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  • Point de presse du Porte-parole du SG de l’ONU: 28 juin 2022

    Point de presse du Porte-parole du SG de l’ONU: 28 juin 2022

    Secrétaire général, Vice-Secrétaire générale, Armes nucléaires, Libye, Conseil de sécurité, Syrie, Yémen, Myanmar, Sécurité alimentaire, Marchés des produits agricoles, Soudan, Éthiopie,

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 28 juin 2022
    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général

    Le Secrétaire général a pris l’avion pour New York, après avoir assisté à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tient au Portugal.

    Vice-Secrétaire générale

    La Vice-Secrétaire générale est toujours à Paris où elle participe virtuellement au pré-sommet « Transformer l’éducation », qui a commencé aujourd’hui.

    Elle y participe virtuellement parce qu’elle vient d’être testée positive de la COVID-19. Elle se porte bien et se dit reconnaissance d’être l’une des chanceuses à avoir été vaccinée. Elle dit penser aux millions de gens qui n’ont toujours pas cette protection. Mme Amina Mohammed a appelé au maintien de l’élan pour veiller à ce que les vaccins ne laissent personne sur le côté.

    Armes nucléaires

    Dans une déclaration publiée hier, le Secrétaire général félicite les États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires de l’issue heureuse de leur première réunion.  

    Il salue l’adoption de la Déclaration politique et du Plan d’action qui dictent la mise en œuvre du Traité et qui constituent une étape importante vers l’objectif partagé d’un monde exempt d’armes nucléaires.

    Libye

    Les leaders des deux chambres du Parlement libyen se rencontrent aujourd’hui et demain à Genève, à l’invitation de la Conseillère spéciale, Mme Stephanie Williams, pour discuter et parvenir à un accord sur les mesures régissant la période de transition jusqu’aux élections.

    Mme Williams a déclaré à l’ouverture de la réunion que le temps est vraiment venu de poser un dernier acte de courage pour assurer un compromis historique, dans l’intérêt de la Libye et de son peuple et pour la crédibilité des institutions nationales.

    Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de consolidation de la paix, est intervenue hier au Conseil de sécurité. Elle a souligné que l’ONU est fermement convaincue que les élections sont le seul moyen d’assainir les désaccords sur la légitimité démocratique des institutions libyennes, ajoutant qu’il est temps de se mettre d’accord sur les questions en suspens et d’organiser les élections.

    Mme DiCarlo a noté que ces quelques dernières années, la Libye a fait des progrès importants vers une société plus inclusive. Dans l’intérêt du peuple, a-t-elle dit, nous ne devons pas laisser ces progrès disparaître.

    Conseil de sécurité

    Ce matin, le Conseil a tenu un débat public sur ses méthodes de travail.

    Cet après-midi, il a prévu de se réunir sur la situation en Ukraine. Mme Rosemary DiCarlo, Cheffe du Département des affaires politiques et de consolidation de la paix a prévu de faire une déclaration.

    Syrie

    Le Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire pour la Syrie, M. Imran Riza, a fait état aujourd’hui de besoins humanitaires sans précédent. À ce jour, 14,6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont besoin d’aide, soit 1,2 million de personnes de plus qu’en 2021, ce qui représente le niveau le plus élevé depuis le début de la crise.

    Cette augmentation rapide est due à une crise économique de plus en plus profonde, aux déplacements de population en cours, à la poursuite des combats dans certaines parties du pays et aux chocs climatiques.

    Selon les estimations, plus 90% des Syriens vivent actuellement dans la pauvreté, alors que l’insécurité alimentaire a atteint des niveaux historiques.

    L’ONU s’efforce de répondre aux besoins. En 2021, plus de 7 millions de personnes ont reçu une aide vitale tous les mois, dont 4,5 millions dans les régions contrôlées par le Gouvernement.

    L’ONU et ses partenaires ont en outre aidé 2,4 millions personnes dans le nord-ouest de la Syrie, grâce à l’opération transfrontalière massive qui, il faut l’espérer, continuera.

    À ce jour, l’ONU n’a reçu qu’un peu moins d’un quart des 4,4 milliards de dollars qu’elle a demandés pour la poursuite de ses opérations humanitaires.

    Yémen

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que la faim a atteint son niveau le plus élevé depuis 2015. Plus de 19 millions de personnes vivent dans la faim, dont plus de 160 000 sont au bord de la famine.

    Les coupes budgétaires ont compromis la faculté de l’ONU d’aider les gens dans le besoin. Au mois de décembre dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été forcé de réduire les rations alimentaires de 8 millions de personnes, compte tenu du déficit. Le PAM a procédé à d’autres coupes budgétaires, le mois dernier. Quelque 5 millions de personnes ne recevront plus que la moitié de leur ration quotidienne et 8 millions n’ont recevront que le tiers.

    Plus de 8 millions de femmes et d’enfants ont besoin d’une aide nutritionnelle, dont plus 500 000 enfants souffrant d’une malnutrition grave. Au mois de juillet, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a dû renoncer à soigner 50 000 de ces enfants.

    Le mois prochain, l’UNICEF a prévu de suspendre son travail lié à l’accès de 3,6 millions de personnes à l’eau potable et à l’assainissement. Toujours au mois de juillet, le Fonds divisera par deux ses activités d’éducation au danger des mines, au détriment de 2 millions d’enfants et de leurs familles qui risqueront encore plus d’être blessés ou de mourir.

    Sur le front de la santé, l’UNICEF va suspendre d’ici au mois de juillet, son appui à la santé maternelle et infantile dont bénéficient 2,5 millions d’enfants et 100 000 femmes.

    Myanmar

    L’équipe des Nations Unies indique que plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont fui dans d’autres parties du pays.

    En outre, plus de 4 millions d’enfants n’ont plus accès à l’éducation depuis deux ans. Cette perturbation dans la stabilité du parcours scolaire place les enfants dans un risque encore plus grand de devoir travailler et d’être victimes de la traite ou du mariage précoce.

    L’ONU et ses partenaires sont sur place et travaillent malgré de réels problèmes d’accès et de déficit budgétaire. Ils ont aidé 2,6 millions de personnes au premier trimestre de cette année mais leur faculté de porter assistance aux autres 6,2 millions de personnes identifiées dans le Plan de réponse humanitaire dépendra de l’augmentation des fonds, de l’amélioration de l’accès et de la suppression des goulets d’étranglement, comme les retards dans l’octroi des visas et les restrictions bancaires.

    À ce jour, l’appel humanitaire de 826 millions de dollars n’est financé qu’à hauteur de 11%.

    Sécurité alimentaire

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est félicité de l’annonce du G7 sur le versement d’une somme additionnelle de 4,5 milliards de dollars pour protéger les personnes les plus vulnérables contre la faim et la malnutrition dans le monde.

    Le monde fait en effet face à une crise de la faim sans précédent.

    Le PAM s’est dit encouragé par l’engagement du G7 à faire en sorte que le commerce reste ouvert à la nourriture, au pétrole et aux fertilisants, autant de produits essentiels pour les pays qui portent le fardeau de la crise.

    Marchés des produits agricoles

    L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié aujourd’hui un rapport sur la manière dont la réduction des coûts peut imprimer un élan à la réalisation du développement durable.

    Le rapport veut aider ceux qui élaborent les politiques à trouver les moyens de veiller à ce que les politiques commerciales sauvegardent la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde, respectent l’environnement et protègent contre les chocs tels que les conflits, les pandémies et les phénomènes météorologiques extrêmes.

    Soudan / Éthiopie

    Le Secrétaire général est profondément préoccupé par la reprise des affrontements entre le Soudan et l’Éthiopie le long de leur frontière disputée, le 22 juin dernier. Selon les informations, ces affrontements auraient causé la mort de sept soldats et d’un civil soudanais. Le Secrétaire général exhorte les deux pays à prendre des mesures concrètes pour dissiper les tensions et résoudre pacifiquement le différend lié à la zone frontalière d’Al-Fashaga. Il présente ses condoléances aux familles des victimes.

    ONU INFO, 28 juin 2022

    #ONU #Yémen #Myanmar #Libye #Syrie #Soudan #Ethiopie

  • ONU-Libye: Les EAU bloquent la nomination de Boukadoum

    ONU-Libye: Les EAU bloquent la nomination de Boukadoum

    ONU, Libye, Sabri Boukadoum, Algérie, Émirats arabes unis, EAU, envoyé spécial, UNSMIL,

    Des sources diplomatiques ont rapporté que les Émirats arabes unis, lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, ont bloqué une proposition du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de nommer l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum comme envoyé de l’ONU en Libye.

    L’une de ces sources a indiqué que plusieurs pays, dont la France et le Ghana, ont souligné, lors de la session consacrée lundi au Conseil de sécurité pour discuter de la situation en Libye, que ce poste vacant devait être pourvu « dans les meilleurs délais » pour ce poste vacant depuis novembre dernier.

    Depuis l’automne, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a prolongé le mandat de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (UNSMIL) que pour de courtes périodes, de quelques mois chacune, dans un déficit causé notamment par l’incapacité du Conseil à s’entendre sur la nom du prochain envoyé dans ce pays.

    Le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye expire le 31 juillet.

    Après plusieurs tentatives infructueuses pour pourvoir le poste vacant, Guterres a proposé la semaine dernière aux 15 membres du Conseil de sécurité que Boukadoum soit nommé envoyé en Libye.

    Mais un diplomate a déclaré à l’AFP – sous couvert d’anonymat – que « seuls les Emirats ont refusé » lors de la séance de lundi la nomination de l’ancien ministre algérien.

