement sélectives des principes religieux, réalisant des adaptations locales particulières, et présentant une pauvre cohérence idéologique.

    En milieu urbain, on note une multiplication d’associations ou d’organisations musulmanes dont les leaders ont pour objectif de « répandre l’islam », de parfaire les connaissances religieuses des croyants, et de leur inculquer une nouvelle manière d’être musulman. Ces recompositions religieuses sont à replacer dans le contexte de libéralisation et d’ouverture politique qui a suivi l’effondrement des États autoritaires en Afrique au tournant des années 1990. La crise de ces régimes puis les processus de transition ont donné aux acteurs religieux une visibilité et une influence politique grandissantes. La question religieuse est devenue partout en Afrique un élément des luttes politiques locales.

    La fin du parti unique a ouvert la voie à l’émergence de nouveaux acteurs politico-religieux qui sont venus concurrencer des mouvements implantés depuis longtemps, notamment les ordres soufis. Ce phénomène a conduit à la pluralisation de l’offre confessionnelle : expansion des courants évangéliques et pentecôtistes pour le christianisme, courants réformistes pour l’islam. Les acteurs religieux ont cherché à occuper l’espace public à travers des discours, des revendications, des initiatives, des mobilisations.

    Cette diversification s’est accompagnée d’une éclosion d’associations para-religieuses et d’ONG confessionnelles, de radios et de télévisions religieuses. L’entrée en politique de nouveaux leaders aussi bien chrétiens que musulmans n’a fait que renforcer les situations de compétition et d’émulation religieuse.

    Au Mali, l’Association malienne pour l’unité et le progrès de l’islam (AMUPI) qui voit le jour en 1980, fera des émules dans les années 1990 lors de la promulgation de l’État démocratique. On assiste à l’éclosion d’associations islamiques, puis à la création en 2002 du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) -actuellement présidé par l’imam salafiste Mahmoud Dicko -et composé de la plupart des associations de défense des madrasa (écoles coraniques).

    En 1981, ces écoles accueillaient 36,62 % des enfants en âge de suivre l’école primaire, et en 1987, entre un quart et un tiers des élèves. Entre 2002 et 2009, le nombre des madrasa est passé de 840 à 1631. Entre 2001 et 2009, le nombre d’enfants inscrits en premier cycle en madrasa passe de 121657 à 240579. En 2009, 60% des enfants du premier cycle étaient scolarisés en école publique, 18 % dans les écoles communautaires, 12 % dans les madrasa, enfin 10 % dans les écoles privées non confessionnelles⁵.

    Au Mali, bien que la Constitution interdise formellement toute interférence entre l’État et le religieux, les associations musulmanes se sont accaparées l’espace politique et ont su imposer leurs idées face à un gouvernement faible qui a abandonné des régions entières au sous-développement. C’est pourtant justement le principe de laïcité et de garantie constitutionnelle d’une pluralité religieuse qui a permis aux leaders religieux de s’exprimer librement. « Face à l’échec du développement, l’acquisition d’un savoir religieux permet de se repositionner spirituellement et socialement. Cette résurgence, qui accompagne la montée d’un islam politique à une échelle dépassant le seul cas du Mali, s’inscrit dans un contexte où l’accès à l’information, comme la mobilité des personnes et des biens, renforce le sentiment d’appartenance à l’oumma, où le savoir enseigné, constamment en circulation, joue un rôle de ciment¹ ».

    Les débats autour du Code de la famille malien illustrent de manière flagrante l’enjeu social et politique que constitue l’islam. La bataille pour un Code d’inspiration salafiste a été menée par les partisans des madrasa qui useront de leurs nombreux contacts dans les pays du Golfe². Le HCIM parviendra à obtenir le retrait de la « version progressiste » du Code de la famille adoptée par le parlement malien : toutes les dispositions jugées contraires aux règles de l’islam seront rejetées pour être remplacées par des amendements fondés sur la tradition islamique, comme, par exemple, l’abaissement de l’âge légal de mariage pour les femmes de dix-huit à seize ans, ou l’élargissement de la célébration du mariage aux responsables religieux.

    Aujourd’hui, le Mali ne compte pas moins de 106 associations islamiques, dont l’AMUPI, la Ligue des imams (LIMAMA), la Ligue des prédicateurs, l’Union nationale des femmes musulmanes (UNAFEM), et l’Association malienne des jeunes musulmans (AMJM). Dans la ville de Bamako, le nombre de mosquées est passé de 41 en 1960 à plus de 200 en 1985.

    Aujourd’hui, faute de chiffres précis, on peut estimer que ce nombre a au moins doublé. Au Nigeria, immédiatement après l’indépendance, le califat de Sokoto a bénéficié de l’aide financière du royaume saoudien. Les relations entre le Nigeria et l’Arabie saoudite se sont ensuite renforcées dans les années 1950-1960 lorsque Ahmadou Bello -dont l’arrière grand-père a lui-même été calife de Sokoto -a été promu Sardauna de Sokoto (zone de gouvernement local de l’État de Taraba). Il occupera même le poste de vice-président de la Ligue Islamique Mondiale.

    Grâce à sa connaissance de l’arabe et à ses connexions saoudiennes, son associé, Aboubakar Goumi, jouera le rôle d’intermédiaire entre les musulmans du Nigeria et l’establishment religieux saoudien. Ses liens sont avérés par le financement qu’il a reçu du Dar al-Ifta, une institution religieuse dirigée par Ibn-Baz, Grand Mufti d’Arabie saoudite.

