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  • Panique au Maroc

    Panique au Maroc

    Maroc, Sahara Occidental, Algérie, Occident, Israël, normalisation,

    par Rabah Toubal*

    Profitant de l’offensive entreprise par l’administration Trump, dans le cadre de son «plan Abraham» lancé, il y a quelques années, en direction des pays arabes pour normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël, en contrepartie de promesses économiques et financières vaporeuses, le roi Mohammed 6 avait obtenu contre la sienne, le soutien officiel par les Etats-Unis d’Amérique et Tel-Aviv aux thèses de la «marocanité du Sahara Occidental, développée par le Maroc.

    Sous la pression conjointe de Washington et de Tel-Aviv, l’Espagne a emboîté le pas à ces deux pays pour entériner cette option.

    Par ailleurs, toutes sortes d’influences sont actuellement exercées sur le SG de l’ONU, le Portugais M. Antonio Guterres, pour apporter la bénédiction de cette organisation internationale à ce plan dont le modus operandi et l’évolution ont été complètement remis en question après le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, en mars 2022, que l’Occident et son bras armé l’OTAN n’ont rien fait pour l’éviter. Bien au contraire !

    Ils sont co-responsables de ses conséquences désastreuses sur l’équilibre géostratégique du monde et la paix et la sécurité internationale car leur alignement diplomatique sur les provocations répétées et les positions extrémistes du gouvernement ukrainien et leur assistance militaire massive font peur à la majorité des pays des cinq continents, qui désapprouvent cette montée dangereuse d’arrogance et de mépris de l’Occident, sous la houlette d’une Amérique guerrière, en mal de conquêtes.

    C’est cette évolution imprévue de la situation mondiale et la guerre froide subséquente, notamment contre la Russie et la Chine principalement visées par les pays occidentaux, en plus de la détérioration visible à l’œil nu, de l’état de santé du monarque Mohammed 6 et les risques certains de plonger le royaume dans une crise politique, économique et sociale, qui l’ont poussé à pratiquement sommer, samedi 20 août 2022, dans le discours prononcé à l’occasion de la «fête de la Révolution du roi et du peuple», «certains pays, qui comptent parmi nos partenaires traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës à clarifier et à revoir le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque».

    Le long discours, prononcé à l’occasion de la fête du trône, le 31 juillet 2022, dans lequel le roi Mohammed 6 cherche à vendre à notre pays le fait accompli de ses thèses et les récentes déclarations enflammées contre notre pays du président de l’Association des oulémas musulmans, le cheikh Ahmed Raïssouni, certainement effectuées avec le feu vert du palais royal, qui demande aux oulémas marocains «à marcher sur Tindouf pour la libérer», procèdent également de cette logique d’une peur certaine de l’avenir et donc de clore le plus tôt possible ce dossier.

    Les uns après les autres, les BRICS et même les pays du G20 et la majorité des pays sont de plus en plus excédés par les agissements néo-coloniaux et néo-impérialistes des pays occidentaux, dont le soutien inconditionnel aux régimes ukrainien et taïwanais, entre autres, et des initiatives comme celles de «Jérusalem capitale de l’Etat hébreux» ou celle relative à la «marocanité du Sahara Occidental», qui incarnent les abus démentiels de l’Occident, dont les valeurs politiques, sociales et morales sont de plus en plus contestées en son sein et ailleurs dans le monde.

    En tout état de cause, le camp des pays, qui comme le nôtre, ont résisté à ces aberrations, ne fera que s’élargir et se renforcer pour tempérer les ardeurs malsaines, cupides et obstinées d’un Occident malade, plus que jamais violent et dangereux, qui ne ménage aujourd’hui ni individus ni peuples.

    En conclusion, pour paraphraser les célèbres paroles d’un diplomate et homme politique algérien, M. Réda Malek, en l’occurrence, un des grands négociateurs des Accords d’Evian, je dirai : «Le doute est en train de changer de camp».

    Les idéaux et principes respectés finiront par triompher un jour ou l’autre, et l’Algérie, fidèle aux valeurs universelles de sa glorieuse révolution du 1er novembre 1954, n’a jamais cessé de soutenir les causes justes.

    *Diplomate à la retraite et écrivain

    #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental

  • Maroc : La triste fin d’un monarque

    Maroc : La triste fin d’un monarque

    Maroc, Union Européenne, France, Occident, Mohammed VI, diplomatie, Israël, normalisation,

    Au bord de la rupture diplomatique avec la Tunisie, en froid avec l’Union européenne et très énervé contre la France et l’Italie, le Royaume marocain ne sait plus où donner de la tête. Cet isolement diplomatique aggrave une situation interne au bord de l’explosion, aux plans social, politique et économique.

    L’actualité de ces derniers jours démasque un régime aux abois et sans aucune ressource pour rebondir. Avec un roi malade qui ne gouverne plus, une armée trop muette face au déferlement humiliant d’Israël et une répression systématique de toute expression démocratique, le Makhzen court à sa perte et risque de perdre le seul lien avec le peuple marocain, autour de la prétendue marocanité du Sahara occidental.

    Les derniers événements démontrent en réalité que Rabat a été dénudé par la communauté internationale. Son activisme, jusqu’à il y a quelques semaines « débordants » sur la scène régionale depuis la normalisation des relations avec l’entité sioniste pour faire oublier le régime de l’Apartheid dans les territoire occupés du Sahara occidental, est tombé au niveau zéro. Le Makhzen en arrive à annuler une rencontre avec le responsable des Affaires étrangères à l’Union européenne et lâché ses relais, dans une tentative de noircir l’image de la France, dont le président a conclu une visite réussie en Algérie. Autant dire que les gesticulations du Palais royal, dans une tentative désespérée de maintenir le couvercle démocratique, auront eu un effet contraire.

    La stratégie du chantage et du mensonge éhonté adopté par le Maroc en guise d’actions diplomatiques a été un énorme ratage. Mohamed VI apprend à ses dépends que les relations internationales ne se règlent pas par des méthodes mafieuses. La diplomatie est un métier noble, dont le chef de la diplomatie marocaine en ignore les règles et les us. L’erreur du Makhzen a consisté à vouloir vendre aux grandes puissances quelques illusions passagères, sachant que les grands de ce monde n’ont rien à faire des histoires de droits de l’homme tant que leurs intérêts sont saufs dans une région du monde. Mais le roi a oublié que ces intérêts-là peuvent évoluer et prendre en considération des aspects plus stratégiques que de simples calculs immédiats.

    Il semble donc que l’erreur du Maroc a été de compter exclusivement sur la normalisation avec Israël comme l’axe central de son action, au point d’être totalement isolé au plan africain et méditerranéen. Mohamed VI, comme son père Hassan II, s’est cru plus proche des occidentaux que des «indigènes» d’Afrique et d’ailleurs. Son comportement, depuis son accession au pouvoir, donnait la nette impression d’une volonté de se dissocier de ses racines pour s’offrir à l’Occident. Pour se faire, il n’a pas hésité à faire concession sur concession, jusqu’à en perdre son identité. Il a oublié que les occidentaux n’ont que faire des largesses royales. Ils ont des desseins eux. Et force est de constater que le moment de voir ailleurs est arrivé pour eux. Mohamed VI, c’est déjà du passé.

    Par Nabil G.

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    #Maroc #Mohammed_VI #Occident #Diplomatie

  • Jacob Cohen: Le Maroc, cheval de Troïe d’Israël dans la région

    Jacob Cohen: Le Maroc, cheval de Troïe d’Israël dans la région

    Maroc, Israël, Mossad, Jacob Cohen, Amazighs, berbères, sionisme, judaïsme,

    Jacob Cohen: « Derrière la présence du Mossad au Maroc, une volonté de peser sur toute la région»

    Dans une vidéo que nous a postée Jacob Cohen, l’écrivain et politologue antisioniste, auteur du « Printemps des sayanim » et de « main-basse du Mossad sur Tinghir », Salem Maataoui, le Dr Salem Ouihmane (présent surtout pour la traduction du français vers l’arabe) et Jacob Cohen, tous trois Marocains, musulmans et juif, liés par le lien sacré de l’antisionisme, se sont retrouvés pour une vidéo de réinformation. La réunion de ces trois intellectuels, attachés par un même combat, est d’autant plus intéressante à suivre que les thèmes de la discussion, d’une durée d’1 heure 50 minutes, sont d’une brûlante actualité.

    Le motif semble être le sionisme galopant qui a totalement déteint sur la démarche officielle des autorités qui ne savent plus où finit le judaïsme et ou commence le sionisme, mélange qui a été d’autant plus détonnant qu’il a créé des zones de tensions, voire de turbulences dans tout le royaume.

    Maataoui a débuté son propos par égratigner les Marocains qui ne distinguent plus entre sionisme et judaïsme ; d’autant que certains sont en train de mener les gens en bateau en mélangeant les genres, comme ils mélangeront demain, antre antisionisme et antisémitisme, et cela risque d’être une grande catastrophe pour le peuple marocain, qui risque de se réveiller demain, avec des lois qu’il ne comprendra pas et qui vont le submerger dans les abimes de ce type de mélange de genres.

    Jacob Cohen, qui a donné des indications sur son livre sur la palmeraie de Tinghir, est revenu sur le contexte de ce livre, tout en donnant des précisions majeures sur l’avancée du Mossad dans le royaume. Tinghir, où il a séjourné, est une ville du Haut Atlas oriental. Durant son séjour là-bas, juste avant le confinement dû à la propagation planétaire du coronavirus, il a pu constater l’avancée du Mossad dans le royaume.

    « Dans ce livre, j’ai reconstitué un climat, très réaliste, j’ai imaginé comment et de quelle manière les sionistes s’infiltraient dans ce territoire pour le contrôler et pour pousser certains de leurs objectifs ; généralement, les sionistes avancent à visage masqué : ils viennent avec des prétextes culturels, civilisationnels, religieux, jamais militaires. Ils sont là avec de très bonnes intentions, développer la langue, l’histoire ; mais derrière cette façade il y a autre chose.

    « Derrière, en fait, il y a une recherche de comment peser sur la région. Voilà.

    Autre point important soulevé par Jacob Cohen, la manipulation des Amazighs par les sionistes. Ou du moins, leur souhait de les manipuler à travers la crise identitaire. Pour Jacob Cohen, les sionistes méprisent autant les arabes, tous les arabes, sans distinction, que les Berbères, également, qui tentent de manipuler par le biais des liens culturels, humains et civilisationnels, ou par le biais des loges juives, comme le B’naï Brith. « Moi je dis à ces gens, faites attention. Les sionistes méprisent arabes et berbères sans distinction ».

    Nous aurons l’occasion de revenir sur cette vidéo, qui demeure certes un point de vue d’un écrivain connu pour son engagement contre le sionisme, mais qui est également un point de vue d’un homme d’un courage et d’une probité qui lui ont valu le respect de tout le vaste monde arabo-musulman.

    L’Express, 23/08/2022

    Lire aussi : France: Des immigrés marocains pour travailler pour le Mossad

    Lire aussi : Le Mossad et le Shin Beth au Maroc

    Lire aussi : Dossier: Le Maroc et le Mossad

    #Maroc #Israël #Mossad #Amazigh #Berbères

  • Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Israël, NSO Group, Pegasus, logiciels espions, malware, espionnage, Maroc, Shalev Hulio,

    Yaron Shohat, directeur général de l’exploitation, prend temporairement ses fonctions

    Le directeur général de la société israélienne de logiciels espions NSO Group a démissionné, ont rapporté dimanche les médias locaux.

    Le journal Times of Israel a déclaré que Shalev Hulio a démissionné avec effet immédiat et que le directeur général Yaron Shohat prendra le poste jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé.

    Un responsable anonyme de l’entreprise a déclaré que le groupe NSO s’est engagé dans une réorganisation et, dans ce cadre, 100 employés seront licenciés.

    En juin, la Haute Cour espagnole a appelé Hulio à témoigner dans le cadre d’une enquête sur un scandale de piratage.

    Le logiciel espion Pegasus de NSO, qui permet aux pirates d’exploiter pratiquement toutes les sources de données sur un téléphone mobile, a été déployé avec succès contre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et d’autres ministres.

    La plupart des piratages ont eu lieu pendant le pic des tensions politiques avec le Maroc qui ont été déclenchées par le traitement secret par l’Espagne de Brahim Ghali, l’homme à la tête du Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, pour COVID-19 en avril 2021.

    Cependant, 63 politiciens catalans ont également été ciblés par le logiciel espion Pegasus, selon un rapport du groupe de recherche Citizen Lab. L’agence de renseignement espagnole a admis avoir piraté certains des téléphones mais n’a pas confirmé l’utilisation du logiciel espion.

    Selon NSO Group, tous les produits de l’entreprise, y compris les logiciels espions Pegasus « sont utilisés exclusivement par les agences gouvernementales de renseignement et d’application de la loi pour lutter contre le crime et le terrorisme ».

    Anadolou, 22/08/2022

    Lire aussi : Macron va-t-il pardonner à Mohamed VI le scandale Pegasus ?

    Lire aussi : Espagne: Le volte face de Sanchez, lié au scandale Pegasus ?

    Lire aussi : 12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    #Israël #NSO_Group #Pegasus #Espionnage #Logiciels_espions #Malware

  • Fâché contre le Maroc, Macron va se rendre en Algérie

    Fâché contre le Maroc, Macron va se rendre en Algérie

    France, Emmanuel Macron, Algérie, Maroc, Pegasus, Israël, Mossad, immigrés marocains,

    Selon Ali Lmrabet, « le président Emmanuel Macron se rend en visite officielle en Algérie au moment où les relations avec le Maroc sont exécrables ». Pour preuve, « il y a quelques semaines, Macron n’a pas voulu appeler le roi Mohamed VI pour s’enquérir de son état de santé quand celui-ci celui-ci s’est rendu à l’hôpital militaire parisien du Val-de-grâce pour un petit souci ».

