Étiquette : Kaïs Saïed

  • En Tunisie, la dérive du président Kaïs Saïed continue

    En Tunisie, la dérive du président Kaïs Saïed continue

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    Le président conduit son pays sur un terrain dangereux en s’obstinant à soumettre une nouvelle constitution qui n’a pas fait l’objet d’une consultation au référendum du 25 juillet.

    L’horizon s’assombrit en Tunisie. Le président Kais Saied poursuit imperturbablement sa dérive autocratique, malgré de multiples avertissements y compris de ses amis. Élu en 2019 à la faveur d’un vote anti-establishment – une de ces  » insurrections électorales  » que l’on voit aussi ailleurs dans le monde démocratique – M. Saied persiste à imposer une nouvelle structure institutionnelle, pleine d’abstractions.

    Il a fixé au 25 juillet la date d’un référendum sur une Constitution entièrement remaniée, marquée par une caricature de présidentialisme, à l’opposé de l’inspiration parlementaire du régime issu de la révolution de 2011 qui a vu la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali. Parallèlement à ce changement substantiel du paradigme démocratique en Tunisie, les méthodes autocratiques et brutales affichées par M. Saïed ont plongé le pays dans des turbulences dans une région déjà fragilisée par la crise du Covid-19 et l’impact de la guerre en Ukraine.

    Avocat et ancien professeur de droit constitutionnel, le chef de l’Etat n’a jamais caché sa volonté de supprimer la démocratie représentative et le rôle des partis politiques qui, selon lui, réquisitionnent le suffrage populaire. Pour ce faire, il a imaginé un modèle – « construire la démocratie par le bas » – qui ancre la légitimité du pouvoir au niveau local, tout en vidant l’Assemblée nationale de sa substance au profit d’une présidence omnipotente, rappelant la figure du raïs familière dans la région.

    Un texte « dangereux

    Le 25 juillet 2021, il exécute la première phase de son plan, auquel il s’accroche d’autant plus farouchement qu’il y voit une mission quasi prophétique. Profitant du blocage des institutions parlementaires résultant de la Constitution de 2014, il prend les pleins pouvoirs et impose un régime. Le peuple a applaudi cette démarche, impatient d’échapper aux dérives d’un système parlementaire dévoyé. Un an après, il entend désormais passer à la deuxième phase de son plan en organisant le 25 juillet, date anniversaire de son coup de force, un référendum lourd de dangers.

    Son projet de nouvelle Loi fondamentale n’a fait l’objet d’aucune consultation sérieuse. S’il a confié à une commission consultative, présidée par le constitutionnaliste Sadok Belaid, la tâche de rédiger un avant-projet, il n’y a prêté aucune attention. Il s’en est tenu à ce qu’il avait lui-même produit. Furieux de cette duplicité, M. Belaid a qualifié le texte du président de dangereux dans une interview au Monde. Il évoque les risques de dictature et de reconstitution du pouvoir du clergé, estimant que M. Saied insiste pour rattacher la Tunisie à l’Oumma islamique (la communauté des croyants). Il a également mis en garde contre une régionalisation confuse qui menace de « fracturer l’unité nationale. »

    Après cette dénonciation, le président tunisien va-t-il persévérer dans sa croisade personnelle ? Si oui, la Tunisie a beaucoup à craindre dans les semaines à venir. L’opposition, écrasée après le coup d’État de juillet 2021, va se réveiller. Et, alors que le pays est au bord de la faillite, le risque d’une colère généralisée ajoute à la tension. Une tempête se prépare.

    Le Monde, 04/07/2022

    #Tunisie #KaïsSaïed #Constitution

  • Tunisie: Saïed prend la plupart des pouvoirs dans le projet de constitution

    Tunisie: Saïed prend la plupart des pouvoirs dans le projet de constitution

    Tunisie, Kaïs Saïed, Constitution, pouvoirs,

    TUNIS, 30 juin (Reuters) – Le président tunisien a publié jeudi un projet de nouvelle constitution qu’il soumettra à un référendum le mois prochain, élargissant ses propres pouvoirs et limitant le rôle du parlement dans un vote que la plupart des partis politiques ont déjà rejeté.

    Kais Saied a gouverné par décret depuis l’été dernier, lorsqu’il a écarté le parlement et la constitution démocratique de 2014 dans une étape que ses ennemis ont appelé un coup d’État, se dirigeant vers un gouvernement à un seul homme et jurant de refaire le système politique.

    Son intervention l’été dernier a plongé la Tunisie dans sa plus grande crise politique depuis la révolution de 2011 qui a renversé l’ancien autocrate Zine al-Abidine Ben Ali et introduit la démocratie.