    L’anti-soufisme nigérian a d’abord été le fait d’activistes politiques de la confrérie Ahmaddiya, puis du mouvement Izala (nord du Nigeria) d’Aboubakar Goumi. Fondé en 1978 dans la ville de Jos, ce mouvement s’est rapidement popularisé dans le nord du pays. Critique féroce des pratiques soufies considérées comme hérétiques et des autorités maraboutiques, il a attiré de nombreux jeunes éduqués du Nord dont l’apprentissage religieux n’était pas passé par les canaux soufis⁵. Une fois nommé Grand Qadi (juge), Goumi est devenu une figure centrale de l’interprétation de la charia (loi islamique). Les autorités saoudiennes lui ont même attribué le prix international du Roi Fahd.

    Sa disparition en 1992 n’a pas pour autant signifié la fin de la doctrine salafiste. À Kano et dans ses environs, celle-ci est si prégnante que la majorité de la population se définit elle-même comme izaliste. Bien que le salafisme izaliste soit de souche locale, il n’est plus l’apanage du Nord. Il s’est étendu au sud du Nigeria et dans la ville de Lagos par le biais des wahhabites d’inspiration saoudienne, en la personne de cheikh Aminoudin Aboubakar, un ancien Frère musulman, converti au wahhabisme. À tel point qu’en février 2011, Ousama Ben Laden a désigné le Nigeria nation de la prochaine révolution islamique.

    À l’instar de ses voisins sahéliens, le Niger connaît un fort mouvement de réislamisation qui s’est accéléré ces vingt dernières années contre les marabouts et les confréries soufies (Tijaniya et Qadiriyya bien implantée dans la région de l’Aïr).

    La première grande mosquée construite avec des fonds saoudiens est pourtant inaugurée à Niamey en 1965 avec l’aval du gouvernement de l’époque. L’idée de l’université islamique de Say est lancée par le président nigérien lui-même lors d’une visite du roi Fayçal d’Arabie saoudite en 1973. Le projet est repris par le nouveau président nigérien Seyni Kountché (1974-1987) qui offre un terrain de 900 hectares à Say. L’essentiel du financement est assuré par le Fonds islamique de solidarité, rattaché à l’Organisation de coopération islamique. Ouverte en novembre 1986, cette université a pour but de devenir une place forte de l’islam et de l’enseignement de l’arabe dans la région et de former des oulémas à destination de l’Afrique de l’Ouest. Priorité est donnée à la Faculté de la charia et des études islamiques qui compte environ 1200 étudiants originaires de 20 pays et où la majorité des enseignants est envoyée par des ONG islamiques.

    Alors que depuis l’indépendance le monopole des relations entre l’État et les ONG islamiques transnationales était aux mains de l’Association islamique du Niger (AIN), la période de libéralisation de l’espace politique et associatif qui a suivi l’instauration du multipartisme a offert à de nouveaux acteurs un espace de contestation des autorités religieuses traditionnelles et des structures islamiques nigériennes.

    La percée wahhabite au Niger commence dans les années 1980 sous l’influence du mouvement izala d’origine nigériane de Cheikh Aboubakar Goumi, par le biais des commerçants et étudiants de Maradi. À la faveur de l’ouverture politique, les Izalistes nigériens créent leur propre association, Adini-islam, qui accède à des financements du Golfe en utilisant les réseaux izalas nigérians et en sollicitant des Nigériens ayant étudié ou commercé dans les pays arabes. Ces soutiens se concrétisent par l’envoi de professeurs-missionnaires et d’ouvrages, par des bourses d’enseignement et des fonds pour la construction d’écoles ou de mosquées propres au mouvement izala. Pour élargir son audience, le mouvement crée aussi sa radio privée, Bonferey, et gagne des disciples, notamment dans les centres urbains¹.

    Les tensions qui voient le jour dans les années 1990 entre Izalistes et Tijaniya tiennent à l’agressivité des premiers qui ne cessent de vilipender les rituels soufis et de mettre en cause l’ordre inégalitaire consolidé par les notables religieux traditionnels. Les tijanes répliquent en incendiant des mosquées wahhabites et les d’affrontements violents se succèdent.

    En Guinée, le phénomène wahhabite s’est renforcé dans les années 1990 par l’intermédiaire de jeunes Guinéens venus des écoles et universités arabes où ils ont appris la langue et se targuent d’une meilleure connaissance du Coran. L’émergence de ces nouveaux acteurs religieux a peu à peu conduit à un conflit de générations avec les érudits soufis traditionnels.

    L’État guinéen a laissé prospérer les petits groupes radicaux dans la zone reculée de peuplement peul. Du coup, les tensions entre wahhabites et confréries sont particulièrement vivaces dans le Fouta-Djalon. Dans la ville de Labé, elles durent depuis une vingtaine d’années. En 2014, elles ont conduit à la destruction de la mosquée wahhabite dite « Tata 1 », dans le quartier Donghol, laquelle était financée par une organisation islmaique koweitienne, via une association guinéenne, contre l’avis de la Ligue islamique officielle contrôlée par les Tidjanes. Elle abritait également une école coranique accueillant environ 300 élèves et avait été prise en main par Diallo Al-Hamdou, un imam wahhabite auto-proclamé, ancien infirmier de profession, converti en 1999. Ayant décidé d’investir un autre quartier pour leurs prières, les fidèles wahhabites en ont été délogés par la police et contraints de cesser leur activité considérée comme illégale.

    ¹Conseil international d’assistance et de prédication islamique créé en 1988 par l’Arabie saoudite et placé sous l’autorité du cheikh d’al-Azhar au Caire. Cette fondation est composée de plus de cent organisations non-gouvernementales islamiques et d’organisations gouvernementales du monde entier.

    L’Express, 15/07/2021

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  • Maroc: 3,5 ans de prison pour une blague sur Facebook

    Un étudiant italien condamné à 3,5 ans de prison au Maroc pour une phrase écrite sur Facebook

    Rome – Une étudiante italienne a été condamnée à trois ans et demi de prison, à purger dans des prisons marocaines, pour une phrase de « blasphème » postée sur Facebook.

