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  • Le sionisme et l’islamophobie: ce couple funeste

    par Mourad Benachenhou

    «Dans la Bible …les ennemis d’Israël sont dépeints comme des criminels qui méritent d’être punis, et ils sont souvent diabolisés. Ils sont qualifiés de violents, oppresseurs, et sans pitié, et sont méprisés parce qu’ils adorent d’autres dieux.

    En bref, ils sont décrits précisément comme le genre de peuple qui doit être tué. A cause de cela les lecteurs modernes de la Bible développent souvent des stéréotypes négatifs des ennemis d’Israël, sur la seule base de ce que la Bible dit d’eux. Malheureusement ces stéréotypés sont difficiles à faire disparaitre»( Erci A. Seibert :» La Violence de la Bible, Dépasser l’Héritage Troublant de l’Ancien Testament, Chapitre 8: Empêcher l’Utilisation de l’Ancien Testament Pour Justifier les Guerres, Fortress Press, Minnéapolis, 2012″ p. 119 «Exagérez chaque trait jusqu’à ce que l’homme soit transformé en bête, vermine, insecte, remplissez l’arrière-fond de visages méchants venant de vieux cauchemars- diables, démons, mirmidons du mal, quand votre image de l’ennemi est complétée, vous serez capable de tuer sans remords, massacrer sans honte»(Sam Keen: «Visages de l’Ennemi» 1986). Les seuls à subir collectivement les affres de l’antisémitisme sont les Palestiniens, qui, au nom de la lutte contre cette idéologie inventée par des cerveaux occidentaux et mise en œuvre jusqu’à ses conséquences extrêmes par des leaders politiques dans des pays exclusivement européens, doivent payer le prix de ses entreprises barbares.

    L’antisémitisme ressorti actuellement du fait divers

    Pourtant, et selon mêmes ceux qui sont supposés en être les victimes, l’antisémitisme, dans ses manifestations actuelles, ressort plus de la chronique des faits divers ou des cancans titillant l’esprit de groupe que chacun porte en lui, que d’une idéologie animant des groupes politiques puissants.

    Cette idéologie, spécifiquement occidentale dans sa conception comme dans sa mise en œuvre, n’interpelle que les nations qui, au cours de leur histoire contemporaine, l’ont utilisé pour faire subir à leurs citoyens juifs les pires des actes de barbarie, en opposition totale avec les enseignements de l’Evangile, dont la devise centrale «aimez-vous les uns les autres,» à laquelle s’ajoute l’appel à «la paix entre les hommes de bonne volonté.»

    Ce qui se passe en Palestine historique n’a rien à voir avec la lutte contre l’antisémitisme

    Mais tout avec une entreprise coloniale occidentale se couvrant de l’interprétation littérale du livre saint partagé par les deux religions occidentales les plus répandues. Shlomo Sand , dans son livre intitulé «Comment j’ai cessé d’être Juif,» ouvrage dont la traduction française a été éditée par Flammarion, dans sa collection «Café Voltaire» en 2013, rappelle ce fait historique, et résume à la fois non seulement la distinction entre Judaïsme et Sionisme, mais également la dérive raciste totalitaire qui constitue le fonds de ce qui est appelé couramment :»le conflit israélo-palestinien.»

    Le peuple palestinien n’a aucune responsabilité dans l’interprétation littérale des enseignements de la Bible juive

    Voici ce qui constitue probablement la partie la plus importante de ce livre, car elle vaut plus que les développements les plus sophistiqués qui ont, par ailleurs, été exposés par les «spécialistes des questions moyen orientales:» «Il faut se garder d’assimiler le judaïsme au sionisme. Le judaïsme s’est fermement opposé au nationalisme juif, jusqu’au XXe siècle, et même jusqu’à l’arrivée d’Hitler. Les organisations et les institutions juives, avec le soutien massif de leurs membres, récusaient l’idée de la colonisation en Terre sainte, et a fortiori la création d’un État qui serait dit « État juif ». Précisons que cette opposition ne résultait pas d’une identification humaniste avec les habitants locaux, peu à peu déracinés de leur terre par le processus. Les grands rabbins n’étaient pas guidés par des impératifs moraux universels. Ils avaient tout simplement compris que le sionisme représentait, en fin de compte, une assimilation collective dans la modernité, et que le culte rendu au sol national, exprimé dans une nouvelle foi laïque, venait en fait supplanter la dévotion divine. «La création de l’État d’Israël, ses triomphes militaires et son expansion territoriale finirent par emporter la grande majorité du camp religieux qui a connu une nationalisation radicale accélérée. De larges pans des nationaux religieux, tout comme des orthodoxes-nationaux, font aujourd’hui partie des courants les plus ethnocentristes de la société israélienne. Ils n’ont pas été conduits dans cette voie par la Bible ou le Talmud. Mais les messages principaux du livre sacré et de ses commentaires ne les ont pas prémunis contre ce glissement vers un racisme brutal, un désir effréné de territoires et une absence criante de prise en considération des habitants natifs de la Palestine. «Autrement dit, les dimensions égocentristes qui caractérisent la morale juive traditionnelle n’ont peut-être pas de responsabilité directe dans l’effondrement antilibéral et antidémocratique auquel on assiste aujourd’hui en Israël, mais elles l’ont incontestablement rendu possible et elles continuent de l’autoriser. Quand une tradition d’éthique intracommunautaire s’unit à un pouvoir religieux, national ou au pouvoir d’un parti, elle engendre toujours de terribles injustices contre ceux qui ne font pas partie de la communauté.»(p. 69)

    Ce texte place de manière claire et sans réserve la responsabilité de ce «conflit,» qui n’en finit pas d’alimenter l’actualité, non sur les Palestiniens, mais sur une interprétation exclusiviste, pour ne pas dire raciste, des livres saints du Judaïsme, interprétation qui ne coïncide nullement avec les enseignements de cette religion, et donc dont la critique, si acerbe soit-elle, ne peut être considérée comme une forme sournoise d’antisémitisme, bien au contraire! Car Sand la présente comme une dérive contraire au cœur des enseignements du Judaïsme, et non comme une réponse à une situation de péril extrême pour la communauté en cause sur le territoire de la Palestine historique.

    La montée en puissance de l’islamophobie

    Alors que l’antisémitisme, par lequel les occupants actuels de la Palestine historique, justifie leur politique d’apartheid, disparait à l’échelle mondiale, comme mouvement politique, et s’est transformé, sur le plan des faits, en actes d’agression individuels ressortissant du fait divers, l’islamophobie est devenu un phénomène politique, ayant ses théoriciens, ses partis politiques et ses hommes d’état incitant à la haine contre l’Islam pour gagner les élections et prendre le pouvoir, et justifier des mesures discriminatoires contre les Musulmans, jusqu’à leur interdire l’entrée sur les territoires nationaux. Comme le décrit Amineh Hoti , parlant des émigrés musulmans en Europe:

    « L’islamophobie, «sensationnalisée» dans les médias, a victimisé les Musulmans dans l’Occident, et a sans doute conduit à la montée de la droite de l’Amérique à l’Europe. Il y a une atmosphère anti-émigrée vicieuse et cauchemardesque en Europe. Les Hongrois ont emprisonnés par la force les émigrés dans des prisons et leur ont donné une drogue appelée «Rivotril», (Clonazepam) qui vous transforme en «zombie.» Les prisonniers deviennent habitués à cette drogue et tentent de se suicider. Les émigrés qui tombent malades et doivent être examinés par un médecin sont conduits à travers la ville, attachés à une laisse et menottés. Les messages de médias sociaux et les articles de journaux en Tchéquie demandent que «tous les réfugiés, les «noirauds» soient exécutés, noyés ou envoyés aux chambres à gaz… Les médias ont aidé à l’expansion de l’islamophobie en ne donnant pas d’informations objectives sur les refugiés, les Musulmans et le monde musulman.»( dans :»Richard Burridge, Jonathan Sacks, éditeurs: «Confronter la Violence Religieuse, Une Contre-Narration,» Baylor University Press, 2018, p. 94)

    «Islamophobes de tous les pays , unissez-vous!»

