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  • Assassinat, bakchichs et traite de Juifs : plongée au cœur de la longue alliance secrète du Mossad israélien avec le régime marocain

    Yossi Melman

    Des sacs mortuaires à l’écoute de sommets arabes, du copinage avec Franco à la contre-insurrection au Sahara occidental : c’est ainsi que le Mossad a construit, et presque détruit, la relation clandestine peut-être la plus solide qui ait existé entre Israël et un État arabe
    Six décennies de renseignements secrets, de liens militaires, politiques et culturels entre Israël et le Maroc ont finalement porté leurs fruits en public avec l’annonce, la semaine dernière, de la normalisation des relations entre les deux pays.
    Tous les chefs du Mossad depuis les années 1960 – Amit, Zamir, Hofi, Admoni, Shavit, Yatom, Halevy, Dagan, Pardo et le chef actuel Yossi Cohen – ont visité le pays nord-africain et ont rencontré ses dirigeants et ses chefs des services de renseignements. Mais sur quoi repose cette relation à long terme, peut-être la plus solide entre Israël et un pays du monde arabe ?
    Au cœur de cette longue alliance clandestine, il y a toujours eu la simple reconnaissance mutuelle qu’en coopérant l’un avec l’autre, les deux pays serviraient au mieux ce qu’ils croyaient être leurs intérêts nationaux.
    Au fil des ans, les relations ont connu des hauts et des bas ; elles se sont transformées et ont pris des formes différentes, parfois contradictoires, mais sont toujours restées solides au fond.
    Au début des années 1950 déjà, Israël avait des contacts avec le Maroc sous protectorat français, mais les relations ont vraiment pris de l’ampleur après que le Maroc a obtenu son indépendance du colonialisme français en mars 1956.
    Les Français avaient autorisé les Juifs marocains à aller et venir (et 70 000 étaient partis), mais le nouveau roi Mohammed V a restreint le droit de voyager des Juifs et a interdit leur émigration en Israël ; le sionisme a été criminalisé en 1959. Le roi pensait, comme d’autres dirigeants arabes, que quiconque s’installerait en Israël renforcerait non seulement l’État juif, mais qu’en tant que conscrits, ils pourraient finir par combattre leurs frères arabes, et même l’armée et les alliés du Maroc.
    Le Mossad entra en action pour trouver un moyen de contourner le verrouillage du roi. Il a mobilisé une équipe d’espions israéliens, dont beaucoup de Juifs marocains, tous francophones et arabophones, pour trouver des moyens d’extraire les 150 000 Juifs restants du Maroc.
    L’équipe s’appelait Misgeret – « Cadre»- et était chargée non seulement de l’émigration illégale vers Israël mais aussi de l’organisation d’unités pour défendre les communautés juives contre les menaces et le harcèlement d’une majorité musulmane arabe de plus en plus hostile. Les unités d’autodéfense étaient armées. Shmuel Toledano, un agent de longue date du Mossad, a été mis à la tête de l’opération, qui a duré cinq ans.
    L’opération Misgeret a fait en sorte que des taxis et des camions emmènent les Juifs hors du Maroc. Le cas échéant, les agents versaient des bakchichs à toutes sortes d’agents en uniforme tout au long du trajet. L’une des voies de sortie favorites était Tanger, à l’époque une ville internationale, et de son port, des bateaux partaient à destination d’Israël.
    Plus tard, deux villes de la côte marocaine qui étaient restées sous contrôle espagnol, Ceuta et Melilla, ont également servi de base au projet. Pour utiliser ces enclaves, le Mossad a obtenu l’entière coopération du dirigeant fasciste espagnol, le général Francisco Franco.
    Franco, selon le Mossad, agissait par culpabilité pour ses liens avec Hitler (qui avaient inclu la remise de listes détaillées de Juifs espagnols), et même, selon certains, l’expulsion par l’Espagne de ses Juifs en 1492.
    Le Mossad a acheté un ancien camp militaire situé dans la colonie britannique de Gibraltar, sur la côte sud de l’Espagne. Le terrain et les baraquements ont été convertis en un centre de transfert pour les Juifs sortant du Maroc.
    Une tragédie a changé la nature de l’opération. Le 10 janvier 1961, un bateau de pêche nommé « Egoz » (Poissons), rempli de réfugiés juifs clandestins, a chaviré dans une tempête entre la côte marocaine et Gibraltar. 42 hommes, femmes et enfants se sont noyés, ainsi qu’un opérateur radio du Mossad.
    La catastrophe a suscité de la sympathie à l’étranger, mais a révélé l’opération secrète du Mossad, ce qui a provoqué la colère des autorités marocaines.
    Toute l’opération, et ses agents, étaient en danger mais, heureusement pour Israël, en mars 1961, Mohammad V est mort et a été remplacé par son fils Hassan II.
    Le nouveau roi a cherché à améliorer les relations avec les USA et a été persuadé par l’American Jewish Joint Distribution Committee et l’Hebrew Immigrant Aid Society, deux importantes organisations humanitaires juives usaméricaines, qu’il ferait bonne impression s’il permettait aux Juifs de son royaume de partir librement pour Israël.
    En retour, le Joint et la HIAS ont versé des pots-de-vin au nouveau monarque et à ses hauts fonctionnaires, en fait une taxe de capitation pour chaque Juif autorisé à sortir, mais camouflée en « compensation » pour les investissements que le gouvernement marocain était censé faire dans l’éducation juive locale. Soutenus par des dons de juifs usaméricains, les deux groupes ont versé près de 50 millions de dollars pour graisser les roues et permettre à environ 60 000 juifs marocains de partir.
    Une nouvelle phase du projet d’immigration a été lancée, appelée « Yakhin » d’après l’un des piliers soutenant le temple de Salomon. Là encore, elle était gérée par le Mossad. Ainsi, 80 000 autres Juifs ont fait l’alya vers Israël entre 1961 et 1967.
    La petite communauté juive qui est restée au Maroc a fonctionné depuis lors comme un pont pour les liens israélo-marocains, surtout pendant les jours de tempête et les crises.
    Le projet « Misgeret », qui combinait l’immigration avec l’autodéfense communautaire et les pots-de-vin, devait servir de modèle pour de futures opérations de collaboration clandestine entre le Mossad et l’American Jewish Joint Distribution Committee au nom d’autres communautés juives en détresse dans le monde, de l’Argentine à l’Irak, en passant par l’Europe occidentale et plus tard le Yémen et l’Éthiopie.
    Le règne d’Hassan II est considéré comme l’âge d’or des relations secrètes entre les deux pays, relations cultivées à la fois par le Mossad et par son homologue marocain, dirigé par deux responsables des services de renseignement et de l’armée : le général Mohamed Oufkir et le colonel Ahmed Dlimi. Ces deux officiers seront plus tard tués sur ordre du roi, qui les accusera de comploter contre lui.
