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  • Une affaire monarchique : du Maroc à la péninsule arabique

    Tags : Maroc, Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, EAU, Bahreïn, Jordanie,

    Lorsque les protestations en Afrique du Nord ont renversé les dictateurs et ont commencé à se répandre ailleurs dans la région, des alliances vieilles de plusieurs décennies entre les monarchies arabes ont été renforcées avec l’intérêt commun de rester au pouvoir à tout prix. Alors que les liens politiques et économiques du Maroc ont toujours été principalement orientés vers les marchés européens, le Maroc a récemment orienté ses perspectives vers l’Est, trouvant un terrain d’entente avec les monarchies de la péninsule arabique.

    La relation du Maroc avec les monarchies du Golfe n’a rien de nouveau. Lorsque le roi Hassan II du Maroc a donné la priorité à l’acquisition du territoire du Sahara occidental comme objectif principal de son règne, l’Arabie saoudite a fourni une allocation annuelle de cent millions de dollars tout au long des années 1980. Le montant était spécifiquement destiné aux « activités anti-Polisario ». Hassan II lui a rendu la pareille en 1990 lorsqu’il a envoyé plus d’un millier de soldats à la frontière saoudo-irakienne pendant la guerre du Golfe. Cette décision était en grande partie un geste politique de soutien aux monarchies arabes, mais qui a provoqué la colère du public marocain et alimenté des protestations généralisées contre le déploiement des troupes marocaines.

    Les liens économiques du Maroc avec le Golfe étaient et continuent d’être cruciaux pour le développement économique du Maroc. En 2001, le Maroc a signé un accord de libre-échange avec les Émirats arabes unis (EAU), et en 2010, les investissements privés et publics des EAU étaient les deuxièmes plus importants de tous les pays du Maroc.

    L’investissement des EAU dans l’économie marocaine a été particulièrement crucial dans l’industrie du tourisme, avec la construction de projets de complexes hôteliers de luxe dans tout le pays, en particulier dans la ville portuaire du nord de Tanger, l’emplacement d’une zone économique franche. Quelques années seulement après le début de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les Émirats arabes unis, Jafza International, basé à Dubaï, a remporté le contrat pour gérer la logistique de la zone franche de Tanger-Med en 2005. Les Émirats arabes unis sont également présents dans l’industrie énergétique marocaine, à savoir le projet Jorf Lasfar, financé par une filiale de la société d’État Abu Dhabi National Energy Company, constituant le plus grand indépendant centrale électrique de la région. Les bailleurs de fonds du projet Jorf Lasfar sont également des sponsors communs pour les festivals de musique, tels que le festival international annuel Mawazine, qui est partiellement financé par l’État. De plus, en 2011, le Qatar et le Koweït se sont engagés à investir trois milliards de dollars dans l’industrie touristique marocaine pour aider le Maroc à réaliser son plan de développement touristique 2020.

    La relation étroite entre le Maroc et les monarchies du Golfe se reflète également à travers la politique étrangère du Maroc. En 2009, le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran au motif que les imams iraniens faisaient du prosélytisme, un crime punissable au Maroc. Un câble Wikileaks de diplomates américains à Rabat daté du 12 mars 2009 donne de nombreux détails concernant le riff diplomatique :

    Les décisions politiques marocaines à ce sujet sont presque sûrement venues personnellement du roi Mohammed VI, qui s’était injecté tôt dans la dispute avec l’Iran avec une lettre de soutien très médiatisée à ses compatriotes royaux arabes à Bahreïn.

    Le câble souligne également la frustration des responsables marocains face au déséquilibre commercial croissant entre le Maroc et l’Iran. Le Maroc devenait de plus en plus dépendant du pétrole iranien, tandis que les exportations marocaines de phosphate vers l’Iran étaient en baisse. Cela se juxtapose à l’augmentation des échanges et des investissements entre le Maroc et Bahreïn :

    En revanche, les IDE bahreïnis au Maroc ont connu une augmentation massive de 2007 à 2008, passant de 3,2 millions USD de janvier à septembre 2007 à 53 millions USD au cours de la même période en 2008.
    Malgré l’éloignement géographique du Maroc du Golfe, la politique étrangère du Maroc est fortement motivée par ses liens avec les monarchies du Golfe et sa décision de s’intégrer dans la géopolitique du Golfe, même si cela se fait au détriment de la rupture des liens avec d’autres pays. Cela serait particulièrement pertinent en mai 2011 lorsque le Maroc a été proposé pour devenir membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

    Le moment de la proposition d’inclure le Maroc – ainsi que la Jordanie – dans l’organisation régionale des seules monarchies du monde arabe, suggérait que cette décision était au-delà d’une question d’intérêts politiques. L’inclusion du Maroc dans le CCG n’a jamais été détaillée, ni mentionnée publiquement bien après la déclaration initiale, à l’exception de quelques sommets. L’annonce de mai est intervenue à un moment particulier dans la réponse du Maroc à son propre mouvement pro-démocratie. Le pic de violence policière contre les manifestants au mois de mai a contribué à la montée de la dissidence, entraînant certaines des plus grandes marches et manifestations du Mouvement du 20 février.

