Étiquette : Islamistes

  • Maroc : Des législatives sur fond de dégagisme (Analyse)*

    Maroc : Des législatives sur fond de dégagisme (Analyse)*

    Maroc, élections, #Maroc, PJD, islamistes, #Maroc,

    – Le scrutin, tenu le 8 septembre, s’est soldé par un échec cuisant du Parti Justice et Développement

    Les élections législatives tenues le mercredi 8 septembre au Maroc ont créé la surprise, tant par l’augmentation significative du taux de participation, passé de 42% en 2016 à 50,35%, que par l’échec cuisant du PJD (Parti Justice et Développement).

    Alors qu’il détenait 125 sièges, le parti du Premier ministre Saad Dine El Otmani n’en a remporté que 13.

    Une débâcle inattendue aux allures de gifle, au moment où le Royaume est confronté à une aggravation de la crise sanitaire, forçant les autorités à prendre des décisions impopulaires.

    Dès vendredi, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, à la tête de RNI (Rassemblement national des indépendants), a en toute logique été nommé à la tête du gouvernement par le roi Mohamed VI, au terme d’un entretien au Palais Royal de Fès.

    Celui qui est en effet devenu l’homme fort du royaume chérifien, a raflé 102 sièges à la chambre des représentants et doit désormais former son gouvernement.

    Parallèlement, le PJD a annoncé la démission de son secrétaire général Saad Dine El Otmani, et de l’ensemble de son bureau politique, tout en considérant, par voie de communiqué, que les faibles résultats obtenus « ne reflètent pas la réalité de la carte politique » du Maroc, « ni la position du parti sur la scène politique, ses résultats dans la gestion des affaires locales et gouvernementales, et la large réponse des citoyens au parti pendant la campagne électorale ».

    Selon le politologue François Burgat, cette défaite est à décrypter de plusieurs manières.

    « Je ne pense pas que la cinglante défaite électorale du PJD puisse être interprétée, comme voudront le faire leurs contempteurs automatiques, comme une nième défaite des islamistes », a écrit celui qui est également un islamologue de renom, sur ses réseaux sociaux.

    Il explique en effet que son analyse réside dans le fait que « ce PJD n’a jamais exercé le pouvoir » et que « comme d’autres formations d’opposition avant lui, il a accepté d’en goûter certains des avantages ».

    François Burgat considère que le pouvoir est toujours resté « hors de portée de ses ministres, manié par les seules mains du Roi ou de ses proches conseillers ».

    « Logiquement, le PJD paie donc aujourd’hui le prix des concessions et autres compromissions auxquelles sa volonté de se maintenir sur l’avant-scène l’ont irrésistiblement conduit », a-t-il poursuivi, citant « la trahison des jeunes du 20 février jusqu’à la reconnaissance récente de l’Etat hébreu ».

    Le politologue analyse donc cette défaite du PJD, non pas comme une « crise des islamistes » mais comme « l’échec de ceux qui ont, par opportunisme, cru pouvoir frayer avec les pouvoirs en place sans trahir leurs idéaux » et conclut à la nécessité, pour « cette génération des concessions et des compromissions » de « laisser la place ».

    Même son de cloche du côté du sociologue Mohamed Ennaji, cité par le site d’informations Telquel.

    Cet historien de formation affirme que la « pulvérisation pure et simple » du PJD ne traduit pas nécessairement la fin de « l’attrait qu’exerçait l’islam politique ».

    Il assure que « ce serait une erreur de généraliser » car « le PJD à lui seul n’épuise pas l’islam politique et celui-ci pourrait trouver d’autres formes de manifestation ».

    En tout état de cause, le parti, à la tête du Maroc pendant dix ans, va convoquer son assemblée générale le 18 septembre prochain dans le but « d’évaluer globalement les résultats électoraux et de prendre les décisions appropriées ».

    Le gouvernement formé par le nouveau Premier Ministre Aziz Akhannouch, est quant à lui attendu dans les prochains jours et devrait contribuer à un renouveau dans l’échiquier politique marocain.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

    Anadolou, 12/09/2021

  • Média italien: Maroc, le Trumpisme évince les islamistes

    Média italien: Maroc, le Trumpisme évince les islamistes

    Maroc, élections, PJD, islamistes, #Maroc,

    Le vote législatif de jeudi a pulvérisé l’une des forces islamiques les plus puissantes, couronnant le magnat Aziz Akhannouch, deuxième en richesse derrière le roi Mohammed VI connu sous le nom de M6

    L’homme le plus riche du Maroc, le roi Mohammed VI alias M6, a chargé le deuxième homme le plus riche du Maroc de former un gouvernement. Ou plutôt : le descendant direct de Mahomet a expulsé le seul parti islamiste au pouvoir au Maghreb. Qui plus est : le dernier roi d’Afrique du Nord, l’un des rares autocrates jamais touché par le printemps arabe, a fermé les derniers comptes avec les émeutes qui ont éclaté il y a dix ans.

    Il y a plusieurs façons de lire le résultat bruyant du vote législatif qui a pulvérisé jeudi l’une des forces islamiques les plus puissantes, couronnant le magnat Aziz Akhannouch. Les douze sièges restants au PJD, le parti islamique, disent qu’une vague est passée. Les 179 députés attribués au libéral Akhannouch et à ses alliés nous expliquent également que le Maroc pense qu’il « mérite mieux » (c’est le slogan du nouveau premier ministre).

    Plus avec le mal que le bien, voir la répression d’Al Sisi au Caire ou le virage populiste tunisien, qui s’est soldé par la suspension du Parlement, ce morceau du monde arabe a aussi décidé de mettre fin à la gueule de bois des années 1910. Assez avec les plateformes révolutionnaires des réseaux sociaux , stop aux paradis coraniques, mieux vaut se concentrer sur des pouvoirs solides, parfois violents, dans le cas du Maroc on ne sait pas à quel point la transparence.