    Le duo de services de renseignements marocains a permis au Mossad d’ouvrir une station dans le pays : celle-ci était située dans une villa de la capitale, Rabat, et était dirigée par des agents expérimentés, parmi lesquels Yosef Porat et Dov Ashdot.
    Lorsque le Maroc a accueilli le deuxième sommet de la Ligue arabe en 1965, ses services de sécurité ont décidé de mettre sur écoute les chambres d’hôtel et les salles de conférence de Casablanca de tous les dirigeants arabes, des rois, présidents et premiers ministres à leurs chefs d’état-major militaires.
    Bien que cela ait pu être une pratique relativement courante pour tout service de sécurité dans le monde, les actions du Maroc étaient également alimentées par sa méfiance envers certains de ses frères de la Ligue arabe, et ont été encouragées par la CIA, qui avait de bonnes relations avec le roi Hassan. Mais ce qui était vraiment inhabituel, c’était l’implication d’un État officiellement ennemi dans l’opération d’écoute : Israël.
    Selon des rapports étrangers, des agents du Mossad étaient également sur place, aidant leurs homologues locaux dans l’opération d’écoute et partageant les informations.
    Selon ces rapports, le Maroc a aidé les agents du Mossad à installer des agents dans des pays arabes hostiles comme l’Égypte, alors l’ennemi juré d’Israël.
    Mais le Mossad s’est vite rendu compte que dans le monde de l’espionnage, on n’a rien pour rien. Les Marocains s’attendaient à un retour d’ascenseur – et sous une forme particulièrement problématique qui a failli faire échouer des décennies de travail pour construire l’alliance secrète entre Israël et le Maroc.
    En 1965, Oufkir et Dlimi ont demandé au chef du Mossad, Meir Amit, d’assassiner Mehdi Ben Barka, un leader charismatique de l’opposition marocaine et un adversaire acharné d’Hassan II. Amit a consulté le premier ministre Levi Eshkol ; il s’agissait clairement d’une demande inhabituelle : devenir les mercenaires du Maroc pour un assassinat politique intérieur.
    Eshkol a opposé son veto à la demande, mais a autorisé le Mossad à aider les Marocains à localiser Ben Barka. « J’ai été surpris de voir à quel point c’était facile pour nous », m’a dit Rafi Eitan, alors chef des opérations du Mossad en Europe, il y a plusieurs années (Eitan est mort en 2019).
    « Les Marocains nous ont dit que Ben Barka était à Genève. J’ai demandé à un de nos assistants et il a trouvé l’adresse dans un annuaire téléphonique local ». Des agents marocains, assistés par d’anciens agents de la police et de la sécurité françaises se faisant passer pour une équipe de production de film, ont attiré Ben Barka à la Brasserie Lipp à Paris et l’ont kidnappé en plein jour.
    Les deux plus proches contacts marocains du Mossad, Oufkir et Dlimi, ont personnellement interrogé et torturé à mort Ben Baraka. Il n’était pas clair s’ils avaient eu l’intention de le tuer. Dlimi a paniqué et s’est empressé de demander une autre faveur à Eitan : l’aider à se débarrasser du corps.
    Selon des rapports étrangers, Eitan a ouvert une carte, a indiqué la zone verte et boisée du Bois de Boulogne, la capitale française, leur a dit d’acheter un sac d’acide, d’y envelopper le corps et de l’y enterrer.
    Le corps de Ben Barka n’a jamais été retrouvé, mais l’assassinat a provoqué une tempête diplomatique et politique en France, au Maroc et en Israël.
    Le président français Charles de Gaulle a exigé des explications d’Israël, et a menacé de fermer la station du Mossad à Paris, alors son principal centre d’opérations européennes. En Israël, une commission d’enquête a été mise en place pour répondre à la question clé : qui a donné l’ordre de participer au complot. Le chef du Mossad Amit et le Premier ministre Eshkol ont expliqué qu’Israël n’était impliqué qu’indirectement dans le meurtre, mais le monde a refusé d’accepter leur histoire.
    Cette demande fatidique du Maroc allait servir de précédent à la façon dont le Mossad allait réagir lorsque de nombreux autres services de sécurité demandèrent de l’aide pour se débarrasser de leurs opposants politiques. Depuis la débâcle de Ben Barka, le Mossad a toujours rejeté ces demandes.
    Deux ans plus tard, Israël a remporté une victoire rapide lors de la guerre des six jours de 1967. Le prestige d’Israël s’est accru, ce qui a contribué à améliorer les relations avec le Maroc. Les surplus de guerre d’Israël – chars et artillerie de fabrication française – ont été vendus à l’armée marocaine.
    Mais ces relations n’ont pas empêché le roi Hassan II d’envoyer ses troupes pour aider l’effort de guerre égypto-syrien contre Israël en 1973. En représailles, le chef du Mossad, Yitzhak Hofi, a ordonné l’arrêt de la coopération avec le Maroc.
    La querelle n’a pas duré très longtemps. En 1977, le roi Hassan a été l’hôte des réunions secrètes entre le Mossad et l’Égypte qui ont ouvert la voie au discours historique de Sadate à la Knesset et au traité de paix signé entre Jérusalem et le Caire, le premier du genre entre Israël et le monde arabe.
    Les relations israélo-marocaines se sont rapidement remises sur les rails dans tous les domaines. Les équipements, conseillers et experts militaires israéliens ont enseigné à leurs homologues marocains les tactiques contre-insurrectionnelles pour combattre le Front Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1976.
    À la suite du processus de paix entre Israël et l’OLP et des accords d’Oslo, et sur les traces d’autres États arabes et musulmans, le Maroc a ouvert une mission diplomatique de bas niveau à Tel-Aviv. Après la deuxième intifada, le roi Mohammed VI, qui avait entretemps hérité de la couronne de son défunt père Hassan, a ordonné la fermeture de la mission en 2000.
    Mais les liens informels sont toujours restés en place. On estime qu’un million d’Israéliens peuvent se prévaloir d’une ascendance marocaine, et que ces derniers et d’autres Israéliens sont autorisés à prendre l’avion et à voyager au Maroc depuis des années. Le commerce bilatéral est en constante augmentation. Les liens entre les deux pays en matière de renseignements et d’affaires militaires sont meilleurs que jamais.
    La récente annonce de la normalisation formalise et officialise ce qui a été une longue relation clandestine entre Israël et le Maroc, plantée et cultivée par le Mossad.
    Il s’agit d’un exemple classique de l’action du Mossad en tant que bras de l’ombre de la politique étrangère israélienne, et il ne serait pas surprenant que les relations avec d’autres États – comme Oman, l’Arabie Saoudite et l’Indonésie, où les services secrets israéliens ont également pris les devants, apparaissent également au grand jour, avec l’établissement de relations diplomatiques officielles.
    Source : Tlaxcala, 20 déc 2020
  • La Normalisation des relations Maroc-Israël est le couronnement d’une « collaboration secrète »