    Les Émirats arabes unis, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, représentent actuellement le groupe arabe au sein du conseil.

    Selon plusieurs autres diplomates, les Émirats arabes unis ont précisé lors de la session que « les pays arabes et les parties libyennes ont exprimé leur opposition » à la nomination de Boukadoum comme envoyé en Libye.

    Ces diplomates n’ont pas précisé les pays ou partis qui, selon les Emirats, ont refusé de nommer l’ancien responsable algérien.

    L’un d’eux a seulement indiqué qu’il y a une « inquiétude régionale » autour de la nomination de Boukadoum, surtout que l’Algérie partage une frontière avec la Libye.

    Ce diplomate a souligné que si le Conseil de sécurité avait procédé à la nomination de Boukadoum, le diplomate algérien se serait retrouvé face à une « mission impossible ».

    Selon une source diplomatique libyenne, le prochain émissaire onusien sera le neuvième à occuper ce poste en 11 ans.

    La Russie accuse l’Occident

    Sans aborder directement la proposition de nommer l’ancien ministre algérien des affaires étrangères comme envoyé de l’ONU en Libye, l’ambassadeur adjoint de Russie auprès de l’ONU, Dmitry Polyansky, a critiqué les pays occidentaux qui, selon lui, cherchent à rester maîtres du dossier libyen.

    Le diplomate russe a appelé le secrétaire général des Nations unies à « suivre une approche réfléchie et équilibrée » dans sa recherche d’un nouvel envoyé en Libye, soulignant la nécessité de prendre en compte dans son choix les vues des parties libyennes et régionales. acteurs.

    Polyansky a souligné que « les diktats du camp occidental, qui considère la Libye comme son arrière-cour, doivent être rejetés ».

    À l’issue de la session du Conseil de sécurité, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont fermement rejeté les accusations portées par le représentant russe à l’Ouest.

    Et la Libye, qui a sombré dans le chaos à la suite de la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, se dispute le pouvoir depuis début mars, avec deux gouvernements concurrents, une situation à laquelle le pays avait auparavant assisté entre 2014 et 2021, sans aucune lueur d’espoir. à l’horizon jusqu’ici. Crise politique bientôt.

    TrendsWide, 28 juin 2022

    #Algérie #Libye #EAU #EmiratsArabesUnis #SabriBoukadoum

  • Israël, soutient-il un Etat indépendant dans l’Azawad?

    Israël, soutient-il un Etat indépendant dans l’Azawad?

    Israël, Mali, Azawad, touaregs, Algérie, Maroc, Berbères, Libye, Tunisie, Niger, Sahel,

    Le 27 avril 2012, Anna Mahjar-Barducci, journaliste et auteur italo-marocaine, présidente de l’Association des Arabes Libéraux et Démocrates, basée à Rome, dans un article paru sur Haaretz sous le titre de « Les rebelles maliens de l’Azawad méritent notre soutien », appellait à soutenir un Etat touareg dans la région malienne de l’Azawad. L’auteur, quel intérêt aurait-il à défendre l’indépendance d’Azawad? Y a-t-il quelqu’un derrière cet article? Probablement le Maroc, le pays d’origine de l’auteur sachant que ce pays est connu par la manipulation de sa communauté en Europe. Voici le texte intégral de l’article.

    Les rebelles maliens de l’Azawad méritent notre soutien

    Maintenant que l’Azawad est devenu une réalité, il est clair que l’Afrique du Nord ne peut plus être « Al-Arabi ». ne peut plus être « Al-Arabi », puisqu’elle comprend maintenant un état qui fait partie qui fait géographiquement et culturellement partie du Maghreb mais qui se déclare lui-même berbère. C’est une situation qui est inacceptable pour les pays arabes.

    Par Anna Mahjar-Barducci

    Il existe un nouveau pays en Afrique du Nord, mais personne ne veut le reconnaître. le reconnaître. Le 6 avril, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, connu sous l’acronyme français MNLA, a déclaré unilatéralement indépendance de l’État de l’Azawad vis-à-vis du Mali. Cependant, l’émergence d’un nouvel État a rencontré une opposition immédiate. Le Mali n’est pas le seul à paniqué. L’Azawad, une région désertique de deux fois la taille de la Californie, avec réserves de pétrole considérables, fait également face à l’obstruction des pays arabes voisins et d’une presse internationale hostile.

    Le MNLA est composé principalement de Touaregs, qui font partie du peuple berbère. le groupe ethnique indigène d’Afrique du Nord. Les Berbères (qui se nomment eux-mêmes imazighen, ce qui signifie « peuple libre » dans leur langue). vivaient dans la région avant l’invasion arabe du huitième siècle et Aujourd’hui, ils sont répartis entre le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Tunisie et la région du Sahel.

    Bien qu’ils soient les premiers habitants de la région, les Berbères, dont la majorité est musulmane, ont été soumis à de nombreuses pressions. musulmans, ont été victimes d’humiliations et de discriminations, en particulier discrimination, surtout en Algérie, où le régime a poursuivi systématiquement la
    systématiquement poursuivi des politiques de dé-berbérisation et d’arabisation, excluant les Berbères d’un accès égal aux services gouvernementaux et au pouvoir politique. pouvoir politique. Ainsi, la déclaration d’indépendance d’un État berbère a été un camouflet pour les Berbères. a été une gifle pour les pays d’Afrique du Nord comme l’Algérie, qui pousse l’idée d’Al-Maghreb Al-Arabi, une Afrique du Nord arabe sans héritage berbère.

    Maintenant que l’Azawad est devenu une réalité, il est clair que l’Afrique du Nord ne peut plus être « Al-Arabi ». ne peut plus être « Al-Arabi », puisqu’elle comprend désormais un état qui fait géographiquement et culturellement partie de l’Afrique du Nord. qui fait géographiquement et culturellement partie du Maghreb mais qui se déclare lui-même berbère. C’est une situation qui est inacceptable pour les pays arabes.

    L’indépendance de l’Azawad suscite des craintes supplémentaires. Les pays voisins voisins craignent en effet que le nouvel État n’inspire un « printemps berbère » dans toute l’Afrique du Nord. berbère » à travers l’Afrique du Nord, avec d’autres imazighen demandant l’égalité des droits et/ou l’indépendance. droits égaux et/ou l’indépendance. Ce ne serait pas la première fois que la population berbère se révolte contre un gouvernement central : C’est arrivé Cela s’est produit en Algérie en 2001, lorsque les Berbères locaux ont réclamé la démocratie et de meilleures conditions sociales. Ce soulèvement et d’autres, cependant, ont été systématiquement réprimés avec violence par la police algérienne.

    Les gouvernements arabes joignent donc leurs forces à celles du Mali pour combattre le MNLA et pour « rayer » l’Awazad berbère « de la carte ». L’un des principaux moyens pour moyen principal pour y parvenir est la diffusion de la désinformation.

    Lorsque l’indépendance de l’Azawad a été déclarée, certains médias internationaux ont rapporté que le MNLA était un groupe d’opposition. médias internationaux ont rapporté que le MNLA était un groupe islamiste qui avait relations avec Al-Qaida au Maghreb islamique. Cette rumeur sans fondement a rapidement été démentie. Le MNLA est en fait un mouvement laïc sans aucun objectif religieux. religieux.

    Ensuite, la machine de désinformation a répandu une rumeur selon laquelle le MNLA avait perdu le contrôle de l’ensemble de l’Azawad et qu’Al-Qaida, les djihadistes et les salafistes avaient pris avaient pris le contrôle de la région. Une agence de presse a écrit qu’un nouveau groupe islamiste islamiste, Ansar Dine, avait pris le contrôle de Gao, la capitale transitoire capitale transitoire de l’Azawad, située sur le fleuve Niger, de loin la plus grande source d’eau de l’Azawad. source d’eau la plus importante de l’Azawad.

    À peu près au même moment, le magazine français Jeune Afrique a publié une interview du chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, qui a nié que son mouvement se trouvait à Gao. que son mouvement se trouvait à Gao. Il a également précisé qu’il n’est pas intéressé par l’indépendance de l’Azawad, car il ne reconnaît que le Mali et la charia. la charia. La même désinformation était à l’œuvre ailleurs aussi : Le même jour, les agences de presse ont affirmé que le MNLA avait été de Tombouctou par Ansar Dine, une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux montrait des réseaux sociaux montrait des soldats du MNLA devant l’aéroport.

    Le MNLA, pour sa part, affirme qu’il contrôle toujours l’Azawad et a récemment déclaré qu’il annoncerait bientôt un gouvernement de transition. Il existe cependant un risque sérieux de déstabilisation si l’Azawad n’est pas reconnu officiellement, et rapidement. Tous les pays voisins ont intérêt à voir l’Azawad sombrer dans le chaos, afin que la communauté internationale soutienne la réunification avec le Mali. L’Azawad et le MNLA seront donc livrés à eux-mêmes pour combattre les groupes djihadistes, alors qu’ils ont besoin de l’aide des pays voisins.

    En attendant, le Mali, qui est désormais dirigé par un président de transition après un coup d’État à Bamako, la capitale, a menacé de mener une « guerre totale » contre le MNLA. Le Mali, qui a systématiquement réprimé les Touaregs et d’autres minorités d’autres minorités azawadi, arrête et tue maintenant sans discernement les et tue les Berbères « à la peau rouge » à l’intérieur de ses frontières réduites. La France, l’ancienne ancienne puissance coloniale, s’oppose avec force à l’indépendance de l’Azawadi et réclame un et appelle à un « compromis » : l’autonomie de la région. L’autonomie, cependant n’est pas la solution, car elle ne garantirait pas un partage égal des ressources de la région, qui comprennent le pétrole et l’accès aux budgets qui lui permettraient de lutter contre les sécheresses. La France et la communauté internationale feraient mieux de soutenir la lutte pour l’autodétermination du peuple azawadi comme elles l’ont fait pour d’autres nations. Seule l’indépendance permettra d’assurer la stabilité.

