Au lendemain de cette nouvelle, nous avons pris connaissance de très nombreuses réactions condamnant ce double coup de force qui atteint à la fois le peuple palestinien et le peuple sahraoui. Diplomatie du marchandage qui bafoue le droit international, mais le Sahara n’est pas à vendre, seul son peuple peut en disposer.
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Sahara Occidental / Le coup de force de Donald TRUMP, dernier scandale d’une diplomatie de voyou
Le recensement des déclarations dénonçant ce coup de force est à faire, il reprend presque exactement la liste des élus, associations, villes qui avaient dénoncé la violation du cessez-le-feu et rappelé leur soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ce qui est nouveau, ce sont les déclarations de personnalités américaines reconnues comme James Baker et John Bolton, tous deux républicains et impliqués dans le règlement du conflit dans les années 90. Ainsi James Baker déclare : « La normalisation des relations entre le Maroc et Israël représente un compromis cynique qui sacrifie le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». De même John Bolton indique : « C’est un renoncement à 30 ans de politique américaine au Sahara occidental ».Christopher Ross partage cette même incompréhension : Il a dénoncé les manœuvres d’obstruction menées par le Maroc à l’égard des envoyés personnels désignés par le Secrétaire général des Nations-unies.Sahraouis et Palestiniens un même combatLe Comité national palestinien a déclaré le 1er décembre : « Défendre sans réserve le droit de toutes les nations à l’autodétermination, un droit qui est à la base de notre plaidoyer pour les droits des Palestiniens en vertu du droit international. Nous soutenons la résolution 690 de 1991 du Conseil de sécurité qui appelle à l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. L’application de cette résolution servira les intérêts de tous les peuples frères de la région ».Le 11 décembre, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), déclare dans un communiqué : « Le peuple sahraoui doit pouvoir exercer son droit à l’autodétermination et la France doit garder une ligne ferme sur le respect du droit des peuples à leur autodétermination ». Comme le Représentant du Front Polisario à Bruxelles, Oubi Bouchraya Bachir, qui souligne : « Cette démarche du Maroc n’est pas surprenante et a le mérite de démasquer auprès des peuples marocains et arabes l’hypocrisie de 60 ans de fausse solidarité avec le peuple palestinien. A ce titre, les causes sahraouies et palestiniennes se rejoignent sur le droit des deux peuples à l’indépendance, face à deux colonisateurs expansionnistes qui bafouent le droit des peuples à la liberté et à la dignité ».Que vont faire les Etats-Unis avec l’arrivée du Président Biden ce 20 janvierCe dernier coup de force va sans doute embarrasser la nouvelle administration américaine qui à la fois ne néglige pas les relations avec Israël mais ne peut se laisser enfermer dans ce chantage marocain. L’ONU de son côté déclare sa position inchangée et Joe Biden peut s’appuyer sur les déclarations des spécialistes même Républicains qui viennent de dénoncer cette décision. La situation sur le terrain sera-t-elle décisive ? Les Etats-Unis ne peuvent durablement trahir le droit international et négliger un peuple mobilisé désormais en armes. Sans doute coup d’épée dans l’eau ou feu de paille, c’est toujours à l’ONU et à l’UA de prendre résolument en charge l’autodétermination du peuple sahraoui.Sahara Info n° 181, décembre 2020Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Western Sahara,Donald Trump, Joe Biden, Israël, -
Normalisation entre le Maroc et Israël: Mise à nu de plans sionistes visant le Maghreb
Le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation, Ahmed Wihmane, a appelé, mardi, le peuple marocain, toutes catégories confondues, à la mobilisation afin de faire face à la normalisation et aux plans sionistes dans le Maghreb à partir du Maroc.