    Akhannouch est un conflit d’intérêts vivant : il possède une soixantaine de sociétés,contrôle le pétrole, la grande distribution, les marques de luxe, le tourisme, l’immobilier, la télévision. Il a une femme presque aussi riche et puissante que lui. C’est un centriste au grand charisme qui a régné un peu avec tout le monde, à gauche et islamistes, et son parti est né d’une côte de la cour royale. Il se dit modéré, sauf avec les journalistes qui le critiquent. Naturellement, il promet des réformes, dans l’un des pays les plus riches de la région et l’un des plus injustes dans la répartition des richesses. Au Maroc, pourtant, tout le monde sait que c’est toujours et seule M6 qui décide. Et peu sont dans l’illusion que les nouveaux espoirs arabes passent par de petits Trumps.

    Corriere della Sera, 11/09/2021

  • Maroc : Que va faire le PJD maintenant?

    Maroc, PJD, islamistes, élections, #Maroc,

    Quelle est la prochaine étape pour les islamistes marocains après une défaite électorale écrasante ?
    Des membres du parti islamiste Justice et Développement exhortent les hauts dirigeants à démissionner

    Mariam Iblil est rentrée chez elle le cœur lourd depuis les bureaux du Parti Justice et Développement (PJD) à Rabat jeudi, quelques heures après la défaite écrasante des islamistes de longue date aux élections législatives.

    La perte de dizaines de sièges au Parlement a anéanti tout espoir de maintien du parti au pouvoir et pourrait déclencher une crise généralisée parmi ses dirigeants.

    « Le schisme interne au parti était très évident pendant la campagne électorale, et la direction du PJD a réussi à le cacher pendant cinq ans. Mais le tableau est désormais clair, et on s’attend à ce que même les membres du parti n’aient pas voté pour », a déclaré à The National Mme Iblil, une partisane du PJD âgée de 26 ans.

    Le PJD, qui a dirigé la coalition au pouvoir pendant une décennie, a vu son soutien s’effondrer de 125 sièges dans l’Assemblée sortante à seulement 12.

    Il était loin derrière ses principaux rivaux libéraux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), dirigé par le magnat milliardaire et ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), avec respectivement 97 et 82 sièges, et le centre-droit Parti Istiqlal, avec 78 sièges, dans l’assemblée de 395 sièges.

    Le roi Mohammed VI nommera un Premier ministre du parti qui a remporté le scrutin pour gouverner la nation de 36 millions d’habitants pour les cinq prochaines années.

    L’humeur maussade des dirigeants du PJD reflétait des mois, voire des années, de déceptions publiques, tandis que la foule de supporters devant leurs bureaux était bien plus réduite après les résultats.

    « Des résultats choquants, durs et inattendus, même de la part de la personne la plus pessimiste de notre parti », a déclaré Maelainine Amina, membre du PJD, dans une publication publique sur Facebook.

    « Le parti doit admettre sa défaite et étudier avec audace et courage ses causes sous-jacentes et apparentes. La direction actuelle a pris le relais d’un parti fort et cohérent qui est aujourd’hui faible et brisé. Le secrétaire général doit admettre la défaite du parti, présenter sa démission et appeler à une évaluation réaliste de la situation. Les grands partis pourraient s’affaiblir mais ne jamais mourir.

    « Une décennie d’illusion »
    Le PJD et le RNI avaient vivement échangé dans les jours qui ont précédé le vote.

    L’ancien Premier ministre et chef du PJD Abdelilah Benkirane a attaqué dimanche le patron du RNI, M. Akhannouch, dans une vidéo Facebook enflammée.

    « Le chef du gouvernement doit être une personnalité politique intègre et au-dessus de tout soupçon », a-t-il déclaré.

    M. Akhannouch a rétorqué lundi dans une interview que les attaques étaient « un aveu d’échec » de ses opposants.

    Le taux de participation a été de 50,35%, a déclaré le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, supérieur à 43% lors des précédentes élections législatives de 2016, mais en baisse par rapport à 53% lors des élections locales de 2015.

    Les électeurs ont exprimé leur frustration à l’égard du système jeudi.

    « Je n’ai pas voté pour le PJD parce qu’il a pris des décisions dures et impopulaires contre la classe moyenne. Nous sommes sous ses délires depuis 10 ans. Une perte de temps totale. De plus en plus, les dirigeants du parti ne pratiquent pas ce qu’ils prêchent. Dieu merci, ils sont exposés », a déclaré Hassan Koko, un enseignant du primaire de 32 ans, à The National.

    Mohamed Es-Sayid, un propriétaire de supérette de 60 ans, a fait écho au même sentiment.

    « Je pense que le RNI a des gens compétents et c’est pourquoi j’ai voté pour, car le PJD a échoué. Ma ville natale Casablanca, par exemple, a été complètement délaissée sous le PJD et j’ai donné ma voix aux élections locales à Nabila Mounib du Parti socialiste unifié (PSU) », a-t-il déclaré.

    Le PJD avait espéré obtenir un troisième mandat à la tête d’une coalition au pouvoir, 10 ans après son arrivée au pouvoir après les troubles au Moyen-Orient.

    En 2011, le royaume nord-africain a adopté une nouvelle constitution, déléguant de nombreux pouvoirs du monarque au parlement et au gouvernement.

    Pour la première fois depuis les premières élections au Maroc en 1960, les parts de sièges des partis seront calculées sur la base des électeurs inscrits, plutôt que de ceux qui ont effectivement voté, dans un amendement considéré comme favorisant les petits partis.

    La défaite des islamistes était attendue malgré l’absence de sondages d’opinion interdits par la loi à l’approche des élections.

    « Le PJD était préoccupé par les gouvernements de coalition et la politique de conclure des accords avec d’autres partis pour rester au pouvoir. Ses promesses lors des dernières élections d’améliorer les conditions de vie de la population semblaient trop familières à de nombreux électeurs. Des vides », a déclaré à The National Younes Masskine, directeur de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA).