    Le courant islamophobe envahit le monde entier, et justifie l’indifférence devant le génocide de la minorité birmane Rohingyia, comme la politique anti-musulmane de la «plus grande démocratie du monde,» et encourage la répression contre les Musulmans dans différents pays asiatiques, y compris dans le «pays le plus peuplé du monde,» où l’Islam a pénétré quasiment depuis la période du Prophète. Mais, derrière cette banalisation qui n’a rien de spontané et n’a que des liens tenus avec le «terrorisme islamique.»

    Le noyau de cette haine systémique, habilement entretenue, se trouve dans l’entreprise sioniste de génocide du peuple palestinien, de «délégitimation» du combat de ce peuple pour sa survie, car c’est lui qui est menacé de disparaitre, pas les indus occupants de la Palestine historique, qui donnent à leur occupation une base religieuse, transformant donc le conflit en guerre de religion s’étendant au monde entier, et poussant à une alliance mondiale contre l’Islam, présenté comme une menace civilisationnelle, qui doit être combattue partout et en toutes circonstances.

    L’alliance entre sionistes et islamophobes n’a rien de fortuit ou de conséquence d’une série d’évènements ayant abouti à cette atmosphère de confrontation . C’est le champ de bataille que les sionistes ont choisi pour justifier et légitimer la violence anti-palestinienne. D’ailleurs, le livre de Hutington «Le Choc des Civilisations,» tourne autour de ce thème , au point d’être devenu le «Mein Kampf» des islamophobes de tout bord, cité même , étrangement, par le Ministère québécois de la Coopération comme ouvrage de référence.

    L’islamophobie, une Industrie soutenue et financée par les sionistes

    Comme l’explique Nathan Léan, dans son livre intitulé « L’industrie de l’Islamophobie, Comment la Droite a fabriqué la haine des Musulmans»(Pluto Press, 2017), et se référant spécifiquement au cas américain, qui peut être généralisé, car les animateurs américains de ce mouvement haineux trouvent leurs équivalents, par exemple en France, les Eric Zemmour, les Henry Emmanuel Levy et autres Alain Finckelkraut, «bouffeurs de Musulmans,» matin, midi et soir, au point de perdre toute pudeur intellectuelle, et devenus les nouveaux «dieux de la haine raciale et religieuse antimusulmane,» au nom de «la défense des valeurs occidentales,»( ils ne sont pas à une incohérence prés, évidemment) et violemment pris à partie par Shlomo Sand dans son livre intitulé :» La Fin des Intellectuels Français;» (Paris, Editions La Découverte, 2016).

    Voici ce qu’écrit Léan.

    «La promotion des sentiments anti-musulmans est une méthode indispensable pour l’emporter dans une guerre cosmique qui se déroule des milliers de kilomètres plus loin , sur le territoire de la Palestine historique Les partisans durs d’Israël et de ses visées expansionnistes dans les territoires palestiniens , sont souvent ceux qui financent principalement le «pugilisme» pseudo-intellectuel que déploie l’industrie de l’islamophobie. Pour eux, mettre l’accent sur ce qu’ils considèrent comme la menace islamique et les Musulmans crée une atmosphère de moindre résistance pour la politique israélienne anti-palestinienne. Leur argent- et beaucoup de leur argent- a subventionné des campagnes massives de propagande contre l’Islam et pris en charge le travail des détracteurs des Musulmans. Ce n’est pas une coïncidence que les personnages qui font saigner le nez des Musulmans sont ceux mêmes qui soutiennent l’expansionnisme israélien.» ( pp. 15-16)

    En Conclusion

    Certains pourraient reprocher l’excès d’intérêt porté au drame palestinien, car chacun ne devrait se mêler que de ce qui touche immédiatement à sa société, à sa tribu, à son ethnie et à ses problèmes. Si ce raisonnement devenait «principe catégorique,» à la façon de Emmanuel Kant, jamais le peuple algérien n’aurait gagné son indépendance, aucun peuple n’ayant suffisamment de proximité avec lui pour défendre sa cause, y compris les peuples maghrébins arabo-berbères. Ni la Tunisie, ni le Maroc indépendants, encore moins la Libye, L’Egypte, la Syrie, etc. et même les ex-pays socialistes, y compris l’Union Soviétique, n’auraient eu aucune raison valable de soutenir notre lutte, dans ce monde de «chacun pour soi» que certains veulent défendre ou justifier le silence devant les injustices commises contre le peuple palestinien. Pourquoi même des intellectuels français ont-ils pris position contre leur propre gouvernement et se sont-ils mis à la disposition du peuple algérien dans sa lutte pour son indépendance et sa dignité? S’il n’y a d’autre solidarité qui compte que cette de la proximité et du sang, jamais le peuple algérien n’aurait gagné sa liberté, quel qu’ait été son courage, quels qu’aient été les sacrifices qu’il aurait consentis? Le «villagisme» n’a jamais mené nulle part et le temps du splendide isolement dans son douar d’origine est mort depuis longtemps. Ceux qui veulent ramener notre pays à ce qui a causé ses malheurs prêchent, même s’ils ne le comprennent pas , contre leur propre cause! il faut d’autant plus parler souvent de la cause palestinienne que ceux qui lui sont opposés possèdent une puissance qui non seulement écrase militairement le peuple palestinien, mais une présence médiatique qui étouffe toute information en faveur de ce peuple et dénonçant ses bourreaux, qui l’agressent en continu, 24 heures sur 24 , sept jours par semaine, et 365 jours un quart, sans répits et sans pitié. La lutte contre l’antisémitisme, œuvre entièrement occidentale, ne justifie nullement l’utilisation de la Bible pour faire disparaitre le peuple palestinien de sa terre ancestrale. La mobilisation de l’islamophobie à l’échelle universelle, au profit du projet sioniste de génocide du peuple palestinien, souligne le caractère religieux de l’entreprise sioniste, et transforme un problème politique en guerre de religion sans merci, et cette voie a été choisie, non par les Musulmans, ni d’ailleurs par les Chrétiens Palestiniens, mais par les Sionistes et leurs alliés.

    Où est donc la laïcité dans cette union entre sionisme et islamophobie? Où sont donc les «valeurs laïques,» et «la tolérance religieuse,» supposées constituer les spécificités des sociétés occidentales qui auraient dépassé, si ce n’est transcendé définitivement la fameuse «ère théologique» de Emile Comte.

    Le sionisme a pour projet de redonner vie à l’antiquité en exploitant les moyens modernes de la science et de la technologie pour assurer la réussite de ses desseins, il veut que l’Occident revienne au Moyen Age et au temps des Croisades! Tel est le grand paradoxe du «post-modernisme.»

    Le Quotidien d’Oran, 24 juin 2021

    Etiquettes : Sionisme, islamophobie, Israël, Palestine, antisémistime, La Bible,

  • Macron veut accélérer l’expulsion des migrants algériens

    Il envisage des mesures drastiques avec l’Algérie

    A l’approche de chaque échéance électorale en France, certains sujets reviennent avec acuité a savoir entre autres l’Islam, la sécurité, l’expulsion et l’immigration …C’est sur ce dernier que mise Emmanuel Macron.

    A moins d’une année de la présidentielle du mai 2022, le président français Emmanuel Macron semble ferme sur la question de l’immigration en envisageant d’accélérer l’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière. En outre, il a annoncé des mesures drastiques et que les demandes d’accueil des migrants clandestins seront portées a la connaissance des autorités algériennes très rapidement.

