Étiquette : Liban

  • Au Maroc, soulagement chez les cultivateurs de cannabis

    La corruption ronge la confiance

    Les lumières s’éteignent au Liban-Il y a trop d’argent à Anvers, en Belgique-Au Maroc, les cultivateurs de cannabis poussent un soupir de soulagement

    Depuis près de deux ans, le Liban est englué dans une crise économique et financière. L’énorme explosion dans la zone portuaire qui a secoué la capitale Beyrouth l’été dernier n’était que le signe extérieur de problèmes bien plus profonds. La monnaie a perdu presque toute sa valeur, le carburant et les médicaments manquent, et la nuit, même dans la capitale, les rues ne peuvent plus être éclairées. La corruption et la mauvaise gestion sont si profondément enracinées que le pays risque de devenir un État défaillant.

    « Il y a trop d’argent dans la ville ».

    Ceux qui croient maintenant que tout cela ne peut se produire que dans des pays lointains, déjà instables, devraient maintenant écouter attentivement ce que notre reporter rapporte d’Anvers, en Belgique. Là aussi, au cœur de l’Europe, on observe des signes de corruption qui rongent les institutions publiques et détruisent la confiance des citoyens. L’argent en jeu ici provient de la contrebande de drogue. Anvers, dont le port est le deuxième plus grand d’Europe, est devenu en peu de temps un haut lieu international de la cocaïne.

    « Seule la mafia en profite, pas les agriculteurs »

    De la cocaïne au cannabis, beaucoup plus doux. Cette substance est de plus en plus légalisée, par exemple dans de nombreux États des États-Unis ou au Canada. L’Europe n’en est pas encore là. Dans certains pays, la consommation est exempte de peine, mais le cannabis n’est vraiment légal que pour un usage médical.

    Le Maroc, pays d’Afrique du Nord, est l’un des plus grands producteurs de cannabis au monde, et la plante y est cultivée depuis des siècles. Elle n’est plus légale depuis l’indépendance en 1956. Mais cela a maintenant changé : Fin mai, le Parlement a décidé de légaliser la culture. Les nombreux cultivateurs de cannabis espèrent désormais que leur situation économique précaire va enfin s’améliorer.

    DW, 25 juin 2021

    Etiquettes : Belgique, port d’Anvers, Liban, corruption, trafic de drogue, cannabis, haschich,

  • Le Liban mérite mieux

    22/06/2021 – HR/VP Blog – Le Liban s’enfonce toujours plus dans une crise très grave. Il est urgent que le pays se dote d’un gouvernement qui enraye la spirale de l’effondrement et engage les réformes indispensables. Je me suis rendu au Liban le 19 et 20 Juin pour en discuter avec les leaders du pays et des personnalités de la société libanaise.

    Ces dernières semaines nous avons dû faire face à plusieurs crises ouvertes : les inquiétantes manœuvres russes aux frontières de l’Ukraine, les violents affrontements entre Israël et le Hamas ou encore le détournement scandaleux d’un avion européen en Biélorussie… Nous devons bien entendu réagir en permanence à ce type d’urgence.

    « Il est essentiel de se préoccuper des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. »

    Il est essentiel cependant de se préoccuper aussi des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. C’est le cas en particulier de la profonde crise que traverse le Liban depuis plus d’un an. Elle crée d’ores et déjà une situation dramatique pour les populations directement concernées tout en menaçant de déstabiliser la région et de toucher l’UE. Je me suis rendu dans ce pays les 19 et 20 juin pour essayer de contribuer à la désamorcer. Nous en avons ensuite discuté lundi dernier lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

    Le 4 aout dernier, la catastrophe de Beyrouth

    Chacun s’en souvient : le 4 aout dernier la ville de Beyrouth avait été en bonne partie détruite par une énorme explosion qui s’était produite sur son port. Cette catastrophe intervenait déjà dans un contexte de crise économique, sociale et politique prolongée du fait de graves dysfonctionnements de l’Etat libanais. Ces difficultés anciennes ont été accrues par les conséquences de la crise syrienne : les quelques 1,5 millions de réfugiés venus depuis 2011 du pays voisin forment aujourd’hui quasiment un quart de la population du Liban (et au total 40% des habitants du pays ne sont pas citoyens libanais). En 2020 l’épidémie de COVID-19 a encore envenimé la situation.

    Depuis dix ans, l’UE a cependant beaucoup soutenu le Liban. Entre 2011 et 2020, nous avons mobilisé dans ce but plus de 2,4 milliards d’euros, dont 340 millions d’euros en réponse à l’épidémie de COVID-19 auxquels sont venus s’ajouter 170 millions d’euros suite à l’explosion du Port de Beyrouth. Suite à cette explosion, nous avons construit avec l’ONU et la Banque mondiale, un cadre de travail, le Lebanon Reform, Recovery and Reconstruction Framework (3RF), qui nous permet d’aider directement le peuple libanais.

    Le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier

    Pourtant le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier. Malgré les appels incessants de l’UE et de la communauté internationale, les négociations engagées depuis plusieurs mois maintenant pour la formation d’un gouvernement sont dans l’impasse. Le système confessionnel qui est à la base de la répartition des pouvoirs au Liban a manifestement atteint ses limites, mais il reste très difficile à remplacer.

    « On n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du FMI, indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption. »

    Depuis dix mois, le pays est donc dirigé par un gouvernement intérimaire. Ce gouvernement se préoccupe sérieusement des difficultés du pays et a proposé des solutions. Mais il n’a pas le soutien du Parlement ni de mandat pour entreprendre des réformes. De ce fait, on n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du Fonds Monétaire International (FMI), indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption, accroître l’indépendance de la justice, clarifier les règles de passation des marchés publics, encadrer le fonctionnement de la Banque centrale ou encore réguler des secteurs clés comme l’électricité. Suite à ses échanges avec les dirigeants du pays, le président français Emmanuel Macron avait proposé en septembre dernier un programme de réformes assorti de délais courts de mise en œuvre. Celui-ci reste d’actualité et devrait constituer la feuille de route de tout nouveau gouvernement.

    La population libanaise subit le contrecoup de cet échec

    La population libanaise subit durement le contrecoup de cette échec : 55% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Selon le FMI, le Liban devrait être la seule économie de la région à se contracter encore cette année alors qu’il estimait déjà le taux de chômage à 39% fin 2020. Au cours des derniers mois, la livre libanaise s’est dépréciée de 90% vis à vis du dollar américain. De nombreux Libanais instruits quittent le pays et la pauvreté se répand. Dans ce contexte, les tensions sociales s’accentuent. Des manifestations contre la dévaluation de la livre libanaise et la détérioration des conditions de vie éclatent régulièrement à travers le pays.

    « L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité du pays. »

    L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité dans un pays qui a été le théâtre d’une guerre civile prolongée entre 1975 et 1990 et reste régulièrement frappé par la violence. Le 4 février dernier, l’éminent intellectuel et critique du Hezbollah libanais, Lokman Slim, a été retrouvé mort, faisant craindre un retour à la période des assassinats politiques au Liban. Et en mars dernier, le commandant en chef des Forces Armées Libanaises avait averti que l’armée ne devait pas se laisser entraîner dans l’impasse politique. Le risque de conflits internes est pour lui une plus grande préoccupation pour la sécurité du Liban que celui d’un conflit avec Israël ou la Syrie.

    Je me suis donc rendu au Liban samedi et dimanche derniers et j’ai rencontré le Président Aoun, le Président du Parlement Berri, le Premier Ministre par intérim Diab, le Premier Ministre désigné Hariri, le Premier Ministre adjoint, Ministre de la Défense et Ministre des Affaires Étrangères par intérim Akar, le chef de la Sûreté Générale Ibrahim, le commandant en chef de l’Armée Aoun ainsi que des personnalités et des experts indépendants.

    « J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, si le Liban se dote d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays. »

    Je leur ai fait part de notre inquiétude. Face à la crise actuelle, il n’y aura pas cette fois de sauvetage financier par les pays du Golfe ou la diaspora libanaise. J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, mais que pour cela, le Liban avait besoin d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays.

    « Il n’y a pas d’autre moyen qu’un accord avec le FMI pour éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois que cet accord aura été conclu. »

    Tous ceux avec lesquels je m’en suis entretenu m’ont dit être favorable à un tel accord ainsi qu’à une enquête judiciaire sur le fonctionnement de la Banque centrale. Aussi urgent soit-il cet accord avec le FMI reste cependant difficile à finaliser, car les réformes demandées vont nécessairement remettre en cause la répartition des pouvoirs et des avantages économiques au Liban. Il n’y a cependant pas d’autre moyen d’éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois qu’un accord aura été conclu avec le FMI.