    A cela s’ajoute que « la France continue de refuser à la pelle des demandes de visa de notabilités et de hautes personnalités marocaines, dont des anciens ministres qui ne veulent pas le dire. En cause, il y a, officiellement, la réduction du nombre de visas français accordés aux Marocains (Algériens et Tunisiens aussi) pour mettre la pression sur le Maroc jugé peu coopératif sur la réadmission de ses citoyens après leur expulsion de France », affirme le journaliste marocain.

    « Mais il y a autre chose, ajoute-t-il. « La mise sur écoute du portable privé de Macron et de la moitié du gouvernement français par le logiciel espion Pegasus ».

    Lmrabet rappelle que « les Français auraient eu confirmation auprès des Israéliens que le Maroc l’utilise, même s’il ne l’a pas officiellement acheté ».

    « Et surtout, les services de renseignements français ont détecté que le très vaste réseau d’espions et de mouchards marocains installés en France était en train d’être utilisé par Israël pour ses propres intérêts. Une ligne rouge pour Paris », indique Lmrabet.

    Lire aussi : Emmanuel Macron boude le Maroc

    Lire aussi : El Confidencial: Le roi du Maroc n’a pas été reçu par Macron

    Lire aussi : Espionnage: Macron demande des comptes au Maroc

    #France #Macron #Algérie #Maroc #Israël #Pegasus

  • Le trio Maroc-Mossad-CIA derrière les attentats en Europe ?

    Le trio Maroc-Mossad-CIA derrière les attentats en Europe ?

    Maroc, Israël, Europe, France, Mossad, attentas de Paris, CIA,

    INFO PANAMZA. « Responsable » officiel de la salle du Bataclan, Joël Touitou est le frère de David Touitou, célèbre rabbin israélien, antimusulman et antichrétien qui incite les juifs à quitter au plus vite la France pour venir renforcer Israël dans l’attente du Messie.

    La famille Touitou possédait le Bataclan depuis 1976. Le 11 septembre 2015, la salle de spectacle -transformée vendredi en scène de carnage- fut cédée au groupe Lagardère par ses ex-propriétaires engagés en faveur d’Israël.

    L’information provient de sources qu’il sera difficile de qualifier d’ »antisémite » ou de « complotiste » : The Times of Israel et l’Agence télégraphique juive.

    Les deux organes de presse rapportent des propos tenus par les frères Laloux (Pascal et Joël) et accordés à la seconde chaîne de télévision israélienne : ces deux hommes affirment avoir vendu le Bataclan le 11 septembre dernier (au groupe Lagardère qui a choisi de conserver ses gérants Jules Frutos et Olivier Poubelle) en raison de la récente émigration de l’un d’entre eux (Joël) en Israël.

    Soit deux mois avant la prise d’otages du 13 novembre qui causa la mort de plus de 89 spectateurs (sur la centaine de victimes fauchées au total par les attentats).

    Rappel : Michel Emsalem, propriétaire de l’Hyper Cacher, avait vendu son magasin la veille de l’acte terroriste au cours duquel quatre personnes –enterrées par la suite en Israël– ont été retrouvées mortes.

    Originaire de Tunisie et enterré (en 2000) à Jérusalem, le père des frères Laloux, dénommé Elie Touitou et surnommé Kahlaoui Tounsi, était un célèbre chanteurdans les années 60. En 1976, cet ex-associé d’Enrico Macias avait acquis la prestigieuse salle de spectacle du Bataclan. On peut noter sa ressemblance avec le roi du Maroc c’est presque son clone !

    Dès les années 80, ses deux fils se sont répartis la gestion du lieu : lemanagement pour Pascal et la programmation pour Joël.

    Si ce dernier est désormais installé en Israël, son frère Pascal est également investi dans le régime de Tel Aviv, notamment en raison d’ »obligations professionnelles » (non précisées) selon un article du Parisien paru le 21 décembre.

    Et il suffit de consulter le compte Facebook semi-public de Pascal Laloux,président du club ultra-sioniste de football UJA Maccabi, pour y découvrir sonsoutien politique envers Gil Taïeb (figure emblématique de la communauté juive, vice-président du Crif, ancien militant du Bétar aujourd’hui proche de la LDJ, fondateur de « l’association du bien-être des soldats israéliens » et époux de l’élue PS Karen Taïeb).

    En toute logique, Pascal Laloux affiche également sur le réseau social son « goût »pour l’armée israélienne.

    Nulle surprise, dès lors, à ce qu’un tel propriétaire du Bataclan ait organisé (avec l’association Migdal) des galas en faveur de cette armée d’occupation comme le dénoncèrent, le 13 janvier 2008, des militants propalestiniens non-violents.

    Pour les attentats en Espagne le Maroc a accusés des marocains innocents de préparer un attentat car ils étaient des opposants politiques et des jeunes parfois mineurs issus de familles révolutionnaires du Rif et réfugiés politiques !

    Oubliez l’histoire à dormir debout concernant des gamins de 17 et de 18 ans qui arrivent à louer un véhicule lourd sans permis de conduire valide, et, avec l’aide de petits jeunes à peine âgés de 22 et 24 ans, organisent une opération terroriste meurtrière en plein centre d’une grande ville touristique sous vidésurveillance.

    Il s’avère, de source sûre, que les véritables auteurs de cet attentat terroristes sont des professionnels qui sont parvenus à fausser les pistes et à quitter le territoire espagnol pour la France où ils sont pris en charge par une cellule spécialisée dans l’exfiltration.

    Au lendemain de leur fuite, des « forcenés » au couteau ont sévi à Wuppertal en Allemagne et à Turku dans la lointaine Finlande.

    Des spécialistes évoquent une coordination, une logistique, une capacité à fausser les pistes et une aptitude à la manipulation relevant des capacités d’un service de renseignement d’une puissance « alliée » et n’écartent aucune piste.

    L’un des suspects détenu par les autorités espagnoles, Idriss Oukabir (28 ans), a nié son implication en indiquant que ses papiers ont été utilisés par son petit frère Moussa, un mineur (né en 2000) pour la location d’un véhicule.

    Les services marocains, en se basant sur les informations contenues sur le compte Facebook d’Idriss Oukabir ont conclu qu’il s’agissait d’un terroriste pour la simple raison que certains de ces posts appelaient à un soulèvement armé dans la région du Rif, en proie depuis des mois à de sérieux troubles politiques. Ils ont ainsi transmis sa fiche avec la mention assez inhabituelle »terroriste rifain » à leurs homologues espagnols.

    Cependant, rien dans le parcours du jeune homme ne laisse entrevoir un quelconque déplacement en Libye ou au Levant ou encore en Irak. Plus encore, il n’avait aucun engouement particulier pour le fait religieux, même durant une période de détention en 2012.

    Plus troublant encore, aucun des gamins abattus par la police espagnole, n’avait le moindre antécédent judiciaire et encore l’équivalent de la fameuse fiche S.

    Indubitablement, la version officielle sur cet énième attentat à la voiture-bélier ne tient nullement la route.

    De toute évidence, il y aura encore des attentats de ce type en Europe dont l’objectif semble de semer le trouble et la division en pointant du doigt un bouc émissaire utile et ouvrir un nouveau conflit après l’échec total et patent de la guerre en Syrie et la guerre totale en cours au sommet de l’État U.S.

    Enfin lors des années noires du terrorisme le Maroc a inondé l’Algérie de drogue et alcool pour financer les GIA; les troupes du GIA avaient des camps d’entraînement au Maroc; le Maroc avec l’aide des occidentaux CIA et Mossad ont déstabilisés l’Algérie pour obliger les généraux à donner le Sahara et son pétrole aux compagnies pétrolières occidentales et ce gratuitement !

    Article du Jeune Indépendant à ce sujet:

    Le Maroc serait-il derrière les attentats commis en France et en Espagne ?

    Par Hocine Adryen

    11 sept. 2017

    Et si c’était le Maroc qui, dans un premier temps, entraînait et formait les futurs terroristes qui vont ensuite en Europe se faire exploser, et, dans un second temps, procédait à la surmédiatisation des attentats pour « vendre les tuyaux » aux services de renseignements européens pour se prévaloir de l’efficacité de ses services de renseignements.

    Pas un seul attentat n’a été commis en Europe ces trois dernières années sans que la presse marocaine n’ait sauté sur l’occasion pour évoquer le travail de coopération de ses services de renseignements dans la capture ou l’identification des terroristes.

    C’est là une piste plausible à ne pas écarter. C’est du moins ce que suggère le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb. Selon lui, les attentats terroristes qui ont secoué l’Espagne en août et la récente découverte d’un atelier d’explosifs à Villejuif, en banlieue parisienne, « pourraient bien avoir un lien » .

    Il faut savoir que les services de renseignements français « sont au courant » de l’utilisation du territoire espagnol comme « lieu de passage » par des filières terroristes qui « remonteraient du Maroc » . Ces filières auraient pour objectif de cibler des pays européens, notamment la France.

    « C’est peut-être possible (qu’il existe un lien entre des terroristes ayant commis les attentats à Barcelone et la découverte à Villejuif, ndlr) (…) Mais c’est possible aussi qu’il y ait eu des liens avec d’autres personnes » , a-t-il expliqué. Et d’affirmer : « On sait que l’Espagne, aujourd’hui, est un lieu de passage pour des filières qui remonteraient du Maroc » .

    Le ministre français de l’Intérieur n’est pas le seul à parler de l’existence de ces filières terroristes marocaines. Lundi dernier, soit deux jours avant la découverte de Paris, l’eurodéputé espagnol, Javier Nart, a soutenu que « la plupart des terroristes » qui menacent l’Europe « sont Marocains ou d’origine marocaine » .

    Pour lui, il s’agit d’une situation « extrêmement grave qu’il faut prendre en compte, notamment du fait que de nombreux Marocains ont rejoint les rangs du groupe autoproclamé Daech » .
    Selon les services de renseignements européens, 1 600 Marocains auraient rejoint les rangs de l’organisation terroriste Daech en Irak et en Syrie.

    L’Europe craint le retour de ces terroristes, qui risquent de commettre des attentats au royaume et en Europe. Les déclarations du ministre français interviennent alors que les autorités marocaines ne cessent de vanter les mérites de leurs services de renseignements en matière de lutte antiterroriste.

    A chaque attentat, la presse marocaine, plus vite que l’éclair, relaie une information faisant état d’un échange de renseignements crucial entre les services marocains et leurs homologues français. Un échange qui aurait carrément évité « un bain de sang » à la France, selon eux.

    En effet, selon le site d’information le360.ma, proche du palais royal, l’arrestation de trois personnes en lien avec la découverte de Villejuif aurait été effectuée grâce à des informations fournies par le renseignement marocain.

    Dernièrement, la presse marocaine s’extasiait après l’arrestation d’un groupe qui se préparait à commettre un attentat en Espagne. Et là encore, « bizarrement » , le « tuyau » serait marocain…

    Peut-on être aussi naïfs pour croire que la DGED marocaine, qui n’a aucune expérience dans la lutte antiterroriste mondiale, pourrait avoir des informations de « première main » alors que son activité se résume à l’arrestation d’éléments de seconde catégorie opérant sur son sol ou encore des groupes liés au trafic de cannabis et autres drogues dures ? Le Maroc, pour déstabiliser l’Algérie au Sahel, avait le Mujao, un groupe terroriste aujourd’hui complètement anéanti.

    Cette expérience aurait-elle donné des idées à son service de renseignements pour jouer dans la cour des grands ? Mais le boomerang risque un jour, pas si lointain que ça, de se retourner contre lui. Et fatalement, la DGED sera mise à l’index par les partenaires européens pour n’avoir pas su « contenir » ses monstres.

    Le roi du Maroc, la monarchie marocaine depuis 1961, depuis Hassan II en tous les cas, ça c‘est sûr, collabore avec Israël, le Mossad, main dans la main, avec les sionistes. Enfin je ne dévoile pas un secret, c‘est connu et reconnu. Qui a formé les agents de la sécurité du palais ? Les gens du Mossad. Qui a formé les officiers marocains ? Les officiers sont entrainés, formés en Israël ! L’un des premiers chefs d’« Etat arabe » à avoir accueilli un chef sioniste, c’était le Maroc, avant tout la monde, au vu et au su de tout le monde, c’était en 1986 , il avait reçu Yitzhak Rabin et Shimon Perez, alors que la Palestine était sous occupation. Que fait le Maroc contre la judaïsation ? Le soit disant président du COMITE AL QODS ? Mais c’est bidon, c’est de la propagande, c’est des mots, des mots et des mots ! La plus haute autorité marocaine : le roi, la monarchie, marche main dans la main avec Israël, avec le Mossad.André Azoulay ne joue que le rôle de facilitateur, parce que c’était un ancien banquier, il a beaucoup d’amis dans la banque à New York, à Paris, etc… Grâce à lui, il tisse des relations pour aider le Maroc et aide Israël par la même occasion. Le roi (du Maroc) se frotte les mains pour cela, mais c’est magnifique, il n y a pas de problème.

    Le Maroc cherche des appuis auprès de qui ? Auprès de l’Amérique, et de la France en particulier et au Moyen Orient, auprès de l’Arabie saoudite et du Qatar. Les monarchies du Golfe sont les meilleurs alliés d’Israël et de l’Amérique…

    André Azoulay joue un rôle de Sayan ? On m’a demandé en quoi consiste ce rôle de Sayan ? Ce rôle de Sayan consiste à faire en sorte que Israël gagne une légitimité auprès des « pays arabes » c’est très important, gagne une certaine reconnaissance internationale une légitimité, sans rien concéder et il a réussi. C’est un Sayan parfait ! Il a remplit sa fonction d’une manière extraordinaire. Le Maroc est un pays qui a pratiquement déroulé le tapis rouge à Israël.