«La situation actuelle exige la mobilisation de tout un chacun afin de faire face à la normalisation», a-t-il déclaré, jugeant que tout le monde est concerné par cette question. Il ne s’agit pas uniquement des instances opposantes à l’accord de normalisation, mais de toutes les catégories du peuple.Il atteste que l’entité sioniste cherchait à transférer «l’Etat israélien» dans la région du Maghreb à partir du Maroc, le même responsable a déclaré : «Ils ne planifient pas sur le court terme, mais préparent la voie à un nouvel Etat d’Israël». «Savez-vous que les choses sont allées jusqu’à l’ouverture de camps de formation au maniement des armes sous la supervision directe d’officiers et de rabbins sionistes dans plusieurs régions du pays», a-t-il révélé, mettant en garde, dans ce sens, contre «les plans visant la désintégration des pays du Maghreb, notamment l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie et la Libye».Pour le militant marocain, l’annonce du régime marocain concernant la normalisation des relations avec l’entité sioniste était moins étonnante que les déclarations des responsables qui ne cessaient de réitérer leur refus à la normalisation, à leur tête le Chef du gouvernement marocain, Saâd Eddine El Otmani, qui avait déclaré, peu de semaines avant, que la Palestine et El-Qods étaient des lignes rouges».Il a mis en garde, à ce propos, que le danger de la normalisation réside dans le fait que certaines voix sionistes commencent à s’élever pour faire la promotion de certaines légendes, dont la découverte d’un petit Jérusalem dans le sud du Maroc et de tombes de certains prophètes juifs», affirmant que ces derniers essayent de tout faire pour prétendre que cette terre leur appartient en vue de l’établissement de leur nouvel Etat.Pour rappel, la majorité des vidéos dans lesquelles le président de l’Observatoire marocain met à nu les plans sionistes dans le Maroc et le Maghreb sont supprimés des pages Facebook.Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Western Sahara,Donald Trump, Joe Biden, Israël, -
Sahara occidental : Le Polisario réitère son droit intangible à la liberté et à l’indépendance
Le représentant du Front Polisario aux Nations unies (ONU), Sidi Mohamed Amar, a affirmé que la cause sahraouie avait pris un nouveau tournant depuis le 13 novembre en poursuivant la lutte armée, ajoutant que l’adhésion à toute opération de négociation était tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale (AG) de l’ONU.
Lors d’une conférence de presse organisée sous la présidence de la RASD, sur l’actualité de la cause sahraouie suite à la reprise de la lutte armée, M. Sidi Amar a indiqué que «le peuple sahraoui mise sur sa résistance et sa volonté pour arracher ses droits à part entière», ajoutant que la «cause sahraouie a entamé une nouvelle phase après le 13 novembre suite à la violation par le Maroc de l’accord du cessez-le-feu et la poursuite de la lutte armée». «Toute adhésion à n’importe quelle opération de négociation reste tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du conseil de sécurité et de l’AG de l’ONU», souligne-t-il. «La seule solution du conflit sahraoui consiste en la garantie à notre peuple à son droit intangible à la liberté et à l’indépendance», insiste le diplomate sahraoui, affirmant qu’il «n’y a actuellement aucune opération de négociation».Par ailleurs, il a imputé le retard accusé dans la nomination d’un nouvel envoyé du SG de l’ONU au Sahara Occidental, à la position de l’occupant marocain. M. Sidi Amar a réitéré, par cette occasion, le droit du Front Polisario à se défendre par tous les moyens légitimes dont la lutte armée, ajoutant que le Front reste ouvert à toute éventuelle solution pacifique assurant le respect ferme du droit du peuple sahraoui à l’indépendance». Au sujet de la situation des droits de l’homme induite par la violation constante de ces droits par le Maroc dans les villes occupées. Le responsable sahraoui a pointé du doigt la France qui, selon lui, «entrave la mise en place d’un mécanisme onusien pour les surveiller». A l’échelle internationale, la déclaration de Trump sur le Sahara occidental fait toujours l’objet de vives condamnations.La Russie et la Norvège ont exprimé leur inquiétude quant à la situation qui prévaut au Sahara occidental, évoquant «une escalade» et «une situation tendue» dans ce territoire occupé par le Maroc. «Malheureusement, la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord reste compliquée, notamment en raison du manque de régulation des crises graves souvent provoquées par des interférences extérieures», a indiqué le représentant permanent de la Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’ONU et la Ligue arabe. Evoquant la situation au Sahara occidental, le diplomate russe a déclaré que «nous assistons à une escalade», réaffirmant, ainsi, la position de la Russie qui rejette la décision unilatérale du président américain sortant, Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.Le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Mikhail Bogdanov avait déclaré que la décision «unilatérale» de Trump sort complètement du cadre du droit international. «La décision ne respecte pas non plus les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord», avait ajouté le responsable russe.De son côté, la représentante permanente de la Norvège à l’ONU, Mona Yol, estime que «la situation au Sahara occidental est plus tendue maintenant qu’elle ne l’a été depuis longtemps», assurant que «la situation politique et sécuritaire dans la région Mena (Afrique du Nord et Moyen-Orient) reste profondément complexe et instable, dans plusieurs pays».Les déclarations de la Russie, membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU ainsi la Norvège, un pays connu pour le respect des droits de l’homme, constituent un désaveu pour le Maroc qui continue de nier l’existence d’un conflit armé l’opposant au Front Polisario.Horizons, 22 jan 2021Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Western Sahara, Donald Trump, Joe Biden, -
Communiqué de presse de l’EUCOCO concernant la nouvelle position de l’administration Biden sur le conflit au Sahara occidental
La Task Force de la Coordination des Comités européens de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) se réjouit de la décision du nouveau Président des Etats-Unis J. Biden de geler la décision prise par son prédécesseur de reconnaitre la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara Occidental.
