Étiquette : Libye

  • «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie» (Tebboune)

    Le président Tebboune à la chaîne Al Jazeera : «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie»

    par Nawal Imès

    Indésirable depuis plus de vingt ans, la chaîne qatarie El Jazeera revient en Algérie par la grande porte. Le président de la République lui a accordé un entretien d’une trentaine de minutes, au cours duquel il a évoqué l’avenir immédiat de l’Algérie, les risques que lui ont fait courir tant la «îssaba», que les auteurs de «complots» visant sa stabilité. Les questions d’intérêt international ont également été évoquées à l’image des relations avec le voisin marocain et les enjeux des tensions que connaît régulièrement la région du Sahel.

    Nawal Imés – Alger (Le Soir) – Après l’interview au journal Le Point, c’était, hier mardi, au tour de la chaîne qatarie El Jazeera d’interviewer Abdelmadjid Tebboune qui signe ainsi la première prestation du genre d’un Président algérien. Il a été beaucoup question de politique interne, puisque le président de la République est longuement revenu sur les circonstances dans lesquelles il avait été amené à prendre les rênes du pays, affirmant que «le pays avait atteint un seuil de déliquescence inimaginable avec non plus un pouvoir, mais une véritable bande».

    Le président de la République explique que l’étendue des dégâts causés à l’économie n’est pas encore totalement connue, puisque, dit-il : «On est encore en train de découvrir que des milliards de dollars ont été détournés vers l’étranger, certains sont visibles, d’autres pas : l’État a investi 1 000 milliards de dollars dont 30% de surfacturations.» Avant d’ajouter que «les opérations d’importation étaient frauduleuses et entre les mains d’une cinquantaine de personnes qui avaient le pouvoir de décider qui peut investir ou pas. Plus qu’une oligarchie, c’était une kleptocratie». Et d’ajouter encore que «la justice a décidé de confisquer les biens de tous ceux-là. On espère que les amis en Europe et ailleurs nous aident à recouvrer les sommes détournées dans un contexte où la corruption était à tous les niveaux : c’est devenu une culture d’État. Et pour lutter contre tout cela, c’est difficile, mais le peuple en est conscient et soutient aujourd’hui ma démarche et les 54 engagements de mon programme électoral». Transition toute faite pour évoquer le mouvement populaire du 22 février qu’il préfère qualifier de «Hirak béni», lequel, dit-il, «a sauvé le pays» avec pas moins de 13 millions d’Algériens dans les rues pour dire non au cinquième mandat et à la prolongation du quatrième. «On a failli aller vers un cinquième mandat, avec un Président qui ne pouvait presque plus parler, mais le Hirak originel a refusé. Des millions d’Algériens sont sortis le dire et après, ils ont majoritairement accepté les élections avec 10 millions d’électeurs.» C’est à ce moment que le Président évoque les manifestations qui sont depuis peu interdites, en affirmant que «les gens sont alors rentrés chez eux, ils avaient réussi. Ce qui reste, c’est des centaines de personnes à l’identité inconnue, sans unité de slogans ni revendications communes. Dans 51 wilayas, personne ne sort plus. Dans les autres, seul des centaines de personnes le font». Le président de la République affirme qu’au regard de la conjoncture «cela aurait pu se terminer dans la violence. Mais aujourd’hui la situation est autre, et le danger est passé, puisque le peuple sait que le changement ne vient pas à travers la violence et le sang, mais de l’intérieur même des institutions».

    «L’Algérie, seule République debout après le Printemps arabe»

    Avec l’imminence de la tenue des législatives, ne craint-il pas que les islamistes n’emportent la majorité ? Visiblement pas, puisque Tebboune répond que «les islamistes, version algérienne, ne sont pas ceux qui existent en Égypte par exemple. L’islam idéologique n’existe plus, et les risques de dérapage non plus».

    Interrogé au sujet de ses relations avec l’armée, il les qualifiera de tellement «naturelles» que la question en elle-même l’étonne. Une armée «professionnelle», assure Tebboune, et qui ne s’ingère plus dans la politique et grâce à laquelle le pays a gagné en stabilité en dépit des «complots» qui la visent. Pourquoi est-elle visée ? Le président de la République répond que «l’Algérie est visée depuis longtemps parce qu’elle n’accepte pas les complots contre le monde arabe. L’Algérie est aux côtés des pays opprimés, et on veut faire taire sa voix ce qui est impossible : l’Algérie n’a aujourd’hui aucune dette et peut être souveraine dans ses décisions. Même le caractère social de l’État est constitutionalisé. Nous sommes la seule République à être restée debout après le Printemps arabe, que l’Algérie a connu en Octobre 1988». Qu’en est-il des rapports avec le voisin marocain ? «Nous n’avons pas de problèmes avec le Maroc. C’est ce dernier qui a des problèmes avec nous». Au sujet de la question sahraouie, Tebboune dira que cette dernière est «depuis quatre décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations Unies considèrent le Sahara Occidental comme une colonie. Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes, malgré le dossier du Sahara Occidental. Nous n’acceptons pas le fait accompli, quelles que soient les circonstances».

    La crise libyenne a également été évoquée. La sécurité de ce pays, dit-il, constitue «une ligne rouge» et l’Algérie refuse que sa capitale ne soit entre les mains de mercenaires et qu’elle «était prête à intervenir d’une façon ou d’une autre, pour empêcher sa chute. Nous allions empêcher les mercenaires de prendre Tripoli». Pour Tebboune, le message de l’Algérie a été entendu, et le dossier libyen a signé le retour de la diplomatie algérienne sur la scène internationale.

    Le Mali a été également au centre des questions posées et au sujet duquel le président de la République dira que «depuis 1962, on prend en charge les problèmes du Mali en toute bonne volonté et sans demander de contrepartie». Cela, dans une partie du monde où circulent «des caravanes chargées d’armes lourdes et légères, repérées par satellites, en direction de la région du Sahel sans être interceptées». Inévitablement, les relations avec la France ont été évoquées. Tebboune évoque l’existence, en France, de trois lobbies antialgériens. Il s’agit, dit-il, «des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancœur à leur descendance. Le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française, et le troisième comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France». Commentant enfin, le dernier éditorialiste du journal Le Monde, Tebboune s’est dit étonné qu’une publication qu’il a «réintroduite» en Algérie morde la main qui lui a été tendue, expliquant que le journal en question avait «dévié depuis le décès de son fondateur».
    N. I.

    Le Soir d’Algérie, 09 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Maroc, Palestine, Sahara Occidental, Hirak, Libye, argent détourné, biens mal acquis,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 8 juin 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Invités du point de presse aujourd’hui

    La Directrice exécutive de l’ONUSIDA (Programme commun des Nations Unies contre le VIH/sida), Winnie Byanyima, viendra peut-être à la fin du Point de presse pour vous parler de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/sida, qui se tient actuellement. Elle viendra avec les cofacilitateurs de la Réunion -le Représentant permanent de l’Australie, Mitch Fifield, et le Représentant permanent de la Namibie, Neville Gertze- à moins que des négociations de dernière minute les en empêchent.

    Secrétaire général

    Comme vous l’aurez vu, António Guterres, Secrétaire général, a fait une déclaration un peu plus tôt dans la journée, dans laquelle il a déclaré que la décision prise aujourd’hui par le Conseil de sécurité de recommander à l’Assemblée générale de faire un deuxième mandat en tant que Secrétaire général de l’ONU est un grand honneur. Il est très reconnaissant aux membres du Conseil de la confiance qu’ils lui ont témoignée. Sa gratitude s’étend également au Portugal pour l’avoir à nouveau désigné.

    M. Guterres dit que ce fut un immense privilège d’être au service de « Nous, les peuples » et à la tête des femmes et des hommes extraordinaires de cette Organisation depuis quatre ans et demi, alors que nous sommes confrontés à tant de défis complexes.

    Poursuivre, en tant que Secrétaire général, les buts et principes de la Charte est un devoir des plus nobles, a-t-il dit. M. Guterres dit qu’il serait profondément touché que l’Assemblée générale lui confie les responsabilités d’un deuxième mandat.

    Canada

    Le Secrétaire général a réagi aujourd’hui à l’attaque qui a eu lieu hier au Canada.

    Dans un tweet, il s’est dit consterné par l’attaque ciblée et odieuse contre une famille musulmane qui a eu lieu en Ontario, au Canada.

