Étiquette : Libye

  • Quelles étaient les relations des pays occidentaux avec le régime de Kadhafi ?

    Ce qui est intéressant, lors de la chute d’un régime, c’est l’accès soudain qu’il procure aux divers documents des autorités en fuite. Ce fut notamment le cas en ex Allemagne de l’Est et l’arrivée des rebelles du CNT à Tripoli n’a pas dérogé à cette règle. Les documents trouvés par des journalistes et des chercheurs de Human Right Watch, nous en apprennent de bonnes sur les pratiques des pays occidentaux avec le régime dictatorial de Mouammar Kadhafi. Ceux trouvés, notamment, dans les bureaux de Moussa Koussa, ancien Ministre de la défense et chef des services secrets Kadhafistes[1], montrent comment les pays occidentaux ont collaboré avec ce régime. Les moyens et les temps sont différents mais au final, par des transferts de compétences et de technologies, ces pays ont participé à de graves violations des droits de l’homme. Ces informations relativisent largement les discours des chefs d’Etats et de gouvernements, membres de l’Otan, qui parlent de lutte pour la liberté du peuple Libyen pour un coût humain de 50 000 morts[2].

    La CIA et le MI6 à la chasse aux opposants :

    Les deux agences de renseignement étasuniennes et britanniques ont proposé leurs services pour retrouver les opposants et les livrer au régime de Kadhafi, mais aussi pour participer directement ou indirectement aux interrogatoires[3]. Or la Convention contre la torture et autres peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants[4], signée et ratifiée par les deux Etats[5], stipule dans son article 3 « Aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ». Et de spécifier dans l’article 5 les devoirs des Etats parties de prendre « les mesures nécessaires pour établir sa compétence aux fins de connaître des infractions visées à l’article 4 dans les cas suivants : a) Quand l’infraction a été commise sur tout territoire sous la juridiction dudit Etat ou à bord d’aéronefs ou de navires immatriculés dans cet Etat ».

    Le cas de M. Abdelhakim Belhadj, Président du Conseil militaire de Tripoli, est édifiant. Les documents montrent qu’il aurait été enlevé en Thaïlande, à Bangkok, par les services secrets Etasuniens et Britanniques, pour être livré à leurs homologues Libyens ou il aurait été torturé pendant ses 7 années de détention.

    Les sociétés Amesys, Us Narus (filiale de Boeing) Chinese telecom company ZTE Corp et VASTech SA Pty Ltd pour asseoir la censure du « Guide de la révolution » :

    Des firmes Françaises, étasuniennes, Chinoises et Sud Africaines participaient à la mise en place d’un système d’écoutes téléphoniques jusqu’aux communications internet, des citoyens Libyens. Pour la société Française Amesys[6], filiale de Bull depuis 2010, il s’agissait d’équiper le centre de contrôle des communications pour un contrat signé en 2007[7] et livré en 2008. Le système Eagle aurait permis de contrôler tous les échanges internet, dont Gmail, Hotmail et Yahoo, ainsi que les « chats » sur MSN et Skype. Les sociétés US Narus[8] , Chinese telecom company ZTE Corp et VASTech SA Pty Ltd travaillaient avec les services de Mouammar Kadhafi pour qu’aucune communication n’échappe au contrôle des autorités. Quel a été le rôle de chacune de ces entreprises dans ces violations de la vie privé de plus de dizaines de milliers de libyennes et de libyens ? Combien de personnes ont été intimidées, arrêtées et torturées à la suite de ces écoutes ? La société française Amesys avait elle reçue une autorisation d’exportation de la CIEEMG malgré que le critère droit de l’Homme de la Position Commune de l’Union Européenne[9] ?

    China North Industries Corp. (Norinco); la China National Precision Machinery Import & Export Corp. (CPMIC); et la China XinXing Import & Export Corp arment les troupes fidèles à Kadhafi:

    Graeme Smith, un journaliste du Globe & Mail[10], a découvert des documents[11] qui tenteraient à prouver que les entreprises chinoises d’armements sus citées, ont négocié la vente de matériel de guerre avec des représentants de Kadhafi à Pekin. La liste de ces armes comprenait des camions lance-roquettes, des missiles antichars ainsi que des Manpads[12], les missiles sol-air QW-18.

    Ces discussions ont eu lieu au milieu du mois de juillet 2011, en plein Comité préparatoire du traité sur le commerce des armes à l’ONU[13]. Si ces livraisons étaient avérées, les autorités Chinoises ont vigoureusement démenti cette information[14], cela montrerait le sérieux avec lequel ces dernières considèrent ce processus de régulation des transferts d’armes. Cela constituerait également une violation de la résolution 1970 du Conseil de Sécurité de l’ONU[15], qui avait décidé un embargo sur les armes en direction du gouvernement de Mouammar Kadhafi.

    Encore une fois, car dans l’urgence il est toujours difficile de discerner le vrai de la manipulation politique, il est essentiel de voir la mise en place d’une commission d’enquête internationale impartiale et indépendante. Il lui appartiendra d’enquêter sur toutes les violations des droits de la personne et du droit international humanitaire ainsi que des possibles violations de l’embargo sur les armes.