    Pourtant, avant le référendum constitutionnel du 1er juillet, suivi des élections législatives du 25 novembre, la répression policière a connu un déclin. Le 20 févrierL’élan du e Mouvement s’est également heurté à un mur stagnant. Le mouvement n’avait pas réussi à recueillir un soutien populaire à l’échelle des mouvements de protestation dans d’autres parties du Maghreb, comme la Tunisie et la Libye. Afin de réprimer un soulèvement populaire, le régime marocain a augmenté les salaires publics à un taux record de trente-cinq pour cent, en plus des subventions alimentaires. Il est apparu que l’annonce du CCG n’était qu’une simple réaction instinctive à ce qui semblait être la montée d’un soulèvement populaire, destiné à solidifier l’alliance Maroc-Golfe sous le couvert d’une « adhésion » relativement vague. Lorsqu’il était clair que le mouvement pro-démocratie n’avait pas réussi à gagner le soutien populaire, l’urgence de l’adhésion proposée a diminué.

    Pourtant, qu’aurait impliqué l’adhésion du Maroc au CCG pour les monarchies du Golfe ? Les politiques du Maroc au cours des dernières années indiquent déjà que ses intérêts sont conformes à ceux des monarchies du Golfe et que les investisseurs du Golfe ont inondé le Maroc. Si le Maroc rejoignait le CCG, l’intégration des économies rentières du Golfe se heurterait sans aucun doute à la faiblesse de l’économie marocaine qui dépend principalement de l’instabilité de l’industrie du tourisme et des envois de fonds. Cependant, le manque de clarté du processus d’adhésion au CCG rend difficile l’évaluation des conséquences. La charte actuelle du CCG devrait être modifiée afin de donner un sens à l’adhésion du Maroc puisque le seul article sur l’adhésion du pays ne s’applique pas au Maroc. Lors d’une réunion des membres du GCC, les détails relatifs à l’adhésion n’ont pas été clarifiés. Au lieu de cela, le secrétaire général du CCG, Abdullatif al-Zayani a déclaré que le Maroc doit « accomplir les procédures requises » pour adhérer.

    L’alliance du Maroc avec le Golfe a également été redéfinie à travers la politique régionale, notamment en ce qui concerne la crise en cours en Syrie. Le Maroc est le seul membre de la Ligue arabe à détenir actuellement un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Non seulement il se positionne comme un représentant de la Ligue arabe, mais il agit également comme un mandataire des politiques étrangères saoudienne et qatarienne, qui soutiennent toutes deux l’intervention étrangère. En outre, peu de temps après la condamnation de Bachar al-Assad par le roi Abdallah de Jordanie, le Maroc a accueilli la première réunion de la Ligue arabe le 16 novembre, au cours de laquelle les responsables ont convenu d’envoyer des observateurs en Syrie.

    Malgré les politiques néotraditionalistes similaires des monarchies marocaine et du Golfe et leurs liens étroits avec les États-Unis, l’opinion publique des deux côtés s’est opposée à la proposition. L’une des raisons de cette opposition est enracinée dans un marché clandestin lucratif du trafic sexuel qui a été un problème majeur entre le Maroc et le Golfe, forgeant de nombreuses idées fausses. Les politiques laxistes du Maroc en matière de recrutement d’emplois dans le Golfe ont permis la création de vastes réseaux de prostitution. Malgré la ratification par le Maroc de divers traités et conventions internationaux qui traitent de la traite à des fins sexuelles, comme la Convention de 1949 pour la répression de la traite des personnes et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, les législateurs marocains n’ont pas réussi à rédiger une législation complète qui applique ces conventions internationales au niveau national. De plus, alors que la nouvelle constitution marocaine appelle à la primauté du droit international sur le droit national, les tribunaux ont indiqué le respect du droit national, comme cela a été évident dans le cas d’Amina Filali. Outre l’absence de législation contre le trafic sexuel, les taux élevés d’analphabétisme et de pauvreté, en particulier dans les zones rurales, ont transformé l’industrie du sexe au Maroc en un marché lucratif.

    Une histoire de femmes saoudiennes accusant des femmes marocaines de pratiquer la sorcellerie et de voler des maris est devenue virale, mais la réponse à l’histoire a ignoré les causes de ces opinions. Ces perceptions erronées sont allées jusqu’à ce que l’Arabie saoudite interdise aux femmes marocaines d’un « certain âge » de pratiquer la Omra . À l’inverse, au Maroc, la perception de l’homme Khaliji riche, motivé par le sexe et moralement vide a également été façonnée par le marché du trafic sexuel. Le gouvernement marocain a répondu à ces opinions largement répandues en adoptant une loi qui exigerait l’approbation du tribunal saoudien si un homme saoudien cherche à épouser une femme marocaine , ainsi qu’en informant les épouses précédentes du mariage.

    Il a également été avancé que la proposition suggérant que le flux de biens, de services et de citoyens qui serait facilité par l’adhésion aurait des répercussions à long terme sur le développement humain au Maroc. Bien que la distance géographique resterait un obstacle dans une certaine mesure, le Maroc, contrairement au Golfe, affiche une moyenne nettement inférieure sur l’ indice de développement humain (IDH). Les indicateurs pointent vers une multitude de facteurs contribuant au faible classement du Maroc, notamment l’analphabétisme, la pauvreté, l’inégalité des revenus, etc. échange contre un revenu stable. Une partie importante de l’économie marocaine dépend déjà des envois de fonds, pourtant, comme les envois de fonds ont augmenté au fil des ans, le développement humain au Maroc est toujours resté inférieur à la moyenne régionale.

