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  • Refonte du grand Maghreb…sans le Maroc

    Refonte du grand Maghreb…sans le Maroc – Algérie, Mauritanie, Libye, Tunisie, Sahara Occidental,

    Avec la visite d’État du président mauritanien en Algérie, et après celle effectué par le président algérien en Tunisie, c’est le grand Maghreb qui est en train de se former. Si la Libye arrive à se déjouer des pièges qui lui sont tendus par le jeu des stratégies des puissances, ce sera un grand pas fait dans la reconstruction du grand Maghreb. Et tant pis si le Maroc fait partie des retardataires.

    Les choix opérés par Rabat pour prendre de court et l’Union Africaine et l’Organisation des Nations Unis, en les mettant devant une situation de fait concernant la marocanité des territoires occupés, avec l’appui de l’administration américaine et la coopération active de l’entité sioniste, risquant de bloquer le grand Maghreb pour de longues années encore, il était temps de manœuvrer pour peser sur le cours des événements et stabiliser la région maghrébo-sahélienne, intimement liés au jeu géopolitique des stratégies.

    Avec un « surplus » de mécanismes militaires aux portes sud (Serval, puis Barkhane, Tabuka, Fama, G5-Sahel, contingents tchadiens, etc.), et une inquiétante présence israélienne aux frontières ouest, il était plus que temps pour l’Algérie de desserrer l’étau et de contracter des alliances au sein même de sa famille maghrébine naturelle pour éloigner le spectre d’un chambardement qui se faisait sentir de jour en jour.

    Il est certain que certaines parties, partie prenante du conflit, sont en train de miser sur le statuquo en Libye pour mener à la déconstruction du Maghreb ; cependant, les cartes que possèdent les alliés de l’Algérie dans la région, on pense à la Turquie et aux Russes, qui font pièce, dans d’autres registres, aux menées souterraines en Libye et au mali, font espérer que le plan de paix proposé par l’Algérie aboutisse. Car il y va de la sécurité de toute la région.

    L’Express, 29/12/2021

    #Maroc #Algérie #Mauritanie #Tunisie #Maghreb #Libye

  • CPS: Pourquoi la Libye a-t-elle tourné le dos à l’Algérie ?

    CPS: Pourquoi la Libye a-t-elle tourné le dos à l’Algérie ?

    CPS: Pourquoi la Libye a-t-elle tourné le dos à l’Algérie ? – Union Africaine, Conseil de paix et de sécurité, Maroc,

    Manœuvres marocaines au CPS : Le jeu malsain de Tripoli
    Pourquoi la Libye a-t-elle tourné le dos à l’Algérie ? Pourquoi maintenant alors que la tension est à son paroxysme avec le régime du Makhzen ? Qui a intérêt à placer le régime naissant et encore fragile de Tripoli sous la coupe de Rabat ? Depuis quelques jours, l’information a d’abord circulé rapidement à travers plusieurs canaux diplomatiques, avant d’être relayée par des médias triés et les réseaux sociaux.

    L’affaire concerne le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, un organe stratégique où se décident généralement les grandes résolutions sur les questions liées aux conflits et aux guerres dans le continent. Le Maroc veut retourner dans cet organe à travers de sombres manœuvres et un alignement spectaculaire de la Libye.

    Selon le site d’information, Libya-al-Mostakbal, la déjà controversée ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Al Mangoush, a informé son homologue marocain, lors d’un entretien téléphonique, de la décision de son gouvernement «de retirer sa candidature pour siéger au CPS pour le mandat 2022-2025, d’y renoncer en faveur du royaume du Maroc et de soutenir la candidature marocaine». Le site note encore que cette décision «sera formellement communiquée à la commission de l’UA».

    Ce retrait libyen facilitera ainsi le retour du Makhzen qui occupera, à nouveau, un siège au CPS, après son premier mandat de deux années (2018-2020), en sa qualité de représentant de l’Afrique du Nord.

    Pour les milieux diplomatiques, le but de cette manœuvre est double : défendre d’abord le statut d’observateur de l’entité sioniste au sein de l’Union africaine, et peser ensuite sur les lourds dossiers d’actualité, comme au Sahara occidental, où l’UA veut jouer un rôle capital, dans les prochains mois, après la nomination d’un nouvel envoyé spécial du SG des Nations unies.

    Le risque de ce hold-up, s’il est réalisé, est incalculable et pourrait créer davantage de tension et d’agitation, voire de division au sein de l’organisation panafricaine. Alors que le CPS, comme organe décisionnel permanent, est chargé de la prévention, la gestion et le règlement des conflits dans le continent, voilà qu’il devient un instrument de guerre et d’instabilité.

    Il convient de rappeler, à ce propos, les déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères au lendemain du retour de Rabat en tant que membre au sein de l’UA, après presque trente ans d’absence et de politique de la chaise vide, suite à l’adhésion de la République sahraouie.

    «Rejoindre le CPS était notre objectif principal depuis un an», a affirmé Bourita. «C’est fondamental, car c’est là que sont traitées les questions importantes pour le Maroc, notamment au sujet du Sahara occidental», a-t-il ajouté.