    Anna Mahjar-Barducci, journaliste et auteur italo-marocaine, est présidente de l’Association des Arabes Libéraux et Démocrates, basée à Rome, qui promeut les libertés civiles et l’intégration des immigrants en Europe.

    #Mali #Azawad #Touaregs #MNLA #Algérie #Niger #Libye #Tunisie

  • Clintongate: Kadhafi a été tué pour avorter ses plans africains

    Clintongate: Kadhafi a été tué pour avorter ses plans africains

    Libye, Kadhafi, Union Africaine, monnaie africaine, Franc CFA, FCFA, Françafrique, France, Sarkozy, OTAN,

    Mouammar Kadhafi est devenu le chef du gouvernement libyen jusqu’à son assassinat en 2011. Kadhafi a eu des manières impitoyables mais a quand même beaucoup accompli pour son pays. L’une des politiques immédiates de Kadhafi était de partager les bénéfices et les richesses avec tous les Libyens.

    Kadhafi a utilisé la principale ressource de la Libye (le pétrole) pour aider à créer des programmes sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement, des travaux publics et des subventions pour l’électricité et la nourriture. Ses politiques ont converti la Libye de l’un des pays les plus pauvres du monde à avoir des réserves de change de 150 milliards de dollars et un pays sans dette extérieure. La Libye est devenue l’un des pays importants de l’Afrique.

    Pourquoi Mouammar Kadhafi était-il une menace ?

    Le « chef de la révolution » libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, a appelé à la création d’une Banque centrale africaine en 2004.

    Le Dr Umar Johnson et le ministre Louis Farrakhan, à la tête de la Nation of Islam, parlent et approfondissent ce qu’une Banque centrale africaine ferait au reste du monde.

    Kadhafi a été assassiné le 20 octobre 2011. Depuis sa mort, la vie en Libye n’a plus été la même. Depuis la mort de Kadhafi, « cela fait plus de 10 ans d’injustice, d’attentats à la bombe, de meurtres et d’enlèvements », a déclaré Mohammad Abi Hamra.

    « Je déteste le dire mais notre vie était meilleure sous le régime précédent », a déclaré à l’AFP Fayza al-Naas, une pharmacienne de 42 ans en 2015, faisant référence au régime de Kadhafi. Un sentiment partagé par de nombreux Libyens, y compris ceux qui se sont opposés à lui à un moment donné.

    Lors d’une apparition sur CBS, Hilary Clinton a eu une réaction tordue en apprenant que Kadhafi était mort. Dans la vidéo, Clinton dit « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort. » Se référant à la célèbre phrase de Jules César « veni, vidi, vici », qui signifie « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu », rapporte The Wrap.

    Clinton a eu plus de 3000 e-mails divulgués en 2015. Au moins un tiers de ces e-mails provenaient de son proche confident Sidney Blumenthal, l’avocat qui a défendu son mari dans l’affaire Monica Lewinsky.

    Le WikiLeaks déclare que l’un de ces e-mails, daté du 2 avril 2011, se lit en partie :

    « Le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or et une quantité similaire en argent… Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen doré. Ce plan a été conçu pour offrir aux pays africains francophones une alternative au franc français (CFA) ».

    Dans WikiLeaks, l’e-mail mettait en exergue la valeur de l’or et de l’argent du gouvernement de Kadhafi et les raisons qui ont poussé le président Nicolas Sarkozy à attaquer la Libye :

    « Selon des personnes bien informées, cette quantité d’or et d’argent est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Les officiers du renseignement français ont découvert ce plan peu de temps après le début de la rébellion actuelle, et ce fut l’un des facteurs qui ont influencé la décision du président Nicolas Sarkozy d’engager la France dans l’attaque contre la Libye. Selon ces personnes, les plans de Sarkozy sont motivés par les problèmes suivants :

    -Une volonté de s’approprier une plus grande part de la production pétrolière libyenne,
    -Accroître l’influence française en Afrique du Nord,
    -Améliorer sa situation politique intérieure en France,
    -Offrir à l’armée française l’opportunité de réaffirmer sa position dans le monde,
    -Répondre à l’inquiétude de ses conseillers sur les projets à long terme de Kadhafi de supplanter la France en tant que dominatrice

    #Libye #Kadhafi #UnionAfricaine #FrancCFA #FCFA #HillaryClinton #Wikileaks #Sarkozy #Françafrique


  • Ballet diplomatique et coopération: Alger rayonne de nouveau

    Ballet diplomatique et coopération: Alger rayonne de nouveau

    Algérie, diplomatie, coopération, France, Catherine Colonna, Mali, Libye, Allemagne, Canada,

    Les relations entre l’Algérie et de nombreux pays semblent incontestablement au beau fixe. Cela contraste avec les rapports qu’entretient Alger avec Madrid marqués par une crise très importante et inédite.

    C’est en effet dans ce contexte que l’Algérie et d’autres partenaires, occidentaux et autres, sont en train de consolider leurs rapports. En atteste l’importante activité diplomatique déployée par le ministère des Affaires étrangères à l’effet de booster la coopération avec nombre de ses partenaires et de consolider les liens qui les unissent. Avec la France les rapports se sont nettement améliorés et la crise d’il y a quelques mois semble être un lointain mauvais souvenir. Ce bon rapport s’est de nouveau confirmé lors de l’entretien au téléphone du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra avec son homologue française récemment nommée, Catherine Colonna.

    « Les deux ministres ont affirmé leur volonté de poursuivre la dynamique positive dans la relation bilatérale entre la France et l’Algérie, dans toutes ses dimensions, en vue des prochaines échéances bilatérales », a indiqué un communiqué du département de Lamamra. Cet échange a été très apprécié par le chef de la diplomatie algérienne qui l’a d’ailleurs qualifié de « fructueux ». « Fructueux premier échange avec ma collègue sur les perspectives d’un partenariat équilibré et mutuellement avantageux entre nos deux pays et d’un dialogue renforcé au service de la stabilité et de la prospérité aux niveaux régional et international » a tweeté Lamamra. « Volonté commune de poursuivre la dynamique positive dans nos relations bilatérales.

    La coopération entre nos 2 pays est centrale pour faire face aux crises régionales, notamment au Mali et en Libye » a pour sa part écrit la nouvelle ministre française des Affaires étrangères. Entre Alger et Paris le ton est plutôt à l’optimisme en vue de raffermir davantage la coopération entre les deux partenaires. C’est presque simultanément à cet entretien téléphonique que Lamamra a reçu en audience Katja Keul, la ministreadjointe des Affaires étrangères d’Allemagne qui a effectué une visite en Algérie où elle s’est entretenu avec de nombreux hauts responsables. « La rencontre a été l’occasion de procéder à un examen de l’état des relations algéro-allemandes dans les différents domaines de coopération en prévision des prochaines échéances bilatérales », a noté un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ont également été abordées les questions d’actualité aux niveaux régional et international, ainsi que la consolidation du partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne (UE).

    A l’issue de la rencontre, et en présence du ministre, il a été procédé à la signature d’un accord de coopération culturelle et scientifique par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Chakib Kaïd, et Mme Keul.

    Par ailleurs la tenue des travaux de la 3e session des consultations politiques algéro-canadiennes en Algérie, coprésidés par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Rachid Chakib Gaïd du côté algérien et la sous-ministre déléguée des Affaires étrangères, Cynthia termorshuizen du côté canadien, a permis de renforcer les relations bilatérales. « L’Algérie et le Canada ont exprimé leur satisfaction quant à la qualité de leurs relations politiques bilatérales et convenu de la nécessité de poursuivre le renforcement du dialogue politique à travers l’intensification des visites de haut niveau entre les deux parties », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

    Ces trois pays ne sont que l’exemple de la nouvelle dynamique lancée par la diplomatie algérienne en vue de renforcer la coopération avec ces pays d’abord , mais aussi et surtout de replacer l’Algérie dans le concert des nations.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi libre, 18 juin 2022

    #Algérie #Diplomatie #Coopération

  • Algérie: cohésion pour faire face aux tensions géostratégiques

    Algérie, coronavirus, réchauffement climatique, frontières, Libye, Mali, Sahel, Sahara Occidental,

    Les impacts de l’épidémie du coronavirus, le réchauffement climatique et les enjeux aux frontières de l’Algérie préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques mondiales et régionales. C’est que cette région connait d’importants trafics qui alimentent le terrorisme risquant de déstabiliser toute la région. L’Algérie est une des pièces maitresses de la stabilité de la région, méditerranéenne et africaine. D’où l’importance d’une coordination internationale pour à la fois favoriser le co-développement et juguler ce fléau qui a des incidences sur toute l’Afrique et l’Europe à travers les flux migratoires.

    Par Dr Abderrahmane MEBTOUL

    Selon différents experts trois facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme : premièrement, l’existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle. Deuxièmement, la survenance d’un conflit armé. Troisièmement, les contraintes qui jouent lors d’échanges transnationaux complexes de marchandises illégales ; des échanges qui impliquent souvent d’autres parties intermédiaires et de certains segments de l’administration corruptibles.