    MENA, 09/09/2021

  • Maroc: le PJD giflé au profit des franc-maçons de Mohamed VI

    Maroc, élections, Mohammed VI, PJD, RNI, Istiqlal, #Maroc, islamistes,

    Législatives marocaines : les islamistes giflés au profit des franc-maçons proches de Mohamed VI

    Les législatives marocaines tenues ce mercredi 8 septembre 2021 ont réservé une mauvaise surprise au Parti de la justice et du développement (PJD) du chef du gouvernement Saadeddine El Othmani, grand perdant de cette joute électorale..

    Selon les résultats annoncés ce jeudi matin par le ministre marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, le PJD arrive en queue de peloton derrière ses principaux adversaires le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le Parti de l’Istiqlal (PI, centre droit), qui remportent respectivement 97, 82 et 78 sièges (sur 395).

    Le PJD de Saadeddine El Othmani passe de 125 sièges obtenus aux dernières législatives à 12 sièges obtenus lors des législatives de ce mercredi 8 septembre 2021.

    Le vainqueur de cette joute est le RNI, appartenant à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d’affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche de sa majesté.

    Mohmed VI devra désigner un chef du gouvernement issu du parti vainqueur des législatives, pour remplacer l’islamiste Saadeddine El Othmani, sachant que la constitution marocaine adoptée en 2011accordait de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement. Toutefois, les décisions et les orientations dans des secteurs-clés continuent d’émaner d’initiatives du roi.

    Les francs-maçons bien servis par les islamistes

    Le PJD de Saadeddine El Othmani a bien joué le cheval de Troie pour ouvrir la voie royale des franc-maçons, proches de sa Majesté et du diktat du sionisme international.

    Saadeddine El Othmani qui annonçait à ses compatriotes que son parti est hostile à toute normalisation avec l’entité sioniste en août 2020, a bel et bien été celui qui signe cette normalisation pour rester au pouvoir. Une peine perdue pour ce parti avec cette gifle suite à la déroute électorale au profit de la main basse du sionisme sur le devenir de la monarchie.

    Il est quasi certain, que le monarque malade a cédé le royaume au lobby sioniste représenté par son conseiller André Azoulay en contrepartie de l’intronisation de son fils « mineur » et prince héritier Moulay Hassan

    La date des législatives, loin d’être fortuite

    Sa majesté a retenu la date du 8 septembre 2021 pour organiser les législatives marocaines, coïncidant avec le surmédiaisé procès en France des attentats terroristes du 13 novembre de 2015, un message codifié aux lobbys sionistes, en présentant la monarchie comme un modèle de pays musulman modéré, qui vient de se débarrasser relativement de sa confrérie musulmane qui a bien servi la cause de l’expansionisme sioniste, au détriment de la cause palestinienne.

    Algérie54, 09/09/2021

  • The Guardian : Au Maroc, les électeurs tournent le dos au PJD

    The Guardian : Au Maroc, les électeurs tournent le dos au PJD

    Maroc, élections, PJD, RNI, Istiqlal, #Maroc, islamistes,

    Elections au Maroc : les islamistes subissent des pertes alors que les partis libéraux gagnent du terrain
    Les résultats préliminaires montrent un énorme revirement de fortune pour le parti RNI alors que les électeurs tournent le dos au PJD au pouvoir

    Le parti libéral marocain RNI a remporté le plus de sièges aux élections législatives du pays, tandis que les islamistes modérés co-dirigeants du PJD ont subi une défaite écrasante, selon les résultats préliminaires.

    Le RNI, dirigé par le ministre milliardaire de l’Agriculture Aziz Akhannouch, a remporté 97 des 395 sièges du Parlement. Un autre parti libéral, le PAM, a obtenu 82 sièges et le conservateur Istiqlal en a remporté 78.

    Le PJD, qui avait été un partenaire de coalition dans les deux gouvernements précédents, n’avait remporté que 12 sièges après un décompte de 96% de tous les sièges parlementaires jeudi.

    Les résultats montrent un retournement de fortune massif puisque le RNI n’avait remporté que 37 sièges aux dernières élections de 2016, tandis que le PJD en avait remporté 125.

    Les ministres du RNI contrôlaient les portefeuilles économiques clés de l’agriculture, des finances, du commerce et du tourisme dans le gouvernement sortant.

    Le taux de participation aux élections de mercredi s’est amélioré à 50,3 %, contre 43 % en 2016, le Maroc ayant organisé des élections législatives et locales le même jour.

    Les résultats montrent un retournement de fortune massif puisque le RNI n’avait remporté que 37 sièges aux dernières élections de 2016, tandis que le PJD en avait remporté 125.

    Les ministres du RNI contrôlaient les portefeuilles économiques clés de l’agriculture, des finances, du commerce et du tourisme dans le gouvernement sortant.

    Le taux de participation aux élections de mercredi s’est amélioré à 50,3 %, contre 43 % en 2016, le Maroc ayant organisé des élections législatives et locales le même jour.

    Le Maroc est une monarchie constitutionnelle où le roi détient des pouvoirs étendus. Il choisit le Premier ministre du parti qui a remporté le plus de sièges au parlement, qui formera ensuite un cabinet et le soumettra à l’approbation du roi.

    Le palais a le dernier mot sur les nominations concernant les départements clés, notamment l’intérieur, les affaires étrangères et la défense. Il définit également l’agenda économique dans le pays d’Afrique du Nord.

    Les nouvelles règles de vote devraient rendre plus difficile pour les grands partis de remporter autant de sièges qu’auparavant, ce qui signifie que le RNI devra engager des pourparlers de coalition pour former un gouvernement.

    Dans un communiqué publié mercredi, le PJD a accusé ses rivaux d’acheter des voix, sans en nommer ni fournir de détails.