    La ministre libyenne des Affaires étrangères a confirmé ses propos et les intentions de son gouvernement. Dans un tweet qui ne rajoute point à la confusion, elle annonce le retrait officiel de la candidature de son pays au CPS et réaffirme le soutien de son pays à la candidature du Maroc. Officiellement, le gouvernement libyen n’a diffusé aucun communiqué expliquant sa démarche, ni répondant ou démentant les propos de sa cheffe de diplomatie.

    Alger n’a pas encore réagi à cette volte-face, attendant certainement une communication officielle ou une correspondance libyenne aux instances de l’UA.

    Alors que les Libyens s’apprêtent à élire leur président dans trois semaines, dans une conjoncture politique des plus instables et sous une pression énorme de puissances régionales et de l’ONU, il y a lieu de s’interroger sur cette décision de Tripoli, pour le moins incompréhensible et illogique dans les annales diplomatiques.

    Pourquoi un retrait et pourquoi désigner aussi rapidement son remplaçant ? En 2015 déjà, alors que l’Algérie faisait des efforts extraordinaires dans des négociations dures et complexes avec toutes les parties libyennes, ces derniers ont préféré aller au palais de Skhirat, au Maroc, signer un accord, dont les détails et la plate-forme ont été rédigés à Alger. A l’époque, les observateurs avaient été surpris par ce retournement libyen, qui n’avait pas lieu d’être, bien que certaines factions de ce pays voisin n’aient jamais admis que l’Algérie y joue un rôle pour des raisons historiques, géographiques et culturelles.

    Il est également vrai que le Makhzen a toujours tenté de phagocyter ce rôle algérien, en tentant de réduire son influence ou son poids, allant jusqu’à critiquer ouvertement l’Allemagne qui avait abrité deux fois un sommet consacré à la crise libyenne sans inviter le Maroc pour des raisons objectives alors que l’Algérie y était présente.

    D’autres diplomates estiment que l’attitude libyenne s’explique par les agissements sournois de la part de deux puissances étrangères, la France et Israël. L’entité sioniste cherche naturellement à s’incruster davantage dans les rouages de l’organisation panafricaine, à affaiblir ses principaux Etats agissants et à imposer une nouvelle normalisation en direction de toute l’Afrique.

    L’enjeu est également crucial pour les Français, qui veulent mettre en orbite le maréchal Haftar ou ses soutiens dans la région. Dans un pays où la solution politique n’est guère facile, où les convulsions de la guerre civile sont encore vivaces, l’accession du Maroc à la tête du CPS devient un enjeu de taille et un levier stratégique, dans les années à venir, non seulement pour l’équilibre sécuritaire en Libye mais aussi au Sahara occidental et au Sahel.

    Par Mohamed K.

    Le Jeune Indépendant, 01/12/2021

    #Union_Africaine #UA #Conseil_paix_sécurité #CPS #Maroc #Libye #Algérie

  • Turquie: Les drones Bayraktar TB2 configurent la guerre

    Turquie: Les drones Bayraktar TB2 configurent la guerre

    Maroc, Algérie, Sahara Occidental – Turquie: Les drones Bayraktar TB2 configurent la guerre

    Analyse : la Turquie a vendu ses drones Bayraktar TB2 à plus d’une douzaine de pays en Europe, en Afrique du Nord et en Asie centrale. Devenant rapidement omniprésents, ils sont également utilisés dans un nombre toujours plus grand de conflits mondiaux.
    Les conflits féroces de 2020 ont beaucoup contribué à élever le statut des drones de combat turcs Bayraktar TB2 et à susciter l’intérêt pour eux dans le monde entier. Lors de l’opération Spring Shield de février-mars en Turquie l’année dernière, des TB2 turcs ont dévasté les forces terrestres syriennes dans la province d’Idlib, au nord-ouest.

    Puis, au cours de l’été, les TB2 turcs déployés en Libye ont joué un rôle décisif dans la guerre civile de ce pays en repoussant les forces de l’armée nationale libyenne (ANL) en soutien à l’allié de la Turquie, le gouvernement d’entente nationale (GNA) à Tripoli.

    À l’automne, les TB2 azerbaïdjanais ont dévasté l’armure arménienne dans le conflit du Haut-Karabakh . Ces drones ont ensuite été victorieusement défilés dans la capitale azerbaïdjanaise Bakou en décembre de la même année. Une femme azerbaïdjanaise, qui n’avait certes jamais entendu parler des drones turcs avant cette guerre, a même écrit un livre pour enfants vantant les armes et l’ingénieur qui les a construites, Selcuk Bayraktar.

    « Les conflits féroces de 2020 ont beaucoup contribué à élever le statut des drones de combat turcs Bayraktar TB2 »
    Suite à cette série de victoires au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Caucase du Sud, l’intérêt pour le TB2 est monté en flèche. La Turquie pourrait désormais promouvoir le record de combat de la plate-forme ainsi que son prix compétitif.

    Un drone TB2 coûte environ 1 à 2 millions de dollars , bien loin des 20 millions de dollars par unité que le Royaume-Uni a payés pour les drones Protector construits aux États-Unis.