    Les récentes investigations dans le cadre de la lutte antiterroriste menées par les services de renseignements révèlent de nouvelles données au niveau de la région sahélienne inséparable des conflits au Moyen Orient et dans certaines contrées d’Afrique. La Libye n’est plus la seule menace potentielle, le Mali qui gagne du temps pour appliquer les accords d’Alger. Au Sahel, les groupes armés ont proliféré, accru leur capacité de nuisance, se sont diversifiés en terroristes, insurgés, criminels et milices, selon des variables complexes. Désormais, une coopération et une convergence rassemblent ces groupes. L’exemple le plus évident de ce type de coopération-convergence, c’est le narco-terrorisme, dont le commerce de la drogue illégale sape les efforts pour poursuivre les réformes politiques et le développement nécessaires pour endiguer la radicalisation et la montée des groupes terroristes. Pour lutter contre le terrorisme et trafiquants en tous genres, il s’agit de mettre l’accent avant tout sur l’échange de renseignements qui doit se faire de manière instantanée, pratiquement en temps réel et harmoniser des politiques de lutte contre le terrorisme car sans sécurité point de développement.

    Le Sahel est également une zone de transit pour les passeurs. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye vers l’Europe passent par la région. C’est pourquoi il y a lieu d’accorder une attention particulière aux tensions au niveau du Sahel où la ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants : l’Algérie (à l’extrême sud) ; le Sénégal ; la Mauritanie (au sud) ; le Mali ; le Burkina Faso (au nord) ; le Niger ; le Nigeria (à l’extrême nord) ; le Tchad (au centre). Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d’une mauvaise gouvernance chronique et sa vulnérabilité est amplifiée par une forte croissance démographique. Le Sahel devrait doubler sa population d’ici 25 ans, et compte plus de 100 millions d’habitants en 2020. Cette croissance affectera certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble. A cela se greffent d’importantes inégalités tant internes aux pays développés qu’entre le Nord et le Sud l’intensification de la radicalisation qui est le fruit d’une conjonction de facteurs liés à l’individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société.

    Identifier un processus de radicalisation ne se fait pas sur la base d’un seul indice mais d’un faisceau d’indicateurs. Ces indicateurs n’ont, par ailleurs, pas tous la même valeur et seule la combinaison de plusieurs d’entre eux permet d’établir un constat. Mais existent des enjeux économiques, le Sahel étant un espace recelant d’importantes ressources minières d’où les ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des nombreuses richesses. L’arc sahélien est riche en ressources : après le sel et l’or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s’en assurer le contrôle. Le commerce des stupéfiants, par exemple, a le potentiel de fournir aux groupes terroristes un bonus supplémentaire : les recrues et les sympathisants parmi les agriculteurs appauvris, négligés et isolés, et qui non seulement peuvent cultiver pour le compte des trafiquants, mais aussi populariser et renforcer les mouvements anti-gouvernementaux.

    « La combinaison de ces divers éléments selon des schémas extrêmement complexes, induit un climat d’insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats sahéliens, faute d’une bonne gouvernance »

    Les différents trafics sont liés à l’importance de la sphère informelle, produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat, en fait de la gouvernance, du poids de la bureaucratie qui entretient des relations diffuses avec cette sphère et des distorsions des taux de change, représentant en Afrique sahélienne plus de 80% de l’emploi et plus de 50% du produit intérieur brut. Le terrorisme international profite des dysfonctionnements de régulation des Etats et a au moins cinq caractéristiques en commun.

    Premièrement, largement sur des réseaux souvent établis dans de vastes zones géographiques où les personnes, les biens et l’argent circulent. Deuxièmement, le contrôle par le commandement et la communication. Troisièmement, leur besoin de traiter de grandes quantités d’argent, de les blanchir et les transférer à travers les pays et les continents. Quatrièmement, criminels et terroristes ont tendance à se doter d’armées privées, d’où un besoin de formation, des camps et du matériel militaire. Cinquièmement, terroristes et criminels de la zone sahélienne partagent les caractéristiques communes : pratique fréquente d’opérations clandestines cherchant la légitimité dans le soutien des populations avec usage de guérillas durables pour pouvoir contrôler un territoire et des populations. Enfin, ces guérillas créent des cellules spécialisées dans l’usage des médias et d’internet pour diffuser leur propagande et leurs revendications. Ainsi, nous avons différentes formes de criminalité transnationale organisée qui forme une industrie en constante évolution, qui s’adapte aux marchés et crée de nouvelles formes de délinquance, s’agissant d’un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques. La combinaison de ces divers éléments selon des schémas extrêmement complexes, induit un climat d’insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats sahéliens, faute d’une bonne gouvernance.

    « La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l’Afrique du Nord »

    Je rappelle les différents éléments de trafics liés à la compréhension de la sphère informelle que j’ai développée longuement par ailleurs. Premièrement, nous avons le trafic de marchandises. Pour l’Algérie, existent des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c’est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Deuxièmement, nous avons le trafic d’armes. Le marché « noir » des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché « blanc » puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d’armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d’armes s’effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics.

    Troisièmement, nous avons le trafic de drogue. La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l’Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Le trafic de drogue assure une marge de bénéfice très élevée : Un gramme de coca, qui coûte 1 $ à la production, est vendu de 200 à 300 dollars. Quatrièmement, nous avons la traite des êtres humains. C’est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l’exploitation sexuelle ou à l’exploitation par le travail. Nous avons le trafic de migrants qui est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. Cinquièmement, nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs. Sixièmement, nous avons la cybercriminalité. Elle est liée à la révolution dans le domaine des systèmes d’information et peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu’économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Le numérique a transformé à peu près tous les aspects de notre vie, notamment la notion de risque et la criminalité, de sorte que l’activité criminelle est plus efficace, moins risquée, plus rentable et plus facile que jamais. Septièmement, nous avons le blanchiment d’argent C’est un processus durant lequel l’argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s’agit en fait de voiler l’origine de l’argent pour s’en servir après légalement. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l’origine de l’argent.

    « L’Algérie fournit des efforts de guerre sans être en guerre, avec d’importants coûts financiers, le contexte des crises libyenne et malienne, la sécurité aux frontières étant devenue une préoccupation majeure des autorités algériennes »

    Face à cette situation complexe et en perpétuelle mutation, la stratégie diplomatique et militaire de l’Algérie est guidée par des principes fondamentaux : la mise en place d’un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité ; l’amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins ; le développement d’un processus multilatéral à travers l’initiative des pays de Cham ; la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et en cas exceptionnel prévu dans la constitution adoptée le 01 novembre 2020, l’ article 91 consacre, que le chef de l’état « chef suprême les forces armées de le république » et « responsable de le défense nationale peut décider « l’envoi d’unités de l’armée nationale populaire à l’étranger ».

    Mais cette décision est subordonnée à l’approbation à la majorité les deux tiers de parlement, tout en déterminant le cadre de participation des forces militaires algériennes en dehors les frontières. Selon la nouvelle constitution, dans le cadre du respect de la souveraineté des Etats, « l’Algérie peut, dans le cadre les Nations unies, de l’Union africaine et de le Ligue des Etats arabes participer au maintien de la paix dans la région dans le cadre d’accords bilatéraux de pays concernés ». La justification de cet amendement est que cela est pleinement conforme à la politique étrangère de l’Algérie qui repose sur les principes « fermes et immuables », à savoir « le rejet du recours à la guerre et prôner la paix, le non-ingérence dans les affaires internes des états ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par les voies pacifiques, conformément à la légalité internationale représentée par les instances internationales et régionales. Car dans le cadre de ces turbulences régionales, l’Algérie fournit des efforts de guerre sans être en guerre, avec d’importants coûts financiers, le contexte des crises libyenne et malienne, la sécurité aux frontières étant devenue une préoccupation majeure des autorités algériennes.

    Car, la sécurité de l’Algérie est posée à ses frontières. Celle avec le Mali est de 1376 km ; la frontière entre l’Algérie et la Libye de 982 km ; la frontière Algérie Niger de 956 km et la frontière Algérie Tunisie est de 965 km… Toutes à surveiller. Aussi, malgré la situation budgétaire difficile l’Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l’instabilité chronique de l’autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. Espérons pour atténuer certaines tensions, préjudiciables à la sécurité de la région, que le conflit du Sahara occidental trouve une issue rapide dans le cadre de la résolution des Nations unies, afin de pouvoir consolider l’intégration maghrébine, pont entre l’Europe et l’Afrique, la non-intégration faisant perdre à l’UMA plus de 3% de taux de croissance soit au PIB 2019 environ 15 milliards de dollars/an sans compter les effets positifs indirects.

    « La stabilité de l’Algérie et la reconquête de notre cohésion nationale passe par la construction d’un front intérieur solide et durable »

    En conclusion, la lutte contre les trafics et le terrorisme implique, outre une coopération internationale pour unifier le renseignement sans lequel l’action opérationnelle risque d’être inefficiente, et une nouvelle gouvernance afin de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu’au sein des Etats où une minorité s’accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Pour l’Algérie, l’objectif stratégique est de traduire en termes concrets ses potentialités, pour être en mesure de relever avec succès les défis innombrables qui nous sont lancés par le monde moderne étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur les nouvelles technologies et les défis de la transition numérique et énergétique. Je suis persuadé, en fonction de son histoire mouvementée depuis des siècles et de ses potentialités actuelles, notre peuple trouvera sans nul doute les ressources morales et psychologiques qui lui permettront, comme il l’a fait maintes fois face à l’adversité, de transcender avec dignité et honneur les rancunes et les haines tenaces.