    La question des éventuelles sanctions ciblées

    J’ai également indiqué à mes interlocuteurs que si les dirigeants libanais ne prennent pas leurs responsabilités, nous devrons envisager d’autres mesures. Certains Etats membres ont proposé que nous adoptions éventuellement des sanctions ciblées. Aucun des dirigeants avec lesquels j’ai échangé ne s’est opposé à cette idée. Certains ont même déclaré qu’ils y étaient favorables, à condition bien sûr qu’elles soient imposées aux véritables « coupables ». Les personnalités de la société civile avec lesquelles je me suis entretenues m’ont toutes dit que le recours éventuel à de telles sanctions était essentiel pour pouvoir faire pression sur les dirigeants politiques.

    Nous avons fait le point sur ma visite lors du Conseil des ministres des affaires étrangères du 21 juin et nous allons poursuivre le travail sur les critères qui pourraient nous amener à déclencher d’éventuelles sanctions ciblées. La menace de sanctions ne sera toutefois pas suffisante si nous voulons éviter l’effondrement du pays et aider à un réel changement au Liban.

    « J’ai insisté pour que les élections locales, parlementaires et présidentielles prévues l’an prochain aient bien lieu aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. »

    Nous devons aussi suivre de plus près les flux financiers illicites sortant du pays, et mettre en œuvre les instruments dont nous disposons pour lutter plus efficacement contre le blanchiment d’argent en provenance du Liban. Nous devons également commencer à aider les Libanais à préparer les élections locales, parlementaires et présidentielles de l’an prochain. J’ai insisté pour qu’elles aient bien lieu en 2022, aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. Nous devons envisager en particulier la possibilité d’envoyer des observateurs de l’UE.

    Le véritable changement prendra du temps

    Au Liban, le véritable changement prendra du temps. Notre engagement et notre aide doivent l’encourager. Dans l’immédiat, nous devons en priorité maintenir la pression pour que les dirigeants libanais prennent leurs responsabilités. L’UE a été et reste pleinement solidaire du peuple libanais en ces temps difficiles mais pour maintenir cette pression, nous ne devrons apporter de l’aide au gouvernement qu’une fois les réformes engagées. Au cours des prochains mois, le Liban va demeurer une des principales priorités de la politique extérieure de l’Union.

    European External Action Service, 22 juin 2021

    Etiquettes : Liban, crise politique, crise économique,

  • Liban: La crise menace l’un de ses rares rassembleurs, l’armée

    BEYROUTH (AP) – Depuis la guerre civile, à travers les guerres avec Israël, les bombardements militants et les troubles intérieurs, les Libanais ont considéré leur armée comme un point d’ancrage pour la stabilité, l’une des seules institutions au-dessus des divisions du pays.

    Mais l’armée est désormais menacée par l’effondrement financier dévastateur du Liban, qui, selon la Banque mondiale, est susceptible de figurer parmi les pires que le monde ait connus au cours des 150 dernières années.

    L’effondrement économique exerce une pression sans précédent sur les capacités opérationnelles de l’armée soutenue par les États-Unis, anéantissant les salaires des soldats et détruisant le moral. La détérioration met en danger l’une des rares forces à unifier le Liban à un moment où les tensions sectaires et la criminalité sont en hausse dans un contexte de pauvreté croissante de la population.

    « Un tel déclin pourrait être le signe avant-coureur d’une instabilité jamais vue depuis la dernière fois que les élites politiques libanaises ont vidé ou mis à la dérive les forces armées libanaises, à savoir au cours des cinq années qui ont précédé la guerre civile de 1975-1990 », a déclaré Aram Nerguizian, conseiller principal du programme sur les affaires civilo-militaires dans les États arabes au Carnegie Middle East Center.

    L’ armée elle-même a tiré la sonnette d’alarme , ce qui est inhabituel pour une force qui est peut-être unique au Moyen-Orient en ce qu’elle reste largement en dehors de la politique.

    Le chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a averti dans un discours aux officiers en mars que les soldats « souffraient et avaient faim comme le reste du peuple ».

    Il a également critiqué ouvertement la direction politique, qui a été paralysée par des luttes intestines et n’a presque rien fait pour faire face à la crise. « Qu’est-ce que tu attends? Qu’est-ce que vous envisagez de faire? Nous avons mis en garde plus d’une fois contre les dangers de la situation », a-t-il déclaré – un commentaire surprenant puisque les officiers de l’armée ne sont pas autorisés à faire des déclarations politiques.

    Un haut responsable de l’armée a confirmé à l’Associated Press que la situation économique avait considérablement affecté le moral. « Il ne fait aucun doute qu’il existe un grand ressentiment dans les rangs de l’armée », a déclaré le responsable.

    Le responsable a noté que « de nombreuses tâches sont exigées de l’armée », notamment le maintien de la stabilité interne. « Les dirigeants sont inquiets de l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain et de la capacité de traiter ce problème », a déclaré l’officier, s’exprimant sous couvert d’anonymat conformément à la réglementation. Soutenir l’armée est crucial pour éviter que le Liban ne sombre dans le chaos, a-t-il ajouté.

    La France convoque jeudi une conférence virtuelle de collecte de fonds pour demander une aide d’urgence, après que le chef de l’armée Aoun s’est rendu à Paris le mois dernier pour demander de l’aide. La France a averti que l’armée libanaise « pourrait ne plus être en mesure de mettre pleinement en œuvre ses missions essentielles à la stabilité du pays ». Les États-Unis, le plus grand bailleur de fonds de l’armée, se sont engagés à augmenter leur aide en 2021.

    L’armée contrebalance en partie le Hezbollah, la faction chiite soutenue par l’Iran qui revendique une force armée puissante ainsi qu’une domination politique. Nerguizian a averti que la dégradation de l’armée permettrait au Hezbollah de se profiler encore plus – un résultat que peu de personnes en dehors du Liban, en particulier à Washington, souhaitent voir se concrétiser.

    Cela pourrait également ouvrir la porte à des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran ou la Syrie pour coopter la force et trouver des moyens de l’influencer.

    Le général Frank McKenzie, commandant du commandement central américain, a déclaré plus tôt ce mois-ci que les États-Unis s’étaient engagés à soutenir l’armée libanaise.

    « Ils sont l’un des éléments du gouvernement libanais qui fonctionne très bien, et nous pensons qu’ils devraient continuer à être la seule expression de la puissance militaire de l’État au Liban », a-t-il déclaré.

    Après des décennies de corruption et de mauvaise gestion par l’élite politique, l’économie libanaise a commencé à se désintégrer en octobre 2019. Le secteur bancaire autrefois florissant s’est effondré et la monnaie a perdu environ 90 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir. Plus de la moitié de la nation est plongée dans la pauvreté .

    Les 80 000 militaires sont également touchés. Avant la crise, un soldat enrôlé gagnait l’équivalent d’environ 800 $ par mois, mais ce montant est maintenant tombé à moins de 100 $ par mois. Les salaires des officiers sont plus élevés mais ont également baissé en valeur, maintenant environ 400 $ par mois.

    L’armée a resserré ses dépenses. Il y a un an, il a annoncé qu’il cesserait d’offrir de la viande dans les repas donnés aux soldats en service. Il offre toujours un traitement médical gratuit, mais les membres de la force affirment que la qualité et l’efficacité se sont fortement détériorées.

    « Le moral est sous terre », a déclaré un soldat de 24 ans qui a quitté la force en mars après cinq ans de service.

    Il a déclaré qu’au moment de son départ, le salaire de 1,2 million de livres libanaises qu’il avait reçu était à peine suffisant pour la nourriture, les cigarettes et le transport. Il a parlé sous couvert d’anonymat, craignant des représailles.

    Mohammad Olayan, qui a pris sa retraite il y a deux ans après plus de 27 ans dans l’armée, a déclaré à l’Associated Press que son indemnité de fin de service avait été anéantie par l’accident. Au lieu d’une retraite décente, il doit maintenant accepter des petits boulots pour subvenir aux besoins de ses jumelles de 12 ans.

    « Quelle est la motivation pour les jeunes soldats ? » Il a demandé. « J’ai tellement sacrifié pour mon pays et regardez comment j’ai fini à cause de cette mafia », a-t-il déclaré, faisant référence aux politiciens.