    Ce faible coût rend également tolérable un certain niveau d’attrition au combat. Comme l’a dit succinctement le secrétaire britannique à la Défense Ben Wallace : « Le TB2 et les munitions qui l’accompagnent combinent des capacités techniques à un prix abordable, ce qui signifie que leurs commandants peuvent tolérer une certaine attrition tout en présentant de réels défis à l’ennemi.

    En mai de cette année, le ministre polonais de la Défense Mariusz Błaszczak a annoncé que Varsovie achèterait 24 des drones et les armerait de missiles antichars. Il a déclaré que les drones « ont fait leurs preuves dans les guerres ».

    Cette vente était importante pour l’industrie de l’armement de la Turquie puisque la Pologne est également membre de l’OTAN. Lettonie, un autre membre de l’ OTAN, est également selon la rumeur d’être intéressé par le système après que le ministre letton de la défense des installations visité en Turquie où l’avion sans pilote sont construits.

    La Turquie a vendu des TB2 ukrainiens en 2019. L’intérêt de Kiev pour la plate-forme augmente car elle prévoit d’acheter un autre lot en 2022.

    En septembre, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a déclaré que Kiev prévoyait de construire une usine pour produire des TB2 en coopération avec son fabricant turc Baykar, probablement dans le cadre d’une coentreprise signalée pour construire jusqu’à 48 des plates-formes d’armes sans pilote avec la Turquie.

    L’Ukraine a déjà utilisé un drone TB2 contre des séparatistes pro-russes dans la région orientale du Donbass le 26 octobre. Le drone a ciblé et détruit une unité d’artillerie en utilisant l’une de ses munitions guidées.

    La Turquie a insisté sur le fait qu’elle n’avait aucune responsabilité dans cette grève.

    « Si un État nous achète ces produits, ce n’est plus un produit turc », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu aux journalistes après avoir rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov peu de temps après l’incident.

    « Peut-être que la Turquie l’a produit, mais il appartient à l’Ukraine », a-t-il ajouté. « La Turquie ne peut pas être blâmée pour cela. »

    En Afrique du Nord, le Maroc aurait commandé 13 TB2 en mai et reçu son premier lot en septembre, bien que ni Ankara ni Rabat ne l’aient confirmé. On craint que le Maroc n’utilise ces drones dans le conflit du Sahara occidental.

    Début novembre, les spéculations se sont intensifiées lorsque l’Algérie a accusé le Maroc d’avoir tué trois chauffeurs de camion algériens lors d’une grève sur une autoroute du désert.

    « Plusieurs facteurs indiquent que les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental ont commis cet assassinat lâche avec une arme sophistiquée », lit-on dans un communiqué de la présidence algérienne.

    Comme l’indique le rapport de l’AFP sur cet incident, alors que l’Algérie n’a pas mentionné les armes utilisées, « le Maroc a pris livraison de drones de combat Bayraktar de fabrication turque, selon Far-Maroc, un site d’information militaire privé ».

    Un autre pays qui pourrait bientôt déployer des drones TB2 est l’Éthiopie. Si cela est vrai, la vente par Ankara de ces avions à Addis-Abeba peut s’avérer controversée pour plus d’une raison.

    « Après son rôle dans une série de victoires militaires au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Caucase du Sud, l’intérêt pour le drone Bayraktar TB2 est monté en flèche »
    Il y a le facteur Egypte. Ankara et Le Caire sont en désaccord depuis près d’une décennie maintenant depuis que le gouvernement des Frères musulmans de l’ancien président Mohammed Morsi a été renversé lors d’un coup d’État par le président égyptien en exercice Abdel Fattah el-Sisi. Ces derniers mois, il a été question d’un rapprochement entre les deux poids lourds régionaux.

    Cependant, l’Égypte et l’Éthiopie sont aux prises avec un différend sur la construction par cette dernière du barrage éthiopien Grand Renaissance sur le Nil. Le Caire aurait déjà demandé aux États-Unis et à l’Europe de geler toute vente de drones turcs à l’Éthiopie. Les exportations d’armes turques vers l’Éthiopie pourraient être un point de friction pour une normalisation complète des relations entre la Turquie et l’Égypte.

    Si Addis-Abeba utilise des drones turcs au combat, ce sera très probablement contre les séparatistes de la région du Tigré plutôt que contre son puissant voisin égyptien. L’Éthiopie, qui a signé un accord de coopération militaire avec la Turquie en août, voudrait déployer les drones dans ce conflit acharné.

    En fait, les forces du Tigré ont déjà découvert ce qui semble être un fragment d’une munition de fabrication turque compatible avec le TB2. Cependant, cela ne prouve certainement pas que l’Éthiopie possède encore l’un de ces drones, encore moins les a utilisés dans les conflits.

    Au cours de l’été, les forces éthiopiennes ont été chassées de la capitale de la région du Tigré, Mekelle. En octobre, l’armée éthiopienne a lancé une contre-offensive qui semble également avoir été repoussée par les séparatistes. Jusqu’à 100 000 Éthiopiens auraient été tués dans le conflit jusqu’à présent.

    On ne sait cependant pas si les drones turcs de l’arsenal éthiopien pourraient faire beaucoup pour renverser le cours du conflit comme ils l’ont fait en Libye pour le GNA.

