Étiquette : Kadhafi

  • 10 ans après, le mystère entoure encore la mort de Kadhafi

    10 ans après, le mystère entoure encore la mort de Kadhafi. Jusqu’à aujourd’hui, les circonstances de son décès ne sont pas claires. La libye encore en guerre.

    C’était il y a dix ans jour pour jour : le 20 octobre 2011, le leader libyen Mouammar Kadhafi était tué. A l’époque, les rebelles du Conseil national de transition (CNT), appuyés par Washington, Paris et Londres, se battent contre l’armée libyenne. Tripoli est aux mains du CNT et Mouammar Kadhafi en fuite. Les rebelles soupçonnent qu’il est retranché à Syrte, sa ville d’origine et lancent un dernier assaut. Dans les heures qui suivent, on apprend sa capture, puis sa mort. Jusqu’à aujourd’hui, les circonstances de son décès ne sont toujours pas claires.

    20 octobre 2011. Il est 13h15, heure locale. Un commandant du CNT, Abdel Madjid, annonce la capture de Mouammar Kadhafi. Après quarante-deux ans de régime autoritaire, celui que l’on nomme le «Guide de la Révolution» est retranché à Syrte, son dernier bastion. A bord d’un convoi de véhicules, il tente de quitter la ville. Le convoi est bombardé par les forces de l’Otan. Mouammar Kadhafi tente de fuir. Certains affirment qu’il aura tenté de se cacher dans des égouts avant d’être capturé par des combattants du CNT. Les premières photos de sa capture le montrent le visage ensanglanté, désorienté. Mais vivant. Quarante minutes plus tard, ce même commandant du CNT déclare que Mouammar Kadhafi serait mort, qu’il aurait succombé à ses blessures. Il faut attendre encore une heure avant d’avoir une confirmation de son décès.

    Que s’est-il passé? Fusillade, explosion de grenade, lynchage…

    Plusieurs versions, mais aucune certitude. Plusieurs versions existent sur les circonstances de sa mort qui, aujourd’hui encore, restent floues, explique Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe.

    Selon la version officielle des autorités libyennes, Mouammar Kadhafi est mort d’une balle dans la tête lors d’une fusillade entre ses partisans et les forces rebelles. Cependant, des vidéos filmées par des combattants du CNT et recueillies par l’organisation Human Rights Watch le montre capturé, vivant, mais saignant abondamment d’une blessure à la tête. Celle-ci aurait été provoquée par les éclats d’une grenade jetée par l’un de ses gardes du corps, selon l’ONG. Une autre vidéo le montre étant passé à tabac par les forces de l’opposition.

    Dans un témoignage recueilli par l’ONG, un commandant d’une brigade de Misrata, présent lors de son arrestation, avoue que c’était la pagaille. «Il y avait de nombreux combattants…», dit-il, «des gens lui tiraient les cheveux, le battaient, lui donnaient des coups de baïonnette». «Mouammar Kadhafi a été ciblé par un raid aérien de l’Otan, notamment des Français et des Britanniques. (…) Il a été blessé à la tête, a essayé de fuir et a été cueilli par plusieurs révolutionnaires. C’est après que les conditions de sa mort sont ambigues.»

    Au moment où il est chargé dans une ambulance qui doit l’emmener vers Misrata, Mouammar Kadhafi semble sans vie, raconte l’ONG qui réclame une enquête.

    Le Carrefour d’Algérie, 20/10/2021

  • Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

    Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

    Algérie, France, Nicolas Sarkozy, Libye, Iran, Printemps Arabe, Kadhafi, #Algérie, #Sarkozy, #Iran, #Libye,

    «Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran.», se rappelle-t-on de cette phrase ?

    Fameuse phrase prononcée par Sarkozy en réponse au refus du soutien de l’Algérie au CNT libyen inventé et reconnu par le seul Elysée et BHL… Qu’est ce qui a changé depuis lors ? Rien. Bien au contraire. La France, de manière plus nuancée, celle de Macron, menace, planifie et exécute ses manipulations par procuration via les terroristes de Rachad et du MAK couvés sur son territoire. Faisons donc le pari de savoir qui sera encore en place, dans un an, dans trois ans, quatre ou dix ans : l’Algérie et l’Iran ou la France ?

    Cela fait des années que Maque et Maquerelles de l’Occident, le pire fut le guignol de Trump, menacent l’Iran avec des formules passées à la postérité : la bombe ou le bombardement. Bravant ses foudres, l’Iran est parvenu, entre-temps, au seuil nucléaire avec la centrale de Bouchehr raccordée au réseau électrique iranien.

    L’Algérie, quant à elle, se dégage comme puissance régionale et se dit prête à renvoyer devant le mur des lamentations tous les partisans des alternatives de déstabilisation et d’ingérence dans ses affaires internes. Les jeux sont, on ne peut plus clairs, avec des déclarations ouvertes et franches car nous n’avons pas pour coutumes de poignarder dans le dos, y compris nos ennemis. Cette Algérie-là aurait peur d’un quelconque affrontement ? D’un Président à contretemps, à contresens de l’histoire, le pire sinistre politique de la Ve République ?

