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  • Algérie. Les « khabardjias » mis à nu

    Tags : Algérie, Maroc, Makhzen, MAK, islamistes, Abdelmadjid Tebboune,

    Dérangés au plus haut point par la stabilité dont jouit l’Algérie et son retour diplomatique offensif sur la scène continentale et internationale, des bouffons politiques algériens installés à l’étranger et dont l’intelligence avec le Makhzen marocain et autres services occidentaux n’est plus à démontrer, s’acharnent avec une rare violence à salir le pays en usant de mensonges et d’impostures les plus invraisemblables.

    Les « khabardjias » et la cinquième colonne dont parlait le président Tebboune lors de sa récente entrevue avec la presse nationale, ne sont pas une vue de l’esprit mais une réalité qui ne souffre d’aucun doute. Il suffit de surfer sur Youtube et autre réseaux sociaux pour leur donner non seulement noms mais aussi des visages.

    N’étant le fait que les Algériens et les Algériennes soient vaccinés contre ce genre de propagandistes et d’illusionnistes, le pays aurait connu depuis longtemps le même sort que celui de la Syrie et de la Libye. Agités par des ONG douteuses, des services de certains pays et des droit-de-l’hommistes à géométrie variable, ces khabardjias, sous prétexte de lutter pour une « dawla madania », versent quotidiennement dans l’intox, l’insulte, la diffamation et la démesure dans le vain espoir de jeter le pays dans l’inconnu et le livrer ainsi aux mains des puissances étrangères.

    Ce n’est un secret pour personne que les positions immuables de l’Algérie envers les causes justes, son engagement à préserver sa souveraineté nationale et sa liberté de décision, ses réformes économiques axées sur le protectionnisme et la logique « gagnant-gagnant », ne plaisent pas à certains pays et certains lobbies habitués à s’ingérer sans-gêne dans les affaires des autres et à leur dicter leurs volontés. Ne pouvant s’attaquer frontalement et ouvertement à l’Algérie, ces pays et ces lobbies hostiles, recrutent des Algériens (journalistes, anciens militaires, droit-de- l’hommistes…) pour faire la sale besogne à leur place. Ainsi, depuis des mois, sans interruption, des campagnes d’hostilités sont menées conjointement par ces khabardjias et leurs affidés contre l’Algérie.

    Les trésors d’ingéniosité qu’ils déploient pour semer la discorde et la division dans le front interne, salir l’ANP et les autres services de sécurité, nourrir le régionalisme, provoquer des pénuries…montrent toute l’étendue et la variété de leurs manœuvres. Leur rêve, leur unique rêve, voir le bateau Algérie sombrer. Mais qu’ils soient rassurés, leur rêve se transformera inévitablement en cauchemar. Car, l’Algérie qui a déjà montré à plusieurs reprises de quel bois elle chauffe, saura mettre en échec toutes ces viles manœuvres tissées ici ou ailleurs contre elle.

    Source

    #Algérie #Maroc #France

  • La nouvelle constitution tunisienne cimente l’autocratie

    La nouvelle constitution tunisienne cimente l’autocratie

    Tunisie, Kaïs Saïed, Israël, normalisation, autocratie, Palestine, Etat laïque, islamistes, Ennahdha,

    As`ad AbuKhalil dit qu’une véritable démocratie arabe limiterait l’influence américaine et criminaliserait la normalisation avec Israël.

    Par As`ad AbuKhalil

    Le président tunisien conçoit sa propre république selon ses propres intérêts et caprices.

    Kais Saied était à peine connu en dehors de la Tunisie avant son élection en 2019 et les Tunisiens ne le connaissaient que comme professeur de constitution qui commentait les questions politiques à la télévision. Il ne parlait pas comme un politicien moyen ; d’une part, il parlait l’arabe classique et d’une manière boisée (il est articulé en arabe mais pas éloquent).

    Il apparaissait comme un honnête homme sans aucun bagage politique et n’était redevable d’aucun intérêt local ou régional. Lorsqu’il s’est présenté aux élections en 2019, son élément de base était sa réponse sévère aux questions sur la normalisation avec Israël. Il était souvent interrogé à ce sujet et parlait de manière rafraîchissante dans un langage brutal peu connu dans une région où les dirigeants ont trop peur d’offenser les États-Unis et le lobby israélien.

    La réponse de Saied sur la normalisation a été un succès parmi les Tunisiens : il a promis qu’il criminaliserait la normalisation avec Israël et que l’entité sioniste ne devrait pas être reconnue. Il a parlé de l’expulsion des Palestiniens de leur patrie. Ce type de langage a été la norme pour une grande partie de l’histoire arabe contemporaine jusqu’au nouveau millénaire, lorsque l’Arabie saoudite – sous les auspices des États-Unis – a introduit en 2002 « l’initiative de paix arabe ».

    Cela promettait une normalisation arabe avec Israël en échange de la création d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. (Israël étudie toujours l’offre arabe et les États-Unis recommandent à Israël de prendre son temps pour l’étudier). Saied est allé jusqu’à appeler la normalisation avec Israël une trahison. Son engagement sur la Palestine a contribué à son ascension lors de l’élection présidentielle.

    Il s’est insurgé contre diverses menaces et a même condamné l’homosexualité, qu’il a liée à des conspirations étrangères. Il n’était pas progressiste sur les questions de genre et soutenait l’iniquité de l’héritage conformément à la loi religieuse. Il a proposé un nouveau système politique et a proposé sa candidature comme alternative aux partis politiques fatigués.