    Outre l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient (où le proche allié de la Turquie, le Qatar a acheté au moins six TB2) et le Caucase, les TB2 commencent également à apparaître en Asie centrale.

    Le Turkménistan a révélé pour la première fois qu’il possédait ces drones lors d’un défilé du 27 septembre marquant le 30e anniversaire de l’indépendance de l’Union soviétique. Achgabat avait importé pour 37 millions de dollars d’équipements de défense de Turquie l’été précédent, mais les détails de ce qu’il avait acheté n’ont pas été divulgués.

    Le Kazakhstan aurait également envisagé d’acheter « plusieurs dizaines » de TB2 au lieu de drones de fabrication chinoise après avoir vu les performances du premier dans le conflit du Haut-Karabakh.

    « Un drone TB2 coûte environ 1 à 2 millions de dollars, bien loin des 20 millions de dollars par unité que le Royaume-Uni a payés pour les drones Protector construits aux États-Unis »
    Ensuite, il y a le Kirghizistan, pays d’Asie centrale, qui envisage de se procurer des TB2, ainsi que des drones russes, pour améliorer sa puissance aérienne extrêmement limitée.

    « Nous n’achetons pas de drones pour faire la guerre à quelqu’un. Nous achèterons des drones pour assurer la sécurité du pays », a insisté le 23 octobre le président du pays, Sadyr Japarov.

    Cependant, il a également fait allusion aux brefs affrontements que son pays a eus avec le Tadjikistan en avril dernier qui ont fait 36 ​​morts au Kirghizistan.

    « Nous n’avions même pas un seul avion à faire décoller pendant le conflit », a déclaré Japarov. « Maintenant, nous allons acheter à la fois des avions et des drones (drones). »

    Maintenant que les drones Bayraktar TB2 sont ou seront bientôt dans les arsenaux militaires sur trois continents, il est inévitable qu’ils soient utilisés dans un nombre important de conflits en cours et futurs dans le monde, avec des implications sur la façon dont ces guerres sont menées. .

    Paul Iddon est un journaliste indépendant basé à Erbil, au Kurdistan irakien, qui écrit sur les affaires du Moyen-Orient.

    The New Arab, 29/11/2021

    #Turquie #Drones #BayraktarTB2 #Libye #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental

  • Turcs mais pas Turcs. Les limites du turquisme au Maghreb

    Turcs mais pas Turcs. Les limites du turquisme au Maghreb

    Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Turquie – Turcs mais pas Turcs. Les limites du turquisme au Maghreb

    Chaque empire laisse une présence de lui-même après sa dissolution. Dans ses provinces ce sont bien souvent des traces matérielles plutôt que spirituelles, alors que pour l’ancienne souche dominante il s’agit avant tout d’une perception de soi, d’une manière de s’imaginer et de se projeter dans le monde toujours avec l’idée d’un droit à la domination. Tout sujet qui prétend être l’héritier pourrait choisir de souffler sur ces présences pour réveiller leurs racines anciennes.

    L’Empire ottoman s’est étendu, pour une phase de son histoire, également au Maghreb. L’existence de minorités turcophones dans cette région demande réflexion, compte tenu de la posture impériale turque croissante sur la scène géopolitique. Leur présence est-elle un facteur de puissance pour la Turquie ? Peut-être de quelle manière ? Une telle analyse implique plusieurs niveaux, à savoir ce que cela signifie d’être turc et quels sont le projet et la trajectoire actuels de la Turquie.

    Il faut dire tout de suite que ces minorités, appelées Kouloughlis (environ deux millions en Algérie et en Tunisie), sont assimilées dans ces pays et ne se prêtent pas à être le levier géopolitique des intérêts turcs au Maghreb. Ils le sont avant tout pour des raisons historiques, pour la formation de l’Empire ottoman et ses limites stratégiques, mais aussi pour leur comportement au cours des siècles.

    Les Ottomans ne conquièrent pas le Maghreb à la suite d’un projet réfléchi et mis en œuvre. Le Maghreb « pleut » sur lui, sous forme d’adhésion des potentats locaux et l’empire intervient davantage pour aider une faction et en marginaliser une autre, plutôt que pour transformer ces lieux en véritables provinces.

    De l’Empire ottoman, le Maghreb a été divisé en régences de Tripoli, Tunis et Alger, plus un sultanat indépendant de facto du Maroc. L’adhésion est avant tout fonctionnelle de devoir se défendre de l’Espagne, qui est beaucoup plus proche et plus dangereuse.

    Au moment d’une plus grande adhésion de cette région à l’empire, les élites turques transfèrent une partie de leurs membres au sommet de ces régences. De l’union de ces Turcs avec des éléments locaux, naîtront les kouloughlis , terme qui, démontrant précisément la méfiance ottomane dans leur substantielle loyauté, signifie, du point de vue turc, fils de serviteurs , tandis que du point de vue du point de vue des élites locales c’est un nom prestigieux, traduit par fils de soldats (surtout de janissaires).