    La Farnesina tente également de trouver une solution au cas incroyable d’Ikram Nazih, l’étudiante universitaire originaire de Vimercate, dans la province de Monza et possédant la double nationalité italo-marocaine, qui a été arrêtée dès son atterrissage à Casablanca, au Maroc, pour avoir publié sur Facebook, il y a deux ans, une phrase considérée comme « blasphématoire » pour la religion islamique.

    La jeune femme, qui ne savait pas qu’elle était « recherchée » au Maroc, a été condamnée pour avoir « tourné en dérision le Coran » en transformant le texte d’une sourate du texte sacré musulman en une sorte de « moquerie » de l’interdiction de consommer de l’alcool.

    Une phrase écrite pour s’amuser, certainement sans penser à offenser la religion et, cependant, publiée dans un contexte ironique, d’où il est facile de comprendre que la jeune femme n’avait certainement pas l’intention de manquer de respect, mais plutôt, a grandi dans un environnement laïque et où les religions (toutes) ne constituent pas une « limite insurmontable » et ne sont pas « intouchables ».

    Et c’est précisément sur ce détail, sur l’environnement laïque et sur la volonté de ne pas offenser qui que ce soit, que se base la défense de la jeune femme, qui a également le soutien « bienveillant » de certaines communautés islamiques italiennes qui ont lancé une pétition pour demander aux autorités marocaines de « pardonner » la jeune femme.

    Mais qu’a écrit Ikram Nazih qui était si grave qu’elle a été arrêtée et condamnée à trois ans et demi de prison ?
    Sur son profil Facebook, la jeune fille aurait écrit, en paraphrasant une sourate du Coran : « Nous vous avons en effet donné du whisky, et buvez-le au nom de votre Seigneur, pur et non mélangé à du Pepsi ».

    Une phrase qui, dans l’Occident laïc, prêterait à sourire, mais qui, au Maroc, où la religion d’État est musulmane, a coûté à la jeune fille sa peine.

    La jeune femme a été arrêtée à l’aéroport de Casablanca par la police locale, qui l’a embarquée dès sa descente d’avion et l’a transférée en prison.

    Une étudiante italienne, bien qu’elle ait la double nationalité et soit donc également un sujet du roi du Maroc, a été traînée en prison et pourrait être contrainte d’y rester pendant trois ans et demi à la suite de sa condamnation pour « atteinte à la religion ».

    La jeune fille rendait visite à des proches et n’avait certainement aucune idée du risque qu’elle courait en retournant dans l’un des deux pays dont elle est une citoyenne libre.

    L’affaire, extrêmement délicate, fait désormais appel à la diplomatie et au dense réseau de connexions entre les communautés islamiques italienne et marocaine.

    Liguria oggi, 14/07/2021

    Etiquettes : Italie, Maroc, Ikram Nazih, Islam, Blasphème,

  • France : 11 personnes condamnées pour avoir cyberintimidé un adolescent qui critiquait l’islam

    PARIS (AP) – Un tribunal français a condamné mercredi 11 des 13 personnes accusées d’avoir harcelé et menacé une adolescente qui a sévèrement critiqué l’Islam dans des messages en ligne et a fini par changer d’école et recevoir une protection policière pour préserver sa sécurité.

    Ce verdict est le premier du genre depuis que la France a créé en janvier un nouveau tribunal à Paris chargé de poursuivre les délits en ligne, notamment le harcèlement et la discrimination.

    Le tribunal a condamné les prévenus à des peines de prison avec sursis de quatre à six mois et leur a infligé une amende d’environ 1 770 dollars chacun.

    L’adolescente au centre de cette affaire historique de cyberintimidation, qui n’a été identifiée publiquement que par son prénom, Mila, a déclaré le mois dernier qu’elle avait l’impression d’avoir été « condamnée à mort ».

    S’exprimant après le verdict, elle a déclaré que toutes les victimes devraient se joindre à la lutte contre les abus en ligne et que les harceleurs devraient se voir refuser l’accès aux réseaux de médias sociaux.

    « Je m’attendais à pire et, honnêtement, nous avons gagné et nous gagnerons encore parce que ce que je veux, c’est que, unis, nous n’abandonnerons jamais. Nous continuerons à nous battre », a déclaré Mila.

    Mila, qui se décrit comme athée, avait 16 ans lorsqu’elle a commencé à publier des vidéos sur Instagram, puis sur TikTok, critiquant sévèrement l’islam et le Coran. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle a témoigné que « je n’aime aucune religion, pas seulement l’islam ».

    « Ce que je veux, c’est que ceux (qui harcèlent) soient considérés comme un fléau et qu’on leur interdise l’accès aux réseaux sociaux(,)… ceux qui font de la cyberintimidation, qui menacent de mort, qui privent de liberté et qui incitent au suicide », a-t-elle déclaré. « Et je ne veux plus jamais que les victimes soient blâmées ».

    Son avocat, Richard Malka, a déclaré que Mila avait reçu quelque 100 000 messages de menaces, notamment des menaces de mort, des menaces de viol, des messages misogynes et des messages haineux sur son orientation sexuelle.

    Mila a quitté un lycée, puis un autre. Elle est désormais surveillée quotidiennement par la police pour sa sécurité.

    « Les réseaux sociaux, c’est la rue. Quand on croise quelqu’un dans la rue, on ne l’insulte pas, on ne le menace pas, on ne se moque pas de lui », a déclaré le président du tribunal, Michel Humbert. « Ce que vous ne faites pas dans la rue, ne le faites pas sur les réseaux sociaux ».

    Le procès a soulevé des questions inconfortables sur la liberté d’expression, la liberté de critiquer une religion et le respect des millions de musulmans de France. Mais l’affaire judiciaire était centrée sur la cyberintimidation.