    L’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement des années de collaboration bilatérale « secrète » dans les domaines d’armes et d’espionnage, selon le New York Times (NYT).

    Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël, qui ont accepté de normaliser leurs relations, ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignement et les assassinats (…), révèle le quotidien américain dans son édition de vendredi.
    Derrière l’annonce faite, jeudi, par le président américain sortant Donald Trump, » il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre les deux parties », souligne la même source.
    En effet, d’après le quotidien new-yorkais, Israël a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    La collaboration découverte grâce à une série de documents et d’entretiens menés « reflète une politique israélienne de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés ».
    La relation maroco-israélienne découle en partie du grand nombre de Juifs vivant au Maroc avant la création de l’entité sioniste en 1948, dont beaucoup y émigreraient. Un million d’Israéliens sont originaires du Maroc, selon les données relatées par le journal.
    En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées.
    Les écoutes clandestines ont donné à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
    Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
    Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus » la voie secondaire » entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu « le site de réunions secrètes » entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Mohammad VI, a sollicité l’aide d’Israël pour obtenir l’acceptation américaine de l’annexion illégale du Sahara occidental.
    Source : DIA, 12 décembre 2020
    Tags : Maroc, Israël, Algérie, Mossad, P°alestine, Ben Barka, Guerre des Six Jours, Hassan II, Mohammed VI,
  • La Palestine trahie