    Les électeurs seront invités à approuver la nouvelle constitution lors d’un référendum le 25 juillet pour lequel il n’y a pas de niveau minimum de participation.

    Alors que la plupart de l’establishment politique s’oppose à ses mesures et exhorte ses partisans à boycotter le vote, les analystes affirment que la mesure est susceptible d’être adoptée, mais avec une implication publique limitée.

    Aucun des principaux partis, y compris le parti islamiste Ennahda, qui est le plus important au parlement et a joué un rôle majeur dans les gouvernements de coalition successifs depuis la révolution, n’a émis de commentaire immédiat sur le projet de constitution.

    Pendant ce temps, de nombreux Tunisiens sont beaucoup plus concentrés sur une crise économique croissante et des menaces pour les finances publiques qui ont entraîné des retards de salaire et le risque de pénurie de biens subventionnés essentiels.

    Une « consultation » en ligne de Saied, organisée de janvier à mars en préparation de la rédaction de la constitution, a reçu peu d’attention de la part des Tunisiens, avec très peu de participants.

    PUISSANCE
    Le projet de constitution publié au journal officiel jeudi soir apporterait la plupart du pouvoir politique sous Saied, lui donnerait l’autorité ultime sur le gouvernement et le pouvoir judiciaire.

    Auparavant, le pouvoir politique était exercé plus directement par le parlement, qui assumait le rôle principal dans la nomination du gouvernement et l’approbation des lois.

    En vertu de la nouvelle constitution, le gouvernement répondrait au président et non au parlement, bien que la chambre puisse retirer la confiance du gouvernement avec une majorité des deux tiers.

    Saied serait autorisé à présenter des projets de loi, serait seul responsable de la proposition de traités et de la rédaction des budgets de l’État, nommerait ou limogerait les ministres du gouvernement et nommerait les juges, a indiqué la gazette.

    Il pourrait servir deux mandats de cinq ans chacun, mais les prolonger s’il estimait qu’il y avait un danger imminent pour l’État, et aurait le droit de dissoudre le parlement alors qu’aucune clause ne permet la destitution d’un président.

    La constitution permettrait à Saied de continuer à gouverner par décret jusqu’à la création d’un nouveau parlement par le biais d’une élection prévue en décembre.

    Il créerait également un nouveau « Conseil des régions » en tant que deuxième chambre du parlement, mais il donne peu de détails sur la manière dont il serait élu ou sur les pouvoirs dont il disposerait.

    Saied, un indépendant politique, a promis une nouvelle loi électorale. Bien qu’il ne l’ait pas encore publié, il a indiqué que les électeurs ne choisiraient des candidats qu’en tant qu’individus, et non en tant que membres de partis politiques.

    Pendant ce temps, bien que l’islam ne soit plus la religion d’État, la Tunisie sera considérée comme faisant partie de la nation islamique au sens large et l’État devrait s’efforcer d’atteindre les objectifs islamiques. Le président doit être musulman.

    Cependant, Saied a maintenu la plupart des parties de la constitution de 2014 qui énumèrent les droits et les libertés, y compris la liberté d’expression, le droit de s’organiser en syndicats et le droit aux rassemblements pacifiques.

    Cependant, les juges, la police, l’armée et les douaniers n’auraient pas le droit de faire grève. Les juges ont récemment été en grève pendant des semaines pour protester contre les mesures prises par Saied pour restreindre l’indépendance judiciaire.





  • Grève générale en Tunisie, Kais Saeid sous pression

    Grève générale en Tunisie, Kais Saeid sous pression

    Tunisie, Kaïs Saïed, grève générale, UGTT,

    Annoncée il y a deux semaines par le syndicat UGTT, la grève générale des employés de la fonction publique, déclenchée ce jeudi 16 juin, a paralysé les activités névralgiques en Tunisie notamment de la capitale.

    Routes et grandes artères vides pendant l’heure de pointe du matin, absence de transport publique, bureaux de poste fermés, aéroport fermé avec son lot d’annulations de vols, ont donné l’image d’une capitale déserte, donnant à penser que le taux de suivi du débrayage ordonné par la centrale syndicale est très élevé, accentuant, au demeurant, la pression sur le président Kais Saied déjà confronté à de graves crises politique et financière.


    Télécoms, services postaux, régies publiques de gaz, d’électricité et d’eau : la grève concerne de vastes pans des services et entraîne aussi l’immobilisation des transports en commun (trains, tramways et bus).