    Les 13 accusés, originaires de toute la France, venaient d’horizons et de religions différents et ne représentaient qu’une poignée de toutes les personnes qui s’en sont pris à Mila par des commentaires en ligne. Les autres n’ont pas pu être retrouvés.

    Juan Branco, l’avocat de l’un des accusés, a dénoncé les prémisses du procès.

    « Les procès symboliques dans lesquels on essaie d’utiliser une personne pour envoyer un message au reste de la société sont très dangereux », a déclaré M. Branco. Il a déclaré que son client, identifié seulement comme Jordan L., « n’est pas un fanatique, est quelqu’un qui respecte les croyances, (mais) qui n’aime pas ce climat où une partie de la population française est systématiquement attaquée ».

    Selon lui, son client « se révolte contre cela sans participer à quelque chose de plus important et sans même envoyer un message direct à Mila en particulier. »

    Le harcèlement, les menaces et les discours de haine en ligne sont en augmentation depuis la création en 2018 d’une loi criminalisant ces actes. La police a recensé 2 128 infractions de ce type en 2019 et 2 848 l’année dernière, selon la ministre française de la Citoyenneté, Marlene Schiappa.

    « Le pays tout entier doit condamner les agresseurs et cesser de blâmer les victimes », a déclaré Mme Schiappa dans un communiqué après le verdict de mercredi.

    L’un des 13 prévenus a été acquitté car son message – « Blow it up » – visait le compte Twitter de Mila, et non la jeune femme. Le tribunal a abandonné les poursuites à l’encontre d’un autre accusé en raison de procédures défectueuses.

    Dans le cadre des efforts croissants déployés par la France pour poursuivre et prévenir les abus en ligne, un autre tribunal français a ordonné mardi à Twitter de fournir, dans un délai de deux mois, des informations détaillées sur ses procédures visant à empêcher les utilisateurs d’inciter à la violence ou à la haine raciale ou de commettre d’autres infractions.

    Cette décision fait suite à une action civile intentée par des groupes de lutte contre le racisme et la discrimination à l’égard des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. Les groupes ont fait valoir que Twitter ne faisait pas assez pour modérer et supprimer les contenus qui violent les lois françaises sur les discours de haine ou d’autres lois. L’avocat du réseau social dans cette affaire, Karim Beylouni, a déclaré mercredi que l’entreprise décidait de faire appel ou non.

    Pendant ce temps, les procureurs de Paris enquêtent sur des posts racistes visant le joueur de football Kylian Mbappé après un coup de pied raté qui a éliminé la France, qui a remporté la Coupe du monde en 2018, du championnat d’Europe de football la semaine dernière.

    Associated Press, 07/07/2021

    Etiquettes : France, Islam, cyberharcèlement,

  • Maroc : Une femme condamnée à 3 ans de prison pour avoir insulté l’islam

    Une Italienne d’origine marocaine a été condamnée à trois ans et demi de prison et à une amende de 50 000 dirhan (4 700 euros) pour avoir « insulté publiquement l’islam ». C’est ce qu’a annoncé le ministère de la Justice à Rabat.

    La jeune femme de 23 ans avait été arrêtée le 20 juin dernier à l’aéroport de Casablanca après avoir atterri de Marseille, où elle étudie le droit, suite à un mandat d’arrêt émis par la police marocaine.

    Insultes à l’islam

    Selon les médias locaux, la jeune fille a été condamnée pour avoir écrit en 2019 sur Facebook, alors qu’elle vivait à Vimercate (province de Monza et Brianza), une parodie de versets coraniques à la gloire de l’alcool.

    Imolaoggi.it, 30/06/2021

    Etiquettes : Maroc, Islam, religion,

  • «Canal+» déboutée dans une affaire liée à l’Algérie et l’Islam

    par Houari Barti

    La chaîne d’information ‘Cnews’ et son polémiste haineux, Eric Zemmour, viennent de subir un second revers de la part de la justice française. En effet, le Conseil d’Etat français a rejeté, jeudi dernier, le recours déposé par le Groupe ‘Canal+’ demandant l’annulation d’une mise en demeure prononcée en décembre 2019 par le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) contre sa chaîne d’information ‘CNews’ pour des propos controversés d’Eric Zemmour sur la colonisation de l’Algérie et l’Islam.

    Dans sa mise en demeure adressée à ‘CNews’, le CSA exigeait de la chaîne d’info, selon l’AFP, de «respecter ses obligations, notamment en termes d’incitation à la haine et à la violence».

    Lors de l’émission ‘Face à l’info’ du 23 octobre 2019, Zemmour, proche des milieux d’extrême droite et partisan de «la théorie du grand remplacement» avait, pour rappel, provoqué la consternation des téléspectateurs en assimilant l’Islam à l’islamisme, avant d’évoquer la conquête de l’Algérie par la France, dans les années 1830, en se disant, en tant que Français, «du côté» du général Bugeaud qui, lorsqu’il «arrive en Algérie, (…) commence à massacrer les musulmans et même certains juifs».

    A l’annonce de la mise en demeure de sa chaîne d’info ‘Canal+’ filiale du groupe ‘Vivendi’ détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, avait répondu vouloir déposer un recours pour abus de pouvoir auprès du Conseil d’Etat, considérant cette mise en demeure «injustifiée» et «contraire aux principes de la liberté d’expression». De son côté, le Conseil d’Etat a estimé, dans sa décision datant du 16 juin, que «le CSA n’a pas fait une inexacte application des pouvoirs» qu’il détient avant de souligner qu’ «Il (le CSA) n’a pas plus porté une atteinte disproportionnée à la libre communication des pensées et des opinions (…) ni, en tout état de cause, méconnu l’objectif de valeur constitutionnelle du pluralisme des courants de pensée et d’opinion».

    La plus haute juridiction administrative française estime, par ailleurs, que «la société d’exploitation d’un service d’information n’est pas fondée à demander l’annulation de la mise en demeure qu’elle attaque».