    Il ne faut pas croire quand on dit qu’« on va rompre les relations, on va les geler…» Tout cela c’est pour amuser la galerie, de toutes façons ils sont obligés de faire cela, parce que l’opinion publique est remontée contre cela, mais en sous-main on fait tout pour faciliter la pénétration d’Israël dans le « monde arabe » sans rien concéder, encore une fois c’est ça qui est important. Ils ont fait cela en Tunisie et ils ont fait cela en Mauritanie. La Mauritanie, il y a quelques années a accepté d’ouvrir les relations diplomatiques avec Israël. Qu’est ce que la Mauritanie à avoir la Mauritanie avec Israël ! ? Et bien parce qu’on a dû lui dire, aller voir le chef, « Tu veux un prêt du FMI, et bien {Ils faut normaliser les relations avec Israël…} Le Maroc on ne peut pas lui dire cela, parce que c’est trop gros.

    Le Comité Al QODS est là, probablement avec la bénédiction d’Israël et américaine, pour freiner tout ce qui peut contrarier les projets israéliens.
    Enfin qu’elle est la technique arabe qui jusqu’a présent celles des dictateurs arabes qui sont complices ? Aboyer très fort et laisser les choses passer concrètement. Aboyer très fort ça c’est très fort contre l’annexion de Jérusalem, la judaïsation, surtout ne rien faire ,surtout laisser Israël s’emparer de Jérusalem.

    Jacob CohenFranchement quand on voit 50 pays islamiques lutter contre la judaïsation de Jérusalem et quand on voit Jérusalem aujourd’hui, alors ou les 22 pays arabes ne valent rien ou alors il y a une complicité est flagrante, tous les pays arabes n’ont pas intérêt à avoir un Etat palestinien. Les pays arabes veulent un Etat arabe croupion et qu’ils ferment leurs gueules et qu’ils s’aplatissent devant Israël. Si on n’a pas compris cela, on n’a pas compris grand-chose à la politique. Les pays arabes détestent l’Etat palestinien. Ils ont toujours détesté les palestiniens, ils n’ont jamais cessé de les contenir, de les enfermer, de leur mettre les bâtons dans les roues, de les affamer … ! Quand on voit l’état des palestiniens, vous croyez que les Etats arabes ne peuvent pas trouver un milliard de dollars, pour aller les soulager ? Un milliard ? C’est quoi un milliard ? Ils ne payent même pas l’argent qu’ils ont promis à l’autorité palestinienne. Ils n’en ont rien à fiche ! Ils veulent amener les palestiniens et à accepter les conditions des israéliens, et qu’ils ferment leurs gueules.

    De quoi ont peur les Etats arabes, du potentiel révolutionnaire que représentaient la Palestine et ça ils en avaient la trouille. Ils se sont très entendus avec l’Egypte de Moubarak, avec la Jordanie du Roi Hossein, etc… pour canaliser enfermer les palestiniens, mais il faut parler, les champions du verbe ce sont les dirigeants arabes, les dictateurs c’est magnifique…

    Abnormal report, 17 sept 2017

    #Maroc #Israël #Mossad #Europe #France


  • L’affaire Ben Barka : l’opinion des renseignements français

    L’affaire Ben Barka : l’opinion des renseignements français

    Maroc, Ben Barka, France, Israël, Mossad, renseignement français, SDECE,

    Gérald Arboit

    Aborder l’Affaire Ben Barka du point de vue des services de renseignement revient à délaisser les interrogations et les suspicions de la querelle politicienne, dans laquelle l’Affaire s’est enferrée depuis la pantalonnade des deux procès de 1966 et 1967. De cette analyse, reposant sur l’abondante bibliographie publiée[1] et quelques documents d’archives provenant des services français[2] et américains[3], le mystère politique ne sera certainement pas levé. Toutefois, l’Affaire sera rétablie dans son double contexte géopolitique. La disparition du dirigeant révolutionnaire internationaliste El Medhi Ben Barka doit en effet être replacée dans son époque, à savoir le Maroc des lendemains de l’indépendance et de l’accession d’Hassan II au trône. Elle doit aussi l’être en regard du « Grand Jeu » des services de renseignement au milieu des années 1960. Aussi, cette analyse n’entend pas apporter une réponse à la polémique entourant la disparition du responsable politique marocain, mais bien montrer comment les services de renseignement du Royaume chérifien et d’Israël ont pu monter une opération et comment le ministère de l’Intérieur français se servit de la révélation de l’enlèvement de Ben Barka pour mener une opération de déstabilisation à l’encontre du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE)

    Le renseignement marocain et Ben Barka

    Pour bien comprendre les ressorts de l’Affaire Ben Barka, il convient de se pencher dans un premier temps sur la structure de renseignement marocaine. Celle-ci est moins héritée de la période du protectorat, comme le suggérerait son nom de Sûreté nationale, que des conceptions personnelles du pouvoir de Mohamed V et surtout de son fils, le futur Hassan II, à qui il laissa la haute main sur les affaires de sécurité nationale (police et armée). Les deux souverains connaissaient la fragilité de la cohésion nationale autour de leur trône et utilisèrent les possibilités offertes par la police et les Forces armées royales, créées le 13 mai 1956, pour contenir les tentations sécessionnistes (opération franco-hispano-marocaine Ecouvillon-Ouragan[4] dans le Sahara espagnol, 1957-1958 ; insurrection du Moyen-Atlas, février 1960) et la guérilla urbaine, comme le Croissant noir (proche du Parti communiste), à laquelle s’ajoutait l’agitation étudiante et syndicale créée par une situation économique et sociale indigente. Pour garantir l’efficacité de sa police, Mohamed V entreprit une radicale politique de « marocanisation », qui se traduit par le renvoi, à compter du 1er juillet 1960, des quelques trois cents policiers français restés à la Sûreté nationale[5]. Confiée depuis l’indépendance à Mohamed Laghzaoui, riche homme d’affaires proche de l’Istiqlal (parti nationaliste), la Sûreté nationale dépendait pour administration du ministre de l’Intérieur par le laconique dahir (décret royal) du 16 mai 1956[6]. Mais, Laghzaoui, spécialiste des « coups tordus », resta avant tout l’homme-lige du prince héritier. A partir de janvier 1958, il commença à organiser une série de brigades spéciales confiées à des fidèles et dépendant uniquement de son cabinet, d’où leur dénomination de CAB. Véritables polices politiques autant que commandos urbains, ils furent créés en fonction des besoins sécuritaires du moment. Le CAB1 fut ainsi dirigé contre la subversion de la gauche nationaliste, comme l’Union nationale des forces populaire (UNFP), de Ben Barka[7]. Sept autres suivirent jusqu’au dahir du 17 juillet 1958, le CAB7 étant chargé des interrogatoires ; selon les canons de la lutte contre-insurrectionnelle développée en Indochine et en Algérie[8], la « Septième » devint l’antre de la torture à laquelle furent soumis les différents opposants au régime alaouite.

    A partir de l’accession d’Hassan II à la plénitude du pouvoir royal, au décès de son père le 26 février 1961, cette structure de sécurité intérieure devint la colonne vertébrale du régime jusqu’en 1972. A compter du 13 juillet 1960, un fidèle parmi les fidèles, son compagnon d’armes au cours d’Ecouvillon-Ouragan, le lieutenant-colonel Mohamed Oufkir remplaça Laghzaoui, tout en gardant les sept CAB créés par son prédécesseur, qui avait jugé prudent d’emmener avec lui leurs personnels[9]. Brillant officier « français » – huit citations, deux croix de guerre (1939-1945 et théâtres opérations extérieures) avec palmes et étoiles, officier de la Légion d’honneur (1949) -, Oufkir ne fut versé que le 28 février 1957 seulement dans les Forces armées royales. Toutefois, il navigua à compter du 1er mars 1950 dans les sphères royales. Jusqu’en novembre 1955, cet ancien lieutenant du régiment de marche du 4e régiment de tirailleurs marocains en Indochine fut affecté au cabinet militaire du commandant supérieur des troupes françaises, le général Maurice Duval. Il devint ensuite l’aide-de-camp des derniers résidents généraux, puis de Mohamed V à son retour d’exil[10]. Il s’affirma rapidement comme un familier du prince-héritier, au point que l’ambassadeur de France, Alexandre Parodi, nota perfidement que « sa femme [était] la maîtresse du roi. A diverses reprises, on l’a[vait] vu sortir du harem royal. Il fermerait les yeux complaisamment sur son infortune »[11]. Homme de confiance d’Hassan II, promu colonel le 1er janvier 1962, il s’avéra un fidèle exécutant de la volonté royale, à l’image du nationaliste Laghzaoui qu’il remplaçait. Après lui avoir fait suivre un stage dans le renseignement militaire, Oufkir s’entoura du lieutenant de parachutiste Ahmed Dlimi, qu’il avait rencontré au cours d’Ecouvillon-Ouragan. Il confia à ce « Français » la direction du premier CAB[12].

    L’ancien chef de gouvernement Abdallah Ibrahim, donna une vision plutôt juste du mandat et de la latitude de cet officier à la tête de la Sûreté nationale :

    « Oufkir (…) était un homme façonné par l’armée, et dont le cerveau ne fonctionnait que par les vertus de l’armée (…). Il a transformé le Maroc tout entier en centre de renseignement, y compris au sein de l’UNFP. Pas de morale, pas d’éthique. C’est un lourd handicap qui a ouvert la porte à une politique de violence officielle.[13] »

    Par « armée », il fallait d’abord entendre l’armée française. Aussi bien Oufkir que son adjoint Dlimi firent, directement pour l’un, à l’instruction pour l’autre[14], l’expérience des guerres de la décolonisation et de leurs déviances en termes de maintien de l’ordre[15]. S’il n’était pas certain qu’Oufkir eût un rôle actif dans l’opération visant à arrêter les chefs du Front de libération nationale algérien du 22 octobre 1956, ni qu’il fut approché, cinq ans plus tard, par les « Barbouzes » chargées par Roger Frey de lutter contre l’Organisation de l’armée secrète (OAS) en Algérie (novembre 1961-mars 1962), il était clair que le directeur de la Sûreté nationale jouât un rôle dans les missions de « la Main rouge », faux-nez du SDECE et de la DST, au Maroc[16]. Cette violence importée se retrouva bien vite inscrite dans un cycle proprement marocain enclenché bien avant son accession à ce poste. La menace intérieure ne fut jamais jugulée, les conjurations se succédant sans que jamais l’on sache si elles étaient avérées ou imaginées (février 1960, juin-juillet 1963 contre l’UNFP ; mars 1965 contre les étudiants et les syndicats), et qui finirent par emporter jusqu’à Oufkir (août-septembre 1972). Entre temps, Hassan II proclama l’état d’exception (7 juin 1965), interrompant pour cinq ans un difficile processus de dialogue politique et social ouvert par son Mémorandum aux partis politiques et aux organisations syndicales (20 avril 1965). Dans ce contexte se produisit l’enlèvement du principal opposant politique qu’était El Medhi Ben Barka. Décidée au printemps par Oufkir, promu général le 6 septembre 1963 et devenu ministre de l’Intérieur le 20 août 1964, cette opération fut confiée au CAB1.

    Le renseignement israélien et Ben Barka

    Pour mener une telle mission contre un homme qui parcourait le monde entier, les capacités du renseignement chérifien ne suffisaient pas. Les inspecteurs du CAB1 n’avaient d’ailleurs pas réussi à éliminer Ben Barka via un banal accident de la route, le 15 novembre 1962 ; l’opposant principal d’Hassan II s’en tira moyennant la fracture d’une vertèbre cervicale qui nécessita la pose d’un plâtre dans un hôpital allemand. Pour réussir l’enlèvement d’une cible aussi mouvante que médiatisée, il fallait disposer d’un réseau que la brigade spéciale de la Sûreté nationale marocaine n’avait évidemment pas. Ni ses missions de renseignement intérieur, ni la formation de ses personnels n’avaient été prévues pour opérer à l’étranger. Inévitablement, il fallut se tourner vers un service étranger. Mais Oufkir ne pouvait décemment pas demander au SDECE ou à la CIA d’intervenir. Certes, ils bénéficiaient des compétences pour mener à bien la mission, mais ils n’avaient aucun intérêt à le faire, surtout pour la minuscule Sûreté nationale. Pourtant, tous deux s’intéressaient aux activités du dirigeant internationaliste Ben Barka ; le premier le faisait depuis septembre 1959, le plaçant par intermittence pendant la guerre d’Algérie sur la liste des personnes à éliminer[17], tandis que la seconde semblait ne l’avoir découvert que deux ans plus tard à l’occasion d’un colloque florentin[18]. Mais, au « grand Jeu » des services, Oufkir n’était qu’un pion permettant à ces deux centrales d’obtenir des informations et des facilités sur le théâtre africain, comme au Congo, contre une simple aide technique, notamment en contre-insurrection. Le « premier flic » du Maroc n’était pas de ceux qui traitaient à égalité avec ces grandes maisons, si tant est que l’on pût traiter ainsi avec elles. Il fallait donc qu’Oufkir trouvât un partenaire à sa hauteur.

