Étiquette : John Bolton

  • Bolton révèle les intentions malveillantes du Maroc

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, John Bolton, Grand Maroc, Algérie, Mauritanie, Front Polisario,

    John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale dans l’administration de Georges W Bush, a jeté un véritable pavé dans la mare en affirmant que c’est le Maroc, par sa politique expansionniste et son refus de reconnaitre le droit légitime du peuple sahraoui qui est la source des tensions dans la région du Maghreb. Le diplomate américain a bâti sa conviction après une visite qu’il avait effectuée il y a quelques années au Maroc et au cours de laquelle, il avait été reçu en audience par le roi Mohammed VI. Dans son récit, il s’est dit surpris de voir, accrochée au mur du bureau de M6 à Marrakech, une carte géographique sur laquelle le Maroc englobait une bonne partie du territoire sud-ouest de l’Algérie, le Sahara occidental et la Mauritanie.

    John Bolton, qui est pourtant connu pour être un fervent partisan de la guerre, un adepte de la guerre préventive et des solutions musclées, s’est montré outré par la volonté, assumée par les hautes autorités marocaines, d’annexer aussi bien les territoires du Sahara occidental que la Mauritanie ainsi qu’une partie de l’Algérie qu’il avait tenté de conquérir, au lendemain de l’indépendance du pays, en lançant une offensive sur les régions Est de Tindouf et Béchar, une tentative mise en échec par la mobilisation de tout le peuple algérien. Il faut revenir aux analyses de certains historiens qui affirment que le Maroc n’a jamais abandonné son rêve de bâtir le Grand Maroc qui englobe une grande partie des territoires algériens, la Mauritanie et le Sahara occidental.

    Aujourd’hui avec le soutien de son nouvel allié Israël qui a annexé des terres de Syrie, les territoires palestiniens occupés en 1967 et qui continue de manœuvrer pour s’offrir les fermes de Chebaa au sud Liban, il a ressuscité ce rêve qu’il espère réaliser par étape. Pousser la communauté internationale à reconnaitre sa souveraineté sur les territoires de la RASD, annexer des parties de la Mauritanie qu’il tente d’affaiblir en alimentant une situation d’instabilité politique, pousser à l’émiettement de l’Algérie en soutenant le mouvement terroriste le MAK qui revendique l’indépendance de la Kabylie. Il faut savoir que dans certains cercles du Makhzen on continue d’exhiber la carte du Grand Maroc pour tenter de garder ce rêve encore vivace auprès de larges couches de la société marocaine, notamment celle aisée qui a des passerelles avec la famille royale et le Makhzen.

    Curieusement au moment où il continue de contester le tracé des frontières, héritées de la décolonisation et reconnues par la communauté internationale, il ne pipe mot sur l’avenir des enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila. Depuis la crise de l’ilot de Persil (l’ilot de Leila pour les Marocains) en juillet 2002, il accepte le fait accompli et ne tente même plus de revendiquer sa souveraineté sur ces territoires déclarés départements espagnols depuis 1995.

    Pour l’histoire, le Maroc a cédé Ceuta et Mellila à l’Espagne après la signature d’un traité en 1860, par le jeune sultan Sidi Mohammed ben Abderrahmane, intronisé le 28 août 1859. Ce traité est un accord de paix signé entre le Maroc et l’Espagne après la défaite de l’armée marocaine à la bataille de Wad-Ras qui avait été déclenchée à la suite d’un raid de la tribu Jbala des Anjara contre une redoute nouvellement édifiée à l’extérieur de l’enceinte de Sebta (été 1859).

    Dans ce traité que le Maroc a signé il cède Ceuta, Melilla et les ilots à L’Espagne. Par ce traité il s’engage à placer des troupes autour de Ceuta et Melilla pour protéger les Espagnols et réprimer toutes attaques rifaines qui voulaient libérer ces villes.