    Selon un conseiller d’Emmanuel Macron, «le taux d’acceptabilité de l’immigration dans notre pays est de plus en plus bas», a rapporté ce jeudi 20 Minutes. Le président souhaite donc que son gouvernement s’attaque au dossier de l’immigration clandestine. Pour cela, il a réuni mercredi plusieurs ministres pour réclamer une meilleure efficacité des expulsions d’étrangers en situation irrégulière.

    Cette réunion s’est déroulée en présence du Premier ministre Jean Castex et des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangers) et une représentante du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Le chef de l’Etat leur a demandé «d’activer de manière volontariste les dispositifs en vigueur» et d’intensifier les négociations avec les pays d’origine.

    Cibler notamment les clandestins fichés

    Sur environ 120.000 demandeurs d’asile par an, 20.000 obtiennent le statut de réfugiés, 20.000 repartent et 80.000 se maintiennent illégalement sur le territoire. Fin 2020, la commissaire européenne aux Affaires intérieures avait estimé que le taux d’exécution moyen d’une décision d’expulsion est de 30% en Europe mais chute a «13,14% pour la France», alors que l’Elysée avance le chiffre de 15,3%. Macron qui au début de son quinquennat évoquait l’objectif d’un taux d’exécution de 100%, a demandé mercredi des mesures «opérationnelles très rapidement». Son gouvernement doit pour cela cibler en priorité l’expulsion des étrangers irréguliers auteurs d’actes de terrorisme ou fichés pour radicalisation ainsi que ceux ayant commis des crimes et délits. L’objectif est de les emmener directement a l’aéroport dès leur sortie de prison.

    Sur 1.115 étrangers en situation irrégulière et fichés pour radicalisation, 514 sont encore sur le territoire, souvent parce qu’ils sont incarcérés, dont 400 sont sous surveillance. Environ 250 étrangers relevant de cette catégorie pourraient être expulsés dans les semaines qui viennent, selon l’Elysée. Les étrangers irréguliers ayant commis des crimes et délits feront aussi l’objet d’expulsions systématiques. «Il s’agit essentiellement de personnes venant du Maghreb – Algérie, Maroc, Tunisie – mais aussi de Russie et d’Afrique». La France compte insister auprès de ces pays pour qu’ils accordent davantage des laissez-passer consulaires qui permettent les retours. Elle veut aussi obtenir que le test PCR désormais exigé soit effectué non pas au départ de France mais a l’arrivée.

    Des discussions «plus difficiles» avec l’Algérie

    Macron a en outre «demandé que les négociations diplomatiques soient engagées de manières très volontaristes. Avec l’Algérie, avec qui les discussions sont plus difficiles, nous envisageons des mesures plus drastiques et nos demandes seront portées a leur connaissance très rapidement», a averti la présidence française sans autre détail. Sans modifier le droit d’asile, une réflexion est également engagée sur les pays considérés comme sûrs.

    Rappelons que la président français a été giflé par un homme alors en déplacement dans la Drôme mardi dernier.

    Echourouk online, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Emmanuel Macron, campagne électorale, élections présidentielles, étrangers, xénophobie, islamophobie,

  • Canada : Horrible islamophobie

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Canada terre d’accueil des immigrés ? Difficile de le faire croire aux proches des quatre musulmans, membres d’une même famille, tués dimanche dernier par un individu au volant d’un pick-up dans une localité de l’Ontario, à l’enfant qui a été gravement blessé par cet attentat à la voiture bélier et qui va garder ses séquelles toute sa vie, ainsi que tous les musulmans vivant au Canada.

    C’est un acte terroriste qui vise à faire peur à la communauté musulmane installée au Canada, comme l’a désigné le Premier ministre Justin Trudeau, contrairement à d’autres médias qui continuent à faire dans les deux poids deux mesures, prompts à qualifier pareils crimes d’attentats terroristes quand le coupable est musulman et de simple «attaque» contre des personnes quand la cible sont des musulmans.

    Sans s’étaler dans ce sens sur le traitement médiatique insidieux réservé à ces attentats terroristes commis contre les musulmans installés dans les villes européennes, américaines ou australiennes, qui a eu sa part dans les débats depuis le temps, sans arriver à changer les pratiques ancrées dans certaines rédactions, il y a lieu de parler d’un horrible sentiment d’islamophobie, plus connu en France, qui prend des penchants criminels et qui menace la tranquillité de ce pays qu’on croyait à l’abri de ces haines raciales vu la composante de sa population essentiellement constituée par des groupes d’immigrés de différentes races et épousant diverses religions, qui continuent de nos jours d’affluer vers ces terres qu’on décrit comme paisibles et très accueillantes. Plus le cas de dire pour les musulmans ?

    Pour ne pas tomber dans l’extrême, on dirait que l’islamophobie, qui se développe d’une manière apparente chez les Canadiens, s’exprimant sporadiquement, certes, mais d’une rare violence (rappelant la fusillade dans une mosquée au Québec, en 2017, qui a fait six morts).

    Très inquiétante cette haine des musulmans, donc, car pouvant à la longue installer un sentiment de peur généralisé au sein de la communauté musulmane et provoquer des réactions autant violentes contre cet «autre» qui nourrit des sentiments de haine à leur égard.

    Déjà, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), qui s’est dit «plus qu’horrifié par cette attaque terroriste en sol canadien», a appelé à la vigilance tous les musulmans vivant au Canada. Cela relève le degré du climat d’insécurité dans lequel vivraient, désormais, les musulmans dans ce pays. Et, les réactions d’indignation unanime chez les responsables canadiens n’enlèveraient rien à ce sentiment de crainte chez tout musulman d’être la prochaine cible du prochain attentat terroriste.

    «Personne ne devrait jamais avoir à vivre de cette façon, ni ressentir cette peur. Toutefois, à cause d’incidents horribles comme celui-ci, beaucoup de nos concitoyens, de nos voisins, de nos amis n’ont aucune autre option», de l’aveu même du ministre canadien de la Sécurité publique et de la Protection civile. Sommes-nous arrivés à une époque où les musulmans ne seraient nulle part en sécurité en dehors de leurs pays ? Ou la forte immigration des musulmans vers les pays de l’Occident, en sus des dommages collatéraux ou la confusion de l’image du musulman avec le terroriste islamiste, pose-t-elle un problème fondamental d’inadaptation avec les mœurs sociales dans les pays d’accueil ? Peut-être que les musulmans devraient suivre l’exemple des Chinois qui bâtissent leur propre univers, des villes dans les villes, là où ils émigrent.

    Le Quotidien d’Oran, 10 juin 2021

    Etiquettes : Canada, islamophobie, extrême droite, crime, assassinat, attentat, voiture bélier, racisme, discrimination, xénophobie,

  • Mélenchon dénonce les complots contre les musulmans

    France: Mélenchon met en garde contre un complot visant les musulmans

    «Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre», pour «montrer du doigt les musulmans». «Tout ça, c’est écrit d’avance», a lancé Jean-Luc Mélenchon (LFI) dimanche 6 juin.

    Le dirigeant des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, s’est dit persuadé que tout était «écrit d’avance» et a évoqué un «grave incident» ou une attaque lors des derniers jours précédant le scrutin de 2022.

    Interrogé dans l’émission Questions politiques (France Inter/Le Monde/France info), le chef de file des Insoumis et candidat a la présidentielle 2022 a d’abord indiqué souhaiter qu’Emmanuel Macron «se représente», car «on aura de quoi dire» sur son «bilan».

    «Sinon, on nous sort un autre petit Macron du chapeau, on ne sait pas qui c’est, pouf, il se fait élire Président. C’est le système qui l’invente. La dernière fois, Macron, il est arrivé au dernier moment. La, ils vont peut-être en trouver un autre», a-t-il enchaîné.