    Élites laïques

    Kaïs Saïed arrivant en tant que président au Palais de Carthage en octobre 2019. (Houcemmzoughi, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

    Saied a attiré l’élite laïque de Tunisie : des gens qui se méfient des islamistes et qui – au lieu d’une compétition électorale – voulaient un homme fort (pas une femme forte) pour éliminer la menace islamiste. Les laïcs arabes sont déçus des masses arabes et de leurs choix électoraux et ont tendance à favoriser les dirigeants militaires et autocratiques qui peuvent réprimer les islamistes. Le dictateur égyptien Abdul-Fattah Al-Sissi ne peut gouverner sans le soutien de l’élite culturelle, politique et artistique qui se plaint de la culture que les islamistes apporteraient. Les laïcs arabes sont désormais le principal véhicule de la guerre autocratique contre les islamistes.

    Le tissu social de la Tunisie est différent de celui de la plupart des pays arabes : il a une classe moyenne importante et une société civile forte. (La société civile en Tunisie – contrairement à d’autres pays arabes, dont le Liban et la Palestine – ne se limite pas aux ONG financées par l’Occident, mais comprend des syndicats progressistes et des associations civiques comme l’Association tunisienne de droit constitutionnel, que Saied dirigeait avant d’assumer la présidence) .

    Dès que Saied a pris ses fonctions, il était clair qu’il y avait deux centres de pouvoir en concurrence en Tunisie : l’un résidait avec le parlement, qui était contrôlé par le parti politique EnNahda (la branche locale des Frères musulmans) dirigé par Rashid Ghannoushi ; et l’autre pouvoir était représenté par le président lui-même, qui a des inclinations laïques – en partie laïques pour être exact. Saied a été aidé dans son pouvoir en jouant avec les forces armées tunisiennes affiliées aux États-Unis. Les forces armées sont formées (par les États-Unis) pour combattre les islamistes et les rebelles, pas pour défendre la frontière contre les menaces étrangères.

    En juillet 2021, Saied avait suspendu le Parlement à la suite de manifestations anti-gouvernementales. Il en avait marre et voulait gouverner par décret. Il a été graduel dans son coup d’État extraconstitutionnel parce qu’il voulait examiner les réactions étrangères. Naturellement, les régimes du Golfe (qui n’avaient pas été satisfaits de sa position ferme contre la normalisation avec Israël) ont rapidement exprimé leur soutien et leur sympathie car il sapait le pouvoir des islamistes, qu’ils considèrent (en dehors du Qatar) comme leur ennemi mortel, juste derrière l’Iran.

    Tolérance de la répression

    Les puissances occidentales ont également eu des réactions similaires; bien sûr, il y avait des déclarations boiteuses sur la nécessité de respecter le processus démocratique et que la constitution tunisienne devait être respectée. Mais ce sont des déclarations qui reflètent généralement la tolérance politique américaine à l’égard de la répression dans les pays arabes. Chaque fois qu’il y a une élection au Liban, par exemple, les États-Unis et la France publient des déclarations qui insistent sur le vote rapide parce qu’ils espèrent généralement que leurs propres clients seront élus.

    Dans le cas de la Tunisie, il y a eu une indulgence significative pour le coup de Saied. Les gouvernements occidentaux et du Golfe trouvent plus facile – beaucoup plus facile – de faire affaire avec des autocrates qu’avec des dirigeants démocratiques élus qui doivent naviguer à travers des processus constitutionnels complexes et prêter attention aux souhaits du peuple. Une véritable démocratie arabe criminaliserait la paix et la normalisation avec Israël, et limiterait l’influence américaine.

    Dans son état d’urgence, Saied a renvoyé plusieurs politiciens devant les tribunaux pour « violations électorales » et s’est engagé à éliminer la corruption du système politique. Ce professeur de droit constitutionnel a même dissous le Conseil supérieur de la magistrature. C’est désormais lui seul qui peut déterminer l’interprétation exacte de la constitution. Saied n’était pas satisfait de la constitution actuelle, celle qui l’a ironiquement porté au pouvoir. Il a conçu sa propre constitution.

    Il a été approuvé lors d’un référendum le 25 juillet par 94,6 % des électeurs, bien que le taux de participation ait été faible. La nouvelle constitution reconnaît clairement le style très arabe du président lui-même, qui l’a écrite lui-même. Il fait passer la Tunisie d’un système parlementaire à un système présidentiel. La nouvelle constitution manque d’exactitude, permettant la prolongation du mandat du président en cas de « danger imminent ». Ce terme, ( khatar dahim en arabe) apparaît plus d’une fois dans le nouveau document. Mais qui déterminerait si un danger menace – ou non – autre que le président ? En d’autres termes, le président a conçu une nouvelle constitution qui lui permettrait de la violer pour ce qu’il considère comme un « danger imminent ».

    Sur la normalisation avec Israël, le président s’est inversé. Voici un président qui a en fait été élu sur la promesse de « criminalisation de la normalisation avec Israël » et qui l’a maintenant rétractée par peur de déplaire aux gouvernements occidentaux et du Golfe. La nouvelle constitution parle de la cause palestinienne dans le préambule et proclame le soutien de la Tunisie aux « droits légitimes du peuple qui a le droit, selon cette [légitimité internationale] de déterminer son propre destin et le premier d’entre eux est le droit du peuple palestinien à son terre volée et d’y établir son état après sa libération avec Jérusalem sainte comme capitale ».

    Cette référence peut sembler impressionnante selon les normes occidentales, mais elle ne correspond pas à la promesse même que Saied lui-même avait faite lorsqu’il s’est présenté à la présidence. Saied a fait la même concession que le parti islamiste EnNahda a faite lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Il avait promis de criminaliser la normalisation, mais leur chef Ghannoushi l’a renié sous la pression des États-Unis après avoir visité DC et pris la parole lors d’une session à huis clos au Washington Institute for Near East Policy.