    La centrale syndicale avait annoncé dans un communiqué d’urgence publié le mardi 31 mai, une grève générale touchant 159 institutions et établissements publics pour 16 juin.

    L’UGTT qui ne renonce pas à jouer le rôle de première force politique de la société civile se présente comme “rempart face aux dérives”, de la présidence tunisienne.

    Depuis le 25 juillet 2021, Kais Saied, assurant agir dans l’intérêt de la Tunisie face aux blocages politico-économiques, concentre tous les pouvoirs et dirige le pays par décret-loi, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau du Printemps arabe de 2011.

    L’union avait qualifié cette situation de « violation délibérée par le gouvernement tunisien du principe de négociation, de sa répudiation de la mise en œuvre de l’accord conclu accords, sa réticence à réformer les institutions publiques, et face à la hausse continue et insensée des prix de tous les matériaux. »

    De son côté, la Fédération nationale des transports avait annoncé mercredi la fermeture de l’espace aérien tunisien pour toute la journée du 16 juin. Les syndicalistes des transports étaient présents à minuit dans les gares de trains et de métro pour s’assurer de la réussite de leur débrayage. Tunisair, elle aussi publique, a annoncé l’annulation de tous ses vols.

    Parmi les exigences de l’UGTT figurent le retrait de la circulaire N°20 du 9 décembre 2021 relative aux négociations avec les syndicats, l’entrée en vigueur de l’ensemble des accords signés avec le gouvernement, l’ouverture de négociations menant à l’augmentation du pouvoir d’achat, le lancement d’un projet de réformes économiques et l’annulation du prélèvement obligatoire de solidarité de 1% sur les salaires.

    La centrale syndicale a publié sur sa page officielle sur Facebook de nombreux messages de soutiens d’organisations internationales et locales, dont le SNJT, les Femmes démocrates et des syndicats suisses, américains et belges.

    Par ailleurs, un rassemblement a été organisé pour marquer l’évènement au siège de l’UGTT réunissant plusieurs centaines de militants syndicalistes.

    “Votre grève est suivie à 96,22 %”, s’est félicité le chef de l’UGTT, Noureddine Taboubi, lors d’un discours enflammé devant des centaines de militants rassemblés devant son siège à Tunis.

    La grève de 24 heures touche théoriquement quelque 3 millions de salariés et devrait paralyser 159 entreprises étatiques.

    Le Jeune Indépendant, 16 juin 2022



    Par De Tunis, Akram Kharief

  • Tunisie: La grogne grandit contre Kaïs Saïed et sa constitution

    Tunisie: La grogne grandit contre Kaïs Saïed et sa constitution

    Tunisie, Kaïs Saïed, Constitution, manifestations,

    TUNIS, 18 juin (Reuters) – Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Tunis samedi pour s’opposer à un référendum sur une nouvelle constitution convoqué par le président Kais Saied qui consoliderait son maintien au pouvoir.

    La manifestation menée par Abir Moussi, leader du Parti constitutionnel libre, reflète l’opposition croissante à Saied depuis qu’il s’est emparé du pouvoir exécutif l’année dernière, dissolvant le Parlement et gouvernant par décret dans un geste que les opposants ont qualifié de coup d’Etat.

    Des milliers de personnes ont défilé de la place Bab Souika dans la capitale vers la place de la Kasbah, brandissant des drapeaux tunisiens et scandant des slogans tels que « Nous voulons reprendre notre pays kidnappé ». « 

    M. Saied cherche à réviser la constitution pour donner plus de pouvoirs à la présidence, dans un contexte d’effondrement de l’économie et de crainte d’une crise des finances publiques. Il a l’intention de soumettre la nouvelle constitution à un référendum le 25 juillet.

    Ses partisans affirment qu’il s’oppose aux forces de l’élite dont la maladresse et la corruption ont condamné la Tunisie à une décennie de paralysie politique et de stagnation économique.

    Cependant, presque tous les partis politiques tunisiens ont rejeté la proposition de référendum, de même que le puissant syndicat UGTT.


  • Tunisie : Un avocat interdict d’exercer

    Tunisie : Un avocat interdict d’exercer

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    TUNIS, 17 juin (Reuters) – La cour d’appel militaire tunisienne a condamné vendredi Seifeddine Makhlouf, avocat et éminent opposant au président Kais Saied, à un an de prison et l’a suspendu de ses fonctions pendant cinq ans pour avoir insulté un juge, son avocat. a déclaré à Reuters.

    Saied fait face à une opposition croissante depuis qu’il a pris le pouvoir l’année dernière, dissolvant le parlement et gouvernant par décret dans un geste que ses opposants ont qualifié de coup d’État. Les critiques disent qu’il cherche à consolider le règne d’un seul homme.