    «De même que vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012 [auteur des tueries de Toulouse et de Montauban, notamment dans un établissement scolaire juif, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées [en 2017, assassinat le policier Xavier Jugelé], avant on avait eu Papy Voise [Paul Voise, un retraité agressé chez lui a Orléans en avril 2002], dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance», a alors lancé Jean-Luc Mélenchon.

    «Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile, voila, c’est bateau tout ça», a conclu le chef de file de LFI sur le sujet.

    Echourouk online, 07 juin 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, islamophobie, manipulation,

  • Qui a le droit de porter un foulard ? L’histoire compliquée derrière la dernière controverse sur le hijab en France

    Le chef du parti politique du président français Emmanuel Macron a retiré son soutien à la fin de la semaine dernière à l’une des candidates du parti, Sarah Zemmahi, après que celle-ci ait porté un foulard sur une affiche de campagne.

    Stanislas Guerini, l’un des cofondateurs du parti centriste de Macron, La République en marche (LREM), a critiqué sur Twitter Sarah Zemmahi, une ingénieure qui se présente à son conseil municipal, pour avoir porté son hijab, un couvre-chef religieux porté par certaines femmes musulmanes, sur une image promotionnelle.

    « Porter des symboles religieux ostentatoires sur un document de campagne n’est pas compatible avec les valeurs de LREM », a écrit Guerini, après qu’un éminent politicien d’extrême droite a partagé la photo. « Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM retire son soutien ».

    Plus tard, Guerini a doublé sa désapprobation, déclarant à la radio RTL : « Cette femme ne sera pas une candidate d’En Marche ».

    Bien que M. Zemmahi n’ait pas encore répondu aux déclarations de M. Guerini, d’autres membres du parti l’ont repoussé. La députée LREM Naima Moutchou a défendu Zemmahi sur Twitter, qualifiant les critiques de Guerini de « discrimination », tandis que sa collègue LREM Caroline Janvier a critiqué la réponse de Guerini dans un tweet cinglant.

    « Indigne. Courir après les votes (d’extrême droite) ne fera que permettre à leurs idées de prévaloir. Trop, c’est trop », a-t-elle écrit.

    Le conflit autour du choix d’une femme de se couvrir la tête fait suite à la controverse entourant un amendement adopté par le Sénat français le mois dernier, qui interdirait aux filles de moins de 18 ans de porter le hijab en public. Cet amendement, qui fait partie d’un projet de loi « anti-séparatisme », a été présenté en même temps que d’autres amendements visant à empêcher les mères de porter le hijab lors des sorties scolaires de leurs enfants et à interdire le « burkini », un maillot de bain intégral.

    Alors que certains politiciens français ont défendu l’amendement comme un renforcement de l’adhésion du pays à la laïcité, d’autres l’ont dénoncé comme un autre exemple d’une partie d’une vilaine souche d’islamophobie dans la nation, qui abrite la plus grande population musulmane d’Europe occidentale – une population qui a connu une discrimination accrue ces dernières années, dans le sillage des attaques terroristes d’extrémistes islamiques de ces dernières années et de la montée de la politique d’extrême droite. Un rapport de 2019 a révélé que 44,6 % des habitants du pays considéraient les musulmans comme une menace pour l’identité nationale française, tandis qu’une enquête gouvernementale de la même année indiquait que 42 % des musulmans (d’autres études avancent le chiffre de 58 %) déclaraient avoir été victimes de discrimination en raison de leur religion, un chiffre qui passait à 60 % pour les femmes portant un foulard.

    Mais pour comprendre pourquoi le hijab fait l’objet d’une telle controverse en France, il faut aussi comprendre l’histoire profonde qui sous-tend le débat.

    Bien que la proposition de loi doive encore être approuvée par la chambre basse du Parlement français avant de devenir une loi, elle a déjà suscité une vive réaction de la part de nombreuses femmes musulmanes du monde entier, qui considèrent la loi non seulement comme xénophobe et discriminatoire, mais aussi comme une attaque contre leur autorité – un sentiment qui s’est développé au fil des ans, les politiciens français ayant fait valoir que les lois restreignant le symbolisme religieux étaient au service de l’autonomisation des femmes et de la sécurité publique. Sur les médias sociaux, le hashtag #HandsOffMyHijab est devenu un cri de ralliement pour protester contre l’amendement, lancé par le mannequin somalien et norvégien Rawdah Mohamed, qui a utilisé cette phrase dans un post Instagram devenu viral pour dénoncer l’interdiction potentielle. Elle a depuis recueilli le soutien de personnalités comme Ilhan Omar, membre du Congrès américain, et Ibtihaj Muhammad, escrimeur olympique.

    « Comment pouvez-vous avoir une discussion sur mon identité, et ne pas m’inclure ? ». a déclaré Mohamed au TIME. « Je ne pense pas que les politiciens soient ceux qui sont censés définir ce que cela signifie d’être une femme musulmane ».

    L’histoire de la France avec le foulard
    Les universitaires retracent l’intérêt de la France pour les couvre-chefs musulmans et les femmes qui les portent jusqu’au passé impérial du pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient – en particulier en Algérie.

    « L’interdiction du hijab est liée au colonialisme », explique à TIME Alia Al-Saji, professeur associé de philosophie à l’Université McGill. « La colonisation française des pays musulmans avait souvent pour but de contrôler et de gérer des populations qui étaient de religions diverses… Le hijab est un moyen de montrer clairement que vous êtes musulman, ce qui est construit colonialement comme étant opposé au colonialisme. Mais c’est aussi un site de résistance potentielle. »

    La colonisation française en Algérie a commencé par une invasion en 1830 et a été caractérisée par un génocide violent, un colonialisme de peuplement et une série de lois changeantes appelées « indigénat », qui, entre autres choses, déterminaient qui pouvait être citoyen français. Al-Saji note que ces lois ont eu une influence sur l’accentuation de la différence pour la majorité musulmane en Algérie ; par exemple, alors que les indigènes algériens juifs ont été reconnus comme citoyens français en 1870 avec le décret Crémieux, les indigènes algériens musulmans n’étaient pas éligibles à la citoyenneté française à moins de renoncer à leur religion et à leur culture et d’adopter une identité française.

    L’attitude coloniale repose sur la conviction que sa « civilisation » – sa langue, ses valeurs et ses pratiques – améliore la vie des colonisés. Cette croyance s’est manifestée de manière radicale dans l’attitude à l’égard des femmes algériennes musulmanes, qui étaient considérées à la fois comme opprimées et exotiques. Dans cet état d’esprit, leur « libération » pouvait devenir la justification morale des pertes violentes de l’impérialisme.

    Cette dynamique est peut-être mieux illustrée pendant la guerre d’indépendance algérienne, lorsqu’une série de cérémonies publiques d’inauguration a été organisée en 1958. Au cours de ces cérémonies, dont beaucoup étaient organisées par l’armée française, les Algériennes retiraient leurs haïks (enveloppe traditionnelle portée par les femmes nord-africaines) ou les faisaient retirer par des Européennes, avant de les jeter au sol ou de les brûler. Souvent, des discours étaient ensuite prononcés en faveur des Français et de l’émancipation des femmes musulmanes.

    Si ces cérémonies très médiatisées étaient présentées comme des espaces d’émancipation pour les femmes musulmanes, d’autres récits de cette histoire racontent une histoire différente. Dans son livre Burning the Veil : The Algerian War and the « Emancipation » of Muslim Women, 1954-1962, Neil MacMaster note que certaines des femmes qui ont pris part à ces cérémonies étaient très pauvres, recrutées dans des écoles secondaires ou, dans certains cas, contraintes de participer en menaçant leur sécurité et celle de leur famille. Dans un cas déchirant, lorsque l’armée n’a pas pu trouver de femme musulmane pour diriger la cérémonie, elle a demandé à Monique Améziane, une jeune femme issue d’une famille aisée et pro-française qui n’avait jamais porté de voile ou de heik auparavant, de prendre la parole – en échange de la vie sauve de son frère, qu’elle avait déjà arrêté et torturé.

