Étiquette : Libye

  • Large participation internationale à la conférence sur la Libye

    Large participation internationale à la conférence sur la Libye – La tenue de ce sommet à Tripoli lui rend son symbole de capitale de tous les Libyens

    La Conférence ministérielle de soutien à la stabilité de la Libye s’est ouverte, ce jeudi à Tripoli, avec la participation du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.
    « La tenue de ce sommet à Tripoli lui rend son symbole de capitale de tous les Libyens », a déclaré le chef du gouvernement de transition libyen, Abdel-Hamid Dbeibah, lors d’une allocution à l’ouverture du sommet.

    « Les efforts des pays frères et amis ont contribué à mettre fin à la guerre » en Libye, a-t-il souligné, ajoutant que « nous soutenons la Haute Commission électorale pour qu’elle organise les élections à temps… et tous les Libyens doivent respecter les résultats attendus des élections ». Il a également souligné que « la présence militaire étrangère en Libye dérange tout le monde, et un accord doit être trouvé avec toutes les parties pour résoudre le dossier de la présence militaire étrangère en Libye ».

    Il a ajouté : « Notre avenir est entre les mains des Libyens et nous travaillons à une réelle stabilité ».

    « La participation de M. Lamamra à cette Conférence vient confirmer la position constante de l’Algérie et sa solidarité permanente avec le peuple libyen frère afin de rétablir la sécurité et la stabilité et parvenir à la réconciliation nationale », avait indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Cette conférence qui se tient à l’initiative de l’Autorité exécutive libyenne, vise à cristalliser une position internationale et régionale unifiée pour soutenir la vision libyenne dans l’Initiative de stabilité en Libye annoncée par le gouvernement d’Union nationale.

  • 10 ans après, le mystère entoure encore la mort de Kadhafi

    10 ans après, le mystère entoure encore la mort de Kadhafi. Jusqu’à aujourd’hui, les circonstances de son décès ne sont pas claires. La libye encore en guerre.

    C’était il y a dix ans jour pour jour : le 20 octobre 2011, le leader libyen Mouammar Kadhafi était tué. A l’époque, les rebelles du Conseil national de transition (CNT), appuyés par Washington, Paris et Londres, se battent contre l’armée libyenne. Tripoli est aux mains du CNT et Mouammar Kadhafi en fuite. Les rebelles soupçonnent qu’il est retranché à Syrte, sa ville d’origine et lancent un dernier assaut. Dans les heures qui suivent, on apprend sa capture, puis sa mort. Jusqu’à aujourd’hui, les circonstances de son décès ne sont toujours pas claires.

    20 octobre 2011. Il est 13h15, heure locale. Un commandant du CNT, Abdel Madjid, annonce la capture de Mouammar Kadhafi. Après quarante-deux ans de régime autoritaire, celui que l’on nomme le «Guide de la Révolution» est retranché à Syrte, son dernier bastion. A bord d’un convoi de véhicules, il tente de quitter la ville. Le convoi est bombardé par les forces de l’Otan. Mouammar Kadhafi tente de fuir. Certains affirment qu’il aura tenté de se cacher dans des égouts avant d’être capturé par des combattants du CNT. Les premières photos de sa capture le montrent le visage ensanglanté, désorienté. Mais vivant. Quarante minutes plus tard, ce même commandant du CNT déclare que Mouammar Kadhafi serait mort, qu’il aurait succombé à ses blessures. Il faut attendre encore une heure avant d’avoir une confirmation de son décès.

    Que s’est-il passé? Fusillade, explosion de grenade, lynchage…

    Plusieurs versions, mais aucune certitude. Plusieurs versions existent sur les circonstances de sa mort qui, aujourd’hui encore, restent floues, explique Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe.

    Selon la version officielle des autorités libyennes, Mouammar Kadhafi est mort d’une balle dans la tête lors d’une fusillade entre ses partisans et les forces rebelles. Cependant, des vidéos filmées par des combattants du CNT et recueillies par l’organisation Human Rights Watch le montre capturé, vivant, mais saignant abondamment d’une blessure à la tête. Celle-ci aurait été provoquée par les éclats d’une grenade jetée par l’un de ses gardes du corps, selon l’ONG. Une autre vidéo le montre étant passé à tabac par les forces de l’opposition.

    Dans un témoignage recueilli par l’ONG, un commandant d’une brigade de Misrata, présent lors de son arrestation, avoue que c’était la pagaille. «Il y avait de nombreux combattants…», dit-il, «des gens lui tiraient les cheveux, le battaient, lui donnaient des coups de baïonnette». «Mouammar Kadhafi a été ciblé par un raid aérien de l’Otan, notamment des Français et des Britanniques. (…) Il a été blessé à la tête, a essayé de fuir et a été cueilli par plusieurs révolutionnaires. C’est après que les conditions de sa mort sont ambigues.»

    Au moment où il est chargé dans une ambulance qui doit l’emmener vers Misrata, Mouammar Kadhafi semble sans vie, raconte l’ONG qui réclame une enquête.

    Le Carrefour d’Algérie, 20/10/2021

  • Point de presse quotidien du Bureau de l’ONU

    ONU, Ethiopie, santé, crimes, réfugiés, questions humanitaires, Eswatini, Haiti, Afghanistan, RDC, Congo, Syrie, Libye,

    Ce qui suit est une transcription quasi textuelle de l’exposé de midi d’aujourd’hui par Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général.

    ** Briefing hybride aujourd’hui

    Dans peu de temps, évidemment, nous aurons Monica [Grayley] pour vous informer au nom du [Président de l’Assemblée générale], puis, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, c’est Irene Khan, et elle sera ici dans cette salle pour vous informer.

    ** Éthiopie

    Depuis l’Éthiopie, nous avons reçu des rapports alarmants d’attaques aériennes ce matin, et celles-ci ont apparemment eu lieu dans les zones résidentielles de la capitale du Tigré, Mekelle. Nous essayons toujours de vérifier les détails des frappes aériennes, mais nous sommes profondément préoccupés par l’impact potentiel sur les civils qui résident ou travaillent dans les zones touchées.

    Le Secrétaire général est profondément préoccupé par l’escalade du conflit dans le nord de l’Éthiopie, comme l’illustrent les frappes aériennes à Mekelle aujourd’hui. Il souligne que toutes les parties doivent éviter de cibler des civils ou des infrastructures civiles. Le Secrétaire général réitère son appel à l’arrêt de toutes les hostilités. Il exhorte les parties à donner la priorité au bien-être de la population et à fournir le soutien nécessaire à l’acheminement de l’aide humanitaire essentielle, notamment en facilitant la circulation du carburant et des médicaments.

    Comme nous vous l’avons dit, le manque de fournitures essentielles, en particulier d’argent et de carburant, perturbe gravement les opérations d’aide au Tigré, où au moins 400 000 personnes sont confrontées à des conditions de famine.

    Et nous rappelons une fois de plus à toutes les parties au conflit leurs obligations en vertu du droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles. Cela comprend des centaines de travailleurs humanitaires sur le terrain qui travaillent sans relâche pour fournir une assistance à des millions de civils pris dans les combats.

    Et ce fait que les civils soient pris dans les combats et les combats eux-mêmes nous oblige à réduire les opérations de sauvetage lorsque les gens en ont le plus besoin, y compris les distributions de nourriture, la distribution d’eau et les services de santé.

    Dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar, notre capacité à atteindre les personnes qui ont un besoin urgent d’assistance – y compris de nombreuses personnes qui ont été déplacées à plusieurs reprises – a été entravée par l’escalade des combats.

    Nous appelons instamment toutes les parties à autoriser et à faciliter le passage rapide et sans entrave des fournitures de secours et du personnel humanitaire vers toutes les zones ayant des besoins humanitaires, y compris celles touchées par les récents combats. Ces fournitures comprennent du carburant et de l’argent, sans lesquels les humanitaires ne peuvent pas faire leur travail, et des médicaments, afin que nos collègues puissent atteindre les personnes qui ont désespérément besoin d’aide.

    ** Eswatini

    J’ai une déclaration sur la situation à Eswatini :

    Le Secrétaire général suit avec préoccupation les événements en cours à Eswatini, notamment le récent déploiement de forces de sécurité armées dans diverses écoles, les informations faisant état d’un recours excessif à la force en réponse aux manifestations d’étudiants et la fermeture indéfinie d’écoles. Cela affecte négativement les enfants et les jeunes.