    « Le verdict est une véritable farce. … C’est le système judiciaire que Saied veut … un système judiciaire qu’il pourrait contrôler et utiliser contre les opposants », a déclaré l’avocat de Makhlouf, Anouar Awled Ali.

    Les autorités n’étaient pas immédiatement disponibles pour commenter.

    Plus tôt cette année, Saied a remplacé le Conseil supérieur de la magistrature par un conseil temporaire. Début juin, il a limogé des dizaines de juges, les accusant de corruption et de protection des terroristes, ce qui, selon les syndicats de juges, lui permet d’influencer le système judiciaire et de créer des postes vacants pour nommer ses fidèles.

    Les juges ont entamé une deuxième semaine de grèves le 9 juin en signe de protestation.

    Le Conseil de la magistrature était le principal garant de l’indépendance de la justice depuis la révolution tunisienne de 2011 qui a inauguré la démocratie.

    Makhlouf est le chef du parti conservateur Karama et un critique fréquent du président au sein du parlement dissous.

    Depuis l’intervention de Saied, plusieurs hauts responsables politiques et chefs d’entreprise ont été arrêtés ou poursuivis, nombre d’entre eux pour corruption ou diffamation.

    Des groupes internationaux de défense des droits de l’homme ont critiqué certaines des arrestations et le recours aux tribunaux militaires pour entendre les affaires.

    Saied a promis de défendre les droits et les libertés acquis lors de la révolution tunisienne de 2011, qui a déclenché les soulèvements du « printemps arabe » dans toute la région.

    Reuters, 18 juin 2022

    #Tunisie #KaisSaied #SeifeddineMakhlouf

  • Tunisie: Bras de fer entre Saïed et les bailleurs de fonds

    Tunisie: Bras de fer entre Saïed et les bailleurs de fonds

    Tunisie, Kaïs Saïed, UGTT, FMI, Commission de Venise, bailleurs de fonds,

    « Qu’ils s’occupent donc de leurs gondoles ! Les membres de la Commission de Venise sont désormais persona non grata en Tunisie ! ». C’est ce qu’a affirmé le Président tunisien Kaïs Saïed cette semaine pour commenter la visite de la présidente de la Commission de Venise.

    « Le peuple tunisien n’est pas guidé par un gondolier », a-t-il ajouté en dénonçant l’intrusion de l’Union Européenne dans le processus de transition politique que connait la Tunisie en ce moment.

    Cette déclaration est venue lors d’un entretien accordé par Kaïs Saïed au Ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi. Mieux, le Président tunisien qui a qualifié les propos tenus par la représentante de la commission comme de l’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie allant jusqu’à proposer de remettre en place l’ancien président de l’Instance de surveillance des élections et de décider de la date et du mode de scrutin du prochain référendum sur la révision constitutionnelle.

    Pour rappelle la commission de Venise est un organe consultatif du Conseil de l’Europe sur les questions constitutionnelles. Créée en 1990 la Commission européenne pour la démocratie par le droit a pour mission de de fournir des conseils juridiques aux États membres et non-membres de l’UE qui aimeraient que leurs structures juridiques et institutionnelles soient en conformité avec les normes et l’expérience internationales en matière de démocratie, de droits de l’Homme et de prééminence du droit.

    Dans le cas tunisien elle a joué un rôle important dans la gestion des conflits après la Révolution de 2011. Elle avait proposé une « aide constitutionnelle d’urgence » à Tunis dans le cadre de la transition politique suite à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

    Pourtant, le Président tunisien avait reçu le 1er avril dernier, Claire Bazy Malaurie, la représentante de la commission, à l’époque il n’y avait pas eu de réaction hostile des autorités locales. « Pour qui ces gens se prennent-ils ? Sont-ils donc nostalgiques de l’ère de Jules Ferry ? Ils disent vouloir nous apprendre… Ils n’ont rien à nous apprendre ! S’ils veulent s’immiscer dans nos affaires qu’ils restent chez eux ! Nous n’avons pas besoin ni de leur accompagnement ni de leur aide ! Si un membre de cette commission se trouve en Tunisie, qu’il s’en aille sur le champ ! » a menacé Kaïs Saïed, portant l’estocade en affirmant que « les étrangers n’étaient pas des gouverneurs généraux en Tunisie ».