    Le pouvoir symbolique du voile à cette époque n’est cependant pas seulement reconnu par les Français, mais aussi par ceux qui luttent pour la libération de l’Algérie. Dans son essai L’Algérie dévoilée, Frantz Fanon fait valoir que le voile peut être un outil de résistance anticoloniale et un moyen de limiter l’accès aux oppresseurs, allant jusqu’à le qualifier de « pomme de discorde dans une bataille grandiose ».

    Pendant la guerre, le voile est également devenu un outil littéral de résistance. Certaines combattantes du Front de libération nationale utilisaient le haïk pour dissimuler des armes et des informations confidentielles ; après la découverte de cette tactique, elles ont utilisé le dévoilement à leur avantage, adoptant des tenues européennes pour passer sous le radar des Français.

    Comment le voile a été récupéré – et transformé en armement
    En France, à l’intersection des identités sexuelles, ethniques et religieuses, le voile ou le couvre-chef musulman a pris une nouvelle importance au XXe siècle. En raison de la popularité de l’art orientaliste à cette époque, le voile avait déjà des stéréotypes d’étranger et d’interdit. Mais le voile n’était plus seulement un marqueur physique de la différence religieuse ou culturelle – il était également considéré comme un affront à l’assimilation, un symbole visible de la résistance à la colonisation.

    Cette signification était renforcée par l’engagement de l’État en faveur d’une identité culturelle et sociale française unifiée, en opposition au multiculturalisme. Cette croyance remonte à la Révolution française, qui a également été créditée d’avoir semé les graines de la laïcité, le principe de laïcité français. Bien que la laïcité trouve son origine dans une loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, elle a été utilisée ces dernières années comme moteur des politiques anti-hijab.

    En 2004, le foulard musulman faisait partie des symboles religieux dont le port était interdit dans les écoles publiques françaises. Et en 2010, le pays a interdit le port du voile intégral, comme le niqab, dans les espaces publics tels que les rues, les parcs et les transports publics, devenant ainsi le premier pays européen à appliquer une interdiction à l’échelle nationale et lançant même une campagne gouvernementale qui affirmait fièrement que « la République se vit à visage découvert ».

    Ce sentiment a pris une nouvelle ironie au début de la pandémie de coronavirus en 2020, lorsque la France a rendu obligatoire le port de masques dans les espaces publics, tout en continuant à interdire les couvre-visages musulmans.

    « Les femmes musulmanes qui portent le hijab ont toujours été en butte à l’islamophobie pour leur identité visible », a déclaré à TIME Nazma Khan, fondatrice de la Journée mondiale du hijab. « En termes simples, l’interdiction du hijab proposée est une diffamation et une discrimination systématiques à l’encontre des femmes musulmanes portant le hijab. »

    Le Collectif contre l’islamophobie en France, un organisme à but non lucratif qui a été forcé par le gouvernement français à se dissoudre en 2020 dans un geste que Human Rights Watch a qualifié de « menace pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales », a signalé en 2019 que 70 % des discours et des actes de haine islamophobes en France étaient dirigés contre les femmes.

    Pour les défenseurs de la cause, la focalisation intense sur un marqueur physique d’altérité, ainsi que la rhétorique vantant l’autonomisation des femmes, peuvent détourner l’attention de ce qui est réellement en jeu : ce qu’ils considèrent comme une tentative de la France de contrôler les citoyens, comme les résidents territoriaux étaient contrôlés dans le passé.

    « S’il s’agissait de donner plus d’autonomie aux femmes musulmanes, alors dans ce cas, on pourrait les laisser, ou laisser toutes les femmes, porter ce qu’elles veulent », dit Al-Saji. « Mais il s’agit en fait de contrôler ce que les femmes portent et comment elles apparaissent et ce qui est vu et que leur corps est vu, ce genre de désir masculin colonial, qui construit les femmes musulmanes comme piégées et pions de leur culture et devant être dévoilées. »

    Time, 19 mai 2021

    Etiquettes : France, Islam, Hijab, controverse, polémique, islamophobie, xénophobie,

  • De Montpellier à Jérusalem, les musulmans sont toujours coupables sur LCI

    Samuel Gontier
    Publié le 12/05/21

    Sur France 2, Anne-Sophie Lapix adopte la rhétorique des syndicats policiers d’extrême droite. Sur BFMTV, Jean-Baptiste Boursier et Olivier Truchot mettent en valeur les militaires putschistes et les éditorialistes de “Valeurs actuelles”. Sur LCI, Caroline Fourest et Abnousse Shalmani fustigent une candidate voilée et des Palestiniens énervés.

    « Voici les titres de ce mardi 11 mai, annonce Anne-Sophie Lapix sur France 2. La nation a honoré la mémoire du brigadier Éric Masson, tué lors d’un contrôle antidrogue à Avignon. Le tueur présumé nie toujours les faits. » Il a beau nier, pour la présentatrice, il n’est pas présumé innocent mais « présumé tueur » donc coupable. Après les titres, Anne-Sophie Lapix revient sur « ce policier tué lors d’un simple contrôle de stupéfiants ». Un contrôle de stupéfiants ? La police voulaient vérifier si la drogue était en règle. Dans le sujet qui suit, il est encore question de « l’avocat du tueur présumé » donc coupable.

    « Pour répondre à l’émotion des policiers, relaie une journaliste, Matignon met des annonces sur la table. […] Annonces encourageantes mais insuffisantes pour la plupart des syndicats de police qui réclament des peines incompressibles. » La parole est au représentant d’Alliance. « Ça va rien changer dans le quotidien des policiers. L’individu va encourir une peine plus importante mais si elle est encore à l’appréciation du magistrat, rien ne dit que la peine prononcée sera tout aussi importante. » Il faudrait supprimer les magistrats et laisser les policiers juger eux-mêmes. « Certains magistrats voient surtout un effet d’annonce », précise la journaliste. « Ce sont des mesurettes qui pour la plupart existent déjà, persifle une représentante du Syndicat de la magistrature. On a besoin d’enquêteurs, de magistrats, de greffiers. » Mais le gouvernenemt a jugé plus rentable de commander des dizaines de milliers de munitions de LBD.

    « Bonsoir Monsieur le Premier ministre. » En plateau, Anne-Sophie Lapix accueille Jean Castex. « Le tueur présumé a 19 ans. » Elle y tient, à son présumé coupable. « Il était connu des services de police, il avait été jugé pour des faits de violence, de trafic de stupéfiants. » C’est bien la preuve de sa culpabilité. « Comment on aurait pu l’arrêter ? » L’arrêter préventivement ? Le droit ne le permet pas, c’est embêtant. « Les syndicats policiers ne vous demandaient pas plus de moyens, attaque la présentatrice. Ils veulent une peine minimale, incompressible, que l’agresseur sache qu’il va être condamné. Et c’est pas le cas aujourd’hui. » Ah bon ? Les agresseurs de policiers ne sont pas condamnés ? Je dois être victime d’une hallucination, confondre Anne-Sophie Lapix sur France 2 avec Laurence Ferrari sur CNews.

    Mieux vaut BFMTV. « La première tribune signée par des généraux a fait beaucoup de bruit, rappelle Jean-Baptiste Boursier samedi soir. Et une nouvelle tribune est à paraître cette semaine, toujours dans le magazine Valeurs actuelles. » BFMTV est à la pointe de l’information, elle parle déjà d’une tribune qui n’existe pas. « Son directeur de la rédaction est en direct avec nous, bonsoir Geoffroy Lejeune. » Chouette, je vais vivre de l’intérieur l’élaboration de la tribune. « Pourquoi y aura-t-il une nouvelle tribune ? » Pour apaiser les esprits, je suppose. « On a été sollicité pour publier cette tribune, explique Geoffroy Lejeune. Et, en règle générale, on est d’accord pour que tout le monde s’exprime. » Par exemple, on publie régulièrement des tribunes de travailleurs sans-papiers ou de victimes de violences policières.