     

    par Ammar Koroghli*

    «La paix basée sur l’égalité et la justice passe avant tout par la fin de l’impunité d´Israël. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral à l’image de celui qui a fait plier le régime de l’Apartheid» (Pierre STAMBOUL)
    Ainsi, divers Etats des « pays frères » normalisent leurs relations avec l’entité sioniste. Triste normalisation pour les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan, le Maroc (après l’Egypte et la Jordanie), faisant peu de cas de leurs peuples muselés et sous la férule et la carotte de l’oncle Sam en proposant d’ignobles marchandages. De la duplicité politique à l’état pur.
    Dans son film « America America » (1963), Elia Kazan (Grec par les origines, Turc par la naissance) met en scène des personnages dont des Arméniens subissant le joug des tenants de l’Empire ottoman. Se doutait-il que l’Administration de cette Amérique qu’il vénérait allait porter de rudes coups à un autre peuple ? Jusqu’à décider unilatéralement de faire d’El Qods capitale d’Israël et de proposer des trocs politiques à des régimes honnis par leurs peuples. Décisions autant irresponsables qu’infondées à tous points de vue, notamment de la légalité internationale… Pire : des « pays frères » arabes plantent donc, désormais à ciel ouvert, leurs couteaux dans le dos du peuple palestinien, victime innocente, notamment de la « perfide Albion » (« L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts »). Méditons la leçon.
    Rappelons-nous. Tout commence le 2 novembre 1917. Un certain Arthur Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères s’il en fut qui, dans une lettre ouverte, a pu écrire : «Le gouvernement de Sa Majesté voit favorablement l´établissement d´un foyer national juif en Palestine» (exit l´Argentine et l’Ouganda comme projet pour ce faire). Pour rappel également, l´ONU adopta la résolution 181 partageant la Palestine en un État juif (56% des territoires pour seulement un tiers des habitants Juifs et le reste -48% des terres- pour les deux tiers d’habitants arabes). Ce, avec un statut international pour Jérusalem. Pour les Palestiniens, c´est la Naqaba, la catastrophe. C‘est la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l´exil de la grande majorité de la population. Dès l’origine à ce jour, les Palestiniens vivent la marginalisation, les discriminations, les assassinats «ciblés», la misère… La question palestinienne se doit d’être le problème de tous les esprits épris de justice et de liberté pour les peuples autant que pour les individus. Il s’agit tout de même de l´expulsion de tout un peuple de sa terre.
    Et depuis plus d´un siècle, le sionisme applique la même stratégie : s’emparer des terres et institutionnaliser le fait accompli afin de marginaliser le peuple palestinien. Et pourtant en Palestine, et ailleurs dans les pays arabes du Machrèk comme du Maghreb, la communauté juive vivait paisiblement avec les Arabes de façon générale et les Palestiniens de façon particulière. Peuple innocent, le peuple palestinien a été également trahi par les dirigeants des pays arabes. Ainsi, la guerre de 1948 a entraîné 800.000 expulsés (plus de la moitié de la population arabe de Palestine) et des villages entiers ont été effacés de la carte de la Palestine (plus de 500). Ceux qui ont pu échapper à l´expulsion forment aujourd´hui avec leurs descendants environ 15 à 20% de la population israélienne et vivent dans un Etat qui se définit comme juif, les ignorant superbement. Et pratiquant à ce jour une colonisation condamnée par les instances internationales comme par les Etats.
    Cette duplicité qui ne dit pas son nom continue. Ainsi, l´Égypte a commencé dès le 1er mai 2008 ses livraisons de gaz à Israël. Elle s´était engagée à lui livrer 1,7 milliard de mètres cube de gaz par an durant 15 ans au moment même où Ghaza, sous embargo israélien, n´avait pas d´électricité ! Et, en cela, on aura raison de dire qu’on ne saurait être plus arabe que les arabes eux-mêmes, d’autant qu’un certain nombre d’entre ces pays « frères » se dévoilent désormais au grand jour pour « normaliser » leurs relations avec l’entité sioniste, jusque là souterraines pour consolider et pérenniser leurs régimes que l’Histoire ne manquera pas de condamner et de clouer au pilori. Ces monarchies ne tiennent que par leurs pétrodollars et leurs liens avec leur oncle Sam.
    Cela étant, les groupes de pression agissant dans les sphères politique, économique et médiatique (pour l’essentiel en Europe occidentale et aux USA) bénéficient en toute vraisemblance d’une marge de manœuvre suffisante permettant une action de nature à effacer définitivement cette injustice flagrante à l’endroit des Palestiniens. Injustice à laquelle ont contribué ces pays. Mais le peuple palestinien continue de souffrir le martyr du fait du sentiment de culpabilité des pays occidentaux sur lesquels un magistère moral est exercé en permanence par ces groupes de pression. Et, faut-il le rappeler, Israël reçoit une énorme aide de toutes natures des Etats-Unis (chaque année quelque cinq milliards de dollars) et autres livraisons d´armes ?