    Cette intransigeance de Kaïs Saïed en ce qui concerne son agenda de transition politique et la souveraineté, ne semble pas du gout des bailleurs de fonds internationaux et les institutions qui accompagnent la Tunisie durant cette crise économique. Elle risque de mettre à mal les efforts de la présidence pour parachever les futures étapes de son agenda politique notamment le référendum constitutionnel, législatives, révision de la loi électorale.

    Les bailleurs de fonds internationaux, à leur tête le FMI, ont émis plusieurs exigences, entre autres que l’UGTT, centrale syndicale et acteur prédominant de la société civile tunisienne, ainsi que d’autres organisations nationales cautionnent et approuvent les réformes et le programme prôné par le gouvernement.

    Or, avec son insistance pour conduire à terme son projet politique, le président Kaïs Saïed est en train de perdre ses principaux atouts, qui étaient sa popularité relative et sa proximité avec la société civile.

    Le départ de l’UGTT, à l’instar d’autres organisations nationales des mécanismes de concertations mis en place récemment par Kaïs Saïed, et, surtout, la grève générale annoncée par l’UGTT, risquent de signer l’arrêt de mort du programme de soutien de la part du FMI, à un moment où la Tunisie souffre des répercussions de la guerre en Ukraine sur le plan des importations de biens de consommation courante et d’énergie.

    De Tunis, Akram Kharief

    Le Jeune Indépendant, 02 juin 2022

    #Tunisie #UGTT #FMI #KaisSaied

  • Tunisie: expulsion des membres de la Commission de Venise

    Tunisie: expulsion des membres de la Commission de Venise

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    Le président de la République tunisienne a répondu au rapport défavorable de la Commission sur le processus démocratique tunisien

    Le président tunisien Kaïs Saïed a demandé à son ministre des Affaires étrangères, Othman el Grandi, d’expulser les membres de la Commission de Venise travaillant dans le pays, en plus de l’arrêt de la collaboration de l’instance européenne avec le droit international.

    La décision de déclarer les représentants de la Commission de Venise personae non gratae intervient après que cette commission du Conseil de l’Europe a publié un rapport très défavorable au processus de transformation démocratique que connaît le pays.

    Kaïs Saïed a déclaré dans une vidéo diffusée par son cabinet, accompagné de son ministre des Affaires étrangères , que le travail de la Commission de Venise était une ingérence dans le développement démocratique de la Tunisie, ainsi que dans la souveraineté du pays.

    Saïed a souligné dans sa déclaration vidéo, enregistrée dans le bureau présidentiel du Palais de Carthage, que « ce n’est plus l’époque de Jules Ferry », homme politique français de l’époque coloniale, et que la Commission de Venise n’a « pas le droit d’exiger que la commission électorale soit rétablie ou que le référendum ait lieu à la date qu’ils précisent ».

    En réaction aux déclarations du président de la République tunisienne, le Conseil de l’Europe a refusé de commenter les questions d’Atalayar et s’est référé aux conclusions du rapport présenté fin mai. L’organisation ou ses porte-parole n’ont pas non plus publié de déclaration.

    Ce n’est pas la première fois que le président tunisien fait des déclarations similaires lorsqu’un pays ou une organisation exprime une opinion sur le processus en cours dans la nation maghrébine. Depuis que Kaïs Saïed a suspendu le Parlement et appelé à un processus constituant cet été, de nombreuses forces politiques ont critiqué le président Saïed. Le parti islamiste Ennahdha, soutenu par Erdogan , a été le plus bruyant.

    La Commission de Venise est un organe consultatif du Conseil de l’Europe. Elle ne fait pas partie de l’Union européenne, mais c’est une organisation avec laquelle l’UE travaille, en plus de la Cour européenne des droits de l’homme. Plus précisément, la commission est spécialisée dans le conseil aux gouvernements sur les processus démocratiques et constituants. Fin avril, le Service pour l’action extérieure de l’UE, dirigé par Josep Borell, via la délégation de l’UE à Tunis, a chargé la Commission de Venise de produire un rapport « urgent » sur l’état du processus démocratique en Tunisie.

    Le corps a accepté la commission et trois délégués spéciaux ont été nommés pour le travail . Cesare Pinelli, docteur en droit public de l’Université La Sapienza de Rome ; Jean Claude Scholsem, expert belge des processus constitutifs ; et François Seners, un Enarca français, avocat et membre du Conseil constitutionnel. Selon le rapport, les trois experts ont travaillé tout au long du mois de mai avec des membres de l’opposition politique tunisienne, ainsi qu’avec le gouvernement.

    Les conclusions du rapport sont claires sur la situation juridique et politique en Tunisie. Le décret-loi 2022-22 , qui modifie depuis le 21 avril 2022 le fonctionnement du Haut organe électoral indépendant, est la principale pierre d’achoppement sur la voie d’un référendum en Tunisie.