    Le Secrétaire général réitère l’importance de permettre au peuple d’Eswatini d’exercer pacifiquement ses droits civils et politiques. Il exhorte le gouvernement à veiller à ce que les forces de sécurité agissent conformément aux normes internationales pertinentes en matière de droits de l’homme, y compris la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.

    Il condamne tous les actes de violence et exhorte toutes les parties et les médias à s’abstenir de désinformation, de discours de haine et d’incitation.

    Nous restons déterminés à travailler avec le gouvernement et le peuple d’Eswatini, et tous les partenaires, pour parvenir à un règlement pacifique.

    ** Afghanistan

    Passons à l’Afghanistan : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont annoncé aujourd’hui la reprise des vaccinations contre la polio à domicile dans tout le pays, et c’est la première fois en trois ans.

    La campagne, qui reprendra le 8 novembre, cible plus de 3,3 millions d’enfants qui étaient auparavant restés inaccessibles à une campagne de vaccination. Une deuxième campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite sera synchronisée avec la campagne contre la poliomyélite au Pakistan en décembre.

    Pendant ce temps, avant l’hiver, la communauté humanitaire s’intensifie pour aider des milliers de familles avec une aide en espèces, des vêtements chauds, des couvertures, de l’argent pour le loyer et la réparation d’abris. Des évaluations des besoins sont en cours dans tout le pays.

    Nos collègues humanitaires nous disent que les distributions d’aide continuent. La semaine dernière, plus de 56 000 personnes dans l’est du pays ont reçu une aide humanitaire d’urgence. Il s’agit notamment de 54 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire qui ont reçu des rations alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que de 2 100 personnes déplacées à l’intérieur du pays et 259 rapatriés.

    Près de 39 000 personnes ont besoin d’une aide alimentaire dans les provinces de Nangarhar, Kunar et Laghman.

    L’appel éclair pour l’Afghanistan, qui recherche un peu plus de 606 millions de dollars pour aider 11 millions de personnes jusqu’à la fin de cette année, est financé à 45 %. Ce nombre augmente, mais nous avons encore besoin de plus de transformation des promesses de dons en espèces.

    ** Haïti

    Sur Haïti, nos collègues sur le terrain nous disent que la recrudescence récente de la violence des gangs, y compris les enlèvements, impacte les opérations de secours.

    Le représentant résident du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) – qui agit actuellement en tant que coordonnateur résident et humanitaire, Fernando Hiraldo – déclare que la violence, les pillages, les barrages routiers et la présence persistante de gangs armés constituent tous des obstacles à l’accès humanitaire. La situation est encore compliquée par de très graves pénuries de carburant et une offre réduite de marchandises.

    M. Hiraldo a ajouté que l’insécurité croissante non seulement entrave la réponse humanitaire, mais crée de nouveaux besoins humanitaires. Depuis juin, la violence des gangs à Port-au-Prince a déplacé au moins 19 000 personnes et touché plus de 1,5 [million] de femmes, d’hommes et d’enfants.

    Haïti, comme vous le savez, traverse de multiples crises, dont les séquelles du séisme du mois d’août. Dans tout le pays, 4,3 millions de personnes connaissent un niveau élevé d’insécurité alimentaire, contre 4 millions en août de l’année dernière.

    ** Colin Powell

    En réponse aux questions que j’ai reçues ce matin, je peux vous dire que le Secrétaire général est attristé par le décès de Colin Powell, l’ancien secrétaire d’État américain.

    M. Powell, qui a été le premier secrétaire d’État afro‑américain, a mené une brillante carrière, tant dans le domaine de la défense que de la politique étrangère.

    Le Secrétaire général présente ses sincères condoléances à la famille endeuillée, au Gouvernement et au peuple des États-Unis.

    ** République Démocratique du Congo

    Quelques annonces de voyage à faire : le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, se rendra demain en République démocratique du Congo. Il [sera là jusqu’au dimanche 24 octobre]. La visite sera l’occasion d’évaluer les développements récents liés à la situation politique et sécuritaire, ainsi que les principaux défis associés à la mise en œuvre du mandat de la Mission des Nations Unies.

    Au cours de sa visite, M. Lacroix rencontrera les autorités nationales et provinciales, des représentants clés de la politique et de la société civile, notamment des associations de femmes et de jeunes, ainsi que des chefs religieux. Dans la province du Tanganyika, M. Lacroix portera une attention particulière à la transition de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO). Au Nord-Kivu, il fera le point sur les efforts de la Mission pour relever les défis politiques et sécuritaires persistants et échangera sur les façons dont l’ONU peut au mieux relever ces défis.

    Il exprimera aussi, bien entendu, son soutien et sa reconnaissance pour le travail que nos collègues font là-bas sur le terrain.

    ** Libye

    La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, est arrivée en Libye pour le début d’une visite de cinq jours qui la verra discuter du soutien de l’ONU au processus politique et d’autres questions, notamment le retrait des forces étrangères et mercenaires et les prochaines élections. A Tripoli aujourd’hui, elle devait rencontrer le Premier ministre Abdul Hamid Debeibah, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Khaled Mazen, et les adjoints du président du Conseil de la présidence.

    Le vendredi 22 octobre, Mme DiCarlo doit se rendre en Tunisie avant de retourner à New York.

    ** République Centrafricaine

    En ce qui concerne la République centrafricaine, vous aurez vu au cours du week-end que le Secrétaire général s’est félicité de la déclaration unilatérale d’un cessez-le-feu annoncée par le Président Faustin Archange Touadéra.

    Le Secrétaire général a salué cette étape cruciale, conformément à la Feuille de route commune pour la paix en République centrafricaine, adoptée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, et a appelé toutes les autres parties à respecter immédiatement ce cessez-le-feu et à renouveler leurs efforts pour mettre en œuvre l’accord de paix de 2019.

    Cette déclaration a été partagée avec vous.

    ** Conseil de sécurité

    Et ici au Conseil de sécurité, la République centrafricaine était aussi à l’ordre du jour.

    Le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), Mankeur Ndiaye, a également félicité le Président et son gouvernement pour la déclaration de cessez-le-feu, la qualifiant de grande ouverture au dialogue. Il a également appelé tous les groupes armés et leurs dirigeants à souscrire sincèrement au processus de paix.

    La mission de l’ONU, a-t-il ajouté, entend faire un usage optimal de ses bons offices et de sa Force pour accroître la contribution des partenaires internationaux au processus de paix.

    M. Ndiaye a conclu son propos en appelant au soutien de tous les membres du Conseil pour s’engager, tant séparément que collectivement, avec tous les acteurs centrafricains et de la région pour faire de la cessation immédiate des hostilités et du cessez-le-feu une réalité.

    ** Syrie

    Vous aurez vu que la Sixième Session du Comité Constitutionnel Syrien Small Body a commencé ses travaux aujourd’hui à Genève. Cette convocation faisait suite à une série de réunions dimanche au cours desquelles l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, s’est réuni avec les coprésidents désignés par les parties.

    M. Pedersen a annoncé que les parties étaient parvenues à un consensus sur la manière d’aller de l’avant et que les deux coprésidents étaient convenus de lancer un processus de rédaction d’une réforme constitutionnelle en Syrie. L’Envoyé a également souligné que le processus constitutionnel est important mais ne peut à lui seul résoudre le conflit.

    ** COVAX

    Une mise à jour rapide de COVAX en provenance de Colombie : ils ont reçu 2,6 millions de doses via COVAX aujourd’hui. Cela porte le nombre total de doses qu’ils ont reçues via COVAX à plus de 10,8 millions, aidant les autorités à poursuivre le déploiement de la [campagne de vaccination].

    Au cours du week-end, le Guatemala a reçu plus de 155 000 doses données par l’Espagne via COVAX, et nous les remercions. Le Guatemala a maintenant reçu plus de 2,2 millions de doses [via COVAX].

    Comme vous le savez, l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) fournit un soutien logistique sur les vaccins dans la région.

    ** Contribution financière

    Et, enfin, je tiens à remercier le Bélarus pour son versement intégral au budget ordinaire. Nous sommes maintenant à 131 [pays entièrement libérés].

    ** Questions et réponses

    Benno ?

    Question : Suivi de Colin Powell. Il y a eu son célèbre discours en 2003 au Conseil de sécurité. Cela a-t-il une influence sur la façon dont les Nations Unies se souviennent de lui ?