    Bien qu’il soit le plus grand parti depuis 2011, le PJD n’a pas réussi à arrêter les lois auxquelles il s’oppose, notamment une pour renforcer la langue française dans l’éducation et une autre pour autoriser le cannabis à des fins médicales.

    Le PJD passera dans l’opposition s’il ne remporte pas les élections, a déclaré à la presse l’ancien ministre du PJD Lahcen Daoudi.

    The Guardian, 09/09/2021

  • Maroc: L’emprise des islamistes sur le pouvoir en jeu dans les élections

    Maroc, PJD, islamistes, élections, #Maroc,

    Remise (AFP)

    Les Marocains se rendent aux urnes mercredi pour des élections législatives et locales qui détermineront le sort du parti islamiste au pouvoir depuis les soulèvements du printemps arabe.

    Élu pour la première fois en 2011, le Parti islamiste modéré pour la justice et le développement (PJD) espère remporter un troisième mandat cette année, s’étant accroché au pouvoir à la tête des coalitions pendant toute la décennie qui a suivi.

    Mais il y a peu de lignes de bataille claires entre les partenaires de la coalition du PJD et l’opposition, et les grandes décisions sur des domaines politiques clés comme l’agriculture, l’énergie et l’industrie restent entre les mains du roi Mohammed VI.

    Les sondages d’opinion sont interdits au Maroc à l’approche des élections, mais une enquête réalisée en février par l’Institut marocain d’analyse des politiques a montré qu’environ 64% des personnes prévoyaient de s’abstenir.

    Le professeur de science politique Ahmed Bouz a souligné « le sentiment des électeurs que les élus ont peu de latitude pour prendre des décisions ».

    Les gens sont toujours sceptiques quant à savoir si les élections font une différence dans la façon dont le pays est gouverné, même après une réforme constitutionnelle de 2011, a-t-il ajouté.

    Le Maroc a adopté la nouvelle constitution après des décennies d’escarmouches sur la séparation des pouvoirs et le rôle du roi dans la gestion quotidienne du pays.

    Élaboré en réaction au Mouvement du 20 février, version locale des soulèvements du Printemps arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le document a rapproché le pays d’un système de monarchie constitutionnelle sans renoncer au rôle central du roi.

    – Roi au sommet –

    Peu importe qui exerce un mandat élu, les décisions majeures viennent du palais, y compris pendant la crise des coronavirus.

    L’étendue des pouvoirs de la couronne a conduit certains médias locaux à se moquer des tentatives du PJD de s’attribuer le mérite des succès de leur dernier mandat.

    Mohammed VI a déjà annoncé un plan pour un « nouveau modèle de développement » avec une « nouvelle génération de réformes et de projets » dans les années à venir.

    Tous les partis sont censés s’inscrire, quel que soit le vainqueur des élections.

    Les principaux objectifs du plan comprennent la réduction de l’écart de richesse du pays et le doublement de la production économique par habitant d’ici 2035.

    « Les grandes orientations sont fixées et les élections ne servent qu’à produire les élites politiques capables de les mettre en œuvre », a déclaré le politologue Mohamed Chiker.

    Pendant la campagne électorale, la plupart des partis ont ignoré les questions de libertés individuelles, en particulier l’appel de certains militants à dépénaliser les relations sexuelles hors mariage, sujet de division au Maroc.

    « C’est décevant mais pas surprenant que les politiques ignorent notre appel », a déclaré Sonia Terrab du collectif « Hors la loi ».

    Pour l’instant, trois grands mouvements dominent la scène politique : le PJD, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM).

    – « Élargir la distance » –

    À l’approche du vote, des allégations de dépenses électorales irrégulières plutôt que de débats politiques ont fait la une des journaux.

    « Des sommes d’argent monstrueuses ont été éparpillées pour tenter de déjouer la volonté du peuple », a déclaré samedi un haut responsable du PJD, Abdelaziz Aftati, sans nommer les coupables présumés.

    Le PAM a été plus direct, accusant le RNI – dirigé par l’homme d’affaires milliardaire et ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch – d’ »inonder la scène politique d’argent ».

    RNI, un membre junior de la coalition actuelle, a déclaré qu’il « rejetait catégoriquement » les allégations.

    Mis à part les fanfaronnades, et avec peu pour différencier les partis, l’élection « creuse la distance entre les électeurs et les institutions », a déclaré le politologue Mustapha Sehimi.

    Même une participation électorale de 45% « serait une belle surprise » après seulement 43% en 2016, a-t-il ajouté.

    Les changements apportés au système de vote signifient que les Marocains voteront aux élections législatives et locales le même jour pour la première fois, dans le but d’augmenter la participation.

    L’électorat de près de 18 millions doit voter pour 395 députés et plus de 31 000 élus locaux et régionaux.

    Pendant ce temps, les parts de sièges des partis seront calculées sur la base des électeurs inscrits, plutôt que de ceux qui ont effectivement voté, dans un amendement considéré comme favorisant les petits partis.

    Sur la même part des voix qu’en 2016, le nouveau système laisserait le PJD avec environ 80 sièges, au lieu des 125 qu’il avait obtenus la dernière fois.

    France24, 06/09/2021

  • L’Algérie et ses Talibans cachés

    Algérie, Afghanistan, Talibans, islamistes, #Algérie,

    par Slimane Laouari

    Les Talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan. En dehors de Daesh qui vient de l’exprimer à sa manière et avec ses moyens, il ne doit pas y avoir beaucoup d’entités politiques à exprimer aussi clairement et avec autant d’ostentation leur… bonheur que les islamistes algériens. Ce qui est « bien »— en tout cas accommodant — chez les islamistes, avec mention spéciale pour ceux d’Algérie, c’est qu’ils manquent rarement de cohérence.

    Quand il s’agit de s’exprimer sur les questions fondamentales, ils sont ainsi… sans surprise. Pas seulement s’exprimer mais aussi agir en conséquence quand ils ont la logistique opérationnelle, les troupes suffisantes et une conjoncture nationale, régionale ou internationale favorable.