    Pendant les douze minutes de l’entretien, Jean-Baptiste Boursier répète une seule question, cherchant obstinément à savoir si la tribune est authentique. « On fait notre travail de vérification, de journalistes, certifie Geoffroy Lejeune. Il faut qu’on s’assure que ça n’a pas été signé par des gens qui n’existent pas ou qui ne sont pas militaires. On est en train de tout vérifier. » Je suis impressionné par le zèle déontologique des journalistes de Valeurs actuelles… Les mêmes qui ont publié le récit totalement bidonné d’un prof soi-disant victime d’islamistes. Sur le fond, Geoffroy Lejeune précise : « C’est une tribune qui donne un cadre de réflexion. » Christophe Barbier va être ravi, il adore le cadre de réflexion des appels au putsch. « La première tribune des militaires, c’était un diagnostic, un pronostic et un appel, explique-t-il. Le diagnostic, tout le monde est d’accord : une société déchirée, une montée de la violence… » Des hordes de barbares dans nos banlieues, des musulmans grands remplaçants… Tout le monde (d’extrême droite) est d’accord.

    À propos de musulmans, on a quoi cette semaine pour leur taper dessus ? « Je voudrais vous raconter l’histoire d’une candidate voilée sur une affiche électorale, propose Olivier Truchot mardi soir. Cette candidate voilée, c’est une candidate de LREM aux départementales de Montpellier. La polémique est venue d’un tweet de Jordan Bardella, Stanislas Guerini a réagi. » En cédant à l’injonction du RN, sans doute pour consolider le fameux « front républicain » (contre la gauche). « Qu’en pense la sénatrice Valérie Boyer ? » Du mal, bien sûr. Olivier Truchot lui demande fort à propos : « On vous a reproché un temps de porter une croix assez visible lorsque vous étiez sur les plateaux télé. Quelle est la différence ? — Le voile, c’est un interdit de fraternité, un interdit de liberté et un interdit d’égalité. » Alors que la croix, pas du tout. « Merci d’avoir été avec nous », salue le présentateur sans la relancer.

    Au bout de presque dix minutes, Olivier Truchot précise : « Rappelons que Sarah Zemmahi, elle a un nom, cette candidate qui apparaît voilée… » Révélation, une femme voilée a donc un nom. Comme si son voile ne suffisait pas à la définir. Pour en parler, BFMTV a convié Tugdual Denis, de Valeurs actuelles. Olivier Truchot relève : « C’est un débat qui transcende les partis. À LREM, ils ne sont pas d’accord entre eux. À gauche, ils ne sont pas d’accord entre eux. Et à droite, on peut trouver des partisans de la laïcité… » Laquelle n’interdit pourtant pas de porter un signe religieux dans l’espace public. « … Et puis d’autres qui, au contraire, veulent afficher leurs convictions religieuses. » Mais seulement si ce sont les convictions de Valérie Boyer.

    Alain Marschall apparaît pour annoncer le sommaire de la tranche suivante. « Invité à 19h30, Jordan Bardella, du RN, à propos de la polémique sur la candidate voilée présente sur une liste de LREM. » À l’écran s’affiche un titre interrogatif, « Voile : En marche se déchire, le RN en profite ? » Sur BFMTV, c’est certain.

    Sur LCI aussi. « Une candidate aux élections départementales peut-elle porter le voile ?, demande David Pujadas. — C’est parfaitement légal », répond une journaliste. Il n’empêche que, selon Hala Oukili, éditorialiste à Causeur, « nous sommes pris en otages par ces polémiques qui reviennent incessamment ». C’est malheureux, l’extrême droite est prise en otage par les polémiques qu’elle suscite. « Chaque élection a aujourd’hui sa voilée. » Pas besoin de la nommer, « la voilée » suffit à la désigner. « C’est un sujet qui gangrène la société depuis quarante ans. » Comme l’extrême droite, mais c’est une coïncidence. « Le cadre juridique est clair, rappelle David Pujadas, elle a le droit de porter un voile. — On ne peut pas utiliser le droit pour parler de ce genre de sujet. » Il ne manquerait plus qu’on respecte le droit. « Il [le voile] fait référence à quelque chose d’exogène dans notre culture. » Tout ce qui est exogène doit être rejeté. « Est-ce qu’on s’est limité au droit pour légiférer sur la polygamie, sur l’excision ? » Parce qu’en plus « la voilée » est aussi polygame et pratique l’excision ? Elle mérite la déchéance de nationalité – ça l’empêcherait de se présenter à des élections.

    « D’accord, convient David Pujadas, le débat est politique mais… — Il est plus que politique, le coupe Hala Oukili, il est civilisationnel. » C’est une guerre de civilisation, le grand remplacement est en marche. « On affaiblit la laïcité en la ramenant sur le tapis quand on veut parler du hijab parce que le hijab est naturellement prosélyte. » Tout le monde a constaté les conversions massives instantanément provoquées par l’apparition d’un hijab. « Ça instaure une inégalité entre l’homme et la femme, sur ce point on est tous d’accord, approuve Emmanuelle Ducros, agrochimiste à L’Opinion. C’est la République qui dit que l’homme et la femme n’ont pas à être discriminés ou traités différemment. » Mais que seule la femme doit être jugée sur sa manière de s’habiller.

    « Je suis effaré par les raccourcis sur cette affaire, proteste Zyad Limam, d’Afrique Magazine. C’est une belle manip du RN, un membre du RN fait un tweet… — Ça, le coupe David Pujadas, c’est le doigt qui montre la lune. » Zyad Limam est vraiment idiot, il regarde le tweet au lieu de regarder le voile. « Ce qui m’inquiète, persiste l’islamo-gauchiste, c’est que l’agenda est dicté par l’extrême droite : les généraux, le voile… — L’agenda peut être dicté par l’extrême droite, revendique David Pujadas. Y a un fait, le RN le montre mais on l’aurait vu sans le RN. » Le RN nous a simplement mâché le travail. « La droite fondamentaliste catholique fait de la politique et c’est toujours les musulmans qui posent problème, déplore Zyad Limam. Je suis consterné que le débat soit dicté totalement à l’extrême droite en ce moment… — C’est pas l’extrême droite qui fait l’agenda des sujets », le coupe à nouveau David Pujadas. C’est l’agenda qui fait les sujets d’extrême droite.

    « C’est pas un vêtement, clame le LR Philippe Juvin, c’est un acte politique. — Vous êtes d’accord que c’est un signe de séparatisme ?, se rengorge David Pujadas. — C’est une volonté très claire de nourrir un séparatisme. » Se présenter aux élections départementales sur une liste de la majorité présidentielle, voilà bien le comble du séparatisme. « La laïcité a un sens juridique mais elle a aussi un sens comportemental. » Et vestimentaire. « C’est un pacte de discrétion. » Sauf pour les cathos qui s’affichent à la messe et arborent des crucifix.

    David Pujadas se pourlèche : « Quelques éléments de biographie parce que c’est sorti immédiatement, évidemment. » La fachosphère a bien travaillé. « Oui, j’ai publié un article dans Causeur avant de venir, pavoise Hala Oukili. La candidate est une étudiante brillante diplômée en ingénierie de la santé sauf qu’on remarque qu’en 2015 elle a créé une association pour apporter de l’aide scolaire, valoriser des parcours d’excellence. Comme par hasard, c’est une association qui ne fait que du prosélytisme et la promotion du niqab. » Et qui promeut la lapidation des femmes adultères, sans aucun doute.