    Porte – parole : Je veux dire, un homme qui a occupé des postes de direction au fil des ans aux États-Unis et dans le pays hôte est décédé, et nous lui adressons nos pensées et nos condoléances ainsi qu’à sa famille.

    Edie puis James.

    Question : Merci, Steph. Un suivi d’abord sur l’Éthiopie. Quelle est la présence de l’ONU à Mekelle, où ont eu lieu ces attaques aériennes frappant des civils ?

    Porte – parole : Nous avons… Je ne vais pas entrer dans les chiffres exacts, mais nous en avons quelques centaines sur le terrain. Mais à la lumière des contraintes opérationnelles et de la situation sécuritaire fragile dans le nord de l’Éthiopie, nos partenaires humanitaires ont constamment revu leur présence pour s’assurer qu’ils sont en mesure de soutenir les opérations et de maintenir leur devoir de diligence envers leur personnel sur le terrain.

    La semaine dernière, plusieurs organisations humanitaires ont réduit leur présence au Tigré, notamment en raison de l’absence de fournitures essentielles, notamment de carburant. Au total, il y a environ 1 300 travailleurs humanitaires au Tigré.

    Question : Et cela inclut… uniquement l’ONU ou l’ONU et les partenaires humanitaires ?

    Porte – parole : Ce sont nous et nos partenaires humanitaires.

    Question : Et une autre question, sur la République centrafricaine, l’ONU a été critiquée par au moins un membre du Conseil de sécurité pour avoir fait un rapport qui faisait référence aux partenaires bilatéraux du Gouvernement sans les nommer. Pouvez-vous nous dire pourquoi ces partenaires n’ont pas été nommés ?

    Porte – parole : Non, je… le rapport a été publié, rendu public. Je n’ai rien à ajouter.

    James?

    Question : Donc, vous dites qu’il y a plusieurs centaines d’agents de l’ONU à Mekelle. Le gouvernement… le porte-parole du gouvernement éthiopien dit que… que « les frappes aériennes n’ont pas eu lieu ; c’est un mensonge absolu. Pourquoi le gouvernement éthiopien attaquerait-il sa propre ville ? Mekelle est une ville éthiopienne. Alors, pouvez-vous confirmer que ces frappes aériennes ont bel et bien eu lieu à partir de votre personnel au sol ?

    Porte – parole : D’accord. Tout d’abord, je voulais dire quelques centaines… de personnel de l’ONU au Tigré. D’accord.

    Question : Pas à Mekelle… ? [Discussion croisée]

    Porte – parole : Exactement. Nous avons un numéro à Mekelle. Je ne peux pas m’inquiéter que ces frappes aériennes aient eu lieu. Nous voyons ces rapports. Nous les examinons.

    Question : Pourriez-vous essayer de nous répondre plus tard dans la journée ? Parce que si vous avez du personnel là-bas, il est assez important que nous le découvrions. [Discussion croisée]

    Porte – parole : Ouais. Oui. Bien sûr.

    Question : Si ce sont des frappes aériennes qui ont eu lieu, est-ce que c’est quelque chose, étant donné qu’il s’agit d’une ville d’environ un demi-million d’habitants, cela pourrait constituer des crimes de guerre ?

    Porte – parole : Ce qui est clair, c’est que les civils ne doivent jamais être ciblés. Les infrastructures civiles ne devraient jamais être ciblées. Ce sont des principes humanitaires de base. Quant à ce qui s’est passé exactement, nous n’avons pas assez de détails à ce stade.

    Question : Et pourrais-je en avoir un sur le Myanmar, où des prisonniers sont en train d’être libérés… Je pense que 5 600 sont censés être libérés. Quelle est la réaction de l’ONU face à la libération de prisonniers politiques au Myanmar ?

    Porte – parole : Je veux dire, nous avons vu ces… nous sommes au courant de ces rapports. Nous essayons d’obtenir plus de détails à ce sujet depuis notre bureau de pays.

    Je veux dire, comme vous le savez, le Secrétaire général a appelé à plusieurs reprises à la libération des prisonniers, à la fin des violences, à la fin de la répression que nous avons connue, et à ce que tout le monde… tous les prisonniers politiques soient libérés , y compris, bien sûr, Aung San Suu Kyi et le président Win Myint.

    D’accord. Madame?

    Question : Steph, pour revenir à ce que Benno a dit tout à l’heure, voici un homme, Colin Powell, qui a menti aux membres du Conseil de sécurité et, grâce à lui, nous sommes allés à la guerre. Alors, devons-nous le traiter comme s’il était un héros ?

    Porte – parole : Je ne vais pas remettre en cause ce qui s’est passé au Conseil de sécurité ou ce qui s’est passé en Irak. Je pense que la position de l’ONU à l’époque était très claire. Un homme est décédé et nous lui adressons nos condoléances ainsi qu’à sa famille.

    Correspondant : Mais à l’époque, l’ONU était contre cette guerre, et Kofi Annan l’a clairement dit.

    Porte – parole : J’y étais. J’étais là. Merci.

    D’accord. Attendez. Rick, vous avez une question sur Haïti, puis nous retournerons dans la salle.

    Question : Oui, Steph. J’ai une question sur Haïti construite autour du kidnapping de masse des missionnaires et des enfants qui s’est produit au cours du week-end. Le Secrétaire général pense-t-il qu’il est temps pour… que les Nations Unies renforcent leur Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) pour… et notamment pour redéployer les forces de maintien de la paix en Haïti ? Quel est son point de vue sur ce sujet ?

    Porte – parole : Le Conseil de sécurité vient de prendre une décision sur ce que devrait être la présence de l’ONU en Haïti. Ils ont pris cette décision à un long débat vendredi. Nous continuerons, dans le cadre de ce mandat, à travailler avec les autorités haïtiennes pour renforcer les institutions démocratiques et l’ordre public d’Haïti.

    Je veux dire, pour le Secrétaire général, il est très préoccupé par ce que nous voyons, par la détérioration dramatique de la situation sécuritaire, qui inclut ces enlèvements endémiques. Je veux dire, certains font les gros titres et d’autres pas, mais nous savons que les enlèvements sont monnaie courante.

    Il incombe au gouvernement d’Haïti de se concentrer sur les défis sécuritaires, notamment de redoubler d’efforts pour réformer et renforcer la capacité de la police nationale à assurer la sécurité publique, et tous ces crimes doivent faire l’objet d’enquêtes.

    Iftikhar, et puis je reviendrai vers vous.

    Question : Merci, Steph. Dans une lettre aux talibans, Malala Yousafzai a lancé un appel puissant pour que les filles retournent à l’école secondaire. Le Secrétaire général a-t-il un commentaire à faire là-dessus ?

    Porte – parole : Nous avons toujours cru fermement que les filles devraient avoir les mêmes opportunités académiques que les garçons en Afghanistan. Je pense que nous avions ici jeudi ou vendredi le directeur adjoint de l’UNICEF qui l’a dit très clairement également, et c’est le message que nous avons transmis à nos interlocuteurs en Afghanistan.

    Benno ?

    Question : Merci. Il y a des rapports sur une nouvelle arme hypersonique en provenance de Chine. La Chine n’a pas vraiment précisé ce que c’était. Y a-t-il quelque chose que vous en savez ? Et aussi, y a-t-il de quoi s’inquiéter?

    Porte – parole : Personnellement, je… nous n’avons aucune information à part ce qui se passe dans la presse. Donc, je n’ai pas de commentaire sur un cas particulier, mais nous sommes très préoccupés par l’absence de progrès que nous avons constaté au niveau mondial sur les questions de désarmement.

    D’accord. Laissez-moi voir s’il y a des questions dans le chat. Sinon, nous allons maintenant passer la parole à Monica, et alors s’il vous plaît ne le faites pas pour… oh, James et ensuite l’invité après ça. Oui?

    Question : Ouais. Juste j’en ai eu un autre sur le Myanmar. L’envoyée spéciale de l’ONU, Christina Schraner Burgener, se retire très prochainement. Nous le savons depuis un certain temps. Avons-nous un nouveau…

    Porte – parole : Nous espérons avoir quelqu’un annoncé…

    Correspondant : Avant que son temps ne soit écoulé. Je veux dire, ça… [Discussion croisée]

    Porte – parole : Je ne veux pas dire… Non, c’est clairement… nous savons… comme vous l’avez dit, nous savons cela depuis un certain temps et un départ annoncé , comme nous le disons, donc nous espérons avoir quelqu’un annoncé bientôt.