    Voilà, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, demi surprises. Le temps étant propice aux révélations des petites compromissions des Etats « de l’axe du bien », le Wall Street Journal nous révèle maintenant les affaires des banques occidentales, dont la Société Générale[16], avec le régime de Kadhafi mais comme disait Francis Blanche « Je suis très fort en affaire, le malheur c’est que les autres le sont encore plus que moi ».

    Benoît Muracciole

    [1] Le 31 mars dernier : http://tempsreel.nouvelobs.com/article/20110331.OBS0569/la-defection-de-moussa-koussa-un-coup-dur-pour-kadhafi.html

    [2] http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/le-conflit-libyen-a-fait-50-000-morts-selon-le-cnt-30-08-2011-1368050_240.php

    [3] http://www.guardian.co.uk/world/2011/sep/03/secret-libyan-files-mi6-cia et http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/cia-et-mi6-auraient-contribue-a-museler-l-opposition-en-libye_1026805.html

    [4] http://www2.ohchr.org/french/law/cat.htm

    [5] Ratifiée le 21 octobre 1994 par les Etats Unis et le 8 décembre 1988 par le Royaume uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord.

    [6] http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-14711290

    [7] http://www.scribd.com/doc/63801804/AmesysCP

    [8] Voir le Canard Enchaîné du 12 octobre 2011 et http://mediacitizen.blogspot.com/2011/02/congressmen-grill-state-department-on.html

    [9] http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:335:0099:0103:FR:PDF « refusent l’autorisation d’exportation s’il existe un risque manifeste que la technologie ou les équipements militaires dont l’exportation est envisagée servent à la répression interne; »

    [10] http://www.theglobeandmail.com/news/world/africa-mideast/china-offered-gadhafi-huge-stockpiles-of-arms-libyan-memos/article2152875/page1/

    [10] http://www.theglobeandmail.com/news/world/africa-mideast/read-the-memos-from-inside-colonel-gadhafis-crumbling-regime/article2152692/?from=2152875

    [12] Man portable Air Defence System, voir http://www.wassenaar.org/2003Plenary/MANPADS_2003.htm

    [13] https://armerdesarmer.wordpress.com/page/2/

    [14] Voir AFP du 5 sept : « En juillet le gouvernement de Kadhafi a envoyé quelqu’un en Chine à l’insu du gouvernement chinois pour prendre contact avec des membres de sociétés intéressées », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu

    [15] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/monde/chronologies/pdf/onu1970.pdf

    [16] http://online.wsj.com/article/SB10001424053111903648204576552671590836148.html?mod=WSJ_World_MIDDLENews

    Armer Désarmer, 26 sept 2011

    Etiquettes : Libye, OTAN, Occident, Kadhafi, Amesys, Nexa Technologies, espionnage, CIA, MI6, répression, opposants, Amesys, Us Narus (filiale de Boeing), Chinese telecom company, ZTE Corp, VASTech SA, Pty Ltd,

  • Libye-Algérie : Que cherche à prouver Haftar ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    La menace Haftar est-elle à prendre au sérieux par l’Algérie ? Les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar ont affirmé avoir fermé la frontière entre la Libye et l’Algérie et la déclarant zone militaire dans laquelle les opérations sont interdites à un moment où l’on se préparait, côté algérien, en collaboration avec le gouvernement d’unité nationale et le nouveau Conseil Présidentiel libyen, à rouvrir le poste frontière terrestre «Debdeb-Ghadamès», qui est l’un des points de passage vitaux entre les deux pays. La cheffe de la diplomatie libyenne avait également souligné, lors d’une visite à Alger à la fin du mois de mai dernier, que l’Algérie « avait également promis d’ouvrir incessamment un autre poste frontalier pour faciliter les voies de coopération entre les deux pays », sans fournir plus de détails. Il s’agit de voies commerciales qu’on s’apprêtait à rendre opérationnelles, et qui se retrouvent inopérantes à l’ombre de ce déploiement militaire dans la zone frontalière, très éloignée de l’Est libyen dirigé par le maréchal Haftar, et où ce dernier ne dispose que de quelques milices à cette frontière stratégique pour contrôler les nombreux trafics dans la région, selon des observateurs. Ce n’est pas, donc, ce déploiement militaire des milices en question, au nom de la lutte contre le terrorisme mais compromettant pour les activités commerciales entre les deux pays, qui pourrait déranger outre mesure l’armée algérienne, déployée en force en face. Que vise réellement le maréchal Haftar ?

    Exécute-t-il un agenda qui rend service à des pays étrangers, dérangés par une coopération économique qui se dessine dans plusieurs domaines entre l’Algérie et la Libye ou veut-il se positionner à la veille d’une conférence ‘’bis » de Berlin sur la crise libyenne, annoncée pour aujourd’hui, qui discutera des prochaines étapes politiques et sécuritaires de la stabilisation de la Libye ?