    Saied n’est plus qu’un des nombreux autocrates arabes, et son emprise sur le pouvoir est facilitée par l’ordre tyrannique régional contrôlé par les États-Unis et les régimes du Golfe. Il n’ose pas offenser les monarchies du Golfe et s’abstient de condamner l’alliance des Émirats arabes unis avec Israël. Sa priorité absolue est d’assurer un vernis de légitimité électorale dans un pays où la participation électorale est en baisse.

    Pourtant, il reste la figure la plus populaire en Tunisie, en grande partie en raison d’un manque d’alternatives. De plus, le règne d’ EnNahda n’était pas impressionnant du point de vue du peuple. Alors que la Tunisie progresse rapidement vers l’autocratie, le Liban reste le pays le plus ouvert où des élections ont encore lieu, malgré les protestations occidentales contre les résultats lorsque le Hezbollah et ses alliés remportent des sièges.

    Saied fête l’approbation de sa constitution. Les célébrations de Saied restent permises dans une république de plus en plus répressive.

    As`ad AbuKhalil est un professeur libano-américain de sciences politiques à la California State University, Stanislaus. Il est l’auteur du Dictionnaire historique du Liban (1998), Ben Laden, Islam and America’s New War on Terrorism (2002) et The Battle for Saudi Arabia (2004). Il tweete en tant que @asadabukhalil

    Consortium news, 10/08/2022

    #Tunisie #Kaïs_Saïed #Israël #Criminalisation

  • Fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe: Polémique au Maroc

    Fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe: Polémique au Maroc

    Fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe: Polémique au Maroc – Algérie, Aziz Akhannouch, Abdelilah Benkirane, gaz, PJD, islamistes,

    La fermeture du gazoduc GME, qui approvisionnait le Maroc en gaz algérien, sur décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’en finit pas de provoquer des remous.

    Si en Algérie cette affaire fait désormais partie du passé puisque la page est irrémédiablement tournée, il en est autrement au Maroc. Un peu plus de cinq mois après la décision souveraine de l’Algérie, cette affaire continue, en effet, de provoquer des polémiques politiques au Maroc et de servir d’alibi pour des règlements de comptes politiques entre quelques acteurs de premier plan de l’échiquier politique local. Il en a été ainsi ces derniers jours où l’on a assisté à une passe d’armes entre le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch et le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane.

    C’est le chef du gouvernement, très proche du roi du Maroc, qui a ouvert les hostilités. Devant le Parlement, Aziz Akhannouch a chargé le PJD, qui dirigeait alors le gouvernement, l’accusant d’avoir caché aux Marocains la vérité sur la fermeture du GME par l’Algérie. « Cette information relevait de la souveraineté nationale et le premier qui devait être informé c’est le roi Mohamed VI » a indiqué Abdelilah Benkirane dans une vidéo diffusée mardi soir. Et d’ajouter que « La déclaration du chef du gouvernement a donné une opportunité à nos adversaires (l’Algérie) pour l’exploiter » avant de s’interroger : « Est-ce pour régler vos comptes avec le PJD ? ». Poursuivant, Benkirane a indiqué que « le contrat devait se terminer le 31 octobre. C’est une information qui relève de la souveraineté nationale et l’on se devait d’informer d’abord le roi ». Devant les parlementaires le chef du gouvernement a sans doute voulu, à travers ces accusations, mettre l’entière responsabilité de la hausse des prix des carburants et d’autres produits encore sur le dos du PJD qui a, pour rappel, dirigé le gouvernement dix années avant de subir une déroute électorale lors des législatives de septembre dernier. Et c’est ainsi que Aziz Akhannouch, un milliardaire très proche du roi, a été désigné chef de gouvernement après avoir remporté les élections législatives en battant les islamistes du PJD.

    En tout cas cette polémique atteste, s’il en était encore besoin, de la difficulté pour le Maroc de « digérer » la pilule de l’arrêt par l’Algérie de l’approvisionnement en gaz à travers le gazoduc GME et ce dès la fin du contrat liant les deux parties le 31 octobre dernier. Le « gazoduc Maghreb Europe (GME) ne transportera plus de gaz vers l’Espagne via le Maroc. Le contrat du 31 juillet 2011, liant Sonatrach à l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), a pris fin hier à minuit et ne sera pas renouvelé » a indiqué alors la présidence de la République. Le chef de l’état a en effet « donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l’effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat ». Une décision prise « au regard des pratiques à caractère hostile du royaume marocain à l’égard de l’Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l’unité nationale et après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du ministre de l’Énergie et des Mines » a encore souligné la présidence de la République. Une décision intervenue dans un climat de tension entre les deux pays marqué par la rupture des relations diplomatiques.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi libre, 21/04/2022

    #Algérie #Maroc #PJD #AzizAkhannouch #Gaz #Gazoduc_Maghreb_europe

  • WP: Pourquoi le PJD se tourne-t-il vers son ancien leader?

    Tags : Maroc, PJD, Benkirane, islamistes – WP: Pourquoi le PJD se tourne-t-il vers son ancien leader?

    Le parti islamiste marocain vient de perdre le pouvoir. Alors pourquoi se tourne-t-il vers son ancien chef ?
    Le roi avait limogé Abdelilah Benkirane, qui était passé maître dans l’art de rejeter sur le roi la responsabilité des échecs de son gouvernement.