    Question : D’accord. Et dernière chose, en ce qui concerne le COVID dans ce bâtiment et les journalistes qui doivent maintenant montrer leur statut vaccinal, je voulais vérifier parce que l’ONU a dit que le personnel de l’ONU orienté vers l’avant est censé être vacciné. Comment se passe la conformité ? Les gens y obéissent-ils ? Êtes-vous… [Discussion croisée]

    Porte – parole : Nous sommes… Je veux dire, nous n’avons aucun problème de conformité pour autant que je sache de ce côté-là.

    D’accord. Benno ?

    Question : je suis désolé. Juste un suivi. Donc, cette règle est déjà en place, n’est-ce pas, puisque… [Discussion croisée]

    Porte – parole : C’est exact, pour le Général… c’était en place… a commencé à être en place pour l’Assemblée Générale.

    Correspondant : Parce que je devais envoyer mon vaccin COVID…

    Porte – parole : Non, non, non. Je suis désolé. On parle du personnel.

    Concernant les journalistes, c’est quelque chose que nous avions demandé, je pense, un délai du 15 octobre ; nous l’avons prolongé de quelques jours. Mais nous sommes… Je suis personnellement très catégorique pour que les gens dans cette pièce soient complètement vaccinés.

    Question : Avez-vous un certain nombre de…

    Porte – parole : Pour les journalistes ?

    Question : Peut-être pour les journalistes et tous ensemble pour les gens qui ont juste refusé et dit non, alors je ne reviens pas ?

    Porte – parole : Non, je n’ai pas de chiffres pour le personnel là-dessus. Et les journalistes, je pense, la preuve sera dans le pudding de qui vous voyez dans cette pièce et qui vous ne voyez pas dans cette pièce. [Rire]

    Edie Lederer ?

    Question : Juste une dernière question à ce sujet. La sécurité de l’ONU va-t-elle obtenir une liste des personnes qui n’ont pas soumis d’informations sur la vaccination ? [Discussion croisée]

    Porte – parole : Je veux dire, le but est de faire en sorte que les personnes qui n’ont pas… les journalistes qui n’ont pas soumis les informations de vaccination n’aient pas accès à ce bâtiment dans un court laps de temps. Le taux de vaccination du personnel de l’ONU, m’a-t-on dit, par mon fidèle personnel est d’environ 87,08 % de personnes entièrement vaccinées, le personnel au total.

    Question : [Hors micro, inaudible]

    Porte – parole : Non, le personnel orienté vers l’avant, je pense que tous ceux qui étaient censés être vaccinés parce qu’ils sont orientés vers l’avant ont été vaccinés, mais c’est rapporté, autodéclaré.

    D’accord. Monica, et s’il te plaît, n’oublie pas le rapporteur spécial après. Merci.

    UN Press, 18/10/2021

  • Le conflit franco-algérien expliqué aux naïfs

    Algérie, France, Emmanuel Macron, visas, Maroc, Sahara Occidental, Libye, Mali, Sahel,

    Pour les naïfs, les causes de la tension entre Paris et Alger sont :

    • Les déclarations de Macron sur l’histoire de l’Algérie et la question des visas ne passent pas
    • L’Algérie de la France attend des excuses pour les crimes coloniaux
    • La France n’a pas pardonné au FLN son départ de l’Algérie
    • L’Algérie exige « respect total » de la France, à la suite d’une querelle diplomatique sur les visas et des commentaires critiques de Paris sur le pays d’Afrique du Nord.
    • L’Algérie accuse l’ancienne métrople de « génocide » et a rappelé son ambassadeur de Paris le 2 octobre en colère contre ce qu’elle a qualifié de propos « inadmissibles » attribués au président français Emmanuel Macron.
    • Le rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie de France pour « consultations » est intervenu dans un contexte de tension autour d’une décision française de réduire fortement le nombre de visas qu’elle accorde aux citoyens algériens, marocains et tunisiens.

    La réalité :

    L’Algérie désire mettre fin à la source de tous les problèmes de l’Afrique du Nord : La politique de tension de la France:

    -Son soutien au statu quo au Sahara Occidental, sa guerre contre Kadhafi et les problèmes qui en ont résulté, son soutien aux mercenaires de Haftar en Libye, son échec au Mali…)

    -Son silence sur les scandales du Maroc : Espionnage, Pegasus, terrorisme, chantage à l’émigration
    -Les attaques des responsables et des médias dirigées contre l’Algérie accompagnées de louanges et des déclarations mielleuses à l’adresse du Maroc.
    -Ses critiques à la « répression en Algérie » et son silence sur le supplice du peuple marocain

    En France, la vision de l’Algérie est celle d’un pays acculé depuis le dénommé Printemps Arabe et tremble face à l’idée de suivre le sort de la Libye de Kadhafi. De ce fait, le président Abdelmadjid Tebboune, après avoir renforcé l’Etat algérien avec des institutions démocratiques soutenues par la jeunesse du Hirak authentique, est déterminé à rendre à l’Algérie le rôle qui lui correspond en tant que première puissance militaire et économique du Maghreb. Dans cette voie, le courage et la détermination du président turc Tayyip Erdogan en Syrie, en Libye et en Chypre est un exemple à suivre pour l’équipe de Tebboune.

    La situation politique et sociale des peuples de la région restera une utopie en raison des velléités colonialistes et impérialistes de la France. Par conséquent, la solution passe par la lutte contre toute trace de la France. Dans ce contexte, les pas suivis par Alger sont :

    -La prise en main du contentieux du Sahara Occidental utilisé par la France pour régler ses comptes avec l’Algérie

    -La rupture avec le Maroc.

    -La fermeture du ciel algérien aux aéronefs militaires françaises en solidarité avec le Mali qui tente de sortir de l’emprise de la Françafrique.

    Et ce n’est que le début. Il faut s’attendre à davantage de rebondissement du réveil algérien qui promet des changements décisifs dans la région.

  • Libye : plan d’action global pour le retrait des mercenaires

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    Des délégations militaires libyennes se sont mises d’accord, hier, sur un «plan d’action global» pour le retrait des mercenaires et troupes étrangères présents sur le sol libyen, a annoncé l’ONU.

    Ce plan d’action du comité militaire «5+5» sera «la pierre angulaire d’un processus graduel, équilibré et séquencé de retrait de tous les mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères du territoire libyen», a affirmé dans un communiqué l’ONU, qui a parrainé à Genève une réunion de trois jours du comité militaire.

    Le chef de la Mission onusienne en Libye, Jan Kubis, a salué ce plan comme un «percée décisive», qui «crée une dynamique positive sur laquelle il convient de s’appuyer pour avancer vers une étape stable et démocratique, notamment par la tenue d’élections nationales libres, crédibles et transparentes le 24 décembre, avec des résultats acceptés par tous».

  • Analyse: L’alliance Maroc-Israël et les pays d’Afrique du Nord

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    Ce n’est un secret pour personne que la plupart des pays d’Afrique du Nord n’aiment pas Israël. Lorsque l’État juif a été créé en 1948, aucun pays d’Afrique du Nord ne l’a reconnu. Par conséquent, les Juifs vivant en Afrique du Nord – Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie – ont été contraints de fuir ou sont partis de leur plein gré car ils ne se sentaient plus en sécurité. Entre 1948 et le début des années 1970, on estime que quelque huit cent mille Juifs ont été expulsés ou ont quitté leur patrie arabe.

    L’année 2020 a marqué un tournant pour ce triste chapitre de l’histoire. Le 13 août 2020, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont signé les accords d’Abraham, reconnaissant officiellement l’État d’Israël. D’autres pays à majorité arabe et musulmane ont rapidement suivi le mouvement. Quelques mois plus tard, le 10 décembre 2020, le Maroc a signé un accord de normalisation avec Israël, devenant ainsi le deuxième pays d’Afrique du Nord – après l’Égypte en 1978 avec les accords de Camp David – à reconnaître l’État juif. Israël a également signé un accord avec le Soudan le 23 octobre 2020 dans le cadre de ces accords.

    Si les accords d’Abraham ont rapproché certains pays arabes de l’Occident et d’Israël, ils ont sans aucun doute créé des gouffres avec d’autres. L’accord entre Israël et le Maroc a déclenché une série d’événements en chaîne dans les pays voisins d’Afrique du Nord, qui auront probablement des conséquences durables sur les relations économiques, sécuritaires et sociopolitiques dans la région.