    Ce stratège en chambre confond le principe du désir et le principe de la réalité. Que pourrait espérer le peuple français d’un président qui, au lieu d’avoir le courage de rendre une baffe tend l’autre joue ? Et les baffes, il en a reçues ! Il ose parler de l’Algérie. Sans aller loin dans le passé, l’Algérie était là avec les Palestiniens massacrés en Jordanie (1970), ou assiégés avec les Libanais à Beyrouth (1982), pour les suppliciés soudanais à Khartoum (1972), pour les Vietnamiens brûlés au napalm par les Américains (1970-1975), pour les noirs américains des ghettos déroutés par l’assassinat de leurs chefs charismatiques, Malcolm X ou Martin Luther King, ou encore pour les Latino-Américains mitraillés à travers Che Guevara en Bolivie (1967) ou pulvérisés avec la destruction du palais présidentiel de Salvador Allende au Chili (1973).

    L’Algérie c’est Arafat à l’ONU, le nouvel Ordre économique international, le nouvel Ordre mondial de l’information, les négociations pour la libération des otages américains à Téhéran, l’exfiltration de Carlos en guise d’épilogue à la prise d’otages de l’Opep à Vienne en décembre 1975, le rapprochement entre l’Iran et l’Irak avec la signature, en mars 1975, de l’Accord d’Alger sur la délimitation frontalière entre le Chah d’Iran et le président irakien Saddam Hussein, puis la libération des otages américains de Téhéran.

    L’Algérie, c’est en somme 540 000 Arabes et Africains, chrétiens ou musulmans, qui ont aidé la France à vaincre les Allemands durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Des gens qui sont sous le joug colonial vont aider leur oppresseur à vaincre l’oppresseur de leur oppresseur et contribuer massivement à vaincre à Verdun pour obtenir l’armistice de 1918. Dans la mémoire des peuples, cela équivaut à la première victoire française depuis un siècle.

    L’histoire en témoigne : la dernière victoire française était Austerlitz en1805. Après il y eut une série de défaites retentissantes : Waterloo, Fachoda, l’expédition du Mexique, Sedan… Une catastrophe pour la France qu’elle compensera par des conquêtes coloniales (Algérie, Tunisie, puis le Levant, le mandat sur le Liban et la Syrie, etc.)

    En récompense, la France a amputé le district d’Alexandrette de la Syrie pour l’attribuer à la Turquie. Donc, en langage clair, il y a des Arabes qui vont combattre pour aider la France à sauver son honneur face aux Allemands, et la France, au lieu de les récompenser, leur a amputé un territoire – déjà qu’ils étaient amputés de la Palestine par la promesse Belfort – pour le donner à la Turquie qui était, quant à elle, son ennemi de la Première Guerre mondiale.

    Voilà le traumatisme de Macron contre la Turquie.

    À suivre…

    Par S. Méhalla

    Crésus, 05/10/2021

  • Exercices African Lion : l’Algérie dans le collimateur ?

    Exercices américains sans précédent en Afrique du nord: l’Algérie dans le collimateur ?

    L’Algérie serait visée par des manœuvres militaires sans précédent réalisées par les forces américaines, a indiqué Military Watch, le magazine spécialisé dans l’actualité militaire.

    Dans un article publié le 11 juin, il souligne que les exercices menés par les États-Unis et baptisés African Lion 2021 en Afrique du Nord comportent des indications inédites en termes d’objectifs et de portées.

    Ayant commencé le 7 juin et s’étant terminées le 18 juin, ces manœuvres étaient « au centre de l’intérêt » pour plusieurs raisons, car leur portée était « sans précédent et comprenait de nouveaux types de cibles qui simulent la mise en œuvre d’une guerre par les Etats-Unis et leurs alliés », estime le média.

    Il rapporte, citant une source que ces exercices interviennent après « une décennie d’expansion de la présence militaire américaine sur le continent africain, laquelle avait commencé lorsque les USA ont mené une campagne militaire pour démanteler le pouvoir libyen en 2011 avec le soutien européen ».

    La source a noté que ces exercices « simulent remarquablement des attaques contre deux pays imaginaires Rouane et Nihon, tous deux situés sur le territoire de l’Algérie ».

    Le magazine considère que l’accent est mis sur l’Algérie non seulement parce qu’elle est « la première puissance militaire de la région et qu’elle est toujours en dehors de la sphère d’influence du monde occidental, mais aussi en raison des types d’armes auxquelles les participants aux exercices African Lion se sont appliqués dans leur simulation de riposte à une attaque, à savoir les S-400 de longue portée et les systèmes de missiles aériens ».

    « L’Algérie est le seul opérateur du système S-400 sur le continent africain, et elle déploie également les anciens systèmes S-300 et plusieurs systèmes à plus courte portée tels que Pantsir et Bock » fait remarquer Military Watch.
    De plus elle est depuis 2013 « le seul importateur d’armes russes parmi les pays arabo-africains ».

    Selon l’article, « l’Algérie a intensifié ses efforts pour moderniser ses défenses depuis début 2010 en raison du sort de son voisin libyen ».
    « L’Égypte aurait elle aussi après 2013 mis l’accent sur l’acquisition d’armes de défense aérienne russes en réponse à l’attaque contre la Libye », lit-on dans l’article.

    Le magazine cite une déclaration faite par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam, pendant la guerre de 2011, lorsque son pays était sous les bombardements. Il affirme que la guerre en Libye est « la preuve que les pays qui ont des relations apparemment positives avec les puissances occidentales peuvent être attaqués soudainement si c’est dans l’intérêt de l’Occident ».