    L’influence du maréchal Haftar dans le devenir de la Libye est très amoindrie par les revers politique et militaire subis ces derniers mois, il est même devenu personnage embarrassant pour de nombreux pays qui lui assuraient leur soutien après la découverte de charniers près de la capitale libyenne, mais il ne se lasse pas de nourrir encore et toujours l’espoir de peser sur la scène politique de la nouvelle Libye. Dans son isolement, il aurait choisi de provoquer l’Algérie à travers ce déploiement militaire près des frontières algériennes. La relation entre Alger et le maréchal Khalifa Haftar n’a jamais été au beau fixe. Déjà, en 2018, il avait lancé des menaces, et aujourd’hui il est passé à un cran supérieur de la provocation, autant contre l’autorité du nouveau Conseil Présidentiel libyen que le pays voisin, en affirmant avoir fermé les frontières alors qu’il n’est pas habilité à le faire. Que va faire l’Algérie ? Qu’il soit manipulé par des pays étrangers hostiles à la participation de l’Algérie dans l’effort de reconstruction de la Libye, ou animé par un souci de repositionnement sur la scène libyenne, le maréchal risque de perdre ses dernières forces en s’engageant dans ces manœuvres.

    Le Quotidien d’Oran, 23 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Libye, Khalifa Haftar,

  • Qui veut pousser l’Algérie à intervenir dans le bourbier libyen ?

    Un scénario monté de toutes pièces

    Des voix de plus en plus nombreuses se font entendre dans plusieurs capitales occidentales et arabes pour une intervention militaire algérienne sur le sol libyen. Les Américains comme les Français qui ont déjà eu à intervenir dans ce pays voudraient voir l’Algérie s’impliquer encore plus pour mettre à néant les actions terroristes des groupes terroristes qui pullulent en Libye.
    Amina Hakem
    Une insistance qui se fait de plus en plus pressante et autour de laquelle bien des scénarios ont déjà été écrits et même publiés dans plusieurs journaux américains, anglais et français, qui affirment tous que l’Armée Nationale Populaire (ANP) a déjà eu à intervenir fin mai et début juin à l’intérieur du territoire libyen.
    Ainsi pendant cette période plusieurs journaux se reprenant les uns les autres écrivaient : « Aucun officiel n’en a parlé et pourtant l’Armée nationale populaire (ANP) serait, depuis le 29 mai, en guerre contre les groupes terroristes dans l’Ouest libyen. Le jour même du début de l’offensive, le quotidien britannique The Times donnait l’information, citant le think tank britannique The Henry Jackson Society, dont un haut responsable annonçait un envoi de forces spéciales américaines, françaises et algériennes dans le Sud libyen avec pour principal objectif l’élimination des terroristes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), la destruction de leur infrastructure d’armement, de communication et d’entraînement dans la région ».
    Un peu plus loin, on va même dans les moindres détails en écrivant « Selon nos informations, de source militaire, 3 500 paras, soit un régiment complet, et un groupe de soutien et d’appui logistique de 1 500 hommes sont déployés actuellement de l’autre côté de la frontière. Une autre source, diplomatique cette fois, ajoute qu’en plus des 5 000 soldats au sol, il y aurait une importante mobilisation des moyens aériens, avions de transport, chasseurs, bombardiers, hélicoptères de transport et d’attaque, appareils de reconnaissance et drones, qui opèrent dans le ciel libyen.
    Il s’agirait du même régiment parachutiste ayant pris en charge l’opération Scorpion Rapide, qui a pris d’assaut et libéré avec succès, en janvier 2013, le complexe gazier de Tiguentourine à In Amenas.»
    Des affabulations qui ne reposent sur rien d’officiel ni de vérifié, mais qui répondent à des desseins échafaudés dans certaines officines pour mettre l’Algérie dans une situation des plus inconfortables et la pousser d’une manière ou d’une autre à être une partie active dans le conflit libyen. Pourtant toutes ces allégations ont été énergiquement démenties par les hautes autorités du pays, à commencer par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Mais cette campagne médiatique insidieuse ne s’est pas arrêtée pour autant et l’on tient encore à tout faire pour pousser l’Algérie à intervenir dans ce qui est désormais le bourbier libyen.
    Mais l’Armée Nationale Populaire ne dérogera pas à ses principes et son respect total de la Constitution qui lui interdit d’intervenir en dehors du territoire algérien et qui lui a bien défini ses objectifs et missions à savoir la défense de l’intégrité territoriale du pays et la défense des frontières. Et c’est ce qui explique le déploiement de l’ANP sur les frontières libyennes comme celle du sud où la menace terroriste est réelle. L’Algérie, fidèle à ses principes, ne répondra pas à ces chants de sirènes et ne tombera pas dans le piège quand est en train de le lui tisser. Mais l’Algérie et son armée sauront défendre et avec toute l’énergie nécessaire sa sécurité et les intérêts suprêmes du pays.
    Yagool, 21 juillet 2014
    Etiquettes : Algérie, Libye, Khalifa Haftar, mercenaires, 
  • Seïf el-Islam Kadhafi, la clé de la solution en Libye?

    Seïf el-Islam Kadhafi, l’option au règlement de la crise libyenne?