    Nerguizian a déclaré que si dans l’ensemble les cas de désertion restent relativement faibles, la force a connu une augmentation des cas de manquement au devoir, des taux d’AWOL élevés et plus de travail au noir par le personnel pour augmenter les salaires.

    Les trois dernières années ont également vu certains des taux d’attrition les plus élevés, le personnel choisissant de quitter l’armée, a-t-il déclaré. « Plus inquiétant encore, la force perd des officiers et des sous-officiers de qualité – la matière grise et les capacités que la force a passé plus d’une décennie et demie à développer », a ajouté Nerguizian.

    Après le déclenchement de la guerre civile de 15 ans au Liban en 1975, l’armée s’est divisée selon des lignes sectaires. Il s’est réuni au début des années 1990 sous le commandement du général Emile Lahoud, qui en est devenu plus tard le président.

    Depuis lors, elle est devenue l’une des armées les plus professionnelles du Moyen-Orient. Les États-Unis lui ont donné plus de 2 milliards de dollars depuis 2007, dans l’espoir de construire un rempart contre le pouvoir du Hezbollah – bien que l’aide soit bien inférieure aux quelque 3 milliards de dollars par an qu’ils donnent à l’armée israélienne.

    L’armée est également l’une des rares institutions de l’État qui jouit du respect de la population libanaise, contrairement à ses politiciens, tellement embourbés dans des querelles internes qu’ils n’ont pas pu former de gouvernement depuis octobre.

    Lors des manifestations antigouvernementales qui ont balayé le pays fin 2019, des vidéos de soldats submergés par l’émotion face aux manifestants ont été largement partagées sur les réseaux sociaux.

    Elias Farhat, un général de l’armée libanaise à la retraite qui est actuellement chercheur en affaires militaires, a déclaré qu’il ne croyait pas que le scénario de l’effondrement soit désormais possible.

    « Ce n’est pas la crise d’une armée mais la crise d’un pays. Dans le passé, il y avait des problèmes de sécurité majeurs qui ont affecté l’armée et ont conduit à sa désintégration », a-t-il déclaré, faisant référence à la guerre civile.

    Associated Press, 16 juin 2021

    Etiquettes : Liban, armée, crise politique, crise économique, salaires, moral, criminalité, conflits sectaires,

  • Carlos Ghosn promet un long combat pour laver son nom

    L’ancien dirigeant automobile en fuite Carlos Ghosn a déclaré lundi qu’il était préparé à un long processus pour blanchir son nom auprès des autorités françaises, et a promis de contester un mandat d’Interpol qui l’empêche de voyager en dehors du Liban.

    L’architecte de l’alliance automobile Renault-Nissan se bat contre de multiples enquêtes depuis qu’il s’est enfui du Japon au Liban fin 2019, et a déclaré qu’il espérait blanchir son nom dans les affaires d’inconduite financière qui lui sont reprochées.

    Ghosn était président de Nissan (7201.T) et de Mitsubishi (8058.T) et directeur général de Renault (RENA.PA) lorsqu’il a été arrêté au Japon en 2018 pour avoir sous-déclaré son salaire et utilisé des fonds de l’entreprise à des fins personnelles. Il a nié avoir commis des actes répréhensibles.

    Le dirigeant libano-français a déclaré avoir répondu à des centaines de questions des enquêteurs français au début du mois dans le cadre d’audiences centrées sur des allégations de malversations financières en France.

    M. Ghosn a déclaré qu’il s’était volontairement soumis à un interrogatoire au Palais de justice de Beyrouth en tant que témoin.

    « J’attendrai leur conclusion (celle des enquêteurs français), qui pourrait intervenir dans les prochains mois », a déclaré M. Ghosn lors d’une interview accordée à Reuters pour évoquer un livre récemment publié qu’il a coécrit avec son épouse Carole, « Ensemble toujours ».

    « Mais le processus pour me défendre devant les (autorités) françaises sera sans doute très long et je devrai être patient. »

    Ghosn a déclaré que les seules questions auxquelles il n’a pas répondu sont celles relatives aux poursuites japonaises, sur les conseils de ses avocats.

    Lundi, il a déclaré qu’il cherchait à annuler une notice rouge Interpol – émise pour les fugitifs recherchés pour des poursuites judiciaires – qui lui a été imposée suite à une demande de Tokyo, reçue par le Liban en janvier 2020.

    Cette notice signifie que Ghosn risque d’être arrêté s’il voyage en dehors du Liban, qui n’a pas d’accord d’extradition avec le Japon.

    Les autorités libanaises l’ont interrogé au sujet de l’avis et ont demandé un transfert de son dossier de Tokyo, mais n’ont encore rien reçu, a-t-il dit.

    « Évidemment, dans ces cas-là, vous vous battez contre des gouvernements. Ils ont des moyens que vous n’avez pas. Cela nécessite beaucoup d’argent, beaucoup d’avocats et beaucoup de patience », a-t-il déclaré.

    La notice rouge signifie que M. Ghosn reste à Beyrouth pour l’instant, où il dit apprécier sa vie plus calme après ses années d’exécutif dans la jet-set.

    « Au moins, je peux vivre ma vie avec ma femme. Nous pouvons prendre le petit-déjeuner ensemble le matin. Nous ne sommes pas pressés de prendre l’avion. Je n’ai pas de décalage horaire et je dors beaucoup mieux », a-t-il déclaré.

    « Fondamentalement, ce qui m’est arrivé m’a amené à voir vraiment ce qui est essentiel dans la vie ».

    MODE DE COMBAT

    Ghosn a déclaré qu’il ne retournerait au Japon pour laver son nom que si le système juridique, où le taux de condamnation est de 99%, était modifié.

    « Il est clair que vous avez un système complètement différent lorsque vous parlez de responsabilité japonaise et de responsabilité étrangère, et cela doit cesser », a-t-il déclaré.

    La détention de Ghosn et sa fuite au Liban ont placé le système juridique japonais sous le feu des projecteurs internationaux.

    En novembre, un groupe d’experts de l’ONU a déclaré que Ghosn avait été traité injustement par le système, mais le ministre japonais de la justice a critiqué le groupe, affirmant que ses conclusions étaient fondées sur des erreurs factuelles.

    Au moment de sa fuite, M. Ghosn était en attente d’un procès pour avoir sous-estimé de 9,3 milliards de yens (85 millions de dollars) sa rémunération dans les états financiers de Nissan sur une période de dix ans, et s’être enrichi aux dépens de son employeur par des paiements à des concessionnaires automobiles.

    Lundi, un vétéran des forces spéciales de l’armée américaine et son fils ont plaidé coupables à Tokyo des accusations selon lesquelles ils l’auraient aidé à fuir, caché dans une boîte à bord d’un jet privé. Le duo, qui est détenu dans la même prison à Tokyo où Ghosn a été détenu en 2018, pourrait faire face à un maximum de trois ans de prison.

    Ghosn a déclaré que leur plaidoyer de culpabilité se traduirait par un procès accéléré, contrairement à celui de Greg Kelly, l’ancien cadre de Nissan accusé de l’avoir aidé à dissimuler ses gains.

    Greg Kelly est jugé à Tokyo, où il a nié les accusations portées contre lui. « Si vous plaidez innocent, vous aurez une très longue épreuve, il y a donc quelque chose de totalement faux », a déclaré Ghosn.

    M. Ghosn a subi un revers dans l’une de ses affaires judiciaires le mois dernier, lorsqu’un tribunal néerlandais lui a ordonné de rembourser 5 millions d’euros (6,1 millions de dollars) de salaires à Nissan et Mitsubishi dans une affaire qu’il avait portée devant les tribunaux.

    Il a déclaré que le verdict ferait l’objet d’un appel.

    « Nous sommes en mode combat, et très déçus par le résultat ».

    Reuters, 14 juin 2021

    Etiquettes : Carlos Ghosn, Nissan, Japon, Mitsubishi, Interpol, Liban,

  • Des Américains accusés de l’évasion de Ghosn jugés au Japon

    TOKYO (AP) – Deux Américains accusés d’avoir aidé l’ancien président de Nissan Carlos Ghosn à fuir le Japon alors qu’il faisait l’objet d’accusations de malversations financières ont reconnu lundi qu’ils avaient pris part à un stratagème visant à lui faire quitter le pays.