    Des historiens racontent même que les espagnols avaient acquis d’autres territoires dans ces enclaves en contrepartie d’un vélo qu’ils ont offert au roi marocain et sur lequel il se pavanait dans les rues de Marrakech. Aujourd’hui, la famille royale qui a vendu une partie de son pays à l’Espagne moyennant un vélo continue de cultiver le rêve d’annexer des parties de l’Algérie libérées au prix du sacrifice de plusieurs martyrs.

    John Bolton ne s’est pas trompé, le véritable danger pour la paix et la stabilité dans la région du Maghreb, c’est bien le Maroc, et son makhzen.
    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 07/11/2021

    #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #Mauritanie #FrontPolisario #JohnBolton #GrandMaroc

  • Sahara Occidental: Bolton jette un pavé dans la mare

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, John Bolton, Etats-Unis, Mauritanie,

    L’ancien conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, John Bolton,vient de lâcher un véritable pavé dans la mare. S’exprimant en Webinaire avec certains de ses homologues de différents pays, il fera état de révélations fracassantes au sujet du roi Mohammed VI. En effet, réitérant son «soutien au peuple sahraoui, quant à son droit légitime à l’autodétermination, l’ancien diplomate a révélé, à cette occasion, que lors d’une visite au Maroc de l’ex- secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, James Baker au Maroc en 1997, «nous avons été invités au Palais royal de Marrakech par le roi Mohammed VI, alors encore héritier du trône». L’ex- ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU s’est dit étonné de ce qu’il avait vu dans le bureau du jeune prince, Mohammed VI. Bolton révèle que le successeur de Hassan II, avait accroché derrière son bureau une carte géographique illustrant les visées expansionnistes du royaume.

    La carte en question comportait, selon ce diplomate américain chevronné, «une grande partie de la région Ouest du Sahara algérien, une grande partie de la Mauritanie, ainsi que l’ensemble du Sahara occidental annexés au territoire chérifien du Maroc», devait-til préciser. Pour cet ancien haut fonctionnaire et homme fort de l’administration Trump, avant de claquer publiquement la porte de cet indélicat président des Etats-Unis, «le royaume du Maroc s’inscrit en porte-à-faux avec tous ceux qui réclament l’engagement au droit international et la cessation de la colonisation des territoires sahraouies», confiera-t-il. Ça n’est pas la première fois que l’ex- diplomate américain s’en prend au régime du Makhzen.

    En décembre 2020, il citera tour à tour, l’administration américaine et la France, accusées de saborder le processus de paix dans la région, en complicité avec le Royaume marocain.

    Les positions de cet ancien conseiller de Trump en faveur de la cause sahraouie, a «brisé un engagement américain perçu comme inébranlable et que j’ai essayé de défendre et de faire avancer lorsque j’étais conseiller à la sécurité, bien souvent contre la volonté du département d’Etat qui tentait de trouver un moyen de renforcer le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental», dira-t-il. Il précisera que «la reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine (sur le Sahara occidental), mine dangereusement des décennies d’une politique américaine soigneusement mise au point».

    Pour rappel, en janvier dernier, Bolton avait lancé un appel en direction de l’administration Biden, en vue de l’annulation de la proclamation du président sortant, Donald Trump, concernant la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Pour cet ancien responsable, «il s‘agit d’une erreur que le président Biden doit corriger». Convaincu de la justesse de la cause sahraouie, il cessera de crier haut et fort, depuis l’investiture de Joe Biden que «les Etats- Unis ne doivent plus parler d’autonomie du Sahara occidental, mais plutôt d’autodétermination du peuple sahraoui».

    Mohamed OUANEZAR

    L’Expression, 07/11/2021

  • Sahara occidental : John Bolton réaffirme à nouveau la nécessité du référendum d’autodétermination

    Dans une longue interview au journal espagnol El Mundo, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, a de nouveau défendu la tenue d’un référendum au Sahara occidental. « Qui est mieux placé pour décider de votre avenir que les gens qui y vivent ? », a-t-il dit, comme pour répondre implicitement à l’attitude du Maroc sur le conflit.