    Par Mahmoud Benmostefa

    Et si Seïf el-Islam revenait au pouvoir en Libye ? La question peut paraitre farfelue tant les événements qu’a connu ce pays depuis février 2011 ont été d’une violence extrême avec une traque systématique du clan de l’ancien Guide de la Révolution libyenne, Mouammar Kadhafi lui-même exécuté dans des conditions inhumaines.
    Dix ans plus tard, les Libyens, las des guerres par procuration dont ils sont victimes, n’excluent pas un retour de celui qui fut le dauphin de son père pour diriger la Libye post-Kadhafi. Le rejet des milices et le discrédit de la confrérie des Frères Musulmans participent justement à faciliter le retour de Seïf el-Islam aux affaires.

    Dans une Libye meurtrie par dix ans de guerre civile et de guerre par procuration, toute perspective de retour à un pouvoir fort et charismatique est considérée comme une lueur d’espoir. L’instabilité chronique qui a succédée à un pouvoir fort et très centralisé, celui du clan Kadhafi, a laissé les Libyens perplexes. A choisir entre une «démocratie» instable et fragile et un pouvoir même autoritaire mais garantissant la stabilité, le second choix est vite plébiscité. C’est ce qui se dit du côté de Tripoli, où les milices des Frères Musulmans n’ont plus le vent en poupe.

    Après des années de chaos, les arrangements inter-libyens et surtout par puissances interposées sont arrivés à une conclusion : remettre en selle une personnalité consensuelle pour briguer le poste de président lors des présidentielles du 24 décembre prochain. Et la personnalité la plus en vue actuellement n’est autre que le fils du défunt Guide de la Jamahirya. Seïf el-Islam Kadhafi avance désormais vers un nouveau destin national avec l’assentiment des tribus libyennes, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de la Russie.

    Le cousin de son père, Ahmed Kadhaf Eddam, établi au Caire dispose de fonds considérables non seulement pour financer une éventuelle campagne électorale, mais surtout pour redorer le blason de son parent à travers une campagne médiatique sur les chaines de télévisions égyptiennes et celles établies à Dubaï.

    Toujours présents dans les joutes politiques du pays, les kadhafistes pèsent dans les alliances locales en vue de doter la Libye d’institutions de transition. C’était le cas de Omar Abou Cherida, un des dirigeants loyaux à Seif el-Islam Kadhafi, s’est porté candidat aux élections du Conseil présidentiel, représentant la région du Fezzan.
    C’est d’ailleurs le même Abou Cherida qui a fait, le 15 janvier dernier, le déplacement de Moscou avec Meftah el-Werfelli afin de rencontrer l’émissaire spécial du président russe pour la région du Moyen-Orient et en Afrique, Mickaël Bogdanov. Juste avant, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine avait mis l’accent sur la nécessité d’associer les sympathisants de Mouammar Kadhafi au Dialogue national inter-libyen.

    La désescalade pour juguler la crise

    La Russie qui tente de se repositionner dans la région après l’erreur stratégique de février 2011, où le président Dimitri Medvedev avait donné son accord pour appliquer la no fly zone, prétexte pour bombarder la Libye, entend garder intactes toutes ses chances pour peser sur la future équation politico-militaire mais aussi économique et énergétique.

    Le retrait des troupes étrangères et notamment les combattants étrangers a été une condition sine qua non posée par l’Onu pour faire avancer les négociations politiques. En décembre dernier, l’Onu estimait à quelque 20.000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye: des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens et des Soudanais pour le compte de Haftar, les jihadistes de Syrie, emmenés par la Turquie, aux cotés des milices des Frères Musulmans.

    Le rejet quasi-total des partis et des parties proches des Frères Musulmans a conduit leurs sponsors turc et qatari à revoir leurs desseins géopolitiques. Il ne servait à rien de vouloir maintenir le peuple sous le joug de la violence, d’où les séries de rapprochements entre Ankara et Le Caire, et entre Doha et Le Caire. La désescalade en Libye était parmi les points les plus discutés pour juguler la crise.

    Sur le terrain maintenant, certains parient sur le fait que le Courant «La Libye de l’Avenir» que conduit Abdelhamid Dbaibah, le chef de gouvernement désigné, n’est que le prolongement du projet «La Libye de demain» lancé par Seif el-Islam en 2006. A l’époque, Dbaibah était l’un des points cardinaux de ce plan de réforme du régime de l’Intérieur et qui visait à développer le pays.
    Ayant occupé plusieurs postes, dont celui de Directeur général de la Compagnie d’Investissement national intérieur et de président du Conseil d’administration d’une holding qui compte 15 entreprises internationales dans le domaine du développement ainsi que celui de président du Conseil d’administration de la Compagnie libyenne pour le développement et l’investissement, Abdelhamid Dbaibah est considéré comme faisant partie du premier cercle proche de Seif el-Islam.

    Le Chef du gouvernement désigné et bien qu’il ait annoncé sa dissension prématurée du Régime de Kadhafi, il n’en demeure pas moins qu’il reste un homme pragmatique qui favorise la réconciliation. Il n’est pas, d’ailleurs, exclu qu’il ait obtenu l’appui de parties considérées comme proches de l’ancien Régime, lors de l’ultime et décisif round du vote, qu’il a remporté avec Mohamed al-Manfi, contre la liste de Aguila Salah, Oussama Jouili et Fathi Bachagha. Sur la base de cela, il est attendu que les sympathisants de Seif el-Islam Kadhafi multiplient leurs activités au cours de la phase transitoire, dans le cadre du mouvement «Rachahnak» (Nous t’avons désigné candidat).