Pour mémoire, le 10 décembre 2020, Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, en affirmantqu’ « un Etat sahraoui indépendant n’est pas une option réaliste pour résoudre le conflit ». Cette position du gouvernement états-unien constitue une flagrante violation du droit international car le Sahara Occidental est inscrit sur la liste des territoires non autonomes, établie par les Nations Unies, et son peuple doit bénéficier du droit à l’autodétermination, comme l’ont reconnu de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies (notamment la résolution 2229 du 20 décembre 1966), ainsi qu’un avis de la Cour Internationale de Justice rendu en 1975. En violation de ces principes, la majeure partie du territoire du Sahara Occidental a été envahie militairement par le Maroc en 1975. Cette présence marocaine a été qualifiée d’« occupation » par l’Assemblée générale de l’ONU (résolution 34/37 du 21 novembre 1979).Aujourd’hui, nous actons la « marche arrière » de la nouvelle administration états-unienne et espérons qu’il s’agit là d’un témoignage de son retour vers le respect de la légalité internationale et des droits fondamentaux du peuple sahraoui.Le large mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui appelle le Président Biden à annuler définitivement la décision prise par l’ancien président D. Trump, et à concourir à la mise en œuvre du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.Fait à Bruxelles, le 21 janvier 2021Tags : Sahara Occidental, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, Western Sahara, Israël, Normalisation, -
Sahara Occidental : La RASD attend de Biden redresser « le tort de Trump »
Le représentant du Front Polisario aux Nations unies (ONU), Sidi Mohamed Amar, a affirmé que la cause sahraouie avait pris un nouveau tournant depuis le 13 novembre en poursuivant la lutte armée, ajoutant que l’adhésion à toute opération de négociation était tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale (AG) de l’ONU.Pour sa part l’ambassadeur sahraoui au Botswana, Malainine Lakhal, a affirmé que « la guerre au Saraha occidental est ouverte à toutes les possibilités », à la suite de la violation de l’accord de cessez-le-feu, qui date de 30 ans, par le Maroc après l’agression militaire contre les civils sahraouis au niveau de la brèche illégale d’El-Guerguerat. Mettant en avant la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la résistance jusqu’au « dernier souffle », pour l’indépendance, le diplomate a déclaré : « Celui qui connaît le peuple sahraoui saura sûrement qu’il tient toujours parole. Le Maroc doit se tenir prêt car nous sommes prêt à léguer la résistance à nos enfants et petits-enfants ». « La lutte armée se poursuivra avec tous les moyens légaux jusqu’à la libération de tous les territoires sahraouis », a-t-il poursuivi.Concernant la tentative du Maroc d’imposer « un gouvernement autonome » en vue du règlement du conflit entre lui et le Front Polisario, unique représentant légitime du peuple sahraoui, le même intervenant a estimé que cela « ne signifie rien pour les Sahraouis. Le régime marocain semble avoir oublié qu’il n’est pas en mesure d’octroyer l’autonomie à un pays dont il ne dispose d’aucune souveraineté », a-t-il dit.Pour ce qui est de la prétendue reconnaissance par le président américain sortant, Donald Trump, de la présumée souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation par le Maroc avec l’entité sioniste, M. Malainine a pointé les similitudes entre le Makhzen et l’entité sioniste. «Nous attendons de l’Administration du président américain élu Joe Biden de redresser ce tort juridique et diplomatique…le deal honteux entre le Maroc, Donald Trump et l’entité sioniste est une violation du droit international et du droit des peuples à l’autodétermination», a-t-il dit.M. B.Le Courrier d’Algérie, 21 jan 2021Tags : #SaharaOccidental #WesternSahara #Maroc #Morocco #Espagne #JoeBiden #USA -
Sahara occidental : vers un réexamen du dossier par le Pentagone