    Après avoir dirigé le gouvernement pendant dix ans, le seul parti islamiste légal du Maroc, le Parti de la justice et du développement, a subi une défaite embarrassante aux élections de septembre. Malgré un parlement élu, le Maroc reste un pays autoritaire où le roi conserve l’autorité suprême. Mais après le triomphe des partis alliés au palais lors des récentes élections, le roi aura désormais encore plus d’influence. Le PJD s’est retrouvé avec seulement 13 sièges au Parlement, alors qu’il en détenait 125 avant les élections. Cette défaite est un revers dramatique pour le parti qui avait d’abord gagné la confiance des électeurs en promettant des réformes démocratiques et économiques progressives après les manifestations du printemps arabe.

    En réaction à cette défaite, les membres du parti ont voté à une écrasante majorité samedi pour reconduire l’ancien premier ministre Abdelilah Benkirane à la tête du parti, en remplacement de Saadeddine Othmani, un homme calme et discret que certains considéraient comme responsable de la baisse de popularité du parti. Alors que Benkirane a mené son parti à des victoires consécutives sans précédent en 2011 et 2016, le roi Mohammed VI l’a démis de ses fonctions début 2017 après l’échec de longues discussions de coalition avec les partis soutenus par le palais.

    L’éviction de Benkirane a été largement considérée comme un signe que le palais s’était lassé de la rhétorique populiste du premier ministre charismatique.

    La montée du PJD

    Lorsque les manifestations qui ont balayé le monde arabe ont atteint le Maroc au début de 2011, le roi a réagi rapidement en convoquant des élections anticipées et en promettant des réformes constitutionnelles qui réduiraient ses pouvoirs au profit du gouvernement élu. Si les réformes étaient en grande partie superficielles, une disposition importante exigeait que le roi choisisse un premier ministre parmi le parti ayant remporté le plus de sièges. Lorsque le PJD a remporté les élections fin 2011, le roi a été obligé de nommer Benkirane premier ministre, malgré des décennies de tensions entre le palais et les islamistes.

    Une fois au pouvoir, le PJD ne s’est pas comporté comme un parti islamiste. Il s’est conformé en grande partie à ce qu’un politologue attendrait d’un parti politique coopté ayant peu de pouvoir institutionnel pratique. Benkirane a consciencieusement fait passer les initiatives du régime par le parlement, y compris la suppression des subventions populaires pour le carburant et le relèvement de l’âge de la retraite. Il n’a pas non plus fait pression pour des politiques socialement conservatrices favorisées par les électeurs islamistes.

    Bien que la nouvelle constitution ait ostensiblement transféré davantage de pouvoirs au gouvernement élu, Benkirane et ses parlementaires ont évité toute confrontation avec le palais au sujet de ses prérogatives. Le Premier ministre a refusé, par exemple, d’affirmer le droit du gouvernement à nommer les dirigeants des grandes entreprises publiques, s’en remettant plutôt au palais.

    Le Maroc a  » militarisé  » la migration pour punir l’Espagne. C’est plus courant que vous ne le pensez.

    Pourquoi Benkirane a été démis de ses fonctions

    Alors, en quoi Benkirane était-il une menace pour le palais ? Dans une nouvelle recherche, la politologue Sofia Fenner et moi-même nous appuyons sur des entretiens approfondis et sur l’analyse de la rhétorique et du comportement de Benkirane pour expliquer pourquoi le palais a fait des efforts inhabituels pour le mettre sur la touche début 2017, et pourquoi son retour en politique pourrait créer des maux de tête au roi Mohammed VI.

    Benkirane n’a jamais appelé au changement de régime ni franchi de ligne rouge explicite. Mais son charisme, son style informel et son penchant pour les extraits sonores salaces ont fait du roi un sujet de commérage quotidien, l’impliquant dans les réformes bloquées et les promesses non tenues. Les rois du Maroc se sont longtemps présentés comme étant au-dessus de la mêlée de la politique quotidienne et des gens ordinaires, servant d’arbitre neutre sans se salir les mains. Benkirane a remis tout cela en question.

    Dans une interview très médiatisée de 2016, par exemple, Benkirane a insisté sur le fait qu’il n’était « pas tenu de plaire au roi, seulement à Dieu qui m’a créé et à ma mère. » Le commentaire a fait tourner les têtes et a provoqué la colère du palais, en partie parce qu’il suggérait que le roi n’était pas différent de toute autre personne. Dans une autre interview, Benkirane a expliqué pourquoi il ne s’est pas agenouillé devant le roi, comme le veut la coutume, notant que « le roi est notre roi et nous le tenons en haute estime [mais] les Marocains ne s’agenouillent pour personne d’autre que Dieu ! ». Et lors d’une apparition à un rassemblement du PJD après que le roi l’ait démis de ses fonctions, Benkirane a rappelé au public que « le roi n’est pas un dieu. C’est un homme, et en tant qu’homme, il a parfois raison et parfois tort ».

    Benkirane a également régulièrement fait savoir qu’il n’était « qu’un employé du roi. » Comme il l’a expliqué dans une interview en 2016, « Sa majesté le roi gouverne le Maroc. Le Premier ministre ne fait qu’assister le roi. » Et par conséquent, « celui qui porte la véritable responsabilité du pays, de sa direction et de sa continuité, devant Dieu et le peuple, a-t-il déclaré, est sa majesté le roi. »

    Le pouvoir sans le pouvoir

    Comme d’autres premiers ministres de parlements autoritaires, Benkirane est entré en fonction avec peu de pouvoirs institutionnels, procéduraux ou politiques. Mais grâce à son charisme et à sa rhétorique, Benkirane a néanmoins réussi à exercer un autre type de pouvoir. Ses paroles ont contribué à transformer le roi, qui était une figure normalement à l’écart des discussions publiques, en un sujet de conversation quotidien. Et en parlant sans détour des limites de son rôle, Benkirane a impliqué la monarchie dans des politiques impopulaires et a entravé les réformes démocratiques. Il n’a jamais blâmé le roi directement. Mais ses paroles invitaient les Marocains à le faire – et en effet, ces dernières années, beaucoup ont commencé à le faire.