    Il est à noter qu’une mise en demeure du CSA constitue un sérieux avertissement qui peut précéder, en cas de manquements répétés, une sanction qui peut aller de la suspension temporaire d’un programme à, carrément, un retrait de l’autorisation de la chaîne, en passant par des amendes ou privations d’écrans publicitaires.

    Pour rappel, la chaîne ‘CNews’ n’est pas à son premier dérapage du genre. En mars dernier, ‘CNews’ avait écopé d’une amende de 200.000 euros du CSA, également pour «incitation à la haine» et «à la violence» après un autre dérapage d’Eric Zemmour, cette fois-ci, sur les migrants mineurs isolés. La Chaîne d’info en continu a été à nouveau mise en demeure le 12 juin sur ses obligations en matière de pluralisme pour avoir trop donné la parole à un candidat du Rassemblement national (RN), ex Front National (extrême droite), aux élections régionales par d’autres listes.

    Le Quotidien d’Oran, 19 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Canal+, CNews, Eric Zemmour, propos controversés, colonisation de l’Algérie, Islam, Conseil d’Etat français, haine, violence,


  • Qui a le droit de porter un foulard ? L’histoire compliquée derrière la dernière controverse sur le hijab en France

    Le chef du parti politique du président français Emmanuel Macron a retiré son soutien à la fin de la semaine dernière à l’une des candidates du parti, Sarah Zemmahi, après que celle-ci ait porté un foulard sur une affiche de campagne.

    Stanislas Guerini, l’un des cofondateurs du parti centriste de Macron, La République en marche (LREM), a critiqué sur Twitter Sarah Zemmahi, une ingénieure qui se présente à son conseil municipal, pour avoir porté son hijab, un couvre-chef religieux porté par certaines femmes musulmanes, sur une image promotionnelle.

    « Porter des symboles religieux ostentatoires sur un document de campagne n’est pas compatible avec les valeurs de LREM », a écrit Guerini, après qu’un éminent politicien d’extrême droite a partagé la photo. « Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM retire son soutien ».

    Plus tard, Guerini a doublé sa désapprobation, déclarant à la radio RTL : « Cette femme ne sera pas une candidate d’En Marche ».

    Bien que M. Zemmahi n’ait pas encore répondu aux déclarations de M. Guerini, d’autres membres du parti l’ont repoussé. La députée LREM Naima Moutchou a défendu Zemmahi sur Twitter, qualifiant les critiques de Guerini de « discrimination », tandis que sa collègue LREM Caroline Janvier a critiqué la réponse de Guerini dans un tweet cinglant.

    « Indigne. Courir après les votes (d’extrême droite) ne fera que permettre à leurs idées de prévaloir. Trop, c’est trop », a-t-elle écrit.

    Le conflit autour du choix d’une femme de se couvrir la tête fait suite à la controverse entourant un amendement adopté par le Sénat français le mois dernier, qui interdirait aux filles de moins de 18 ans de porter le hijab en public. Cet amendement, qui fait partie d’un projet de loi « anti-séparatisme », a été présenté en même temps que d’autres amendements visant à empêcher les mères de porter le hijab lors des sorties scolaires de leurs enfants et à interdire le « burkini », un maillot de bain intégral.

    Alors que certains politiciens français ont défendu l’amendement comme un renforcement de l’adhésion du pays à la laïcité, d’autres l’ont dénoncé comme un autre exemple d’une partie d’une vilaine souche d’islamophobie dans la nation, qui abrite la plus grande population musulmane d’Europe occidentale – une population qui a connu une discrimination accrue ces dernières années, dans le sillage des attaques terroristes d’extrémistes islamiques de ces dernières années et de la montée de la politique d’extrême droite. Un rapport de 2019 a révélé que 44,6 % des habitants du pays considéraient les musulmans comme une menace pour l’identité nationale française, tandis qu’une enquête gouvernementale de la même année indiquait que 42 % des musulmans (d’autres études avancent le chiffre de 58 %) déclaraient avoir été victimes de discrimination en raison de leur religion, un chiffre qui passait à 60 % pour les femmes portant un foulard.

    Mais pour comprendre pourquoi le hijab fait l’objet d’une telle controverse en France, il faut aussi comprendre l’histoire profonde qui sous-tend le débat.

    Bien que la proposition de loi doive encore être approuvée par la chambre basse du Parlement français avant de devenir une loi, elle a déjà suscité une vive réaction de la part de nombreuses femmes musulmanes du monde entier, qui considèrent la loi non seulement comme xénophobe et discriminatoire, mais aussi comme une attaque contre leur autorité – un sentiment qui s’est développé au fil des ans, les politiciens français ayant fait valoir que les lois restreignant le symbolisme religieux étaient au service de l’autonomisation des femmes et de la sécurité publique. Sur les médias sociaux, le hashtag #HandsOffMyHijab est devenu un cri de ralliement pour protester contre l’amendement, lancé par le mannequin somalien et norvégien Rawdah Mohamed, qui a utilisé cette phrase dans un post Instagram devenu viral pour dénoncer l’interdiction potentielle. Elle a depuis recueilli le soutien de personnalités comme Ilhan Omar, membre du Congrès américain, et Ibtihaj Muhammad, escrimeur olympique.

    « Comment pouvez-vous avoir une discussion sur mon identité, et ne pas m’inclure ? ». a déclaré Mohamed au TIME. « Je ne pense pas que les politiciens soient ceux qui sont censés définir ce que cela signifie d’être une femme musulmane ».

    L’histoire de la France avec le foulard
    Les universitaires retracent l’intérêt de la France pour les couvre-chefs musulmans et les femmes qui les portent jusqu’au passé impérial du pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient – en particulier en Algérie.