    Selon la source, l’armée de l’air algérienne a commencé à partir de cette date à moderniser ses avions et à en acheter de nouveaux à la Russie, mais elle souffre d’une pénurie d’avions de reconnaissance et d’alerte précoce.

    Selon l’article, l’Algérie présente un « énorme défi » à tout attaquant potentiel, car son réseau de défense aérienne est « bien plus performant » que n’importe quel réseau de défense aérienne auquel les États-Unis ont été confrontés depuis la guerre de Corée.

    Source: Al Manar, 21 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Military Watch, Libye, Syrie, Kadhafi, OTAN, Occident, Russie, armée,

  • Kadhafi parti : Sarkozy toujours en difficulté

    Lillian Kim

    L’ancien président français Nicolas Sarkozy

    Il vient d’annoncer qu’il fera appel d’une condamnation à trois ans de prison pour corruption d’un juge et abus d’influence. Puis une affaire qu’il croyait réglée lui est apparue en pleine figure.

    Il a été soulagé d’apprendre ceci, dans une interview à Paris Match

    L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine a démenti ses allégations selon lesquelles le dictateur libyen Mouammar Kadhafi aurait financé sa campagne présidentielle de 2007. L’affaire est en cours d’investigation et Taqi al-Din était le principal témoin. Il a affirmé avoir assisté à la réunion entre un proche de Sarkozy et le chef des services de renseignement libyens, puis avoir remis cinq millions d’euros au chef de cabinet de Sarkozy.

    Mais le parquet national financier (PNF) de Paris, chargé de réprimer la grande délinquance économique, n’a pas classé le dossier. Un retournement de situation étonnant. Lorsqu’il a interrogé les juges d’instruction envoyés à Beyrouth, l’expert a déclaré que ses propos avaient été déformés Paris Match. Le magazine appartient au groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance. Arnaud Lagardère est un ami de Sarkozy et du couple Macron.

    La reine des paparazzi et le prince de l’intrigue

    L’affaire prend désormais de l’ampleur. Le Front national philippin soupçonne la directrice de l’agence de photographes Bestimage, Mimi Marchand, également proche de Sarkozy, d’avoir orchestré l’interview de Takieddine. La presse « people » en France est mise en examen pour « subornation de témoins » et « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée ». La personne qui a donné à Paris Match l’exclusivité du retrait de Taqi al-Din vient d’être renvoyée en détention provisoire. Elle n’a pas respecté l’interdiction de contacter d’autres témoins. Pas très malin. Les policiers écoutaient ses appels téléphoniques.

    Taqiuddin a fui au Liban après avoir été condamné dans l’affaire Balladur, une autre intrigue politico-financière impliquant cette fois le Pakistan. Et pour la ruée vers l’argent après la saisie de ses comptes bancaires, il allait recevoir des milliers d’euros en échange du retour sur sa parole.

    Sarkozy, Lilian Bettencourt et Paul Desmaris

    En 2013, Nicolas Sarkozy a gagné un procès dans l’affaire Liliane Bettencourt, du nom de l’héritière de L’Oréal, alors âgée de 93 ans, qui souffrait de la maladie d’Alzheimer. Il était accusé d’ »abus de faiblesse » pour avoir tenté de profiter « de l’état d’ignorance ou de faiblesse psychologique d’une personne pour lui faire prendre des engagements dont elle ne voit pas l’importance. » Le tribunal a jugé que les preuves à l’appui des accusations portées contre lui étaient très faibles.

    Lorsque la police a fait une descente à son domicile dans le cadre de cette affaire, peu après sa défaite électorale, il était à l’étranger… avec Desmarais, dans leur district de Sagard, dans Charlevoix, où il se sentait, dit-il,  » comme un membre de la famille « . Lors d’une visite au Québec en 2008, Sarkozy a déclaré :  » Si je suis président aujourd’hui, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la loyauté de Paul Desmarais. « 

    Your Decommissioning News, 23 juin 2021

    Etiquettes : France, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, campagne électorale, financement illicite, Lilian Bettencourt, Paul Desmaris, Ziad Takieddine,

  • Quelles étaient les relations des pays occidentaux avec le régime de Kadhafi ?

    Ce qui est intéressant, lors de la chute d’un régime, c’est l’accès soudain qu’il procure aux divers documents des autorités en fuite. Ce fut notamment le cas en ex Allemagne de l’Est et l’arrivée des rebelles du CNT à Tripoli n’a pas dérogé à cette règle. Les documents trouvés par des journalistes et des chercheurs de Human Right Watch, nous en apprennent de bonnes sur les pratiques des pays occidentaux avec le régime dictatorial de Mouammar Kadhafi. Ceux trouvés, notamment, dans les bureaux de Moussa Koussa, ancien Ministre de la défense et chef des services secrets Kadhafistes[1], montrent comment les pays occidentaux ont collaboré avec ce régime. Les moyens et les temps sont différents mais au final, par des transferts de compétences et de technologies, ces pays ont participé à de graves violations des droits de l’homme. Ces informations relativisent largement les discours des chefs d’Etats et de gouvernements, membres de l’Otan, qui parlent de lutte pour la liberté du peuple Libyen pour un coût humain de 50 000 morts[2].