    Une série d’obstacles

    Condamné à mort par un tribunal de Zenten, au nord-ouest de la Libye avant d’être remis en liberté, il y a dix ans, le plus politique des enfants du Guide assassiné n’a pas été vu en public. La dernière fois, lors de la chute de son père, en 2011 suivie de son arrestation par la milice Katibat Abou Bakr al-Seddik ou encore, par vidéoconférence, en juin 2014, durant son procès, dénoncé comme expéditif par l’ONU et des ONG.

    Condamné à mort en 2015, il a été libéré en 2017 par la même milice qui l’avait arrêté, au nom d’une loi d’amnistie promulguée en 2015 par le Parlement établi dans l’est du pays.
    Néanmoins, une série de d’obstacles d’ordre juridique empêche la candidature de Kadhafi fils à la Présidentielle du 24 décembre prochain. Seif el-Islam a été, en effet, condamné à mort par contumace, par un tribunal de Tripoli, mais ses sympathisants espèrent qu’il bénéficiera d’une amnistie générale dans le cadre d’une Réconciliation nationale.

    De plus, la Cour Pénale Internationale (CPI) réclame son extradition, étant accusé de crimes contre l’Humanité. A la fin de l’année 2019, la CPI a affirmé qu’il est encore dans la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli), bien que le régiment de «Abou Bakr al-Seddik», qui le séquestrait depuis 2011, avait annoncé sa libération en juin 2017.
    Depuis cette date, Seif el-Islam n’a pas été aperçu en public, à telle enseigne que le journal «Al-Ounwan» (Le Titre, proche de Haftar) avait rapporté qu’il était décédé après avoir été atteint de la tuberculose dans son lieu de détention, quelques jours avant l’annonce de sa libération.

    Par ailleurs, Berlin va accueillir le mercredi 23 juin la deuxième conférence sur la paix en Libye sous l’égide de l’Onu et avec, pour la première fois, la participation du gouvernement de transition libyen. «Nous voulons soutenir le gouvernement libyen pour que les élections prévues le 24 décembre puissent avoir lieu», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, précisant que la rencontre se ferait au niveau des ministres des Affaires étrangères.
    Les participants feront notamment le point sur la transition politique en Libye depuis la précédente conférence tenue le 19 janvier 2020 et «les prochaines étapes nécessaires en vue d’une stabilisation durable», a précisé le ministère allemand dans un communiqué. «L’accent sera mis sur les préparatifs en vue des élections prévues le 24 décembre et le retrait prévu selon les termes du cessez-le-feu des troupes étrangères et des mercenaires de Libye», a poursuivi le ministère.

    Seïf el-Islam Kadhafi a-t-il ses chances pour revenir sur le devant de la scène politique dans son pays. Tous les indices concourent à une réponse positive. Reste quelques réglages politique avant une probable annonce de sa candidature. Ce qui fut jadis impossible ne l’est plus désormais ; un Kadhafi pourra succéder à un autre.

    Le Jeune Indépendant, 20 juin 2021

    Etiquettes : Libye, Seïf El Islam Kadhafi, frères musulmans, tribus libyennes, Egypte, Emirats arabes unis, Russie,

  • Libye : La prise du poste d’Issine est une fake news

    Comme nous l’avions annoncé avant hier, la prise du poste frontalier d’Issine a la frontière algero-libyenne est une construction des médias pro Haftar, qui ont agi dans le cadre d’une guerre psychologique contre l’Algérie suite a ses déclarations a Al Jazeera.

    Après vérification auprès des acteurs locaux, la présence des troupes de la Libyan national army (LNA), n’a été constatée que dans les environs de Sebha et de Tamenhint, avec un renfort russe. La région de Ghat, qui jouxte la frontière avec l’Algérie (triangle Ghat, Oubari, El Aouinate) est tenue par le le chef Touareg Ali Kanna, allié de Tripoli.

    Mieux, il a été prouvé après coup que les images diffusées par les pro Haftar pour montrer la prise d’Issine étaient antidatées et concernaient la prise de Tamenhint.

    Deux hypothèses peuvent expliquer cette Fake news, qui a fait le tour des médias et a été largement relayée par des enseignes médiatiques lourdes comme Al Jazeera: l’action psychologique de faible niveau d’élaboration de la part des partisans de Khalifa Haftar pour simplement répondre aux déclarations d’Abdelmadjid Tebboune sur le devoir de protéger Tripoli de la LNA. Ou, de manière plus élaborée, une diversion pour cacher une poussée de la LNA vers le Nord, suite au renforcement de ses effectifs dans la région Centre Sud.

    Les renforts arrivés récemment a Sebha et Tamenhint (Brigade salafiste 444, 128 e brigade, Wagner..) met en danger la ville de Gharyane porte d’accès vers Tripoli.

    Echourouk Online, 21 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Libye, Khalifa Haftar, frontière, LNA, Issine,

  • L’Algérie, visée par les exercices de l’African Lion?