    C’est pourquoi, je tiens à considérer que la stabilité de l’Algérie et la reconquête de notre cohésion nationale passe par la construction d’un front intérieur solide et durable en faveur des réformes. Il s’agit là de l’unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, et à trouver les raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux.

    *Professeur des universités, docteur d’Etat 1974- expert international -Membre du conseil scientifique de l’organisation panafricaine Cafrad/Unesco et du Forum Mondial du Développement Durable

    ANA

    #Algérie #Sahel #Mali #Libye #Maroc #SaharaOccidental

  • Des milliers de migrants expulsés et bloqués dans le désert

    Des milliers de migrants expulsés et bloqués dans le désert

    Niger, Algérie, Libye, migration, Sahel,

    Au moins 14 000 migrants, dont des mineurs, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger entre janvier et mai 2022, selon l’organisation médicale humanitaire internationale Médecins Sans Frontières (MSF). MSF condamne le traitement inhumain des migrants et appelle les autorités régionales et leurs partenaires à trouver de toute urgence des solutions humaines, appropriées et durables pour les migrants refoulés d’Algérie et de Libye et bloqués dans le désert du Sahel.

    Environ deux mille migrants sont expulsés chaque mois, dont des blessés graves, des personnes violées ou agressées, des personnes souffrant de traumatismes graves. Ils sont généralement arrêtés en Libye ou en Algérie et détenus dans des centres de détention pendant des jours, des semaines ou des mois avant d’être entassés dans des bus ou des camions – souvent au milieu de la nuit – et déposés dans un endroit du désert du Sahel à la frontière de l’Algérie et le Niger connu sous le nom de « Point Zéro ». De là, ils doivent marcher environ neuf milles pour atteindre le village d’Assamaka dans la région d’Agadez au Niger. Certaines personnes se perdent en chemin – 38 corps ont été retrouvés entre 2020 et 2021. D’autres ne sont jamais retrouvés.

    Près de 70 % des migrants qui ont reçu une assistance médicale de MSF ont déclaré avoir subi des violences et des traitements dégradants de la part des gardes algériens et libyens .

    « La gravité des exactions commises contre les migrants est indiscutable », a déclaré Jamal Mrrouch, chef de mission MSF au Niger. Les témoignages de nos patients et leur état physique et mental à leur arrivée dans nos structures de santé prouvent que ces personnes ont traversé l’enfer lors de leur expulsion du territoire algérien et libyen.

    En 2021, 27 208 migrants tentant d’atteindre l’Europe via la mer Méditerranée ont été expulsés d’Algérie vers le Niger. Alors que l’Union européenne (UE) étend ses efforts pour freiner la migration, les migrants sont contraints d’emprunter des itinéraires de plus en plus dangereux pour éviter d’être arrêtés, détenus et expulsés. Cela ne fait que créer plus d’opportunités pour les passeurs d’exploiter les migrants.

    En raison de leur statut juridique, l’accès aux services de base, dont les soins de santé, est très compliqué pour les migrants. Depuis 2018, les équipes MSF organisent des opérations régulières de recherche et de sauvetage pour venir en aide aux personnes perdues ou abandonnées dans le désert. MSF soutient plusieurs centres de santé intégrés et cliniques mobiles dans la région d’Agadez et fournit des soins de santé gratuits, un soutien psychosocial, des références pour les cas compliqués et des évacuations d’urgence pour les traitements urgents. En 2021, MSF a fourni plus de 47 000 consultations médicales, dont 34 276 consultations en santé mentale.

    « Notre objectif n’est pas seulement de tirer la sonnette d’alarme sur la situation à laquelle ces migrants sont confrontés », a déclaré M. Rouch. « En tant qu’acteur humanitaire et témoin des terribles souffrances de milliers de personnes au Sahel, il est de notre devoir de dénoncer cette tragédie humanitaire. Egalement notre devoir d’appeler les autorités concernées, l’UE et les partenaires humanitaires à prendre des mesures immédiates pour respecter la dignité humaine dans le contrôle des frontières [efforts]. Nous ne pouvons pas continuer à simplement ignorer cette situation en pensant que le problème se résoudra de lui-même.

    MSF, 09/06/2022

    #Algérie #Libye #Sahel #Niger

  • Algérie-Tunisie : à quoi joue Kaïs Saïed ?

    Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Ethiopie, Gaz, Italie, GNL,

    Alors que la Tunisie prônait autrefois une diplomatie de la neutralité, le président Kaïs Saïed est de plus en plus isolé au niveau régional. L’Algérie envisageait de réduire ses exportations de gaz vers Tunis. Explications.

    Pour augmenter la quantité de gaz algérien exportée vers l’Italie, ce qui conduira à une augmentation du droit de passage que la Tunisie reçoit en GNL levé , l’Algérie tente actuellement de réduire les quantités de gaz vendues à la Tunisie.

    La Tunisie, dépendante à 70% de ses besoins en gaz naturel de l’Algérie, se procure le gaz algérien de trois manières : le droit de passage s’élève à 5,25% du volume de gaz transporté par le gazoduc Transmed, traversant la Tunisie vers l’Italie. Par ailleurs, la Tunisie achète plus de 30% de sa consommation de gaz à l’Algérie dans le cadre d’accords bilatéraux. Pour ces deux achats d’énergie, rien ne change.

    En revanche, ce qui pourrait bien changer, ce sont les quantités de GNL algérien achetées via des contrats séparés . Le pourcentage de gaz algérien obtenu par la Tunisie devrait cependant être équilibré avec l’augmentation du « gaz fiscal », estimée à 40 %, et qui conduira donc à une augmentation de 10 % des volumes de gaz obtenus par la Tunisie.

    Cependant, le fait qu’Alger mette un frein à la fourniture de « gaz sous contrat » ​​à la Tunisie pose question. Car au-delà de l’augmentation ou de la réduction du gaz obtenu par la Tunisie, la position entre les deux pays frères est assez inhabituelle.

    Un rapprochement avec l’Egypte qui déplaît à Alger ?

    L’un des facteurs qui ont facilité l’amitié algéro-tunisienne, au-delà de l’histoire commune des deux pays, a souvent été leur diplomatie homogène. L’Algérie et la Tunisie sont presque toujours d’accord sur la diplomatie euro-maghrébine ou le soutien commun à la cause palestinienne, entre autres questions panarabistes.

    Là où les deux pays voisins divergent, c’est dans leurs relations avec les puissances asiatiques ou latino-américaines. Là où la diplomatie algérienne est plutôt bien implantée, ce n’est pas le cas en Tunisie, et inversement. Mais jusqu’à très récemment, la Tunisie n’était impliquée que superficiellement dans les questions géopolitiques internationales, conservant une certaine neutralité dont la diplomatie tunisienne pouvait se targuer.

    Cela a bien changé depuis la passation des pleins pouvoirs au président Kaïs Saïed. Si ce dernier a tout fait pour entretenir de bonnes relations avec l’Algérie voisine, le président tunisien, en compagnie de son diplomate en chef Othmane Jerandi, prend des positions qu’Alger n’apprécie guère. C’est, en premier lieu, le rapprochement à grande vitesse avec l’Egypte qui déconcerte. En raison d’une hostilité commune aux partis islamistes entre Kais Saïed et Abdel Fattah al-Sissi, les deux chefs d’Etat se mettent automatiquement d’accord sur les questions politiques arabes.

    Pas plus tard que vendredi dernier, Kaïs Saïed a reçu le Premier ministre égyptien Moustafa Madbouli. Saied a déclaré que son homologue al-Sisi avait « sauvé l’Egypte d’une période très dangereuse ». « Le président al-Sissi a raccourci les délais et fait gagner beaucoup de temps au peuple égyptien », a déclaré Kaïs Saïed. Eloge du pogrom des opposants par al-Sissi, donc. Des opposants au mouvement des Frères musulmans, comme ceux relevés du pouvoir par Kaïs Saïed le 25 juillet.

    L’Algérie agacée par les positions diplomatiques de la Tunisie

    Là où la politique commune de Saïed et d’al-Sisi dérange Alger, c’est qu’elle s’accompagne d’une étrange adhésion de la Tunisie aux nouvelles normes diplomatiques. En particulier, Tunis s’est beaucoup rapprochée, en quelques mois seulement, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite.

    Et même si Kaïs Saïed était personnellement intervenu pour empêcher tout lobbying de l’une ou l’autre des parties au conflit libyen sur son territoire , la position tunisienne dans le dossier libyen continue de provoquer une détérioration des relations entre Tunis et Tripoli.

    Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, la Tunisie a pris l’initiative de présenter la motion qui, après son approbation, condamnait le remplissage du barrage de la Renaissance (GERD) par l’Éthiopie. Une décision que le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, a qualifiée d’« erreur qui va entacher le mandat de la Tunisie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité ». Une position tunisienne sur le GERD que l’Egypte salue, bien sûr. Mais, pour l’Algérie, alliée de l’Ethiopie au sein du G4, les sourires ne sont pas de mise.

    Enfin, la nouvelle ligne diplomatique tunisienne a également eu des répercussions sur le dossier du moment : le conflit russo-ukrainien. La Tunisie est l’un des rares pays d’Afrique du Nord à avoir condamné la Russie à l’ONU. Pourtant, la Russie entretenait des relations très cordiales avec la Tunisie, mais Moscou est aussi l’un des premiers alliés de l’Algérie.