    Les déclarations de Michael Taylor et de son fils, Peter, lors de la première journée de leur procès à Tokyo, suggèrent que les deux hommes n’ont pas l’intention de se battre contre les accusations d’assistance à un criminel. Cette accusation est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

    Keiji Isaji, l’un des avocats des Taylor, a déclaré à l’Associated Press après la séance du tribunal qu’il souhaitait que le procès « se déroule efficacement ». Il a déclaré que terminer le procès rapidement est « dans l’intérêt de ses clients ». Il a refusé de confirmer que son équipe espérait une condamnation avec sursis en cas de condamnation, ce qui signifie qu’aucune peine ne serait purgée. Il a souligné que la décision revenait au juge.

    Les Taylor semblaient calmes lorsqu’ils ont été conduits dans la salle d’audience, menottés, avec des cordes autour de la taille.

    Ils n’ont pas dit grand-chose, si ce n’est qu’ils ont répondu aux questions du juge, comme  » Oui, votre honneur  » et  » Je vous entends bien « , lorsqu’ils ont été interrogés sur l’interprétation simultanée relayée par des écouteurs.

    Les procureurs ont lu une déclaration accusant Michael Taylor, un ancien béret vert, et Peter Taylor de s’être arrangés pour cacher Ghosn dans une boîte d’équipement musical. Elle a été chargée dans un jet privé qui l’a transporté de la ville d’Osaka, dans l’ouest du pays, au Liban via la Turquie en décembre 2019.

    Ryozo Kitajima, l’un des procureurs, a déclaré que Peter Taylor a rencontré Ghosn dans un hôtel à plusieurs reprises en 2019 et a présenté Ghosn à son père. Il a déclaré que Peter Taylor a également reçu 562 500 dollars en deux transferts pour payer l’affrètement du jet et d’autres dépenses. Peter Taylor s’est arrangé pour que Ghosn change de vêtements dans un hôtel de Tokyo. Son père et un autre homme, George-Antoine Zayek, ont ensuite accompagné Ghosn à l’aéroport d’Osaka, a déclaré Kitajima.

    Zayek n’a pas été arrêté.

    Les procureurs ont déclaré que des bitcoins d’une valeur de 500 000 dollars ont été transférés du compte du fils de Ghosn, Anthony, à Peter Taylor en 2020, prétendument pour couvrir les frais de défense des Taylor.

    Après une brève discussion avec le juge en chef Hideo Nirei et leurs avocats, les Taylor ont convenu qu’il n’y avait pas d’erreurs dans la déclaration.

    Les procureurs ont déclaré que pendant leur détention, les Taylor avaient exprimé des remords et qu’ils avaient été induits en erreur en croyant que le fait d’aider quelqu’un à se libérer sous caution n’était pas illégal au Japon. Ils ont déclaré que la femme de Ghosn, Carole, leur avait dit que Ghosn était torturé. Les procureurs ont cité les Taylor qui ont déclaré qu’ils n’avaient pas été torturés et qu’ils avaient été traités de manière « juste et professionnelle ».

    La prochaine session du procès est fixée au 29 juin, lorsque les procureurs poursuivront leurs interrogatoires.

    Les Taylor ont été arrêtés dans le Massachusetts l’année dernière et extradés au Japon en mars. Ghosn a la nationalité française, libanaise et brésilienne et le Liban n’a pas de traité d’extradition avec le Japon. Les autorités affirment que Ghosn a versé aux Taylor au moins 1,3 million de dollars.

    Ghosn a dirigé Nissan Motor Co pendant deux décennies avant son arrestation en 2018. Il a été accusé de falsification de rapports sur les valeurs mobilières en sous-déclarant sa rémunération et d’abus de confiance en utilisant l’argent de Nissan à des fins personnelles. Il se dit innocent et affirme avoir fui le Japon car il ne s’attendait pas à bénéficier d’un procès équitable. Au Japon, plus de 99 % des affaires pénales aboutissent à une condamnation.

    Peter Taylor a déclaré à un tribunal du Massachusetts en janvier qu’il avait rencontré Ghosn en 2019 au Japon pour présenter sa société de marketing numérique afin d’aider à réparer la réputation ternie de Ghosn. Il a dit que Ghosn lui a demandé de lui apporter des cadeaux, de la nourriture et des DVD de sa femme, et de livrer des cadeaux, notamment à des proches au Liban.

    Peter Taylor a déclaré qu’il avait quitté le Japon pour Shanghai le 29 décembre 2019 et qu’il n’était pas au Japon lorsque Ghosn est accusé d’avoir fui. Il a nié être en contact avec son père à ce moment-là, selon les documents judiciaires.

    Aucun dirigeant japonais n’a été inculpé dans le scandale chez Nissan, fabricant basé à Yokohama de la voiture électrique Leaf, de la sous-compacte March et des modèles de luxe Infiniti.

    Les extraditions entre le Japon et les États-Unis sont relativement rares, même pour des crimes graves. La peine possible de trois ans de prison est le minimum requis pour une extradition.

    Par ailleurs, le même tribunal juge un autre Américain, Greg Kelly, ancien vice-président exécutif de Nissan, accusé d’avoir sous-déclaré la rémunération de Ghosn. Ce procès a débuté en septembre.

    Le procès de Kelly s’est concentré sur la question de savoir si la déclaration de la rémunération différée de Ghosn a pu violer la loi. Plusieurs autres cadres supérieurs de Nissan, dont certains non Japonais, étaient au courant de ces arrangements.

    M. Kelly affirme qu’il est innocent et qu’il ne cherchait qu’à trouver des moyens légaux de payer davantage M. Ghosn pour l’empêcher de partir chez un constructeur automobile concurrent.

    Avant son arrestation, Ghosn était une star de l’industrie automobile, ayant orchestré le redressement de Nissan au bord de la faillite après avoir été envoyé au Japon par son partenaire français Renault en 1999.

    La rémunération de M. Ghosn a été réduite de moitié, d’environ 1 milliard de yens (10 millions de dollars), en 2010, lorsque le Japon a commencé à exiger la divulgation des rémunérations élevées des dirigeants.

    La crainte était que sa rémunération relativement élevée soit mal perçue, car les cadres supérieurs japonais ont tendance à percevoir des rémunérations inférieures à celles de leurs homologues d’autres pays.

    Associated Press, 14 juin 2021

    Etiquettes : Liban, Japon, France, Carlos Ghosn, Nissan, exfiltration, évasion,

  • Point de presse quotidien de l’ONU: 02 juin 2021

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 02 juin 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Énergie propre

    Ce matin, le Secrétaire général a prononcé une allocution par vidéo lors de la réunion ministérielle sur l’énergie propre, qui se déroule aujourd’hui à Santiago, au Chili.

    Il a souligné le rôle crucial du secteur de l’énergie pour réduire les émissions mondiales de 25% par rapport aux niveaux de 2010 et pour atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050.

    Le Secrétaire général a indiqué que l’élimination progressive du charbon est l’étape la plus importante pour se conformer à l’objectif de 1,5 degré de l’Accord de Paris.

    Les pays doivent transférer les subventions des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, a-t-il dit, ajoutant que les systèmes électriques à zéro émissions nettes doivent devenir la norme dans les économies avancées d’ici à 2035 et dans le monde entier d’ici à 2040.

    Le Secrétaire général a déclaré que chaque secteur -y compris la sidérurgie, le ciment et le transport maritime- doit avoir un plan d’action pour être à énergie nulle d’ici à 2050.

    Il a également signalé que si le secteur du transport maritime était un pays, il serait le sixième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde.

    Changements climatiques

    L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié aujourd’hui une étude scientifique qui indique qu’en raison de l’impact des changements climatiques, les organismes nuisibles aux végétaux qui ravagent des cultures économiquement importantes deviennent de plus en plus destructeurs. Ils constituent également une menace croissante pour la sécurité alimentaire et l’environnement.

    Liban

    Le Secrétaire général est conscient et profondément préoccupé par les difficultés financières que connaît le Tribunal spécial pour le Liban.

    Il s’est activement engagé dans les efforts visant à obtenir des fonds supplémentaires pour le Tribunal, en lançant un appel direct aux États Membres et à la communauté internationale, ainsi qu’en sollicitant une aide financière d’urgence de l’Assemblée générale, qui a été fournie plus tôt cette année.

    Le Secrétaire général continue de lancer un appel urgent aux États Membres et à la communauté internationale pour des contributions volontaires afin d’obtenir les fonds nécessaires pour appuyer les procédures judiciaires indépendantes qui demeurent devant le Tribunal.