Le futur ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a promis devant le Sénat de réexaminer la question du Sahara occidental. ” C’est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, Monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée “, a déclaré le futur chef du Pentagone lors de son audition au Sénat.Lloyd Austin a été interrogé par le Sénateur, James Inhofe, président de la commission défense du Sénat américain sur sa position concernant l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975.Dans son intervention mardi au Sénat, James Inhofe, fervent défenseur de la cause sahraouie, a rappelé l’avis de la Cour international de justice rendu en 1975 qui a confirmé l’absence de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et appuyé la nécessité pour le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.Le Sénateur a relevé que les Etats-Unis, l’ONU et l’Union africaine ont tous soutenu le droit des Sahraouis à s’autodéterminer et à accéder à l’indépendance.Le sénateur d’Oklahoma a émis le souhait que la nouvelle administration américaine préserve la cohérence observée depuis trois décennies sur ce dossier.“L’annonce de la Maison Blanche d’aujourd’hui alléguant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est choquante et profondément décevante. Je suis attristé que les droits du peuple du Sahara occidental aient été troqués”, avait, alors, regretté l’influent sénateur républicain.Inscrit depuis 1966 à la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.Sur le terrain militaire, le Polisario fait état, comme premier bilan, de l’exécution de 510 opérations militaires contre les positions de l’armée marocaine, en 67 jours de combat, soit huit opérations par jour. Des opérations diverses dominées par des bombardements et des attaques, faisant subir aux FAR des pertes considérables dans ses rangs et des dégâts matériels, selon des sources sahraouies.On explique la raison de la discrétion du Maroc à l’égard des batailles en cours sur le terrain par le fait que la reconnaissance de l’existence d’une guerre signifie la reconnaissance de l’autre partie et les implications juridiques et économiques qui en résultent”.Le Jeune Indépendant, 20 jan 2021Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Espagne, Western Sahara, Lloyd Austin, USA, Joe Biden, -
Robert Malley, ex-conseiller diplomatique d’Obama : « Pour Joe Biden, il sera difficile de remonter la pente »
Entretien |À l’heure de l’investiture de Joe Biden, de grandes voix dressent leur bilan des quatre années écoulées. Pour Robert Malley, démocrate, président de l’International Crisis Group, « parfois, les questions [que Trump] a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses ». Et à quel prix !
Robert Malley est aujourd’hui président de l’International Crisis Group. Il a été conseiller diplomatique pour Barack Obama et Bill Clinton, pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Ancien membre du Conseil National de Sécurité américain, il a aussi participé aux négociations sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Avocat, politologue et spécialiste du conflit israélo-palestinien, il tire le bilan des années Trump, un président qui a mené « une politique qui a fait fi de toutes les valeurs ». À ses yeux, les États-Unis ont perdu une partie de leur crédibilité. Un défi pour la diplomatie de Joe Biden.
Le président Trump a profondément bouleversé la vie politique américaine ces quatre dernières années. Il restera à jamais le premier président à avoir été mis en accusation à deux reprises en raison des violences survenues au Capitole le 6 janvier 2021. Va-t-il laisser une trace indélébile dans l’histoire des États-Unis ?
Même avant les événements au Capitole, il était difficile d’imaginer qu’on puisse effacer facilement son empreinte. Trump aura été un président très peu orthodoxe et dangereux à beaucoup d’égards.
Mais il est vrai qu’une procédure de destitution à quelques jours d’une fin de mandat, c’est extraordinaire. On peut supposer que l’idée des démocrates, c’est non seulement de faire en sorte que l’on décourage des pratiques pareilles à l’avenir, qu’on mette un point final à cette présidence, mais aussi de lui interdire de se présenter à nouveau à une élection. On sait qu’il pourrait se porter candidat en 2024. Or, s’il est condamné, une sanction pourrait être qu’il ne puisse plus être éligible.