    Exercices américains sans précédent en Afrique du nord: l’Algérie dans le collimateur ?

    L’Algérie serait visée par des manœuvres militaires sans précédent réalisées par les forces américaines, a indiqué Military Watch, le magazine spécialisé dans l’actualité militaire.

    Dans un article publié le 11 juin, il souligne que les exercices menés par les États-Unis et baptisés African Lion 2021 en Afrique du Nord comportent des indications inédites en termes d’objectifs et de portées.

    Ayant commencé le 7 juin et s’étant terminées le 18 juin, ces manœuvres étaient « au centre de l’intérêt » pour plusieurs raisons, car leur portée était « sans précédent et comprenait de nouveaux types de cibles qui simulent la mise en œuvre d’une guerre par les Etats-Unis et leurs alliés », estime le média.

    Il rapporte, citant une source que ces exercices interviennent après « une décennie d’expansion de la présence militaire américaine sur le continent africain, laquelle avait commencé lorsque les USA ont mené une campagne militaire pour démanteler le pouvoir libyen en 2011 avec le soutien européen ».

    La source a noté que ces exercices « simulent remarquablement des attaques contre deux pays imaginaires Rouane et Nihon, tous deux situés sur le territoire de l’Algérie ».

    Le magazine considère que l’accent est mis sur l’Algérie non seulement parce qu’elle est « la première puissance militaire de la région et qu’elle est toujours en dehors de la sphère d’influence du monde occidental, mais aussi en raison des types d’armes auxquelles les participants aux exercices African Lion se sont appliqués dans leur simulation de riposte à une attaque, à savoir les S-400 de longue portée et les systèmes de missiles aériens ».

    « L’Algérie est le seul opérateur du système S-400 sur le continent africain, et elle déploie également les anciens systèmes S-300 et plusieurs systèmes à plus courte portée tels que Pantsir et Bock » fait remarquer Military Watch.
    De plus elle est depuis 2013 « le seul importateur d’armes russes parmi les pays arabo-africains ».

    Selon l’article, « l’Algérie a intensifié ses efforts pour moderniser ses défenses depuis début 2010 en raison du sort de son voisin libyen ».

    « L’Égypte aurait elle aussi après 2013 mis l’accent sur l’acquisition d’armes de défense aérienne russes en réponse à l’attaque contre la Libye », lit-on dans l’article.

    Le magazine cite une déclaration faite par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam, pendant la guerre de 2011, lorsque son pays était sous les bombardements. Il affirme que la guerre en Libye est « la preuve que les pays qui ont des relations apparemment positives avec les puissances occidentales peuvent être attaqués soudainement si c’est dans l’intérêt de l’Occident ».

    Selon la source, l’armée de l’air algérienne a commencé à partir de cette date à moderniser ses avions et à en acheter de nouveaux à la Russie, mais elle souffre d’une pénurie d’avions de reconnaissance et d’alerte précoce.

    Selon l’article, l’Algérie présente un « énorme défi » à tout attaquant potentiel, car son réseau de défense aérienne est « bien plus performant » que n’importe quel réseau de défense aérienne auquel les États-Unis ont été confrontés depuis la guerre de Corée.

    Source: Al Manar, 21 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, African Lion, Maroc, Libye, Syrie, Kadhafi,

  • Qui veut pousser l’Algérie dans le bourbier sahélo-libyen?

    Depuis son retour avec force sur la scène internationale, l’Algérie est constamment visée par des information toxiques liées à la situation au Sahel et en Libye. Le 15 juin 2021, un magazine connu pour ses liens avec la Françafrique et le Makhzen, prétendait que le Chef d’État-Major algérien, Saïd Changriha se trouvait à Paris « pour discuter de la nouvelle donne sécuritaire au Sahel, après l’annonce de la fin de l’opération Barkhane ». Une info « exclusive » rapidement démentie par le Ministère algérien de la Défense.

    Moins d’une semaine après, des médias libyens proches de l’auto-proclamé Maréchal Haftar et de son armée de mercenaires soudanais et tchadiens, et par ricochet, proches du Maroc et de la France, ont lancé une info dont le manque de consistance délatte la mauvaise foi de sa source. Selon eux, Haftar a décidé fermer la frontière entre la Libye et l’Algérie.

    Il ne s’agit pas de la première fois de la première fois que cet énergumène provoque l’Algérie. En 2018, il a fait une sortie aussi ridicule que stupide contre l’Algérie accusant son armée d’ «incursions dans le territoire libyen». Il n’a pas trouvé mieux pour camoufler l’échec de son incursion visant Tripoli.

    Une seule explication peut être donnée à cette sortie : Après avoir épuisé toutes les méthodes de guerre médiatique, y compris un flagrant soutien à un Hirak travesti, le Maroc et la France couvent l’espoir de voir l’Algérie s’emmêler les pinceaux dans les deux bourbier sahélien et libyen.

    Dans ce but, Paris et Rabat n’hésitent mènent une véritable campagne en vue de pousser Alger à s’aventurer dans deux conflits qui ont été scénario d’un échec retentissant de la communauté internationale. Ils espèrent ainsi tuer dans l’œuf le succès réalisé par le président Tebboune grâce à une gestion magistrale de la situation interne et au processus d’assainissement politique qui fera de son pays un modèle de lutte contre la corruption.