    « L’interdiction du hijab est liée au colonialisme », explique à TIME Alia Al-Saji, professeur associé de philosophie à l’Université McGill. « La colonisation française des pays musulmans avait souvent pour but de contrôler et de gérer des populations qui étaient de religions diverses… Le hijab est un moyen de montrer clairement que vous êtes musulman, ce qui est construit colonialement comme étant opposé au colonialisme. Mais c’est aussi un site de résistance potentielle. »

    La colonisation française en Algérie a commencé par une invasion en 1830 et a été caractérisée par un génocide violent, un colonialisme de peuplement et une série de lois changeantes appelées « indigénat », qui, entre autres choses, déterminaient qui pouvait être citoyen français. Al-Saji note que ces lois ont eu une influence sur l’accentuation de la différence pour la majorité musulmane en Algérie ; par exemple, alors que les indigènes algériens juifs ont été reconnus comme citoyens français en 1870 avec le décret Crémieux, les indigènes algériens musulmans n’étaient pas éligibles à la citoyenneté française à moins de renoncer à leur religion et à leur culture et d’adopter une identité française.

    L’attitude coloniale repose sur la conviction que sa « civilisation » – sa langue, ses valeurs et ses pratiques – améliore la vie des colonisés. Cette croyance s’est manifestée de manière radicale dans l’attitude à l’égard des femmes algériennes musulmanes, qui étaient considérées à la fois comme opprimées et exotiques. Dans cet état d’esprit, leur « libération » pouvait devenir la justification morale des pertes violentes de l’impérialisme.

    Cette dynamique est peut-être mieux illustrée pendant la guerre d’indépendance algérienne, lorsqu’une série de cérémonies publiques d’inauguration a été organisée en 1958. Au cours de ces cérémonies, dont beaucoup étaient organisées par l’armée française, les Algériennes retiraient leurs haïks (enveloppe traditionnelle portée par les femmes nord-africaines) ou les faisaient retirer par des Européennes, avant de les jeter au sol ou de les brûler. Souvent, des discours étaient ensuite prononcés en faveur des Français et de l’émancipation des femmes musulmanes.

    Si ces cérémonies très médiatisées étaient présentées comme des espaces d’émancipation pour les femmes musulmanes, d’autres récits de cette histoire racontent une histoire différente. Dans son livre Burning the Veil : The Algerian War and the « Emancipation » of Muslim Women, 1954-1962, Neil MacMaster note que certaines des femmes qui ont pris part à ces cérémonies étaient très pauvres, recrutées dans des écoles secondaires ou, dans certains cas, contraintes de participer en menaçant leur sécurité et celle de leur famille. Dans un cas déchirant, lorsque l’armée n’a pas pu trouver de femme musulmane pour diriger la cérémonie, elle a demandé à Monique Améziane, une jeune femme issue d’une famille aisée et pro-française qui n’avait jamais porté de voile ou de heik auparavant, de prendre la parole – en échange de la vie sauve de son frère, qu’elle avait déjà arrêté et torturé.

    Le pouvoir symbolique du voile à cette époque n’est cependant pas seulement reconnu par les Français, mais aussi par ceux qui luttent pour la libération de l’Algérie. Dans son essai L’Algérie dévoilée, Frantz Fanon fait valoir que le voile peut être un outil de résistance anticoloniale et un moyen de limiter l’accès aux oppresseurs, allant jusqu’à le qualifier de « pomme de discorde dans une bataille grandiose ».

    Pendant la guerre, le voile est également devenu un outil littéral de résistance. Certaines combattantes du Front de libération nationale utilisaient le haïk pour dissimuler des armes et des informations confidentielles ; après la découverte de cette tactique, elles ont utilisé le dévoilement à leur avantage, adoptant des tenues européennes pour passer sous le radar des Français.

    Comment le voile a été récupéré – et transformé en armement
    En France, à l’intersection des identités sexuelles, ethniques et religieuses, le voile ou le couvre-chef musulman a pris une nouvelle importance au XXe siècle. En raison de la popularité de l’art orientaliste à cette époque, le voile avait déjà des stéréotypes d’étranger et d’interdit. Mais le voile n’était plus seulement un marqueur physique de la différence religieuse ou culturelle – il était également considéré comme un affront à l’assimilation, un symbole visible de la résistance à la colonisation.

    Cette signification était renforcée par l’engagement de l’État en faveur d’une identité culturelle et sociale française unifiée, en opposition au multiculturalisme. Cette croyance remonte à la Révolution française, qui a également été créditée d’avoir semé les graines de la laïcité, le principe de laïcité français. Bien que la laïcité trouve son origine dans une loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, elle a été utilisée ces dernières années comme moteur des politiques anti-hijab.

    En 2004, le foulard musulman faisait partie des symboles religieux dont le port était interdit dans les écoles publiques françaises. Et en 2010, le pays a interdit le port du voile intégral, comme le niqab, dans les espaces publics tels que les rues, les parcs et les transports publics, devenant ainsi le premier pays européen à appliquer une interdiction à l’échelle nationale et lançant même une campagne gouvernementale qui affirmait fièrement que « la République se vit à visage découvert ».

    Ce sentiment a pris une nouvelle ironie au début de la pandémie de coronavirus en 2020, lorsque la France a rendu obligatoire le port de masques dans les espaces publics, tout en continuant à interdire les couvre-visages musulmans.

    « Les femmes musulmanes qui portent le hijab ont toujours été en butte à l’islamophobie pour leur identité visible », a déclaré à TIME Nazma Khan, fondatrice de la Journée mondiale du hijab. « En termes simples, l’interdiction du hijab proposée est une diffamation et une discrimination systématiques à l’encontre des femmes musulmanes portant le hijab. »

    Le Collectif contre l’islamophobie en France, un organisme à but non lucratif qui a été forcé par le gouvernement français à se dissoudre en 2020 dans un geste que Human Rights Watch a qualifié de « menace pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales », a signalé en 2019 que 70 % des discours et des actes de haine islamophobes en France étaient dirigés contre les femmes.