    Israël et le Maroc : plus qu’une relation cordiale

    Les relations entre le Maroc et Israël ont toujours été plus que cordiales. Bien que le Maroc n’ait pas reconnu officiellement Israël avant les accords d’Abraham, il a maintenu des liens informels avec l’État juif et, contrairement à de nombreux autres pays arabes, a autorisé les Israéliens à visiter le pays. Rien qu’en 2020, environ soixante-dix mille Israéliens ont visité le Maroc.

    Le Maroc est l’un des quatre pays de la Ligue arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham. Rabat l’aurait fait en partant du principe que les États-Unis reconnaîtraient les revendications du pays sur le Sahara occidental, un territoire contesté que le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie prétendent leur appartenir depuis 1975, date à laquelle l’Espagne s’est retirée du territoire.

    La relation entre le Maroc et Israël a de fortes racines historiques. Le Maroc a abrité la plus grande communauté juive du monde arabe, dont la plupart sont venus d’Espagne après l’expulsion de 1491 par la monarchie catholique espagnole. Après la création de l’État d’Israël en 1948, de nombreux Juifs marocains ont été contraints d’émigrer vers le pays en raison de la montée de l’antisémitisme dans les villes locales du Maroc. Aujourd’hui, Israël abrite environ un million de Juifs marocains et entretient des liens étroits avec le Royaume.

    Comme mentionné précédemment, Israël et le Maroc ont officialisé leur amitié de longue date – bien que cachée – en décembre 2020, lorsqu’ils ont signé un accord de normalisation garantissant « des relations diplomatiques, pacifiques et amicales complètes » sous le patronage des États-Unis. Alors que le Maroc a tenté de minimiser les accords dans son pays, en affirmant qu’une normalisation complète avec Israël n’était pas envisageable, la communauté internationale a perçu la signature des accords autrement. Il était clair dès le départ que les deux pays avaient opéré un rapprochement diplomatique, renforçant les liens bilatéraux et la coopération dans les domaines du commerce, du tourisme et de la défense. Des vols officiels directs entre Tel Aviv et Marrakech ont même débuté. En juillet, les deux pays ont signé un accord officiel sur la cybersécurité afin de partager les informations, la recherche et le développement en matière de cyberguerre. Le 11 août, le ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, s’est rendu au Maroc, signalant que son gouvernement place ses relations avec le Maroc en tête de ses priorités.

    Les liens maroco-israéliens et ce qu’ils signifient pour l’Afrique du Nord

    Les réactions à la normalisation du Maroc avec Israël ont été mitigées parmi les autres pays d’Afrique du Nord. L’Algérie n’a pas perdu de temps pour instrumentaliser les accords d’Abraham en utilisant une rhétorique agressive et anti-israélienne pour justifier ses différends avec le Maroc. En décembre 2020, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djera a décrié l’accord comme une démarche visant à rapprocher « l’entité sioniste » de la frontière algérienne. Alger a également utilisé l’accord comme bouc émissaire pour expliquer les récents incendies de forêt qui ont dévasté le pays, insistant sur le fait qu’Israël en est à l’origine. Le 25 août, l’Algérie a annoncé sa décision de couper tous les liens diplomatiques avec le Maroc dans le but d’ »éradiquer totalement » le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, qui est un mouvement terroriste qui « reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères… le Maroc et l’entité sioniste », selon Alger.

    En conséquence, l’Algérie a également renforcé son alignement sur la Chine et la Russie. L’Algérie partage des relations bilatérales étroites avec la Russie, notamment en matière de coopération dans le domaine de la défense, et les deux pays se rencontrent régulièrement dans le cadre d’une commission économique conjointe pour discuter des options de partenariat. L’Algérie et la Chine partagent également des liens étroits, comme en témoignent les plans de développement nationaux qu’elle a signés avec la Chine dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » pour stimuler l’industrialisation du pays, entre autres. Il n’est pas surprenant qu’ils aient été signés six mois seulement après que le Maroc a officialisé les accords avec Israël. Dans les années à venir, l’Algérie cherchera probablement à resserrer ses liens bilatéraux avec Pékin et Moscou pour contrer ce qu’elle perçoit comme un complot pro-marocain dirigé par l’Occident sur le Sahara occidental via les accords d’Abraham.

    L’Égypte a, sans surprise, répondu positivement à la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, ayant déjà une relation tiède avec l’État juif. Cependant, il est difficile de prévoir vers qui le Caire se tournera ensuite. L’Égypte et l’Algérie entretiennent traditionnellement de bonnes relations qui remontent au soutien de l’Égypte au Front de libération nationale algérien pendant sa guerre d’indépendance contre la France entre 1954 et 1962. L’Égypte s’intéresse de près aux événements qui se déroulent dans le pays voisin, la Libye, car elle espère voir l’Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar l’emporter dans le conflit. Elle a récemment trouvé un terrain d’entente avec l’Algérie sur la crise libyenne afin de parvenir à une plus grande « stabilité et sécurité » dans le pays. L’accord du Caire avec Alger au sujet de la Libye pourrait inciter l’Égypte à s’opposer au Maroc dans le but de montrer son soutien à l’Algérie, renforçant ainsi leur alliance, étant donné que l’Égypte a déjà soutenu le Front Polisario au sujet du Sahara occidental contesté. L’empressement du Caire à s’intéresser à l’avenir de la Libye pourrait amener l’Égypte à prendre ses distances par rapport à la reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines sur le Sahara occidental.

    La Tunisie, comme la Libye, est trop occupée à gérer ses problèmes intérieurs pour porter son attention sur les Accords d’Abraham. La Tunisie est confrontée à une crise constitutionnelle potentielle après que le président Kais Saied a annoncé le gel indéfini du parlement fin août et tente de centraliser les pouvoirs entre ses mains. En août, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a soutenu les actions de Saied, signalant un alignement entre les deux nations d’Afrique du Nord. Il convient de noter que la Tunisie n’a jamais caché sa désapprobation des accords. Par conséquent, un front anti-Maroc composé de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte n’est pas à exclure.

    Les liens Maroc-Israël : Quelle sera la suite ?

    Le renforcement actuel des liens entre Israël et le Maroc met en lumière, une fois de plus, à quel point l’équilibre en Afrique du Nord est vraiment tendu. Si la reconnaissance d’Israël s’inscrit dans une stratégie plus large menée par les États-Unis, susceptible d’unir plusieurs pays arabes sous un front commun, la réalité est bien plus complexe. Le Maroc est prêt à renforcer ses liens avec Israël, comme en témoigne l’annonce faite en août de l’ouverture d’une ambassade en Israël, mais il devra également faire face à la tâche ardue d’expliquer aux Palestiniens que le Maroc soutient toujours leur cause. Quoi qu’il en soit, il est clair que le Maroc a l’intention d’accroître son importance stratégique sur la scène mondiale, en particulier en Afrique du Nord, et les accords d’Abraham sont le point de départ idéal.
    Par Karim Mezran et Alissa Pavia

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative pour l’Afrique du Nord et membre senior résident du Centre Rafik Hariri et des programmes pour le Moyen-Orient au Conseil de l’Atlantique.

    Alissa Pavia est directrice adjointe de l’Initiative pour l’Afrique du Nord au sein du Centre Rafik Hariri et des Programmes pour le Moyen-Orient du Conseil Atlantique.

    Atlantic Council, 07/10/2021

  • « Une diplomatie aux positions de principe et au rôle proactif »

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    Quelles sont les nouvelles orientations diplomatiques de l’Algérie ?

    La nouvelle orientation diplomatique de notre pays consiste en l’adoption d’une politique étrangère dynamique et proactive. Seule cette démarche permettra à notre pays de s’assurer une place prépondérante et de choix sur la scène internationale, et ceci, à la hauteur non seulement de son ambition, mais également de sa vocation de véritable «puissance régionale». Il est utile de faire remarquer que cette démarche politique extérieure, qui rentre dans le cadre de la politique de redressement national impulsée par le président de la République depuis sa prise en main des affaires de l’Etat, porte comme objectif le renouveau national. Dans ce cadre, il y a lieu de noter que la nouvelle orientation de la politique étrangère a pour ambition première d’assurer à l’Algérie la place et le rôle qui lui reviennent de droit dans le concert des nations en sa qualité de puissance régionale, faut-il le rappeler.