    Il note également que le soutien financier continu de la communauté internationale est essentiel pour garantir la justice pour les victimes au Liban.

    Yémen

    Suite à une question posée au sujet de la déclaration faite par Ansar Allah concernant l’implication de l’ONU dans la tentative de sécuriser le pétrolier Safer, qui est au large des côtes du Yémen, le porte-parole a affirmé que ladite déclaration est « clairement décevante ».

    Elle semblerait confirmer qu’Ansar Allah n’est pas prêt à fournir les assurances dont l’ONU a besoin pour déployer une mission sur le pétrolier Safer. Cette mission cherche depuis des années à effectuer une évaluation et un éventuel entretien léger sur ce pétrolier qui détient environ 1,1 million de barils de pétrole.

    Les houthistes continuent de se concentrer sur l’entretien complet du navire. Mais l’ONU a expliqué à maintes reprises que cela ne peut être entrepris sans avoir une évaluation impartiale en main. Le pétrolier est un site dangereux, et il faut comprendre exactement à quoi on a affaire avant d’entreprendre des travaux majeurs.

    L’ONU a eu des discussions très intenses à ce sujet avec Ansar Allah au cours des 10 derniers jours pour essayer de combler les lacunes dans les objectifs et les compréhensions. Nous avons également vu un engagement direct des États Membres pour essayer de débloquer des choses, ce qui a été utile. Mais nous n’en sommes pas encore là, ce qui est bien dommage, a ajouté le porte-parole.

    Le Conseil de sécurité doit se réunir pour discuter du pétrolier Safer demain, suite à quoi plus d’informations devraient être disponibles.

    République centrafricaine

    Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, est arrivé à Bangui dans le cadre de la visite d’une délégation de haut niveau qui comprend l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), ainsi que l’Union européenne. Ils seront dans le pays pour les quatre prochains jours, dans le cadre de consultations régulières entre les quatre organisations et les autorités centrafricaines sur le processus de paix.

    S’adressant à la presse à l’aéroport, les membres de la mission ont réitéré leur engagement à promouvoir un dialogue inclusif et une véritable réconciliation.

    Pour sa part, M. Lacroix a souligné la nécessité de travailler ensemble pour parvenir à une paix durable qui permettra aux Centrafricains de connaître enfin la stabilité et la sécurité.

    La délégation s’entretiendra avec le Président, M. Faustin Touadéra, le Président de l’Assemblée nationale, M. Mathieu Sarandji, ainsi qu’avec des représentants de partis politiques. Ils rencontreront également des membres de la société civile, y compris des organisations de femmes, et devraient terminer leur visite par une conférence de presse, le 5 juin.

    Libye

    Le Secrétaire général s’adressera à la Conférence de Berlin sur la Libye, le 23 juin, par visioconférence. Son Envoyé spécial pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Ján Kubiš, y participera en personne.

    Cette Conférence sera une occasion importante de rassembler la communauté internationale pour faire le point sur la situation actuelle en Libye et offrir un soutien aux Libyens dans la préparation des élections nationales qui sont prévues le 24 décembre de cette année. Le retrait des forces étrangères et des mercenaires du pays, ainsi que les mesures visant à appuyer la réunification des principales institutions libyennes, seront un des points de mire de la conférence.

    République démocratique du Congo

    Dans une déclaration publiée en fin de journée hier, le Secrétaire général a fermement condamné les attaques menées hier par des membres présumés des Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo. Ces attaques, qui ont visé des camps de personnes déplacées près des villes de Boga, dans le territoire d’Irumu, dans la province d’Ituri, et de Tchabi, dans la province du Nord-Kivu, ont fait au moins 55 morts et de nombreux blessés parmi les civils.

    Une force d’intervention rapide de la mission des Nations Unies dans le pays, la MONUSCO, a été déployée dans les zones touchées, tandis que des Casques bleus ont aidé les blessés, notamment par des évacuations médicales.

    Les Nations Unies, par le biais de sa Représentante spéciale en République démocratique du Congo, continueront à accompagner le Gouvernement et le peuple congolais dans leurs efforts visant à instaurer la paix et la stabilité dans l’est du pays.

    Éthiopie

    Les agences humanitaires indiquent que la situation sécuritaire dans la région du Tigré reste très complexe dans son ensemble. Alors que les hostilités ont en grande partie cessé, depuis mars, dans les régions frontalières avec l’Érythrée, des zones du nord-ouest aux zones orientales, l’accès à ces zones est souvent refusé.

    La violence et les attaques contre les civils, y compris les travailleurs humanitaires, se poursuivent. Vendredi dernier, un travailleur humanitaire travaillant avec une ONG a été tué lors d’un échange de tirs au cours d’une attaque à l’extérieur d’un bâtiment du Gouvernement dans la ville d’Adigrat, située dans la zone orientale du Tigré. Depuis le début du conflit, neuf travailleurs humanitaires ont été tués au Tigré, tous de nationalité éthiopienne.

    Les agences humanitaires indiquent également que les niveaux d’insécurité alimentaire et de malnutrition restent alarmants. Les établissements de santé continuent de recevoir et de traiter des victimes de violences sexistes dans toute la région, avec 1 288 cas officiels signalés entre février et avril.

    Du 27 mars au 31 mai, les agences de l’ONU et leurs partenaires ont apporté une aide alimentaire à plus de 2,8 millions de personnes sur les 5,2 millions ciblés. À ce jour, environ 430 000 personnes, soit seulement 15% des trois millions de personnes ciblées, ont reçu des abris d’urgence et des articles non alimentaires.

    L’ONU et ses partenaires humanitaires intensifient progressivement la réponse mais ne suivent pas encore le rythme des besoins croissants. Cela est dû à une combinaison de plusieurs facteurs, notamment les contraintes d’accès, l’insuffisance des capacités de communication, des obstacles bureaucratiques et, comme toujours, un manque de financement.

    Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, informera prochainement le Conseil de sécurité au sujet du Tigré.

    Afrique de l’Ouest

    Suite à sa nomination en tant que Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mahamat Saleh Annadif a entamé sa première tournée officielle dans la région.

    Il est aujourd’hui en Guinée-Bissau pour participer à une série de rencontres. Plus tôt cette semaine, il était au Ghana, où il a rencontré le Président Nana Akufo-Addo. Les deux hommes ont discuté de plusieurs questions liées à la paix et à la sécurité dans la région, notamment des menaces continues du terrorisme et de la sécurité maritime, ainsi que des moyens de renforcer le partenariat entre l’ONU et le Ghana.

    Dans les prochains jours, M. Annadif se rendra également en Gambie, en Guinée, à Cabo Verde, au Niger, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Nigéria.

    Afghanistan

    En Afghanistan, des combats intenses et des frappes aériennes se poursuivent depuis la semaine dernière, affectant presque tous les districts de la province de Laghman. D’après les agences humanitaires, des informations indiquent également que les combats s’étendent à de nouvelles zones dans les provinces voisines du Nuristan et de Nangarhâr.

    Selon les mêmes sources, les combats et les affrontements armés ont en outre contraint plus de 10 500 hommes, femmes et enfants à fuir leurs maisons dans différentes parties du district d’Imam-Sahib, dans la province de Kondôz. Des maisons et des terres agricoles auraient été gravement endommagées en raison de l’utilisation de l’artillerie et des frappes aériennes.

    Les équipes d’évaluation de l’ONU et des partenaires humanitaires s’efforcent de confirmer l’impact de la situation dans les provinces touchées. Des réponses humanitaires ont débuté à Laghman et Kondôz.

    En 2021, près de 116 000 personnes ont été déplacées par le conflit en Afghanistan, tandis que près de cinq millions de personnes sont toujours en situation de déplacement prolongé depuis 2012. L’ONU exhorte les parties au conflit, en vertu du droit international humanitaire, à mieux protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris les écoles et les hôpitaux, qui sont malheureusement trop souvent ciblés.

    Un financement urgent est nécessaire pour le Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan, lequel nécessite 1,3 milliard de dollars pour aider 15,7 millions de personnes. Seulement 172 millions de dollars ont été reçus à ce jour.

    Myanmar

    Au Myanmar où les écoles ont rouvert, le personnel de l’ONU sur le terrain a averti aujourd’hui que les attaques contre les écoles et les établissements d’enseignement se poursuivaient.