    Pour les défenseurs de la cause, la focalisation intense sur un marqueur physique d’altérité, ainsi que la rhétorique vantant l’autonomisation des femmes, peuvent détourner l’attention de ce qui est réellement en jeu : ce qu’ils considèrent comme une tentative de la France de contrôler les citoyens, comme les résidents territoriaux étaient contrôlés dans le passé.

    « S’il s’agissait de donner plus d’autonomie aux femmes musulmanes, alors dans ce cas, on pourrait les laisser, ou laisser toutes les femmes, porter ce qu’elles veulent », dit Al-Saji. « Mais il s’agit en fait de contrôler ce que les femmes portent et comment elles apparaissent et ce qui est vu et que leur corps est vu, ce genre de désir masculin colonial, qui construit les femmes musulmanes comme piégées et pions de leur culture et devant être dévoilées. »

    Time, 19 mai 2021

    Etiquettes : France, Islam, Hijab, controverse, polémique, islamophobie, xénophobie,

  • Face à son échec politique, le pouvoir en France fait recours aux coups bas pour freiner la fulgurante montée de Marine Le Pen

    Le lynchage des musulmans dans ce qui ressemble à une prémisse d’une future shoah islamique n’a pas aidé à freiner la montée de l’extrême droite. C’est ainsi que le pouvoir français semble faire recours aux coups bas en vue de porter atteinte à la popularité montante de Marine Le Pen.

    Selon des rapports de presse, Mme Le Pen risque d’être convoquée par la police pour déclarer dans le cadre d’une affaire de soupçons d’emplois fictifs au bénéfice de son parti, le Rassemblement National.

    Selon des révélations faite par Le Journal du Dimanche, Le Pen est accablée par un rapport de 98 pages « qui synthétise les éléments réunis par l’enquête ouverte en mars 2015 et confiée fin 2016 à des juges d’instruction du pôle financier du tribunal de Paris ». Ce rapport accuse environ 25 élus et assistants du RN, dont la présidente Marine Le Pen, son père Jean-Marie Le Pen et de hauts dirigeants, sont mis en examen pour « détournements de fonds publics » ou recel de ce délit.

    Les magistrats soupçonnent le RN d’avoir « de manière concertée et délibérée » mis en place un « système de détournement » des enveloppes allouées par l’UE à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires (21.000 euros mensuels).

    Ces collaborateurs auraient travaillé en réalité pour le parti d’extrême droite, lui permettant ainsi des économies substantielles sur ses salaires.

    Le Parlement européen, partie civile, a réévalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros dans cette affaire, qui a ensuite débouché sur des investigations distinctes à Paris portant sur les assistants d’eurodéputés du parti centriste MoDem et de celui d’extrême gauche La France Insoumise.

    Le parti Rassemblement national, qui conteste tout détournement, est aussi mis en examen dans cette procédure, ouverte également pour « escroquerie en bande organisée » et « travail dissimulé ».

    Selon plusieurs sources proches du dossier, les investigations n’ont pu être closes en 2020 comme prévu, la crise du Covid-19 ayant notamment retardé la levée d’immunité de l’eurodéputé RN Jean-François Jalkh par le Parlement européen. Celle-ci, réclamée par les juges d’instruction français en vue de sa mise en examen, la dernière attendue dans le dossier, a finalement été levée le 23 mars.

    Ces dernières années, la défense a multiplié les recours, jusqu’à présent rejetés, sans cacher son objectif de « repousser la tenue d’un procès éventuel à l’après-présidentielle 2022 », selon l’un des avocats.

    Avec RTBF, 16 mai 2021

    Etiquettes : France, Islam, extrême droite, Marine Le Pen, emplois fictifs, Parlement Européen, faux assistants,

  • La Turquie appelle les musulmans à adopter une position claire sur Gaza

    Les pays musulmans doivent adopter une position unie et claire sur le conflit qui oppose Israël au mouvement islamiste Hamas à Gaza, a déclaré jeudi le vice-président de la Turquie, Fuat Oktay, critiquant les puissances mondiales qui condamnent la violence sans agir.

    « Ce que nous souhaitons, c’est que des mesures actives soient prises », a déclaré Oktay aux journalistes après les prières matinales marquant la fin du mois de jeûne musulman du Ramadan.

    « Il y a des décisions prises à plusieurs reprises aux Nations unies, il y a des condamnations. Mais malheureusement aucun résultat n’a été obtenu, parce qu’une position claire n’est pas affichée. »

    En plusieurs jours de conflit, le Hamas a tiré des volées de roquettes en direction de villes israéliennes et Israël a lancé des frappes aériennes contre la faction islamiste dans la bande de Gaza. en savoir plus

    Au moins 67 personnes ont été tuées à Gaza depuis l’escalade des violences lundi, selon le ministère de la santé de l’enclave. Sept personnes ont été tuées en Israël, selon les responsables médicaux.

    Le conflit commençant à ressembler à la guerre de Gaza de 2014, les puissances mondiales ont exigé une désescalade et les États-Unis ont déclaré qu’ils prévoyaient d’envoyer un émissaire pour des discussions avec Israël et les Palestiniens.

    Le président turc, Tayyip Erdogan, qui a condamné à plusieurs reprises l’occupation de la Cisjordanie par Israël et son traitement des Palestiniens, a déclaré samedi qu’Israël était un « État terroriste » après que la police israélienne a tiré des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes sur des manifestants palestiniens à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.

    Oktay a déclaré que les musulmans avaient la responsabilité d’agir.