    Avant de prouver leur non-adhésion partielle au projet ottoman, les kouloughly ont accès à tous les bureaux. Surtout à l’odjak, l’armée, qui signifie en fait, en turc, la maison et la famille, et les trois régences du Maghreb elles-mêmes sont identifiées en turc comme garp adjokari ( odjack de l’ ouest). Cela prouve qu’ils sont d’abord intégrés dans les principales articulations du turquisme, qui se projette toujours à travers l’État et l’appareil militaire. Cependant, plus ils s’enracinaient au sommet plus ils se sentaient éloignés de l’empire, jusqu’à ce qu’ils déclenchent une révolte en 1629. Cette révolte fut étouffée et les kououghlis furent marginalisés, notamment par l’armée, et contraints de ne jouer que le rôle de corsaires. .

    Au fil du temps, ils parviennent effectivement à atteindre à nouveau certains endroits clés, mais ils recommencent rapidement à servir les intérêts de leur « maison et famille » locales, à tel point qu’ils aident à réprimer le corps des janissaires turcs, qui s’est révolté en 1817. Dans le même temps cependant , ils s’allient à eux pour faire face à l’invasion française, manifestant moins un anti-turcisme qu’un nationalisme local. Certes, des éléments de distinction de cette minorité, comme preuve de leur ancienne lignée, subsistent. Par exemple, la culture de l’Islam sunnite de l’école Hanafi , contrairement à l’école Maliki, plus strictement maghrébins, mais en général ils sont une minorité qui s’est avérée, avant même la naissance des nations algérienne ou tunisienne ou marocaine, un ancêtre des consciences nationales maghrébines et certainement pas l’avant-garde de la projection turque au Maghreb . Cela dépendait aussi de la nature même de l’Empire ottoman, un empire terrestre, qui sous-estime énormément, non pas tant la force en mer, mais la transformation de la force en domination des mers et leur utilisation comme une forme de défense plus complète. A cet effet, l’assimilation de la côte nord-africaine, si elle était vraiment réalisée, aurait été fondamentale.

    Pour en revenir à aujourd’hui, même la Turquie n’essaie pas de tirer parti de ces communautés. La raison réside dans la nature très problématique du concept d’être turc. Seuls les Turcs peuvent être Turcs, et même pas les Turcs en soi, car on devient Turc. Il ne s’agit donc pas de l’ethnie classique, entendue comme terre et sang (possédés), mais marche, migration et sang (effusion).

    Le Turc est tel parce qu’il bouge, parce qu’il migre depuis le début, depuis les montagnes de l’Altaï, et partout où il va, il conquiert et verse le sang, alors il devient un guerrier, il devient de plus en plus fort. Il ne vise pas à faire l’autre turc, mais à harmoniser sa différence avec sa propre force. Renforcer les différences (faisant ainsi semblant de laisser libre) renforce le Turc, qui se forge dans la lutte, dans un cercle continu de marche, de lutte et de soumission, jusqu’à l’harmonie finale, le mystère de la domination, qu’est la Kizilelma , la pomme rouge . En ce sens, être turc, ou plutôt devenir turc, est un état d’esprit, un sentiment qui n’est pas émotionnel, mais spirituel, qui rapproche le mythe de la marche originelle et de la conquête finale.

    Sentiment, pas limite ; devenir turc ne s’arrête pas à l’Anatolie, qui n’est pas la Turquie au sens strict, mais est la Turquie d’aujourd’hui. Le mythe est en effet dans l’âme, les Turcs le portent tout entier dans chaque conquête. Les Turcs d’aujourd’hui vivent en Anatolie, mais ce ne sont pas des Anatoliens, ce sont des Turcs. Là où sont les Turcs, c’est en Turquie, mais ce ne sont pas des Turcs parce qu’ils sont en Turquie. La Turquie est dans l’âme.

    Les minorités post-ottomanes ne peuvent pas être turques, car comme nous le verrons elles ne se sentaient pas turques, mais romaines/ottomanes lorsqu’elles sont arrivées au Maghreb. C’est pourquoi ils n’intéressent pas la Turquie.

    La stratégie turque actuelle, de style kémaliste et beaucoup plus stratégiquement consciente, par rapport à l’Empire ottoman (car la Turquie d’aujourd’hui est néo-ottomane dans la propagande, mais kémaliste dans la planification et la trajectoire), consiste à s’insinuer là où il y a déjà déconstruction, à restaurer la floraison, ou le bien-être turc, mais c’est la floraison qui est turque, pas l’élément humain indigène. A partir de Kemal, qui a défendu la Libye de l’invasion italienne, la Turquie libère ou défend des occupants, s’insinuant ainsi dans les sentiments anti-occidentaux maghrébins. Les locaux peuvent devenir turcs, mais pas turcs. Autonomes qui se croient libres.