    La CIA et le MI6 à la chasse aux opposants :

    Les deux agences de renseignement étasuniennes et britanniques ont proposé leurs services pour retrouver les opposants et les livrer au régime de Kadhafi, mais aussi pour participer directement ou indirectement aux interrogatoires[3]. Or la Convention contre la torture et autres peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants[4], signée et ratifiée par les deux Etats[5], stipule dans son article 3 « Aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ». Et de spécifier dans l’article 5 les devoirs des Etats parties de prendre « les mesures nécessaires pour établir sa compétence aux fins de connaître des infractions visées à l’article 4 dans les cas suivants : a) Quand l’infraction a été commise sur tout territoire sous la juridiction dudit Etat ou à bord d’aéronefs ou de navires immatriculés dans cet Etat ».

    Le cas de M. Abdelhakim Belhadj, Président du Conseil militaire de Tripoli, est édifiant. Les documents montrent qu’il aurait été enlevé en Thaïlande, à Bangkok, par les services secrets Etasuniens et Britanniques, pour être livré à leurs homologues Libyens ou il aurait été torturé pendant ses 7 années de détention.

    Les sociétés Amesys, Us Narus (filiale de Boeing) Chinese telecom company ZTE Corp et VASTech SA Pty Ltd pour asseoir la censure du « Guide de la révolution » :

    Des firmes Françaises, étasuniennes, Chinoises et Sud Africaines participaient à la mise en place d’un système d’écoutes téléphoniques jusqu’aux communications internet, des citoyens Libyens. Pour la société Française Amesys[6], filiale de Bull depuis 2010, il s’agissait d’équiper le centre de contrôle des communications pour un contrat signé en 2007[7] et livré en 2008. Le système Eagle aurait permis de contrôler tous les échanges internet, dont Gmail, Hotmail et Yahoo, ainsi que les « chats » sur MSN et Skype. Les sociétés US Narus[8] , Chinese telecom company ZTE Corp et VASTech SA Pty Ltd travaillaient avec les services de Mouammar Kadhafi pour qu’aucune communication n’échappe au contrôle des autorités. Quel a été le rôle de chacune de ces entreprises dans ces violations de la vie privé de plus de dizaines de milliers de libyennes et de libyens ? Combien de personnes ont été intimidées, arrêtées et torturées à la suite de ces écoutes ? La société française Amesys avait elle reçue une autorisation d’exportation de la CIEEMG malgré que le critère droit de l’Homme de la Position Commune de l’Union Européenne[9] ?

    China North Industries Corp. (Norinco); la China National Precision Machinery Import & Export Corp. (CPMIC); et la China XinXing Import & Export Corp arment les troupes fidèles à Kadhafi:

    Graeme Smith, un journaliste du Globe & Mail[10], a découvert des documents[11] qui tenteraient à prouver que les entreprises chinoises d’armements sus citées, ont négocié la vente de matériel de guerre avec des représentants de Kadhafi à Pekin. La liste de ces armes comprenait des camions lance-roquettes, des missiles antichars ainsi que des Manpads[12], les missiles sol-air QW-18.

    Ces discussions ont eu lieu au milieu du mois de juillet 2011, en plein Comité préparatoire du traité sur le commerce des armes à l’ONU[13]. Si ces livraisons étaient avérées, les autorités Chinoises ont vigoureusement démenti cette information[14], cela montrerait le sérieux avec lequel ces dernières considèrent ce processus de régulation des transferts d’armes. Cela constituerait également une violation de la résolution 1970 du Conseil de Sécurité de l’ONU[15], qui avait décidé un embargo sur les armes en direction du gouvernement de Mouammar Kadhafi.

    Encore une fois, car dans l’urgence il est toujours difficile de discerner le vrai de la manipulation politique, il est essentiel de voir la mise en place d’une commission d’enquête internationale impartiale et indépendante. Il lui appartiendra d’enquêter sur toutes les violations des droits de la personne et du droit international humanitaire ainsi que des possibles violations de l’embargo sur les armes.

    Voilà, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, demi surprises. Le temps étant propice aux révélations des petites compromissions des Etats « de l’axe du bien », le Wall Street Journal nous révèle maintenant les affaires des banques occidentales, dont la Société Générale[16], avec le régime de Kadhafi mais comme disait Francis Blanche « Je suis très fort en affaire, le malheur c’est que les autres le sont encore plus que moi ».

    Benoît Muracciole

    [1] Le 31 mars dernier : http://tempsreel.nouvelobs.com/article/20110331.OBS0569/la-defection-de-moussa-koussa-un-coup-dur-pour-kadhafi.html

    [2] http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/le-conflit-libyen-a-fait-50-000-morts-selon-le-cnt-30-08-2011-1368050_240.php

    [3] http://www.guardian.co.uk/world/2011/sep/03/secret-libyan-files-mi6-cia et http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/cia-et-mi6-auraient-contribue-a-museler-l-opposition-en-libye_1026805.html

    [4] http://www2.ohchr.org/french/law/cat.htm

    [5] Ratifiée le 21 octobre 1994 par les Etats Unis et le 8 décembre 1988 par le Royaume uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord.