    L’UNICEF au Myanmar affirme qu’au moins 54 attaques contre des écoles et le personnel scolaire ont été signalées depuis la prise de pouvoir par les militaires le 1erfévrier. La plupart de ces attaques ont eu lieu en mai. Il y a eu environ 141 incidents où l’armée a utilisé des établissements d’enseignement à ses propres fins.

    L’UNICEF a souligné que la violence à l’intérieur et autour des écoles n’est jamais acceptable. De même, les attaques contre les lieux d’apprentissage et le personnel éducatif, et l’occupation des établissements scolaires sont des violations des droits de l’enfant.

    Les agences humanitaires au Myanmar se disent alarmés par l’augmentation des informations faisant état de déplacements internes suite à l’intensification des combats dans certaines parties du pays.

    Quelque 188 000 personnes ont été déplacées dans le nord-est du pays, ainsi qu’au sud-est et à l’ouest, depuis le début de l’année. La plupart de ces déplacements ont eu lieu depuis le 1er février et le coup d’État.

    Les besoins humanitaires résultant de cette vague de déplacements s’ajoutent aux besoins du million de personnes qui avaient déjà besoin d’aide avant la prise de pouvoir des militaires.

    Sri Lanka

    Au Sri Lanka, l’équipe de pays de l’ONU soutient le Gouvernement alors que le pays fait face à l’une de ses pires catastrophes environnementales après qu’un cargo transportant des produits chimiques a pris feu au large de ses côtes le 21 mai dernier.

    Parmi les milliers de conteneurs du cargo, plus de 80 contenaient des matières dangereuses, dont 25 tonnes d’acide nitrique.

    Dans le cadre des efforts de préparation et d’intervention en cas d’urgence, le Programme alimentaire mondial (PAM) a collaboré avec l’autorité de protection de l’environnement du Sri Lanka pour mettre en place une équipe de gestion des incidents, avec une planification d’urgence en cas de déversement d’hydrocarbures et des exercices de simulation.

    L’équipe de l’ONU est prête à redoubler d’efforts si les autorités le lui demandent.

    Emploi et perspectives sociales dans le monde

    L’Organisation internationale du Travail (OIT) a publié un rapport qui laisse apparaître que la crise du marché du travail créée par la COVID-19 est loin d’être terminée. Le rapport « Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2021 » montre en effet que la croissance de l’emploi sera insuffisante pour compenser les pertes subies, au moins jusqu’en 2023.

    Les projections de l’OIT indiquent que le chômage devrait toucher 205 millions de personnes dans le monde en 2022, dépassant de beaucoup le niveau de 187 millions de 2019. Cela correspond à un taux de chômage de 5,7%. Si l’on exclut la période correspondant à la crise du COVID-19, il faut remonter à 2013 pour retrouver un taux similaire.

    Les baisses enregistrées en matière d’emploi et d’heures travaillées ont entraîné une forte chute des revenus du travail et, en parallèle, une augmentation de la pauvreté. En comparaison avec 2019, 108 millions de travailleurs supplémentaires dans le monde sont désormais considérés comme vivant dans la pauvreté ou dans l’extrême pauvreté.

    UNICEF/Vaccins

    L’UNICEF a annoncé aujourd’hui avoir signé un accord sur le long terme avec Moderna pour fournir des doses de vaccins contre la COVID-19 au Mécanisme COVAX.

    Grâce à cet accord, l’UNICEF et ses partenaires auront accès à 34 millions de doses de vaccin pour quelque 92 pays et territoires en 2021.

    Il s’agit du cinquième accord d’approvisionnement que l’UNICEF a signé pour des vaccins. L’agence onusienne avait précédemment annoncé des accords avec le Serum Institute of India, Pfizer, AstraZeneca et Human Vaccine qui est également connu sous le nom de Sputnik V.

    Rencontre avec la presse

    À 16 h 30 aujourd’hui, les Coprésidents du Groupe des Amis des femmes du Sahel, le Représentant permanent du Niger, M. Abdou Abarry; et l’Observatrice permanente de l’Union africaine, Mme Fatima Kyari Mohammed; ainsi que le Chef de la délégation de l’Union européenne auprès de l’ONU, M. Olof Skoog, interviendront devant la presse au point de rencontre avec les médias situé devant la salle du Conseil de sécurité.

    Cette rencontre interviendra après la réunion en formule Arria du Conseil de sécurité sur le « Renforcement d’une approche intégrée de la paix et de la sécurité au Sahel à travers l’optique genre ». Il est question du lancement du Groupe des Amis des femmes du Sahel.

    Etiquettes : QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ENFANTS, ÉNERGIE, ALIMENTATION, AFFAIRES HUMANITAIRES, LÉGAL, MAINTIEN DE LA PAIX, AFRIQUE, LIBAN, YÉMEN, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, LIBYE, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, AFGHANISTAN, SRI LANKA, ÉTHIOPIE, MYANMAR,

  • D’ami à ennemi : l’UE prépare ses premières sanctions contre le Liban

    L’Union européenne prépare des sanctions à l’encontre des hommes politiques libanais qui bloquent la formation d’un gouvernement. Selon des diplomates, il s’agit des premières sanctions prises par l’Union à l’encontre de son allié du Moyen-Orient, en raison de la frustration suscitée par la mauvaise gestion de l’élite au pouvoir.

    Dirigé par l’ancienne puissance coloniale française, le bloc cherche à accroître la pression sur les politiciens libanais qui se chamaillent, après dix mois de crise qui ont laissé le Liban face à l’effondrement financier, l’hyperinflation, les pannes d’électricité et les pénuries de carburant et de nourriture.

    Aucun nom n’a été évoqué et la Hongrie a publiquement dénoncé les efforts de l’UE pour faire pression sur les politiciens libanais, mais six diplomates et responsables ont déclaré à Reuters que le travail technique avait commencé pour préparer les sanctions – les critères de désignation – après que les ministres des affaires étrangères de l’UE aient décidé lundi d’agir.

    Étant donné que de nombreux politiciens libanais de haut rang possèdent des maisons, des comptes bancaires et des investissements dans l’UE, et que leurs enfants fréquentent les universités de l’Union, le retrait de cet accès pourrait constituer un levier pour mobiliser les esprits.

    Paris affirme avoir déjà pris des mesures pour restreindre l’entrée de certains responsables libanais, pour avoir bloqué les efforts visant à résoudre la crise sans précédent, qui trouve son origine dans des décennies de corruption et d’endettement de l’État.

    « Le niveau d’impatience à l’égard de la classe dirigeante est de plus en plus élevé. Ils ne semblent pas avoir l’intérêt de leurs peuples à cœur. Attendez-vous à ce qu’une décision soit prise dans les trois ou quatre semaines à venir », a déclaré un haut diplomate européen.

    L’UE doit d’abord mettre en place un régime de sanctions qui pourrait se traduire par des interdictions de voyager et des gels d’avoirs.

    Les 27 États membres de l’UE sont divisés sur le bien-fondé des sanctions européennes, mais les deux principales puissances du bloc, la France et l’Allemagne, y sont favorables, ce qui pourrait s’avérer déterminant. Un groupe plus large de nations doit encore préciser son approche.

    Toutefois, les responsables affirment qu’il est habituel, au stade technique et préparatoire, que les pays restent circonspects et qu’une fois qu’un accord politique entre les gouvernements de l’UE sera en place, ils se rallieront à la France.

    « C’est juste une question de temps. Nous avons ce que nous voulions », a déclaré un haut diplomate français à l’issue de la réunion de lundi.

    Compte tenu de l’opposition de la Hongrie, l’hypothèse de travail est désormais de privilégier l’approche de chacun des 26 pays restants de l’UE pour imposer individuellement des sanctions, tout en proposant une aide.

    CAROTTES ET BÂTONS

    « La population souffre, mais les dirigeants politiques n’assument pas leurs responsabilités alors que le pays s’effondre littéralement », a déclaré aux journalistes Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE.

    « Nous travaillons à une approche qui combine carottes et bâtons », a-t-il ajouté.

    Un document sur les options de l’UE explique comment le Liban pourrait bénéficier financièrement de diverses aides, mais les diplomates ont déclaré que rien ne permettait de penser que ces carottes séduiraient les politiciens libanais et qu’il fallait maintenant passer aux « bâtons ».

    La France n’a pas rendu publiques les mesures qu’elle a prises seule, ni contre qui, et l’impact potentiel n’est pas clair car certains politiciens libanais ont la double nationalité. Les responsables français affirment qu’une liste de noms est en place et qu’elle n’a pas été divulguée afin de « secouer » et de laisser deviner les politiciens libanais.