    Selon les trois experts, le décret-loi 2022-22 portant suspension des articles du no. 2021-17 n’est compatible ni avec cet article ni avec la Constitution de 2014 elle-même, que Kaïs Saïed entend faire évoluer.

    Au point 72, le rapport conclut que, quelle que soit la légitimité d’une modification de la Constitution en dehors de son cadre, « il est irréaliste de prétendre organiser un référendum constitutionnel crédible et légitime le 25 juillet 2022 en l’absence de règles claires établies bien en amont de l’organisation du référendum, et surtout sans le texte de la nouvelle Constitution soumis au référendum ».

    Bien qu’étant à l’origine de la publication de ce rapport, le Service extérieur de l’Union européenne ou ses représentants n’ont procédé à aucune évaluation de celui-ci ni de la réponse de Kaïs Saïed. En Tunisie, alors que le pays est en constante transformation, le président Saïed est plus soutenu que jamais et bien ancré dans sa position.

    Atalayar, 31 mai 2022

    #Tunisie #Commission_Vénise #KaIsSaied

  • Tunisie: L’UGTT annonce une grève contre les réformes proposées

    Tunisie: L’UGTT annonce une grève contre les réformes proposées

    Tunisie, UGTT, Kaïs Saïed, réformes, grève,

    Le puissant syndicat a fait grève le 16 juin pour exiger une augmentation des salaires et s’opposer aux plans de privatisation du président Saied.

    Le puissant syndicat tunisien UGTT a appelé à une grève nationale le 16 juin pour exiger une augmentation des salaires et s’opposer aux propositions de réduction des dépenses et de privatisation du président Kais Saied alors que le pays fait face à une crise économique.

    « L’ensemble du personnel » de 159 institutions étatiques et entreprises publiques s’arrêtera de travailler pour exiger « des négociations immédiates pour restaurer le pouvoir d’achat des Tunisiens » et des garanties que les entreprises publiques resteront publiques, a indiqué mardi le comité central de l’UGTT dans un communiqué.

    L’UGTT a rejeté les propositions de réduction des dépenses et souhaite à la place des augmentations de salaire pour les travailleurs de l’État, l’inflation ayant atteint un niveau record de 7,5 % en avril, contre 7,2 % en mars.

    La Tunisie fait face à sa pire crise financière et sollicite un prêt de 4 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) jugé nécessaire pour éviter la faillite nationale, en échange de réformes impopulaires, notamment des réductions des subventions alimentaires et énergétiques et des gels de salaires.

    Avec plus d’un million de membres, l’UGTT est la force politique la plus puissante de Tunisie. La grève représentera le plus grand défi à ce jour pour le président Saied après sa saisie de larges pouvoirs et son passage à un gouvernement à un seul homme en juillet dernier.

    Le syndicat a accusé le gouvernement de Saied de « saper le principe de négociation et de revenir en arrière sur les accords précédemment conclus », à un moment où le pays d’Afrique du Nord connaît « des hausses de prix insensées et continues ».

    Saied, qui a pris le pouvoir exécutif et dissous le parlement pour gouverner par décret, a depuis déclaré qu’il remplacerait la constitution démocratique de 2014 par une nouvelle constitution par référendum le 25 juillet.

    Les gains démocratiques « sapés »

    Les opposants au président l’accusent d’un coup d’État qui a sapé les acquis démocratiques de la révolution de 2011 qui a déclenché le printemps arabe, mais il affirme que ses actions étaient légales et nécessaires pour sauver la Tunisie d’une crise politique prolongée.

    Le projet de Saied de rédiger une nouvelle constitution s’est heurté à une forte opposition des partis politiques, qui disent qu’ils ne participeront pas aux réformes politiques unilatérales et qu’ils boycotteront le référendum.

    Le 23 mai, l’UGTT a annoncé qu’elle ne participerait pas à un dialogue national proposé par Saied.

    Alors que Saied se concentre sur le changement de la politique tunisienne, les critiques disent qu’il ne prête pas assez d’attention à l’effondrement de l’économie du pays. Il a répété à plusieurs reprises que la Tunisie était riche mais que l’élite politique volait l’argent du peuple, ce que ses opposants qualifient de populisme.

    Le déficit budgétaire de la Tunisie atteindra 9,7 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 6,7 % précédemment prévu, en raison d’un dollar américain plus fort et d’une forte augmentation des prix des céréales et de l’énergie, a indiqué le gouverneur de la banque centrale, Marouan Abassi. dit ce mois-ci.