    [6] http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-14711290

    [7] http://www.scribd.com/doc/63801804/AmesysCP

    [8] Voir le Canard Enchaîné du 12 octobre 2011 et http://mediacitizen.blogspot.com/2011/02/congressmen-grill-state-department-on.html

    [9] http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:335:0099:0103:FR:PDF « refusent l’autorisation d’exportation s’il existe un risque manifeste que la technologie ou les équipements militaires dont l’exportation est envisagée servent à la répression interne; »

    [10] http://www.theglobeandmail.com/news/world/africa-mideast/china-offered-gadhafi-huge-stockpiles-of-arms-libyan-memos/article2152875/page1/

    [10] http://www.theglobeandmail.com/news/world/africa-mideast/read-the-memos-from-inside-colonel-gadhafis-crumbling-regime/article2152692/?from=2152875

    [12] Man portable Air Defence System, voir http://www.wassenaar.org/2003Plenary/MANPADS_2003.htm

    [13] https://armerdesarmer.wordpress.com/page/2/

    [14] Voir AFP du 5 sept : « En juillet le gouvernement de Kadhafi a envoyé quelqu’un en Chine à l’insu du gouvernement chinois pour prendre contact avec des membres de sociétés intéressées », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu

    [15] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/monde/chronologies/pdf/onu1970.pdf

    [16] http://online.wsj.com/article/SB10001424053111903648204576552671590836148.html?mod=WSJ_World_MIDDLENews

    Armer Désarmer, 26 sept 2011

    Etiquettes : Libye, OTAN, Occident, Kadhafi, Amesys, Nexa Technologies, espionnage, CIA, MI6, répression, opposants, Amesys, Us Narus (filiale de Boeing), Chinese telecom company, ZTE Corp, VASTech SA, Pty Ltd,

  • L’Algérie, visée par les exercices de l’African Lion?

    Exercices américains sans précédent en Afrique du nord: l’Algérie dans le collimateur ?

    L’Algérie serait visée par des manœuvres militaires sans précédent réalisées par les forces américaines, a indiqué Military Watch, le magazine spécialisé dans l’actualité militaire.

    Dans un article publié le 11 juin, il souligne que les exercices menés par les États-Unis et baptisés African Lion 2021 en Afrique du Nord comportent des indications inédites en termes d’objectifs et de portées.

    Ayant commencé le 7 juin et s’étant terminées le 18 juin, ces manœuvres étaient « au centre de l’intérêt » pour plusieurs raisons, car leur portée était « sans précédent et comprenait de nouveaux types de cibles qui simulent la mise en œuvre d’une guerre par les Etats-Unis et leurs alliés », estime le média.

    Il rapporte, citant une source que ces exercices interviennent après « une décennie d’expansion de la présence militaire américaine sur le continent africain, laquelle avait commencé lorsque les USA ont mené une campagne militaire pour démanteler le pouvoir libyen en 2011 avec le soutien européen ».

    La source a noté que ces exercices « simulent remarquablement des attaques contre deux pays imaginaires Rouane et Nihon, tous deux situés sur le territoire de l’Algérie ».

    Le magazine considère que l’accent est mis sur l’Algérie non seulement parce qu’elle est « la première puissance militaire de la région et qu’elle est toujours en dehors de la sphère d’influence du monde occidental, mais aussi en raison des types d’armes auxquelles les participants aux exercices African Lion se sont appliqués dans leur simulation de riposte à une attaque, à savoir les S-400 de longue portée et les systèmes de missiles aériens ».

    « L’Algérie est le seul opérateur du système S-400 sur le continent africain, et elle déploie également les anciens systèmes S-300 et plusieurs systèmes à plus courte portée tels que Pantsir et Bock » fait remarquer Military Watch.
    De plus elle est depuis 2013 « le seul importateur d’armes russes parmi les pays arabo-africains ».

    Selon l’article, « l’Algérie a intensifié ses efforts pour moderniser ses défenses depuis début 2010 en raison du sort de son voisin libyen ».

    « L’Égypte aurait elle aussi après 2013 mis l’accent sur l’acquisition d’armes de défense aérienne russes en réponse à l’attaque contre la Libye », lit-on dans l’article.

    Le magazine cite une déclaration faite par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam, pendant la guerre de 2011, lorsque son pays était sous les bombardements. Il affirme que la guerre en Libye est « la preuve que les pays qui ont des relations apparemment positives avec les puissances occidentales peuvent être attaqués soudainement si c’est dans l’intérêt de l’Occident ».

    Selon la source, l’armée de l’air algérienne a commencé à partir de cette date à moderniser ses avions et à en acheter de nouveaux à la Russie, mais elle souffre d’une pénurie d’avions de reconnaissance et d’alerte précoce.

    Selon l’article, l’Algérie présente un « énorme défi » à tout attaquant potentiel, car son réseau de défense aérienne est « bien plus performant » que n’importe quel réseau de défense aérienne auquel les États-Unis ont été confrontés depuis la guerre de Corée.

    Source: Al Manar, 21 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, African Lion, Maroc, Libye, Syrie, Kadhafi,

  • La France reconnaît ses fautes en Afrique

    Le président français Emmanuel Macron a reconnu les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a soutenu l’intervention occidentale en Libye, contre le régime de Kadhafi, lors de la rencontre avec les nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l’Elysée.

    « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. »

    Ainsi le Président de la République française pour la première fois a reconnu officiellement l’implication de son pays dans le chaos que la Libye et une partie de l’Afrique ont connu en dix ans. Les conséquences de cette intervention font toujours des ravages en Libye, au Sahel et dans d’autres pays africains.

    La République centrafricaine ne fait pas l’exception. La mission militaire de l’ONU majoritairement composée l’armée française, conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016 n’a pas réussi à restaurer la paix sur le territoire centrafricain. Depuis la fin de cette mission les attaques contre des civils et le terreur de la part des groupes armés toujours présents sur le territoire national se sont poursuivies.

    Néanmoins, le peuple centrafricain attend le moment où le président français dira à la République centrafricaine Mea culpa et admettra les erreurs commises depuis l’indépendance du pays.

    NouvellesPlus, 26 mars 2021

    Tags : France, Afrique, Libye, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, Sahel, terrorisme, armes, trafic,

  • Diplomatie et pétrole, les nouveaux enjeux géopolitiques en Libye

    Ces dernières semaines, la Libye a été le théâtre d’opérations diplomatiques. Trois ministres européens des Affaires étrangères se sont succédés hier. La guerre en Libye est-elle enfin finie ?

    Les trois ministres français, allemand et italien des Affaires étrangères se sont rendus en Libye le 25 mars dernier selon le journal Africa Intelligence. La Libye voit les diplomaties étrangères défiler sur son sol depuis que le nouveau gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah a obtenu le soutien du Parlement le 8 mars dernier. La naissance de ce gouvernement a permis la signature d’accords historiques.

    La Chine, la Russie, la Turquie et leurs alliés auraient accepté l’accord d’unité nationale en Libye. Cet accord a été officiellement parrainé par les Nations unies et lancé par les Etats-Unis. Ces derniers ont enfin réussi à faire bouger les Etats du Vieux-Continent, au moins dans un contexte diplomatique, pour ouvrir la route à une réconciliation avec la Libye.

    L’Europe cède sous la pression internationale

    La France a « une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre ». C’est ce que le président français Emmanuel Macron a dit lors de sa rencontre avec les dirigeants libyens mardi à l’Elysée.

    Des mots qui ressemblent à un aveu de culpabilité. En 2011, la France, dirigée par le président d’alors Nicolas Sarkozy, a promu et participé à l’intervention militaire qui a conduit à la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Une chute qui a eu des effets dévastateurs en Libye.

    Derrière cet aveu, des intérêts européens de taille : la France cherche à se repositionner au sein de l’UE, et des concessions sur le dossier libyen sont de mise, en l’occurrence l’intérêt italien pour le dossier de l’immigration, le tout soumis à la médiation allemande.

    Berlin cherche aussi à remettre un prix de consolation aux Italiens qui assument tant bien que mal les flux de migrants en provenance d’Afrique, via la Libye, sans augmenter ses propres quotas ni ceux de la France. C’est dans ce contexte que Mario Draghi, le nouveau chef d’Etat italien, se rendra en Libye le 6 avril pour rencontrer Abdelhamid Dbeibah.

    Les élections en ligne de mire

    Le 24 décembre 2021, des élections inclusives se tiendront en Libye. Ce scrutin reste une priorité pour la nouvelle autorité intérimaire, qui bien que légitime, ne pourra pas entreprendre une réorganisation des institutions de l’Etat avant plusieurs mois. Au plus, le nouveau gouvernement devra maintenir la paix dans le pays, les différents acteurs présents au sein du gouvernement et les puissances mondiales doivent, en attendant, accepter le statu quo.

    S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité mercredi, l’envoyé de l’ONU en Libye, Jan Kubis, a déclaré que, pour que le scrutin ait lieu, « il est essentiel d’avoir des cadres juridiques et constitutionnels confirmés et clairs pour les élections présidentielles et parlementaires ». Il a insisté pour que « les Libyens et les autorités libyennes appellent les mercenaires et les forces étrangères à quitter le pays dès que possible ».

    Court-circuit américain

    Un point important dans le discours de Kubis a été l’insistance sur la réouverture de la route côtière reliant Misrata à l’est de la Libye. Il a parlé au nom de l’UE, entre autres, en affirmant que cette réouverture aurait lieu dans deux semaines, et qu’il s’agissait d’une priorité des membres du Comité militaire mixte 5+5.

    La réouverture de la route maritime facilitera grandement la circulation du pétrole de Sarir, du golfe de Syrte et de Bir Zaltan hors de Libye sans traverser le centre du pays, encore sous le contrôle des tribus kadhafistes du Sud. Les puits de pétrole et les raffineries exploités dans ces régions le sont par la compagnie pétrolière nationale (NOC).

    Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, avait reçu une médaille de la part de l’ambassadeur américain le 25 février. Il avait facilité la circulation de la flotte pétrolière américaine vers l’est Libyen depuis. Au total, quatre nouveaux navires pétroliers circulent au nord de la Libye depuis le début de mars, ce qui ne doit rien au hasard.