    Des diplomates ont également déclaré que l’UE devrait également décider si et comment cibler le bras politique du Hezbollah, le mouvement armé soutenu par l’Iran qui exerce un pouvoir énorme au Liban et est également tenu responsable d’une partie du statu quo politique.

    Ce groupe est moins susceptible d’avoir des intérêts dans l’UE.

    Dans un possible signal adressé à l’UE, les États-Unis, pour la première fois sous la direction du président Joe Biden, ont sanctionné mardi sept ressortissants libanais liés, selon eux, à la société financière du Hezbollah et ont appelé les gouvernements du monde entier à prendre des mesures à son encontre.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : Liban, Union Européenne, UE, sanctions, Hezbollah, effondrement financier, hyperinflation, pannes d’électricité, pénuries de carburant, pénurie de nourriture, France,

  • Le MAE français Jean-Yves Le Drian menace les politiciens libanais de sanctions

    Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accusé les autorités libanaises de « ne pas tenir leurs engagements vis-à-vis du président français Emmanuel Macron » et a menacé de sanctions les politiciens qui empêcheraient la fondation du nouveau gouvernement.

    Le ministre français s’est rendu à Beyrouth, capitale libanaise en vue de s’entretenir avec les responsables libanais qui ne sont pas arrivés à un compromis pour fonder un gouvernement à la place de celui de Hassan Diab qui avait annoncé sa démission le 10 août 2020 après l’explosion dans le port.

    Le Drian a été reçu jeudi par le président Michel Aoun et le président de l’assemblée Nebih Berri. Dans la soirée, il s’est entretenu avec l’ancien Premier ministre chargé de fonder le nouveau gouvernement, Saad Hariri, à la résidence de l’ambassadrice française Anne Grillo.

    Selon une information de l’agence de presse officielle libanaise NNA, le Drian a affirmé lors d’un point de presse que « les responsables libanais n’ont pas tenu leurs promesses faites devant le président français Emmanuel Macron ».

    Il a averti que si les dirigeants libanais n’agissaient pas dès à présent, ils allaient devoir en assumer les conséquences. « Les mesures restrictives prises par Paris peuvent être durcies ou étendues », a-t-il ajouté.

    Le ministre français a indiqué s’être entretenu avec le président Aoun, le président de l’assemblée Berri ainsi que Hariri qui est chargé de fonder le gouvernement, parce qu’ils représentent le pays du point de vue constitutionnel. Il a notamment précisé que la France appellera la communauté internationale à faire pression pour l’organisation à la date prévue des élections législatives au Liban.

    TRT, 07 mai 2021

    Etiquettes : France, Liban, Jean-Yves Le Drian, Emmanuel Macron, formation du gouvernement,

  • Pays où un violeur peut échapper à la justice en épousant sa victime (également en Amérique latine)

    Amina Filali avait 15 ans lorsqu’elle a dit à ses parents qu’elle avait été violée.

    La famille, « sur les conseils d’un huissier de justice », selon le père de la jeune fille, l’a forcée à épouser son violeur, un homme d’environ 25 ans.

    Des mois plus tard, après avoir dénoncé des coups et des agressions, l’adolescent de 16 ans s’est suicidé en buvant de la mort-aux-rats.

    Amina est morte en 2012 dans un petit village du Maroc et son cas historique a suscité des protestations et des campagnes à l’échelle nationale de la part des groupes de femmes.

    Le parlement marocain a finalement abrogé en 2014 une loi qui permettait à un violeur d’échapper à la justice s’il épousait sa victime.

    Mais des lois du même type sont encore une réalité dans plusieurs régions du monde, notamment en Amérique latine, selon un récent rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), intitulé « Mon corps m’appartient ».

    Le rapport indique que près de la moitié des femmes de 57 pays en développement n’ont aucune autonomie sur leur corps et se voient refuser le droit de décider d’avoir des relations sexuelles, d’utiliser des moyens de contraception ou de se faire soigner.

    Cela « devrait nous indigner tous », a déclaré Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA. « En substance, des centaines de millions de femmes et de filles ne sont pas propriétaires de leur corps. Leur vie est régie par les autres.

    Le viol et les lois qui pardonnent le violeur ne sont que deux exemples d’un long catalogue de violations qui comprend également des cas tels que les mutilations génitales et les tests de virginité.

    Et même dans les pays qui ont abrogé les lois exonérant le violeur s’il épouse sa victime, d’autres pratiques encore légales peuvent aboutir au même résultat.

    Quels pays disposent de telles lois au niveau international ?

    Le rapport de l’ONU cite comme l’une de ses sources des rapports de l’ONG internationale Equality Now, basée à Washington.

    Dans son rapport 2017, Equality Now a mis en évidence de nombreux exemples de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord où un violeur peut échapper à la justice grâce au mariage – Irak, Bahreïn, Libye, Koweït, territoires palestiniens, Tunisie, Jordanie et Liban.

    « À la suite de notre rapport et d’autres campagnes, la Tunisie, la Jordanie et le Liban ont éliminé ces lois en 2017, et la Palestine a fait de même en 2018 », a déclaré à BBC Mundo Barbara Jimenez, avocate spécialisée dans les droits des femmes et représentante d’Equality Now en Amérique latine.

    Parmi les autres exemples cités dans le rapport de l’ONU figurent l’Angola, l’Algérie, le Cameroun, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, la Syrie et le Tadjikistan.

    Les victimes mariées à leurs violeurs sont piégées dans des unions qui les exposent à des viols et autres agressions possibles à vie.

    Dans de nombreux cas, ces lois existent parce que ce que vous essayez de « protéger » ici, c’est l’honneur de la famille, du nom, de la victime », a ajouté M. Jimenez.

    Le « déshonneur » de la perte de la virginité est considéré par les familles comme un mal plus grand que l’intégrité de leurs filles.

    De telles règles existaient également en Europe. L’Italie, par exemple, les a éliminés en 1981 et la France en 1994.

    Quelle est la situation en Amérique latine ?

    La plupart des pays de la région ont abrogé les articles de leur code pénal qui permettaient à un violeur d’échapper à la justice en épousant sa victime.

    Mais ces changements juridiques sont relativement, et incroyablement, récents. De telles règles ont été éliminées en Uruguay en 2006, au Costa Rica en 2007 et en Bolivie en 2013, par exemple.

    Et un pays de la région, la République dominicaine, a toujours un article dans son code pénal qui permet à l’auteur d’un viol d’échapper à la condamnation en se mariant.

    Le cas du Venezuela

    Le code pénal vénézuélien stipule à l’article 393 : « L’auteur de l’un des crimes prévus aux articles 374, 375, 376, 378, 387, 388 et 389 sera exempté de peine si, avant la condamnation, il épouse la personne offensée, et le procès cessera en tout point pour tout ce qui concerne la peine correspondant à ces actes punissables. Si le mariage a lieu après la condamnation, alors l’exécution des peines et leurs conséquences pénales cesseront », a déclaré Vanessa Blanco, représentante au Venezuela de « Jovenas Latidas », un mouvement latino-américain qui lutte pour les droits des filles et des femmes.

    « Les articles 374, 375 et 376 parlent de viol. »

    « Lorsque le code pénal a été réformé en 2005, l’article 393 n’a pas été supprimé », a ajouté M. Blanco.

    Il convient toutefois de préciser que « l’article 393 du code pénal (réformé en 2005) a été annulé d’office et « réécrit » par la Chambre constitutionnelle dans la sentence n° 695/2015 du 2 juin 2015″, a déclaré à BBC Mundo José Ignacio Hernández, professeur de droit à l’Université catholique de Caracas et chercheur à la Harvard Kennedy School.

    L’arrêt a introduit deux changements, a expliqué l’expert en droit constitutionnel.

    1) « Réitérant un arrêt de 1999, elle a annulé d’office la partie de la norme se référant à la qualification de la femme pour appliquer la clause d’indemnisation. La partie annulée est la partie soulignée : « Les personnes reconnues coupables de séduction, de viol ou d’enlèvement seront condamnées, à titre d’indemnité civile, si le mariage n’a pas lieu, à payer la femme offensée si elle est célibataire ou veuve et, dans tous les cas, honnête ».

    La partie annulée est celle qui limite l’indemnisation aux cas dans lesquels la victime est « célibataire ou veuve et, en tout cas, honnête » ».