    L’erreur de considérer l’attitude turque comme néo-ottomane a été en quelque sorte promue par Erdogan lui-même, qui a maintes fois, à des fins internes, parlé de son rôle comme néo-ottoman, mais il n’a pas parlé de géopolitique, mais plutôt de géopolitique. délégitimer ses adversaires, se faisant l’héritage de la forme impériale la plus accomplie jamais atteinte par un État turc. Il visait à dénigrer ses adversaires, comme s’ils étaient des traîtres, car ils ne font pas partie de cette glorieuse histoire. Erdogan lui-même imaginait pourtant pouvoir mettre en œuvre la nouvelle trajectoire kémaliste en profitant de la carte plus facile, mais moins géopolitique, à sa disposition, la religion musulmane, soutenant les Frères musulmans dans les pays arabo-islamiques, espérant pouvoir enseigner la laïcité et à travers eux convaincre, entre tous,

    Le plan visant à transmettre le pouvoir par la religion a échoué et a poussé le blocus du Golfe encore plus loin dans un sens anti-turc. Se présenter comme l’héritier des Ottomans dans un monde arabe, qui a un mauvais souvenir de cette domination , était une erreur supplémentaire. Pour cela Erdogan revient à la véritable figure de la projection du pouvoir turc, le culte de l’État, car là où arrivent les Turcs, il y a toujours un État, qui prend la forme de reconstruction ou d’influence des appareils, principalement dans les forces armées. Car justement le Turc devient Turc en combattant. Ce sont alors les appareils, plus encore que les forces politiques, dont les Frères musulmans, qui doivent devenir Turcs et accueillir les Turcs.

    La réaction actuelle du président tunisien, qui a expulsé les frères musulmans, jusque-là soutenus par la Turquie, de la vie parlementaire et gouvernementale du pays, ne contredit pas la nouvelle approche turque, car la confrérie tunisienne était un dernier vestige de celle-ci. erreur et déjà payé avec Morsi en Egypte. La Turquie montre maintenant qu’elle ne veut plus le faire.

    L’expansionnisme turc est la reconstruction ou l’influence des appareils. Apporter un État est le pendant d’un peuple qui a la migration dans son ADN, c’est la seule stabilité, le seul enracinement qu’il puisse concevoir, alors qu’il ne conçoit pas de s’arrêter dans une terre spécifique en tant que terre, mais dans cette terre s’il devient un état déterminé. Parce que l’État appartient au peuple plus qu’à la terre. L’état est l’émanation directe et la création du peuple, c’est l’ancien cheval des chevaliers/archers, le cheval sur lequel on se repose et voyage, et c’est ce que les Turcs peuvent emporter avec eux et reconstruire partout où ils vont.

    Il reste une contradiction dans la posture turque, qui sait que la Turquie est là où sont les Turcs, mais pour l’instant la seule vraie Turquie, qui existe, est en Anatolie, et le projet géopolitique à mettre en œuvre est réaliste s’il part de là. C’est pourquoi Erdogan et les générations de stratèges kémalistes tentent de chérir l’erreur de l’Empire ottoman, qui a été de s’imaginer romain et donc d’imaginer un centre, Constantinople, d’où ne pourrait pas rayonner sa propre puissance, comme un centre géopolitique toujours il y a, parce que ce n’était pas un centre ottoman.

    L’Empire ottoman, centré sur Constantinople, et en tant que Romain comme ils l’imaginent, conduit à raisonner en termes d’Orient et d’Occident, et illusionne un peuple migrateur qu’il a enfin trouvé un point d’atterrissage, un centre déjà fait, et coordonne, précisément un est et un ouest à ce centre, l’Anatolie à l’est et les Balkans à l’ouest. Le centre n’était pas en Anatolie, mais un centre, s’il était turc, devait l’être. Les Turcs, en revanche, s’imaginent être des Ottomans/Romains, et en effet pour eux le centre n’existe que si l’Est et l’Ouest existent et sont additionnés. Pour cela, ils conquièrent les Balkans avant même d’avoir pris Constantinople et reviennent ensuite la prendre. Parce que le centre n’a de sens qu’en fonction des coordonnées. Conquérir ceux dont le centre tombe et le centre est Constantinople.

    Après cette première erreur, ils commettent l’erreur de ne pas comprendre la valeur de la mer, car ils sont un peuple migrateur et terrestre, d’autant plus qu’ils imaginent Rome comme un empire de terre, non achevé en Méditerranée. L’État kémaliste démontre au contraire, en déplaçant immédiatement la capitale à Ankara, d’imaginer une centralité et une solidité de l’Anatolie comme une Turquie effective, et ce ne sont plus l’Orient et l’Occident romains qui donnent sens au centre, mais c’est le centre qui donne sens aux coordonnées et les coordonnées sont maintenant principalement au nord et au sud. Après tout, les murs est et ouest actuels sont en fait infranchissables pour le moment. À l’ouest, la Grèce protège la mer Égée par la possession du Dodécanèse (avec l’aide des Émirats arabes unis, d’Israël, de la France, de l’Égypte), tandis qu’à l’ouest, bien qu’ayant pris des mesures dans le Caucase, cependant, il se heurte à des puissances actuellement impossibles à vaincre, comme la Russie et l’Iran, l’Anatolie doit donc être protégée au nord et au sud. Au nord de la Russie via la mer Noire et au sud via la domination en Méditerranée.