    Interrogé sur la position du Maroc en 2018 après avoir menacé de ne pas renouveler le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental, la Minurso, l’ancien conseiller à la sécurité de Trump a déclaré que le ministre marocain a exprimé au conseiller américain à la sécurité nationale de l’époque sa nervosité à l’idée de mettre fin à la Minurso au Sahara occidental, ce à quoi Bolton a rapidement répondu : « Je m’inquiétais de ce qui se passait au Sahara occidental depuis des années, presque 30 ans, et que, même si c’était peut-être le problème le plus long sur lequel j’avais travaillé de toute ma carrière, il ne me semblait pas que c’était un conflit qui devait durer 30 ans. Je l’admets. Je pense que nous ne devrions pas avoir ces pauvres gens qui attendent un référendum pendant des décennies. Qui sait pour quoi ils voteraient ». « S’il n’y a pas de référendum, il n’y a pas besoin d’une mission militaire. En fait, la Minurso est, pour moi, un exemple clair de la façon dont la participation de l’ONU à un conflit ne le résout pas, mais le fait durer plutôt », a affirmé Bolton. Sous la pression de Bolton, les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, ont commencé en 2018 à préparer des négociations diplomatiques pour ouvrir la voie à la tenue du référendum dans l’ancienne colonie espagnole. Mais des mois plus tard, Bolton a quitté ses fonctions et le Maroc, avec la médiation de Kushner, son beau-fils ardent soutien de l’entité sioniste, a convaincu Trump de reconnaître la prétendue « souveraineté sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des liens entre le Maroc et Israël ».
    « À part l’ancien secrétaire d’État et ancien envoyé pour le Sahara, James Baker, le sénateur républicain Jim Inhofe et moi-même, il n’y a pas beaucoup de personnes occupant des postes importants aux États-Unis qui sont très préoccupées par le Sahara occidental. Quand je suis parti, la question est revenue au département d’État, et rien n’a changé jusqu’à ce que les Marocains disent à Jared Kushner [le gendre et conseiller de Donald Trump] : « Si vous voulez que nous reconnaissions Israël, vous devez reconnaître nos exigences envers le Sahara occidental. » Kushner est, comme Trump, un entrepreneur immobilier, alors il a répondu : « D’accord », a indiqué Bolton, de plus il regrette que Washington n’ait pas accordé l’attention voulue au Sahara occidental. Mais il reproche à l’Espagne son inaction et son incompétence pour ne pas avoir résolu le problème à l’époque, étant la puissance administrant le territoire.
    Interrogé sur le déclenchement de la guerre en Afrique du Nord, et sa possibilité d’attiser le radicalisme islamique dans la région, John Bolton a déclaré que « la non-solution de la question du Sahara occidental » est l’un des éléments qui peuvent donner des ailes au radicalisme en Afrique du Nord et finissent par créer plus de problèmes. »Un référendum sur le territoire est parfait pour que tout le monde sauve la face. Car, avec un plébiscite, le perdant – que ce soit le Maroc ou l’Algérie – peut se présenter comme un pays qui respecte la volonté populaire et les solutions de la communauté internationale ».
    À propos de la récente crise migratoire dans l’enclave espagnole de Ceuta, John Bolton s’en est pris au Maroc pour l’utilisation criminelle de ses propres citoyens. « C’est un mécanisme par lequel le Maroc fait pression sur l’Espagne et, par conséquent, sur l’ensemble de l’UE », a dénoncé Bolton, ajoutant que « les choses ne se passent pas ainsi. Le Maroc ne favorise pas ses intérêts quand il le fait ou quand il retarde le référendum au Sahara occidental. Au contraire, il ferait bien mieux de favoriser les investissements étrangers et le commerce international », a-t-il affirmé. Dans cette interview, John Bolton a affirmé qu’il était lié « à la question du Sahara occidental depuis le début, et a révélé que le père de Bush était celui qui a promu l’idée du référendum qui donnerait à ses habitants la possibilité de choisir essentiellement entre indépendance et union avec le Maroc, après la première guerre du Golfe ». « Il semblait que l’accord était assez simple, car quelle est la difficulté d’organiser un référendum pour 90 000 d’électeurs ? Alors la résolution pour créer la Minurso a été rapidement approuvée à l’ONU. Cela nous a fait penser que le conflit serait résolu peut-être dans un an, Mais tout s’est bloqué presque immédiatement car les Marocains ne voulaient pas de référendum », a-t-il regretté.
    Enfin, l’ancien responsable américain a réitéré le fait selon lequel il ne changera jamais son point de vue sur le Sahara occidental.
    M. Bendib
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, John Bolton, 
  • John Bolton : A Ceuta, le Maroc a agi contre ses propres intérêts