    Le rêve français de voir l’Algérie intervenir militairement au Mali date de l’époque de Sarkozy (voir vidéo). Selon ce dernier, Alger « a les clefs de l’ensemble des données du problème ».

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  • Libye : Les forces de Haftar ferment la frontière avec l’Algérie

    Les forces de Khalifa Haftar ont fermé la frontière d’Essen avec l’Algérie dans le sud de la Libye, annonçant que la région était une zone militaire, tandis que les chaînes de télévision pro-Haftar ont diffusé des photos des forces et des véhicules de Haftar déployés à la frontière.

    Les forces d’Haftar ont lancé jeudi une opération militaire dans le sud pour « traquer les terroristes takfiri », indiquant dans un communiqué que des unités d’infanterie ont été déployées pour soutenir la pièce de libération du sud-ouest dans la région stratégique du sud.

    Le commandant de la zone militaire de Sabha sous le gouvernement d’unité nationale, Ahmed Al-Ataybi, a confirmé qu’environ 300 véhicules armés se sont positionnés dans la base aérienne de Tamnahent, sans plus de détails.

    Les menaces militaires de Haftar envers l’Algérie ne sont pas nouvelles. En septembre 2018, il a déclaré lors d’une réunion télévisée qu’il entrerait en guerre contre l’Algérie si elle continuait à « violer la souveraineté des territoires libyens », affirmant que « chaque fois que les Algériens trouvent une occasion, ils entrent dans les territoires libyens. »

    En réponse aux mouvements militaires d’Haftar, qui agit en solo au mépris des ordres du gouvernement d’unité nationale et du Conseil présidentiel, ce dernier, en tant que commandant en chef de l’armée libyenne, a émis un ordre interdisant le repositionnement des unités militaires ou les mouvements militaires en toutes circonstances.

    « S’il était nécessaire de déplacer des convois militaires et des soldats, l’autorisation et l’ordre du commandant en chef de l’armée libyenne sont obligatoires. » L’ordre, qui vise le déplacement d’Haftar dans le sud de la Libye, est ainsi libellé.

    L’ordre du Conseil présidentiel ne mentionne pas qui l’a émis, ce qui laisse libre cours aux spéculations. S’agit-il du chef du Conseil, Mohammed Menfi, du député Mossa Al-Koni ou du député Abdullah Al-Lafi, qui a été le seul à s’exprimer clairement pour rejeter les mouvements militaires d’Haftar.

    Source : The Libya Observer, 19 juin 2021

    Au mépris des efforts de paix, Haftar lance une opération militaire dans le sud de la Libye

    Le chef de guerre Khalifa Haftar a lancé une opération militaire dans le sud-ouest sous le prétexte d’ »expulser les terroristes et les mercenaires africains ».

    Le porte-parole de Haftar, Ahmed Al-Mismari, a déclaré vendredi dans un communiqué que des brigades d’infanterie des milices de Haftar se dirigeaient vers le sud-ouest pour coordonner les forces de la salle de libération du sud.

    Al-Mismari a déclaré que l’opération vise à traquer les terroristes et les mercenaires africains ainsi que les gangs armés qui menacent la paix et la sécurité dans la région en commettant des vols à main armée, de la contrebande et des crimes.

    La décision de Haftar intervient alors que ses milices opèrent en dehors des rangs de l’armée libyenne et sans consultation du gouvernement d’unité nationale, du Premier ministre et ministre de la Défense, Abdul-Hamid Dbeibah, et du chef du Conseil présidentiel, Mohammed Menfi.

    Les rapports de l’ONU et la presse internationale ont tous deux confirmé que des mercenaires africains, notamment des rebelles tchadiens et soudanais, opèrent sous les ordres des milices d’Haftara, aux côtés du groupe russe Wagner et de mercenaires syriens.

    Libya Al-Ahrar, 19 juin 2021

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  • Libye : Prochaine ouverture d’un marché de produits algériens à Misrata

    Le premier marché de produits algériens sera ouvert « dans les deux prochains mois » dans la ville libyenne de Misrata, a annoncé jeudi à Blida le délégué du Conseil des hommes d’affaires libyens en Algérie, Omar Kara. Dans une déclaration à la presse, en marge de l’envoi en Libye, du premier convoi d’œufs à couver, M. Kara a indiqué que le Conseil des hommes d’affaires libyens à Misrata, sous la houlette du Centre arabo-africain pour l’investissement et le développement, prépare l’ouverture du « premier marché dédié aux produits algériens dans la ville de Misrata ».

    Le marché algérien dont l’ouverture est prévue « dans les deux prochains mois dans une zone franche » est implantée sur une superficie de 5000 M2, a-t-il ajouté, soulignant l’importance de ce projet commercial qui va permettre le « relèvement du volume des échanges commerciaux entre les deux pays et améliorer la visibilité des produits algériens sur le marché libyen », a-t-il précisé.