    L’approche rhétorique de Benkirane était suffisamment menaçante pour que le roi s’engage dans une confrontation publique dommageable pour l’écarter début 2017, intervenant directement dans la politique parlementaire pour le démettre. Son remplaçant, le décidément peu charismatique Saadeddine Othmani, a présidé à la défaite électorale du PJD en septembre.

    Il n’est pas certain que Benkirane soit en mesure de réhabiliter la réputation de son parti après une décennie au pouvoir, présidant à une longue série de politiques impopulaires. La plupart des Marocains considèrent désormais le PJD comme peu différent des autres partis opportunistes qui dominent la scène politique marocaine. Mais le retour en politique de l’ancien Premier ministre charismatique pourrait bien secouer l’arène politique et faire place à de nouveaux défis publics.

    Patrick Snyder

    Patrick S. Snyder est candidat au doctorat en sciences politiques à l’université du Minnesota, où il se spécialise dans la politique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    The Washington Post, 16/11/2021

    #Maroc #PJD #Islamistes #Benkirane

  • Maroc : Benkirane, El Othmani, deux figures d’un même échec

    Maroc : Benkirane, El Othmani, deux figures d’un même échec -Benkirane succède à Saad-Eddine Al-Othmani

    Après sa défaite aux législatives, le principal parti islamiste du Maroc s’est choisi samedi 30 octobre un nouveau chef, Abdelilah Benkirane, l’un de ses anciens leaders et figure populaire auprès des militants. C’est donc Benkirane qui revient aux commandes du parti à la place du signataire de l’accord de normalisation avec l’entité sioniste en décembre dernier, en l’occurrence Saad-Eddine Al-Othmani.

    Benkirane, 67 ans, a été élu secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), avec plus de 80% des voix, a l’issue d’un congrès extraordinaire réuni à Rabat, selon le site du PJD. Son élection triomphale, attendue, marque le grand retour sur la scène politique de l’ancien chef du gouvernement islamiste cinq ans après avoir été limogé par le roi Mohammed VI, a estimé Le Monde.

    Le PJD a subi une débâcle historique lors des élections législatives et locales du 8 septembre, qui a conduit à la démission collective de la direction du parti.

    Au pouvoir pendant une décennie, sans jamais véritablement gouverner, ce parti islamiste conservateur s’est effondré, passant de 125 sièges a la Chambre des représentants sortante a 13 seulement (sur un total de 395).

    En conséquence, le PJD a décidé de retourner dans l’opposition après avoir dénoncé des «violations et irrégularités» qui ont selon lui entaché les élections.

  • Maroc: Benkirane plébiscité par les militants du PJD

    Maroc: Benkirane plébiscité par les militants du PJD- Evincé du pouvoir par les urnes, le PJD s’est choisi samedi un nouveau chef, Abdelilah Benkirane, un de ses anciens leaders et figure populaire auprès des militants.

    M. Benkirane, 67 ans, a été élu secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), avec plus de 80% des voix, à l’issue d’un congrès extraordinaire réuni à Rabat, selon le site du PJD. Son élection triomphale, attendue, marque le grand retour sur la scène politique de l’ex-chef du gouvernement islamiste cinq ans après avoir été limogé par le roi Mohammed VI.

    Le PJD a subi une débâcle historique lors des élections législatives et locales du 8 septembre, qui a conduit à la démission collective de la direction du parti. Au pouvoir pendant une décennie, sans jamais véritablement gouverner, ce parti islamiste conservateur s’est effondré, passant de 125 sièges dans la Chambre des représentants sortante à 13 seulement (sur un total de 395). En conséquence, le PJD a décidé de retourner dans l’opposition après avoir dénoncé des « violations et irrégularités » qui ont selon lui entaché les élections. Selon le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, les opérations de vote se sont déroulées « dans des circonstances normales ». C’est le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) qui a raflé la mise, avec 102 députés. Son dirigeant, l’entrepreneur Aziz Akhannouch, considéré comme proche du palais royal, a été nommé à la tête du nouveau gouvernement.

    M. Benkirane est vu comme un homme politique charismatique, à la forte présence médiatique, apprécié des militants islamistes mais accusé de « populisme » par ses détracteurs. Proche du mouvement des Frères musulmans, il a co-fondé le PJD dans les années 1990.

    Elu secrétaire général du parti en 2008, il devient chef du gouvernement marocain en 2011, dans le sillage des protestations du « Mouvement du 20 février » — version marocaine du Printemps arabe — qui réclamait la fin de « la corruption et du despotisme ».

    Reconduit à la tête du gouvernement, une première au Maroc, à la suite de sa victoire aux législatives de 2016, il est alors incapable de former une coalition majoritaire en raison d’un bras-de-fer avec son rival Aziz Akhannouch. Il est démis de ses fonctions par le monarque après plusieurs mois de blocage et remplacé en mars 2017 par le numéro deux du PJD, le consensuel Saâd Eddine Othmani. Un épisode qui a fortement fragilisé les islamistes.

    M. Benkirane aura comme tâche de remobiliser un parti islamiste sonné par sa défaite et en plein doute. (Belga)

    RTL, 31/10/2021

  • Maroc:Des islamistes à l’endroit et des islamistes à l’envers!

    Maroc:Des islamistes à l’endroit et des islamistes à l’envers! Le PJD a secoué les âmes des croyants avec quelques versets, le RNI avec des espèces sonnantes.