    L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump défend la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental : « Qui est mieux placé pour décider de son avenir que le peuple qui y vit ? » Qu’ont en commun un gauchiste espagnol et John Bolton ? La réponse la plus logique serait « qu’ils sont tous deux des formes de vie à base de carbone ». Parce que, pour tout le reste, ils vivent dans des galaxies différentes. D’abord, par cursus. Bolton est entré dans le gouvernement américain avec Ronald Reagan, a suivi avec George Bush  » père « , a été ambassadeur à l’ONU avec George W. Bush, et conseiller à la sécurité nationale avec Donald Trump. Ensuite, par idéologie. Bolton a défendu non seulement l’invasion de l’Irak en 2003, mais aussi le « changement de régime » (une expression souvent considérée comme synonyme d’ »invasion ») en Iran et le retrait des États-Unis du traité nucléaire avec ce pays. Et, enfin, par les phrases. A titre d’exemple, ce bouton : « L’ONU n’existe pas. Ce qui existe, c’est une communauté internationale qui peut occasionnellement être dirigée par la seule puissance restante dans le monde, à savoir les États-Unis, lorsque cela sert nos intérêts et lorsque nous pouvons laisser les autres s’en occuper. Laissez-les aller avec nous. » Mais il y a quelque chose qui unit la gauche espagnole et John Bolton : la défense de l’autodétermination du Sahara occidental. Et là, comme en tout, Bolton a porté ses convictions dans les faits, au point de menacer en 2018, alors qu’il était conseiller à la sécurité nationale auprès de Trump, avec le veto américain au maintien de la MINURSO, composée de 461 civils et 245 militaires si le Maroc et le Front POLISARIO n’avançaient pas sur la voie du référendum. Dans la politique de Washington, ce fut un changement radical mais bref, car, peu après, Bolton a rompu avec Trump et a quitté l’Exécutif.

    Q – Quelle est la réaction du Maroc en 2018 par rapport à sa menace de ne pas renouveler le mandat de la MINURSO ?

    R – J’ai eu une réunion très professionnelle avec le FM marocain de l’époque, au cours de laquelle nous avons abordé de nombreux sujets, et, à la fin, il m’a dit qu’il aimerait me parler seul à seul dans mon bureau à la Maison Blanche. Bien sûr, j’ai accepté, et lorsque nous nous sommes rencontrés, il m’a dit : « Écoutez, nous sommes très nerveux à ce sujet. » Je lui ai dit que je m’inquiétais de ce qui allait se passer au Sahara occidental depuis près de 30 ans, et que, bien que ce soit probablement le problème le plus long sur lequel j’ai travaillé dans toute ma carrière, cela ne me semblait pas être un conflit. il fallait que cela dure 30 ans. Je suis un Américain avec peu de patience. Je le reconnais. Je pense que nous ne devrions pas avoir ces pauvres gens qui attendent un référendum pendant des décennies. Qui sait pour quoi ils voteraient ; peut-être en faveur de l’adhésion au Maroc.

    Q.- Sous votre pression, les deux partis commencent à travailler pour la célébration du référendum. Mais ensuite, vous quittez le Cabinet. Que se passe-t-il alors dans l’administration Trump ?