    Et faut-il préciser ici que, de l’intérieur d’Israël même, des voix s’élèvent pour dire non à cette injustice et à l’impunité d’Israël. Ainsi, ce qu’il a été convenu d’appeler les nouveaux historiens israéliens soulignent par exemple la responsabilité de Ben Gourion, entre autres, dans l´expulsion de plus d´un demi-million de Palestiniens. L’un d’eux, Ilan Pappé, dont l’un des ouvrages est paru sous le titre : «Le Nettoyage ethnique de la Palestine» ne manque pas de le souligner : «Quand la propagande israélienne répète inlassablement que «les Arabes sont partis d´eux-mêmes» à l´appel de leurs dirigeants, il s´agit d´un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s´est déroulé, il y a 60 ans» (Ilan Pappé : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Ed. Fayard, Paris).
    Certains journalistes israéliens ne sont pas en reste dans la dénonciation d’Israël, l’un d’eux écrit: «Deïr Yassin, c´est ce paisible village que les groupes juifs terroristes Etzel et Lehi avaient attaqué, le 9 avril 1948, en massacrant toute la population : hommes, femmes et enfants. Je ne rappellerai pas ici l´histoire sanglante des oreilles tranchées, des entrailles répandues, des femmes violées, des hommes brûlés vifs, des corps jetés dans une carrière, ni la parade triomphale des meurtriers» (Israël Shamir: Les chasseurs de vampires Jaffa, le 14 mars 2001 ; cité par L’Expression du 12 Mai 2008).
    Et que dire alors de Sabra et Chatila ? De l’invasion du Liban et des massacres de Ghaza ? Alors comment faire la paix dans ces conditions ? Le président Bill Clinton qui a exercé durant deux mandats n’a pas réussi. Le président Barack Obama également. L’Administration américaine du président élu, M. Biden, le pourra t-elle ? Le doute est permis, et pas seulement par référence au coup de Jarnac du président sortant, fantasque et imprévisible à souhait. La politique de la terre brulée.
    En effet, pour cette question éminemment urgente, celle de la Palestine, force est d’observer également qu’avec deux mandats, l’action dans la perspective de la paix du président Obama n’a pas eu les résultats escomptés. Et sans aucun doute, sa réélection n’a même pas permis de mesurer les efforts consentis pour à la fois redresser l’économie de son pays (ce faisant l’économie mondiale), mais également à contribuer à résorber les foyers de tensions en Palestine (mais également en Irak et en Afghanistan). Les Etats-Unis y sont pourtant pour quelque chose dans ce chaos. Comment remettre ces pays en l’état, à un moment où, de surcroît, notre Terre gravement menacée par ailleurs comme ne cessent de nous en aviser les experts en écologie. Un auteur américain, William Blum, ayant gravité dans l’Administration américaine en qualité de haut fonctionnaire, expose lucidement les intérêts de cette administration, voire de certaines couches et individualités localisées et liées aux grandes sociétés pétrolières et au complexe militaro-industriel américain. Alors, la question palestinienne aux USA ? Les intérêts, économiques pour l’essentiel, d’abord…
    Il est vrai qu’en l’absence de contrepoids sérieux, crédible et efficace dans son opposition à cette même administration, force est d’observer que celle-ci monopolise (pour combien de temps encore ?) la violence à l’échelle planétaire sous le couvert de «mondialisation» et agit de façon fort belliqueuse depuis 1945 afin de mettre toutes les économies considérées comme périphériques sinon à genoux, à tout le moins tournant autour de sa galaxie… Ainsi pour atteindre ses objectifs, l’auteur nous rappelle que l’Administration américaine a été l’auteur de bombardements du Japon (bombe A sur Hiroshima et Nagasaki) et du Vietnam (un million de morts et vingt ans de destruction de ce pays). Elle a utilisé de l’uranium appauvri (qui est radioactif) lors de la guerre du Golfe, ainsi que des bombes à fragmentation (William Blum : L’Etat voyou, éditions Parangon, cité dans ma contribution : «L’Irak : les leçons d’une agression» in El Watan du 6 avril 2008). Il est vrai hélas que l’Amérique s’est bâtie dès l’origine sur la violence : massacre des Amérindiens dont les survivants ont été parqués dans des réserves et traite des Noirs devenus depuis Afro-américains qui n’ont de cesse, à ce jour, de se battre pour leurs droits civiques.
    Monsieur Obama a pu dire Yes, we can. Son successeur fait d’El Qods capitale d’Israël. Et pourtant (comme a pu dire Galilée, en son temps), contribuer au règlement de la question palestinienne est un devoir de la plus haute importance, d’autant que les Palestiniens (voire les Arabes et les Musulmans) n’ont pas de lobby qui oeuvrent pour leur cause. Ou si peu. Combien, en effet, la Maison Blanche compte t-elle de collaborateurs et autres conseillers Arabes et Musulmans ?
    Oui, la question palestinienne est aussi notre problème, Arabe ou pas. El Qods demeurera éternelle pour tous et non pour une communauté prédéfinie. Elle devrait être la question qui interpelle tous ceux et celles épris de paix, de justice et de liberté en Algérie et à travers le monde. Le peuple palestinien ne doit pas être livré à lui-même. Pas plus que le peuple sahraoui ; à cet égard, le Maghreb divisé plus que jamais recule plus qu’il n’avance pour le plus grand bonheur des puissances du moment.
    *(Avocat – Auteur Algérien)
    Le Quotidien d’Oran, 20 déc 2020
    #Palestine #Israël #Normalisation