    Mon cœur va aux victimes, à la famille survivante et aux proches, ainsi qu’à la communauté, a-t-il ajouté.

    M. Guterres a appelé tout le monde à s’unir contre l’islamophobie et toutes les formes de haine, aujourd’hui plus que jamais.

    Soudan du Sud

    Une triste nouvelle en provenance du Soudan du Sud où, hier, 2 travailleurs humanitaires ont été tués lorsque leur véhicule humanitaire clairement marqué comme tel a été pris en embuscade à Yirol West, dans l’État des Lacs, alors qu’ils revenaient d’un établissement de santé.

    Rien que cette année, 4 travailleurs humanitaires ont été tués au Soudan du Sud, tous au cours du mois dernier. En 2020, ce sont 9 travailleurs humanitaires qui ont été tués.

    Depuis le début du conflit en 2013, un total de 128 travailleurs humanitaires –pour la plupart sud-soudanais– ont été tués alors qu’ils fournissaient de l’aide humanitaire.

    Nos collègues humanitaires insistent pour que les attaques continues contre les travailleurs et les biens humanitaires cessent. Nous exhortons le Gouvernement à enquêter sur ces attaques, à prendre des mesures urgentes pour protéger les travailleurs et les biens humanitaires et à faciliter l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont besoin.

    Le Coordonnateur humanitaire par intérim pour le Soudan du Sud, Matthew Hollingworth, a déclaré qu’il craignait que la poursuite des attaques contre les travailleurs humanitaires et la suspension des activités qui en découle aient un impact sérieux sur leur travail dans le pays.

    République démocratique du Congo

    Une mise à jour rapide sur la situation en République démocratique du Congo et sur celle qui concerne l’éruption du volcan Nyiragongo.

    Les autorités ont noté la fin de la coulée de lave ainsi que la diminution significative des tremblements de terre dans la région. Le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a annoncé hier que les gens pourraient retourner à Goma et sur le territoire de Nyiragongo.

    Le Gouvernement facilitera le retour progressif de la population déplacée, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 juin. Les personnes qui ont perdu leur maison lors de l’éruption seront temporairement réinstallées et recevront une aide du Gouvernement pour reconstruire environ 4 000 maisons détruites et 1 000 qui ont besoin de réparations.

    Les écoles et les universités de Goma et du territoire de Nyiragongo devraient rouvrir lundi prochain, une fois que les bâtiments auront été inspectés.

    Nos collègues humanitaires sont prêts à appuyer le plan d’action du Gouvernement, qui est en cours d’élaboration. Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’emploie à rétablir à Goma l’approvisionnement en eau de 200 000 personnes – dont au moins 100 000 enfants.

    Libye

    Dans un message qu’elle a publié, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) condamne l’attaque terroriste revendiquée par l’EIIL ayant eu lieu le 6 juin à Sabha qui a tué un certain nombre d’officiers militaires et en a blessé d’autres, selon les informations rapportées par les autorités locales. L’Envoyé spécial pour la Libye, Ján Kubiš, a exprimé ses plus sincères condoléances aux familles des victimes et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

    Cela rappelle avec force que la grande mobilité des terroristes fait augmenter le risque d’instabilité et d’insécurité en Libye et dans la région, a-t-il déclaré. M. Kubiš a réitéré ses appels à entamer de toute urgence un processus d’unification des institutions militaires et de sécurité en Libye.

    Myanmar

    L’équipe de l’ONU au Myanmar s’est dite aujourd’hui préoccupée par la détérioration rapide de la sécurité et de la situation humanitaire dans l’État de Kayah et dans d’autres parties du pays, dans la région du sud-est.

    Les attaques aveugles commises par les forces de sécurité dans les zones civiles et d’autres actes de violence à Kayah ont poussé plus de 100 000 personnes à fuir leurs foyers. Beaucoup d’entre elles cherchent la sécurité dans les communautés d’accueil et les forêts de Kayah et du sud de l’État shan voisin.

    Nos collègues ont dit que la crise pourrait pousser les gens à aller au-delà des frontières internationales, comme cela s’est déjà produit dans d’autres parties du Myanmar.

    L’équipe des Nations Unies réitère ses appels à toutes les parties pour qu’elles protègent les civils et les infrastructures civiles, en particulier les unités médicales et les agents de santé, et qu’elles adhèrent aux principes de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de protection.

    Les personnes touchées par les combats ont un besoin urgent de nourriture, d’eau, d’abris, de carburant et d’accès aux soins de santé. Nos partenaires et nous-mêmes avons des fournitures prêtes à être déployées. Toutefois, l’insécurité, les restrictions imposées aux déplacements par les forces de sécurité et le mauvais état des routes retardent la livraison des fournitures.

    L’équipe de pays de l’ONU appelle les forces de sécurité à permettre le passage en toute sécurité des fournitures et du personnel humanitaires et à faciliter notre capacité à fournir directement de l’aide à tous ceux qui en ont besoin.

    Ouganda/COVID-19

    Une mise à jour rapide sur le COVAX: comme indiqué la semaine dernière, le nombre de cas en Afrique augmente et notre équipe de pays en Ouganda travaille avec le Gouvernement pour enrayer la forte augmentation récente des cas.

    Le Gouvernement, l’équipe des Nations Unies, le secteur privé et les organisations non gouvernementales (ONG) ont organisé une table ronde virtuelle d’urgence.

    Le Plan de résurgence de la COVID-19 des Nations Unies a été lancé lors de cette réunion, avec un appel à lever 136 millions de dollars pour des interventions axées sur la santé et salvatrices au cours des trois à six prochains mois.

    Journée mondiale de l’océan

    C’est aujourd’hui la Journée mondiale de l’océan. Dans son message, le Secrétaire général a souligné que la deuxième Évaluation mondiale des océans récemment publiée confirme que nombre des avantages que l’océan mondial procure à l’humanité sont compromis par nos propres actions.

    Le Secrétaire général a noté que nos mers s’étouffent avec les déchets plastiques et que la surpêche entraîne une perte annuelle de près de 90 milliards de dollars d’avantages nets. Il a également noté que les émissions de carbone sont à l’origine du réchauffement et de l’acidification des océans, détruisant la biodiversité et provoquant une élévation du niveau de la mer qui menace les côtes fortement habitées.

    Le Secrétaire général a déclaré que le thème de la célébration de cette année, « L’océan: vie et moyens de subsistance », souligne l’importance des océans pour la vie culturelle et la survie économique des communautés du monde entier. Alors que nous nous efforçons de nous remettre de la COVID-19, mettons fin à notre guerre contre la nature, a-t-il déclaré.

    Déclaration concernant Ratko Mladić

    Le Secrétaire général prend note du prononcé, aujourd’hui, par la Chambre d’appel du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (Mécanisme résiduel), de l’arrêt dans l’affaire contre M. Ratko Mladić, ancien commandant des forces armées des Serbes de Bosnie.

    Les pensées du Secrétaire général accompagnent les victimes, les survivants et leurs familles qui ont subi un génocide, des crimes contre l’humanité et des violations des lois ou coutumes de la guerre pour lesquels M. Ratko Mladić a été reconnu coupable. Il appelle tous ceux occupant une position de pouvoir à s’abstenir de nier la gravité des crimes qui ont été jugés et note que la responsabilité constitue une étape essentielle pour la réconciliation dans la région.

    Le jugement définitif dans l’affaire contre M. Ratko Mladić, qui est l’un des plus hauts responsables jugés par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et par le Mécanisme résiduel, témoigne de l’attachement de la communauté internationale à la justice pénale internationale et à la lutte contre l’impunité. Il s’agit d’une autre étape vitale vers la réconciliation avec le passé afin de construire un avenir plus résilient, plus sûr et porteur d’espoir pour tous les citoyens et résidents de Bosnie-Herzégovine et de la région.

    Le Secrétaire général exprime sa profonde gratitude pour le dévouement et le travail acharné des juges et du personnel impliqués dans cette affaire depuis 1995, date à laquelle le premier acte d’accusation a été déposé. L’ONU reste pleinement déterminée à soutenir les efforts visant à assurer l’obligation de rendre compte et la justice pour tous.