    « Tous ceux qui n’affichent pas une position claire contre cela sont partie prenante de ce tourment », a déclaré Oktay. « Malheureusement, lorsque nous regardons les pays musulmans qui n’affichent pas cette unité et cette convivialité, tous ceux qui n’affichent pas une position claire sont partie prenante de ce tourment. »

    Reuters, 13 mai 2021

    Etiquettes : Turquie, musulmans, Islam, Israël, Palestine Ghaza, Al Qods, Jérusalem,

  • Politique et religion (Edito d’El Watan)

    Les deux entretiennent depuis des siècles un mariage d’intérêt. Et le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, ne fait que rajouter une date dans l’histoire de cette relation.

    En affirmant au monde qu’il n’y a pas d’écoles de pensée fixe ni de personne infaillible, l’homme fort de la monarchie décrète en effet la mutabilité de l’islam saoudien. Si l’Etat change, la religion change aussi, enseigne MBS.

    L’histoire des religions est meublée d’épisodes similaires. Toutes les puissances politiques ont employé la religion pour servir leurs desseins. La fin des colonialismes et l’avènement des économies pétrolières au milieu du siècle dernier ont favorisé la résurgence de l’idéologie islamiste. Mais c’est le wahhabisme, doctrine salafiste née à la fin du XVIIIe siècle d’une alliance entre la dynastie Al Saoud et la confrérie de Mohammed Abdelwahab, qui va s’imposer et s’exporter dans le Maghreb et le Moyen-Orient.

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    Pour asseoir son influence géostratégique, le royaume saoudien distribue, à partir des années 1980, des aides financières aux Etats, accueille des foules de jeunes avides d’endoctrinement et finance des guerres. Les imams prêchant à partir de La Mecque deviennent des superstars adulées et suivies à la lettre.

    Les chaînes satellitaires et internet sont des vecteurs exponentiels de propagande salafiste. Mais aujourd’hui, la maison-mère baisse le rideau. L’Etat rigoriste, qui pratique la lapidation des femmes et influence partout les mouvements islamistes, déclare obsolète la doctrine qu’il a fondée. Le contrat d’intérêt mutuel est ainsi rompu pour satisfaire les exigences de la conjoncture. Un contrat à durée déterminée réalisé sur les corps de millions de victimes collatérales. Et ça se résume à cela. Les utopistes de la «dawla islamya», royaume de Dieu sur Terre reçoivent une douche froide. En Algérie, les pratiquants de l’islam politique et les adeptes de la religion d’Etat doivent être déstabilisés par cette tournure. Ils devraient ruminer en tout cas la leçon saoudienne.

    Un pouvoir politique légitime et fort n’aurait pas attendu MBS pour mettre la religion à l’abri des calculs. Mais il est encore temps, et le basculement saoudien est une opportunité historique pour nous. Un moment favorable pour enclencher la «dé-wahhabisation» des universités islamiques et des mosquées, la dé-wahhabisation des programmes scolaires et des médias. On ne peut pas être plus royaliste que le roi.

    L’élite religieuse ainsi que l’élite universitaire et politique doivent aux Algériens de lancer le débat et faire leur autocritique après avoir suivi aveuglément une doctrine éphémère et servi les desseins importés, qui nous ont coûté des milliers de morts, la haine entre frères et l’hypothèque de l’avenir de notre nation. La leçon saoudienne nous enseigne qu’entre politique et religion, c’est toujours un marché de dupes.

    El Watan, 10 mai 2021

    Etiquettes : Arabie Saoudite, MBS, Mohamed Ben Salmane, wahhabisme, politique, religion, Islam, salafisme, chaînes satellitaires,

  • RAMADAN – Tout savoir sur l’Aïd El Fitr

    L’Aïd el-Fitr ou fête de la rupture, marque la fin du jeûne du mois de ramadan. Elle est célébrée le premier jour du mois de chawâl 10ème mois du calendrier lunaire islamique. Elle est aussi parfois appelée Aïd el Sghir « la petite fête », par opposition à l’Aïd el Kebir, « la grande fête »

    Pour être fixé sur la date de la fin du ramadan 2021 (année 1442 de l’hégire), il faut attendre la nuit du doute, le vendredi 29 ramadan (12 mai). Les instances musulmanes se réunissent ce jour-là pour observer le ciel. Si un croissant de Lune est visible dans la soirée, alors l’Aïd el-Fitr aura lieu le 13 mai, dans le cas contraire, l’Aïd el-Fitr débutera le 14 mai. Seul le Mufti de la République est habilité à annoncer la date exacte.

    L’Ambassade de France et le Consulat général seront fermés le jour de l’Aïd.

    Les coutumes de l’Aïd el-Fitr

    Selon la tradition, avant la prière du Sobh, les hommes portaient leurs plus beaux vêtements et les femmes préparaient les plats de Hlouw. Elles s’échangeaient des gâteaux et pâtisseries divines à travers les visites que seulement les hommes pratiquaient.

    Le fidèle s’acquitte de l’aumône de la rupture du jeûne ou Zakat al-Fitr. La prière (salat al aïd) a lieu en début de matinée et est effectuée soit dans une mosquée, soit dans un mossalla permettant de rassembler plus de fidèles.

    Les enfants, de leur côté, sortaient avec les nouveaux habits. Ils collectaient aussi Mehbet El Aid, donnée par les oncles et les voisins.

    Aujourd’hui, les femmes partagent avec leurs maris les visites entre familles et amis. Certaines familles préfèrent sortir et se promener plutôt que de se plier aux traditions et visiter le vieil oncle ou la belle-mère.

    Les enfants sont devenus de vrais petits pachas et savent bien que cette fête leur est aussi dédiée. Ils en profitent donc pour faire de multiples caprices et réclamer jeux coûteux et vêtements à la mode !

    Cependant, cette fête sera toujours la plus amusante et la plus colorée de toute l’année.

    Le petit journal, 04 mai 2021

    Etiquettes : Ramadan, jeûne, religion, Islam, Aïd El Fitr, nuit du doute,