    Selon Mohammed Ennaji, le RNI et le PJD ont en commun le fait de brandir la religion comme leitmotiv, les uns comme voie de salut, les autres comme menace contre le progrès! « Autrement dit nous avons affaire à des islamistes à l’endroit et des islamistes à l’envers ! », dit-il.

    Dans un commentaire posté sur les réseaux sociaux intitulé « Des gouvernements qui se suivent et se ressemblent », le sociologie et historien marocain se pose la question : « Des libéraux et des islamistes, comment est-ce possible ? ». « Oui plus que possible, évident même, ça saute aux yeux à présent. Le PJD, usant de ce qu’il avait dans sa besace, avait secoué les âmes des croyants avec quelques versets, il n’a été en fin de compte ni efficace ni même pas islamiste ! », écrit-il.

    Il ajoute que « les soi-disant libéraux actuellement au pouvoir ont fait tinter aux oreilles des électeurs des espèces sonnantes qui jusqu’à présent n’ont pas trébuché dans les bourses ! Des engagements dans les deux cas sans suite qui vaille un bulletin de vote même quand il est pitoyablement monnayé ».

    « Mais le fonds que les deux partis ont en partage c’est l’absence de projet. De l’agitation, des mirages, du blabla point barre », souligne-t-il.

  • Les chrétiens du Maroc écrivent à Aziz Akhannouch

    Les chrétiens du Maroc écrivent à Aziz Akhannouch. Ils voient de l’espoir dans le nouveau gouvernement
    Les récentes élections ont mis fin à la forte influence politique des Frères musulmans, ce qui a redonné de l’optimisme aux chrétiens du Maroc.

    Les chrétiens marocains exigent que le nouveau Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, réponde à leurs demandes de longue date, notamment la possibilité de célébrer des rituels religieux tels que les mariages dans les églises officielles.

    Dans une lettre ouverte adressée au nouveau Premier ministre, les pétitionnaires demandent également le droit de donner des noms chrétiens à leurs enfants, d’enterrer leurs morts de manière chrétienne et de recevoir une éducation chrétienne alternative dans les écoles publiques.

    Les chrétiens ont également souligné qu’ils sont « plus patriotes que jamais » et se sentent obligés de « défendre le Maroc contre tous les ennemis ».

    On estime le nombre de chrétiens au Maroc à environ 30 000 catholiques romains et 10 000 protestants, dont beaucoup sont des migrants africains.

    Saeed, un chrétien marocain, a déclaré à Israël Today : « Le nouveau gouvernement libéral doit tenir compte de la présence des chrétiens marocains sur la carte religieuse. Les Marocains chrétiens doivent pouvoir pratiquer leurs rituels religieux librement et ne pas être harcelés. »

    Il a appelé le nouveau gouvernement à adopter certaines des demandes des chrétiens, qu’il a résumées comme « la permission de donner des noms chrétiens aux enfants, l’enterrement selon les rituels chrétiens et l’éducation religieuse facultative pour les chrétiens marocains dans les institutions éducatives marocaines, ainsi que la pratique des rituels religieux dans les églises plutôt que dans les maisons. »

    Il convient de noter que lors des récentes élections au Maroc, les Frères musulmans ont été renversés, un autre coup porté à ce groupe parmi tant d’autres dans le monde arabe. Cela permet d’être optimiste quant à la liberté religieuse dans le Royaume du Maroc, surtout après l’accord de normalisation conclu entre le Maroc et l’État d’Israël il y a un an. La tendance est à une plus grande ouverture en matière de politique et de religion.

    Israel heute, 24/10/2021

  • Maroc: Benkiran reprendra-t-il du service pour sauver le PJD?

    Maroc: Benkiran reprendra-t-il du service pour sauver le PJD? A la suite de la débâcle inédite durant les dernières élections législatives, le parti marocain de la Justice et du Développement (PJD) s’apprête à choisir une nouvelle Direction, après la démission de son Secrétariat général conduit par Saadeddine Othmani, résultat de sa défaite aux dernières élections.

    Le parti s’apprête à choisir une nouvelle Direction à la suite de la démission de son Secrétariat général conduit par Saadeddine Othmani, après la débâcle aux dernières élections législatives

    Nombre d’observateurs estiment comme fort probable le retour de Abdel-ilah Benkiran, ancien Chef de gouvernement, pour diriger le parti à nouveau

    Académicien : Benkiran demeure la personnalité la plus apte à traiter les carences et lacunes au sein du parti pour redorer son blason et le faire revenir en tête de la scène politique

    Analyste politique : Benkiran est capable d’unifier le parti au cours de la prochaine étape, au cas où il reprendrait le Secrétariat général

    A la suite de la débâcle inédite durant les dernières élections législatives, le parti marocain de la Justice et du Développement (PJD) s’apprête à choisir une nouvelle Direction, après la démission de son Secrétariat général conduit par Saadeddine Othmani, résultat de sa défaite aux dernières élections.

    A l’approche de la tenue du Congrès national du parti au cours du mois d’octobre, et qui aboutirait au choix d’une nouvelle direction, de nombreux observateurs estiment fort probable un retour de Abdelilah Benkiran, ancien Chef de gouvernement, pour diriger le parti à nouveau.

    Un retour qui laisse entrevoir plusieurs questions et interrogations relatives à la capacité de Benkiran à restaurer le PJD après la défaite de la formation politique aux dernières élections et les divergences de points de vue qui ont éclaté entre les dirigeants, divergences ayant atteint le stade d’attaques et d’offenses via les médias.

    Le 8 septembre dernier, des élections législatives se sont déroulées au Maroc et ont été sanctionnés par la victoire du « Rassemblement national des Libres » (Centre) qui a obtenu 102 sièges sur un total de 395 à la Chambre des députés (chambre basse du Parlement).