    Pour mettre tout le monde d’accord, David Pujadas reçoit comme chaque mardi son invitée d’honneur dans la rubrique intitulée « Fourest en liberté ». Surprise : « Dans l’actualité, vous avez voulu revenir sur cette affaire de candidate voilée. » Caroline Fourest dénonce « l’instrumentalisation de cette candidate ». Tellement idiote qu’elle se laisse manipuler par LREM à des fins électoralistes. « J’entendais des députés LREM dire : “C’est formidable, elle fait du soutien scolaire.” Oui, tous les militants des Frères musulmans font du soutien scolaire, c’est la base quand vous voulez noyauter la vie associative et politique. C’est pas le cas de toutes les femmes voilées mais c’est le cas de celle-là. » Pas de doute, la moindre femme qui porte un voile et se préoccupe de scolarité appartient à la cinquième colonne.

    David Pujadas accueille à présent ses éditorialistes. « Votre parti pris à l’international, Abnousse Shalmani. On a envie de comprendre ce qui se passe à Jérusalem. » Bof, ça doit être accessoire : aucun débat des chaînes info n’y est consacré. « Et vous nous dites : “La rue prend la main.” » Le gouvernement israélien n’y est pour rien. « Oui, dès le début, la rue a pris la main, assure l’experte. Il faut remettre dans le contexte ce qui est en train de se passer. D’une part, on est à un moment post-confinement, tous les conflits ont été gelés et donc quand ça dégèle, ça tape plus fort, c’est inévitable. » Les morts et les blessés à Jérusalem, à Gaza, c’est la faute au Covid. « Et ça s’inscrit dans le mois du ramadan qui, depuis quelques années, sous pression des islamistes, est un mois de djihad, de révolte, d’attaques. » C’est aussi la faute des musulmans.

    « Tout a commencé le 15 avril, c’est venu de la rue, une scène dans le tramway à Jérusalem, vous voyez deux juifs religieux assis et une bande de jeunes Palestiniens les giflent. » L’image est formelle : c’est un Palestinien qui a commencé. Si des suprémacistes juifs avaient manifesté à Jérusalem pendant des semaines en hurlant « mort aux Arabes ! », la « spécialiste à l’international » de LCI en aurait entendu parler. « C’est le début du moment où la rue s’est enflammée et s’est concentrée (sic) à Jérusalem-Est. Jérusalem-Est est au cœur d’un conflit bien entendu, puisque après 1948 elle a été sous contrôle jordanien et, en 1967, après la guerre des Six-Jours, a été récupérée par Israël. » Au mépris du droit international, ce qui lui a valu des condamnations de l’ONU, mais on ne va pas vous embêter avec des considérations juridiques.

    « D’ailleurs, lundi, poursuit l’éditorialiste, c’était la fameuse “journée de Jérusalem” que l’État israélien a justement annulée pour éviter d’en rajouter… » Le gouvernement israélien est vraiment très prévenant avec les Palestiniens. Ce qui n’a pas empêché une manifestation statique au cours de laquelle les extrémistes scandaient à nouveau « mort aux Arabes ! ». « … Comme il a annulé la décision de justice sur la grande affaire du quartier de Cheikh Jarrah, qui est le quartier arabe de Jérusalem-Est, mais les juifs d’avant 1948 réclament leur droit du retour et on parle de colonisation, etc. » On en parle, etc., et elle a lieu, la colonisation : quatorze mille habitants palestiniens ont déjà perdu leur résidence.

    L’éditorialiste approfondit l’analyse. « Ce qui se passe aujourd’hui est vraiment la résultante de l’abandon du peuple palestinien par deux forces. D’un, par les États arabes avec les accords d’Abraham, où pas une ligne n’était dévolue aux Palestiniens, on les a mis sous le tapis. C’est l’aveu que les Palestiniens étaient bien utiles pour cacher les échecs des États arabes, dès qu’ils perdaient la main, ils organisaient une manifestation pro-palestinienne. » Les morts et les blessés à Jérusalem et à Gaza, Israël n’y est pour rien, c’est la faute des pays arabes. Et des responsables palestiniens : « C’est aussi l’abandon des autorités palestiniennes, du Fatah de Mahmoud Abbas et du Hamas. » Les nombreux politiques israéliens qui se déplacent pour manifester et harceler les Palestiniens aux côtés d’extrémistes religieux bénéficiant d’une incroyable impunité n’ont rien à voir avec la dégradation de la situation.

    Abnousse Shalmani détaille : « Le Fatah a annulé des élections, ça a mis le feu aux poudres. » Alors que la politique d’apartheid menée par Israël était plébiscitée par les Palestiniens. « Et le Hamas, il est rentré dans le jeu en envoyant cent cinquante roquettes. Ils attendent qu’une chose, au Hamas, c’est que tous les mois des valises de 30 millions de dollars arrivent des Émirats arabes unis jusque dans la bande de Gaza, et ils essaient de tout mettre dans leurs poches qui débordent déjà de leur corruption endémique. » La corruption, ça n’arriverait pas en Israël, où Benyamin Netanyahou tente de préserver son immunité en s’accrochant à son poste de Premier ministre. Pour y parvenir, faire monter les tensions avec les Palestiniens est une recette éprouvée. « Et voilà où on se retrouve. » À cause des Arabes, des Arabes et des Arabes mais aussi des Arabes. « Le summum : il y a quand même un parti arabe israélien qui pendant la campagne électorale n’a pas eu un mot pour les Palestiniens. » En résumé, si les Palestiniens se font tuer, c’est la faute aux Palestiniens.

    Telerama, 12 mai 2021

    Etiquetes : France, islamophobie, xénophobie, extrême droite, généraux, voile,

  • Algérie/ Paix et unité

    Après un mois de jeûne et d’abstinence, le peuple algérien célèbre l’Aïd-el-Fitr dans une conjoncture inédite, fortement impactée par les effets néfastes d’une crise sanitaire planétaire sans précédent.

    L’épreuve est pénible, mais pas insurmontable. Elle intime l’obligation de faire prévaloir les valeurs d’entraide, de patience mais surtout de s’en tenir scrupuleusement aux orientations des autorités sanitaires, car le danger n’est pas encore conjuré. Loin s’en faut. C’est l’occasion de nous incliner devant la mémoire des victimes de l’épidémie et de souhaiter un prompt rétablissement à tous les malades. Le Président Abdelmadjid Tebboune ne cesse de réaffirmer en ce sens la nécessité de rester entièrement mobilisé contre la Covid-19. La mission et l’engagement de l’État sont avant tout la protection de la santé des citoyens. À cet effet, l’Algérie déploie des efforts considérables et consent des investissements colossaux pour améliorer ses capacités de résistance face au coronavirus.

    L’Aïd-el-Fitr est célébré au moment où des brutalités sauvages, haineuses et racistes de l’entité sioniste, notamment dans la ville sainte d’El-Qods occupée, sont commises contre la population civile palestinienne. Une répression dure et criminelle qui fait des victimes parmi les femmes, les jeunes et les enfants. La communauté internationale est choquée par cette barbarie qui ne connaît aucune limite quand il s’agit de réprimer, d’emprisonner, transgressant outrageusement la légalité internationale. Le gouvernement et le peuple algériens demeurent solidaires avec le peuple palestinien et le soutiennent en ces circonstances gravissimes.

    Par ailleurs, il devient de plus en plus difficile de nier l’existence de l’islamophobie qui vise les personnes de confession musulmane. On enferme socialement et politiquement toute une communauté dans une catégorie figée et stéréotypée. Cela crée un faux problème musulman dans la plupart des pays occidentaux. Les musulmans de toutes les contrées ont le devoir de battre en brèche tout ce qui pourrait nuire au vrai visage de l’islam, à ses vertus, à ses préceptes avérés de coexistence pacifique dans le respect des croyances et des opinions.