    C’est ici que l’importance de l’Afrique du Nord entre en jeu dans la nouvelle stratégie kémaliste, car l’Afrique du Nord est la possibilité de dominer la mer par le littoral. En effet, la Turquie est consciente que la mer est la première ligne de défense, mais elle ne la sent pas encore en elle-même, elle se sent obligée de reproduire le modèle avec lequel elle a toujours conquis sa gloire, qui est la route terrestre. Pour cette raison, pour l’instant, dominer les côtes est le seul moyen qu’ils ont d’atteindre la mer, au lieu d’atterrir sur les côtes de la domination de la mer. La Libye n’est donc pas seulement la première tranchée avec laquelle consolider la frontière de la patrie bleue (et contourner Chypre), c’est aussi le premier point d’où rayonner la domination en Afrique du Nord, pour faire tout un arc de défense de Gibraltar à Suez , seulement après qu’il soit aussi le point terrestre d’où projeter la puissance, arrivant d’un côté en Somalie et de l’autre au Sénégal, c’est-à-dire vers les océans, traversant les détroits, d’un côté Gibraltar et de l’autre de Suez et Bab el Mandeb, arrivant à nouveau par voie terrestre. C’est une limitation fondamentale de la stratégie turque.

    Une autre limitation est que l’Afrique du Nord n’est pas actuellement sous le contrôle total de la Turquie. En fait, elle possède la moitié de la Libye, mais la Tunisie s’est rebellée contre l’infiltration de la puissance turque vers le Maghreb et l’Algérie elle-même n’a pas encore glissé dans ses bras. Ne parlons pas de l’Egypte. Un autre gros problème du soft power turc en Afrique du Nord et ailleurs aujourd’hui est de savoir qu’il ne peut plus s’appuyer pleinement sur l’islam de fraternité pour s’insérer dans les dynamiques locales, mais en même temps il n’a pas réussi à trouver une nouvelle mission. Pour l’instant, il essaie de se présenter comme un pouvoir islamo-laïc, en dehors des canaux des frères musulmans, mais est-il possible de façonner les appareils et l’État, avec toutes les structures connexes, sans déclinaison islamo-politique ? Un résultat inattendu.

    La dernière et la plus grande limitation est le fait que la Turquie a jusqu’à présent réussi à poursuivre ses ambitions dans l’ombre de la bienveillance américaine, un hégémon au-delà duquel et contre lequel la Turquie ne peut se permettre d’agir. Hégémon qui assigne des limites précises à la puissance turque, contrebalance la Russie, notamment en Libye et en Afrique du Nord en général, l’agace dans le Caucase, s’étirant peut-être à agacer les Chinois, mais la véritable concrétisation des projets turcs ne peut manquer de prévoir un affrontement avec les La puissance américaine et en même temps ne peuvent pas se permettre un tel affrontement. La trajectoire géopolitique des Turcs est en effet encore trop peu fondée sur les ressources et trop sur le mythe, qui en tant que tel est une catégorie qui relève davantage du rêve.

    Des erreurs ottomanes, les Turcs ont appris la nécessité de se centrer dans un lieu et d’en faire un centre d’irradiation de leur puissance, au lieu de se déplacer indéfiniment ; en ce sens, l’Anatolie est effectivement devenue la Turquie, et ils ont également compris l’importance de la mer, car l’Anatolie se défend de la mer bleue / de la patrie, mais ils n’ont pas encore réussi à penser comme un peuple qui est en mer et s’appuie sur le ressources limitées dont ils disposent.

    Les Turcs sont toujours un grand peuple pour l’instant, mais avec une trop grande ambition.

    par Andrea Forte

    Difesa Online, 28/11/21

    #Turquie #Maghreb #Maroc #Algérie #Libye #Empire_ottoman

  • France-Egypte : Les mémos de la terreur (2/2)

    France-Egypte : Les mémos de la terreur (2/2)

    France, Egypte, Opération Sirli, DRM, Abdel Fatah Al Sissi – France-Egypte : Les mémos de la terreur (2/2)

    A l’été 2016, les agents de la DRM sont sans ambiguïté : la mission a peu d’intérêt. D’autant que les zones de survol autorisées restent strictement limitées à la partie occidentale du pays, où les groupes armés sont quasi inexistants. Le Sinaï et la Libye, où la menace terroriste est réelle, leur sont interdits. Ce que déplore un membre de l’équipe Sirli, début septembre.

    NOTE 3 septembre 2016
    « Quasi aucun élément n’a permis d’aborder la problématique terroriste. »
    « L’impossibilité de survol du territoire libyen ainsi que du Sinaï a limité le recueil d’informations aux zones frontalières. »
    « La priorité de la mission va à la satisfaction du besoin du partenaire. »


    Pour satisfaire son obsession sécuritaire, la dictature exige toujours plus. Comme « l’instauration d’une boucle courte de transfert d’informations » entre l’avion français et la base militaire. Objectif : permettre à l’aviation égyptienne d’arriver sur zone pour « traiter » la cible le plus vite possible. Une demande qui inquiète les militaires sur place, mais pas le sous-directeur recherche de la direction du renseignement militaire, qui accepte de réduire les délais de transmission des données récoltées. Dès lors, précise l’officier auteur de la note du 3 septembre, « l’implication de l’armée de l’air égyptienne dans la destruction de trafiquants a été plus visible ». La dérive de la mission de renseignement est actée : elle va servir à cibler des véhicules de civils.