    L’un impliquant l’autre, ils ne vous laissent, par contre, aucune illusion sur le sens de leurs sporadiques accès de tiédeur et sur les raisons qui les ont motivés. Ils peuvent faire le dos rond et conclure quelques alliances de conjoncture qui ne devraient pas leur ressembler. Mais ils n’omettent jamais de faire savoir à leurs adversaires que ceci n’est pas bien sérieux.

    Quant à leurs ouailles et leurs vrais alliés, ils les rassurent : dans le pire des cas, c’est une épreuve à passer. Dans le meilleur, c’est une autre ruse qui conforte leur entrisme, depuis un temps consacré comme modus operandi politique.

    Ainsi, non seulement ils ne cèdent rien sur l’essentiel mais entretiennent en même temps l’illusion qu’ils peuvent s’inscrire dans les idées que tout le monde leur dénie, du moins leur conteste. Parmi ces idées, il y a la plus importante : l’engagement à respecter le jeu démocratique.

    Mais les islamistes, il faudra peut-être les remercier pour ça, ne vous laissent jamais le temps de vous enflammer : ils sont démocrates mais… dans la foulée, ils veulent appliquer la Charia !

    À leur décharge également, il y a beaucoup de monde à les aider pour ce faire en Algérie. Le système politique avec tous ses régimes a souvent empêché leur arrivée au pouvoir plutôt que combattu leur projet, l’opposition démocrate leur trouve cycliquement des vertus et la société a fini par se ranger à leur gestion de la vie publique qui leur a été entièrement livrée pour usufruitier dans un deal tacite avec les gouvernants.

    En l’occurrence, il faut avouer qu’ils n’ont pas d’alliés mais souvent des… ralliés, sans jamais rien demander à personne. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de les voir engagés dans la surenchère démocratique, évoquer les droits humains comme leur combat et… dénoncer la violence comme moyen d’action politique, de conquête du pouvoir et de gestion de la Cité.

    Et comme toujours, ils vous obligent tout de suite à l’apnée. Vous n’avez pas le temps de souffler et les voilà heureux de voir les… Talibans revenir aux affaires !

    Tout le monde a vu comment les Afghans sont aussi heureux. Tellement heureux que, terrorisés à l’idée de voir s’installer le nouveau pouvoir, ils l’ont fait savoir en s’accrochant aux ailes des avions comme des naufragés tentant d’attraper une bouée dérisoire.

    Le Soir d’Algérie, 29/08/2021

  • Maroc : Une fin de mission imminente pour le gouvernement du PJD

    Maroc, PJD, Israël,  normalisation, islamistes, Palestine, #Maroc, #Israël, #Palestine,

    LE GOUVERNEMENT MAROCAIN DE L’ISLAMISTE EL-OTHMANI : Une fin de mission imminente
    Le chef du gouvernement marocain, Saâdeddine el-Othmani, est en train de nager dans un océan de contradictions.
    La cohabitation qu’il voulait exploiter pour emmener le palais royal à adhérer à ses thèses semble voler en éclats depuis la normalisation des relations de son pays avec l’Entité sioniste. Le journaliste marocain en exil, Ali Lamrabet, a indiqué, dans un article publié sur le média en ligne, qu’El-othmani se livre, depuis l’annonce de la visite du chef de la diplomatie israélienne a un véritable exercice de funambule pour ne pas froisser les donneurs d’ordres du palais et pour ne pas se mettre sur le dos les soutiens à la cause palestinienne, aussi bien au Maroc qu’ailleurs.
    En refusant de recevoir Yaïr Lapid, El-othmani donne la preuve qu’en avalisant les accords de normalisation avec Israël, il n’avait fait qu’obtempérer à un ordre venu des véritables détenteurs du pouvoir au Maroc. Aujourd’hui, son parti, le PJD (parti justice et développement), trainera comme un boulet l’acte de normalisation que son parlement a débattu et que son chef du gouvernement a béni en signant l’acte de soumission à l’État hébreu.
    Le Maroc donne aujourd’hui l’image d’un pays géré par un système bicéphale: un gouvernement issu de la volonté des décideurs et un palais royal qui détient, au nom des intérêts suprêmes du pays, le véritable pouvoir.
    Dans son article, Ali Lamrabet apporte les preuves de la duplicité du chef du gouvernement marocain en affirmant que « le refus d’El-Othmani de recevoir Lapid signifie-t-il que cette la mobilisation (derrière le commandeur des croyants ndlr), n’est plus à l’ordre du jour ? Si le chef du gouvernement marocain soutient la lutte des Palestiniens et le fait toujours savoir à coup de communiqués, il n’a pas la force de faire taire la voix officielle israélienne au Maroc, en l’occurrence le chef du bureau de liaison israélien à Rabat, David Govrin qui dit tout le mal qu’il pense des Palestiniens et de leurs soutiens au Maroc.
    Au lieu de le rappeler, El-Othmani préfère se taire, conscient qu’il ne serait pas soutenu par les vrais détenteurs du pouvoir, le palais royal ». Partant des principes fondateurs du PJD, sa cohabitation avec les détenteurs du véritable pouvoir au Maroc semble vouée à l’échec. Mais El-othmani, en fin calculateur, tente de l’entretenir au prix de mille et un reniements. Sa base s’est considérablement affaiblie depuis la signature des accords de normalisation des relations diplomatiques avec l’État hébreux et la vague de répression menée par son ministre de l’Intérieur contre tous ceux qui ont dénoncé cette initiative du Makhzen et le palais royal.
    Il y a lieu de rappeler également que le gouvernement islamiste, qui part du principe de la « Real politik » pour justifier son soutien au rapprochement avec Tel Aviv, semble également pris dans le caniveau de la politique d’occupation du Sahara occidental et des nombreuses réactions hostiles qu’elle soulève à travers le monde. Il n’est pas exclu de voir M6 prononcer, dans les prochains jours, la dissolution du parlement et actionner le clap de fin de mission pour El-othmani qui a été utilisé pour la sale besogne et qui se verra jeté comme une vulgaire chaussette trouée.
    Slimane B.
  • Mohammed VI intervient pour faire barrage au PJD (Wikileaks)

    Maroc, Mohammed VI, Wikileaks, PJD, #Maroc, #MohammedVI, #Wikileaks, #PJD, islamistes,

    Le roi du Maroc a agi en 2009 lors de la nomination des maires pour écarter le parti islamique et aider le parti de son ami Fouad Ali el Himma, selon les États-Unis.

    Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans le processus électoral, parfois même de manière abrupte (un aspirant maire s’est retrouvé dans le coma) avec un objectif : freiner les islamistes qui bénéficient d’un statut légal. Si le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste modéré, n’a pas aujourd’hui de maires à la tête des grandes villes, c’est en grande partie grâce aux manœuvres du monarque et de son ami intime Fouad Ali el Himma, selon des rapports de l’ambassade américaine à Rabat et du consulat à Casablanca.

    Himma, 48 ans, a surpris tout le monde en démissionnant de son poste de vice-ministre de l’intérieur en août 2007, alors qu’il était en fait le véritable chef du département ministériel le plus puissant du Maroc. Auparavant, ce proche du souverain alaouite, avec qui il a étudié au collège royal de Rabat, était son directeur de cabinet lorsqu’il était prince héritier. « Il est souvent considéré comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », a noté l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, dans un rapport rédigé en février 2008.

    Peu après sa démission, Himma a fondé une organisation, le Mouvement de tous les démocrates (MTD). « La principale raison de sa création est l’inquiétude du palais royal face à la montée en puissance de l’islamisme à travers le PJD », notait Riley en août 2008. Il a prédit que le mouvement deviendrait une formation politique et il avait raison. « Si cette technique s’est avérée efficace pour réprimer les menaces, les partis du palais ont également échoué » au Maroc à « réaliser les réformes politiques promises », a-t-il averti.

    La « menace » était le PJD, le parti le plus voté aux élections législatives de 2007, mais pas celui qui a remporté le plus de sièges car la conception des circonscriptions le désavantage. Les islamistes modérés sont la principale force d’opposition au Parlement, mais peut-être pas dans la rue. Riley a rencontré Himma en février 2008. Il le surprend en lui disant qu’il a démissionné du ministère de l’intérieur, « non pas pour devenir député, mais pour retourner dans la petite ville poussiéreuse et rurale où il est né [Benguerir, près de Marrakech] et passer plus de temps avec sa famille ».

    Une fois sur place, il décide cependant « de ne pas se reposer et de travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté. » « Il a conclu que la meilleure chose qu’il pouvait faire était de représenter la province [de Kelaat Es-Sraghna] au Parlement ». L’ambassadeur n’a pas cru à ce changement d’avis. Peu après, Himma a fondé le Parti authenticité et modernité (PAM) et, après une courte période de candidature, a remporté le plus grand nombre de sièges au conseil municipal lors des élections municipales de juin 2009. Il est susceptible de remporter une majorité relative lors des élections législatives de 2013. Les élections municipales ont été « relativement transparentes », a expliqué le chargé d’affaires Robert Jackson dans une note datée du 15 juillet 2009, mais « l’élection ultérieure des maires par les conseillers peut représenter un recul de la démocratie marocaine ».

    Contrôle des mairies

    Un ancien ministre, l’ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont informé Jackson que « le roi Mohamed VI a ordonné que le PJD ne soit pas autorisé à prendre le contrôle des conseils municipaux de plusieurs villes marocaines telles que Tanger, Oujda », Casablanca et Salé où il a obtenu une majorité relative. « L’intervention du palais royal était plus flagrante à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants de l’est du Maroc, « le gouverneur nommé par le ministère de l’Intérieur a empêché, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition menée par le PJD. « … la police et les agents des services de renseignement ont intimidé les partisans de la coalition du PJD et ont battu le leader local du PJD jusqu’au coma.

    Le candidat islamiste à la mairie d’Oujda a été battu par les « agents de sécurité » et a subi une hémorragie cérébrale, tandis que nombre de ses partisans étaient retenus en otage par les forces de sécurité pour les empêcher de voter. Le PAM, le parti de l’ami du roi, a également joué son rôle pour bloquer la montée en puissance de ses opposants islamistes. Il l’a fait avec l’approbation du palais. « Non satisfait du résultat admirable et propre des élections, le PAM de Fouad Ali el-Himma a eu recours à des pressions extra-politiques (il a même invoqué le nom du roi) pour contraindre les autres partis à entrer dans des coalitions » dirigées par lui après les avoir dissuadés de participer à celles dirigées par les islamistes.

    Selon M. Jackson, le parti d’Himma « a terni sa réputation de parti réformateur et renforcé la critique selon laquelle il est un outil du palais royal ». Quant aux islamistes modérés, ce qui s’est passé, dit l’ambassadeur par intérim, « les frustrera, mais ne sera probablement pas suffisant pour les chasser du jeu politique ». Ils peuvent se consoler d’avoir pris le contrôle des conseils municipaux des villes de second rang comme Tétouan et Kenitra. « Le résultat de tout cela peut être d’éroder davantage le soutien populaire au processus démocratique au Maroc (…) », prévient Jackson.

    La marche triomphale d’Himma déplaît aux formations politiques traditionnelles. Driss Lachgar, l’un des principaux dirigeants socialistes marocains, a avoué en janvier 2008 au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat que la création du nouveau « parti d’État officiel (…) représente une menace sérieuse pour la démocratie au Maroc ». « Nous y résisterons avec tous les moyens à notre disposition ». Curieusement, la principale personne à avoir été blessée par l’entrée en politique d’Himma, Abdelillah Benkiran, leader du PJD islamiste, s’est montrée plus prudente lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Le roi a décidé d’introduire un parti de palais pour combler le vide que les autres partis sont apparemment incapables de remplir », a déclaré Benkiran. Le faible taux de participation (37%) aux élections législatives de 2007 a montré, selon lui, qu’il y avait un vide.

    « Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la création » du parti d’Himma, « Benkiran était d’avis qu’il manque de racines et ne pourra pas gagner l’appréciation de l’homme de la rue. » Benkiran « a été très dédaigneux de la menace que [Himma] représentait pour le PJD (…) ». Le chef du parti islamiste a fait ces commentaires à l’ambassadeur avant les élections municipales de 2009, que le « parti du roi » a remportées. Il n’est pas certain qu’il les ait répétées par la suite. Dans son bilan, peu après les élections municipales, des dix premières années du règne de Mohammed VI (1999-2009), le chargé d’affaires américain, Robert Jackson, est néanmoins bienveillant : le roi « a fait des progrès fructueux en matière de réformes sociales et économiques (…) mais a peu fait pour promouvoir des changements démocratiques structurels », écrit-il le 17 août 2009. Pourtant, conclut M. Jackson, « nous pensons que la plupart des Marocains conviennent que le roi est sincère dans son désir exprimé de voir le Maroc devenir un État démocratique ».

    A côté des islamistes modérés et légaux du PJD, première force d’opposition parlementaire, il existe un autre courant islamiste au Maroc, Justice et Charité, qui a la plus grande capacité de mobilisation dans la rue, selon l’universitaire américain John Entelis. Justice and Charity est illégale, mais Rabat « tolère ses activités tant qu’elle ne met pas en avant la question de la légitimité du roi ou n’essaie pas de mobiliser ses partisans contre le régime », a écrit le conseiller politique du consulat américain à Casablanca en décembre 2008 après avoir rencontré deux responsables de cette organisation. Elle est illégale parce qu’elle ne reconnaît pas le roi Mohammed VI comme le Commandeur des croyants, c’est-à-dire le chef spirituel des musulmans marocains. C’est le principal obstacle à sa légalisation.

    « L’incorporation de Justice et Charité dans le système [politique] pourrait avoir un effet majeur sur la stabilité du Maroc à un moment où il est sous pression en raison de la récession économique mondiale », a déclaré le conseiller politique. Dans son rapport, il déclare que « toutes les preuves tendent à soutenir l’engagement de Justice et Charité à éviter la violence ». « Le gouvernement marocain prétend régulièrement qu’il est impliqué dans des activités terroristes, comme il l’a apparemment été en Italie, mais il n’a produit aucune preuve », conclut-il. Faut-il craindre que le ministère de l’Intérieur légalise cette grande force islamiste fondée par le cheikh Abdessalam Yassin ? « Cela augmentera l’influence de l’islamisme sur la politique, le poids de Justice et Charité s’ajoutant à celui du PJD », note le rapport. « Mais même si le PJD et Justice et Charité unissent leurs forces, les islamistes resteront une minorité » dans le spectre politique marocain.

    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, Mohammed VI, islamistes, PJD, élections,

  • Mohammed VI intervient pour faire barrage au PJD -Wikileaks-

    Maroc, Mohammed VI, Wikileaks, PJD, #Maroc, #MohammedVI, #Wikileaks, #PJD, islamistes,

    Le roi du Maroc a agi en 2009 lors de la nomination des maires pour écarter le parti islamique et aider le parti de son ami Fouad Ali el Himma, selon les États-Unis.

    Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans le processus électoral, parfois même de manière abrupte (un aspirant maire s’est retrouvé dans le coma) avec un objectif : freiner les islamistes qui bénéficient d’un statut légal. Si le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste modéré, n’a pas aujourd’hui de maires à la tête des grandes villes, c’est en grande partie grâce aux manœuvres du monarque et de son ami intime Fouad Ali el Himma, selon des rapports de l’ambassade américaine à Rabat et du consulat à Casablanca.

    Himma, 48 ans, a surpris tout le monde en démissionnant de son poste de vice-ministre de l’intérieur en août 2007, alors qu’il était en fait le véritable chef du département ministériel le plus puissant du Maroc. Auparavant, ce proche du souverain alaouite, avec qui il a étudié au collège royal de Rabat, était son directeur de cabinet lorsqu’il était prince héritier. « Il est souvent considéré comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », a noté l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, dans un rapport rédigé en février 2008.

    Peu après sa démission, Himma a fondé une organisation, le Mouvement de tous les démocrates (MTD). « La principale raison de sa création est l’inquiétude du palais royal face à la montée en puissance de l’islamisme à travers le PJD », notait Riley en août 2008. Il a prédit que le mouvement deviendrait une formation politique et il avait raison. « Si cette technique s’est avérée efficace pour réprimer les menaces, les partis du palais ont également échoué » au Maroc à « réaliser les réformes politiques promises », a-t-il averti.

    La « menace » était le PJD, le parti le plus voté aux élections législatives de 2007, mais pas celui qui a remporté le plus de sièges car la conception des circonscriptions le désavantage. Les islamistes modérés sont la principale force d’opposition au Parlement, mais peut-être pas dans la rue. Riley a rencontré Himma en février 2008. Il le surprend en lui disant qu’il a démissionné du ministère de l’intérieur, « non pas pour devenir député, mais pour retourner dans la petite ville poussiéreuse et rurale où il est né [Benguerir, près de Marrakech] et passer plus de temps avec sa famille ».

    Une fois sur place, il décide cependant « de ne pas se reposer et de travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté. » « Il a conclu que la meilleure chose qu’il pouvait faire était de représenter la province [de Kelaat Es-Sraghna] au Parlement ». L’ambassadeur n’a pas cru à ce changement d’avis. Peu après, Himma a fondé le Parti authenticité et modernité (PAM) et, après une courte période de candidature, a remporté le plus grand nombre de sièges au conseil municipal lors des élections municipales de juin 2009. Il est susceptible de remporter une majorité relative lors des élections législatives de 2013. Les élections municipales ont été « relativement transparentes », a expliqué le chargé d’affaires Robert Jackson dans une note datée du 15 juillet 2009, mais « l’élection ultérieure des maires par les conseillers peut représenter un recul de la démocratie marocaine ».