  • La Normalisation des relations Maroc-Israël est le couronnement d’une « collaboration secrète »

    L’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement des années de collaboration bilatérale « secrète » dans les domaines d’armes et d’espionnage, selon le New York Times (NYT).

    Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël, qui ont accepté de normaliser leurs relations, ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignement et les assassinats (…), révèle le quotidien américain dans son édition de vendredi.
    Derrière l’annonce faite, jeudi, par le président américain sortant Donald Trump, » il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre les deux parties », souligne la même source.
    En effet, d’après le quotidien new-yorkais, Israël a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    La collaboration découverte grâce à une série de documents et d’entretiens menés « reflète une politique israélienne de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés ».
    La relation maroco-israélienne découle en partie du grand nombre de Juifs vivant au Maroc avant la création de l’entité sioniste en 1948, dont beaucoup y émigreraient. Un million d’Israéliens sont originaires du Maroc, selon les données relatées par le journal.
    En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées.
    Les écoutes clandestines ont donné à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
    Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
    Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus » la voie secondaire » entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu « le site de réunions secrètes » entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Mohammad VI, a sollicité l’aide d’Israël pour obtenir l’acceptation américaine de l’annexion illégale du Sahara occidental.
    DIA, 12 décembre 2020
    #SaharaOccidental #Polisario #WesternSahara #Marruecos #Morocco #Maroc #Israël #Mossad #Normalisation
     
  • Palestine – Etats-Unis : L’ultime provocation

    «Si les relations internationales se basent sur des bouteilles de vin, alors c’est la mort de la diplomatie», a déclaré le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh. Il faut dire que la visite du secrétaire d’État américain Mike Pompeo n’a rien de diplomatique pour un homme qui n’a ni le physique ni les compétences, ni le tact d’un diplomate, lui qui est un ancien militaire et qui ne croit qu’en la force et l’injustice du puissant du moment.

    Mike Pompeo, dans une dernière provocation par le geste et la parole, a effectué, avant-hier jeudi, la première visite d’un chef de la diplomatie américaine dans une colonie israélienne (un vignoble) en Cisjordanie occupée, et plus indécent encore, il s’est rendu au Golan, terre syrienne occupée par Israël depuis 1967 et reconnue comme telle par toute la communauté internationale.

    Ensuite, il y a tout ce chapelet d’absurdités et de phrases provocatrices de celui qui a dirigé la diplomatie américaine, sans rien connaître à la diplomatie :»Pendant longtemps le département d’État a pris la mauvaise approche sur les colonies, ne reconnaissant pas l’histoire de ce territoire spécial. Aujourd’hui le département d’État américain défend avec vigueur la reconnaissance que les colonies peuvent être légales…J’aurai la chance de visiter le plateau du Golan, avait également annoncé Mike Pompeo, la simple reconnaissance du Golan comme faisant partie d’Israël était une décision d’une importance historique du président Trump en même temps qu’une simple reconnaissance de la réalité». On est vraiment en plein déni et dans l’ignorance totale de tout ce qui est fondement des relations internationales. Pompeo, comme toute l’administration de son chef, ont fait le choix délibéré et assumé de ne rien reconnaître des droits palestiniens, et ce jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute de leur triste passage à la tête de la première puissance du monde.

    Cette ultime provocation de l’un des plus fidèles de Trump est un dernier pied de nez à une nation arabe humiliée et au plus bas. Humiliée d’abord et surtout par ses leaders, à commencer par les pays du Golfe qui malgré toutes les insultes et les rabaissements ont couru conclure des traités de paix avec l’entité sioniste, et tourné le dos à la cause palestinienne qu’ils ont jeté aux chiens et à leurs maîtres. Mais l’histoire n’oublie rien et les traîtres ne seront jugés que comme tels.
    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 21 nov 2020

    Tags : #Palestine #EtatsUnis #Isral

  • La Ligue arabe en quête de président de session

    Par Mohamed Habili

    En septembre dernier, après la Palestine, qui avait renoncé à son tour de présider l’actuelle session de la Ligue arabe, la 154e du nom, en raison de la non-adoption de sa résolution condamnant la normalisation avec Israël par les Emirats et le Bahreïn, cinq autres membres se sont à leur tour excusés de ne pouvoir assumer ce rôle. Ce sont, par ordre d’intervention si l’on peut dire : le Qatar, les Comores, le Koweït, le Liban et la Libye.

    Si cette liste n’a pas été plus longue, c’est sans doute parce que l’offre d’occuper le siège laissé vacant par le ministre palestinien des Affaires étrangères ne s’est pas poursuivie. On ne sait trop d’ailleurs comment s’expliquer cette cascade de refus, probablement sans précédent dans l’histoire de l’organisation. Est-ce par répugnance à accepter ce à quoi un autre membre a renoncé de son propre chef, ou par solidarité avec lui ?

    Et à ce dernier titre, par conséquent, en manière de condamnation des initiatives des Emirats et du Bahreïn, prises d’ailleurs en contradiction flagrante avec le plan arabe conditionnant la paix avec Israël à l’établissement d’un Etat palestinien. Cela dit, il est bien possible que ce soit pour les deux motifs à la fois : d’une part, pour ne pas avoir à présider une session comportant bien des désagréments, et de l’autre, pour ne pas donner le sentiment d’accabler davantage les Palestiniens.

    Ces derniers ne pouvaient décemment pas continuer à présider la session après que leur motion condamnant les initiatives émiratie et bahreïnie n’a pas été adoptée par la Ligue, n’ayant obtenu sur elle qu’une minorité de voix. Toutefois, même attitude abstentionniste lorsque les Emiratis ont proposé une motion contraire, dans laquelle ils demandaient l’approbation de leurs pairs pour leur initiative.

    En toute logique, on ne peut s’abstenir et dans le premier cas et dans le second. Si on se refuse à condamner une résolution, c’est qu’on est pour elle, sinon totalement du moins dans une bonne mesure. Et si on est contre elle, c’est qu’à l’inverse, on est pour la condamner. Mais ce n’est pas ainsi que l’entend la plupart des membres de la Ligue, qui veulent conserver leurs bonnes relations à la fois avec les Palestiniens et avec les Emirats et le Bahreïn.