    Contribution financière

    Nous tenons à remercier nos bons amis de Kigali pour le paiement intégral de leur part au budget ordinaire de l’ONU. Le paiement du Rwanda nous amène à 105 États à jour de leurs contributions.

    Etiquettes : Légal commémoration, CÉLÉBRATION OFFICIELLE, AFFAIRES HUMANITAIRES, OCÉANS ET DROIT DE LA MER, QUESTIONS D’ORGANISATION, CANADA, SOUDAN DU SUD, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, LIBYE, MYANMAR, OUGANDA,

  • Espagne : Sánchez se rend en Libye en pleine crise avec le Maroc

    Le président souhaite soutenir le nouveau gouvernement et encourager les entreprises espagnoles à participer à la reconstruction.

    La pandémie étant en passe d’être résolue, Pedro Sánchez se tourne vers l’agenda international, l’une des questions les plus importantes de son mandat, surtout si on le compare à Mariano Rajoy ou José Luis Rodríguez Zapatero, beaucoup moins intéressés que le président actuel par cette question. Sánchez a abordé la politique étrangère avec une vision claire de soutien à l’internationalisation des entreprises espagnoles. Ce n’est pas en vain qu’il a choisi comme ministre des affaires étrangères Arancha González Laya, experte en diplomatie économique. Dans ce contexte, le président se rend ce jeudi en Libye, un pays en proie à une terrible guerre civile depuis 10 ans, mais qui, depuis le cessez-le-feu d’août 2020, tente de forger une transition pacifique.

    M. Sanchez voyage avec plusieurs hommes d’affaires, dont le directeur de Repsol, Josu Jon Imaz, une entreprise présente en Libye depuis 27 ans et qui possède des puits très importants qu’elle a réussi à faire fonctionner presque tout le temps malgré la guerre. La Libye figure parmi les dix pays possédant les plus grandes réserves de pétrole au monde, ce qui permettrait un niveau de vie élevé pour sa population si elle parvient à mettre un terme définitif à la guerre. M. Sánchez cherche ainsi à soutenir les entreprises espagnoles et à leur trouver une place dans la reconstruction, et aussi, d’un point de vue politique, à soutenir le gouvernement de concentration nationale, qui affrontera les élections en décembre. L’Espagne a rouvert son ambassade en Libye, fermée depuis 2014, en signe de soutien à la transition démocratique vers des élections libres. Plusieurs pays européens, notamment l’Italie, tentent déjà de se positionner pour la reconstruction, et Sánchez a opté pour ce voyage afin que l’Espagne ne soit pas en reste dans ces relations avec un partenaire stratégique en Méditerranée et un pays qui a été un énorme casse-tête pour la crise migratoire, puisque des milliers d’immigrants ont quitté ses côtes alors que le pays était en pleine guerre civile et avec un État très faible, en plus de l’avancée des groupes djihadistes dans la région.

    Sánchez arrive en Libye en pleine crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc et voyage avec la ministre des affaires étrangères, Arancha González Laya, qui subit des pressions de la part de l’opposition, au point que le PP a demandé sa démission. Sánchez soutient Laya et l’exécutif estime qu’elle a fait ce qu’il fallait, car, selon lui, le Maroc était dans une dérive très dangereuse, enhardi après la décision de Donald Trump de reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental en décembre 2020. Depuis lors, selon les informations fournies par le gouvernement, le Maroc a franchi des étapes dans la pression contre l’Espagne et l’Allemagne, les deux pays qui rejettent le plus clairement cette position des États-Unis et qui sont engagés dans la résolution de l’ONU qui défend une solution convenue pour l’ancienne colonie espagnole. C’est ainsi qu’ils interprètent dans l’exécutif la forte augmentation de l’arrivée de bateaux avec des Marocains aux îles Canaries ces derniers mois, par exemple. Sánchez et Laya sont donc convaincus qu’il était nécessaire de tracer une ligne rouge, notamment parce que le Maroc commençait à remettre en question dans des déclarations publiques la souveraineté espagnole de Ceuta et Melilla, ce qui est inacceptable pour l’Espagne. C’est pourquoi le président s’est immédiatement rendu à Ceuta et Melilla lorsque la crise a éclaté. Aujourd’hui, Sánchez et Laya tentent de remettre la crise sur les rails, mais à partir d’une position différente, en n’essayant plus chaque jour d’apaiser le Maroc, mais en rééquilibrant la relation et en fixant une ligne claire avec la défense de la frontière et de l’intégrité territoriale espagnole. Le gouvernement estime que cette fois-ci, le Maroc a exagéré et a réussi à faire en sorte que toute l’Union européenne s’unisse à l’Espagne contre Rabat. Aujourd’hui, M. Sánchez, concentré sur son agenda extérieur – la semaine prochaine, il se rendra en Argentine et au Costa Rica – se prépare à une longue crise avec le Maroc, mais il est convaincu d’avoir atteint une position de force dans l’UE et ne semble pas craindre les critiques de l’opposition, et encore moins accepter les appels à la révocation du ministre.

    El Pais, 03 juin 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Pedro Sanchez, Arancha Gonzalez Laya, Libye, reconstruction, Ceuta, Repsol, pétrole, entreprises espagnoles,

  • Point de presse quotidien de l’ONU: 02 juin 2021

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 02 juin 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Énergie propre

    Ce matin, le Secrétaire général a prononcé une allocution par vidéo lors de la réunion ministérielle sur l’énergie propre, qui se déroule aujourd’hui à Santiago, au Chili.

    Il a souligné le rôle crucial du secteur de l’énergie pour réduire les émissions mondiales de 25% par rapport aux niveaux de 2010 et pour atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050.

    Le Secrétaire général a indiqué que l’élimination progressive du charbon est l’étape la plus importante pour se conformer à l’objectif de 1,5 degré de l’Accord de Paris.

    Les pays doivent transférer les subventions des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, a-t-il dit, ajoutant que les systèmes électriques à zéro émissions nettes doivent devenir la norme dans les économies avancées d’ici à 2035 et dans le monde entier d’ici à 2040.

    Le Secrétaire général a déclaré que chaque secteur -y compris la sidérurgie, le ciment et le transport maritime- doit avoir un plan d’action pour être à énergie nulle d’ici à 2050.

    Il a également signalé que si le secteur du transport maritime était un pays, il serait le sixième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde.

    Changements climatiques

    L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié aujourd’hui une étude scientifique qui indique qu’en raison de l’impact des changements climatiques, les organismes nuisibles aux végétaux qui ravagent des cultures économiquement importantes deviennent de plus en plus destructeurs. Ils constituent également une menace croissante pour la sécurité alimentaire et l’environnement.

    Liban

    Le Secrétaire général est conscient et profondément préoccupé par les difficultés financières que connaît le Tribunal spécial pour le Liban.

    Il s’est activement engagé dans les efforts visant à obtenir des fonds supplémentaires pour le Tribunal, en lançant un appel direct aux États Membres et à la communauté internationale, ainsi qu’en sollicitant une aide financière d’urgence de l’Assemblée générale, qui a été fournie plus tôt cette année.

    Le Secrétaire général continue de lancer un appel urgent aux États Membres et à la communauté internationale pour des contributions volontaires afin d’obtenir les fonds nécessaires pour appuyer les procédures judiciaires indépendantes qui demeurent devant le Tribunal.

    Il note également que le soutien financier continu de la communauté internationale est essentiel pour garantir la justice pour les victimes au Liban.

    Yémen

    Suite à une question posée au sujet de la déclaration faite par Ansar Allah concernant l’implication de l’ONU dans la tentative de sécuriser le pétrolier Safer, qui est au large des côtes du Yémen, le porte-parole a affirmé que ladite déclaration est « clairement décevante ».

    Elle semblerait confirmer qu’Ansar Allah n’est pas prêt à fournir les assurances dont l’ONU a besoin pour déployer une mission sur le pétrolier Safer. Cette mission cherche depuis des années à effectuer une évaluation et un éventuel entretien léger sur ce pétrolier qui détient environ 1,1 million de barils de pétrole.

    Les houthistes continuent de se concentrer sur l’entretien complet du navire. Mais l’ONU a expliqué à maintes reprises que cela ne peut être entrepris sans avoir une évaluation impartiale en main. Le pétrolier est un site dangereux, et il faut comprendre exactement à quoi on a affaire avant d’entreprendre des travaux majeurs.