    Contrôle des mairies

    Un ancien ministre, l’ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont informé Jackson que « le roi Mohamed VI a ordonné que le PJD ne soit pas autorisé à prendre le contrôle des conseils municipaux de plusieurs villes marocaines telles que Tanger, Oujda », Casablanca et Salé où il a obtenu une majorité relative. « L’intervention du palais royal était plus flagrante à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants de l’est du Maroc, « le gouverneur nommé par le ministère de l’Intérieur a empêché, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition menée par le PJD. « … la police et les agents des services de renseignement ont intimidé les partisans de la coalition du PJD et ont battu le leader local du PJD jusqu’au coma.

    Le candidat islamiste à la mairie d’Oujda a été battu par les « agents de sécurité » et a subi une hémorragie cérébrale, tandis que nombre de ses partisans étaient retenus en otage par les forces de sécurité pour les empêcher de voter. Le PAM, le parti de l’ami du roi, a également joué son rôle pour bloquer la montée en puissance de ses opposants islamistes. Il l’a fait avec l’approbation du palais. « Non satisfait du résultat admirable et propre des élections, le PAM de Fouad Ali el-Himma a eu recours à des pressions extra-politiques (il a même invoqué le nom du roi) pour contraindre les autres partis à entrer dans des coalitions » dirigées par lui après les avoir dissuadés de participer à celles dirigées par les islamistes.

    Selon M. Jackson, le parti d’Himma « a terni sa réputation de parti réformateur et renforcé la critique selon laquelle il est un outil du palais royal ». Quant aux islamistes modérés, ce qui s’est passé, dit l’ambassadeur par intérim, « les frustrera, mais ne sera probablement pas suffisant pour les chasser du jeu politique ». Ils peuvent se consoler d’avoir pris le contrôle des conseils municipaux des villes de second rang comme Tétouan et Kenitra. « Le résultat de tout cela peut être d’éroder davantage le soutien populaire au processus démocratique au Maroc (…) », prévient Jackson.

    La marche triomphale d’Himma déplaît aux formations politiques traditionnelles. Driss Lachgar, l’un des principaux dirigeants socialistes marocains, a avoué en janvier 2008 au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat que la création du nouveau « parti d’État officiel (…) représente une menace sérieuse pour la démocratie au Maroc ». « Nous y résisterons avec tous les moyens à notre disposition ». Curieusement, la principale personne à avoir été blessée par l’entrée en politique d’Himma, Abdelillah Benkiran, leader du PJD islamiste, s’est montrée plus prudente lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Le roi a décidé d’introduire un parti de palais pour combler le vide que les autres partis sont apparemment incapables de remplir », a déclaré Benkiran. Le faible taux de participation (37%) aux élections législatives de 2007 a montré, selon lui, qu’il y avait un vide.

    « Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la création » du parti d’Himma, « Benkiran était d’avis qu’il manque de racines et ne pourra pas gagner l’appréciation de l’homme de la rue. » Benkiran « a été très dédaigneux de la menace que [Himma] représentait pour le PJD (…) ». Le chef du parti islamiste a fait ces commentaires à l’ambassadeur avant les élections municipales de 2009, que le « parti du roi » a remportées. Il n’est pas certain qu’il les ait répétées par la suite. Dans son bilan, peu après les élections municipales, des dix premières années du règne de Mohammed VI (1999-2009), le chargé d’affaires américain, Robert Jackson, est néanmoins bienveillant : le roi « a fait des progrès fructueux en matière de réformes sociales et économiques (…) mais a peu fait pour promouvoir des changements démocratiques structurels », écrit-il le 17 août 2009. Pourtant, conclut M. Jackson, « nous pensons que la plupart des Marocains conviennent que le roi est sincère dans son désir exprimé de voir le Maroc devenir un État démocratique ».

    A côté des islamistes modérés et légaux du PJD, première force d’opposition parlementaire, il existe un autre courant islamiste au Maroc, Justice et Charité, qui a la plus grande capacité de mobilisation dans la rue, selon l’universitaire américain John Entelis. Justice and Charity est illégale, mais Rabat « tolère ses activités tant qu’elle ne met pas en avant la question de la légitimité du roi ou n’essaie pas de mobiliser ses partisans contre le régime », a écrit le conseiller politique du consulat américain à Casablanca en décembre 2008 après avoir rencontré deux responsables de cette organisation. Elle est illégale parce qu’elle ne reconnaît pas le roi Mohammed VI comme le Commandeur des croyants, c’est-à-dire le chef spirituel des musulmans marocains. C’est le principal obstacle à sa légalisation.

    « L’incorporation de Justice et Charité dans le système [politique] pourrait avoir un effet majeur sur la stabilité du Maroc à un moment où il est sous pression en raison de la récession économique mondiale », a déclaré le conseiller politique. Dans son rapport, il déclare que « toutes les preuves tendent à soutenir l’engagement de Justice et Charité à éviter la violence ». « Le gouvernement marocain prétend régulièrement qu’il est impliqué dans des activités terroristes, comme il l’a apparemment été en Italie, mais il n’a produit aucune preuve », conclut-il. Faut-il craindre que le ministère de l’Intérieur légalise cette grande force islamiste fondée par le cheikh Abdessalam Yassin ? « Cela augmentera l’influence de l’islamisme sur la politique, le poids de Justice et Charité s’ajoutant à celui du PJD », note le rapport. « Mais même si le PJD et Justice et Charité unissent leurs forces, les islamistes resteront une minorité » dans le spectre politique marocain.

    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, Mohammed VI, islamistes, PJD, élections,