    La même incohérence ne peut évidemment pas être imputée à ceux des membres ayant déjà établi des relations avec Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie. On le peut encore moins s’agissant de la première qui elle s’est empressée de se féliciter de la normalisation en question, à la différence de la Jordanie qui a réservé son opinion.

    L’Egypte pourtant n’est pas sans savoir que ce ne sont pas exactement pour les mêmes raisons que les Emirats et le Bahreïn ont normalisé avec Israël. La géographie lui avait fait obligation, comme d’ailleurs à la Jordanie, d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Or, ce n’est pas la recherche de la paix qui justifie l’initiative des Emirats et du Bahreïn. C’est même l’inverse, l’idée que la guerre avec l’Iran est quelque chose d’inévitable à terme, et que dans cette perspective l’alliance avec Israël est la meilleure des garanties de ne pas en faire les frais le moment venu.

    On peut donc facilement imaginer l’Egypte et la Jordanie se démarquant de l’initiative des Emirats et du Bahreïn, ce que bien sûr elles n’ont fait ni l’une ni l’autre.

    Le Jour d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Ligue Arabe, Palestine, Israël, Proche Orient,

  • Ligue …contre les arabes

    Que fait encore l’Algérie au sein de la Ligue dite arabe ? La question coule de source quand on observe ce qu’est devenue cette coquille déjà vide depuis des décennies.

    Censée être au service en première ligne de défense des pays arabes, elle a réussi la «prouesse» de briser le fragile consensus y compris sur une question aussi emblématique que la cause palestinienne. Par doses homéopathiques, la Ligue a fini par lâcher…avant de tomber complètement dans les bras de l’entité sioniste.

    Eh oui ! C’est son secrétaire général, Ahmed Abou El Gheit, qui a donné, toute honte bue, sa bénédiction à l’accord de paix signé entre les Emirats arabes unis et Israël. « Cet accord est dans l’intérêt des palestiniens !» a-t-il déclaré hier sans rire.

    Tout le monde savait que la Ligue n’a d’arabe que le nom et que son agenda est conçu et mis en application dans les salons occidentaux. Les pays du Golfe (le royaume des Al Saoud, le Bahreïn et les Emirats) ont fini par réussir le coup de grâce à une organisation créée par l’empire britannique pour servir de paravent à une prétendue autonomie de décision de ses anciennes colonies.

    En signant les accords de la honte avec l’occupant israélien qui bombarde encore Gaza, les Emirats et le Bahreïn rejoignent ainsi l’Egypte de Camp David et la Jordanie en attendant que cinq autres pays fassent la paix avec l’Etat hébreu comme l’a promis Donald Trump. Ayant depuis sa création en 1945 (mise à part la guerre de 1967 et celle 1973), servi d’anti chambre du ministère égyptien des affaires étrangères (le SG est souvent issu de ce pays)

    La Ligue dite arabe, s’est désormais «sionisée». Il ne manque plus qu’une poignée de mains entre les «serviteurs des Lieux Saints de l’Islam» et le sanguinaire Benjamin Netanyahou pour acter le serment d’allégeance à Tel Aviv et de la trahison de la Palestine.

    Les arabes n’ont même plus honte de déclarer leur flamme à Israël. Lundi passé un club de football émirati a recruté le premier joueur israélien à grand renfort médiatique ! C’est dire… Ironie du sort, 75 ans après sa création, la Ligue dite arabe, a succombé devant le «charme» de l’Etat hébreu qui lui, est âgé de 72 ans !

    Quant aux palestiniens, c’est une très dure réalité avec laquelle ils devront composer. En l’occurrence, pour espérer recouvrer leurs droits, il serait vain de compter sur les enturbannés des sables mouvants du Golfe encore moins sur leur «Judas» de voisin Abdelfattah Al Sissi, qui pour sauver sa dictature militaire en déficit de légitimité, est prêt à toutes les concessions possibles et imaginables. Il ne serait pas surprenant d’entendre prochainement une proposition de donner un «foyer» d’accueil aux palestiniens dans le Sinaï pour laisser Netanyahou transformer la Palestine en un Etat juif totalement juif.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 30 sept 2020

    Tags : Ligue Arabe, Israël, Palestine, Al Qods, Jérusalem, sionisme, Arabie Saoudite, Emirates Arabes Unis, Bahreïn, 

  • Maroc : La connexion sioniste de Mohammed VI

    UNE DIZAINE DE MINISTRES D’ORIGINE MAROCAINE RETENUS DANS LE NOUVEAU GOUVERNEMENT SIONISTE : La preuve par les chiffres

    Un pareil choix, loin d’être aléatoire, trahit au contraire les penchants pro-israéliens du Makhzen, pourtant dirigé par un homme qui usurpe indument le pompeux titre de « commandeur des croyants ».