    R.- En dehors de Jim Baker, du sénateur républicain de l’Oklahoma Jim Inhofe, et de moi, il n’y a pas trop de personnes à des postes pertinents aux États-Unis qui sont très préoccupées par le Sahara occidental. Quand je suis parti, la question est revenue au DoS américain, et rien n’a changé jusqu’à ce que les Marocains disent à Jared Kushner [le gendre et conseiller de Donald Trump] : « Si vous voulez que nous reconnaissions Israël, vous devez reconnaître nos exigences à son égard. Sahara occidental ». Kushner est, comme Trump, un entrepreneur immobilier, il a donc répondu : « Ok ».

    Q – Comment les États-Unis voient-ils ce conflit ? En Espagne, il semble parfois que nous le regardions avec un certain paternalisme typique d’une ancienne puissance coloniale. À Washington, cependant, il n’est pas considéré comme une priorité et, en outre, il y a la condition que, bien que le Maroc soit un allié très proche, il ne veut pas aggraver la relation avec l’Algérie.

    R – Je ne pense pas que les Etats-Unis aient prêté l’attention nécessaire au Sahara Occidental. Et je ne pense pas que l’Espagne devrait s’inquiéter d’être critiquée pour avoir vu le conflit avec paternalisme. Les Etats-Unis n’ont pas d’anciennes colonies, mais notre préoccupation pour les Philippines ou le Liberia est légitime. Si l’Espagne n’avait pas souffert des problèmes internes qu’elle avait en 1975 [Franco était mourant et il y avait un vide de leadership], elle aurait très probablement donné l’indépendance au Sahara occidental. Cela signifie que dans ce pays, il y a une certaine responsabilité dans le sens où « nous devons régler ce problème ». Et moi, la vérité, je félicite l’Espagne pour cela. Pour les États-Unis, la stabilité en Afrique du Nord-Ouest est très importante pour les mêmes raisons que pour l’Europe. Il suffit de voir le chaos en Libye, qui génère des vagues d’immigration vers le nord de la Méditerranée… Du point de vue des Etats-Unis, la stabilité de la région est essentielle, et s’il y a des problèmes non résolus, c’est un facteur de risque.

    Q – Le Sahara est l’un de ces facteurs de risque ?

    R – Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de l’islamisme radical, et bien que ce ne soit pas un problème avec le POLISARIO ou avec le peuple sahraoui, d’autres pourraient essayer d’exploiter ce conflit. Il faut donc savoir ce qui est en jeu. Je ne suis pas un grand fan de Woodrow Wilson [le président américain qui a défendu le droit à l’autodétermination] mais de temps en temps, il faut laisser les gens voter sur le statut qu’ils veulent avoir. Les frontières qui existent en Afrique ne plaisent pas aux Africains, car ce sont celles laissées par les puissances coloniales, mais tout le monde se rend compte que, si les conditions ne sont pas plus favorables, les frontières dont ils ont hérité avec l’indépendance sont celles qu’ils auront.

    Q.- Du point de vue du réalisme géostratégique, n’est-il pas mieux pour les Etats-Unis de laisser le Maroc annexer le Sahara Occidental petit à petit ? Rabat est l’un des plus grands alliés des USA, et bien qu’il ne soit pas une démocratie, il n’est pas la pire autocratie du Moyen-Orient ou d’Afrique. Si le Maroc quitte le Sahara, peut-être donnons-nous à l’Etat islamique une porte d’entrée sur l’océan Atlantique.

    R – C’est la solution de facilité, la mentalité qui sous-tend ceux qui disent : « pourquoi les États-Unis devraient-ils défendre Taïwan contre la Chine ? » De nombreux membres du DoS américain sont d’accord avec cette idée. Mais je pense que c’est plus compliqué. La question du Sahara occidental est l’un des éléments qui peuvent donner des ailes au radicalisme en Afrique du Nord et finir par créer plus de problèmes. Je veux qu’il y ait une relation plus normale et plus stable entre le Maroc et l’Algérie et mettre fin à l’incertitude au Sahara occidental serait un grand pas dans cette direction. Et un référendum est parfait pour que tout le monde puisse sauver la face. Parce que, avec un plébiscite, le perdant – que ce soit le Maroc ou l’Algérie – peut se présenter comme un pays qui respecte la volonté populaire et les solutions de la communauté internationale.