La vie politique américaine doit-elle se débarrasser de Donald Trump ?
Je ne sais pas, je suis partagé et je sais qu’en France, c’est un débat également de savoir si le fait de le priver de Twitter, de Facebook est une bonne idée, tout comme de le fait de l’interdire de se présenter à nouveau à une élection.
Évidemment, il a fait tellement de mal et ses paroles ont été tellement toxiques que cela peut sembler pertinent. Mais c’est aussi le candidat à la présidentielle qui a reçu le plus grand nombre de voix dans l’histoire après Joe Biden. Aucun autre candidat démocrate ou républicain jusqu’en 2020 n’avait rassemblé autant de suffrages. Donc il a une popularité. Peut-être a-t-elle été érodée par les événements récents du Capitole, mais on sait qu’il y a un socle important de gens qui croient toujours en lui et qui estiment qu’ils n’ont jamais été écoutés avant Trump.
Si ces gens constatent qu’un président ou un ancien président ne peut pas s’exprimer en toute liberté sur les réseaux sociaux, et si en prime cet homme ne peut plus se présenter à une élection présidentielle, j’ai peur des effets que cela peut produire sur cette partie importante de la population qui s’estimait punie, marginalisée. Donc je comprends l’instinct, je comprends ce qui est derrière cet effort de faire en sorte qu’il ne puisse plus faire de mal, mais parfois je crains que le remède ne soit pire que le mal.
En dehors de ces événements au Capitole, que retenez-vous des années Trump ? Si on vous demande de choisir un moment, que ce soit en politique intérieure ou en politique internationale, à quoi pensez-vous ?
Je pense que le président Trump restera d’abord dans les livres d’histoire pour ses performances aux États-Unis. En politique internationale, il y a eu beaucoup de choses extrêmement nocives, extrêmement dangereuses. Il a chambardé toutes les alliances traditionnelles de la politique américaine.
Parfois, les questions qu’il a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses. En résumé, son bilan en politique extérieure est négatif, mais il n’est pas comparable à son bilan en politique intérieure.
Ce que l’on retiendra avant tout, ce sont ses discours, après certains événements graves, notamment des événements à relents racistes. Souvent, il a exprimé de la sympathie pour la mouvance extrémiste ou raciste.
On retiendra aussi sa gestion désastreuse de l’épidémie de Covid-19.
Mais je pense que l’image qui restera, à tort ou à raison, c’est son discours du 6 janvier 2021, où il appelle ses partisans à avancer sur le Capitole. On peut débattre du fait qu’il les a incités ou non à la violence, mais cette image-là restera en raison du lien plus ou moins direct entre ses paroles et ce qui s’est passé après. Est-ce vraiment ce qu’il a fait de plus scandaleux ? On a malheureusement l’embarras du choix, mais je pense que les historiens qui regarderont l’époque et l’épopée Trump retiendront ce point d’exclamation final, ce discours, son appel à ses partisans et, évidemment, les évènements qui ont suivi.
En matière de politique internationale, on retient aussi des années Trump le slogan « America First », proclamé le jour même de l’investiture en 2017, qui a abouti notamment au retrait des États-Unis de nombreuses institutions internationales…
« America First », je ne sais pas très bien ce que cela veut dire parce que dans chaque pays, chaque dirigeant pense d’abord à ses concitoyens. Au final, cela aura consisté en une politique transactionnelle, une politique unilatéraliste, une politique qui a fait fi de toutes les valeurs.
Je suis très critique de la politique étrangère américaine, y compris celle conduite par les administrations auxquelles j’ai pu participer. Par exemple, dire que les États-Unis ont été un défenseur cohérent des droits de l’homme ou de la démocratie à travers le monde, c’est évidemment faux. Mais le président Trump s’est distingué par sa politique du troc, une sorte de marchandage permanent où les transactions sont faites non pas sur le plan des valeurs mais sur le plan des intérêts matériels.
Il a donc pu faire énormément de mal simplement parce qu’il a privilégié ce qui est à son bénéfice personnel, au bénéfice de tous ceux qui l’entourent, au mépris de toutes les valeurs, des normes, des alliances internationales des États-Unis, de la stabilité à travers le monde.