    Si Tunis tente de lisser sa diplomatie inhabituellement agressive par des visites bilatérales récurrentes avec l’Algérie, il n’est pas sûr que l’Algérie soit assez patiente, alors que son voisin immédiat multiplie les décisions unilatérales. D’autant que du côté du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l’agacement est bien visible. Lors d’une visite de son homologue Jerandi à Alger début mai, Lamamra a déclaré: « Nous devons coordonner davantage les positions (de l’Algérie et de la Tunisie) sur les questions d’intérêt commun au niveau régional et international ».

    Le journal de l’Afrique, 16 mai 2022

  • Influence du Golfe au Maghreb -Newlines Institute-

    Influence du Golfe au Maghreb -Newlines Institute-

    Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Monarchies du Golfe, Emirats Arabes Unis, EAU, Arabie Saoudite, Qatar, Sahara Occidental,

    Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye ont connu des troubles politiques depuis les soulèvements du printemps arabe de 2011. Le Qatar, les Émirats arabes unis et, dans une moindre mesure, l’Arabie saoudite ont profité de leur vulnérabilité, influençant ainsi la dynamique régionale interne et plus large au Maghreb. En ignorant ces dynamiques, les États-Unis risquent d’être affectés, car l’ingérence du Golfe affaiblit la gouvernance et la stabilité au Maghreb, ce qui permettra à son tour la croissance des violations des droits de l’homme, des flux migratoires ingérables et de l’extrémisme. En encourageant indirectement ou directement le développement d’un Maghreb stable et harmonieux, Washington peut faire avancer ses propres intérêts stratégiques sans dépenser de ressources supplémentaires.

    L’importance stratégique du Maghreb

    Le Maghreb s’étend de l’Atlantique à la Méditerranée jusqu’au cœur du Moyen-Orient, couvrant un territoire vital pour la sécurité nationale des États-Unis. La région est riche en ressources énergétiques et les principaux axes de transport transméditerranéens reliant l’Europe et l’Afrique subsaharienne passent par Rabat, Tunis et Alger. Une présence chinoise croissante dans la région menace de remplacer les alliances traditionnelles avec les États-Unis et l’Europe, non seulement par le commerce, mais aussi par une coopération croissante en matière de défense et de sécurité. Entre-temps, la Russie a renouvelé son engagement militaire, économique et diplomatique dans la région, notamment par des achats d’armes et un soutien militaire sur le terrain. Alors que les capacités militaires russes dans la région sontpotentiellement exagérés , ils reflètent les visées géostratégiques de Moscou en Afrique.

    La Libye et l’Algérie possèdent toutes deux de vastes territoires méridionaux liés au Sahel, une région largement non gouvernée et essentielle pour lutter contre l’ extrémisme violent . Le manque de stabilité en Libye a influencé la contrebande et les activités extrémistes, qui se nourrissent également de la faiblesse de la gouvernance au Mali, au Niger, au Tchad et au Soudan. Cette activité s’est propagée en Tunisie et en Algérie, avec des frontières poreuses contribuant aux attaques perpétrées par des groupes extrémistes, y compris dans les principales destinations touristiques . Du point de vue des alliés européens, le renforcement de la stabilité au Maghreb contribuera à sécuriser les sources d’énergie, à réduire la criminalité à la périphérie sud de l’Europe et à lutter contre l’immigration clandestine.

    Malgré son importance stratégique, le Maghreb a historiquement suscité un intérêt limité de la part des États-Unis, et ses relations avec les pays du Golfe vont souvent à l’encontre de son objectif de stabilité et de démocratie au Maghreb. En particulier, des alliances étroites avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont traduites par un soutien aux interventions du Golfe au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye qui sapent les efforts de ces pays pour développer des démocraties fortes ou répondre aux demandes de leurs populations.

    Influence des États du Golfe au Maghreb

    Historiquement, les liens entre le Golfe arabe et l’Afrique du Nord n’ont pas été particulièrement forts . Ces dernières années, cependant, poussés par une compétition entre blocs d’États du Moyen-Orient pour l’influence régionale, les pays d’Afrique du Nord sont devenus un point chaud pour l’intervention du Golfe . Bien que les stratégies et les alignements entre les acteurs du Golfe aient changé au cours de la dernière décennie, les interventions militaires et les rivalités intenses se transformant en un engagement diplomatique timide, les pays du Maghreb restent largement incapables d’empêcher une telle ingérence d’affecter négativement leur développement démocratique.

    Les pays du Golfe reconnaissent le rôle central du Maghreb dans la réalisation de leurs objectifs stratégiques. Le Qatar et les Émirats arabes unis ont tous deux cherché à diversifier leurs alliances en matière de sécurité afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis et d’étendre leur influence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Alors que les Émirats arabes unis ont principalement cherché à diversifier leur économie et à renforcer leur armée, le Qatar a tenté de se présenter comme une voix alternative au Moyen-Orient, utilisant sa richesse pour financer le très influent réseau Al Jazeera et construire une identité qatarie distincte .. L’Arabie saoudite a été moins active au Maghreb récemment, préférant consacrer plus de ressources à contrer l’influence iranienne. Alors que d’autres poids lourds régionaux tels que la Turquie étendent leurs activités au Maghreb – notamment en soutenant les forces politiques alliées islamistes et non islamistes – les pays du Golfe ont façonné leurs engagements économiques et sécuritaires au Maghreb en conséquence.

    Le printemps arabe a offert au Qatar et aux Émirats arabes une opportunité de poursuivre leurs ambitions. Alors que les mouvements d’opposition islamistes précédemment réprimés commençaient à remporter les élections post-soulèvement, les Émirats arabes unis, dont les dirigeants se sentaient menacés par ce mouvement de force anti-autoritaire, sont passés à une politique étrangère musclée impliquant des ventes d’armes, le renforcement de leur armée et des interventions dans les conflits armés. S’appuyant sur ses liens étroits avec Washington et certaines capitales européennes, Abu Dhabi a justifié cela en invoquant la nécessité de protéger les régimes anti-islamistes autoritaires du terrorisme.

    Le Qatar, en revanche, a vu les soulèvements comme une chance de démontrer ses références en tant que source d’identités alternatives pour le Moyen-Orient. Compte tenu de ses liens de longue date avec plusieurs mouvements d’opposition islamistes d’Égypte, de Libye et d’ailleurs, Doha a choisi de soutenir les islamistes sunnites, en particulier les Frères musulmans, dans leur quête d’accès au pouvoir. Cela l’a souvent mis aux prises avec les Emirats et l’Arabie saoudite – une rivalité qui s’est jouée dans les pays du Maghreb.

    Le Maroc, l’Algérie et le conflit du Sahara occidental

    Le Maroc a historiquement entretenu les liens les plus solides et les plus cohérents avec les monarchies conservatrices du Golfe, en particulier avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. La structure du régime monarchique commun, les liens familiaux et le triangle d’alliance commune avec les États-Unis, qui ont soutenu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental, ont tous contribué à cette proximité.

    Lorsque le printemps arabe a atteint le Maroc, les pays riches du Golfe ont promis une assistance afin de pouvoir plus tard faire appel à des faveurs politiques, telles que le soutien à l’escapade menée par les Saoudiens au Yémen . Cela faisait partie d’un schéma de longue date d’interventions économiques du Golfe au Maghreb, y compris des prêts, des programmes d’aide et des investissements étrangers directs.

    Le Maroc s’est surtout efforcé de faire preuve de prudence avec l’aide du Golfe. Les Émirats arabes unis y avaient accumulé des investissements importants avant même 2011, concentrés dans l’immobilier, le tourisme, les infrastructures et la construction. Ces dernières années, l’équilibre entre les donateurs et les investisseurs du Golfe au Maroc a changé, les investissements qatariens augmentant tandis que les investissements saoudiens diminuaient. Cela a à peu près coïncidé avec la domination du Parti islamiste de la justice et du développement (PJD), jusqu’aux dernières élections de 2021. Cette augmentation de l’influence qatarie s’est peut-être plus clairement reflétée lorsqu’en 2017 le Maroc a adopté une position neutre vis-à-vis du blocus par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite contre le Qatar et a même envoyé des expéditions de nourriture à Doha par voie aérienne.

    Contrairement au Maroc, l’Algérie n’a jamais eu de relations chaleureuses avec les monarchies conservatrices du Golfe. Au lieu de cela, Alger a traditionnellement promu une politique féroce de non-alignement, limitant ses liens avec Riyad, Abu Dhabi et Doha.

    Les tentatives des pays du Conseil de coopération du Golfe d’intégrer les pays maghrébins dans leurs sphères d’influence ont été facilitées par la rivalité de longue date entre l’Algérie et le Maroc sur le statut du Sahara occidental. En août 2020, les États-Unis ont aidé à négocier les accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre les Émirats arabes unis et Israël. Quelques mois plus tard, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël, après quoi les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cela a renforcé le constat selon lequel la monarchie continue d’essayer d’équilibrer les relations entre le Qatar d’une part et le camp saoudo-émirati – défini par l’alignement sur les États-Unis et l’opposition croissante à l’Iran plutôt qu’à Israël – d’autre part.

    Fin 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, accusant son voisin d’ »actions hostiles », notamment le non-respect de ses engagements bilatéraux concernant le Sahara occidental. Les États du Golfe ont exploité cette rivalité pour développer leurs propres investissements, et ils continuent de surveiller de près la politique intérieure des deux pays, d’autant plus que les troubles et la paralysie économique en Algérie persistent. Dubai Ports World – un outil émirati clé pour la propagation du pouvoir économique et politique – a commencé en 2008 à exploiter les ports d’Alger et le port oriental de Djen Djen. L’Algérie, qui achète traditionnellement de grandes quantités d’armes à la Russie, a également effectué d’importants achats d’équipements militairesdes EAU. Les relations diplomatiques se sont également améliorées entre l’Algérie et les États du Golfe, comme en témoignent une série de visites et de discussions de haut niveau sur les investissements et le commerce en 2020 et 2021. Cela est probablement dû aux préoccupations croissantes de l’Algérie concernant la sécurité régionale et la stabilité économique.