    La proposition d’intégration du Maroc au CCG est de toute évidence un acte de désespoir politique. Si la monarchie marocaine était tombée dans un soulèvement populaire, les monarchies du Golfe auraient perdu l’une de leurs extensions politiques et économiques restantes en Afrique du Nord. Même en tant que non-membre du CCG, le Maroc bénéficie déjà de ses liens avec les monarchies du Golfe. Les investissements du Golfe ont contribué à placer le Maroc en tête de la liste 2011/12 des « pays africains du futur » des marchés des IDE , devant l’Afrique du Sud et l’île Maurice. Il est impératif d’évaluer la justification de l’adhésion du Maroc au CCG dans le contexte des réformes menées par le gouvernement en réponse aux protestations. La réponse du régime marocain aux protestations par des réformes rapides et des élections précipitées fourni un modèle pour une autre monarchie arabe, à savoir la Jordanie. Plusieurs mois plus tard, Bahreïn a également fait semblant de défendre cette idée et a annoncé ses propres réformes constitutionnelles.

    Sur le plan économique, les partenaires commerciaux européens du Maroc sont confrontés à des obstacles importants, ce qui pose un risque pour la faiblesse de l’économie marocaine, qui est en proie à un déficit commercial et budgétaire record. Le point de l’intégration économique était une préoccupation pour les membres du CCG. Le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahayan des Émirats arabes unis , a déclaré : « Nous devons tirer les leçons de l’expérience de l’Union européenne, qui à un moment donné a accepté 10 pays parmi ses membres et regardez maintenant ce qui s’est passé avec l’euro ». Les États riches en pétrole du Golfe offrent une solution temporaire aux problèmes politiques et économiques du Maroc, tout en permettant le maintien du régime autoritaire marocain. Environ un mois après la réunion au cours de laquelle al-Nahayan a fait ses commentaires, il a été annoncé que le CCG mettrait en place un Un « fonds de développement de 5 milliards de dollars » à répartir à parts égales entre la Jordanie et le Maroc. Pendant ce temps, les mesures procédurales pour les inclure dans le CCG restaient floues.

    Grâce à une combinaison d’efforts dans les sphères politique et économique, le Maroc a réussi à retarder temporairement l’inévitable vague de dissidence. Les monarchies du Golfe ont fourni un coussin confortable à la monarchie marocaine, tout en renforçant la confiance des alliés du régime tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières marocaines. Cependant, les inégalités de revenus au Maroc restent les plus élevées de la région, ainsi qu’un taux d’analphabétisme stupéfiant de 56,1 % . Le Maroc peut demander une assistance économique temporaire par le biais de programmes d’aide en provenance du Golfe, mais tout cela ne réussit qu’à entretenir une économie dépendante et faible qui continue de faire face aux obstacles du développement post-colonial. Pendant ce temps, l’engagement du Maroc en faveur de la démocratisation est au point mort avec des cas constants d’ arrestations arbitraires, les procès à motivation politique et les protestations en cours se sont heurtés à la répression. Cela montre seulement que les réformes constitutionnelles n’ont pas fait grand-chose pour changer la réalité sociale des Marocains, et les monarchies du Golfe n’ont aucune intention de contester l’approche du Maroc pour répondre aux griefs populaires. Au lieu de cela, les monarchies du Golfe ont récompensé le Maroc avec des aides d’un milliard de dollars, des investissements et une alliance politique de plus en plus forte.

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    #Monarchies_du_golfe #Maroc #Arabie_Saoudite #Qatar #EAU

  • Maroc : Des experts d’Israël et de six pays arabes parlent de coexistence

    Maroc : Des experts d’Israël et de six pays arabes parlent de coexistence

    Tags : Maroc, Israël, Bahreïn, Soudan, Égypte, Jordanie, N7,

    Des responsables gouvernementaux, des universitaires et des experts en politique d’Israël et de plus de six pays arabes se réunissent au Maroc lundi pour une réunion de trois jours sur l’éducation, la coexistence et les liens entre les peuples dans la région.

    La conférence est organisée dans le cadre de l’initiative N7 du Conseil atlantique et de la Fondation Jeffrey M. Talpins dans le but de trouver des idées et des propositions pratiques pour des projets gouvernementaux régionaux.

    La conférence N7 a été convoquée pour la première fois l’année dernière à Abu Dhabi avec des ministres d’Israël, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc, du Soudan, d’Égypte et de Jordanie. L’idée était de soutenir les accords d’Abraham et de créer un autre forum d’engagement entre Israël et les pays de la région.

    William Wechsler, directeur principal des programmes pour le Moyen-Orient au Conseil atlantique, a déclaré que la conférence, qui aura lieu du 5 au 7 décembre à Rabat, se concentrera sur des idées et des projets pratiques tels que la création de plates-formes pour les échanges régionaux d’étudiants et de jeunes et le renforcement de la tolérance religieuse.

    Des sources impliquées dans la conférence ont déclaré à Axios que des experts de pays arabes et musulmans qui ne font pas partie des accords d’Abraham et n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël participeront en tant qu’observateurs.

    L’ambassadeur des États-Unis au Maroc, Puneet Talwar, ainsi qu’André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Mohammed V, devraient prendre la parole à la conférence. La délégation israélienne comprend l’ancien ministre Tzahi Hanegbi du parti Likoud de Benjamin Netanyahu.

    Des représentants palestiniens devraient également y participer.

    Selon M. Wechsler, les organisateurs espèrent que les idées et les recommandations de la conférence au Maroc pourront être utilisées par les gouvernements qui font partie du forum du Néguev, dont les États-Unis.

    Les groupes de travail du forum du Néguev devraient se réunir à Abu Dhabi en janvier. « Les peuples de la région doivent voir les avantages du processus de normalisation », a déclaré M. Wechsler.