    Le projet économique offrira, également, l’opportunité aux hommes d’affaires algériens de réaliser des accords commerciaux et de commercialiser leurs produits en toute facilité, tout en permettant aux commerçants libyens d’avoir un aperçu des produits algériens et de les acquérir sans avoir à se déplacer en l’Algérie, a indiqué le délégué du Conseil des hommes d’affaires libyens en Algérie.

    M. Kara a signalé que « les produits algériens sont de plus en plus présents » en Libye, prévoyant « un important engouement » du consommateur libyen pour ces produits « vu leur qualité », notamment les produits alimentaires, manufacturés et cosmétiques, a-t-il relevé.

    Pour rappel, le ministre du Commerce, Kamel Rezig avait assuré lors d’une réunion d’évaluation du forum économique algéro-libyen et de la foire des produits algériens destinés au marché libyen, organisée en mai dernier, la détermination de l’Algérie et de la Libye à « relever le volume des échanges commerciaux entre les deux pays à trois milliards de dollars, durant les prochaines années, à travers la levée de toutes les entraves de manière à rendre les opérations d’exportation et d’importation faciles et permanentes ».

    APS

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  • Algérie : Les vérités de Tebboune

    Hirak, Libye, Sahara Occidental…

    Dans une interview accordée à la chaîne qatarie El Jazeera, le chef de l’Etat est de nouveau revenu sur la situation politique du pays et les questions internationales. Interrogé par le journaliste algérien Abdelkader Ayadh, Abdelmadjid Tebboune a expliqué l’attitude des autorités par rapport aux marches du hirak. Selon lui, « les dernières manifestations étaient d’origine inconnue » et que les slogans qui y étaient scandés « sont contradictoires » et « ne sont pas identifiables » sur le plan idéologique. Il a rappelé qu’au moins « cinquante wilayas » ne connaissent plus de manifestations ces derniers temps. Une manière de signifier que le mouvement populaire ne mobilise plus comme ce fut le cas auparavant. Cela ne l’a pas empêché de rappeler l’importance du Hirak dans le départ de Abdelaziz Bouteflika. Le président de la République a indiqué, dans ce sens, que « 13 millions d’Algériens » ont « sauvé le pays de la Issaba » et « stoppé le 5ème et la prolongation du 4ème mandat ». « Le hirak authentique a sauvé l’Algérie de la déliquescence » et que « la issaba voulait exploiter la maladie de l’ancien président pour faire main basse sur le pays durant 5 autres années ». Il a accusé les membres du cercle de l’ancien président de la République, au nombre de 50, d’avoir « détourné des centaines de milliards de dollars à l’étranger ». Il reconnaît que récupérer cet argent n’est pas chose facile, mais il annonce que l’Etat algérien travaille « avec des pays amis » pour cela. « La justice a récupéré tous les biens apparents » qui appartenaient aux membres de la « issaba », a ajouté le chef de l’Etat. A la question de savoir s’il craint le courant islamiste, Abdelmadjid Tebboune a précisé que « le courant islamiste qui existe en Algérie est différent des autres qui activent dans d’autres pays ». En revanche, il a redit sa conviction que « l’Algérie s’est débarrassée, à jamais, de l’islam idéologique ». Une référence à l’islamisme prôné, dans les années 1990 par le Front islamique du Salut (FIS-dissous).

    ‘‘On a failli intervenir en Libye…’’

    Comme à chaque intervention, le chef de l’Etat n’a pas omis d’évoquer les questions internationales. Il a ainsi révélé que l’Algérie «était sur le point d’intervenir en Libye » si les « mercenaires étaient entrés dans Tripoli ». Relancé par le journaliste s’il s’agissait d’une intervention militaire, Abdelmadjid Tebboune a répondu : « d’une façon et d’une autre ». Une chose est certaine, « nous avions dit que Tripoli était une ligne rouge et nous savions de quoi nous parlions. Le message a été reçu par qui de droit », a-t-il commenté tout en réitérant sa détermination à empêcher qu’une « capitale nord-africaine soit prise entre les mains de mercenaires ». Il a dévoilé également que « des colonnes de terroristes, lourdement armés » ont traversé la zone frontalière de l’Algérie « et personne n’est intervenu ». C’est justement pour faire face à « toute éventualité » que l’armée algérienne « effectue des entraînements » ces derniers temps. Abdelmadjid Tebboune a également réitéré le principe immuable du soutien au peuple sahraoui. « Notre position ne changera pas étant « sur la question sahraouie et « l’Algérie refuse la solution de fait accompli », a tranché le chef de l’Etat qui rappelle que c’est l’ONU qui a déclaré le Sahara occidental comme « une colonie ». « Nous n’avons aucun problème avec le Maroc, mais il semble que les Marocains ont un problème avec nous », a-t-il encore ajouté à propos des relations algéro-marocaines. Au sujet de la Palestine, le chef de l’Etat a rappelé le soutien de l’Algérie au peuple palestinien et s’en prend, de nouveau, aux pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël. « Il y a une feuille de route arabe qui évoque la terre contre la paix. Or, il n’y a ni terre, ni paix. Je ne comprends donc pas pourquoi normaliser » les relations avec l’Etat hébreu, a-t-il interrogé.

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 09 juin 2021

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