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  • Les médias relais du pouvoir

    Tags : presse, journaux, ,

    Les médias sont à l’image du pouvoir en place, c’est à dire détestables. Il suffit de revenir sur les derniers faits commis par une presse de plus en plus à la solde de l’Elysée, et qui s’auto-censure au mépris du devoir d’informer les Français, pour comprendre que la démocratie est bien en danger.  

    Par exemple, à propos de la dernière bavure policière qui a déclenché une révolte à Montreuil, il y a beaucoup à dire. D’abord, un communiqué de l’AFP, ci-contre, a orienté, et déformé les faits, insistant plus sur les détails plutôt que de relater les agissements de la police. 

     » Un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui occupait, avec d’autres personnes, un squatt évacué mercredi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a perdu un œil après un affrontement avec la police, a-t-on appris de sources concordantes vendredi. Le jeune homme, Joachim Gatti, faisait partie d’un groupe d’une quinzaine de squatters qui avaient été expulsés mercredi matin des locaux d’une ancienne clinique. « 

    Or, après une contre enquête du site Acrimed, il apparaît clairement que l’agence de presse a volontairement désinformé l’opinion publique. On découvre que le jeune homme, présenté comme un désoeuvré qui a perdu un oeil, était socialement bien intégré. Cherchez l’erreur !

    Autrement dit, si l’AFP avait fait un réel travail de journalisme, elle aurait rédigé le communiqué ci-dessous:

    « Joachim Gatti, un réalisateur de 34 ans a reçu une balle de flashball en plein visage alors qu’il manifestait pour soutenir des squatteurs expulsés. Il a perdu un œil du fait de la brutalité policière. »

    Ensuite, les autres médias dominants ont choisi de ne pas diffuser les images du soulèvement contre les policiers. Pourquoi donc ? Fallait pas embarrasser l’Elysée, bien entendu.

    Le site Acrimed conclu : « ….. il faut tout de même s’interroger sur la propension de nombreux journaux à reproduire ces dépêches instantanément, sans aucun recul, sans changer une seule virgule, quelle que soit leur cohérence. C’est le cas ici du Monde, de La Croix, de RTL, de l’Express et de TV5. »

    Moralité, la presse, à l’exception d’ Internet, est devenu le principal relais de la propagande gouvernementale. Cela promet pour la prochaine élection présidentielle ! Le pire est à venir avec cette dictature UMP.

  • Algérie. Presse : un secteur gangrené

    Algérie. Presse : un secteur gangrené

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    S’il y a un dossier qui ne veut pas curieusement voir le bout du tunnel, c’est bien celui des médias. Que de conférences, que de regroupements, que de groupes de travail, que de promesses n’a-t-on pas vu autour de ce dossier qui ne veut toujours pas évoluer dans le bon sens et qui continue encore à être soumis à toutes sortes de triturations sans raisons convaincantes.

    Il y a, à tout considérer, des parties occultes que l’assainissement de ce secteur semble grandement déranger et qui veulent à tout prix maintenir le statu quo. La manne publicitaire et l’off-shore audiovisuel qui profitent depuis des années à certains ne sont pas étrangers à cet état de fait. Des parties nourries jusqu’à la moelle par la publicité étatique font tout pour faire saborder les réformes promises et engagées par le Président Tebboune.

    L’argent sale et le gain facile qui ont gangrené depuis des années le milieu de la presse est, semble-t-il, toujours en action ! Sinon comment expliquer ces multiples ajournements pour la promulgation de la nouvelle loi organique relative à l’information et la dotation de la profession de journaliste d’un statut particulier qui définit les conditions d’exercice de la profession et les droits et devoirs y afférents ? Il y a à n’en pas douter des forces qui bloquent toute velléité de réformes du secteur ! Depuis des lustres, on parlait d’opérer un coup de balai pour écarter du secteur les parasites et les forces externes à l’information, on clamait que les jours des chaînes de télévision offshore sont comptés, on promettait de mettre fin à ceux qui tirent les ficelles dans la distribution de la publicité publique, on jurait de promouvoir la liberté de presse et la dignité professionnelle…mais à ce jour c’est toujours le statu quo.