    Sur quels principes se fondera notre diplomatie ?

    Ses principes sont constants et définis par la Constitution. En ce sens que la diplomatie algérienne demeurera fidèle à sa vision, à sa doctrine ainsi qu’à ses principes cardinaux consistant en la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le respect des règles de bon voisinage, le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité des Etats, le règlement pacifique des différends et le soutien aux causes justes. Il y a lieu de signaler, dans cette optique, que l’Algérie, dans ses nouvelles orientations diplomatique, aura à faire la promotion de ses positions constantes vis-à-vis de certains dossiers, à l’instar de sa position sur la question palestinienne, sur le Sahara occidental, sur la crise libyenne et la situation dans la région du Sahel.

    Quel est le leitmotiv de cette nouvelle action diplomatique de l’Algérie ?

    La souveraineté, la sécurité et le développement, c’est ce triptyque qui doit guider l’action diplomatique de l’Algérie. Et ceci se déclinera à travers l’objectif de défendre les intérêts de notre nation, la préservation de la sécurité nationale et internationale ainsi que l’indépendance de décision. L’autre objectif prépondérant que devrait s’assigner la diplomatie est la mobilisation de la coopération au service du développement du pays.

    Dans quel espace devraient se mettre en œuvre ces orientations ?

    Les priorités de notre diplomatie devraient s’exercer dans trois zones en particulier : l’Afrique doit revêtir un intérêt particulier, une intensification de l’influence de notre pays dans la région du Sahel et du Maghreb. Dans les faits, notre diplomatie aura à s’impliquer et à s’investir dans la promotion des dynamiques de coopération, d’association et d’intégration dans tous les ensembles auxquels l’Algérie appartient que sont l’Afrique, le Maghreb, le Sahel ainsi que le monde arabo-musulman. Il y a lieu aussi d’intensifier notre présence dans les entités exécutives des organisations régionales et internationales dont elle est membre.

    Quid de la diplomatie économique ?

    La diplomatie économique est une nécessité. En effet, il y a lieu d’intensifier la diplomatie économique et la rendre dynamique pour qu’elle soit au service des intérêts économiques et de développement de l’Algérie. Il faut une mise à contribution de la diplomatie pour la construction d’une économie nationale forte et diversifiée, génératrice de croissance et créatrice de richesse.

    Comment peut-on faire la promotion de l’image de l’Algérie au niveau international ?

    On peut faire cette promotion grâce à l’image d’influence numérique. Le fait que Lamamra s’est recueilli sur la tombe de Jugurtha à Rome est mieux que tenir dix conférences de presse. C’est cela la diplomatie d’influence numérique qui doit être utilisée au service de notre diplomatie, comme cela se fait ailleurs. Il y a lieu aussi de penser à la promotion de l’usage des réseaux sociaux par les diplomates et les institutions qui fait partie de la diplomatie numérique. Dans cette perspective, il est primordial de mettre en avant le rôle pionnier de la diplomatie algérienne en faveur des mouvements de libération dans le monde. L’Algérie est riche d’une expérience diplomatique qui a toujours été une source d’inspiration pour de nombreux peuples.

    Propos recueillis par Fatma-Zohra Hakem

    Horizons, 10/10/2021

  • Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

    Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

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    «Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran.», se rappelle-t-on de cette phrase ?

    Fameuse phrase prononcée par Sarkozy en réponse au refus du soutien de l’Algérie au CNT libyen inventé et reconnu par le seul Elysée et BHL… Qu’est ce qui a changé depuis lors ? Rien. Bien au contraire. La France, de manière plus nuancée, celle de Macron, menace, planifie et exécute ses manipulations par procuration via les terroristes de Rachad et du MAK couvés sur son territoire. Faisons donc le pari de savoir qui sera encore en place, dans un an, dans trois ans, quatre ou dix ans : l’Algérie et l’Iran ou la France ?

    Cela fait des années que Maque et Maquerelles de l’Occident, le pire fut le guignol de Trump, menacent l’Iran avec des formules passées à la postérité : la bombe ou le bombardement. Bravant ses foudres, l’Iran est parvenu, entre-temps, au seuil nucléaire avec la centrale de Bouchehr raccordée au réseau électrique iranien.

    L’Algérie, quant à elle, se dégage comme puissance régionale et se dit prête à renvoyer devant le mur des lamentations tous les partisans des alternatives de déstabilisation et d’ingérence dans ses affaires internes. Les jeux sont, on ne peut plus clairs, avec des déclarations ouvertes et franches car nous n’avons pas pour coutumes de poignarder dans le dos, y compris nos ennemis. Cette Algérie-là aurait peur d’un quelconque affrontement ? D’un Président à contretemps, à contresens de l’histoire, le pire sinistre politique de la Ve République ?

    Ce stratège en chambre confond le principe du désir et le principe de la réalité. Que pourrait espérer le peuple français d’un président qui, au lieu d’avoir le courage de rendre une baffe tend l’autre joue ? Et les baffes, il en a reçues ! Il ose parler de l’Algérie. Sans aller loin dans le passé, l’Algérie était là avec les Palestiniens massacrés en Jordanie (1970), ou assiégés avec les Libanais à Beyrouth (1982), pour les suppliciés soudanais à Khartoum (1972), pour les Vietnamiens brûlés au napalm par les Américains (1970-1975), pour les noirs américains des ghettos déroutés par l’assassinat de leurs chefs charismatiques, Malcolm X ou Martin Luther King, ou encore pour les Latino-Américains mitraillés à travers Che Guevara en Bolivie (1967) ou pulvérisés avec la destruction du palais présidentiel de Salvador Allende au Chili (1973).

    L’Algérie c’est Arafat à l’ONU, le nouvel Ordre économique international, le nouvel Ordre mondial de l’information, les négociations pour la libération des otages américains à Téhéran, l’exfiltration de Carlos en guise d’épilogue à la prise d’otages de l’Opep à Vienne en décembre 1975, le rapprochement entre l’Iran et l’Irak avec la signature, en mars 1975, de l’Accord d’Alger sur la délimitation frontalière entre le Chah d’Iran et le président irakien Saddam Hussein, puis la libération des otages américains de Téhéran.

    L’Algérie, c’est en somme 540 000 Arabes et Africains, chrétiens ou musulmans, qui ont aidé la France à vaincre les Allemands durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Des gens qui sont sous le joug colonial vont aider leur oppresseur à vaincre l’oppresseur de leur oppresseur et contribuer massivement à vaincre à Verdun pour obtenir l’armistice de 1918. Dans la mémoire des peuples, cela équivaut à la première victoire française depuis un siècle.

    L’histoire en témoigne : la dernière victoire française était Austerlitz en1805. Après il y eut une série de défaites retentissantes : Waterloo, Fachoda, l’expédition du Mexique, Sedan… Une catastrophe pour la France qu’elle compensera par des conquêtes coloniales (Algérie, Tunisie, puis le Levant, le mandat sur le Liban et la Syrie, etc.)

    En récompense, la France a amputé le district d’Alexandrette de la Syrie pour l’attribuer à la Turquie. Donc, en langage clair, il y a des Arabes qui vont combattre pour aider la France à sauver son honneur face aux Allemands, et la France, au lieu de les récompenser, leur a amputé un territoire – déjà qu’ils étaient amputés de la Palestine par la promesse Belfort – pour le donner à la Turquie qui était, quant à elle, son ennemi de la Première Guerre mondiale.

    Voilà le traumatisme de Macron contre la Turquie.

    À suivre…

    Par S. Méhalla

    Crésus, 05/10/2021

  • Lecture du redéploiement stratégique de l’Algérie dans la région

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    La révision constitutionnelle de novembre 2020 établit les conditions d’une intervention extérieure de l’Armée nationale populaire, rompant avec une tradition de non-ingérence. Un changement doctrinal nécessaire pour Alger, qui traduit sa volonté de revenir au premier plan diplomatique
    Le 24 août 2021, le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra annonçait la rupture des relations diplomatiques avec le royaume du Maroc.

    Cet épisode n’est que le dernier en date d’un processus de redéploiement politique régional de l’Algérie, après plusieurs années d’effacement. Les derniers temps du règne d’un Abdelaziz Bouteflika malade et diminué avaient été synonymes d’une action diplomatique anémique pour un pays traditionnellement réputé pour son activisme international, notamment dans un rôle de médiateur éprouvé.