    De son côté, le PJD (d’obédience islamique), qui avait dirigé les deux précédents gouvernements pour la première fois dans l’histoire du pays, est passé de 125 sièges, aux élections de 2016, à 13 députés seulement actuellement.

    Le parti tiendra un Congrès extraordinaire, le 30 octobre courant, une semaine après la tenue du Conseil national (parlement du parti), le 23 du même mois.

    – Retour de Benkiran

    Il semble que le retour de Benkiran à la tête du PJD est réalisable, dans la mesure où ce parti fût dirigé, depuis 1998, de manière alternative par le tandem Othmani et Benkiran.

    Cette orientation semble se renforcer compte tenu de la situation à laquelle a abouti le PJD après les dernières élections, dans la mesure où il est exclu que Othmani, Premier ministre sortant, continuera à assurer la Direction du, parti en particulier après avoir été la cible de critiques multiples au sein de la formation, lors de son mandat à la tête du parti et du gouvernement.

    Compte tenu de la prévalence de nombreuses voies internes qui s’opposent à son style et à sa méthode de diriger le parti au cours des cinq dernières années et qui conviennent, dans leur majorité, que l’absence de Benkiran du paysage partisan et politique au cours de la phase précédente a impacté et généré une régression inédite du parti.

    L’ensemble de ces facteurs renforcent la probabilité du retour de Benkiran à la direction du PJD.

    Si l’ensemble de ces facteurs et d’autres rendent probable le come-back de Benkiran pour diriger le parti, a-t-il dit, il n’en demeure pas moins que « sa mission ne sera pas de tout repos, cette fois-ci, compte tenu de la détérioration inédite qui caractérise le parti après sa débâcle au cours des dernières élections ».

    – Une personnalité fédératrice

    Compte tenu de la sensibilité et de la délicatesse de la phase que traverse le pays, Benkiran reste la personnalité la plus apte à traiter les foyers de tension et les lacunes au sein du parti pour le remettre en tête du paysage, selon l’académicien marocain Abderrahim Allem.

    Le professeur de sciences politiques à l’Université marocaine a indiqué à AA que « Benkiran et vu ses capacités oratoires et sa personnalité charismatique, il demeure apte à recoller les morceaux et à unifier le parti pour l’extraire de l’ornière et de la situation de dégradation dans laquelle il s’est enlisé ».

    Il a estimé que « son expérience précédente à la direction du parti a montré l’ampleur de respectabilité et d’acceptation dont il bénéficie, que ce soit à l’intérieur du parti voire dans les rangs de la société ».

    Et notre interlocuteur d’ajouter : « Le PJD a remporté plusieurs échéances électorales lorsque Benkiran était en tête du Secrétariat général, la dernière en date était lors des élections de 2016 lorsque le parti avait remporté la victoire avec 1,6 millions de voix ».

    « Les talents et capacités de Benkiran en matière de communication lui permettront de défendre les échecs du parti avant même ses succès. Il dispose d’une capacité à convaincre le public ce que facilitera sa tâche pour restaurer sa formation politique », a-t-il encore dit.

    Il a, dans ce cadre, mis l’accent sur l’importance de « la capacité communicationnelle de l’homme afin de restaurer l’image du parti », considérant que parmi « l’un des principaux facteurs de l’échec du PJD lors des dernières élections est la politique de silence sidéral qui était suivie par Othmani, politique qui a prouvé son échec ».

    A son tour, l’analyse politique marocain Mohamed Bouden, a relevé que Benkiran a « une forte personnalité et a de nombreux bienfaits sur le parti…Il est quasiment le seul capable d’unifier sa formation politique au cours de la prochaine phase au cas où il assurerait le poste de secrétaire général ».

    Dans un entretien accordé à AA, l’analyste a indiqué que la « personnalité fédératrice de Benkiran, son leadership, son style et sa capacité de mobilisation contribueront sûrement à restaurer le parti pour qu’il reprenne sa place au sein de la société marocaine ».

    – Aplanir les différends : Une priorité

    Bouden estime que « parmi les facteurs figurent sa force intrinsèque sa capacité à aplanir les différends qui ont surgi entre les dirigeants du pays au cours de la dernière période ».

    « Bien que le conflit de Benkiran avec certains dirigeants du parti ait atteint un point irréversible, il n’en demeure pas moins que l’homme est capable de surmonter ces écueils, d’aplanir les différends et d’afficher le parti comme étant unifié, du mois à l’intérieur », a-t-il encore dit.

    De son côté, l’académicien Allem estime que Benkiran demeure « à travers son style de direction du parti auparavant capable de surmonter ses différends avec les autres dirigeants en usant de son expérience antérieure »

    « Ce qui est remarquable c’est que l’homme garde près de lui ceux qu’ils considèrent comme adversaires voire ennemis. Il a auparavant placé de nombreuses personnes qui réclamaient sa tête et sa chute au sein du Secrétariat général du parti », a-t-il expliqué.

    – Une mission difficile

    Il n’est pas dit que « le retour du PJD à son époque d’or est tributaire du seul retour de Benkiran à sa tête, dans la mesure où redorer le blason du parti dépend de l’analyse des causes et facteurs de la défaite par la nouvelle Direction afin de tirer les véritables leçons », selon Bouden.

    Notre interlocuteur a ajouté que « le retour de Benkiran à la tête du parti soulève une série d’interrogations, notamment, celle inhérente à l’aptitude de l’homme à mener cette mission en temps de défaite en particulier ».