    Depuis août 1961, Oufkir avait également succédé à Laghzaoui dans la liaison avec le Ha-Mossad le-Modi’in u-le-Tafkidim Meyuhadim (Institut israélien pour le renseignement et les opérations spéciales). Son prédécesseur l’avait inaugurée à l’occasion de sa volte-face consécutive à l’arrestation d’un agent, Amos Ravel, à Casablanca, aux lendemains de l’indépendance : la découverte des filières d’évasion de la communauté juive marocaine en direction du jeune Etat hébreu avait conduit le directeur de la Sûreté nationale à ordonner la fermeture de la structure d’immigration, Qadimah, et la fin de l’aliya. L’action du représentant britannique de l’Agence juive mondiale, Alexander Easterman, avait permis, le 19 juin 1956, de faire revenir sur sa décision Laghzaoui, vraisemblablement contre une part des sommes versés par l’Agence juive pour chaque émigrant. Ayant mis officiellement fin à l’action de Qadimah (1949-1956), il accompagna l’opération clandestine pilotée par le Misgeret (1956-1961), la nouvelle structure mise en œuvre au sein du Mossad, malgré les vicissitudes de la vie politique marocaine[19]. Laghzaoui resta un acteur de la stratégie israélienne, rencontrant dans un premier temps Easterman[20], puis des responsables du Mossad, Jo Golan et Akiva Levinsky[21].

    Dans le même temps, Easterman, puis un agent personnel des Affaires étrangères israéliennes, André Chouraqui, enfin des agents du Mossad, Yaagov Caroz et Lili Castel, entretinrent une liaison avec Ben Barka ; il s’agissait de trouver une solution au blocage de l’opération du Misgeret consécutif au raidissement marocain. Avant même le renvoi de Laghzaoui, les Israéliens cherchèrent à trouver un interlocuteur dans l’entourage du prince héritier Moulay Hassan. La réussite de cette liaison, en août 1961, marqua également la fin de celle avec Ben Barka, devenu trop instable pour jouer encore un rôle au Maroc[22]. Au moment où le Mossad se détachait de lui, en mars 1960, l’ancien président de l’Assemblée consultative se laissa approcher par la Státní Bezpečnost (Sécurité d’Etat, StB) tchécoslovaque. Mieux, le 28 mars, il rencontra à 11 h 30 Caroz, qui ne lui laissa aucune illusion quant au soutien israélien à ses projets, et à 20 h 30, se rendit au dîner auquel le second secrétaire tchécoslovaque, le capitaine du StB Zdeněk Mičke, rencontré une semaine plus tôt au Fouquet’s, l’avait convié[23].

    Instruit de ses contacts avec les Israéliens, Ben Barka va chercher à obtenir la même chose de la part des Tchécoslovaques. Ainsi fait-il aux deux parties, le 28 mars 1960 pour le Mossad[24] et entre le 12 mars et le 1er juillet 1961 pour le StB, la même proposition : un soutien financier et un approvisionnement en armes pour ses partisans quand l’heure du soulèvement arriverait. Comme les Israéliens, les Tchécoslovaques lui offrirent de venir visiter leur pays ; il s’y rendit onze fois à compter de septembre 1961. Ils le stipendièrent en outre pour son voyage en Guinée, à la deuxième Conférence de solidarité des peuples afro-asiatiques, où Ben Barka prononça un discours encore très favorable à Israël. Pourtant, s’enferrant dans sa relation avec le StB, il lui offrit des informations sur la France, en provenance du SDECE, du Quai d’Orsay et du ministère des Armées. Dans le langage du renseignement de l’Est, il fut d’abord un verbovka agenta (agent en recrutement), puis devint, à l’issue de son second séjour à Prague, en février 1963, un důvěrným stykem (contact confidentiel). Le changement qui suscita ce déclassement aux yeux du StB tenait au changement de la donne politique marocaine. Ben Barka retourna dans son pays le 15 mai 1962, suspendant ses rapports avec le capitaine Mičke. Lors d’un bref séjour à Prague, en février suivant, il se vit affecter deux nouveaux officiers traitants, Karel Čermák et Jiřího Vančuru, du siège du StB[25]. Ben Barka continua encore ses allers-retours vers Prague de juillet 1963 à octobre 1965. Entre temps, il fut notamment invité à remplir une mission de bons offices entre les amis tchécoslovaques et ses amis baasistes en Syrie en mai 1963, mais il ne trouva pas « le moment approprié pour une telle intervention de l’emporter, propos[ant] d’attendre un certain temps »[26].

    Ces activités clandestines de Ben Barka finirent par alarmer les services d’Oufkir, notamment le CAB1. Ou, du moins, les révélations du représentant du Baas syrien à Genève, l’étudiant Atef Danial, à Abdelkrim el Khatib, ministre d’Etat chargé des Affaires africaines, dans la chambre d’un hôtel genevois qu’Oufkir et Dlimi mirent sur écoutes[27]. Ben Barka jugea plus prudent de s’exiler le 23 juin 1963, tandis qu’Oufkir lançait une nouvelle série d’arrestations dans les rangs de l’UNFP dans le cadre du « complot de juillet ». Dlimi continua son enquête sur l’ancien président de l’Assemblée constituante et mis à jour les liaisons avec le StB. La Rezidentura tchécoslovaque de Rabat l’apprit le 15 octobre 1963 :

    « Le Maroc [sut] que [Ben Barka] était en Tchécoslovaquie. Dans les milieux de la police, on estim[ait] que le but de sa visite était de discuter du développement de formation et de divers groupes marocains destinés à être déployés sur la frontière Maroc-Algérie[28]. »

    Le CAB1 ne se trompait qu’à moitié, puisque Ben Barka ne suivit un stage de formation aux techniques conspiratives qu’à compter du 9 au 17 mars 1965 à Prague[29]. Une quinzaine plus tard, au Caire, dans le cadre d’un colloque sur la Palestine, il prononça un discours critiquant « le rôle d’Israël en Afrique »[30]. Il est peu probable, compte tenu du « besoin d’en savoir » qui régit les relations dans le monde du renseignement, que le Mossad fit part de cette évolution à son homologue marocain.

    Pourtant, le service israélien n’avait pas tardé à établir une liaison avec Oufkir. Comme pour Laghzaoui, son entrée en jeu se concrétisa par l’arrestation de vingt membres du Misgeret, marquant la fin de leur opération, et en inaugura une nouvelle, Yakhin (1961-1966). Mais la liaison avec Oufkir n’intervint qu’en toute fin des démarches d’Easterman et de Golan[31]. Et encore se contenta-t-il dans un premier temps que de signer les passeports collectifs et de demander à son ami, le général Ben Aomar Driss, gouverneur de Casablanca, d’en finir avec le rançonnage des émigrants[32]. Au cours d’un temps d’observation (1961-1963) équivalent à celui que connut Laghzaoui (1956-1958) avant son premier contact direct, Oufkir fut d’abord mis en relation avec le commissaire divisionnaire de la Sûreté nationale parisienne, Emile Benhamou. Il est difficile de dire si les deux hommes se connaissaient depuis la Seconde Guerre mondiale, comme il est généralement établi, ou si le policier spécialisé dans les affaires financières, né à Tlemcem, rencontra son collègue marocain à propos des trafics de devises entre l’Afrique du Nord et la métropole aux lendemains de la décolonisation. Toujours est-il qu’en février 1963, Behamou organisa un déjeuner entre le directeur de la Sûreté national marocaine et Yaagov Caroz. Suivirent la réception par Hassan II du directeur du Mossad, Meir Amit, accompagné de Caroz et à laquelle assista évidemment Oufkir, à Marakech, en avril, puis une série de rencontres de ce dernier avec son officier traitant, David Shomron, dans les hôtels genevois Beau Rivage et Cornavin[33]. Mi-décembre, le chef des opérations du Mossad, Rafi Eitan, et Shomron se rendirent à Rabat pour rencontrer Oufkir. Tandis que Shomron faisait connaissance de Dlimi, Eitan et Oufkir établirent les bases de la coopération entre leurs services respectifs. Dans le contexte de guerre avec l’Algérie, soutenue par l’Egypte nassérienne et Cuba[34], la Sûreté nationale marocaine était demandeuse de formation à la protection de ses ambassades et au renseignement électromagnétique, tandis que le Mossad recevait un accès aux prisonniers égyptiens qui combattaient aux côtés des Algériens. Le service israélien obtint d’ouvrir une station par laquelle transiteraient les renseignements échangés entre les deux partenaires ; Shomron en prit la direction. Cette information fut confiée à Oufkir lors de son premier voyage à Tel Aviv, le 3 janvier suivant, que confirma Hassan II[35].

    Quant le CAB1 comprit que Ben Barka complotait avec le StB, il chercha à le localiser. Mais l’opposant marocain se déplaçait sans cesse, changeant d’identité à chacun de ses voyages entre Alger, où il avait sa résidence, et Le Caire, où il bénéficiait de complicités. De là, il s’évaporait vers des destinations que les compétences du service de renseignement intérieur marocain ne pouvaient identifier. Le 25 mars 1965, au soir des manifestions de Casablanca trop sévèrement réprimées par la police d’Oufkir, un conseil restreint se tint à Rabat en présence d’Hassan II ; outre le souverain et le ministre de l’Intérieur, se seraient trouvés ainsi réunis le directeur-adjoint (Oufkir en était toujours le directeur en titre) de la Sûreté nationale, le commandant Ahmed Dlimi, le chef de la maison royale, le colonel Moulay Hafid, et le directeur général du cabinet royal, Driss M’Hammedi. L’objet de cette conférence fut d’évoquer « le cas Ben Barka » dont le rôle à l’étranger pouvait être plus nocif que s’il était dans le pays[36]. Avant de pouvoir l’amener à rentrer, encore fallait-il réussir à savoir où il se trouvait.

    Il fallut donc demander l’aide des Israéliens. Début mai, David Kimche, de l’unité Tevel (Monde), chargée des relations avec les services étrangers, vint à Rabat étudier avec Oufkir les attentes marocaines, puis les deux hommes s’envolèrent pour Tel Aviv, via Rome, afin d’obtenir l’accord de Meir Amit. Rapidement, le Mossad localisa Ben Barka à Genève. La capitale économique helvétique formait la plaque tournante à partir de laquelle le dirigeant de l’UNFP planifiait ses déplacements en Europe et dans le monde ; ses contacts au sein du SDECE, au temps des opérations françaises en Algérie, lui avaient conseillé d’éviter la France. Un kiosque de presse genevois lui servait de boite aux lettres. Mais il s’y faisait réexpédier différents journaux et revues internationaux, dont The Jewish Observer. Le Mossad fit aussi la découverte qu’un autre service surveillait le Marocain et suspendit ses opérations en sa direction. Cette décision signifiait que le service en question était un allié, comme la CIA, avec lequel la Centrale israélienne collaborait depuis octobre 1952[37]. En aucun cas, le Mossad n’aurait suspendu sa surveillance s’il s’était agi du StB. Toujours est-il que les agents de la Sûreté nationale marocaine durent remplacer ceux du service israélien pour « planquer » autour du kiosque genevois. En deux semaines, ils retrouvèrent Ben Barka.

    A la fin de l’été 1965, Hassan II prit la résolution d’en finir avec cette question. Lors de sa demande de participation au compromis proposé par le souverain, l’opposant en exil répondit qu’il fallait renvoyer « les opportunistes et les traitres », désavouant l’UNFP autant qu’il courrouçât le souverain. Le roi demanda à Oufkir de conclure un marché avec le Mossad : en échange de son accès à la conférence de la Ligue arabe, qui devait se tenir à Casablanca du 13 au 18 septembre 1965, le service israélien aiderait le CAB1 à mettre la main sur Ben Barka. L’objectif était de lui donner l’alternative entre un poste ministériel, donc un ralliement à la monarchie honnie, et un procès pour trahison, sur la base des informations relatives à ses tractations avec le StB, devant une cour marocaine. Ce marché, courant entre services de renseignement, révélait un changement de sens dans la relation entre le Mossad et la Sûreté nationale marocaine : l’opération Yakhin prenait fin et les transferts financiers se faisaient anecdotiques[38].

    Début septembre, des membres de l’unité Tziporim (unité de recherche opérationnelle), dont Rafi Eitan et Zvi Malkin, se rendirent à Casablanca, que le CAB1 installa, sous bonne garde, au niveau de la mezzanine de l’hôtel accueillant la conférence. Le 12 septembre pourtant, Hassan II se ravisa et ordonna aux agents israéliens d’abandonner le site, craignant qu’ils ne fussent reconnus par leurs confrères de la partie adverse arabe. Le CAB1 utilisa les moyens d’écoute installés par le Mossad et, immédiatement après la conférence, transmit toutes les informations nécessaires, ainsi que le matériel électromagnétique israélien. Dans l’affaire, le service israélien obtint un aperçu de l’état d’esprit des plus grands ennemis d’Israël, notamment que les armées arabes n’étaient pas préparées à une nouvelle guerre. Quant à Nasser, dont le Gihaz al-Mukhabarat al-Amma (Service de renseignement général) détecta la présence israélienne, il eut la preuve de la duplicité marocaine[39]…

    La partie du marché en faveur du Mossad ayant été tenue, il fallait que le service israélien tînt sa part. Il n’est pas inutile de voir une relation entre cette responsabilité prise par Meir Amit envers Mohamed Oufkir et le nom que le Premier ministre israélien, Levi Eshkol, qui aimait citer les sources religieuses, donna à l’opération : « Baba Batra » était autant une référence à l’ordre talmudique relatif à la responsabilité individuelle qu’un jeu de mots autour des initiales de Ben Barka. « Baba Batra » prit la forme d’une intoxication. Elle consistait à faire croire à la cible que son conseil et son aide seraient décisifs pour un projet de film sur les mouvements révolutionnaires dans le monde. Depuis cinq ans, le Mossad connaissait la propension insurrectionnelle de celui qui, depuis le printemps, présidait le comité préparatoire de la conférence Tricontinentale, ce qui l’amenait à travailler avec la Dirección de Inteligencia cubaine. La réalisation opérationnelle et le recrutement de l’équipe de cinq membres, dont le service israélien fournissait les passeports, furent laissés à l’initiative marocaine. Le Mossad n’apporta que quelques éléments ciblés. Le premier consista certainement dans celui de crédibilité : un producteur débutant de films[40] suisse, Arthur Cohn, collaborateur du Shin Bet, le service israélien de renseignement intérieur, et gendre du ministre israélien de la Justice Moshe Haïm Shapira. Le second fut plus décisif : plutôt qu’une action auprès d’un fonctionnaire de la police fédérale des étrangers, le Mossad fit pression, certainement contre espèces, sur un avocat suisse, évidemment connu de Ben Barka pour lui faire comprendre, le 28 octobre, que « son autorisation de séjour et son visa seraient arrivés à expiration et le fonctionnaire chargé de les renouveler serait parti se reposer en vacances en Israël »[41].