    On pourrait donc se demander si l’intérêt des Américains est la tenue des élections et la renaissance libyenne, ou la fluidité des échanges pétroliers avec le pays. Ce sont les Etats-Unis qui ont chaperonné l’installation du nouveau gouvernement dans les instances mondiales. Comment la Russie réagira-t-elle à ces initiatives, dans une région libyenne qu’elle contrôlait depuis des années ? La Turquie et le Qatar y verront-ils un énième affront d’Haftar ? Ou l’arrangement officieux avec les Américains incombera-t-il au nouveau gouvernement libyen ? Affaire à suivre.

    Le Journal de l’Afrique, 26 mars 2021

    Tags : France, Italie, Allemagne, Europe, Libye, Kadhafi, OTAN,

  • La Libye a un nouveau gouvernement. Parviendra-t-elle à maintenir la paix ?

    Le gouvernement d’unité nationale (GUN) nouvellement confirmé devrait s’engager à améliorer sensiblement la situation des droits de l’homme en Libye et à faire en sorte que les élections prévues en décembre 2021 soient libres et équitables.

    Le processus de paix en Libye a franchi une nouvelle étape. Au début du mois, un gouvernement intérimaire d’unité nationale (GNU) a été formé pour réunir les parties belligérantes du pays sous une même bannière et garantir des élections démocratiques.

    Les négociations sur la formation du nouveau gouvernement sont en cours depuis octobre dernier, lorsque les deux parties à la guerre civile ont conclu une paix temporaire. Avec le soutien des Nations unies, le gouvernement d’entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, et le gouvernement parallèle dit de l’Est, qui soutient l’armée nationale libyenne (LNA) de Haftar, y ont pris part.

    Cette semaine, le gouvernement de l’Est a également reconnu les pouvoirs du GNA et lui a confié la responsabilité de la partie orientale de la Libye. Le GNU est donc effectivement devenu le seul gouvernement national et la principale autorité exécutive dans tout le pays. Il s’agit d’une étape importante qui peut ramener la paix dans un État en proie à un conflit constant depuis dix ans. L’un des nouveaux vice-premiers ministres, Hussein Al-Gotrani, a également exprimé ses espoirs, en déclarant aux médias locaux : « La période de division est terminée. Le GNU est au service de tous les citoyens, quelle que soit leur région. »

    L’émergence et la légitimation du GNU ont également eu des conséquences sur l’orientation de la politique étrangère de la Libye. La France a déjà annoncé son intention de rouvrir son ambassade à Tripoli, qui a dû être fermée en 2014 en raison de l’intensification des combats. Le président Emmanuel Macron souhaite ainsi encourager la consolidation de la paix et aider à consolider la stabilité du nouveau gouvernement. Il n’a pas oublié d’ajouter que la France a une dette considérable envers la Libye, qu’elle cherchera à rembourser. En effet, c’est le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui a le plus soutenu l’intervention des troupes de l’OTAN contre le dirigeant libyen de l’époque, Mouammar Kadhafi.

    M. Macron a également indiqué que la principale priorité du GNU et des pays étrangers devait être le retrait des troupes étrangères du territoire libyen. En effet, il y a encore plus de 20 000 mercenaires qui ont soutenu à la fois le GNA et la LNA. La plus grande présence ici est celle de la Turquie, qui a déployé des milices syriennes en plus de ses propres forces armées. La Russie est également présente ici par le biais de sa société militaire privée, le groupe Wagner.

    Compte tenu de la position stratégique et des richesses naturelles de la Libye, il est difficile de prévoir à quelle vitesse les acteurs étrangers retireront leurs troupes du pays – ou même s’ils seront disposés à le faire. En outre, le retrait des troupes étrangères n’est qu’une des nombreuses complications qui rendent difficile l’aboutissement du processus de paix. Toutefois, si le gouvernement de transition parvient à conserver le pouvoir dans toute la Libye et à établir des relations diplomatiques avec d’autres États, la Libye pourrait enfin connaître des élections équitables et démocratiques au cours desquelles le peuple libyen choisirait lui-même son avenir. Les élections sont symboliquement prévues pour le 24 décembre, date à laquelle la Libye fête son indépendance.

    Auteur : Marián Maraffko

    SME Blog, 26 mars 2021

    Tags : Libye, France, OTAN, Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, GNU,

  • Dix ans après le printemps arabe, la Libye a une nouvelle chance de paix

    Il y a dix ans, la zone d’exclusion aérienne des Nations unies au-dessus de la Libye a marqué le début de la révolution libyenne et de la campagne de bombardements de l’Occident.

    J’ai passé une grande partie de la guerre intégré aux combattants de Misrata, la troisième ville de Libye, à étudier l’insurrection. Les combats ont cessé avec la mort du colonel Moammar Kadhafi, le dirigeant de la Libye depuis quatre décennies.

    Malheureusement, l’espoir a cédé la place à la tourmente, les Libyens voyant les gouvernements qui se sont affrontés et les centaines de groupes armés se disputer les richesses pétrolières du pays. Les initiatives de paix ont échoué à plusieurs reprises – jusqu’à tout récemment.

    Le 16 mars, date du 10e anniversaire du printemps arabe et de l’intervention de l’OTAN, un gouvernement unissant l’est et l’ouest de la Libye a pris le pouvoir pour la première fois depuis 2014. Cette opportunité est la dernière et meilleure chance des Libyens pour la stabilité et la prospérité. Il existe trois raisons d’espérer, mais ce sont des raisons tout aussi impérieuses de désespérer.