    Selon Oreen Eisner, président de la Jeffrey M. Talpins Foundation, « l’éducation et la coexistence sont importantes pour le processus de normalisation afin que les jeunes de la région soient capables de travailler ensemble ».

    #Maroc #Israël #Normalisation #N7

  • Roi Abdallah : tentative de médiation entre l’Algérie et le Maroc?

    Roi Abdallah : tentative de médiation entre l’Algérie et le Maroc?

    Tags : Jordanie, Algérie, Roi Abdallah, Abdelmadjid Tebboune,

    Par Mohamed Kouini

    Le Roi Abdallah II bin Hussein, souverain du Royaume hachémite de Jordanie, a achevé, ce dimanche 4 décembre, une visite d’Etat de deux jours en Algérie, à l’invitation du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Une visite inédite qui marque un changement de paradigmes dans les relations entre Alger et les pays du Moyen-Orient.

    Lors de cette visite, le Président Tebboune a réservé un accueil officiel au Roi de Jordanie au siège de la Présidence de la République avant de tenir des entretiens en tête-à-tête qui ont été élargis, par la suite, aux membres des délégations des deux pays.

    Ces entretiens ont été sanctionnés par la signature de plusieurs accords de coopération et de mémorandums d’entente portant sur de nombreux domaines, dont notamment les consultations politiques, les relations diplomatiques, l’information, l’enseignement et la formation maritime.

    Cependant, pour les milieux diplomatiques, cette visite requiert une grande importance, non seulement dans le registre de la coopération étroite entre les deux pays, mais aussi dans des démarches de dialogue et dans la gestion des crises et des tensions régionales.

    Il faut souligner qu’il s’agit de la première visite du Roi Abdallah II en Algérie, et que c’est connu que le souverain hachémite ne passe jamais, ou rarement, une nuit hors de ses demeures et palais, même chez les plus proches de ses amis ou alliés. Un fait guère anodin. C’est un signe relevé par des observateurs avisés, et qui dénote du grand intérêt du roi hachémite aux consultations qu’il a eues avec le président Tebboune et les hauts responsables de l’Etat.

    Les relations entre les deux pays, loin des exubérances médiatiques, ont toujours été excellentes. Les Algériens n’oublient pas que durant la décennie noire, marquée par la violence terroriste, alors que le pays était isolé sur le plan international, c’est encore Amman qui a soutenu l’Algérie dans sa lutte contre l’intégrisme armé notamment au sein des institutions onusiennes. La Jordanie avait elle aussi subi les effets néfastes des attentats terroristes jusqu’à un passé .

    La coopération militaire a pris durant cette période une autre dimension avec la formation de plusieurs contingents d’officiers et cadres de l’ANP au sein des académies militaires jordaniennes, de réputation internationale. Le souverain hachémite avait justement eu des entretiens avec le chef de l’Etat major de l’armée, le général de corps d’armée Said Chenegriha.

    Selon des sources jordaniennes, contactées par le Jeune Indépendant, le Roi Abdallah II devrait donner son quitus pour renforcer cette coopération militaire, d’autant que l’ANP veut diversifier ses partenaires et ne veut plus cantonner la formation de ses cadres uniquement dans les académies françaises, américaines ou russes.

    Les mêmes sources indiquent que l’industrie pharmaceutique devrait prendre un autre élan après cette visite. L’expertise jordanienne dans ce secteur est connue, notamment grâce aux premiers investissements lancés et chapeautés en Algérie par le fameux Kabariti Abdelkarim, alors Premier ministre jordanien.

    L’Algérie cherche de nouveaux investissements dans l’industrie pharmaceutique, notamment dans la fabrication des médicaments, la formation des techniciens et dans la recherche scientifique.
    Amman a maintenu le même intérêt dans cette optique et semble être prêt à renforcer sa relation avec les autorités algériennes dans ce secteur. En outre Amman qui fait face à une crise sans précédents dans l’approvisionnement en carburants et en huiles a engager des pourparlers avec Alger pour concrétiser des accords dans le domaine des hydrocarbures.

    Mais, il n’y a pas que des dossiers de coopération qui ont prévalu durant cette visite.
    Car, au-delà des dossiers économiques, et toujours selon des sources jordaniennes, le souverain hachémite aurait été sollicité par le Maroc pour lancer une médiation discrète entre le Makhzen et l’Algérie, dans le but de mettre fin aux tensions actuelles qui règnent entre les deux pays voisins.

    Les milieux jordaniens savent que leur Roi est très proche du palais de Rabat et les deux monarchies entretiennent de solides relations sur tous les plans. L’Algérie reste toutefois réfractaire envers toute médiation avec son voisin de l’Ouest.

    Le jeune Indépendant, 04/12/2022

    #Algérie #Jordanie #Roi_Abdallah #Tebboune

  • Quand Letizia tourne le dos à la princesse Lalla Salma du Maroc

    Quand Letizia tourne le dos à la princesse Lalla Salma du Maroc

    Topics : Maroc, Jordanie, Rania, Lalla Salma,

    LALLA SALMA ET RANIA DE JORDANIE: UN ROMAN D’AMITIÉ

    La reine Rania a posté sur Instagram une photo dès son arrivée à l’aéroport Mohammed V. Le commentaire en dit long sur la complicité qui la lie à la princesse Lalla Salma: «Avec ma chère amie, Son Altesse Royale la princesse Lalla Salma».

  • Cinéma-audiovisuel: Concurrence entre la Jordanie, le Maroc et l’Égypte

    Cinéma-audiovisuel: Concurrence entre la Jordanie, le Maroc et l’Égypte

    Jordanie, Maroc, Egypte, cinéma, audiovisuel,

    Au moment où le Maroc et l’Égypte reviennent au cinéma et à la télévision, la Jordanie se présente comme un pays important dans le cinéma dans la région Mena.