    Ce retour au premier plan a été acté par la Constitution adoptée par référendum populaire le 1er novembre 2020, qui a opéré une rupture radicale avec le non-interventionnisme en vigueur jusqu’alors, un principe qui constituait un des piliers fondamentaux de la politique algérienne depuis son indépendance.

    L’armée n’avait pas l’interdiction légale de franchir ses frontières mais les Constitutions de 1989 et 1996 insistaient sur une dimension territoriale du recours à la force.

    L’Armée nationale populaire (ANP) s’est déjà engagée sur des théâtres extérieurs dans son histoire – notamment à l’occasion de la guerre des Sables contre le Maroc en 1963 ou des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973 –, mais l’Algérie s’est, en règle générale, conformée à cette volonté de non-ingérence.

    Désormais, le président Abdelmadjid Tebboune peut autoriser l’armée à participer à des missions hors des frontières du pays après l’approbation des deux tiers du Parlement, notamment dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes (articles 31 et 91 de la Constitution).

    Certes, la constitutionnalisation des conditions d’intervention à l’étranger offre une « protection » pour l’armée, selon les déclarations d’un membre de l’état-major de l’ANP, mais elle officialise surtout un changement doctrinal qui vise à faire face aux défis régionaux et internes.

    Instabilité en Tunisie et en Libye
    Le pays fait face à un contexte sécuritaire dégradé sans précédent à ses frontières.

    Dans les années 1990, la principale préoccupation dans ce domaine était interne, avec la lutte contre le terrorisme qui a en partie structuré la pensée sécuritaire étatique.

    Aujourd’hui, l’Algérie est bordée d’un arc de crises touchant la quasi-intégralité de ses 7 000 kilomètres de frontières terrestres, qu’elle partage avec sept pays, si l’on inclut la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

    Comme l’explique Smail Djourhi, chercheur à l’université d’Alger 3, « cette situation inédite à travers l’histoire [de l’Algérie] suppose une adaptation de l’appareil militaro-sécuritaire et le dépassement des paradigmes de sécurité traditionnels adoptés depuis l’indépendance ».

    À l’est, même la Tunisie, dont la révolution de 2011 fait pourtant figure d’exception pour son dénouement relativement pacifique, présente des facteurs d’instabilité. Aux crises politiques successives s’ajoutent une fragilité économique exacerbée par la crise du COVID-19 et la persistance de la menace terroriste.

    Victime de plusieurs attaques meurtrières entre 2011 et 2016, la Tunisie a constitué le premier contingent de combattants étrangers dans les rangs du groupe État islamique (EI) en Syrie.

    En Libye, une sortie de crise est esquissée avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationalesous l’égide de l’ONU, mais l’ingérence de puissances étrangères et les affrontements entre milices maintiennent un niveau de risque élevé.

    De plus, l’Algérie est en situation d’hostilité affichée avec l’un des principaux acteurs de la guerre civile libyenne, le maréchal Haftar, qui multiplie les provocations.

    La guerre civile libyenne a, par ailleurs, été un des facteurs déstabilisateurs au Sahel, où l’afflux d’armes en provenance de l’arsenal de Mouammar Kadhafi a contribué à la formation de groupes armés.

    La diplomatie algérienne a participé activement au règlement du conflit entre Bamako et les rebelles indépendantistes touarègues de la Coordination des mouvements de l’Azawad avec l’accord d’Alger de 2015, mais est depuis en retrait alors que l’insurrection, désormais menée par divers groupes extrémistes armés, se poursuit dans plusieurs pays de la zone.

    Le Mali, le Tchad et la Mauritanie – voisins directs –, mais aussi le Burkina Faso, voire le Nigéria, ne semblent pas en mesure de lutter efficacement contre le terrorisme et d’enrayer la spirale de violence au sein même de leurs populations.

    À l’ouest, les antagonismes entre Maroc et Algérie ne sont pas résolus, nourris notamment par la question sahraouie.

    Les récentes évolutions, entre normalisation des relations du Maroc avec Israël en décembre 2020, révélations des pratiques d’espionnage marocaines à grande échelle grâce au logiciel israélien Pegasus, et accusations à l’encontre du Maroc pour son soutien supposé au Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé « terroriste » par les Algériens, ont fait monter la tension jusqu’à la rupture des relations diplomatiques.

    Rééquilibrages politiques internes
    Ainsi, cette révision constitutionnelle permet à l’Algérie d’opérer, selon Smail Djourhi, « la migration d’une doctrine réactive à une doctrine préemptive » et de faire une distinction « entre frontières géographiques et frontières sécuritaires qui autorise, si la situation l’exige, l’exécution d’opérations […] en dehors du territoire ».

    En effet, ceinturée par des États défaillants ou hostiles, l’Algérie semble en partie contrainte par les événements d’adopter une nouvelle posture. Néanmoins, le contexte politique interne a pu également être favorable à cette prise de décision.

    Abdelkrim Dekhakhena, chercheur à l’Université 8 Mai 1945 Guelma, justifie également ce changement de doctrine par les avantages que comporte la participation aux missions internationales de maintien de la paix : en matière de réputation, politique, influence et, surtout, sur le plan financier.

    La rémunération offerte aux pays contributeurs de ces missions pourrait constituer pour l’Algérie une rentrée de devises bienvenue alors que les réserves de change s’amenuisent.

    D’un point de vue plus politique, l’adoption d’une nouvelle Constitution devait marquer pour le pouvoir algérien la fin du processus enclenché par le hirak « béni », ainsi que le président Tebboune a décrit le mouvement déclenché en février 2019 en contestation du cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika et qui a amené à son renoncement.

    Aux premiers temps du mouvement, le discours développé par les autorités lui rendait hommage : salutaires pour le pays, le départ voire l’emprisonnement de nombreux cadres de l’ère Bouteflika et l’élection présidentielle de décembre 2019 auraient dû, selon les gouvernants, suffire à satisfaire les exigences des protestataires.

    Toutefois, les contestations demandant la fin du « système » n’ont pas cessé et sont depuis désavouées par le pouvoir.

    Il peut donc paraître cohérent que le pouvoir politico-militaire se repositionne en s’investissant sur la politique extérieure, point fort traditionnel du pays, afin de donner le change face à une situation interne difficile.

    Les accusations portées contre le Maroc pour son implication dans les incendies de Kabylie sont un exemple de l’utilisation de cette dialectique entre scènes nationale et internationale.

    De plus, le hirak a constitué l’élément déclencheur d’une modification des rapports de force au sein des cercles du pouvoir, plus propices à une politique étrangère musclée.

    Au cours de l’ère Bouteflika (1999-2019), le pouvoir a été en partie « retiré des mains de l’armée pour passer à celles des civils », comme l’explique le spécialiste des questions militaro-sécuritaires au Maghreb Flavien Bourrat. Sa mise à l’écart en mars 2019 a permis une purge des proches de l’ancien président, effectuée sous la supervision du chef d’état-major des armées, le général Gaïd Salah.

    Le responsable militaire et le président Tebboune, élu en décembre 2019, avaient alors initié ce changement de politique régionale, ce dernier déclarant notamment vouloir « donner un nouvel élan au rôle de l’Algérie au niveau international […] en particulier sur les dossiers libyen et malien ».

    Après la mort soudaine de Gaïd Salah d’une crise cardiaque en décembre 2019, son remplacement par le général-major Saïd Chengriha a intensifié cette reprise en main de l’armée.

    Chengriha a participé à la guerre d’octobre 1973 contre Israël et dirigé la troisième région militaire de Béchar, l’une des plus sensibles pour sa position stratégique, face au Maroc et contiguë au Sahara occidental. Il soutient une position ferme dans ces dossiers.

    Considéré comme un faucon en matière de politique étrangère, il dénonçait en août les complots visant l’Algérie « que l’armée saura contrecarrer ».

    Il s’est imposé comme le nouvel homme fort du pays et sous son autorité, c’est cette fois-ci les responsables nommés par Gaïd Salah qui ont subi une vague de limogeages et d’arrestations. Les règlements de comptes claniques ne sont pas chose nouvelle en Algérie, mais les nouveaux équilibres internes ont indéniablement contribué au regain d’énergie diplomatique du pays.

    Offensive diplomatique
    L’évolution des (dés)équilibres régionaux appelaient à une adaptation de la politique étrangère et sécuritaire algérienne.