    Q.- Vous avez parlé de l’Algérie. En Espagne, ce pays est toujours oublié dans l’analyse du conflit. Comment les Etats-Unis équilibrent-ils la relation difficile entre le Maroc et l’Algérie à ce point précis du Sahara ? Est-ce un problème pour vous ?

    R.- En généralisant, nous pouvons dire que les Etats-Unis accordent plus d’attention au Maroc qu’à l’Algérie. Je pense que c’est une erreur. Bien que, comme vous l’avez dit, nous ayons une relation très étroite avec le Maroc depuis longtemps, l’Algérie est un pays critique, qui a été une grande victime des attaques du terrorisme islamique international. Le danger du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahara est très sérieux, et les flux de réfugiés en Europe sont une source de préoccupation. Nous l’avons vu récemment à Ceuta, où la pression exercée par le Maroc est devenue évidente. Je me souviens qu’une fois, j’étais avec Jim Baker [le médiateur de l’ONU pour le Sahara de l’époque et l’homme de confiance du « père » de George Bush] dans le bureau du roi Mohamed VI, et que, derrière la table du monarque, il y avait une carte. Vous devriez voir cette carte ! Le Maroc incluait non seulement le Sahara Occidental, mais aussi des parties de l’Algérie et de la Mauritanie … Si le Maroc se concentrait sur son potentiel économique au lieu de maintenir ce foyer d’instabilité, il serait un pays plus riche. De plus, avec la minuscule population qu’il aurait, comment un Sahara Occidental indépendant pourrait-il être hostile envers ses voisins ?

    Q.- Vous avez mentionné la crise de Ceuta. Quelle est votre opinion sur la performance du Maroc et celle de l’Espagne?

    R.- J’ai vécu quelque chose de similaire dans le gouvernement de George W. Bush, quand le Secrétaire d’Etat Colin Powell a passé une nuit éveillée avec le FM d’Espagne, Ana Palacio [pour l’occupation de l’îlot de Perejil, en 2002]. Il s’agit d’un mécanisme par lequel le Maroc fait pression sur l’Espagne et, par conséquent, sur l’ensemble de l’UE. Ce n’est pas comme cela que les choses se passent. Le Maroc ne favorise pas ses intérêts lorsqu’il fait cela ou lorsqu’il retarde le référendum au Sahara occidental. Au lieu de cela, il ferait beaucoup mieux de favoriser les investissements étrangers et le commerce international.

    Q – Comment avez-vous été lié au Sahara ?

    R – J’ai pris connaissance du conflit pour la première fois en 1991, sous l’administration Bush père. C’est juste après la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein qu’il semblait y avoir une opportunité pour l’ONU d’organiser un référendum au Sahara Occidental qui donnerait à ses habitants le choix entre l’indépendance et l’union avec le Maroc. Il semblait que l’accord était assez simple car quelle est la difficulté d’organiser un référendum pour 90.000 électeurs ? Ainsi, la résolution visant à créer la MINURSO a été rapidement approuvée par l’ONU [elle a été approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité]. Cela nous a fait penser que le conflit serait peut-être résolu en un an. Mais tout s’est bloqué presque immédiatement parce que les Marocains ne voulaient pas de référendum.

    Q – Votre vision du problème a-t-elle changé ?

    R.- Non. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie [d’Espagne] mais c’est aussi un territoire sur lequel le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie ont des revendications territoriales, et qui a connu une activité militaire considérable. Qui est mieux placé pour décider de son avenir que les personnes qui y vivent ?