    Concurrence politique en Tunisie

    Avant la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali en 2011, les relations tunisiennes avec les monarchies conservatrices du Golfe étaient cordiales mais pas profondes. Cela a changé lorsque les premières élections post-Ben Ali en octobre 2011 ont porté au pouvoir un gouvernement de « troïka » dirigé par le parti islamiste Ennahda, auparavant interdit. Les relations de la Tunisie avec les Émirats arabes unis se sont rapidement refroidies à tel point qu’en 2013, l’ambassadeur émirati a été rappelé de Tunis. Dans le même temps, sur la base de sa position favorable à l’islam politique, les relations du Qatar avec Tunis se sont approfondies grâce à l’expansion des investissements, des prêts, des contrats de construction, de l’aide étrangère et humanitaire, de la formation professionnelle et de la coopération militaire.

    En 2014, un nouveau gouvernement tunisien a été élu, dirigé par Béji Caïd Essebsi et son parti laïc Nida Tounis. Si Caïd Essebsi a d’abord été courtisé par les Émirats arabes unis, qui espéraient le persuader de réduire le pouvoir de ses opposants islamistes, il a tentégarder une certaine distance. Puis, en 2021, le président Kais Saied, qui avait été élu en 2019 à la suite du décès de Caid Essebsi, a gelé le Parlement et limogé le Premier ministre, ce que beaucoup ont interprété en partie comme une mesure contre l’islam politique. Notamment, le gouvernement a fait une descente dans les bureaux du média qatari al Jazeera à Tunis le lendemain de la prise de pouvoir de Saied, et peu de temps après, l’Arabie saoudite a promis une assistance pour soutenir la crise du COVID-19 en Tunisie. En plus de faire à nouveau basculer le pendule vers l’axe saoudo-émirati au sein du Conseil de coopération du Golfe divisé, la prise de pouvoir de Saied a suscité des inquiétudes parmi les islamistes du reste de l’Afrique du Nord, ainsi que des inquiétudes quant à la stabilité générale de la région.

    Les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ont tous cherché depuis 2011 à exercer subtilement leur influence en Tunisie. Dès les premières semaines qui ont suivi les soulèvements de 2011, ces pays ont mobilisé leurs réseaux médiatiques pour lancer des campagnes qui ont contribué à approfondir la polarisation entre partisans et opposants à l’islam politique. Les médias tunisiens ont bénéficié de financements externes mal réglementés du Qatar et des Émirats arabes unis pour diffuser de faux messages, sapant la liberté des médias nouvellement acquise par les Tunisiens. Ces pays ont également utilisé leurs réseaux médiatiques pour courtiser les partis et les politiciens avant les élections , promettant des investissements et d’autres formes de soutien. Comme en Libye, les analystes ont identifié des preuves de campagnes coordonnéesparmi des comptes basés en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis poussant un récit anti-islamiste dans les jours qui ont suivi la prise de pouvoir de Saed, créant l’apparence d’un soutien populaire à sa décision. De telles actions ont contribué aux inquiétudes concernant l’ingérence étrangère, affaiblissant la confiance des Tunisiens dans la démocratie.

    Après la chute du gouvernement Ben Ali en Tunisie, certains à l’intérieur du pays craignaient que des acteurs du Golfe tels que le Qatar ne profitent du chaos pour financer des associations caritatives, des prédicateurs et d’autres activités qui favoriseraient la marque de l’islam qu’ils soutenaient. Bien que le financement de cette forme d’intervention soit particulièrement difficile à suivre et que, contrairement à l’intervention militaire, ses effets ne soient pas aussi concrets, beaucoup l’attribuent à la montée de l’extrémisme en Tunisie. Compte tenu de l’environnement extrêmement restreint auquel les islamistes ont été confrontés sous Ben Ali, cette affirmation a probablement un certain mérite.

    Guerre et diplomatie en Libye

    Lorsque les soulèvements du printemps arabe ont éclaté en février 2011 en Libye, le Qatar et les Émirats arabes unis ont vu dans leur intérêt de soutenir le renversement de Mouammar Kadhafi. Une aide financière inconditionnelle et bilatérale ainsi que du matériel, des combattants et de la formation des deux pays ont immédiatement commencé à affluer vers les groupes rebelles anti-Kadhafi, ainsi qu’un soutien enthousiaste à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Le Qatar et les Émirats ont cependant soutenu différents groupes rebelles, sur la base des liens existants, ce qui les a finalement conduits à soutenir les factions libyennes opposées et a jeté les bases de leur rivalité ultérieure, qui a émergé à l’été 2014.

    Le soutien du Golfe aux Libyens individuels semble également contribuer à alimenter le conflit. Par exemple, le soutien qatari à Abdelhakim Bilhaj – un ancien membre du groupe d’opposition libyen islamique combattant – a peut-être contribué à la défaite de Bilhaj dans sa candidature à un siège au Congrès national général en 2012, certains l’accusant d’être un agent du Qatar. . L’ancien ambassadeur de Libye aux Émirats arabes unis, Aref al-Nayed, a profité de ses liens avec Abou Dhabi pour lancer sa propre carrière politique, aspirant à devenir président de la Libye à l’issue des élections initialement prévues en décembre 2021. Les Émirats ont également provoqué un scandale en embauchantL’envoyé spécial de l’ONU Bernardino León en tant que directeur général de son académie diplomatique après avoir terminé son mandat de principal médiateur entre les deux parties en conflit en 2015. Cela a soulevé des questions légitimes concernant le comportement de Leon en tant qu’arbitre impartial, sapant l’autorité de l’ONU.

    Au fil du temps, les approches du Qatar et des Émirats arabes unis en matière d’engagement militaire dans le conflit libyen ont évolué. À partir de 2013 environ, l’implication du Qatar a diminué, en raison des réactions négatives d’autres pays de la région, de son propre changement de leadership et d’une prise de conscience croissante de sa capacité limitée à réaliser le type d’influence qu’il avait autrefois envisagé malgré son alliance avec la Turquie. Pendant ce temps, l’implication des Emirats s’est accrue, en particulier à mesure que les tensions montaient entre les coalitions s’identifiant à l’islam politique ou s’y opposant. L’intervention des Émirats arabes unis dans le conflit libyen a évolué vers une stratégie à plusieurs volets parallèle à celle au Yémen, impliquant l’utilisation d’acteurs par procuration, une alliance solide avec l’Égypte (nécessaire pour sa puissante armée), travaillant par l’intermédiaire de tribus et d’expatriés (comme Nayed) et un engagement potentiel contre le terrorisme.

    Bien que ni les objectifs du Qatar ni ceux des Émirats arabes unis n’aient changé au Maghreb, depuis 2011, tous deux ont transformé leurs engagements en une diplomatie plus pragmatique. Pour le Qatar, cela a pris la forme d’un partenariat direct avec le gouvernement d’entente nationale (GNA) internationalement reconnu basé à Tripoli. Le GNA d’ici 2019 était fortement soutenu par la Turquie – un autre poids lourd régional avec des ambitions géostratégiques et économiques en Libye et dans l’ensemble du Maghreb.

    Après le départ début 2021 du président américain Donald Trump – avec qui les EAU avaient été très proches – et la défaite de la coalition anti-GNA en Libye, les EAU ont commencé à approfondir leur diplomatie dans toute la région, y compris avec son ancien rival en Libye, Turquie. Alors que le conflit cinétique en Libye s’est calmé pour le moment, son processus politique s’est également effondré, et beaucoup perçoivent ces dynamiques régionales changeantes comme instables.

    Conclusion

    Bien que les stratégies du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Émirats pour faire avancer leurs programmes au Maghreb aient changé depuis 2011, leurs objectifs n’ont pas changé. Ils visent à faire progresser leur influence régionale tout en protégeant leurs propres régimes. Les formes et les niveaux d’intervention du Golfe au Maghreb varient dans le temps, mais ils sont toujours dans l’intérêt des États du Golfe, et non du Maghreb. Bien que les interventions puissent avoir des effets en aval bienvenus – par exemple, la création d’emplois grâce à de lourds investissements du Golfe dans des secteurs clés – ces investissements s’accompagnent de coûts politiques qui sapent le développement démocratique en décourageant les tentatives de négociation et de compromis politiques.

    Les États-Unis et leurs alliés européens devraient veiller à ce que les valeurs libérales soutiennent les forces menacées par les interventions du Golfe. Par exemple, l’administration Biden devrait faire preuve de vigilance sur le terrain alors que la Tunisie continue de connaître des tumultes politiques et économiques afin de s’assurer que sa politique n’est pas dictée par la volonté de ses alliés du Golfe. Les États-Unis peuvent également continuer à soutenir la réglementation des plateformes de médias sociaux, notamment Facebook et Twitter, afin qu’elles ne soient pas utilisées par des pays étrangers pour propager des campagnes de désinformation qui, à leur tour, perpétuent les conflits.

    par Karim Mezran, Sabina Henneberg

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative nord-africaine et chercheur principal résident au Centre Rafik Hariri du Conseil de l’Atlantique.
    Sabina Henneberg est l’auteur de Gérer la transition : la première phase post-soulèvement en Tunisie et en Libye.