    Le 4 octobre 1965, sans en dévoiler les attendus opératifs, Amit fit part à Eshkol de la nouvelle demande marocaine. Les deux dirigeants se montrèrent dubitatifs quant à la sincérité des Marocains. Leur sentiment sembla être confirmé lorsque le capitaine Dlimi demanda, le 12 octobre, de fausses plaques de voiture et du poison. Treize jours plus tard, Amit se rendit à Rabat pour une visite de routine. Il tenta de dissuader les Marocains de remettre à plus tard l’assassinat prévu, « de sorte que leurs préparations [fussent] plus parfaites. » Mais le chef du CAB1 le surprit en lui annonçant que l’opération était « déjà en cours ». Placé devant le fait accompli, le directeur du Mossad réalisa qu’il ne pouvait plus louvoyer et se devait d’apport un soutien à l’opération[42].

    Le renseignement français et Ben Barka

    Le CAB1 lança son opération dès le printemps 1965 en dépêchant à la suite de Ben Barka un agent sous couverture. Elle fut même lancée depuis Paris par le ministre de l’Intérieur en personne ; le général Mohamed Oufkir organisa une réunion avec des « amis français », le 21 avril ; neuf jours plus tard, une note du service de la recherche au SDECE ne précisait pas qui ils étaient. Tout juste était-il mentionné son objet :

    « Le général Oufkir, ministre marocain de l’Intérieur, qui est arrivé à Paris le 21 avril a été chargé par le roi du Maroc d’entrer en contact avec Mehdi Ben Barka pour tenter de le convaincre de rentrer au Maroc avec ses compagnons. Hassan II est décidé, en effet, à lever la procédure de contumace pris à l’encontre du leader de l’UNFP »[43].

    Si l’on considère la réunion du 25 mars 1965 à Rabat comme lançant la première phase de l’opération, cette réunion semblait antérieure à la réponse israélienne. Elle correspondait à cette époque où les Marocains pensaient pouvoir retrouver Ben Barka facilement. Aussi Oufkir vint-il à Paris dans un état d’esprit différent de celui avec lequel il se rendait moins de deux mois plus tard à Tel Aviv. Cette fois, la réunion du 21 avril, aux accents informels puisqu’elle se tînt au Crillon, où descendit le ministre de l’Intérieur, se contenta d’obtenir de ses « amis français » l’autorisation de mener une opération dans la capitale. Parmi les « amis » présents, peut-être se trouvait-il son homologue français, Roger Frey, le chef de cabinet de ce dernier, Jacques Aubert, l’avocat Pierre Lemarchand et le directeur général de la Sûreté nationale, Maurice Grimaud ? Outre leur implication précédente dans les opérations barbouzardes contre l’OAS, ces quatre hommes, à diverses étapes de l’opération marocaine, eurent un rôle éminent à jouer. Le premier connaissait son collègue de Rabat depuis qu’ils avaient été présentés peu après son accession à l’Intérieur, le 6 mai 1961 ; certains prétendent que les deux ministres se fréquentaient depuis cette date, le Français se rendant en famille chez le Marocain[44]. Le second, directeur de la Sûreté nationale en Algérie (janvier 1960-novembre 1961), puis en métropole (janvier-décembre 1962), eut des relations avec son homologue marocain à l’occasion d’affaires aussi diverses que la prostitution, le trafic de devises et la lutte contre l’OAS. Lutte que coordonna le troisième, à la demande de son ami Frey, rencontré en 1947 au service d’ordre du Rassemblement pour la France (RPF), avant de mettre en musique l’opération dessinée par le Mossad. Ces trois hommes figurent parmi la fine fleur des réseaux de renseignement gaulliste. Grimaud était plus atypique, proche de François Mitterrand. Le 7 janvier 1963, Oufkir lui présenta « son messager », le commissaire El Ghali El Mahi[45].

    Un cinquième homme était un habitué du Crillon et de la famille Oufkir, mais dont le rang social ne permit probablement pas de figurer parmi ces « amis français » du ministre marocain de l’Intérieur : Antoine Lopez. Inspecteur principal d’Air France (1963), il méritait à tout point de vue son surnom de « Savonnette ». Approché par le SDECE lorsqu’il n’était encore que chef de trafic à l’aéroport de Tanger (1953-1956), il devint, peu après sa mutation à Orly, un « honorable correspondant d’infrastructure (HCI) » (1958) du service VII (service de recherche opérationnelle). Cette ascension rapide en disait long sur son entregent pour recueillir des informations brutes, comme en attesta sa progression professionnelle de sous-chef, puis chef du service passages, puis du centre de permanence. Au SDECE, Lopez fut considéré comme une source généralement fiable, c’est-à-dire qu’il était côté B. Courant 1962, il devint « collaborateur » de la brigade mondaine ; il fut traité par Louis Souchon, chef de groupe de la section chargée de la répression des trafics de stupéfiants. Mais ce « combinard-type »[46] cacha bien son changement de légitimité, effectif au début de l’été 1965, pour devenir un agent marocain. Ce processus avait été entamé dès l’époque que Lopez passât à Tanger[47]. Le 29 juin 1965, Dlimi lui octroya un laissez-passer du ministère de l’Intérieur marocain[48]. Depuis le printemps, il cherchait à se faire détacher d’Air France, où il était sur une voie de garage, vers la direction des relations extérieures de Royal Air Maroc, avec l’appui d’Oufkir et, à Paris, du SDECE[49]. Dans l’opération marocaine, le rôle de Lopez fut double. D’une part, il désinforma son officier traitant au SDECE, le colonel Marcel Leroy (Finville), lui distillant suffisamment de données pour pouvoir justifier son rang d’HCI, photographiant les documents de la réunion du Caire de la Tricontinentale, contenus dans la serviette d’un agent marocain le 5 septembre[50], mais omettant les éléments qui auraient permis d’identifier l’opération en cours[51]. D’autre part, il assura la logistique (hommes du milieu et domiciles privés) de l’opération marocaine en France.

    Si Oufkir mobilisa son réseau de soutien, Dlimi choisit d’envoyer, sous fausse identité, son collaborateur, le jeune commissaire Miloud Tounsi (Larbi Chtouki), infiltrer l’entourage parisien de Ben Barka. Rapidement, courant avril, son choix se porta sur Philippe Bernier, un jeune journaliste autant gauchiste qu’impécunieux. Il figurait peut-être sur les tables du CAB1, tant il s’agissait d’une figure connue au Maroc : outre sa proximité avec l’ancien président de l’Assemblée consultative, il fut producteur-directeur des programmes de Radio Maroc (1954-1956), puis anima un réseau de soutien à la résistance algérienne (1958-1960), avant d’occuper brièvement un poste de chargé de mission à la présidence algérienne (printemps 1962)[52]. Soupçonné d’être un agent de la Sécurité militaire algérienne aussi bien que du Mossad, il ne fut qu’un idéaliste, « un journaliste parfaitement intègre »[53] embarqué dans une affaire qui le dépassa. S’il fut choisi initialement pour son contact avec Ben Barka, contre des fonds qui lui permirent de mettre en chantier le n° 0 d’un nouveau magazine destiné à la jeune génération, L’Inter Hebdo, il présenta un nouvel intérêt lorsqu’au début de l’été 1965 le CAB1 dut mettre en œuvre le scénario israélien de film sur les mouvements révolutionnaires dans le monde. En effet, son entreprise éditoriale était adossée sur la Société d’étude de presse L’Inter, 17 rue Joubert, dans le 9e arrondissement parisien ; cette dernière offrit une couverture idéale pour héberger la tentative d’approche de Ben Barka[54].

    La mise en œuvre de l’opération imaginée par les Israéliens commença le 30 août 1965. A cette date, Chtouki se vit délivrer le passeport de service n° 551 par le ministère marocain de l’Intérieur[55]. Le lendemain, il arriva à Paris et rencontra Bernier et Lemarchand. Après explication du scénario, l’avocat entreprit de rédiger, sous la dictée de Chtouki, un questionnaire qui servirait à l’interview de Ben Barka, pour la partie du tournage liée au Maroc et aux événements de mars 1965. Puis il invita Bernier à rencontrer un de ses amis de collège, qui avait ses entrées dans le monde du cinéma français, Georges Figon. Omit-il de dire qu’il ne fût qu’un petit délinquant, sorti d’hôpital psychiatrique au printemps, et impliqué dans les trafics de dinars ? Chtouki, et à travers lui, le CAB1, le savait, puisqu’il traitait les truands chargés des « procédés non-orthodoxes », signalés par Lopez à Leroy le 12 mai ; ces procédés ne consistaient en rien d’autre que l’enlèvement. Avec l’opération marocaine, Lemarchand retrouva les échos de ses activités barbouzardes contre l’OAS. Figon fut son intermédiaire avec le milieu interlope qui prit ses quartiers, en attendant Chtouki, à la résidence Niel. Lemarchant intervint également auprès du commissaire des Renseignements généraux de la Préfecture de Police de Paris, Jean Caille, pour faire octroyer un passeport à son « adjoint », celui-ci étant toujours soumis au contrôle judiciaire. Par contre, Figon utilisa les services de l’inspecteur Roger Voitot, adjoint de Souchon à la brigade mondaine, pour remplacer le passeport périmé de Bernier. Ainsi, Chtouki, le journaliste Bernier et le « producteur » Figon purent-ils se rendre au Caire le 2 septembre 1965.

    Le lendemain, le trio rencontra Ben Barka. Il lui soumit le projet de film, au titre évocateur de Basta !, évoqua le cinéaste Georges Franju, très en vue à l’époque pour son réalisme sans concession. Malgré ses multiples occupations, qui l’avaient obligé à repousser les demandes répétées au printemps et à l’été de Moulay Ali, ambassadeur du Maroc à Paris, de revenir au pays, le président du comité préparatoire de la conférence Tricontinentale s’emballa pour ce documentaire. Il accepta de revoir ses promoteurs à Genève, entre deux voyages à travers le monde, le 20 septembre et le 6 octobre suivant. Pour cette dernière réunion, Figon fit le voyage seul. Bernier lui confia une lettre d’introduction à entête de la Société d’étude de presse L’Inter, datée de la veille à Paris, ainsi qu’un contrat, daté de Genève, le jour de la rencontre avec Ben Barka. Une troisième rencontre fut prévue à Paris, en présence du réalisateur. La date fut fixée au 29 octobre, à Paris.

    La veille, apprenant ses difficultés à renouveler son autorisation de séjour en Suisse, Ben Barka joignit le cabinet de Roger Frey pour s’enquérir de deux choses : la présence d’Oufkir à Paris et son libre accès au territoire français. Comme il lui fut assuré que rien ne s’opposait à sa venue en France, l’opposant marocain refusa les mesures de protection qui lui furent offertes[56]. S’il est impossible d’identifier le correspondant français – Jacques Aubert ? -, ou d’affirmer que la conversation eut véritablement lieu au ministère de l’Intérieur parisien, et encore moins d’assurer l’authenticité de ce coup de fil, il semble toutefois qu’il s’agît de la seconde partie de la manipulation du Mossad sur l’avocat suisse.

    Pendant que Chtouki, Bernier et Figon appâtaient Ben Barka, le commissaire El Ghali El Mahi vint officiellement s’inscrire à l’Ecole des Hautes études commerciales. En fait, l’« ordonnance » de la famille Oufkir lorsqu’elle prenait ses quartiers à Paris avait une autre mission, celle d’ordonnance de Chtouki, qui ne connaissait pas la capitale française. Il représenta donc ce dernier auprès des truands, abrités à la résidence Niel à compter du 21 septembre. A peine remis de sa stupeur en apercevant Lemarchand accompagnant Figon à l’avion de Genève deux jours plus tôt, Lopez s’imagina que les Marocains étaient en train de le doubler. Son détachement pour Royal Air Maroc était au point mort, malgré les contacts pris par Leroy à Air France, auprès d’Henri Barnier, un ancien du SDECE reconverti chef du cabinet du directeur général de la compagnie nationale, et avec la secrétaire de Roger Frey, Henriette Renaud, au cours d’une réception donnée à l’occasion du mariage de sa fille, en juillet. « Savonnette » connaissait aussi les truands recrutés par Chtouki. Il était même l’interlocuteur privilégié de Georges Boucheseiche, proxénète bien connu des deux côtés de la Méditerranée et ancien de la Gestapo française de la rue Lauriston et du gang des tractions avant. Il partageait leurs doutes quant à la sincérité du CAB1 : il ne s’agissait pas de la mission, bien sûr, mais de la rémunération. Cette question les agita du 10 au 27 octobre, Figon se montrant finalement le plus instable et menaçant d’utiliser ses contacts journalistiques pour déverser sa bile dans les jours qui suivirent[57]. Lopez préféra dévoiler l’opération Bernier-Figon à Leroy[58]. Il fit de même après l’enlèvement, taisant naturellement son rôle, en téléphonant au chef du service VII… alors qu’il savait qu’il serait absent de chez lui ou de son bureau.