    Je ne pense pas que nous ayons vu la fin de l’islamisme radical, et bien que ce ne soit pas un problème avec le POLISARIO ou avec le peuple sahraoui, d’autres pourraient essayer d’exploiter ce conflit. Il faut donc savoir ce qui est en jeu. Je ne suis pas un grand fan de Woodrow Wilson [le président américain qui a défendu le droit à l’autodétermination] mais de temps en temps, il faut laisser les gens voter sur le statut qu’ils veulent avoir. Les frontières qui existent en Afrique ne plaisent pas aux Africains, car ce sont celles laissées par les puissances coloniales, mais tout le monde se rend compte que, si les conditions ne sont pas plus favorables, les frontières dont ils ont hérité avec l’indépendance sont celles qu’ils auront.

    Q.- Du point de vue du réalisme géostratégique, n’est-il pas mieux pour les Etats-Unis de laisser le Maroc annexer le Sahara Occidental petit à petit ? Rabat est l’un des plus grands alliés des USA, et bien qu’il ne soit pas une démocratie, il n’est pas la pire autocratie du Moyen-Orient ou d’Afrique. Si le Maroc quitte le Sahara, peut-être donnons-nous à l’Etat islamique une porte d’entrée sur l’océan Atlantique.

    R – C’est la solution de facilité, la mentalité qui sous-tend ceux qui disent : « pourquoi les États-Unis devraient-ils défendre Taïwan contre la Chine ? » De nombreux membres du DoS américain sont d’accord avec cette idée. Mais je pense que c’est plus compliqué. La question du Sahara occidental est l’un des éléments qui peuvent donner des ailes au radicalisme en Afrique du Nord et finir par créer plus de problèmes. Je veux qu’il y ait une relation plus normale et plus stable entre le Maroc et l’Algérie et mettre fin à l’incertitude au Sahara occidental serait un grand pas dans cette direction. Et un référendum est parfait pour que tout le monde puisse sauver la face. Parce que, avec un plébiscite, le perdant – que ce soit le Maroc ou l’Algérie – peut se présenter comme un pays qui respecte la volonté populaire et les solutions de la communauté internationale.

    Q.- Vous avez parlé de l’Algérie. En Espagne, ce pays est toujours oublié dans l’analyse du conflit. Comment les Etats-Unis équilibrent-ils la relation difficile entre le Maroc et l’Algérie à ce point précis du Sahara ? Est-ce un problème pour vous ?

    R.- En généralisant, nous pouvons dire que les Etats-Unis accordent plus d’attention au Maroc qu’à l’Algérie. Je pense que c’est une erreur. Bien que, comme vous l’avez dit, nous ayons une relation très étroite avec le Maroc depuis longtemps, l’Algérie est un pays critique, qui a été une grande victime des attaques du terrorisme islamique international. Le danger du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahara est très sérieux, et les flux de réfugiés en Europe sont une source de préoccupation. Nous l’avons vu récemment à Ceuta, où la pression exercée par le Maroc est devenue évidente. Je me souviens qu’une fois, j’étais avec Jim Baker [le médiateur de l’ONU pour le Sahara de l’époque et l’homme de confiance du « père » de George Bush] dans le bureau du roi Mohamed VI, et que, derrière la table du monarque, il y avait une carte. Vous devriez voir cette carte ! Le Maroc incluait non seulement le Sahara Occidental, mais aussi des parties de l’Algérie et de la Mauritanie … Si le Maroc se concentrait sur son potentiel économique au lieu de maintenir ce foyer d’instabilité, il serait un pays plus riche. De plus, avec la minuscule population qu’il aurait, comment un Sahara Occidental indépendant pourrait-il être hostile envers ses voisins ?

    Q.- Vous avez mentionné la crise de Ceuta. Quelle est votre opinion sur la performance du Maroc et celle de l’Espagne?

    R.- J’ai vécu quelque chose de similaire dans le gouvernement de George W. Bush, quand le Secrétaire d’Etat Colin Powell a passé une nuit éveillée avec le FM d’Espagne, Ana Palacio [pour l’occupation de l’îlot de Perejil, en 2002]. Il s’agit d’un mécanisme par lequel le Maroc fait pression sur l’Espagne et, par conséquent, sur l’ensemble de l’UE. Ce n’est pas comme cela que les choses se passent. Le Maroc ne favorise pas ses intérêts lorsqu’il fait cela ou lorsqu’il retarde le référendum au Sahara occidental. Au lieu de cela, il ferait beaucoup mieux de favoriser les investissements étrangers et le commerce international.