    L’agence Fitch Ratings a prévenu lundi que les tensions entre le gouvernement et l’UGTT entravaient les négociations avec le FMI.

    « Passer des réformes politiques et économiques sans le soutien de l’UGTT serait difficile », a-t-il déclaré.

    Aljazeera, 31 mai 2022

    #Tunisie #UGTT #Grève #KaisSaied #Réformes

  • Restaurer la démocratie en Tunisie: Pression et une pour Saied

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    Les deux prochains mois en Tunisie seront cruciaux pour déterminer si le président Kais Saied consolide le pouvoir ou cède à une démocratie renouvelée. Le 25 juillet 2022, à l’occasion du premier anniversaire du coup d’ État présidentiel de Saied , la Tunisie organisera un référendum sur une nouvelle constitution encore à rédiger que Saied estla grêle inaugurera une « nouvelle république ». Si cette constitution consacre les pouvoirs quasi absolus dont Saied a joui au cours de l’année écoulée, la démocratie tunisienne telle que nous la connaissons sera révolue. Pour éviter ce destin, il faudra non seulement intensifier la pression nationale et internationale sur Saied, mais aussi lui fournir une bretelle de sortie.

    La feuille de route actuelle de Saied le verra rédiger la nouvelle constitution presque unilatéralement.Excluant tous les partis politiques et la plupart des organisations de la société civile, il an’a invité qu’une poignée de professeurs de droit et de syndicats à siéger à deux conseils purement consultatifs, et mêmela plupart deeux ont refusé. Néanmoins, Saied va de l’avant, promettant le projet de nouvelle constitution le 30 juin. Une telle approche est certaine de créer une constitution sur mesure pour Saied, une constitution qui habilite la présidence avec peu de freins et contrepoids. L’une de ses justifications pour prendre le pouvoir, après tout, était sa plainte selon laquelle la constitution de 2014 avait trop de « verrous » sur le pouvoir du président.

    LA FIN DE LA LUNE DE MIEL

    Jusqu’à présent, Kais Saied avait pu compter sur sa popularité pour faire passer ses décrets unilatéraux à toute vapeur – mais il est moins clair s’il pourra faire de même avec la constitution. La période de lune de miel de Saied touche à sa fin. Les masses, lasses des difficultés économiques et de la corruption, ne considèrent pas une nouvelle constitution comme une priorité. Sans surprise, Saieda eu du mal à mobiliser ne serait-ce que 6% de la population pour qu’elle participe à sa consultation en ligne sur la constitution ce printemps. Cela augure mal de sa capacité à mobiliser un grand nombre de personnes pour voter oui le 25 juillet, d’autant plus qu’il n’a toujours pas de parti ou de mouvement politique officiel.

    Pendant ce temps, toutes les forces organisées se retournent progressivement contre lui. Même les forces qui ont adopté un ton neutre ou prudemment positif en juillet dernier, comme l’Union générale tunisienne du travail, lauréate du prix Nobel de la paix, sont désormais plus énergiquesrejetant sa feuille de route. Tousles grands partis politiques et la plupart des organisations de la société civile en ont également. Si toutes ces forces s’unissent pour voter non, elles pourraient constituer une menace sérieuse de blocage de sa nouvelle constitution.

    L’opposition, bien sûr, a eu sonles défis de l’unification . La fracture laïc-islamiste est profonde et aucun des partis laïcs ne veut être publiquement considéré comme travaillant avec Ennahda , le plus grand parti du parlement aujourd’hui dissous. Pour eux, « Ennahda est radioactif », comme me l’a dit un dirigeant laïc. Pourtant, s’unir autour du vote non est beaucoup plus facile que de s’unir autour d’une vision alternative.

    Certains partis politiques ontindiqué qu’ils pourraientboycotter le référendum à la place, pour saper sa légitimité. Cetteserait stratégiqueerreur . Rien sur l’année écoulée n’indique que Saied s’intéresse à distance à la légitimité de sa feuille de route, juste à la création d’un nouveau système qui consacre son règne. Menacer de voter non fournirait à l’opposition beaucoup plus de poids qu’un boycott.

    Si une menace crédible se matérialise que sa constitution pourrait échouer, les vraies couleurs de Saied seront à leur tour révélées. Il peut venir à la table, reconnaissant qu’il doit obtenir le soutien d’au moins certains partis politiques pour faire adopter sa constitution. Mais alternativement, s’il est vraiment un dictateur, il pourrait recourir à la répression et au truquage pour faire passer sa constitution. Et ainsi la question devient : comment éviter ce destin et inciter Saied à emprunter la voie du compromis ?