    Newlines Institute, 01 juin 2022

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  • L’OTAN se lève en Afrique

    L’OTAN se lève en Afrique

    OTAN, Etats-Unis, France, Barkhane, Afrique, Libye, Afghanistan, Russie, Ukraine,

    La récente décision d’éjecter l’armée française est enracinée dans une sensibilité générale croissante sur le continent contre l’agression militaire occidentale.

    L’inquiétude suscitée par l’élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) vers la frontière russe est l’une des causes de la guerre actuelle en Ukraine. Mais ce n’est pas la seule tentative d’ expansion de l’OTAN, une organisation conventionnelle créée en 1949 par les États-Unis pour projeter leur puissance militaire et politique sur l’Europe. En 2001, l’OTAN a mené une opération militaire « hors zone » en Afghanistan, qui a duré 20 ans, et en 2011, l’OTAN – à la demande de la France – a bombardé la Libye et renversé son gouvernement. Les opérations militaires de l’OTAN en Afghanistan et en Libye ont été le prélude à des discussions sur une « OTAN mondiale », un projet visant à utiliser l’alliance militaire de l’OTAN au-delà de ses propres obligations de charte de la mer de Chine méridionale à la mer des Caraïbes.

    La guerre de l’OTAN en Libye était sa première opération militaire majeure en Afrique, mais ce n’était pas la première présence militaire européenne sur le continent. Après des siècles de guerres coloniales européennes en Afrique, de nouveaux États ont émergé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour affirmer leur souveraineté. Beaucoup de ces États – du Ghana à la Tanzanie – ont refusé de permettre aux forces militaires européennes de rentrer sur le continent, c’est pourquoi ces puissances européennes ont dû recourir à des assassinats et des coups d’État militaires pour oindre des gouvernements pro-occidentaux dans la région. Cela a permis la création de bases militaires occidentales en Afrique et a donné aux entreprises occidentales la liberté d’exploiter les ressources naturelles du continent.

    Les premières opérations de l’OTAN sont restées au bord de l’Afrique, la mer Méditerranée étant la principale ligne de front. L’OTAN a créé les Forces alliées d’Europe du Sud (AFSOUTH) à Naples en 1951, puis les Forces alliées de Méditerranée (AFMED) à Malte en 1952. Les gouvernements occidentaux ont établi ces formations militaires pour garnir la mer Méditerranée contre la marine soviétique et créer des plates-formes à partir de où ils pourraient intervenir militairement sur le continent africain. Après la guerre des Six jours en 1967, le Comité des plans de défense de l’OTAN, dissous en 2010, crée la Force navale d’astreinte méditerranéenne.(NOCFORMED) pour faire pression sur les États pro-soviétiques – comme l’Égypte – et pour défendre les monarchies d’Afrique du Nord (l’OTAN n’a pas été en mesure d’empêcher le coup d’État anti-impérialiste de 1969 qui a renversé la monarchie en Libye et porté au pouvoir le colonel Mouammar Kadhafi ; le gouvernement de Kadhafi a expulsé les bases militaires américaines du pays peu de temps après).

    Les conversations au siège de l’OTAN sur les opérations « hors zone » ont eu lieu de plus en plus fréquemment après que l’OTAN a rejoint la guerre américaine contre l’Afghanistan. Un haut responsable de l’OTAN m’a dit en 2003 que les États-Unis avaient « développé un appétit pour utiliser l’OTAN » dans leur tentative de projeter leur puissance contre d’éventuels adversaires. Deux ans plus tard, en 2005, à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’OTAN a commencé à coopérer étroitement avec l’Union africaine (UA). L’UA, qui a été formée en 2002, et était le « successeur » de l’Organisation de l’unité africaine, a lutté pour construire une structure de sécurité indépendante. L’absence d’une force militaire viable signifiait que l’UA se tournait souvent vers l’Occident pour obtenir de l’aide et demandait à l’OTAN de l’aider en matière de logistique et de transport aérien .pour sa mission de maintien de la paix au Soudan.

    Aux côtés de l’OTAN, les États-Unis ont exploité leur capacité militaire par le biais du Commandement européen des États-Unis (EUCOM), qui a supervisé les opérations du pays en Afrique de 1952 à 2007. Par la suite, le général James Jones, chef de l’EUCOM de 2003 à 2006, a formé le Commandement américain pour l’Afrique . (AFRICOM) en 2008, dont le siège était à Stuttgart, en Allemagne, car aucun des 54 pays africains n’était disposé à lui donner un foyer. L’OTAN a commencé à opérer sur le continent africain par le biais de l’AFRICOM.

    La Libye et le cadre de l’OTAN pour l’Afrique
    La guerre de l’OTAN contre la Libye a changé la dynamique des relations entre les pays africains et l’Occident. L’Union africaine se méfiait de l’intervention militaire occidentale dans la région. Le 10 mars 2011, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a créé le Comité ad hoc de haut niveau sur la Libye. Les membres de ce comité comprenaient le président de l’UA de l’époque, le Dr Jean Ping, et les chefs d’État de cinq pays africains – l’ancien président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz, le président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso, l’ancien président du Mali Amadou Toumani Touré, l’ancien président de l’Afrique du Sud Jacob Zuma et du président ougandais Yoweri Museveni – qui étaient censés se rendre à Tripoli, en Libye, et négocier entre les deux parties à la guerre civile libyenne peu après la formation du comité. Le Conseil de sécurité des Nations unies a cependant empêché cette mission d’entrer dans le pays.

    Lors d’une réunion entre le Comité ad hoc de haut niveau sur la Libye et les Nations Unies en juin 2011, le Représentant permanent de l’Ouganda auprès des Nations Unies à l’époque, le Dr Ruhakana Rugunda, a déclaré : « Il n’est pas sage que certains joueurs soient intoxiqués par supériorité technologique et commencent à penser qu’eux seuls peuvent modifier le cours de l’histoire humaine vers la liberté pour l’ensemble de l’humanité. Certes, aucune constellation d’États ne doit penser pouvoir recréer une hégémonie sur l’Afrique. Mais c’est précisément ce que les États de l’OTAN ont commencé à imaginer.

    Le chaos en Libye a déclenché une série de conflits catastrophiques au Mali, dans le sud de l’Algérie et dans certaines parties du Niger. L’intervention militaire française au Mali en 2013 a été suivie de la création du G5 Sahel, une plate-forme politique des cinq États du Sahel – Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger – et une alliance militaire entre eux. En mai 2014, l’OTAN a ouvert un bureau de liaison au siège de l’UA à Addis-Abeba. Lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles en septembre 2014, les partenaires de l’alliance ont examiné les problèmes au Sahel qui sont entrés dans le plan d’action de préparation de l’alliance, qui a servi de « [le] moteur de l’adaptation militaire de l’OTAN à l’environnement de sécurité modifié et en évolution ». En décembre 2014, les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN ont examiné la mise en œuvre du plan et se sont concentrés sur les «menaces émanant de notre voisinage sud, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord» et ont établi un cadre pour faire face aux menaces et aux défis auxquels le Sud est confronté, selon un rapport de l’ancien président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, Michael R. Turner. Deux ans plus tard, lors du sommet de l’OTAN à Varsovie en 2016, les dirigeants de l’OTAN ont décidé d’intensifier leur coopération avec l’Union africaine. Ils « [ se félicitaient ] du solide engagement militaire des Alliés dans la région sahélo-saharienne ». Pour approfondir cet engagement, l’OTAN a mis en place une Force africaine en attente et a entamé le processus de formation d’officiers dans les forces militaires africaines.

    Pendant ce temps, la récente décision d’ éjecter l’armée française est enracinée dans une sensibilité générale croissante sur le continent contre l’agression militaire occidentale. Il n’est donc pas étonnant que bon nombre des plus grands pays africains aient refusé de suivre la position de Washington sur la guerre contre l’Ukraine, la moitié des pays s’étant abstenus ou votant contre la résolution de l’ONU condamnant la Russie (cela inclut des pays comme l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Angola et l’Éthiopie). ). Il est révélateur que le président sud-africain Cyril Ramaphosa ait déclaré que son pays « s’est engagé à faire progresser les droits de l’homme et les libertés fondamentales non seulement de notre propre peuple, mais aussi des peuples de Palestine, du Sahara occidental, d’Afghanistan, de Syrie et de toute l’Afrique et du monde. ”

    L’ignominie des folies occidentales et de l’OTAN, y compris les accords d’armement avec le Maroc pour livrer le Sahara occidental au royaume et le soutien diplomatique à Israël alors qu’il poursuit son traitement d’ apartheid des Palestiniens, met en contraste l’indignation occidentale face aux événements qui se déroulent en Ukraine. La preuve de cette hypocrisie sert d’avertissement à la lecture du langage bienveillant utilisé par l’Occident lorsqu’il s’agit de l’expansion de l’OTAN en Afrique.

    Cet article a été réalisé par Globetrotter.

    PAR VIJAY PRASHAD

    Vijay Prashad est un historien, éditeur et journaliste indien. Il est rédacteur et correspondant en chef de Globetrotter , un projet de l’Independent Media Institute. Il est rédacteur en chef de LeftWord Books et directeur de Tricontinental : Institute for Social Research. Il a écrit plus de vingt livres, dont The Darker Nations: A People’s History of the Third World (The New Press, 2007), The Poorer Nations: A Possible History of the Global South (Verso, 2013), The Death of the Nation and the Future of the Arab Revolution (University of California Press, 2016) et Red Star Over the Third World(LeftWord, 2017). Il écrit régulièrement pour Frontline, the Hindu, Newsclick, AlterNet et BirGün.