    L’ONU a eu des discussions très intenses à ce sujet avec Ansar Allah au cours des 10 derniers jours pour essayer de combler les lacunes dans les objectifs et les compréhensions. Nous avons également vu un engagement direct des États Membres pour essayer de débloquer des choses, ce qui a été utile. Mais nous n’en sommes pas encore là, ce qui est bien dommage, a ajouté le porte-parole.

    Le Conseil de sécurité doit se réunir pour discuter du pétrolier Safer demain, suite à quoi plus d’informations devraient être disponibles.

    République centrafricaine

    Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, est arrivé à Bangui dans le cadre de la visite d’une délégation de haut niveau qui comprend l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), ainsi que l’Union européenne. Ils seront dans le pays pour les quatre prochains jours, dans le cadre de consultations régulières entre les quatre organisations et les autorités centrafricaines sur le processus de paix.

    S’adressant à la presse à l’aéroport, les membres de la mission ont réitéré leur engagement à promouvoir un dialogue inclusif et une véritable réconciliation.

    Pour sa part, M. Lacroix a souligné la nécessité de travailler ensemble pour parvenir à une paix durable qui permettra aux Centrafricains de connaître enfin la stabilité et la sécurité.

    La délégation s’entretiendra avec le Président, M. Faustin Touadéra, le Président de l’Assemblée nationale, M. Mathieu Sarandji, ainsi qu’avec des représentants de partis politiques. Ils rencontreront également des membres de la société civile, y compris des organisations de femmes, et devraient terminer leur visite par une conférence de presse, le 5 juin.

    Libye

    Le Secrétaire général s’adressera à la Conférence de Berlin sur la Libye, le 23 juin, par visioconférence. Son Envoyé spécial pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Ján Kubiš, y participera en personne.

    Cette Conférence sera une occasion importante de rassembler la communauté internationale pour faire le point sur la situation actuelle en Libye et offrir un soutien aux Libyens dans la préparation des élections nationales qui sont prévues le 24 décembre de cette année. Le retrait des forces étrangères et des mercenaires du pays, ainsi que les mesures visant à appuyer la réunification des principales institutions libyennes, seront un des points de mire de la conférence.

    République démocratique du Congo

    Dans une déclaration publiée en fin de journée hier, le Secrétaire général a fermement condamné les attaques menées hier par des membres présumés des Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo. Ces attaques, qui ont visé des camps de personnes déplacées près des villes de Boga, dans le territoire d’Irumu, dans la province d’Ituri, et de Tchabi, dans la province du Nord-Kivu, ont fait au moins 55 morts et de nombreux blessés parmi les civils.

    Une force d’intervention rapide de la mission des Nations Unies dans le pays, la MONUSCO, a été déployée dans les zones touchées, tandis que des Casques bleus ont aidé les blessés, notamment par des évacuations médicales.

    Les Nations Unies, par le biais de sa Représentante spéciale en République démocratique du Congo, continueront à accompagner le Gouvernement et le peuple congolais dans leurs efforts visant à instaurer la paix et la stabilité dans l’est du pays.

    Éthiopie

    Les agences humanitaires indiquent que la situation sécuritaire dans la région du Tigré reste très complexe dans son ensemble. Alors que les hostilités ont en grande partie cessé, depuis mars, dans les régions frontalières avec l’Érythrée, des zones du nord-ouest aux zones orientales, l’accès à ces zones est souvent refusé.

    La violence et les attaques contre les civils, y compris les travailleurs humanitaires, se poursuivent. Vendredi dernier, un travailleur humanitaire travaillant avec une ONG a été tué lors d’un échange de tirs au cours d’une attaque à l’extérieur d’un bâtiment du Gouvernement dans la ville d’Adigrat, située dans la zone orientale du Tigré. Depuis le début du conflit, neuf travailleurs humanitaires ont été tués au Tigré, tous de nationalité éthiopienne.

    Les agences humanitaires indiquent également que les niveaux d’insécurité alimentaire et de malnutrition restent alarmants. Les établissements de santé continuent de recevoir et de traiter des victimes de violences sexistes dans toute la région, avec 1 288 cas officiels signalés entre février et avril.

    Du 27 mars au 31 mai, les agences de l’ONU et leurs partenaires ont apporté une aide alimentaire à plus de 2,8 millions de personnes sur les 5,2 millions ciblés. À ce jour, environ 430 000 personnes, soit seulement 15% des trois millions de personnes ciblées, ont reçu des abris d’urgence et des articles non alimentaires.

    L’ONU et ses partenaires humanitaires intensifient progressivement la réponse mais ne suivent pas encore le rythme des besoins croissants. Cela est dû à une combinaison de plusieurs facteurs, notamment les contraintes d’accès, l’insuffisance des capacités de communication, des obstacles bureaucratiques et, comme toujours, un manque de financement.

    Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, informera prochainement le Conseil de sécurité au sujet du Tigré.

    Afrique de l’Ouest

    Suite à sa nomination en tant que Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mahamat Saleh Annadif a entamé sa première tournée officielle dans la région.

    Il est aujourd’hui en Guinée-Bissau pour participer à une série de rencontres. Plus tôt cette semaine, il était au Ghana, où il a rencontré le Président Nana Akufo-Addo. Les deux hommes ont discuté de plusieurs questions liées à la paix et à la sécurité dans la région, notamment des menaces continues du terrorisme et de la sécurité maritime, ainsi que des moyens de renforcer le partenariat entre l’ONU et le Ghana.

    Dans les prochains jours, M. Annadif se rendra également en Gambie, en Guinée, à Cabo Verde, au Niger, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Nigéria.

    Afghanistan

    En Afghanistan, des combats intenses et des frappes aériennes se poursuivent depuis la semaine dernière, affectant presque tous les districts de la province de Laghman. D’après les agences humanitaires, des informations indiquent également que les combats s’étendent à de nouvelles zones dans les provinces voisines du Nuristan et de Nangarhâr.

    Selon les mêmes sources, les combats et les affrontements armés ont en outre contraint plus de 10 500 hommes, femmes et enfants à fuir leurs maisons dans différentes parties du district d’Imam-Sahib, dans la province de Kondôz. Des maisons et des terres agricoles auraient été gravement endommagées en raison de l’utilisation de l’artillerie et des frappes aériennes.

    Les équipes d’évaluation de l’ONU et des partenaires humanitaires s’efforcent de confirmer l’impact de la situation dans les provinces touchées. Des réponses humanitaires ont débuté à Laghman et Kondôz.

    En 2021, près de 116 000 personnes ont été déplacées par le conflit en Afghanistan, tandis que près de cinq millions de personnes sont toujours en situation de déplacement prolongé depuis 2012. L’ONU exhorte les parties au conflit, en vertu du droit international humanitaire, à mieux protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris les écoles et les hôpitaux, qui sont malheureusement trop souvent ciblés.

    Un financement urgent est nécessaire pour le Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan, lequel nécessite 1,3 milliard de dollars pour aider 15,7 millions de personnes. Seulement 172 millions de dollars ont été reçus à ce jour.

    Myanmar

    Au Myanmar où les écoles ont rouvert, le personnel de l’ONU sur le terrain a averti aujourd’hui que les attaques contre les écoles et les établissements d’enseignement se poursuivaient.

    L’UNICEF au Myanmar affirme qu’au moins 54 attaques contre des écoles et le personnel scolaire ont été signalées depuis la prise de pouvoir par les militaires le 1erfévrier. La plupart de ces attaques ont eu lieu en mai. Il y a eu environ 141 incidents où l’armée a utilisé des établissements d’enseignement à ses propres fins.

    L’UNICEF a souligné que la violence à l’intérieur et autour des écoles n’est jamais acceptable. De même, les attaques contre les lieux d’apprentissage et le personnel éducatif, et l’occupation des établissements scolaires sont des violations des droits de l’enfant.

    Les agences humanitaires au Myanmar se disent alarmés par l’augmentation des informations faisant état de déplacements internes suite à l’intensification des combats dans certaines parties du pays.

    Quelque 188 000 personnes ont été déplacées dans le nord-est du pays, ainsi qu’au sud-est et à l’ouest, depuis le début de l’année. La plupart de ces déplacements ont eu lieu depuis le 1er février et le coup d’État.