    Si le SDECE fut maintenu consciemment sous embargo, hormis peut-être le directeur de la recherche, le colonel René Bertrand (Jacques Beaumont), il n’en alla pas de même du cabinet du ministre de l’Intérieur. Outre la conversation téléphonique du 28 octobre avec Ben Barka, son implication apparut sous deux aspects. Le premier était le plus connu, toujours au téléphone, à 10 heures et demie, à travers l’autorisation imputée à Jacques Aubert, bien que la voix perçue par l’auditeur fut différente de celle de l’orateur, donnée à Louis Souchon de répondre à la réquisition de Lopez. Le 28 octobre, le « collaborateur » de la brigade mondaine offrit à son officier traitant une tricoche, c’est-à-dire une rémunération pour services rendus à des intérêts privés. Il n’aurait qu’à « interpeller un bic », ainsi que Souchon l’expliqua le lendemain au commissaire-adjoint Lucien Aimé Blanc, responsable du parc automobile de la brigade. Le second aspect est moins connu : du 10 septembre au 25 octobre, le cabinet du ministre de l’Intérieur autorisa le commissaire Gaston Boué-Lahorgue, un ancien des barbouzeries anti-OAS devenu chef de la Brigade de documentation et de recherche criminelle de la Direction générale de la police nationale (DGPN), à mener des écoutes à Paris, en contradiction avec la procédure qui voulait que seule la Préfecture de Police fût compétente dans le ressort de la capitale. La cible était la résidence Niel, un hôtel de rendez-vous assez bien agencé et dirigé par le proxénète parisien Marius Chataignier. Tous les truands sélectionnés par Chtouki et Boucheseiche y résidèrent jusqu’au 23 octobre[59]. Ces écoutes signifiaient soit, que Roger Frey se méfiait aussi de Mohamed Oufkir, soit qu’il tenait à anticiper un mauvais coup de ces criminels, armés depuis le 21 septembre. Dans un cas comme dans l’autre, il savait qu’une opération marocaine était en cours et que la structure de soutien était la Préfecture de Police.

    Evidemment, il ne soupçonna pas l’implication du Mossad. Lorsque le décès de Ben Barka fut constaté, le 29 octobre, la panique prit toute l’équipe marocaine, les truands, Chtouki et même Lopez ; ce dernier ne savait que trop quelle était sa responsabilité dans l’affaire, lui qui avait désigné, camouflé derrière d’épaisses lunettes noires et de fausses moustaches, à Souchon et Voitot la personne de Ben Barka sur le trottoir de l’avenue des Champs-Elysées. Après avoir été ramené à Paris, vers 13 h 30 par les deux policiers, Lopez rejoignit Boucheseiche à Fontenay-le-Vicomte. Entre temps, il téléphona à Leroy, laissant un message laconique à son officier-traitant qu’il savait pertinemment en réunion, comme tous les vendredis[60]. Ben Barka décédé, il dut regagner Orly pour téléphoner au Maroc, mais à entre 17 h 32 et 17 h 38, il ne toucha que les directeurs de cabinet de Dlimi, le commissaire principal Abdelhaq Achaâchi, et d’Oufkir, Hajj Ben Alem. Le général rappela seulement vers 22 h 30, annonçant son arrivée par l’avion de nuit ; seulement, il dut passer par Fès, pour « rendre compte au patron », c’est-à-dire à Hassan II. Si le décès avait été prévu, il est clair que l’avis du souverain n’aurait pas été nécessaire pour poursuivre l’opération ! Et Dlimi n’aurait pas eu besoin d’abandonner la préparation du déplacement du roi à Alger, pour le sommet afro-asiatique du 1er novembre. Lui aussi annonça tardivement son arrivée avec l’avion du lendemain. Mais l’un et l’autre durent repousser leur venue à la fin d’après-midi et au début de soirée du 30 octobre.

    Dlimi profita de ce délai aérien pour se concerter avec Oufkir et appeler Naftali Keinan, chef de la section Tevel du Mossad. Ils convinrent de se retrouver à Orly, où après quelques propos, ils préférèrent se revoir après l’arrivée d’Oufkir, à la porte de Saint Cloud ; leur rencontre fut surveillée par Eliezer Sharon et Zeev Amit, un cousin du chef de Meir Amit. Là, Dlimi lui indiqua la route pour gagner la maison de Lopez où Ben Barka fut conduit après son enlèvement et où il trouva la mort. Keinan demanda à Emanuel Tadmor, le chef de poste du service israélien à Paris, d’y envoyer en urgence une équipe de quatre personnes (Eliezer Sharon, Zeev Amit, Rafi Eitan et Shalom Baraq) couverte par d’autres agents planqués dans deux voitures diplomatiques, s’occuper de la dépouille. Ils l’enveloppèrent, le mirent dans le coffre de la voiture diplomatique de Baraq et se dirigèrent vers le périphérique pour quitter Paris. Le corps de Ben Barka fut enterré nuitamment dans un bois au nord-est de Paris, en un lieu où les agents du Mossad avaient l’habitude de faire des pique-niques avec leurs familles. Ils versèrent ensuite sur et sous le corps un produit chimique, acheté en petites quantités dans plusieurs pharmacies de Paris, puis versèrent de la chaux et enfin recouvrirent la dépouille. Quelques heures plus tard, la pluie activa les produits chimiques et le corps se dissout. En l’absence de corps, l’enquête n’en serait que plus difficile. Le lendemain matin, à cinq heures, Oufkir, Dlimi et Chtouki quittaient Paris, l’un pour Genève, les autres pour Casablanca. Le 31 octobre, Boucheseiche s’envola à son tour pour Casablanca. Peu après, Lopez rendit compte à Leroy de ces allers et retours, n’en sachant à vrai dire pas plus. Sinon, il tut la mort de Ben Barka, s’évitant de quelconques poursuites ultérieures[61].

    Les services de renseignement et l’affaire Ben Barka

    Dès le 30 octobre au soir, des bruits entourant la disparition de dirigeant de l’UNFP se répandirent dans Rabat[62], alors que l’événement passa presque inaperçu dans les premiers jours à Paris. Toutefois, l’annonce par Europe 1 de la disparition de Ben Barka, à 19 heures, alerta Leroy. Mais il ne put rien faire en raison du long week-end qui s’annonçait. Néanmoins, il nota « mentalement de rappeler au général Jacquier, après les fêtes de Toussaint, le mardi suivant, nos deux rapports des 19 mai et 22 septembre », puis d’en rédiger un nouveau suite à la conversation qu’il aurait avec Lopez[63]. Le chef du service VII imaginait déjà avoir été dupé par son HCI. Il en eut le pressentiment dès le 22 septembre, lorsque Lopez lui dévoila l’opération israélienne. Leroy ne dit-il pas à cette occasion à son rédacteur pour les questions arabes, Marcel Chaussée (Marc Desormes) : « Je crois que les Marocains viennent plutôt à Paris pour flinguer (sic) Ben Barka ». Ces propos furent prononcés trois quarts d’heure après que le chef du service VII eût demandé à son subordonné de rédiger une note sur la politique d’Hassan II après les révélations de Lopez[64]. Leroy tint-il ces propos d’une conversation qu’il eût, le 22 septembre, avec son supérieur, le colonel Bertrand (Jacques Beaumont) ?

    La question ne fut jamais posée car le SDECE fut emporté dans une vaste « opération d’intoxication »[65]. Dès l’annonce de la disparition de Ben Barka, les « amis français » d’Oufkir s’ingénièrent à distiller dans la presse une vérité incriminant le service de renseignement extérieur. Le 3 décembre, l’ambassadeur britannique Cynlais Morgan James, put ainsi noter :

    « Prétendument corrompu, véreux, dépourvu d’une bonne direction ou d’un vrai contrôle, le SDECE va prendre une dérouillée très sévère »[66].

    A ce petit jeu médiatique, ce dernier répondit par le plus grand mutisme, permettant toutes les hypothèses, en premier lieu celle de l’implication du SDECE dans cette disparition. Ce silence extérieur se traduisit à l’intérieur du service dans une note du directeur général, le 3 novembre, prescrivant à son directeur de la recherche – qui répercuta dans les services – de « ne rien faire dans l’histoire Ben Barka (pas d’initiative) » et surtout pas « orienter particulièrement nos sources »[67], en l’occurrence le poste de Rabat. Dans sa dépêche du 3 décembre, Cynlais Morgan James établissait dans cette ville l’élaboration du complot « par le service de sécurité marocain et des représentants régionaux du SDECE. Les deux agents du SDECE ne sembl[ai]ent pas être haut placés »[68] ; l’information venait d’une « source sûre », mais rien ne dit que cet ancien officier de renseignement dans la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale ne fut pas également intoxiqué par les mêmes « amis français » du Maroc qui attaquèrent le SDECE. Un fonctionnaire du Foreign Office, lui-aussi ancien officier de renseignement jusqu’en septembre 1956, tenta « de résumer ce que [la diplomatie britannique] sav[ait] de l’affaire Ben Barka ». Il conclut que « mis à part [un] télégramme de Paris (…) et deux lettres de Rabat, nous dépendons d’articles de presse, dont certains sont peu fiables »[69]. Les télégrammes déclassifiés de la CIA, entre le 2 novembre 1965 et le 1er janvier 1967, relayèrent également, à 77 %, les publications de la presse[70].

    Pour autant, le 3 novembre 1965, Jacquier se méfia-il de ses agents sur le terrain, dont un d’eux, le capitaine Jarry, était très lié à Oufkir[71] ? Ou bien de son responsable géographique Monde arabe (III/A), le colonel Tristan Richard ? Ou encore du colonel René Bertrand (Jacques Beaumont), véritable chef du SDECE et premier recruteur, à Tanger, de Lopez ? Ou bien comprit-il que tout cela fut attaque en règle de la part des parties à cette affaire, aussi bien à la Préfecture de Police qu’au ministère de l’Intérieur, et que la meilleure des positions fût de laisser le réseau marocain du service en état de léthargie afin de voir ce qu’il se passerait ? Le directeur-général du SDECE, le général Paul Jacquier, qui n’était pas un homme du renseignement, ne se prononça jamais sur ses doutes et options. Néanmoins, ces questions s’éclairaient à la lumière du climat régnant au sein du service, au lendemain du long week-end de Toussaint. Comme à chaque fois depuis 1958, les officiers de renseignement, personnels militaires et civils, s’attendirent à une nouvelle purge. Leroy devint bientôt la victime expiatoire idéale. Lui-même chercha vainement à se défausser sur ses subordonnés, réputés proches de l’OAS, comme Marcel Chaussée (Marc Desormes).

    Cette solution à courte vue s’imposa en raison des élections présidentielles qui allaient se dérouler, le général de Gaulle, président sortant n’ayant pas encore annoncé s’il se représentait. Un scandale impliquant la police, et à travers elle l’Etat, ne pouvait être que désastreux pour sa réélection. Qui plus est, ce coup de projecteur sur le service de renseignement permettrait de faire le ménage. D’une part en éliminant la tendance pro-OAS qui rendait cette administration particulière difficilement commandable depuis 1961. D’autre part en réaffectant administrativement le service. Ces grandes décisions furent repoussées à après les élections, tant il était clair que le général de Gaulle fût réélu. Le 18 janvier 1966, Leroy fut suspendu de ses fonctions ; son arrestation et sa mise sous écrou intervint le 10 février suivant. Le lendemain, le Conseil des ministres retira le SDECE à l’autorité du Premier ministre pour la confier au ministre des Armées. Le général Jacquier fut admis à faire valoir ses droits à la retraite. Bertrand resta en place encore quatre ans. Le 10 novembre 1970, suite au soupçon d’être un « agent de l’Est », il fut remplacé furtivement (un an) par le colonel Richard. Le service VII fut supprimé, son personnel et ses fonctions opérationnelles réparties entre les autres services, notamment Action. Pour sa part dépossédé du SDECE, le Premier ministre Georges Pompidou nota que :

    « les chefs de service ne [semblaient] pas avoir couvert le moins du monde leurs subordonnés ; ni le préfet de Police Papon, ni le général Jacquier qui n’étaient pas au courant eux-mêmes ».

    Toutefois, il pointa l’absence de « coopération entre les services. Les polices[72] se détest[aient] ensemble elles détest[aient] les services spéciaux, et ce monde détest[aient] la justice »[73].

    En Israël également, la révélation de la disparition de Ben Barka tourna à l’affaire politique. Les quelques personnes qui connaissaient l’implication du Mossad pensèrent d’abord pouvoir l’éviter. Au fond, le service n’avait offert qu’« une assistance technique minimale », selon un télégramme envoyé de la station parisienne du Mossad à Amit. Le 5 novembre, ce dernier put dire au Premier ministre Eshkol que « les Marocains [avaient] tué Ben Barka. Israël n’avait aucune connexion physique à l’acte en lui-même. » Seulement, cette vision ne fut qu’une description partielle, voir évasive, des évènements. Pour Amit,

    « La situation [était] satisfaisante (…) Si des erreurs [avaient] été faites ici et là, [elles] n’étaient pas dus à l’inattention, mais à l’absence de moyen de prédire ce qui se passerait. Les gens sur le terrain, qui [avaient] travaillé sous la pression du temps et dans les circonstances les plus difficiles, [firent] quelques erreurs, et je prends toute la responsabilité sur moi. Malgré les erreurs, nous sommes encore dans les limites de sécurité que nous nous sommes fixés. »

    Mais Amit oubliait l’histoire interne de son service. Se dressa contre lui son prédécesseur, Isser Harel, connu comme le « père du renseignement israélien », et à ce titre se croyant détenteur de droit sur le Mossad. Surtout, il avait été forcé de quitter son poste suite à un différend avec David Ben Gourion. Consultant pour les affaires de renseignement d’Eshkol, il n’attendait qu’un faux pas d’Amit pour montrer que son successeur n’était pas digne de ses fonctions. La médiatisation internationale de la disparition de Ben Barka en était une et il entendait s’en saisir. Mais, contrairement à ce qui se passa à Paris, le Premier ministre soutint son directeur du service de renseignement. Harel ne démissionna qu’en juin 1966, suivit par son plus grand allié à l’intérieur du Mossad, l’artisan de la liaison avec le Maroc, Yaagov Caroz[74]. Aigri par la tournure des événements, il confia à Maxime Ghilan et Schmuel Mohr, tous deux journalistes à Bul (Cible), un magazine semi-pornographique, une documentation présentant l’apport technique du Mossad (appartement de repli, passeports, matériel de maquillage, fausses plaques, poison), mais taisant l’opération de manipulation, même si l’implication d’Arthur Cohn était mentionnée. L’auditeur militaire israélien fit saisir le numéro du 11 décembre 1966 de Bul, mais cinq cents exemplaires avaient déjà quitté le pays. L’article « Des israéliens dans l’affaire Ben Barka » fut publiée dans The New York Times du 19 février 1967, et repris dans Le Monde et France Soir du 22 février suivant.