On peut lui savoir gré d’avoir évité de s’empêtrer dans une nouvelle guerre. C’est vrai que le président Trump, à son actif, n’a pas déclenché de guerre. Il a réussi à rompre le tabou du dialogue avec les talibans en Afghanistan, le tabou des négociations directes avec le dirigeant nord-coréen. Ce sont des choses qui resteront et dont, peut-être, le président Biden pourra se servir. Mais l’image des États-Unis en a pâti. En termes de résolution des conflits, en termes de respect des normes internationales, que ce soit sur le dossier israélo-palestinien, sur le fait qu’il a rompu l’accord de Paris sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien, sa politique n’a pas été au service d’une vision positive, elle a servi une vision transactionnelle ou une vision hyper idéologique, notamment au Moyen-Orient.
On retiendra donc de cette époque que les États-Unis ont vu leur réputation, leur influence, leur capacité de mobiliser la communauté internationale s’effriter et se dissoudre. Maintenant, espérons que le président Biden pourra renverser la vapeur et apprendre les leçons des échecs des administrations américaines qui ont précédé Trump et qui ont, d’une certaine manière, facilité son ascension au pouvoir.
Quel bilan tirez-vous en particulier de la politique menée par Donald Trump au Moyen-Orient avec deux dossiers majeurs que vous avez mentionnés : l’Iran et le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne sur le nucléaire, et le conflit israélo-palestinien où les avancées ont été minimes ?
C’est un bilan globalement négatif parce qu’il a contribué à exacerber, à renforcer la polarisation dans la région. D’abord, il a pris part au dossier israélo-palestinien en étant à 100 % du côté israélien.
Il a tout de même réussi, il faut le reconnaître, à obtenir des accords de normalisation entre quatre pays arabes et Israël. Il l’a fait en payant des prix qui, à notre sens, ont été parfois excessifs.
Par exemple la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation entre le Maroc et Israël, cela n’a pas de sens et ça a un impact négatif sur ce dossier du Sahara occidental.
Au Proche-Orient, sa politique pro-israélienne à outrance a rompu non seulement avec le consensus international mais aussi avec le consensus américain bipartisan en vigueur depuis pas mal de temps. Il a essayé de bouger les lignes, mais il l’a fait dans un sens qui ne peut pas fonctionner parce que les Palestiniens ne s’y résoudront pas. Il a compliqué, évidemment, dans ce dossier, la recherche de la paix. Ses prédécesseurs n’y étaient pas parvenus non plus mais il a aggravé les choses.
Et puis dans le reste de la région, Donald Trump a fait une fixation sur le dossier iranien. Ces derniers jours, l’administration Trump a même mis en avant un axe Al-Qaïda-Iran qu’aucun spécialiste du renseignement ne confirme. Et elle a en effet retiré le pays de l’accord sur le nucléaire, ce qui a conduit à imposer à nouveau des sanctions qui ont fait énormément souffrir les citoyens iraniens.
Cette politique a été risquée. Elle aurait pu provoquer une guerre catastrophique entre d’un côté les États-Unis et ses alliés dans la région, et de l’autre l’Iran. Tout cela a entraîné une grande polarisation au Moyen-Orient. Les États-Unis se sont rapprochés d’Israël et de certains pays sunnites arabes, l’Arabie saoudite en tête. On peut comprendre ces alliances, ces partenariats. Des prédécesseurs de Trump ont adopté la même stratégie.
Mais suivre une voie à sens unique, sans équilibre, sans essayer de jouer le rôle de médiateur, a causé beaucoup de tort et a porté atteinte à l’image de la diplomatie américaine.
Projetons-nous sur les années Biden. Avez-vous le sentiment que les décisions les plus significatives des années Trump sont réversibles ?
La proximité avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible. Des décisions du président pourront être remises en question, comme la sortie de l’accord de Paris sur le climat. Je pense que le président Biden pourra très vite changer de politique et renouer avec cet accord. La sortie de l’accord sur le nucléaire iranien est aussi réversible, même si ce sera difficile. Le fait de s’identifier avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible.