    Après avoir décroché la troisième destination en matière de tournage dans le Monde arabe, après le Maroc et le Liban, la Jordanie veut s’attaquer à la construction d’une infrastructure et une politique cinématographique agressive. La Royal Film Commission (RFC) de Jordanie a annoncé dans un communiqué du 11 avril 2022 que la RFC et le Creativity Club, Al Karak, ont signé un protocole d’entente d’un an visant à fonder un Centre du film dans la ville de Karak. Il a été signé par Mohannad Al Bakri, directeur général de la RFC, et par Husam Tarawneh, directeur du Creativity Club, Al Karak. Le centre de Karak rejoint les autres centres du cinéma gérés par la RFC dans différentes villes du Royaume dont Irbid, Mafras, Salt, Zarqa, Aqaba, Petra et Wadi Rum. La RFC a organisé 350 ateliers et 370 séminaires au total dans les 7 sept centres du Royaume. Ce nouveau centre du film de Karak prévoit un espace d’éducation et de divertissement pour les jeunes de la ville ainsi qu’un espace dédié aux ateliers de formation aux techniques audiovisuelles. Des projections gratuites de films arabes et internationaux seront proposées.

    À cela s’ajoute un ciné-bus entièrement équipé afin de créer un environnement éducatif différent qui répond aux exigences de l’industrie cinématographique et télévisuelle d’aujourd’hui. Les deux parties expriment leur enthousiasme suite à la signature de ce projet. Selon Mohannad Al Bakri, «nous croyons en l’importance de ces centres qui font la promotion de la production cinématographique dans les collectivités locales en tant qu’industrie en croissance viable, en tant que carrière et outil d’expression personnelle […]. Nous attendons avec impatience les idées et la créativité que la communauté locale de Karak présentera […]».

    Hussam Tarawneh commente également cette initiative, «nous considérons qu’il s’agit d’un pas en avant et d’un élargissement de nos programmes dans le domaine des arts […], [ils] encourageront la pensée critique, amélioreront les compétences et les capacités des jeunes intéressés par les domaines de la photographie, du montage et de la réalisation». Mais en réalité, la Jordanie prépare une entrée dans la matière en matière de cinéma et d’audiovisuel. Le lancement de cité du cinéma, l’organisation de tournages avec des sociétés étrangères se présente comme une nouvelle alternative aux propositions marocaines et égyptiennes.

    Durant le Ramadhan, la Jordanie a lancé à travers la compagnie jordanienne Roya Media Group (RMG), une nouvelle chaîne payante intitulée Roya Plus.

    Cette proposition, élaborée en coopération avec la «Arab Satellite Communications Organisation», est disponible via leur service Arabsat. Elle vise à être acteur majeur dans la production audiovisuelle et cinématographique.

    L’Expression, 21 mai 2022

    #Maroc #Jordanie #Egypte #Cinéma #Audiovisuel

  • Le temps des traîtres

    Le temps des traîtres

    Le temps des traîtres-Maroc, Israël, Algérie, Jordanie, Egypte, EAU, Palestine, Soudan, Monde Arabe

    Que reste-t-il de la cause sacrée des Arabes ? Que reste-t-il de la cause palestinienne ? Rien, ou presque. Les pays arabes, les uns après les autres, tournent le dos à ce qui fut pourtant leur première raison d’être en tant que nation. Une cause pour laquelle ils ont mené trois guerres contre l’occupant sioniste. Nous voulions récupérer Jérusalem et rêvions « de prier ensemble à El Qods Charif » comme le répétait feu Yasser Arafat.

    Mais que ce temps est révolu aujourd’hui. Après l’Egypte et la Jordanie, d’autres pays ont fait le choix d’aller du rapprochement avec le bourreau du peuple palestinien. Les Emirats, le Bahreïn et surtout l’innommable régime du makhzen qui est allé plus loin que tous les autres, signant même un accord militaire avec les sionistes représentés par leur ministre de la guerre, Benny Gantz, qui a encore les mains tachés du sang des innocents enfants de Ghaza dans les meurtriers raids qu’il a ordonnés, alors qu’il était chef d’état major en 2014. On ne fait pas que normaliser les relations avec l’ennemi, mais on en fait un allié contre les pays frères arabes.

    La trahison n’a plus aucune limite. Le déshonneur est brandi comme victoire. Le régime marocain a rabaissé le peuple du Maroc au plus bas. Il n’a pas hésité à poignarder aussi les Palestiniens dans le dos. Et toute honte bue, le roitelet marocain, se pavane encore du titre de « amir el mouminine » et de président du comité d’Al Qods. La grande supercherie n’a plus aucune limite, lui qui aujourd’hui contribue à légitimer les horreurs des sionistes faites aux désarmés frères palestiniens.

    Au moment où Israël multiplie les exactions et se permet toutes les horreurs, les traites arabes leur apportent leur caution au lieu de les isoler et de les mettre devant leurs horreurs. Une fuite en avant et un renoncement inacceptable en ces moments de troubles que traverse le Monde Arabe. L’Algérie quant à elle, reste l’un dernier soutien franc au peuple palestinien et milite pour que la cause palestinienne et les droits du peuple palestinien soient sauvegardés. Une position de principe et de courage, rappelée encore une fois ce lundi par le président Abdelmadjid Tebboune qui a mis la communauté internationale face à ses responsabilités historiques au regard des crimes perpétrés par les forces d’occupation sioniste, ajoutant « Fidèle à ses principes appelant à redoubler d’efforts pour protéger le peuple palestinien des violations, l’Algérie réitère aujourd’hui à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, son soutien aux initiatives sincères et aux démarches sérieuses visant à instaurer la paix au Moyen Orient sur la base de l’égalité internationale ».