    L’« opération d’intoxication » toucha également, dès le 2 novembre 1965[75], la CIA qui, comme le SDECE, n’avait rien à voir dans ces événements. « Il n'[était] toujours pas connu au juste de quoi il en retourne exactement, et nous ne voulons pas y être mêlés » fut la réponse que le service américain entendit faire passer par le biais du département d’Etat[76]. Mais le désordre qui toucha ces services de renseignement fut aussi l’occasion pour les services de l’Est, guerre froide obligeait, d’exploiter les difficultés de la partie adverse. Dès le 12 novembre 1965, le StB décida de lancer une Opération Départ dont les objectifs étaient d’attirer les soupçons sur le gouvernement américain et la CIA, pour faire croire qu’ils étaient les organisateurs directs du rapt, tout en dénonçant d’une part pour compromettre autant que possible la police, les services de renseignement français et Charles de Gaulle, et d’autre part Hassan II, Oufkir, Dlimi, les cadres du régime, tous présentés comme des « larbins actifs de l’impérialisme » ou des agents de l’espionnage américain. En France, un journaliste du Canard enchaîné (Pipa) contribua à l’opération de déstabilisation du StB[77].

    Bien que du point de vue marocain l’opération fut un ratage total, ni le ministre de l’Intérieur, ni le directeur-adjoint de la Sûreté nationale, ni le chef du CAB1 ne furent ennuyés par l’enquête judiciaire qui se déroulait en France. Dès le 3 novembre, l’ambassadeur marocain à Paris, Moulay Ali, fut remplacé par Laghzaoui. Hassan II optait pour le conflit avec Charles de Gaulle. Quant aux truands, ils furent placés sous surveillance du CAB1. Les inculpations d’Oufkir et de Dlimi restèrent non seulement lettre morte, mais le ministre de l’Intérieur devint l’enjeu des rapports diplomatiques[78] entre les deux pays pour quinze ans. Lorsque le procès des protagonistes français débuta le 5 septembre 1966, le souverain marocain tenta une dernière manœuvre dilatoire : le 19 octobre, le commandant Dlimi se présenta au palais de justice et se constitua prisonnier. Cette « initiative personnelle » lui valut cent vingt jours d’arrêt de rigueur et une promotion au grade de lieutenant-colonel. Interrompu le temps de la nouvelle instruction, le procès reprit le 17 avril 1967. Le 5 juin, Dlimi fut blanchi par la cour d’assise de Paris, tandis qu’Oufkir et les truands furent pour leur part condamnés par défaut à la réclusion à perpétuité. Antoine Lopez et Louis Souchon écopèrent de six et huit ans de réclusion. Leroy fut libéré mais sa carrière dans le renseignement était finie. Quant à Oufkir, son aura grandit dans la population autant que son étoile pâlit aux yeux de son souverain. Il sombra dans la boisson et finit par tenter de renverser Hassan II. Il fut exécuté le 16 août 1972. Quelques heures plus tard, les truands furent éliminés. Dlimi mourut dans un accident le 22 janvier 1983. Ainsi s’acheva, du point de vue du renseignement, l’affaire Ben Barka.

    Notes:

    [1] Jean-Paul Marec, La ténébreuse affaire Ben Barka. Les grandes affaires de ce temps, Paris, Les Presses noires, 1966 ; François Caviglioli, Ben Barka chez les juges, Paris, La Table ronde de Combat, 1967 ; Roger Muratet, On a tué Ben Barka, Paris, Plon, 1967 ; Daniel Guérin, Les assassins de Ben Barka, dix ans d’enquête, Paris, Guy Gauthier, 1975 et Ben Barka, ses assassins, Paris, Syllepse & Périscope, 1991 ; Bernard Violet, L’affaire Ben Barka, Paris, Fayard, 1991 ; René Gallissot, Jacques Kergoat (dir.), Medhi Ben Barka. De l’indépendance marocaine à la Tricontinentale, Paris, Kerthala/Institut Maghreb-Europe, 1997 ; Zakya Daoud, Maâti Monjib, Ben Barka une vie une mort, Paris, Michalon, 2000 ; Maurice Buttin, Ben Barka, Hassan II, De Gaulle, ce que je sais d’eux, Paris, Karthala, 2010 ; Mohamed Souhaili, L’Affaire Ben Barka et ses Vérités, Paris, La Procure, 2012…
    [2] Archives de la Préfecture de Police de Paris, E/A 1390 (articles de presse) et HB3 1-9, Renseignements généraux (1965-1967)* ; Archives nationales, Pierrefitte, 19870623/41-42, dossier de la Section des étrangers et des minorités des Renseignements généraux*, 2003327/2, enquête judiciaire (1965-1967), 19920427/42-44, dossier de la Direction générale de la Police nationale (1965-1967) ; Documents diplomatiques français [DDF], 1965-II, 1966-I et 1966-II, Paris/Bruxelles, Ministère des Affaires étrangères/Peter Lang, 2004 et 2006 ; Roger Faligot, Pascal Krop (RFPK), La Piscine. Les services secrets français 1944-1984, Paris, Seuil, 1985, p. 390-405 ; Pascal Krop (PK), Les secrets de l’espionnage français de 1870 à nos jours, Paris, Lattès, 1993, p. 798-821 (dans les deux cas, il s’agit de documents provenant du dossier de Marcel Le Roy, colonel du SDECE contraint de démissionner suite à l’Affaire).
    [3] FOIA CIA et David S. Patterson, Nina Davis Howland (Dir.), Foreign Relations of the United States, 1964-1968, XXIV, Africa [FRUS], Washington, United States Government Printing Office, 1995.
    [4] Service historique de la Défense, Département de l’armée de Terre, Vincennes, 6 Q 32/3.
    [5] Ignace Dalle, Les trois rois. La monarchie marocaine de l’indépendance à nos jours, Paris, Fayard, 2004, p. 203.
    [6] Juris-classeur marocain, Paris, Editions techniques, 1972, p. 219.
    [7] Maurice Buttin, op. cit., p. 68.
    [8] Gérald Arboit, Des services secrets pour le France. Du dépôt de la Guerre à la DGSE (1856-2013), Paris, CNRS Editions, 2014, p. 269-274.
    [9] Stephen Smith, Oufkir. Un destin marocain, Paris, Calmann-Lévy, 1999, p. 204.
    [10] Bureau central des archives administratives militaires, Pau, 134953.
    [11] Cité par Ignace Dalle, op. cit..
    [12] Roger Muratet, op. cit., p. 160.
    [13] Cité par Ignace Dalle, op. cit., p. 288.
    [14] Dlimi était à Pau à l’automne 1956, comme adjoint au commandant de la 1re Compagnie de parachutistes marocains à l’instruction [Jamila Abid-Ismaïl, Calvaire conjugal, Casablanca, Eddif, 2007, p. 53].
    [15] Avec les précautions d’usage relatif à tout travail journalistique et éludant les effets sur les forces de sécurité marocaines, cf. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort. L’Ecole française, Paris, la Découverte, 2004.
    [16] Maurice Buttin, op. cit., p. 72 ; Gérald Arboit, op. cit., p. 278-279 ; Raymond Aubrac, Où la mémoire s’attarde, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 233.
    [17] Philippe Bernert, SDECE Service 7. L’extraordinaire histoire du colonel Le Roy-Finville et des clandestins, Paris, Presses de la Cité, 1980, p. 89, 268.
    [18] FOIA CIA, 51966ec6993294098d509ff5, note de criblage, 19 mars 1963 ; 51966ec6993294098d509ff5, Ugo Antonio Emanuele Dadone (Desdemone), « « colloquio Mediterraneo » Firenze 3/6 octobre 1958 », p. 14.
    [19] Yigal Bin-Nun, « La quête d’un compromis pour l’évacuation des Juifs du Maroc », Pardès, n° 34, 2003/1, p. 75-98.
    [20] Archives de l’Etat d’Israël (AEI), Jérusalem, Ministère des Affaires étrangères, 2525/9, Easterman à Goldmann, 1er juillet 1957 ; 4317/10/II, télégr. Shneurson suite à sa conversation avec Easterman, 19 janvier 1958 ; 4318/10/II, Easterman à Laghzaoui, 26 novembre 1958. Cf. Yigal Bin-Nun, « The contribution of World Jewish Organizations to the Establishment of Rights for Jews in Morocco (1956-1961) », Journal of Jewish Modern Studies, n° 9/2, 2010, p. 251-274.
    [21] Ibid., 4317/10/II, Levinsky lors d’une rencontre d’agents du Mossad à Paris, 7 novembre 1958.
    [22] Ibid., 4319/4/1, rapport de Chouraqui, Chouraqui à Castel et Gazit à Castel, 24 mars 1960. Cf. Yigal Bin-Nun, « Chouraqui diplomate. Débuts des relations secrètes entre le Maroc et Israël », Perspectives, Revue de l’Université hébraïque de Jérusalem, n° 15, 2008, p. 169-204.
    [23] Archives de l’Úřad pro zahraniční Styky a Informace (AÚZSI), Prague, 43802-20, rapport de Mičke, 1er avril 1960.
    [24] AEI, op. cit., 4319/4/2, Caroz à Gazit, 3 avril 1960 ; 2052/84/2, Verad à Maroz, 13 juillet 1960.
    [25] AÚZSI, op. cit., Čermák, 25 février 1963.
    [26] Ibid., Rezidentura Rabat, 23 mai 1963.
    [27] Ignace Dalle, op. cit., p. 288.
    [28] AÚZSI, op. cit., Rezidentura Rabat, 23 octobre 1963.
    [29] Petr Zídek, Karel Sieber, Československo a Blízký východ v letech 1948-1989 [La Tchécoslovaquie et le Moyen-Orient, 1948-1989], Prague, Ústav mezinárodních vztahů, 2009, p. 220-225.
    [30] Medhi Ben Barka, Ecrits politiques 1957-1965, Paris, Syllepse, 1999, p. 199-218.
    [31] Ian Black, Benny Morris, Israel’s Secret Wars. A History of Israel’s Intelligence Services, New-York, Grove Press, 1992, p. 179 ; Yigal Bin-Nun, « La quête d’un compromise…, op. cit., p. 83-95.
    [32] Stephen Smith, op. cit., p. 232.
    [33] Raouf Oufkir, Les invités, Vingt ans dans les prisons du Roi, Paris, Flammarion/J’ai lu, 2005, p. 370-373, citant Y. Bin-Nun, Les relations secrètes entre le Maroc et Israël, 1955-1967, manuscrit et cycle de conférences au Centre Communautaire de Paris, 2004 ; Yigal Bin-Nun, « Les agents du Mossad et la mort de Mehdi Ben Barka », La Tribune juive, 1er avril 2015.
    [34] Cf. Karen Farsoun, Jim Paul, « War in the Sahara: 1963 », Middle East Research and Information Project, n°45, mars 1976, p. 13-16 ; Piero Gleijeses, « Cuba’s First Venture in Africa: Algeria, 1961-1965 », Journal of Latin American Studies, vol. 28, n° 1, février 1996, p. 159-195.
    [35] Michel Bar Zohar, Nissim Mishal, Mossad les grandes opérations, Paris, Plon, 2012, p. 178-179 et Ronen Bergman, Shlomo Nakdimon, « The Ghosts of Saint-Germain Forest », Yediot Aharonot, 23 mars 2015.
    [36] Ahmed Boukhari, Raisons d’Etats. Tout sur l’affaire Ben Barka et d’autres crimes politiques au Maroc, Casablanca, Maghrébines, 2005, p. 89 [ce livre, bourré d’affabulations, doit être manié avec précautions, malgré des éléments issus des permanenciers du CAB1 toujours classifiés].
    [37] Ephraim Kahara, « Mossad-CIA Cooperation », International Journal of Intelligence and Counterintelligence, vol. 14, n° 3, 2001, p. 409-420.
    [38] Yigal Bin-Nun, « La négociation de l’évacuation en masse des Juifs du Maroc », Shmuel Trigano (dir.), La fin du Judaïsme en terres d’Islam, Paris, Denoël, 2009, p. 357.
    [39] Muhammad Hassanein Haykal, كلام في السياسة (Propos politiques), Le Caire, Al-Misriyya linarch, 2001, cité par Abdelhadi Boutaleb, Un demi siècle dans les arcanes du pouvoir, Rabat, Az-Zamen, 2002, p. 274.
    [40] Il n’a produit que deux documentaires, Le ciel et la boue (1961) et Paris secret (1965).
    [41] Zakya Daoud, Maâti Monjib, op. cit., p. 347.
    [42] Ronen Bergman, Shlomo Nakdimon, op. cit..
    [43] Citée par Maurice Buttin, op. cit., p. 230-231.
    [44] Ahmed Boukhari, op. cit., p. 103.
    [45] Maurice Grimaud, Je ne suis pas né en mai 1968. Souvenirs et carnets (1934-1992), Paris, Tallandier, 2007, p. 270-271.
    [46] Roger Muratet, op. cit., p. 163-164.
    [47] Cf. les propos d’Ali Benjelloun, in DDF, 1966-1, Beaumarchais, 20 août 1966.
    [48] Pièce déclassifiée par la DGSE le 12 novembre 2004, citée par Maurice Buttin, op. cit., p. 407.
    [49] Philippe Bernert, op. cit., p. 320-321.
    [50] Roger Muratet, op. cit., p. 144-145.
    [51] PK, p. 798-800, « Compte rendu de voyage effectué du 8 au 10 mai 1965 », annexé à la note VII/102/010/100 du 17 mai 1965 de Leroy à Richard. Note VII/1912/R du 22 septembre 1965 de Leroy à Bertrand (non publiée) reprise dans RFPK, p. 391-393, note 5140/DG/CAB du 22 décembre 1965 de Jacquier à Zollinger ; Ibid., p. 395-397, Leroy à Bertrand, sd [3 novembre 1965].
    [52] Roger Muratet, op. cit., p. 169-174.
    [53] Philippe Bernert, op. cit., p. 328.
    [54] World’s Press News and Advertisers’ Review, 18 juin 1965, p. 14 ; Roger Muratet, op. cit., p. 221.
    [55] Bernard Violet, op. cit., p. 153.
    [56] Zakya Daoud, Maâti Monjib, op. cit., p. 347.
    [57] Maurice Buttin, op. cit., p. 239, 282.
    [58] Note VII/1912/R, op. cit..
    [59] Lucien Aimé Blanc, L’indic et le commissaire, Paris, Plon, 2006, p. 242-244.
    [60] Philippe Bernert, op. cit., p. 348.
    [61] Ibid., p. 350-352 ; Ronen Bergman, Shlomo Nakdimon, op. cit. ; Yigal Bin-Nun, « Les agents du Mossad et la mort de Mehdi Ben Barka », La Tribune juive, 1er avril 2015.
    [62] DDF, 1965-II, télegr. N° 3671, 31 octobre 1965.
    [63] RFPK, p. 395-397, et PK, p. 807-809, Leroy à Bertrand, sd.
    [64] Archives privées, M. Chaussée-Desormes, 13 février 1981.
    [65] Philippe Bernert, op. cit., p. 350, 353.
    [66] The National Archives, Kew (TNA), Foreign Office, 371/184006, James à Brown.
    [67] Philippe Bernert, op. cit., p. 368, RFPK, p. 398, et PK, p. 801, Bertrand à Leroy, 3 novembre 1965.
    [68] TNA, op. cit..
    [69] Ibid., 16 novembre 1965.
    [70] FOIA CIA, série 75-00149R.
    [71] Maurice Buttin, op. cit., 434.
    [72] Police judiciaire, DST, RG, Préfecture de Police de Paris.
    [73] Alain Peyrefitte, op. cit., p. 43.
    [74] Ronen Bergman, Shlomo Nakdimon, op. cit. ; Ian Black, Benny Morris, op. cit., p. 204-205.
    [75] FOIA CIA, CIARDP-75-00149R000100360072-6.
    [76] FRUS, p. 179, McCluskey à Ball, 25 janvier et Rusk à Johnson, 12 février 1966.
    [77] AÚZSI, 43802-100.
    [78] Cf. DDF 1965-II, télégr. 2299/2300, Couve de Murville à Gillot, 6 novembre 1965.