Dans d’autres dossiers, ce sera difficile de remonter la pente parce qu’il y a un héritage qu’il va falloir surmonter.
L’image des États-Unis dans le monde s’est dégradée. On a vu un pays, un gouvernement, incapables de gérer la question de la Covid-19, incapables de gérer la question des tensions raciales. Et maintenant nous sommes confrontés à une crise politique avec une partie de l’électorat qui, à cause de Trump, ne reconnaît pas la légitimité du président élu.
Pour toutes ces raisons, le monde extérieur porte un regard différent sur les États-Unis. Le président Biden ne pourra pas totalement effacer cet héritage.
Et puis il y a un autre héritage. Désormais, les pays qui vont traiter avec les États-Unis vont toujours se poser cette question : les engagements américains, les engagements du président des États-Unis, durent-ils plus d’un ou deux mandats ?
Est-on entré dans une ère où les États-Unis vous disent une chose, à l’instar des engagements pris vis-à-vis de l’Iran, et quatre ans plus tard, un nouveau président entre en fonction et ces engagements ne valent rien du tout ? La perte de la réputation de fiabilité des États-Unis coûte cher. Et je ne sais pas si le président Biden pourra y remédier parce que personne ne sait si, dans quatre ans ou huit ans, on n’aura pas un président Trump bis, que ce soit lui-même ou un de ses successeurs, pratiquant la même politique.
Franck MathevonSource : France Culture, 20 jan 2021
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Sahara Occidental : Annonce d’un prochain examen du dossier au Pentagone
Le nouveau ministre américain à la Défense, Lloyd Austin, a indiqué, avant-hier mardi, qu’il allait examiner de près la question du Sahara Occidental, territoire proclamé «marocain» par le président sortant, Donald Trump, en violation du droit international. Selon une information rapportée par l’APS, le désormais chef du Pentagone a déclaré, lors de son audition au sénat, que «c’est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, Monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée».
Lloyd Austin a été interrogé par le sénateur James Inhofe, président de la commission défense du Sénat américain, sur sa position concernant l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975. Il a affirmé que le dossier du Sahara Occidental sera «l’une des questions qu’il allait examiner», juste après sa confirmation au poste de secrétaire à la défense des Etats-Unis. James Inhofe, considéré comme un fervent défenseur de la cause sahraouie, a rappelé l’avis de la Cour internationale de justice rendu en 1975, qui a confirmé l’absence de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et appuyé la nécessité pour le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.Le sénateur a émis le souhait que la nouvelle administration américaine préserve la cohérence observée depuis trois décennies sur ce dossier. James Inhofe, qui avait dénoncé dans les termes les plus forts la proclamation de Trump sur le Sahara Occidental, avait indiqué en décembre que le président sortant a été «mal conseillé par son équipe», soutenant que l’accord de normalisation israélo-marocain pouvait être conclu sans hypothéquer les droits d’«un peuple sans voix».James Inhofe a été jusqu’à récemment un proche conseiller du président sortant, Donald Trump, avant de s’en séparer après une brouille au sujet d’amendements à apporter au budget américain de la Défense.ReportersDZ, 21 jan 2021Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Espagne, Western Sahara, Lloyd Austin, USA, Joe Biden, -
Trump s’en va en laissant derrière lui une épaisse fumée
Les Etats-Unis d’Amérique ont peur d’eux-mêmes
Pour la première fois, les Etats-Unis d’Amérique ont peur d’eux-mêmes et de leur volonté de puissance depuis qu’ils se sont incarnés en un nouveau Néron : Donald Trump.
En attisant le feu de la discorde parmi ses concitoyens et en créant un climat qui fait craindre une nouvelle guerre de sécession entre ses blancs et ses coloriés, Donald Trump a en quelque sorte brûlé l’Amérique.
Même si, aujourd’hui, Joseph Robinette Biden entrera victorieux à la Maison Blanche en tant que 46e président des Etats-Unis, il mettra du temps à dissiper les fumées des incendies, même symboliques, que son prédécesseur a allumés ici et là.
Son incroyable pays qui est né dans la guerre, a grandi dans la guerre et s’est imposé par la guerre, a, pour la première fois de son histoire, peur de sa force puisqu’elle risque de se retourner, à tout moment, contre lui.