    Les besoins humanitaires résultant de cette vague de déplacements s’ajoutent aux besoins du million de personnes qui avaient déjà besoin d’aide avant la prise de pouvoir des militaires.

    Sri Lanka

    Au Sri Lanka, l’équipe de pays de l’ONU soutient le Gouvernement alors que le pays fait face à l’une de ses pires catastrophes environnementales après qu’un cargo transportant des produits chimiques a pris feu au large de ses côtes le 21 mai dernier.

    Parmi les milliers de conteneurs du cargo, plus de 80 contenaient des matières dangereuses, dont 25 tonnes d’acide nitrique.

    Dans le cadre des efforts de préparation et d’intervention en cas d’urgence, le Programme alimentaire mondial (PAM) a collaboré avec l’autorité de protection de l’environnement du Sri Lanka pour mettre en place une équipe de gestion des incidents, avec une planification d’urgence en cas de déversement d’hydrocarbures et des exercices de simulation.

    L’équipe de l’ONU est prête à redoubler d’efforts si les autorités le lui demandent.

    Emploi et perspectives sociales dans le monde

    L’Organisation internationale du Travail (OIT) a publié un rapport qui laisse apparaître que la crise du marché du travail créée par la COVID-19 est loin d’être terminée. Le rapport « Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2021 » montre en effet que la croissance de l’emploi sera insuffisante pour compenser les pertes subies, au moins jusqu’en 2023.

    Les projections de l’OIT indiquent que le chômage devrait toucher 205 millions de personnes dans le monde en 2022, dépassant de beaucoup le niveau de 187 millions de 2019. Cela correspond à un taux de chômage de 5,7%. Si l’on exclut la période correspondant à la crise du COVID-19, il faut remonter à 2013 pour retrouver un taux similaire.

    Les baisses enregistrées en matière d’emploi et d’heures travaillées ont entraîné une forte chute des revenus du travail et, en parallèle, une augmentation de la pauvreté. En comparaison avec 2019, 108 millions de travailleurs supplémentaires dans le monde sont désormais considérés comme vivant dans la pauvreté ou dans l’extrême pauvreté.

    UNICEF/Vaccins

    L’UNICEF a annoncé aujourd’hui avoir signé un accord sur le long terme avec Moderna pour fournir des doses de vaccins contre la COVID-19 au Mécanisme COVAX.

    Grâce à cet accord, l’UNICEF et ses partenaires auront accès à 34 millions de doses de vaccin pour quelque 92 pays et territoires en 2021.

    Il s’agit du cinquième accord d’approvisionnement que l’UNICEF a signé pour des vaccins. L’agence onusienne avait précédemment annoncé des accords avec le Serum Institute of India, Pfizer, AstraZeneca et Human Vaccine qui est également connu sous le nom de Sputnik V.

    Rencontre avec la presse

    À 16 h 30 aujourd’hui, les Coprésidents du Groupe des Amis des femmes du Sahel, le Représentant permanent du Niger, M. Abdou Abarry; et l’Observatrice permanente de l’Union africaine, Mme Fatima Kyari Mohammed; ainsi que le Chef de la délégation de l’Union européenne auprès de l’ONU, M. Olof Skoog, interviendront devant la presse au point de rencontre avec les médias situé devant la salle du Conseil de sécurité.

    Cette rencontre interviendra après la réunion en formule Arria du Conseil de sécurité sur le « Renforcement d’une approche intégrée de la paix et de la sécurité au Sahel à travers l’optique genre ». Il est question du lancement du Groupe des Amis des femmes du Sahel.

    Etiquettes : QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ENFANTS, ÉNERGIE, ALIMENTATION, AFFAIRES HUMANITAIRES, LÉGAL, MAINTIEN DE LA PAIX, AFRIQUE, LIBAN, YÉMEN, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, LIBYE, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, AFGHANISTAN, SRI LANKA, ÉTHIOPIE, MYANMAR,

  • Belle moisson diplomatique pour l’Algérie

    Dossiers libyen, Malien, palestinien et Sahara occidental

    La remontada Algérienne
    Belle moisson diplomatique pour l’Algérie, qui, à la faveur d’une brusque accélération des événements géopolitiques, se replace confortablement au-devant de la scène régionale et internationale.

    Brahim TAKHEROUBT

    Ils étaient nombreux les think thanks, les instituts d’analyse et les observateurs non avertis- à se faire «des soucis» sur l’état de santé diplomatique de l’Algérie. Car, avançaient-ils, le plus grand pays d’Afrique a complètement perdu la main sur les dossiers- clefs qui rythment la vie politique, sécuritaire et diplomatique de la région. Dans le dossier malien, ces think thanks n’ont-ils pas soutenu que l’Algérie est définitivement exclue et que sa voix n’est plus audible?

    De même, ajoutent ces « moulins à idées» que l’Algérie a été « totalement éjectée» de la question libyenne où elle n’a plus droit au chapitre. Pour le Sahara occidental, c’est à peine s’ils n’ont pas lâché le qualificatif de bérézina algérienne pour saluer l’action «avisée» du Maroc dont le seul haut fait d’armes est d’avoir normalisé ses relations avec Israël pour quémander un soutien américain. Bâties sur les sables mouvants du rivage, toutes ces thèses ont été emportées au premier ressac.

    À la faveur d’une brusque accélération des événements au plan régional, l’Algérie se replace confortablement au-devant de la scène diplomatique. Une impressionnante remontada géopolitique. Avec la Libye, l’heure est au réalisme politique et au business. Plus de 10 membres du gouvernement de transition ont accompagné le déplacement du Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, il y a deux jours, à Alger. Le Forum économique algéro-libyen, qui s’est tenu les 29 et 30 mai derniers, en présence de 700 opérateurs économiques, a constitué un saut qualitatif dans le domaine de la coopération économique et du partenariat entre les deux pays.

    Depuis le début de la crise libyenne en 2011, l’Algérie n’a pas changé sa position d’un iota, concernant la Libye depuis les raids de l’Otan contre ce pays voisin en 2011, en respectant les principes de non-intervention dans les affaires internes des pays tiers et de règlement des conflits par la voie politique. L’Algérie est restée au-dessus de la mêlée dans la crise libyenne, en se tenant à une égale distance entre les parties en conflit. Si avec le voisin libyen, la dynamique de relance est effective, le dossier malien est d’une actualité brûlante.

    Après l’éviction du président intérimaire Bah Ndaw et de son Premier ministre, lors du coup d’Etat du 24 mai dernier, la donne géopolitique a été sérieusement bousculée. Un boulevard inespéré s’ouvre devant Poutine qui ne se fera pas prier pour prendre pied en Afrique et desserrer par là même les Européens qui se resserrent contre Moscou. Bamako multiplie les appels en direction de la Russie, perçue comme un pays ami et non comme l’ancienne puissance coloniale. Macron s’en est offusqué en déclarant vouloir se retirer de ce bourbier où s’est enlisée l’armée française après une débauche de moyens et d’énergie pour un piteux résultat. C’est l’accord d’Alger qui prend alors toute son importance surtout que le nouveau prétendant à jouer les premiers rôles dans la région, la Russie, est un allié stratégique de l’Algérie.

    Elle cueille également les dividendes de sa fidélité à la cause palestinienne. L’Algérie s’en sort grandie pour son intransigeance envers l’agression de l’armée sioniste contre la Palestine. On a les images de manifestations de sympathie envers l’Algérie, retransmises à partir de Ghaza, pour son courage et la rectitude de ses positions. De même qu’elle n’a pas changé sa position envers le peuple sahraoui, dernière colonie en Afrique qui lutte pour son droit à l’autodétermination. De tous ses dossiers, l’Algérie a fait une belle moisson diplomatique qui la replace désormais comme partenaire incontournable dans la région du Sahel.