    Finalement, et après une attente qui aura duré plus d’une année, sur fond d’une crise profonde et à plusieurs facettes, l’entité sioniste a fini par se doter d’un gouvernement. Mais, la composition de celui-ci fait irrésistiblement penser à cet adage qui veut que la montagne accouche d’une souris. Cet Exécutif, que l’on subodore éphémère, comme ceux qui l’ont précédé puisque Netanyahu ne devrait en assurer la direction que durant 18 mois, a mis à nu la coupable, mais secrète, proximité qui a toujours existé entre cette entité d’essence néonazie et le Maroc, dont la politique colonialiste déployée au Sahara occidental n’a rien à envier à celle des criminels sionistes dans les territoires occupés palestiniens. La communauté juive sépharade d’origine marocaine, en effet, a obtenu d’importants « maroquins » dans le nouveau cabinet de Netanyahu. Le site « Maghreb Confidentiel » parle, lui, de pas moins d’une dizaine de portefeuilles ministériels revenus à cette « catégorie ethnique ».

    À titre d’exemple, la formation religieuse Shass, traditionnellement sépharade, a hérité du ministère de l’Intérieur et Développement du Néguev et de la Galilée, confié à Arié Dery, né le 17 février 1959 à Meknès. Dans les rangs de la droite du Likoud, il est relevé la présence d’Amir Ohana désigné ministre à la Sécurité. Dans le précédent cabinet Netanyahu, il avait dirigé le département de la Justice. Ouvertement homosexuel, Ohana est né en 1976 à Beersheva au sein d’une famille juive marocaine. Toujours au Likoud, Miri Regev, elle aussi née au Maroc, est propulsée à la tête du département des Transports. Au ministère du Renforcement communautaire figure Mme Orly Lévy-Abécassis du Parti Gesher (Pont), créé en 1996 par son père David Levy. Ce dernier avait occupé le poste de ministre des Affaires étrangères (6 juillet 1999 – 4 août 2000), traditionnellement chasse gardée des juifs ashkénazes. Natif de Rabat, en 1937, il avait déjà effectué une visite officielle au royaume en janvier 2000 pour aborder le processus de paix au Moyen-Orient avec son homologue Mohamed Benaïssa, ainsi que André Azoulay. D’autres ministres d’origine marocaine figurent sur la photo de famille du nouveau cabinet Netanyahu, tels Raphy Peretz (Parti Foyer juif), ministre du Patrimoine, Neirav Cohen (Parti Bleu-Blanc) à l’Egalité sociale et David Amsallem (Likoud) chargé des Relations avec le Parlement (Knesset).

    De pareils choix, loin d’être le fruit du hasard, trahissent au contraire la grande proximité doctrinale qui a toujours existé entre Rabat et l’entité sioniste. Pour finir de s’en convaincre du reste, il suffit juste de rappeler que la construction du tristement mur de la honte au Sahara occidental n’a été rendue possible qu’avec le complice concours des hommes du génie de « Tsahal »…

    Kamel Zaidi

    Le Courrier d’Algérie, 20 mai 2020

  • Palestine : Le deal de toutes les prédations

    Trois grands conflits en Afrique et au Moyen Orient ont jeté un voile sur un vieux problème que l’humanité traîne depuis plus de 70 ans. En effet, le Mali, la Libye et la Syrie vers où convergent les inquiétudes des Occidentaux, des Africains et des Arabes, ont relégué au second plan la question de décolonisation en Palestine. La récente sortie de Trump avec son «deal du siècle» renseigne, si besoin, des conséquences de l’absence de vigilance sur le dossier palestinien.

    Certes, les deux époques sont différentes, l’origine des conflits également, mais l’on constate dans les deux cas une volonté occidentale de maintenir la plaie ouverte. Les Britanniques, les Français et les Américains, le trio de pays qui n’ont pas hésité à attaquer l’Egypte de Nasser en 1956, pour sauver Israël, pousser ces dernières années les pays du monde à entrer dans un conflit international et ouvert contre la Syrie. Un seul objectif sous-tend cette attitude guerrière: fragiliser au maximum le pays-cible pour le rendre dépendant de leur volonté et l’offrir à Israël, dont le rêve de contrôler le monde arabe, n’a jamais été aussi près d’être réalisé.

    Dans ce monde arabe, il y a également l’Algérie. Après l’échec de l’anéantissement de cette grande Nation, le même trio milite «secrètement» pour allumer la mèche d’un autre conflit aux conséquences insoupçonnables aux frontières sud et est du pays. Pareille perspective n’anéantira certainement pas l’Algérie, mais risque de l’affaiblir au sens où elle aura, en tant que puissance régionale, à gérer une situation inextricable où des dizaines de pays impliqués dans la guerre, voudraient tirer profit de la situation.

    Le but des Occidentaux à travers l’internationalisation des conflits libyen, syrien et malien, est sans doute de créer des foyers de tension permanents qui viendraient s’ajouter à la question palestinienne. Cela reléguera aux calendes grecques le règlement d’une des plus importantes et légitimes revendications de l’humanité depuis l’imposition par les pays du tiers-monde du principe de l’autodétermination.

    Il est vrai que ces conflits arrangent deux alliés objectifs de l’Occident: Israël. Le printemps arabe et Daech ont complètement occulté les souffrances du peuple palestinien encore sous le joug de l’occupation. Comme quoi les «Révolutions» et le terrorisme servent les pouvoirs les plus injustes de la planète.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 12 fév 2020

    Tags : Palestine, Etats-Unis, Israël, deal du siècle, autodétermination, Proche Orient, monde arabe, terrorisme, Daech, printemps arabe,