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 30/11/2021

    #Monde_arabe #Israël #Maroc #Algérie #Palestine #Jordanie #Egypte #EAU #Soudan

  • Accord militaire maroco-israélien: Duplicité et jeu dangereux

    Maroc, Israël, Benny Gantz, normalisation – Accord militaire maroco-israélien: Duplicité et jeu dangereux

    La visite du ministre israélien de la Défense à Rabat, ponctuée par la signature d’un accord cadre dans le domaine militaire, n’est pas anodine ni loin d’être une simple parade officielle ou protocolaire. Plus qu’une virée historique, elle comporte déjà des menaces réelles, chargée de messages périlleux comportant des risques durables sur la stabilité et la sécurité de toute la région.

    Pour les diplomates, l’objectif recherchée par les décideurs du Makhzen, à travers cette visite et surtout la signature de l’accord de défense (le premier du genre dans le monde arabe, puisque ni l’Egypte, ni la Jordanie, n’ont ratifiés un tel accord avec l’entité sioniste en dépit d’une ancienne normalisation) est une lourde opération de marketing diplomatique.

    Dans son aveuglement colonial et expansionniste, la palais royal mise sur la forte charge symbolique de cette visite d’un criminel de guerre, qui traîne des centaines de morts à Ghaza, pour arracher de potentiels sympathies chez le lobby juif aux Etats unis, ou à peser sur les tendances lourdes qui remuent le Congrès américain, seul habilité à valider les ventes d’armes ou à autoriser l’ouverture de consulats sur des territoires occupés, comme à Dakhla au Sahara occidental.

    Mais ce jeu comporte en lui-même des dangers sur le Maroc lui-même et surtout sur son peuple, qui n’a pas cessé depuis plusieurs jours de contester une telle démarche et de dénoncer de tels accords, à travers des manifestations et des rassemblements dans les villes marocaines.

    Car, l’examen minutieux des anciennes normalisations avec Israël démontrent qu’elles n’apportent ni un véritable investissement économique ou technologique, ni un authentique progrès ou un quelconque bien-être aux peuples. L’exemple le plus édifiant demeure celui de l’Egypte, ou depuis les accords de paix de Camp David, il y a plus de quarante ans, rien de concret sur le plan économique n’a été réalisé. Ni sur le plan industriel, ni sur le plan agricole ou agroalimentaire, ni même dans les échanges commerciaux ou les services.

    Quel est la part d’investissement des entreprises israéliennes en Egypte ? Même si on valorise le nombre de touristes israéliens qui visitent annuellement la station balnéaire de Charm Cheikh, Israël n’a rien apporté de concret aux égyptiens et à leur économie. Les hommes d’affaires israéliens se méfient encore de tout investissement dans le monde arabe. Ils ne mettent aucun dollar dans la moindre PME, ni en Jordanie, ni au Bahrein ou ailleurs. Encore moins au Maroc, ou certains laudateurs et crédules pensent le contraire.

    On s’en souvient des milliers de miliciens de l’Armée du Sud-Liban (ALS) d’Antoine Lahoud, qui ont combattu à côté de l’armée sioniste dans son agression contre le Liban, et qui furent abandonnés juste après le cessez le feu, imposé par la communauté internationale. Longtemps, Israël leur a miroité la création d’un micro-Etat tampon, autonome, avec un drapeau et une population chrétienne toute acquise et soutenu internationalement.

    Comment peut-on chercher une assistance ou des soutiens financiers ou économiques chez un Etat qui lui-même est assisté par les Etats unis, dont l’administration est l’allié viscéral de Tel Aviv, et dont l’aide annuelle dépasse allègrement les quatre milliards de dollars?

    Au Maroc, les médias sont subjugués par les propos de Benny Gantz, ce ministre de la Défense, sur ces accords militaires de haute importance conclus. On applaudit sur le caractère inédit de ce mémorandum, évoquant la possibilité d’assister à «des exercices ou manœuvres militaires entre les armées des deux pays et une coordination sécuritaire », ou encore la livraison d’armement de pointe.

    A ce propos, des sources médiatiques espagnoles ont révélé la création d’une base militaire maroco-israélienne à Nador. La signature d’un tel accord aurait été signée lors de cette visite de Gantz. Quand une telle normalisation qui commence par le domaine militaire et du renseignement et la coopération sécuritaire, c’est déjà un indicateur édifiant.

    La leçon palestinienne est encore là. Les accords d’Oslo et les différentes résolutions pour le principe de « deux Etats en contrepartie de la paix » ont encore enfoncé les territoires palestiniens dans le sous-développement, dans l’arriération économique et la ghettoïsation. Même la capitale El Qods n’est pas épargnée par l’expansionnisme et l’apartheid sioniste. Alors de quelle normalisation parle t-on aujourd’hui?

    Par Mohamed K.

    Le Jeune Indépendant, 27/11/2021

    #Maroc #Israël #Benny_Gantz #Sionisme

  • Algérie, Irak et Jordanie pour le retour de la Syrie à la Ligue arabe

    Algérie, Irak et Jordanie pour le retour de la Syrie à la Ligue arabe. « Mais moi, en tant que secrétaire général, je n’ai personnellement observé aucune demande formelle ou informelle », déclare Ahmed Aboul Gheit

    L’Algérie, l’Irak et la Jordanie souhaitent que le régime syrien revienne pour conserver son siège à la Ligue arabe, selon le secrétaire général Ahmed Aboul Gheit.