    1. Victoire militaire impossible pour l’un ou l’autre camp

    En avril 2019, le chef des milices de l’Est de la Libye, Khalifa Haftar, a attaqué la capitale libyenne, Tripoli. Il voulait prendre le contrôle avant que le Congrès national libyen puisse se réunir pour mettre en place des élections.

    À l’époque, il avait l’avantage militaire, soutenu par l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Russie et la France et disposant de drones et d’avions de combat de pointe. Haftar était sur le point de remporter la victoire malgré les efforts des groupes armés de Tripoli, Misrata et Zintan pour l’arrêter. C’était jusqu’à ce que la Turquie intervienne il y a quelques mois, renversant le cours des combats et bouleversant l’équilibre militaire en Libye.

    La Turquie voulait faire échec à la puissance russe et égyptienne dans la région et s’assurer des droits de forage sous-marin dans la mer Méditerranée. L’intervention de la Turquie a été décisive, entraînant le retrait des milices d’Haftar et des mercenaires russes.

    Cette défaite a fondamentalement modifié la politique libyenne. Il est devenu évident pour Haftar et ses partisans qu’il n’y avait, pour l’instant du moins, aucune solution militaire au conflit libyen. Cette impasse a transformé le dialogue politique et militaire des Nations Unies en une véritable négociation pour le pouvoir et l’avenir de la Libye.

    2. La pandémie : Un point de rupture pour les Libyens

    Les Libyens sont furieux contre leur classe politique. Il est difficile d’exagérer l’enfer que les Libyens ont vécu au cours de la dernière décennie, et la pandémie n’a fait qu’exacerber la situation.

    Le système de santé libyen s’est effondré pendant la révolution, laissant les Libyens vulnérables au COVID-19. Au cours de l’été, de nombreuses familles ont dû choisir entre attendre les bombardements ou exposer leur famille au COVID-19 si elles fuyaient.

    La Libye était un pays aisé avant la révolution de 2011. Avec seulement six millions d’habitants et de vastes réserves de pétrole, la Libye devrait plutôt ressembler au Qatar ou aux Émirats arabes unis, deux nations riches au niveau de vie élevé.

    Les Libyens le savent et en ont assez. Cette colère a déstabilisé les dirigeants politiques libyens de toutes les parties au conflit et constitue un élément moteur des progrès politiques récents et inattendus. Le fait que Haftar et d’autres dirigeants soutiennent le nouveau gouvernement est une preuve supplémentaire de la pression exercée par les Libyens moyens, étant donné que ces dirigeants ont rejeté tout compromis jusqu’à présent.

    3. Les puissances régionales recherchent la stabilité en Libye

    Après la mort de l’ambassadeur américain Chris Stevens en 2012 à Benghazi, la communauté internationale a abandonné la Libye. Comparez cette réponse à la détermination européenne et américaine en Irak et en Afghanistan, où des milliers de diplomates sont restés malgré une violence extrême.

    Les puissances régionales ont comblé le vide, en lorgnant sur les richesses de la Libye. L’Égypte, la Russie et les Émirats arabes unis ont parié sur Haftar, lui fournissant des systèmes d’armes sophistiqués et les mercenaires pour les faire fonctionner. Mais l’intervention de la Turquie en 2019 a changé la donne.

    Désormais, pour que les acteurs régionaux puissent bénéficier de la Libye, ils ont besoin d’un gouvernement opérationnel qui contrôle pleinement sa richesse pétrolière. La Turquie est également intéressée par le succès du traité maritime qu’elle a signé avec la Libye quelques jours avant son intervention, renforçant sa stratégie plus large pour la Méditerranée orientale.

    Que faut-il encore pour que tout se passe bien ?

    Les États-Unis et l’Europe doivent s’impliquer

    Les raisons d’espérer ne sont, malheureusement, pas assez nombreuses. Le nouveau premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeibah, ne doit pas non plus se laisser abattre. Plus important encore, l’Europe et les États-Unis doivent s’impliquer.

    L’Europe a le plus grand intérêt à le faire, car la Libye est une route majeure pour la migration. Un État libyen fonctionnel contribuerait grandement à empêcher des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de se noyer sur les côtes européennes chaque année.

    Les États-Unis étant le premier donateur d’aide étrangère de l’Égypte, ils doivent encourager les Égyptiens à faire pression sur Haftar pour qu’il continue à soutenir le nouveau gouvernement.

    Enfin, la communauté internationale doit soutenir les efforts de l’ONU en Libye, y compris l’application de l’embargo sur les armes, qui a été « totalement inefficace ». Stephanie Williams, représentante intérimaire de l’ONU en Libye, est l’héroïne méconnue des négociations politiques qui ont conduit au nouveau gouvernement d’unité libyen.

    En créant un dialogue politique progressif et inclusif, Mme Williams a utilisé la pression de l’opinion publique pour pousser les politiciens à agir. Il faut espérer que le nouveau représentant des Nations unies en Libye, le Slovaque Ján Kubiš, ne gâchera pas cet élan en ignorant les principes qui ont permis le succès : l’humilité, la transparence et la place centrale de la voix des Libyens.

    Stephen Harris
    Rédacteur en chef, Science + Technologie

    The Conversation, 22 mars 2021

    Tags : Libye, Printemps Arabe, Kadhafi, révolution, OTAN,