    Rien ne semble vouloir changer et en toute apparence ce n’est pas pour demain que cela se fera. Les forces qui bloquent les réformes du président Tebboune et se complaisent de cette situation sont tellement puissantes qu’elles empêcheront toute avancée dans l’assainissement du secteur. Le code de l’investissement avec toute sa complexité a fini par être adopté, mais pas le code sur l’information. C’est à croire que son élaboration ressemble à un voyage sur Mars.

    Le statut quo que veulent maintenir des « réseaux d’influence et d’allégeance » ne peut s’expliquer que par la volonté de brasser encore et encore l’argent de la manne publicitaire. Le fait que le président de la république ait ordonné lors du dernier Conseil des ministres de domicilier les chaînes de télévision à contenu algérien avant la fin de l’année en cours afin de lutter contre le transfert illicite de devises de manière déguisée, en dit long sur les forces qui profitent du statu quo et c’est l’image de la République qui en prend un autre coup.

    « La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien », disait Edmund Burke. Malheureusement chez nous les hommes de bien sont sanctionnés. Le manque de visibilité et l’injustice dans le secteur des médias sont tels que la moindre action de bien est systématiquement brisée.

    L’Express, 01/09/2022

    #Algérie #Presse #Journaux #Médias

  • Algérie: Les derniers jours d’un canard condamné à mort

    Algérie: Les derniers jours d’un canard condamné à mort

    Algérie, Le Quotidien d’Oran, presse, journaux, Oranie,

    C’est du journal Le Quotidien d’Oran que je veux parler.

    Pendant 28 années, ce journal né dans la douleur des années folles, fut le sérieux rival des grands quotidiens nationaux, la belle vitrine de l’Oranie, le meilleur espace d’échange et d’information de l’ouest, l’agora qui réunissait les meilleurs plumes qui s’expriment en français- et, je le redis à mes risques et périls: dans ce pays, c’est en français que s’expriment les meilleures idées, les idées les plus modernes, les plus révoltées- Il fut la chance pour certains d’exprimer à grande échelle ce qu’il pensent, et pour d’autres une vraie rampe de lancement. Je lui dois, quant à moi, l’honneur de m’avoir reçu et ouvert ses pages à maintes reprises pour exprimer et partager quelques modestes pensées.

    Tout bouge à la vitesse de l’intelligence artificielle. L’ancien temps passe, le nouveau temps s’installe. Notre grand journal se meurt.

    Il ne peut pas échapper à ce qui devient une fatalité, à la maladie du siècle qui frappe partout le papier et qui est en train d’exterminer tout les canards qui ne sont pas soutenus par des états totalitaires ou par des capitaux à la Vincent Boloré: manipulateurs des consommateurs et faiseurs d’opinions.

    Après la mort des autres grands, il tente comme il peut de glaner quelques mois ou quelques semaines. Il vit chichement. Il perd du poids. Il se réduit comme une peau de chagrin. Il maigrit comme un cancéreux. Son corps chétif n’est constitué que de 16 pages d’un papier de mauvaise qualité, de feuilles presque mortes, minces comme du papier à tabac.

    Le Quotidien d’Oran est une société commerciale. Une SPA. Au-delà d’informer, sa raison d’être c’est faire des bénéfices. Il ne peut pas vivre autrement. C’est de ces bénéfices qu’il se nourrit et c’est eux qu’attendent les actionnaires.

    D’où proviennent donc ses ressources ?

    En général les ressources d’un journal proviennent de la publicité et de l’abonnement quand il est vertueux, et du chantage quand il est vicieux ( oui ils existent des journaux qui font du chantage, je viens de le lire sous la plume de Marcel Pagnol dans Topaze). Ce chantage pouvant être payé en espèces comme pouvant être payé en nature, par voie d’attribution d’annonces publicitaires surfacturées.