    L’Expression, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, offensive diplomatique, Libye, Mali, Sahara Occidental, Palestine, Sahel, Maghreb, Tunisie,

  • Diplomatie : L’Algérie reprend son rôle stratégique

    par Abla Chérif

    Alger réactive son rôle régional de manière très perceptible depuis un moment. Elle est tournée principalement vers l’Est, mais tend aussi à garder un pied ferme dans le Sud-Ouest, en Mauritanie notamment, où de nouvelles perspectives se mettent plus sérieusement en place.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Cette nouvelle donne est surtout plus visible puisqu’elle se manifeste par des faits palpables qui marquent un saut qualitatif dans ses visées géostratégiques, après une longue période qui s’est limitée à des vœux pieux jamais réellement concrétisés. Alger semble aussi et surtout aller plus en profondeur dans son mode d’action, et semble avoir dépassé très vite ces derniers mois la doctrine sécuritaire qui est restée, des décennies durant, la principale carte jouée sur l’échiquier régional. Le processus de rapprochement enclenché avec la Libye le démontre d’ailleurs clairement. Ici, il n’est plus question de limiter les actions à la sécurisation des frontières, cette phase qui dure de longue date s’accompagne désormais d’un «partenariat multiforme gagnant-gagnant dans divers domaines prometteurs, notamment l’énergie, les travaux publics, la construction, l’investissement et les industries agroalimentaires».

    Le fait marquant réside aussi en la décision de la réouverture du poste frontalier Deb-Deb-Ghdamès, axe stratégique dans le transport de marchandises. Au même moment, les deux pays passent en revue les mesures pratiques visant la réouverture de la ligne maritime, ainsi que la possibilité d’ouvrir une ligne de transport de fret aérien et la reprise des vols aériens.

    La Libye est aussi toute gagnante dans ce processus qui lui permet de dépasser la «position d’élément de bouleversement» dans l’échiquier régional. L’Algérie renforce, elle, sa position régionale stratégique à l’Est où elle peut en premier lieu s’appuyer sur son partenaire essentiel, la Tunisie. Les deux pays ne semblent d’ailleurs faire plus qu’un en matière de déplacements humains et de transit de marchandises. C’est le fruit d’une longue coopération multiforme bien imagée lors de la remise de la médaille Athir par Abdelmadjid Tebboune à son homologue Kaïs Saïed. Le Président tunisien avait d’ailleurs tenu à réserver sa première sortie officielle à l’Algérie qui l’a honoré, pour reprendre les termes utilisés par l’APS, de la «plus haute distinction algérienne saluant l’excellence des relations bilatérales et les sacrifices communs durant la guerre de Libération».

    Alger ne conçoit que très peu de limites aux efforts en matière de soutien (multiformes) à Tunis. L’aide est avant tout économique et on l’a bien vu durant la visite de Kaïs Saïed (2020), puisque le chef de l’État algérien a annoncé à ce moment le dépôt de 150 millions de dollars dans la Banque centrale tunisienne. Une décision accompagnée d’un engagement à faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, pour permettre à la Tunisie de dépasser la zone de turbulences dans laquelle elle se trouve. Tunis a aussi pu bénéficier d’une aide médicale importante durant le Covid, 140 000 litres d’oxygène, pour renforcer un partenariat stratégique multiforme (où la question sécuritaire joue un rôle très important), visant à stabiliser un voisin sur lequel l’Algérie peut compter dans les moments difficiles. L’axe Ouest est aussi appelé à se renforcer grâce la réactivation du rôle de l’Algérie auprès de la Mauritanie, un pays avec lequel Alger tend à aller plus en profondeur en matière de relations bilatérales. Là aussi, l’effort vise à aller au-delà du cadre sécuritaire. En avril dernier, et pour la première fois, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente pour la création d’une commission bilatérale frontalière qui «traduit la volonté des deux pays de renforcer les relations de fraternité, de voisinage et de coopération», entre les deux États, et «intensifier le dialogue permanent, tout en mettant en place des mécanismes de coopération et de concertation sur le développement et la sécurisation de ces zones». Les deux pays évoquent aussi ouvertement les opportunités existantes en matière d’investissements, l’intensification des échanges économiques, commerciaux…

    Signe des temps, l’Algérie recevait en janvier dernier une délégation militaire de haut niveau conduite par le chef d’état-major des armées libyennes. «La première visite en Algérie du chef d’état-major revêt un caractère particulier pour les deux pays frères», commentait son homologue algérien.

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 01 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, diplomatie, Libye, Tunisie, Mauritanie, coopération, échange commercial, partenariat, frontières, Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed, faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, relations bilatérales,

  • Algérie-Libye: Un Maghreb uni au service des Maghrébins

    La Libye est de retour. Fini donc le drame incommensurable d’un peuple victime d’une intervention militaire occidentale illégitime et injustement dépossédé de ses richesses. La page douloureuse de la guerre par procuration est désormais tournée pour aborder l’ère de la réconciliation, de la stabilité et de la reconstruction nationale. A pas sûr, la nouvelle Libye avance pour se défaire à jamais des séquelles de la printanisation chaotique et sanguinaire. Le cap est résolument mis sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel et institutionnel revendiqué, dès le déclenchement de la crise, par l’Algérie au côté de la Libye, en toutes circonstances, et soucieuse de faire taire les armes de la fitna lorsque les armes de la destruction massive ont plongé le peuple libyen dans un enfer inqualifiable.

    «Comment pouvons-nous oublier ce que le peuple frère libyen avait apporté comme soutien matériel et moral à notre Glorieuse guerre de libération nationale. Comment ne pas se remémorer avec fierté «les deux batailles d’Issine», le 3 octobre 1957 et le 25 septembre 1958, où le sang libyen s’est mêlé au sang algérien dans une image des plus suprêmes de sacrifice et dans un sens des plus nobles de la foi en un destin commun», a souligné le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, procédant à l’ouverture du forum économique algéro-libyen, en présence du ministre du Commerce, Kamel Rezig et de son homologue libyen, Mohamed El Hawj.

    Le devoir de solidarité commande aujourd’hui la mobilisation de tous les moyens politique et diplomatique pour permettre le retour en force de la Libye sur la scène internationale et tracer la voie à un avenir commun. Il impose un partenariat maghrébin au service des peuples maghrébins dont les prémices sont perceptibles dans l’intervention prompte de la Sonelgaz pour le rétablissement du courant électrique à Tripoli, la signature d’une convention entre la Sonelgaz et la société libyenne Général Electric Compagny pour la production, le transport et la distribution de l’électricité et du gaz en Libye, et la contribution de la Sonatrach pour la reconstruction et l’entretien des champs et des ports pétroliers.

    Le Maghreb uni et à voix forte n’est pas une lubie. Il est une réalité vivante incarnée par la volonté des deux pays de lancer sans tarder les chantiers d’un partenariat gagnant-gagnant. Les perspectives se déclinent dans la mise en place d’une zone de libre-échange, l’ouverture des lignes maritime, aérienne et terrestre reliant Debdeb à Ghadamès. Les potentialités algéro-libyennes sont énormes. Elles permettent le développement d’un partenariat commercial qui ambitionne de porter les échanges commerciaux à hauteur de 3 milliards de dollars (contre 59 millions de dollars actuellement).

    Ensemble, l’Algérie des réformes économiques et la Libye stable et sûre peuvent relever le défi de l’intégration maghrébine.

    Horizons, 30 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Libye, Maghreb, coopération économique, échange, commerce, viste d’Abdelhamid Dbeibah en Algérie,

  • Algérie-Libye : Soft power

    Près de 10 ans après la chute de Kadhafi, l’Algérie s’affiche officiellement au devant de la scène libyenne. La montée au créneau «à visage découvert» ne concerne ni les pourparlers entre les différentes factions locales, ni pour manifester un désaccord par rapport à une intervention étrangère.

    Elle a été exprimée sous forme économique. C’était hier, samedi, en terre algérienne, exactement à l’hôtel «El-Aurassi» (Alger). L’occasion, c’était l’organisation du forum-économique algéro-libyen dont l’initiateur est le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et en présence d’un autre représentant du gouvernement, en l’occurrence celui du commerce, Kamel Rezig. Du côté officiel libyen, il y avait le ministre de l’Economie et du Commerce, Mohamed al-Haweij.

    Au-delà de la symbolique qu’elle représente, cette rencontre officielle vient signifier la grande importance que revêt la Libye pour l’Algérie. Au-delà des objectifs de l’événement, ceux de «renforcer la coopération économique et commerciale» et de «trouver des opportunités de partenariats bilatéraux dans les différents secteurs économiques entre les deux pays», c’est avant tout une «exhibition» des ambitions d’Alger.

    Le temps des tergiversations et des hésitations dans le dossier libyen est vraisemblablement révolu. L’implication directe de Sabri Boukadoum dans l’organisation de ce forum économique en est, sans aucun doute, la meilleure preuve.