    La Chambre constitutionnelle a jugé que les avantages pénaux reconnus dans le cas du mariage ne s’appliquent pas aux délits de violence de genre, la préférence devant être donnée aux dispositions de la loi organique sur le droit des femmes à une vie sans violence. En pratique, cela implique que les avantages pénaux reconnus à l’article 393 (exemption de la peine « si avant la condamnation elle épouse la personne offensée », ou extinction de l’exécution des peines et de leurs conséquences pénales, « si le mariage a lieu après la condamnation, elles cesseront alors ») ne peuvent être appliqués. Bien que cette partie de la règle n’ait pas été annulée, dans la pratique, l’article a été « réécrit » pour supprimer ces avantages ».

    En résumé, selon la décision n° 695/2015 de la Chambre constitutionnelle, en droit vénézuélien, les avantages qui s’appliquent en cas de mariage ont cessé de s’appliquer, étant entendu que les délits visés à l’article 393 du Code pénal ne peuvent pas conduire à des situations d’impunité contraires à la loi organique sur le droit des femmes à une vie sans violence.

    La loi organique sur le droit des femmes à une vie sans violence doit être appliquée de manière préférentielle par rapport aux avantages pénaux prévus à l’article 393 précité.

    « Par conséquent, le Venezuela ne peut pas être inclus dans les pays dans lesquels un violeur peut avoir des avantages s’il épouse la victime (non pas sur la base du code pénal actuel, mais de la sentence commentée de la Chambre constitutionnelle) », a conclu Hernández. *

    Le cas de la République dominicaine

    « Le code pénal en vigueur en République dominicaine depuis 1884 a une règle (article 356) qui exempte l’agresseur sexuel d’une mineure de toute poursuite pénale – même s’il s’agit d’un inceste – s’il l’épouse », a expliqué à BBC Mundo l’avocate dominicaine Patricia M. Santana Nina, spécialiste du droit constitutionnel avec des études sur le genre et la violence.

     » En d’autres termes, le crime est pardonné si l’agresseur épouse la victime. Cette disposition a été implicitement abrogée récemment, en janvier 2021, par la loi n° 1-21 qui interdit absolument le mariage avec des personnes de moins de 18 ans. Cependant, un projet de code pénal est actuellement débattu dans le pays, qui abrogerait complètement le texte du code pénal ».

    Santana Nina a souligné que la loi qui pardonne l’agresseur sexuel s’il épouse une mineure « s’appliquait, et très fréquemment ».

    « C’est une pratique culturelle néfaste contre laquelle nous luttons encore, car même si le mariage des enfants a été interdit, les unions précoces continuent. »

    En droit fédéral, la section 2243(a) du 18 U.S.C., Abus sexuel d’un mineur, s’applique lorsqu’une personne « se livre sciemment à un acte sexuel avec une autre personne » âgée de 12 à 16 ans, et qui a au moins quatre ans de moins que l’auteur de l’acte, a-t-il ajouté.

     » Cependant, la section 2243(c)(2) du 18 U.S.C. permet une défense à ce crime lorsque ‘les personnes qui ont participé à l’acte sexuel étaient à ce moment-là mariées l’une à l’autre’. Cela signifie qu’au niveau fédéral, le mariage des enfants est considéré comme une défense valable contre le viol statutaire. »

    Le mariage des enfants, et les abus qu’il rend possibles, est une pratique bien ancrée dans de nombreux pays. Le Niger, par exemple, a le taux de prévalence du mariage des enfants le plus élevé au monde (76 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans) », selon le rapport de l’UNFPA.

    Syndicats informels

    L’agresseur sexuel peut échapper à la justice même s’il n’y a pas eu de mariage.

    « Dans la région d’Amérique latine, il existe le phénomène des syndicats informels. Cela permet encore ces unions de filles avec des personnes plus âgées », explique Jiménez.

    « Les filles quittent généralement leur maison pour aller vivre dans celle de l’homme avec lequel elles sont unies, souvent elles vont vivre sous le toit de la famille de l’homme, parfois elles comprennent que la seule possibilité économique est de quitter leur maison.

    Dans le cas de la Bolivie, par exemple, « selon un article de presse, l’union ou la cohabitation de filles de moins de 15 ans existe et est une réalité, malgré le fait que dans la loi bolivienne, c’est un crime pour un adulte de cohabiter avec une fille ou une adolescente », a déclaré Patricia Brañez, représentante en Bolivie du CLADEM (Comité latino-américain et caribéen pour la défense des droits de la femme), à BBC Mundo.

    En Bolivie, environ 22% des adolescentes ont été unies avant l’âge de 18 ans, et 3% avant l’âge de 15 ans, selon le rapport 2015 de l’Unicef « Une approximation de la situation des adolescents et des jeunes en Amérique latine et dans les Caraïbes ».

    « Selon l’enquête sur les ménages de 2017, au moins 12 500 femmes, âgées de 12 à 17 ans, ont déclaré vivre en concubinage. Ces données montrent également que 0,01% des filles âgées de 12 à 14 ans ont été mères », a ajouté M. Brañez.

    « Annihilation de l’esprit »

    « Il est inacceptable qu’en 2021, en République dominicaine et dans d’autres pays, nous ayons encore des dispositions légales qui contiennent la possibilité pour un violeur d’échapper à la justice s’il épouse la victime, que cela se produise pour des crimes aussi graves que la violence sexuelle », a déclaré Barbara Jimenez à BBC Mundo.

    « Il est également inacceptable que dans la loi fédérale américaine, le mariage d’enfants soit considéré comme une défense valable contre le viol légal, et il est inacceptable que dans les pays d’Amérique latine, le mariage avant 18 ans soit autorisé avec des exceptions. »

    « Changer la loi est le premier pas vers l’élimination de la criminalité, de l’inégalité et de ces pratiques néfastes qui limitent le plein développement et l’autonomie des filles et des adolescents ».

    Pour Natalia Kanem, « une femme qui a le contrôle de son corps a plus de chances d’être autonome dans d’autres domaines de sa vie, de prospérer ».

    En revanche, la négation de l’autonomie corporelle, par le biais de lois qui exonèrent le violeur et d’autres pratiques, n’est, selon le chef du FNUAP, « rien de moins qu’une annihilation de l’esprit, et cela doit cesser ».

    * Cet article a été modifié pour inclure la sentence n° 695/2015 de la Chambre constitutionnelle du Venezuela du 2 juin 2015.

    BBC News, 28 avr 2021

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  • Quotidien koweïtien : les produits en provenance du Liban sont surveillés de près

    – Les produits en provenance d’Inde seront également contrôlés en raison du record mondial d’infections au coronavirus dans ce pays.

    Le journal koweïtien Al-Rai a déclaré, lundi, que « les produits libanais sont contrôlés par le ministère du Commerce et de l’Industrie », suite à une décision saoudienne ordonnant de suspendre l’entrée des légumes et fruits en provenance du Liban.

    Riyad a annoncé vendredi la suspension de l’entrée de légumes et de fruits libanais sur ses terres, à compter de dimanche, en raison des opérations de narcotrafic à destination du Royaume, selon un communiqué de l’Intérieur saoudien.

    Le ministère saoudien a affirmé que la décision restera en vigueur « jusqu’à ce que les autorités libanaises concernées présentent des garanties suffisantes et prennent les mesures nécessaires pour mettre fin à ces opérations suspectes ciblant le Royaume ».

    Le journal Al-Rai a rapporté, citant des sources anonymes, que le ministère du Commerce et de l’Industrie du pays a entamé dès dimanche les opérations de contrôle des différentes cargaisons venant du Liban dans les marchés locaux.

    De son côté, le ministère koweïtien des Affaires étrangères a soutenu la décision de l’Arabie saoudite d’interdire l’entrée de légumes et de fruits en provenance du Liban, « en raison de leur exploitation dans le trafic de drogue ».

    Selon le journal, « des instructions ont été émises pour continuer à autoriser l’importation de cargaisons de légumes et de fruits du Liban par voie maritime et aérienne uniquement à l’heure actuelle, et ce, avec un resserrement du contrôle ».

    Dans la même optique, des sources ont évoqué l’existence d’éventuelles opérations similaires visant à surveiller les cargaisons en provenance de l’Inde, au moment où le pays enregistre le plus lourd bilan de contamination au coronavirus dans le monde.

    Pour le quatrième jour consécutif, l’Inde a enregistré dimanche un nouveau record mondial d’infections avec 349 691 cas et 16 960 172 décès.

    Agence Anadolou, 26 avr 2021

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