    Il convient de rester attaché aux valeurs d’un islam du juste milieu qui, de tout temps, rejette les manifestations de violence et d’excès et répugne à l’effusion de sang. Il n’est pas vain d’insister sur la nécessité de mettre à l’abri cette religion de l’emprise des manipulateurs de conscience, de faux exégètes qui véhiculent des idées aux antipodes de ses véritables enseignements. Les pays confrontés à ce phénomène de radicalisme fanatique ont tout intérêt à favoriser des recherches, des études, à encourager et à fortifier une pensée préventive, éclairée contre des courants obscurantistes qui reposent sur la vulnérabilité sociale et économique de jeunes en difficulté d’insertion, de perspectives crédibles, séduits par le chant des sirènes de «prédicateurs» passés maîtres dans l’art de la subversion et de l’endoctrinement.
    El Moudjahid, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Aïd El Fitre, Palestine, AL Qods, Israël, islamophobie, radicalisme fanatique,

  • France : Les nouveaux centurions

    par Abdou BENABBOU

    Curieuse et intrigante sortie de la vingtaine de généraux français à la retraite qui dans un communiqué annoncent qu’ils sont à la disposition du sauvetage de la France. Le grand pavé balancé au cœur de la société française suppose des concertations préliminaires poussées et qu’une partie de l’élite militaire dont des généraux de corps d’armée a décidé de se mettre à l’avant-poste de la scène pour, affirme-t-elle, défendre la France et sa civilisation. Le parallèle avec le putsch contre Charles de Gaule avorté du mois d’avril d’il y a soixante ans par les Salan, Challe, Jouhaud et consorts a été inévitablement établi sauf que là il ne s’agit pas de sauver l’Algérie française, mais de sauver la France elle-même. Rétropédalage ahurissant d’une histoire déroutante quand le constat livre des travers cachés des grandes puissances de ce monde toujours prolixes pour donner des leçons de bonne tenue. Quand l’économie suffoque, les aventuriers envahissent un parterre propice à de particulières défections. Les extrêmes se déploient et nourrissent les intégrismes.

    On sait de quoi il retourne et de quoi il s’agit. Malgré le détour pris des mots et l’achalandage exagéré de la prose sur les libertés religieuses, la démocratie française a du mal à vaincre ses vieux démons et il se trouvera toujours quelques flibustiers de mauvaise facture pour se manifester. «Valeurs actuelles» étant l’écusson des va-t-en-guerre et des crânes tatoués et rasés, il se prête volontiers à être le support des philosophies des extrêmes. Il participe avec les Zemmour, les Le Pen et compagnie à larder les croix pensant faussement viser les minarets.

    Malheureuse et infortunée France qui vient à l’évidence d’être sérieusement égratignée ! Serait-elle si faible et si mal gouvernée pour que des centurions séniles en mal d’ivresse et d’aventures se croient en droit de bousculer l’aura supposé de leur pays ?

    L’air n’y est pas à la sérénité. Comme dans la majorité des ailleurs le temps est de plus en plus dans le recul des intelligences et des concordes.

    Le Quotidien d’Oran, 29 avr 2021

    Etiquettes : France, généraux, islamophobie, Charles de Gaule, extrémisme, Valeurs Actuelles, extrême droite,


  • Un général français souhaite la mise à la retraite des officiers signataires

    Pour la première fois depuis la retentissante tribune parue dans Valeurs Actuelles, le général François Lecointre, chef d’Etat major des armées, s’exprime. Il nous parle des sanctions venir pour les généraux et pour les soldats d’active signataires.

    Le 21 avril, d’anciens militaires, dont une vingtaine de généraux, dénonçaient dans une tribune au style factieux parue dans « Valeurs actuelles », le « délitement » du pays, suggérant que l’armée pourrait passer l’action. Ce mercredi, 8 000 soldats l’avaient signée. Tollé politique, soutien de Marine Le Pen, opprobre de la gauche… Les mesures l’encontre des meneurs seront sévères, annonce le général François Lecointre.

    Comment avez-vous réagi a cette tribune ?

    Général François Lecointre. Je me suis d’abord dit qu’elle ne présentait pas grand intérêt, et ensuite que ses auteurs savaient très bien qu’ils prenaient un parti pris politique. Cela, je ne peux pas l’accepter, car la neutralité des armées est essentielle. Enfin, j’ai été choqué d’y lire un appel a l’armée d’active : ça me révulse absolument.

    Vous connaissez ces signataires ?

    Certains, oui, en particulier le général en retraite Piquemal (NDLR, ancien général 4 étoiles de la Légion étrangère), connu pour ses engagements politiques. Pour l’essentiel, ce sont des gens qui ont quitté l’armée il y a 20 ou 30 ans, que ma génération d’officiers n’a pas connus.

    «Guerre civile» et tribune d’ex-militaires : qui sont les signataires ?

    Ce texte reflète-t-il quelque chose de l’armée ?

    Il ne reflète en rien l’état d’esprit des armées aujourd’hui. L’armée est républicaine, elle n’est pas politisée, combat tous les jours pour son pays. Elle est a l’image de la société française. Contrairement aux fantasmes que certains entretiennent, elle est très diverse socialement. C’est le billet de gens a la retraite, qui ont une vision décalée de la réalité de nos engagements : je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade.

    je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade. Quand on est général en 2e section, on s’engage statutairement a respecter le devoir de réserve.

    La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé un recensement des signataires : y a-t-il des soldats d’active ?

    On est en train de faire ce recensement. Aujourd’hui, on dénombre 18 personnes en activité – dont quatre officiers – parmi les signataires, sur 210 000 militaires en activité.

    Echououk online, 29 avr 2021

    Etiquettes : Généraux, Valeurs Actuelles, signataires, Islamophobie, Islam, extrême droite, armée française,

  • «Une tête d’arabe»: Sonia Mabrouk “recadre” sèchement Elisabeth Lévy

    Sur la chaîne française CNews ce mardi 20 avril, la journaliste franco-tunisienne Sonia Mabrouk a dû remettre a sa place l’essayiste française Elisabeth Lévy après avoir utilisé le terme “tête d’arabe”.

    Sonia Mabrouk se sentait heurtée par Elisabeth Lévy qui -commentant les déclarations d’une mère de famille a propos de la mixité- en lançant le terme “tête d’arabe”.

    C’est une séquence qui ne cesse de faire parler. En déplacement a Montpellier, Emmanuel Macron a rencontré une mère de famille qui regrettait le manque de diversité. «Mon fils m’a demandé si le prénom de Pierre existait vraiment. Cela m’a vraiment choquée. Il faut davantage de mixité dans ce quartier», a-t-elle lancé au chef de l’Etat français. Une réplique qui a étonné et qui ne cesse d’être commentée. Ce mardi 20 avril, dans Midi News, sur CNews, Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction du magazine Causeur, et Sonia Mabrouk ont eu un échange tendu a ce sujet.

    «J’aurais des enfants, je n’aimerais pas qu’ils aillent a l’école dans un endroit où la majorité des mères sont voilées, sans boucheries non halal, où vous vous faites insulter si vous mangez pendant le Ramadan y compris si vous avez une tête d’arabe», a estimé Elisabeth Lévy, dans le but d’expliquer pourquoi il y avait peu de mixité dans certaines villes. Une réplique qui a fait réagir Sonia Mabrouk, qui s’est exclamée: «Oh ! Non mais alors la… C’est quoi, Elisabeth, une tête d’arabe? Je ne comprends pas…» Mais l’échange ne s’est pas arrêté la.

    “Je suis fière de mes origines”

    Heurtée par les mots de la chroniqueuse de CNews, que l’on voit souvent au côté de Pascal Praud, Sonia Mabrouk a demandé si elle avait «une tête d’arabe». «Oui, ça se voit que vous avez des origines, mais c’est un constat», lui a rétorqué Elisabeth Lévy. Et la journaliste franco-tunisienne lui lance a son tour: «Ecoutez, je suis très fière de mes origines donc tout va bien».

    Echourouk online, 21 avr 2021

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