    « Certains pays arabes s’ouvrent discrètement à la Syrie », a déclaré mercredi soir Aboul Gheit à la chaîne égyptienne Sada Al-Balad. « Mais moi, en tant que secrétaire général, je n’ai personnellement observé aucune demande formelle ou informelle concernant le début des procédures ».

    Aboul Gheit a également précisé qu’ »il y a un sommet confirmé en Algérie en mars ».

    Il a affirmé que « l’Algérie est à l’avant-garde du retour de la Syrie. L’Irak parle du retour de la Syrie. Et la Jordanie souhaite que la Syrie revienne pour nouer des contacts et renvoyer des ambassadeurs et tout cela représente le début d’un élan ».

    La majorité de la Ligue arabe a voté le 12 novembre 2011 pour suspendre l’adhésion au régime syrien en réponse à ses crimes contre les Syriens.

    Le développement de la normalisation arabe avec le régime syrien a connu, au cours des trois derniers mois, des rencontres bilatérales intenses et rares, des accords économiques transitoires et des ententes avec les pays arabes, en particulier avec la Jordanie, les Émirats arabes unis et l’Égypte.

    Anadolou

  • Il y a 48 ans, la guerre d’Octobre …

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    – 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquèrent par surprise Israël, déclenchant la quatrième guerre israélo-arabe. Huit ans plus tard, El Sadate, le héros de la guerre et de la paix sera assassiné lors d’une parade militaire commémorant la guerre

    AA/ Mohamed Badine El Yattioui*

    Dès le début de sa présidence en 1970, Anouar El Sadate se rend compte de l’urgence de faire évoluer la situation stratégique régionale, catastrophique pour les pays arabes après l’humiliation de 1967. L’Égypte considère alors qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait redistribuer les cartes. Pour cela, il s’allie au Président syrien Hafez al Assad. Leurs armées ont été rééquipées en matériel par l’URSS. En ce qui concerne l’attaque surprise de 1973, selon Claude Franc, spécialiste d’histoire militaire, « trois phases peuvent être identifiées : l’offensive égypto-syrienne du 6 au 13 octobre, la réaction offensive israélienne du 13 au 16 octobre, l’exploitation israélienne du 16 au 25 octobre. » Le 17 octobre, l’impact devient international lorsque les membres arabes de l’OPEP annoncent une baisse de production et un embargo contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël.

    Notons que ce conflit, dans un contexte de Guerre Froide a provoqué une fois de plus une réaction des deux Grands. Ils ont à la fois tenté de soutenir militairement leurs alliés et de mettre en place un cessez-le-feu sous les auspices des Nations Unies. Ses conséquences sont très importantes d’un point de vue géopolitique. Claude Franc va jusqu’à dire que « le processus de paix israélo-égyptien de 1978 est l’enfant naturel de la guerre du Kippour (guerre d’Octobre, NDLR) ».

    Mais cette guerre a surtout façonné les relations entre l’Egypte et Israël et ouvert une nouvelle page dans les relations du Caire avec l’Occident.

    Rupture avec l’époque nassérienne

    Selon Marc Lavergne, géopolitologue et directeur de recherche émérite au CNRS en France, “depuis le milieu des années 1970, l’Égypte est entrée dans une voie nouvelle, entre libéralisation économique et alignement diplomatique sur l’Occident”.

    Durant la présidence d’Anouar El Sadate (1970-1981), l´Egypte a signé la paix avec Israël, devenant le premier pays arabe à le faire. Sur le plan économique, son action a été marquée par l’infitah (ouverture économique). Selon ce spécialiste de l´Egypte, elle a eu comme conséquence l’urbanisation rapide du pays et l’émigration massive de la jeunesse vers les pays du Golfe et vers la Libye.

    Durant les années 1950-1960, l´Egypte exerce une véritable “hégémonie” diplomatique, selon Gérard Claude. Cela correspond à l’époque nassérienne. Le leader du nationalisme arabe se rapproche de l’Union soviétique qui le soutient contre les Etats-Unis et Israël. Les décisions de son successeur à partir de 1977 marquent une rupture majeure en entreprenant un “renversement spectaculaire des alliances” lors de son rapprochement avec Washington et Tel Aviv selon ce professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, en France.

    L’historien libanais, Georges Corm, estime que la guerre de 1973, qui débute le 6 octobre, est une décision personnelle du Président Anouar El Sadate. Il ajoute que c´est “une décision courageuse, car elle est prise contre l’avis de beaucoup d’officiers de l’état-major égyptien, qui ne croient guère possible une aventure militaire visant à traverser le canal”.

    A la suite de la guerre de 1967, la prise du Golan au Nord, du Sinaï, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, a multiplié par quatre la taille du territoire israélien. En 1973, en décidant d’intervenir en même temps, l’Égypte et la Syrie veulent jouer l’effet de surprise au nord et au sud afin de récupérer leurs territoires perdus.

    Les accords de Camp David, une arme à double tranchant

    Les accords de Camp David, signés en 1978 et suivis une année après par la signature du traité de paix israélo-égyptien, constituent une arme à double tranchant pour la diplomatie égyptienne. Parmi les avantages de la reconnaissance de l´Etat d´Israël, une aide financière et technologique américaine conséquente. Malgré tout, son principal problème est que ce pas l’isole du monde arabe qui critique vivement cette décision unilatérale et l´exclut de la Ligue Arabe.