    « Nous sommes face à un homme qui a une capacité à bien lire et interpréter la réalité et les contextes qui l’entourent, en atteste son rejet de se porter candidat lors des dernières élections, bien qu’il ait été investi par le parti », a-t-il poursuivi.

    Et Bouden d’ajouter : « De même, Benkiran, en tant qu’ancien chef de gouvernement qui a une symbolique et un charisme certains accepterait-il donc de mener cette mission à l’époque de la régression et de la défaite? ».

    Il a conclu en indiquant que « les prochains jours seront seuls à nous dévoiler l’aboutissement et le destin du parti dans le paysage politique marocain en cas de retour de Benkiran en tête d’affiche ».

    Anadolou, 23/10/2021

  • Programme pour « réconcilier » les radicalisés avec la société

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    Condamné pour « terrorisme », Saleh doit encore passer dix ans en prison. Mais ce Marocain espère recouvrer la liberté plus tôt grâce à un programme de déradicalisation qui l’a aidé à se « réconcilier » avec le reste de la société.

    « J’ai cru en des idées que je considérais justes, y compris la violence… Dieu merci, je n’ai pas de sang sur les mains », raconte à l’AFP Saleh, dans la bibliothèque de la prison de Kenitra, près de Rabat.

    Arrêté en 2002, il a été condamné à mort pour « appartenance à une cellule terroriste et financement d’un projet terroriste » avant de voir sa peine commuée en 30 ans de prison à la faveur du programme « Moussalaha » (Réconciliation) en 2019. Il pourrait désormais obtenir une nouvelle mesure de clémence.

    Lancé en 2017 par l’administration pénitentiaire (DGAPR) et diverses institutions, ce programme vise à assister les détenus condamnés pour « terrorisme » qui souhaitent se repentir.

    Depuis 2002, le Maroc a démantelé plus de 2.000 cellules jihadistes et arrêté plus de 3.500 personnes accusées de lien avec des groupes islamistes radicaux.

    Selon une source sécuritaire à Rabat, 1.662 combattants marocains ont été recensés dans la zone syro-irakienne depuis 2011.

    – « Tendre la main » ?

    Saleh, la cinquantaine, a basculé dans le radicalisme « dans les années 1990 par le biais d’un imam de la Jamaa Islamiya », une organisation salafiste égyptienne, lorsqu’il fréquentait une mosquée à Turin, dans le nord-ouest de l’Italie où il avait émigré.

    En 2001, il décide de « quitter ce pays d’infidèles » pour s’installer avec sa famille dans l’Afghanistan des talibans.

    Mais les attentats du 11-Septembre bousculent ses projets. Il se voit contraint de retourner au Maroc, où il est arrêté, accusé d’appartenance à une cellule terroriste.

    « Je croyais au devoir de combattre les tyrans qui n’appliquent pas la charia (loi islamique) et les Etats qui agressent les musulmans », confesse Saleh.

    Sa foi s’appuyait sur une lecture littérale des textes religieux, rejetant toute autre interprétation.

    Mais beaucoup de radicalisés « ressentent le besoin de se débarrasser de leurs idées extrémistes une fois seuls avec eux-mêmes », explique à l’AFP Mohamed Damir, condamné à mort en 2003 pour « terrorisme ».

    Ce Marocain de 47 ans dit n’avoir éprouvé cette envie qu’après des années d’emprisonnement, mais « avec la même sincérité que quand je me suis radicalisé ».

    Il a entamé depuis un long processus pour convaincre les autorités de « tendre la main » aux détenus comme lui.

    En 2011, sa peine a été transformée en 30 ans de prison, puis il a retrouvé la liberté en 2017 après avoir pris part à la première édition du programme « Moussalaha ».

    « L’idée est le fruit d’une nouvelle approche, adoptée en 2015, qui consiste entre autres à surveiller l’évolution de ces condamnés et à aider ceux qui souhaitent se remettre en question », précise un responsable de la DGAPR, Moulay Idriss Agoulmam.

    – « Sincérité » ?

    Pour Mohamed Damir, sa réinsertion est l’aboutissement d’un processus qui a commencé avec des études de droit français.

    « J’ai découvert le concept du contrat social qui permet à tous de vivre en paix puisque nous sommes forcément différents les uns des autres », raconte-t-il: « Ce fut décisif dans mon évolution ».

    L’ex-prisonnier a lu les philosophes Jean-Jacques Rousseau et Voltaire qui, selon lui, « ne sont pas si éloignés de l’esprit de l’islam, de justice, d’égalité et de tolérance ».

    Saleh, lui aussi, a « découvert les droits humains, pas si étrangers à l’islam, malgré quelques réserves ».

    Outre les questions religieuses, le programme « Moussalaha » comprend des conférences sur le droit et l’économie, et un accompagnement psychologique pendant trois mois.

    Au total, 207 détenus incluant huit femmes y ont participé. Parmi eux, 116 ont bénéficié d’une grâce royale et ont été libérés. Quinze autres ont vu leurs peines réduites.

    A sa sortie de prison, Mohamed Damir a intégré la Rabita Mohammadia des Oulémas, l’association officielle qui supervise le volet religieux du programme. Il accompagne désormais ceux qui veulent se déradicaliser, « ce qui n’est pas toujours simple », avoue-t-il.

    « Je questionne leur sincérité: si vous avez pris sincèrement ce chemin (du jihad) pour vous attirer la grâce de Dieu, sachez que vous vous êtes trompés », résume M. Damir.

    Ce programme de déradicalisation est-il exportable alors que se déroule à Paris le procès des auteurs des attentats du 13-Novembre ?

    « Cette expérience peut inspirer nos partenaires pour développer des programmes qui soient adaptés à leurs particularités », répond le responsable de la DGAPR.

    Le Point, 17/10/2021