    LE BESOIN D’UNE BRETELLE DE SORTIE

    Ici, Saied a besoin d’une bretelle de sortie, qui l’attire vers le compromis plutôt que vers la répression. Ce que les 10 derniers mois révèlent, c’est que la seule chose dont Saied se soucie le plus, c’est son héritage : il veut être celui qui créera un nouveau système politique. Il veut être salué dans 50 ans comme Habib Bourguiba l’est aujourd’hui pour avoir créé une nouvelle république. La clé est de le lui laisser.

    En même temps que l’opposition menace de voter non sur une constitution rédigée unilatéralement, elle doit également signaler à Saied qu’elle votera oui si sa voix est entendue lors de la révision. Cela exigera un peu d’humilité de leur part : ils doivent reconnaître que même si leLa constitution de 2014 qu’ils ont créée était assez bonne, elle avait ses défauts. Ils doivent être disposés à se joindre à Saied et à travailler ensemble pour l’améliorer. Ils doivent reconnaître que le système semi-présidentiel divisé n’a pas fonctionné et passer à un système parlementaire ou, si nécessaire, présidentiel. Dans tous les cas, ils doivent garantir des freins et contrepoids suffisants. Ils devraient supprimer la clause d’état d’urgence, par exemple, qui a conduit à cette prise de pouvoir en premier lieu, et habiliter et consacrer l’indépendance du pouvoir judiciaire, de la commission électorale et de la commission anti-corruption, entre autres organes constitutionnels.

    De cette façon, toutes les parties peuvent encore sortir de cette crise avec une victoire. Saied peut dire qu’il a créé une nouvelle république et un héritage pour lui-même lorsqu’il quittera ses fonctions. Entre-temps, les partis politiques auront sauvé la démocratie tunisienne, et peut-être même l’ont-ils revitalisée et améliorée.

    LE RÔLE DE LA PRESSION INTERNATIONALE

    Pourtant, même si l’opposition fournit une telle bretelle de sortie, rien ne garantit que Saied la prendra. Il pourrait plutôt appuyer sur la pédale d’accélérateur de la répression. C’est là que la communauté internationale peut jouer un rôle de soutien important. Les États-Unis et leurs partenaires européens doivent signaler que toute répression ou trucage du référendum entraînera une réduction immédiate de l’aide etsuspension des pourparlers avec le Fonds monétaire international. Les coûts doivent être prohibitifs, de sorte que la seule option de Saied est la voie de sortie du compromis.

    Les critiques pourraient répondre qu’il vaut mieux laisser Kais Saied adopter sa nouvelle constitution, soit pour que son projet puisse être tenté et échoué et ainsi délégitimé, soit pour que le pays puisse passer à son plus importantdéfis économiques . Mais cette approche est risquée : si Saied consolide son règne par le biais d’une nouvelle constitution qui ne prévoit aucun contrôle réel de son pouvoir, les options pour le freiner sur la route se rétrécissent considérablement. La meilleure option aujourd’hui est que toutes les parties se réunissent et rédigent de manière consensuelle une nouvelle constitution qui remette le pays sur sa voie démocratique.

    Brookings Institution, 26 mai 2022

    #Tunisie #KaïsSaïed #Démocratie

  • Tunisie : « Nous ne serons par présents au dialogue »-Taboubi

    Tunisie : « Nous ne serons par présents au dialogue »-Taboubi

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    Le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a réitéré, ce vendredi 27 Mai, « le refus de la centrale syndicale de participer au dialogue national, selon la formule annoncée », signalant que « le fait que son nom soit mentionné dans le décret présidentiel n° 505 de l’année 2022, fixant la composition de la commission consultative des affaires économiques et sociales, et la commission consultative juridique, ne change pas sa position ».

    « Nous ne serons pas présents, nous ne sommes pas concernés par le décret présidentiel, mais tout en marquant notre désaccord avec le chef de l’Etat, nous saluons en lui sa clarté, l’homme est clair et est en train d’aller de l’avant pour la concrétisation de son projet sans écouter qui que ce soit », a-t-il souligné dans une déclaration médiatique, relayée par Mosaïque, en marge de la tenue de la commission administrative nationale de l’organisation syndicale.

    Et de poursuivre : « nous lui rendons la même clarté et notre position est claire : nous n’entraînerons pas l’UGTT dans une voie inconnue ».

    Ce décret présidentiel n’engage que celui qui l’a signé, a-t-il indiqué.

    Gnetnews

    #Tunisie #Dialogue #UGTT #KaiesSaied