    Après la guerre d’octobre 1973, le Président égyptien tente d´utiliser l’Organisation de l’Unité africaine pour dénoncer la politique israélienne. Lors du sommet de Mogadiscio, en juin

    1974, « les États africains qui entretenaient des relations diplomatiques et économiques avec Israël rompent ces relations » en pleine crise économique, conséquence de la crise pétrolière (à l´exception du Malawi, du Lesotho et du Swaziland).

    Henri Kissinger, le puissant Secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale durant les présidences de Richard Nixon et Gérald Ford, souhaite un rapprochement entre Israël et l’Égypte. L’Égypte cède et Sadate rétablit les relations de son pays avec les Etats-Unis.

    L’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï est signé à Genève. Il fait suite à la résolution no 338 du Conseil de sécurité des Nations unies et affirme que le conflit entre l’Égypte et Israël ne peut être résolu que par un processus de paix et propose la création d´une zone tampon gérée par les Nations Unies. L’Égypte va jusqu´à autoriser le passage par le canal de Suez des produits non militaires en provenance ou à destination d’Israël.

    Renversement des alliances

    Le président démocrate Jimmy Carter (1977-1981) poursuit les négociations entre Anouar El Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin. En décembre 1977, une première conférence se déroule entre Égyptiens, Américains et Israéliens. Israël accepte de démilitariser le Sinaï mais en ce qui concerne l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et le droit au retour des Palestiniens, aucune avancée ne se fait sentir. En septembre 1978, les Accords de Camp David, divisés en deux accords-cadres, sont ratifiés par les deux leaders. Le second accord-cadre signé en mars 1979, prévoit l’évacuation du Sinaï par l’armée israélienne. D’après Henry Kissinger, c´est parce que le Président Sadate ne considérait plus l’URSS comme un allié fiable qu´il a choisi un renversement des alliances : « l’Union soviétique pouvait apporter des armes, mais pas le progrès diplomatique pour récupérer la péninsule du Sinaï en la libérant de l’occupation israélienne, par conséquent le Président Anouar el-Sadate a changé de camp ».

    Anouar El Sadate a été assassiné le 6 octobre 1981 par six soldats égyptiens, appartenant à l’organisation du Djihad islamique égyptien, lors d’une parade en commémoration de la guerre d’octobre 1973. Ils ont attaqué à coups de grenades et de mitrailleuses la tribune présidentielle. Anouar El Sadate décède quelques heures plus tard. Hosni Moubarak, alors vice-président, lui succède. Il renforcera la nouvelle relation de son pays avec les Etats-Unis et Israël.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    * Dr. Mohamed Badine El Yattioui, Professeur de Relations Internationales à l´Université des Amériques de Puebla (Mexique).

    Anadolou

  • Rencontre secrète entre Herzog et le roi de Jordanie

    Rencontre secrète entre Herzog et le roi de Jordanie

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    Le président israélien Herzog a rencontré en secret le roi de Jordanie

    Le président israélien Isaac Herzog a rencontré en secret le roi Abdallah II de Jordanie à Amman, a-t-il révélé samedi, dans un contexte de réchauffement diplomatique entre les deux pays.

    «La semaine dernière, j’ai rencontré au cours d’une très longue conversation le roi de Jordanie, j’ai été dans son palais, une soirée entière. Cela a été une excellente rencontre», a déclaré le président Herzog dans une interview dont des extraits ont été diffusés lors d’une heure de grande écoute samedi soir par les chaînes de télévision israéliennes.

    L’interview doit être diffusée dans son intégralité dimanche, à la veille du Nouvel an juif dont les célébrations commencent lundi soir.

    «La Jordanie est un pays très important. J’ai un respect immense pour le roi Abdallah, un grand leader et un acteur régional très important», a également déclaré M. Herzog, cité dans un communiqué de ses services.

    Le texte fait état d’«une «rencontre chaleureuse», sur invitation du roi de Jordanie, et au cours de laquelle les deux dirigeants ont discuté de «problèmes stratégiques, au niveau bilatéral et régional».

    «Parmi les choses dont nous avons discuté figurent les sujets au coeur des relations entre nos deux pays, notamment un accord pour importer des produits agricoles (de Jordanie, NDLR) pendant l’année de « shmitah » (jachère intervenant tous les sept ans selon la loi religieuse juive), des questions énergétiques, le développement durable et des solutions à la crise climatique que nous pouvons promouvoir ensemble», ajoute le communiqué.

    La Jordanie est le seul pays arabe limitrophe d’Israël — avec l’Égypte — à avoir signé un traité de paix avec l’État hébreu.

    Les relations bilatérales entre les deux pays s’étaient détériorées sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu. Des critiques avaient reproché à ce dernier d’avoir négligé le royaume hachémite au profit de la normalisation, intervenue en 2020, des relations d’Israël avec d’autres pays arabes: les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

    Le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett, lui, s’est envolé pour Amman rencontrer le roi Abdallah II, peu de temps après sa prise de fonction en juin.

    Les deux pays ont notamment conclu un accord début juillet sur la vente de 50 millions de m3 d’eau par an par Israël au royaume hachémite, en plus des 55 millions de m3 déjà fournis chaque année gratuitement à la Jordanie.

    En vertu de cet accord, la Jordanie est autorisée à augmenter ses exportations à destination de la Cisjordanie occupé par Israël depuis 1967.

    La Tribune numérique, 21/09/2021