    L’Algérie se voit finalement confortée dans toutes ses positions affichées depuis le début de la crise libyenne, en 2011. L’Etat, fidèle à ses principes et aux idéaux défendus depuis l’indépendance, et malgré ses problèmes internes, n’a pas flanché devant le bourbier qui se déroulait à ses frontières Est. Le temps lui a donné raison. D’ailleurs, tous les pays qui se sont impliqués directement, ou indirectement, dans le conflit libyen se retrouvent actuellement dans une position loin d’être reluisante. La solution militaire n’a abouti à rien d’autres qu’à la destruction de la Libye, et la population locale a été la plus grande perdante.

    Maintenant les données ont changé. Il y a un processus politique qui a déjà permis l’installation d’un gouvernement unifié, dont la mission principale est la préparation des prochaines élections, législatives et présidentielle. L’Algérie ne peut pas se permettre une non-implication, et pas uniquement sur le plan économique. Il était temps…

    Reporters, 30 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Libye, forum économique, commerce, échanges,

  • La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe (Institut Montaigne)

    Hakim El Karoui*

    La Méditerranée n’est pas une frontière : les flux d’hommes, d’idées, de marchandises, d’argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu’une barrière. Les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd’hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. C’est aussi le cas pour l’Espagne, avec le Maroc, et l’Italie, avec la Tunisie et la Libye. Le Sud de l’Europe est arrimé au Nord de l’Afrique, pour le meilleur – les échanges culturels, les services comme le tourisme, l’économie du care, la coopération industrielle – comme pour le pire, avec l’islamisme radical européen qui prend ses racines au Maghreb.

    L’Europe – et particulièrement la France – n’a pas nécessairement su prendre la mesure des transformations sociales qui ont provoqué les révoltes du printemps arabe il y a une décennie. Ce rendez-vous manqué ne doit pas se reproduire à l’occasion de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques.

    Depuis de nombreuses années, les pays européens ont le sentiment de voir se rétrécir leur sphère d’influence en Afrique du Nord. D’autres pays, notamment des économies émergentes, ont su trouver leur place auprès des nouvelles élites économiques et formuler des propositions de partenariat concurrentes à celles des Européens.

    Les dés ne sont pourtant pas jetés. Il n’y a aucune fatalité à ce que les liens entre les deux rives de la Méditerranée s’estompent au profit d’une présence turque, qatarie, chinoise ou russe renforcée. Nous avons de nombreux atouts et au-delà nous partageons une histoire et un destin communs avec ces pays.

    Cette note dresse un état des lieux complet du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, avant la crise du Covid-19 et depuis. L’Institut Montaigne y plaide pour que les Européens octroient un soutien massif au Maghreb, notamment à la Tunisie, sans contrepartie trop brutale, pour éviter un choc social et politique qui y menacerait le fragile édifice démocratique.

    Avant le Covid-19 et depuis : quel état des lieux économique ?

    La Tunisie, une démocratie au modèle économique à réinventer
    Symbole politique unique dans le monde arabe, la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Ses indices de transparence sont au niveau des grandes démocraties émergentes, à l’instar de l’Inde ou du Brésil. Mais, longtemps considérée comme l’un des pays les plus compétitifs du continent africain, la Tunisie voit sa situation économique et financière se dégrader depuis les années 2010 pour atteindre -7 % de croissance en 2020.

    Le pays est désormais caractérisé par un potentiel de croissance trop peu exploité, un manque de productivité et une certaine stagnation économique. Le secteur primaire (près de 13 % des emplois tunisiens), trop orienté vers la sécurité alimentaire nationale, est insuffisamment tourné vers le commerce extérieur. La Tunisie ne dispose d’aucune rente naturelle. C’est donc sur les exportations liées aux services (principalement le tourisme) et sur les flux d’investissements étrangers (IDE), notamment dans le textile et la micro-électronique, que repose l’économie tunisienne. Malgré une forte diversification de son économie et de réels atouts comme le faible coût du travail associé à un système de formation relativement efficace, la Tunisie peine à valoriser pleinement ses atouts.

    La Tunisie connaît un fort taux de chômage, environ 15 % de la population active. Sa croissance démographique rapide, d’environ 1 % par an, ralentit la capacité d’absorption du marché du travail de sorte que les taux de chômage des 15-24 ans comme celui des diplômés s’élèvent à environ 35 % et 30 % respectivement.

    Afin de calmer la colère sociale, les autorités ont massivement eu recours à l’augmentation de l’emploi public, en titularisant notamment des personnes en contrats à durée déterminée et en recrutant massivement dans la fonction publique dans les zones les plus pauvres. Dès la fin de l’année 2016, on dénombrait déjà près de 600 000 emplois publics, contre un peu moins de 450 000 à la fin de l’année 2010. Aujourd’hui, la masse salariale représente environ la moitié de la dépense publique tunisienne. L’emploi public culmine à près de 18 % du total – un record mondial.

    Ce modèle économique a fortement été ébranlé par la crise de 2020 et le « Grand confinement ». La réponse des autorités tunisiennes a été cohérente sur le plan sanitaire mais limitée financièrement. Par exemple, le gouvernement a versé deux tiers du SMIC aux familles les plus pauvres, soit 140 euros.

    Avec un total d’environ 2 points de PIB, le plan de relance lié aux mesures d’urgence demeure modeste, comparé à la moyenne mondiale et à celle des pays émergents (respectivement, près de 3,5 et 3 points de PIB).

    Le Maroc, un modèle de croissance expansif malgré de fortes inégalités

    Le Maroc et la Tunisie partagent certaines caractéristiques de développement :

    -un modèle de croissance « ouvert » (taux d’ouverture avant-crise proche de 90 %) qui repose sur les exportations touristiques et sur la consommation ;
    -un secteur primaire important, qui représente 12,5 % du PIB et concerne un tiers de la population active.

    Le « printemps arabe » et la recrudescence de l’instabilité régionale ont largement bénéficié au Maroc. Le pays se situe une vingtaine de places devant la Tunisie dans les classements Doing Business et Global Competitive Index. Les flux touristiques le démontrent : le Maroc a enregistré une croissance nettement plus importante que la Tunisie ou même l’Égypte – où les arrivées se sont effondrées lors des manifestations de 2011 et des vagues d’attentats de 2015 et 2016.

    Mais de fortes inégalités persistent. Le Maroc souffre, comme la Tunisie, d’un taux de chômage important, principalement chez les jeunes de 15-24 ans (21,9 %). La participation des femmes au marché du travail (19,9 % in 2020) est près de deux fois inférieure à la moyenne des pays en voie de développement (45 %). Le taux d’alphabétisation des femmes est inférieur d’environ 20 points à celui des hommes. Par conséquent, les femmes marocaines sont plus nombreuses qu’ailleurs dans le secteur informel.

    Plus largement, les principaux indicateurs sociaux sont inférieurs au reste des pays du Maghreb. Mais si le Maroc peine à réduire les inégalités structurelles, le pays a rapidement mobilisé un grand nombre d’outils de financement pour gérer l’urgence sanitaire de 2020 et soutenir les populations fragiles. Dès le début de la crise de Covid-19, les autorités marocaines ont effectivement mobilisé 3 milliards de dollars, soit 3 % du PIB. Mais ce montant ne suffit pas à contenir l’accroissement rapide du ratio d’endettement et le creusement des déficits courants.

    L’Algérie, des fondamentaux économiques dépendants du cours des hydrocarbures

    Le modèle de croissance algérien est fondé sur un triptyque :

    -production et exportation des ressources, notamment en hydrocarbures qui représentent entre 20 et 25 % du PIB national et plus de 90 % des exportations ;
    -faible tertiarisation de l’activité, notamment en ce qui concerne le tourisme et les services à la personne ;
    forte présence de l’État dans l’économie.
    -La pérennité de ce modèle de croissance dépend donc fortement des cours des hydrocarbures. Or, depuis 2014, on observe une baisse tendancielle des rentes pétrolières, ce qui impacte réellement le PIB algérien.