    Feuilletez l’édition d’aujourd’hui ou consultez-la en ligne. Vous serez étonnés de constater que mêmes les morts l’ont déserté (plus d’espace nécrologique) et que ce grand journal n’a bénéficié que d’un petit encart publicitaire, provenant d’un commissaire priseur annonçant une saisie-exécution, inséré en bas de la mi-page réservée aux annonces classées, qui, tous réunis, n’assurent qu’une pitance de misère. Pas de quoi nourrir le gros ventre d’une SPA.

    Ce matin, au tour d’un café avec un ami journaliste, chacun son journal à la main, on a parlé du sujet et on a comparé nos deux journaux. Le sien était gros et plus gras et le mien cadavérique. Pourtant, de journal il n’a que le titre son canard boiteux, très boiteux.

    Pour sa défense, l’ami journaliste tenait à préciser qu’en raison de la récession économique qui frappe le pays et de la faillite subséquente de presque toutes les entreprises qui pèsent, le marché publicitaire qui faisait la fortune de la presse est devenu presque nul, et donc insuffisant pour satisfaire un grand nombre de Gargantua, et que dans ces conditions, pour survivre disait-il d’une façon narquoise, il faut s’adapter, c’est-à-dire ou tu marches à plat ventre tu crèves debout. Le Quotidien, comme les autres quotidiens dignes, crève debout.

    À sa logique imparable, je n’ai rien trouvé à redire. Sauf conclure qu’en ses temps tristes, quand on croit s’habiller de vertu, c’est en réalité de linceul qu’on s’entoure.

    Mekideche A.
    Bel-Abbès Info, 16 August 2022

    #Algérie #Quotidien_d_Oran #Presse #Oranie #Journaux

  • Maroc : Un lion est mort ce soir

    Par son caractère trempé, son courage indomptable (physique, s’il le fallait,) sa simplicité goguenarde, sa gouaille bravache, ses éclats de rire explosifs, Khalid Jamai était unique en son genre. Un genre qui ne se fait plus, de nos jours.

    Il a traversé plusieurs époques de l’histoire du Maroc. De l’époque où, pour « éduquer » les journalistes un peu trop rebelles, on les raflait tout bêtement au coin d’une rue, avant de les passer à tabac et de les laisser gisants sur le trottoir (ça lui était arrivé dans les années 70, m’avait-il un jour raconté –il m’avait même montré l’endroit, un angle de la rue Allal Ben Abdellah, à Rabat) à l’époque plus « politique » des années 90 (à la stupéfaction générale, il avait publiquement défié Driss Basri, alors au faîte de sa puissance, avec cette harangue devenue célèbre : « chkoun nta ? »)
    Khalid Jamai a été un modèle pour moi, et pour plusieurs générations de journalistes.

    Alors que, jeunes et enhardis par le crépuscule de Hassan II, nous luttions pour essayer de donner sens à un système qui s’ouvrait tout en restant inexplicablement fermé, lui, le vétéran, avait publié une série de chroniques à La Vie Economique, que je n’oublierai jamais. Il y expliquait qu’au-delà de la conjoncture, des espoirs et des reculs, le système politique marocain était bâti sur une culture invariante, veille de plusieurs siècles. Cela avait un nom, nous a-t-il expliqué : le « Makhzen ».

    Le mot existait avant lui, bien sûr, mais c’était un terme d’histoire, que plus personne n’utilisait. Khalid Jamai l’a remis au goût du jour, en lui donnant un sens contemporain. C’est aujourd’hui encore une pierre d’angle conceptuelle, pour quiconque veut comprendre le Maroc. Certains laissent une marque dans les esprits, mais seuls les vrais grands laissent une trace dans le vocabulaire.

    Source : Facebook (Ahmed Benchemsi)

    Etiquettes : Maroc, Khalid Jamai, gauche marocaine, militants, révolutionnaires, Hassan II, dictature, despotisme, répression, années de plomb, Makhzen, presse, journaux, journalistes,