    Q – Comment avez-vous été lié au Sahara ?

    R – J’ai pris connaissance du conflit pour la première fois en 1991, sous l’administration Bush père. C’est juste après la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein qu’il semblait y avoir une opportunité pour l’ONU d’organiser un référendum au Sahara Occidental qui donnerait à ses habitants le choix entre l’indépendance et l’union avec le Maroc. Il semblait que l’accord était assez simple car quelle est la difficulté d’organiser un référendum pour 90.000 électeurs ? Ainsi, la résolution visant à créer la MINURSO a été rapidement approuvée par l’ONU [elle a été approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité]. Cela nous a fait penser que le conflit serait peut-être résolu en un an. Mais tout s’est bloqué presque immédiatement parce que les Marocains ne voulaient pas de référendum.

    Q – Votre vision du problème a-t-elle changé ?

    R.- Non. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie [d’Espagne] mais c’est aussi un territoire sur lequel le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie ont des revendications territoriales, et qui a connu une activité militaire considérable. Qui est mieux placé pour décider de son avenir que les personnes qui y vivent ?

    Q – Vous avez continué à être impliqué dans le conflit après la présidence de George Bush.

    R – En 1997, j’ai travaillé pendant six ou huit mois pour Jim Baker [Secrétaire au Trésor avec Reagan et Secrétaire d’Etat avec Bush, et le plus grand confident du Président], qui était le PESG de l’UNSG, pour le Sahara Occidental. Lorsque nous pensions avoir réussi à faire avancer les parties vers le référendum, les Marocains, à nouveau, ont bloqué le plébiscite. Mon point de vue a toujours été que le référendum est quelque chose sur lequel nous sommes d’accord et que, par conséquent, il devrait être célébré. Le nom de la mission de maintien de la paix est la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental. S’il n’y a pas de référendum, il n’y a pas besoin d’une mission militaire. En fait, la MINURSO est, pour moi, un exemple clair de la façon dont la participation de l’ONU à un conflit ne le résout pas, mais l’étend plutôt. Donc, ce que j’ai pensé en 2018, c’est : bien, peut-être qu’avec ça les gens se réveillent. Comme il semble qu’il va y avoir un référendum, il n’y a pas non plus besoin d’une force de maintien de la paix. Au final, le problème finit à la porte du DoS américain, qui pense largement comme les diplomates européens, donc rien ne se passe jamais.

    El Mundo, 20 juin 2021

    Etiquettes : John Bolton, Sahara Occidental, Espagne, Maroc, Ceuta, Etats-Unis, ONU, Front Polisario,

  • John Bolton appelle Biden à annuler la décision de Trump au Sujet du Sahara occidental

    L’ancien Conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, a appelé mardi l’administration Biden à annuler la proclamation du président sortant, Donald Trump, relative à la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

    « L’abandon par l’administration Trump des engagements concernant la question du Sahara occidental est une erreur que l’administration Biden devrait corriger », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse au Foreign Press Association.
    L’annonce du président sortant, faite le 10 décembre dernier, était liée à la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste. M. Bolton qui a rappelé avoir travaillé avec l’ancien envoyé personnel du SG de l’ONU, James Baker, en vue d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental a estimé que les Etats-Unis ne devraient pas ouvrir un consulat dans les territoires occupés.
    Il a également indiqué que les Etats-Unis ne devaient plus parler, lors de leurs interventions à l’ONU, de « l’autonomie » du Sahara occidental mais plutôt de l’autodétermination du peuple sahraoui, un objectif « pour lequel a été créé la Minurso ( Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) en 1991 ».
    El Watan, 13 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Polisario, Maroc, John Bolton, Joe Biden, Donald Trump,