    Les rapports de forces nationaux, ainsi que la manœuvrabilité sur la scène internationale procurée par les missions de maintien de la paix, ont pu également contribuer à cette rupture. Surtout, les effets s’en sont fait ressentir dans l’approche adoptée sur plusieurs dossiers diplomatiques.

    En Tunisie, avec qui les Algériens entretiennent traditionnellement de bons rapports, l’Algérie se pose en « pays frère », et y assure son influence. Elle a envoyé du matériel médical, des doses de vaccins et des camions d’oxygène au plus fort de la vague épidémique de COVID-19 qui frappait le pays du jasmin en juin et juillet derniers, alors même que ses propres réserves ne lui ont pas permis de faire face au pic de contaminations qui l’a frappée par la suite.

    Sur le plan politique, la diplomatie algérienne a fait preuve d’une grande réactivité au coup de force institutionnel du président tunisien le 25 juillet, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra se rendant trois fois en Tunisie le mois suivant pour exprimer le soutien de l’Algérie à Kais Saied. Cette relation de plus en plus étroite se traduit également par l’arrestation et l’expulsion d’opposants politiques respectifs.

    Concernant la Libye, l’Algérie, qui avait progressivement été marginalisée sur ce dossier pourtant capital, tente depuis le départ de Bouteflika de jouer un rôle plus actif et durcit le ton.

    Lors de l’offensive de Haftar dans le nord-est libyen, Tebboune avait qualifié en janvier 2020 Tripoli « de ligne rouge à ne pas franchir ». En juin dernier, il a même révélé que l’Algérie avait envisagé une intervention militaire.

    Si la situation a évolué avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, elle n’est pas encore apaisée : Haftar a même prétendu en juin 2021 s’être emparé d’un poste-frontière à la frontière algéro-libyenne.

    La récente nomination au poste de ministre des Affaires étrangères de Lamamra s’inscrit dans cette volonté de reprise en main de la question libyenne.

    Ce diplomate chevronné a notamment brillé dans ces mêmes fonctions dans le passé (2013-2017) par son action dans le Fezzan libyen (limitrophe de l’Algérie), et aurait pu occuper les fonctions d’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye si les États-Unis n’avaient pas bloqué sa nomination.

    Preuve du retour diplomatique algérien, le pays a organisé le 31 août une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Égypte, Niger, Tchad, Soudan et République du Congo), qui ont appelé notamment « à la mise en application de l’accord quadripartite entre la Libye et les pays du voisinage pour la sécurisation des frontières communes ».

    Le retour de Lamamra constitue également un signal positif pour les pays du Sahel, en proie aux insurrections d’extrémistes islamistes. Sa prise de poste coïncide à quelques jours près avec l’annonce par la France de la transformation prochaine de l’opération Barkhane au profit d’un dispositif resserré.

    De plus, le Tchad, autre force militaire d’envergure, traverse une période d’incertitude après le décès au combat de son chef d’État Idriss Déby en avril, et a décidé du retrait de 600 militaires de la force du G5 Sahel.

    Cette diminution de l’engagement de ces deux acteurs majeurs (la France et le Tchad) en matière de sécurité régionale pourrait amener l’Algérie à jouer un rôle plus actif dans la crise sahélienne, alors qu’elle conserve une forte influence dans le nord malien.

    Le Mali, une solution « à 90 % algérienne »
    Le président Tebboune a déclaré à ce sujet que la solution malienne était « à 90 % algérienne » et que son pays se tenait prêt à « aider Bamako ». L’Algérie a réactivé le CEMOC (Comité d’état-major militaire opérationnel conjoint regroupant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, longtemps resté coquille vide), qui s’est réuni en février 2021 à Bamako.

    Le 10 août, c’est à Alger que s’est tenue une « conférence sur la sécurité au Sahel » sous l’égide du ministère des Affaires étrangères. Y ont été conviés des responsables politiques et sécuritaires des cinq pays subsahariens, des Nations unies et de l’Union africaine.

    Lamamra s’est rendu peu après au Mali pour réaffirmer l’engagement algérien auprès des autorité de Bamako, annonçant que son pays pourrait financer la reconstitution de l’armée malienne.

    Enfin, ce dynamisme diplomatique s’est exprimé de façon spectaculaire à l’annonce de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Si les propos du Maroc à l’ONU exprimant le droit à l’autodétermination de la Kabylie ont été vécus comme un affront, les dernières victoires diplomatiques marocaines – réintégration de l’Union africaine en janvier 2017, reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par les États-Unis – plaidaient déjà en Algérie pour une reprise de l’initiative.

    Plus inquiétant, les deux pays semblent avoir fait leur choix face au dilemme de sécurité : entre 2016 et 2020, le Maroc et l’Algérie ont importé 70 % des armes présentes en Afrique (hors Égypte) selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui classe l’Algérie au sixième rang mondial des importateurs d’armes.

    Cette rupture diplomatique intervient également quelques mois après la reprise des hostilités au Sahara occidental entre Front Polisario et le Maroc, une première depuis le cessez-le-feu de 1991.

    L’Armée nationale populaire algérienne a par ailleurs conduit en janvier 2021 d’importants exercices militaires à sa frontière avec le Maroc, le chef d’état-major Chengriha évoquant à cette occasion la menace constituée par des « ennemis d’hier et d’aujourd’hui ». Coutumier du fait, il avait précédemment exhorté les soldats de l’ANP à se tenir prêts pour « la défense de nos frontières […] même contre un ennemi classique ».

    Ce dynamisme diplomatique s’observe au-delà de son environnement immédiat, comme en témoigne l’initiative algérienne pour résoudre le litige autour du barrage éthiopien de la Renaissance.

    Abdelmadjid Tebboune a également entrepris fin août un mouvement d’ampleur au sein du réseau diplomatique algérien, qui a donné lieu à la nomination de sept envoyés spéciaux consacrés à des axes stratégiques pour le pays.

    Cette offensive diplomatique devrait s’inscrire dans la durée, les défis régionaux étant nombreux et compliqués. Toutefois, Alger doit prendre garde à conserver son image d’arbitre qui se projette au-dessus de la mêlée.

    Ses capacités de médiation étaient réputées dans le monde entier, matérialisées par exemple par la résolution de la crise des otages de l’ambassade des États-Unis en Iran en 1979, et constituent un point fort à préserver.

    Surtout, les autorités algériennes auront à trouver un équilibre entre l’énergie allouée à la gestion des dossiers diplomatiques et celle dédiée à la situation interne, tandis que la répression contre des journalistes ou des opposants se poursuit et que la crédibilité de l’État a sévèrement été mise en cause cet été par la gestion du pic épidémique de COVID-19 et des terribles incendies qui ont ravagé la Kabylie.

    Alain Leroy

    Middle East Eye, 29/09/2021

  • Enjeux énergétiques en Afrique du Nord: Algérie, Libye, Égypte

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    Dans le cadre de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques soutenu par la DGRIS du Ministère des Armées, l’IRIS, Enerdata et Cassini conseil publient leur huitième étude portant sur les enjeux énergétiques en Afrique du Nord, rédigée par Luca Baccarini, Philippe Copinschi, Manfred Hafner, Nour Hedjazi et Pierre Laboué. L’Algérie, la Libye et l’Égypte font partie des 5 plus importants producteurs de pétrole et de gaz du continent africain. Mais leur capacité à exporter des hydrocarbures se réduit. Déclin de la production, croissance des besoins de la population, dégradation des infrastructures : les défis auxquels doivent répondre ces trois pays sont multiples. Ils sont également cruciaux pour l’avenir et la stabilité de la région. Dans ce contexte, quels sont les principaux enjeux liés à la sécurité énergétique de l’Algérie, la Libye et l’Égypte ?

    Éléments d’explication par Pierre Laboué, chercheur à l’IRIS en géopolitique de l’énergie, coordinateur de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques. Pour aller plus loin :

    📝 ÉTUDE | « Les enjeux énergétiques en Afrique du Nord : Algérie, Libye et Égypte », 8e étude l’Observatoire de la sécurité des flux et matières énergétiques (2021)

    🗺️ CARTES | Cartes inclues dans l’étude « Les enjeux énergétiques en Afrique du Nord : Algérie, Libye et Égypte »

    📝 FICHES FOCUS : – Focus Algérie – Focus Libye – Focus Égypte

    📄 En savoir plus sur l’Observatoire de la sécurité des flux et matières énergétiques