    CNAM, ESDR3C.

    Source

    #Maroc #Ben_Barka #Israël #Mossad #France

  • Qu’est-ce que le Maroc offre aux Palestiniens ?

    Qu’est-ce que le Maroc offre aux Palestiniens ?

    Maroc, Palestine, Ghaza, Al Qods, Jérusalem, israël, Algérie,

    Mohamed Moslem

    Les États qui ont normalisé les relations avec les sionistes, menés par le Royaume du Maroc, n’ont pas été en mesure de garantir aux Palestiniens qu’ils ne négligeront pas leur cause, après la position honteuse de Rabat sur la récente agression sioniste contre le mouvement du Jihad islamique en la bande de Gaza.

    Le plus que ces pays pourraient répondre à la récente agression de l’entité sioniste, c’est des excuses pour avoir participé au sommet que Tel-Aviv a parié sur l’organisation au Maroc à l’occasion du deuxième anniversaire des accords d’Abraham avant la fin de cette année , dans ce qui semblait être une réponse à l’accueil par l’Algérie du sommet de la Ligue arabe le 1er novembre.

    À cet égard, le journal hébreu Haaretz a rapporté que l’entité sioniste avait décidé d’annuler le sommet, qui devait se tenir au cours du dernier tiers de cette année, avec la participation du Maroc, des Émirats arabes unis et de Bahreïn, en plus des États-Unis. d’Amérique, en tant qu’État parrain des soi-disant «accords d’Abraham», une décision qui a également été confirmée par le ministre de la Coopération régionale à Tel-Aviv, Issawi Frej, plus tard.

    Haaretz a indiqué que l’entité occupante a été contrainte d’annuler la tenue de ce sommet, après les réserves du Royaume du Maroc, des Émirats arabes unis et de Bahreïn pour y participer, justifiant cette réserve par la date imminente des élections législatives en hébreu entité, et leur refus de considérer leur participation comme une ingérence dans les élections israéliennes, qui se tiendront à l’automne prochain.

    Parallèlement à cette position, qui vise à absorber la colère populaire au Royaume du Maroc, en raison de sa position honteuse sur la récente agression sioniste contre la bande de Gaza, les médias marocains fidèles au régime du Makhzen ont délibérément fait couler des rumeurs et analysé que Rabat menaçait Tel-Aviv de se retirer des accords de normalisation en raison de la dernière attaque.

    Ces fuites ont ensuite fourni une autre lecture de la déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères, niant que la position de Rabat soit pacifiante, assimilant la victime au bourreau, et plus encore, qu’ils ont commencé à parler de choses qui se sont passées sous la table, indiquant que les Marocains grognent contre le ciblage de civiles et l’usage excessif de la force contre un peuple sans défense et retour à la politique d’assassinats contre les Palestiniens, après la liquidation des chefs de terrain du mouvement Jihad lors du dernier attentat.

    Le régime du Makhzen a poursuivi en disant que sans les pressions exercées par Rabat sur Tel-Aviv, la récente agression contre Gaza ne se serait pas arrêtée aussi rapidement, ignorant le lourd coût de cette agression même au regard de sa courte durée, ainsi que ses répercussions à l’étape suivante, parce que l’entité sioniste a transformé l’agression contre les Palestiniens en un simple sport, car ils frappent quand ils veulent et ciblent qui ils veulent, et s’arrêtent quand ils veulent, sans responsabilité ni supervision, et même sans critique de la part du amis arabes qui ont normalisé leurs relations avec eux.

    Certains observateurs ont vu dans une telle analyse une tentative de la monarchie d’absorber la colère du peuple marocain grincheux face à l’attitude imprudente de son gouvernement sur une question cruciale dans les mondes arabe et islamique, une justification similaire à celle qui a été promue immédiatement après la normalisation, pour l’effet que construire des ponts avec l’entité sioniste aide les normalisateurs à jouer le rôle d’un médiateur réussi entre Tel-Aviv et les Palestiniens, mais ils n’ont pas présenté un seul exemple réussi à cet égard.

    De l’avis de nombreux observateurs, le régime qui n’a pas été en mesure de formuler une position claire condamnant l’agression brutale contre les Palestiniens sans défense dans la bande de Gaza, et a été impliqué dans l’égalité entre le bourreau et la victime, signifie que ce régime a devenu incapable de faire face à la vérité dans toutes ses manifestations, mais est devenu un otage à cause de la normalisation, une situation atteinte par le Royaume du Maroc, qui a accéléré le rythme de son étreinte de l’entité usurpatrice en matière de sécurité, militairement, politiquement, économiquement et commercialement aussi bien.

    Echouroukonline, 15/08/2022

    #Maroc #Palestine #Ghaza #Israël #Alqods #Jérusalem

  • Maroc : Le joint du Makhzen est grillé

    Maroc : Le joint du Makhzen est grillé

    Maroc, crise socio-économique, Israël, normalisation, Ghaza, Palestine,

    A bout de souffle, le Makhzen ne sait plus sur quel pied danser. Empêtrée jusqu’au cou dans une crise socioéconomique sans précédent, la monarchie multiplie les faux-fuyants et la fuite en avant dans l’espoir de trouver la parade pour calmer la rue, échaudée, celle dernière, notamment depuis la normalisation avec l’entité sioniste.

    La précipitation de l’Etat à Rabat à se mettre sous l’aile de ses protecteurs sionistes illustre parfaitement le délitement qui désagrège ses structures. Sinon que dire des responsables marocains paradant avec officiers de l’armée bourreau sioniste, au moment même où des centaines de civils palestiniens, dont plusieurs enfants, croulaient à Ghaza sous les bombes ? Que dire aussi de la réaction honteuse du ministre marocain des Affaires étrangères, mettant sur le même pied d’égalité les résistants palestiniens et les criminels sionistes, si ce n’est les signes d’une fin inéluctable d’un royaume rongé par tant de compromissions.

    Jamais, depuis des décennies, ce régime n’a été aussi vulnérable, au point que ses fondements menacent de vaciller à tout moment sous les coups de boutoir de la protestation populaire qui écume les grandes villes. Aujourd’hui plus qu’hier, le peuple marocain semble déterminé à poursuivre la contestation jusqu’à lui porter l’estocade. Le contexte s’y prête opportunément. Intra-muros, la misère se répand de façon inquiétante et gagne même certaines couches sociales qui s y étaient, jusque-là, prémunies. Les corolaires politico-économiques (gaz, blé…) de la crise ukrainienne ne finissent pas, à leur tour, d’enfoncer le système en place. Des médias locaux ont tiré, mercredi dernier, la sonnette d’alarme, en précisant que le Maroc sera confronté à une grave crise alimentaire dans les prochains mois, en raison d’une récolte céréalière jugée catastrophique et des difficultés d’approvisionnement sur le marché international, ont alerté mercredi des médias locaux. La FAO assure, de son côté, que les besoins d’importations du royaume devront encore augmenter pour 2022-2023. L’économie marocaine bat de l’aile et les clignotants sont au rouge. Des organismes locaux se sont inquiétés récemment des indicateurs relevant une hausse du déficit budgétaire et commercial du pays à plus d’un milliard de dollars et 4,75 milliards de dollars respectivement à fin juin dernier.

    La faillite économique n’est pas loin. La cour à Rabat semble désarmée, voire désorientée. A défaut d’un plan d’urgence ad hoc, celle-ci s’enfonce chaque jour davantage dans les abysses d’une fin fatale.

    Amine Goutali

    Horizons, 13 Août 2022

    #Maroc #Crise_économique #Crise_sociale #Inflation #Pénurie

  • Les peuples exigeront des comptes

    Les peuples exigeront des comptes

    Ghaza, Palestine, Israël, Maroc, normalisation, Cisjordanie,

    Deux jours après les raids meurtriers sur Ghaza qui ont fait 47 morts, dont 16 enfants,l’armée israélienne a mené une autre opération en Cisjordanie tuant trois Palestiniens et faisant plus de 60 blessés parmi les civils. Les sionistes se permettent ainsi tous les dépassements contre les Palestiniens, tuant sans distinction et spoliant les terres palestiniennes où sont édifiées de nouvelles colonies juives, alors que les prisons ne désemplissent pas et souvent sans aucun jugement.

    L’impunité dont jouit l’entité sioniste ne semble désormais avoir aucune limite. Toutes les lignes rouges ont été dépassées face au silence assourdissant de la fameuse communauté internationale. C’est même plus qu’un silence mais une complicité tacite qui ne dit pas son nom. Pour preuve la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU n’a accouché sur rien de tangible. Car comme à chaque fois qu’il s’agit des brutalité de l’entité sioniste, rien de concret ne sort de ces réunions qui sont plus faits pour la forme que pour un vrai travail permettant de changer les choses.

    La Palestine et les Palestiniens sont tout simplement livrés à eux-mêmes, et il est clair qu’Israël ne sera jamais inquiété de quelque manière que ce soit. Mais comment peut -il en être autrement quand les régimes arabes eux-mêmes jouent des coudes et font la course vers la normalisation avec Israël. Ils le font au moment où Israël n’a jamais été aussi agressif envers les Palestiniens. Au moment où les sionistes clament haut et fort qu’ils ne céderont rien aux Palestiniens et qu’ils n’accepteront jamais la solution à deux États, ni ne reconnaîtront les frontières d’avant juin 1967.

    Et en celà, ils sont grandement encouragés et appuyés par la capitulation de capitales arabes à l’image de Rabat où le régime du Makhzen a fait clairement son choix en appuyant sans contrepartie toutes les thèses sionistes et en livrant et la Palestine et le Maroc aux premiers ennemis de la nation arabe.

    La cause palestinienne connaît sans doute l’une de ses pires périodes. Mais cela n’est pas dû uniquement à la barbarie des sionistes, mais surtout à la lâcheté de ces régimes arabes qui ont monnayé la première cause arabe pour sauver leurs régimes pourris, traîtres et honnis. Ces capitales ont fait le choix de s’allier à Israël et décidé que la Palestine n’est plus leur cause, mais la cause des seuls Palestiniens. Une grave erreur stratégique, car un jour ils devront bien rendre compte à leurs peuples qui ne leur pardonneront jamais leur trahison et leur traîtrise.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 13/08/2022

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    #Palestine #Ghaza #Cisjordanie #Israël #Maroc #Normalisation