    La baisse des recettes pétrolières a conduit à un accroissement du déficit budgétaire depuis cinq ans. En 2015, il atteignait -16 % du PIB. L’endettement public intérieur a continué à se creuser, passant à 46,3 % du PIB en 2019. Le double choc pétrolier et sanitaire du premier semestre 2020 a abouti à une contraction du secteur des hydrocarbures, une baisse de la consommation et une chute de l’investissement. La crise est financière mais aussi sociopolitique. La stabilité sociale et politique de l’Algérie repose depuis la fin des années 1990 sur ses dépenses sociales.

    Les dépenses sociales au sens large représentent environ 25 % du PIB, soit 5 points de plus que la moyenne de l’OCDE – un montant considérable. La soutenabilité de ce système de redistribution massive via les transferts sociaux en Algérie est conditionnée à un prix élevé du baril de pétrole. L’effondrement des prix du pétrole au début de l’année 2020 a ainsi mis en péril un système de transferts sociaux essentiels pour la stabilité politique du pays.

    Cette politique de transferts sociaux permet de compenser un taux d’emploi très faible, avec un taux d’activité parmi les plus bas au monde (42 % en moyenne).

    L’Algérie doit donc trouver d’autres sources de financement pour assurer la pérennité de son système.

    Avant la pandémie, les pays du Maghreb étaient porteurs de fragilités économiques et sociales. Ces dernières se sont accentuées avec la crise. Pour y faire face, cette note projette des scénarios macroéconomiques par lesquels l’Institut Montaigne évalue clairement et précisément les besoins de financement des trois pays maghrébins.

    Sortir de la crise : quels scénarios ?

    Le cas tunisien

    La Tunisie a bénéficié d’un prêt d’urgence d’environ 753 millions de dollars de la part du FMI en avril 2020. Cette somme ne suffira pas à couvrir l’entièreté du besoin de financement public du pays en 2021. 1 milliard de dollars supplémentaires pourraient lui être accordés, mais ils sont conditionnés à la mise en place de réformes structurelles négociées avec le précédent gouvernement.

    Selon les scénarios les plus optimistes, les besoins de financement tunisiens seraient compris entre 3 et 5 milliards de dollars, et entre 5 et 9 milliards de dollars pour les scénarios pessimistes. La Tunisie a besoin de trouver en urgence des financements complémentaires.

    Le cas marocain

    Le Maroc a levé environ 3 milliards de dollars en décembre 2020. Le FMI soulignait début 2021 que la dette marocaine semblait soutenable à court terme.

    Le pays doit néanmoins financer un grand plan de développement à moyen terme : renforcement de son capital humain (déficiences structurelles pour l’éducation par exemple), financement en infrastructures et industries de réseaux (notamment le réseau routier), transition énergétique et modernisation du système de protection sociale et de santé.

    Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement par le Maroc se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars. Entre 6 et 11 milliards de dollars seront nécessaires selon les scénarios pessimistes, s’il ne dispose pas d’aide des bailleurs internationaux.

    Le cas algérien

    Des trois pays du Maghreb, c’est l’Algérie qui détient le déficit budgétaire le plus important : il devrait atteindre 13,5 % du PIB en 2021. L’Algérie maîtrise cependant son taux d’endettement (46,3 % de son PIB en 2019). Déclinant un soutien multilatéral (en particulier du FMI), le gouvernement finance ses transferts sociaux sans difficulté grâce à la richesse de ses ressources en hydrocarbures. Néanmoins, la pérennité de ce système social dépend fortement du paramètre très évolutif du prix des hydrocarbures.

    Soutenir le Maghreb, un impératif pour l’Europe

    Relancer le partenariat euro-méditerranéen

    Le bilan est clair : les pays du Maghreb, et particulièrement la Tunisie, ont besoin d’être soutenus financièrement dans le contexte de la crise sanitaire. Les économies de la région et la stabilité de ces pays sont sous tension. L’Europe doit pouvoir inclure le Maghreb dans son plan européen de 750 milliards d’euros. Faire bénéficier la capacité d’emprunt européenne aux trois pays du Maghreb leur permettrait d’acquérir les liquidités nécessaires à la transformation de leurs modèles de développement. À cette condition, la crise pourra constituer une opportunité à saisir pour se relancer durablement.

    Le Maghreb, nouvel enjeu stratégique

    Le Maghreb n’est plus un pré-carré européen. Les trois pays du Maghreb font l’objet d’un intérêt de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. L’influence de l’Europe – et particulièrement celle de la France – recule progressivement.

    Seule démocratie du monde arabe, proche de l’Europe par ses échanges commerciaux, la Tunisie représente un fort symbole politique. La France demeure un partenaire majeur de la Tunisie : environ 14 % des importations tunisiennes en 2019 (contre 21 % en 2009). Mais l’analyse des flux d’investissements directs montre que d’autres puissances s’intéressent à la Tunisie. 39 % du stock d’IDE en 2019 provenaient des pays du Golfe, dont 11 % pour le Qatar. La Turquie est également très implantée sur le marché tunisien, notamment dans le domaine des travaux publics et des infrastructures.

    Le Maroc, passerelle entre l’Europe et l’Afrique, plateforme commerciale et financière importante, économie ouverte aux échanges et insérée dans les principaux flux économiques et financiers, est au cœur des intérêts régionaux et internationaux. Le Maroc intéresse de plus en plus la Chine, dont la diaspora est assez importante sur le littoral marocain. La Chine regarde de près les implantations logistiques, notamment à Tanger, et exporte beaucoup de biens manufacturés et de matériel au Maroc. Elle a aussi construit un partenariat avec le Royaume pendant la crise du Covid-19 : envois de masques, test avancé de vaccins, distribution massive de vaccins chinois, etc. La Chine est en bonne position sur le plan des importations marocaines : elle représente 10 % du total en 2019, même si elle demeure derrière l’Espagne (15 %) et la France (12 %).

    Fondamentalement souverainiste mais très ouverte sur l’international par ses échanges commerciaux, l’Algérie se caractérise par son paradoxe. Riche en hydrocarbures et très attentive aux choix de ses partenaires économiques, l’Algérie détient les clients et les fournisseurs les plus diversifiés de la région. La Russie et la Chine sont devenues des partenaires importants de l’Algérie (17 % des importations algériennes provenaient de Chine en 2019). Longtemps concentrées sur le secteur de la défense, les relations entre Moscou et Alger ont récemment évolué avec la crise du Covid-19 vers le domaine de la santé (utilisation du vaccin russe en Algérie).

    C’est pourquoi l’Europe doit rester très attentive à la situation du Maghreb et trouver des solutions, pas seulement d’ordre financier, pour contribuer à la stabilité de ces pays. Celles-ci dépendent du bien-être des populations, davantage que le seul soutien aux régimes. Agissons tant qu’il est encore temps.

    *Normalien, agrégé de géographie, Hakim El Karoui a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002. Après un passage à Bercy, il rejoint, en 2006, la banque Rothschild. Depuis le mois d’avril 2021, il dirige le bureau parisien de Brunswick. Il est également essayiste et entrepreneur social et a créé le club du XXIe siècle et les Young Mediterranean Leaders. Hakim El Karoui est senior fellow de l’Institut Montaigne et auteur de plusieurs rapports, dont Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France (2017).

    Institut Montaigne, mai 2021

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  • L’Algérie et la Libye cherchent à dynamiser leurs relations commerciales

    Alger, 30 mai (Prensa Latina) Des responsables et hommes d’affaires algériens et libyens ont organisé un Forum économique pour renforcer les relations commerciales bilatérales, a fait savoir dimanche le ministère du Commerce dans cette capitale.

    L’institution a révélé que, lors du forum, les deux parties ont appelé à faciliter les procédures et la logistique afin d’augmenter les échanges de plus de 3 milliards de dollars, en évaluant le grand potentiel commercial entre les deux pays maghrébins voisins.

    Le succès de cette alliance dépend du soutien tangible et pragmatique des hommes d’affaires algériens et libyens pour réactiver le Conseil conjoint des affaires à travers le rôle institutionnel de la Chambre de commerce et d’industrie dans les deux pays, a déclaré le ministre algérien du Commerce, Kamel Rezig. De son côté, le ministre libyen de l’Économie et du Commerce, Mohamed Al Hawij, a appelé à la création d’une zone franche entre les deux pays, et à l’ouverture du point de passage frontalier Debdeb-Ghadamès pour renforcer les échanges bilatéraux.

    Actuellement, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à 65 millions de dollars, dont 59 millions d’exportations algériennes vers la Libye.

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