Même s’il est abusif de croire à un début de guerre civile ou interraciale aux Etats-Unis, il est évident que le God Bless America ne fait plus vibrer les cœurs à l’unisson et à la même fréquence dans les cinquante et un Etats de l’Union.
Une chose s’est brisée aux tréfonds de la nouvelle Rome. Une grande partie de ses habitants a été traitée, pendant quatre ans, comme un ramassis de barbares. Depuis la fin de la ségrégation, aucun président américain ne s’est permis de croiser le fer avec des citoyens qui n’avaient pas la même couleur que lui, les mêmes croyances que lui.
Pour conquérir le pouvoir et tenter de le conserver, Donald Trump a tout au long de ses deux campagnes électorales et de son mandat gratté des accords dissonants sur les cordes de la suprématie d’un groupe au détriment des autres.
L’a-t-il fait de manière consciente pour servir un agenda politique ? A-t-il répondu à l’appel profond qui traversait les 75 millions de poitrines qui lui ont donné leur voix ? Est-il fou ? Ou est-il, à son insu, le signe avant-coureur d’une période de violence planétaire qui gonfle à l’horizon ?
Quoi qu’il en soit, le passage de l’ouragan Trump qui a connu son épilogue avec l’émergence d’une autre catastrophe, la pandémie du coronavirus, a répandu un parfum d’étrangeté sur la Terre.
La décennie qui commence pâtira des retombées des deux bouleversements et bien malin celui qui sait ce que demain nous réserve.
Mohamed BadaouiLa Nation, 19 jan 2021
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Biden «pourrait annuler» la déclaration de Trump sur la marocanité du Sahara occidental, d’après le Washington Post
Les décisions de politique extérieure prises par Trump, notamment celle concernant la marocanité du Sahara occidental, sont «en cours de révision, et la nouvelle administration rendra un verdict basé exclusivement sur un critère qui est celui de l’intérêt national», a déclaré un responsable de l’équipe de Joe Biden au Washington Post.
Lors d’une déclaration au Washington post, un responsable de l’équipe de transition de Joe Biden a affirmé sous couvert d’anonymat que toutes les décisions de dernière minute prises par Donald Trump en matière de politique extérieure, dont celle de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, étaient «en cours de révision».«Nous avons pris note de ces manœuvres de dernière minute», informe-t-il, soulignant que «chacune est en cours de révision, et la nouvelle administration rendra un verdict basé exclusivement sur un critère qui est celui de l’intérêt national».Dans ce sens, le Washington Post estime que «tous ces changements peuvent être annulés, mais chacun complique les défis auxquels le Président Biden sera confronté pour donner sa propre direction à la politique extérieure des États-Unis».Piéger l’administration Biden?Outre le conflit au Sahara occidental, Donald Trump a réinscrit Cuba sur la liste des pays sponsors du terrorisme international. Le mouvement Houthi au Yémen a été également classé comme organisation terroriste. Le Président américain a approuvé des ventes d’armes controversées, notamment des avions de 5e génération F-35 aux Émirats arabes unis, et instauré de nouvelles sanctions à l’égard de l’Iran.Toujours selon le responsable, «beaucoup semblent avoir été prises pour cimenter les priorités de Trump [en vue d’une candidature en 2024, ndlr] et créer des obstacles à de nouvelles directions tracées par la nouvelle équipe Biden».Quid du rôle de Jared Kushner?Concernant les ventes d’armes à Abou Dhabi et la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le Washington Post souligne le rôle du gendre et conseiller du Président sortant pour le Moyen-Orient dans la prise de ces décisions.«Jared Kushner a fait pression pour des décisions récentes sur des questions telles que la reconnaissance par Trump de la marocanité du Sahara occidental en contrepartie de la normalisation des relations entre le régime marocain et Israël», écrit le journal, ponctuant qu’il «était également derrière les ventes d’armes aux Émirats arabes unis en guise de récompense pour avoir accepté de normaliser leurs relations avec Israël».Lors de la signature de l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël le 22 décembre à Rabat, les États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, ont promis des investissements à hauteur de cinq milliards de dollars dans le pays et la vente de quatre drones de type MQ-9B Skyguardian.Sputnik, 19 jan 2021Tags : Sahara Occidental, Maroc, Donald Trump, Joe Biden,