    FAILLITE DE LA MISSION
    Le 21 septembre 2016, les hommes de Sirli décollent de Marsa Matruh à bord du Merlin III, l’avion de surveillance français. Après avoir survolé le désert pendant plusieurs heures, ils repèrent un convoi de pick-up filant à travers les dunes. Ils transmettent leur localisation à leurs collègues au sol qui la communiquent à l’aviation égyptienne. Grâce à la fameuse « boucle courte », un Cessna 208 arrive sur zone peu de temps après. Les Français doivent changer de trajectoire pour éviter une collision. Quarante-trois minutes plus tard, lorsqu’ils survolent à nouveau la zone, un véhicule est en flammes.

    Le lendemain, l’officier de liaison de la DRM informe sa hiérarchie : « La frappe a très probablement été perpétrée par le Cessna 208 de l’armée égyptienne. » Il ajoute :

    Note du 22 septembre 2016
    « La seule présence du Cessna armé atteste de la volonté de l’armée de l’air égyptienne d’utiliser les informations [fournies] à des fins répressives contre le trafic local. »

    Quelques jours après la frappe, les militaires égyptiens déclarent avoir détruit huit pick-up et leurs occupants, des contrebandiers présumés. En fournissant leur localisation, l’Etat français s’est rendu complice d’une exécution arbitraire.

    A la fin de l’année 2016, les Français se montrent de plus en plus critiques.

    Note du 28 septembre 2016
    « L’ELT 16 reste très vigilant mais néanmoins inquiet quant à l’utilisation faite des [renseignements] à des fins de [ciblage]. »
    Note du 15 décembre 2016
    « L’armée de l’air égyptienne exerce une pression constante sur la planification des missions pour exploiter au maximum les capacités de l’ALSR à son profit. »
    Note du 6 janvier 2017
    « La problématique terroriste n’a jamais été abordée. »

    Selon les documents « confidentiel-défense » obtenus par Disclose, les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018. Les frappes détruisant souvent plusieurs véhicules, le nombre de victimes pourrait se chiffrer à plusieurs centaines. Selon les critères de la résolution 56/83 [2] de l’Assemblée générale des Nations unies, la complicité de la France dans ces exécutions illégales serait donc établie.

    [2]
    Article 16
    L’Etat qui aide ou assiste un autre Etat dans la commission du fait internationalement illicite par ce dernier est internationalement responsable pour avoir agi de la sorte dans le cas où :
    a) Ledit Etat agit ainsi en connaissance des circonstances du fait internationalement illicite;
    b) Le fait serait internationalement illicite s’il était commis par cet Etat.

    Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron est élu président de la République. « L’Europe et le monde attendent que nous défendions partout l’esprit des Lumières menacé dans tant d’endroits, proclame-t-il le soir même, sur l’esplanade du Louvre. Ils attendent que partout nous défendions les libertés, que nous protégions les opprimés. » Pourtant, à peine élu, le président Macron va s’empresser de confirmer la poursuite de la coopération avec la dictature.

    Trois semaines après son entrée à l’Elysée, le chef de l’Etat téléphone à son homologue égyptien. Un appel qui fait suite à un attentat survenu quelques jours plus tôt contre des chrétiens coptes et revendiqué par Daech. Selon le compte rendu de l’échange, la conversation se focalise très vite sur le partenariat militaire entre Paris et Le Caire. Emmanuel Macron assure à son interlocuteur qu’il est « parfaitement informé des opérations en cours » [3] en Egypte. Sollicité, le cabinet d’Emmanuel Macron n’a pas souhaité répondre à nos questions, renvoyant vers le ministère des armées, qui n’a pas donné suite.

    [3]
    Note de l’Elysée datée du 30 mai.

    Le lendemain, le chef d’Etat-major des armées, Pierre de Villiers, placé sous l’autorité du président de la République, est destinataire d’une note « confidentiel-défense ». Rédigé par le directeur de la DRM de l’époque, le général Christophe Gomart, ce bilan détaillé affirme à son tour que la plupart des pick-up localisés dans le désert égyptien ne sont pas liés à des groupes terroristes.

    Note 1er juin 2017
    « Les itinéraires de trafic sont principalement liés à de la ‘simple’ contrebande professionnelle bédouine. »

    Le chef de la DRM souligne ensuite « l’ordre des priorités » de l’Egypte. La lutte contre le terrorisme arrive seulement en troisième position.

    Note du 1er juin 2017
    L’ordre des priorités du partenaire est le suivant :
    1 – Le trafic
    2 – L’immigration illégale
    3 – Le terrorisme

    Interrogé par Disclose sur ces différents points, Christophe Gomart, directeur de la DRM jusqu’en juillet 2017, assure que ses services n’ont « jamais donné de renseignement ayant permis, à [sa] connaissance, d’aller détruire des civils ou d’aller exécuter des gens. » Il insiste : « Si j’avais fait un tel constat, j’aurais préconisé de stopper la mission et de refaire un point avec les autorités égyptiennes. »

    Le 6 juin, Sylvie Goulard, l’éphémère ministre de la défense d’Emmanuel Macron – elle quitte ses fonctions le 21 juin –, se rend au Caire pour y rencontrer le président égyptien. Malgré les dérives manifestes de l’opération, elle assure qu’Emmanuel Macron est « prêt à examiner la possibilité d’augmenter l’utilisation » de l’avion espion, dont elle félicite des résultats « exceptionnels ».

    Note du 6 juin 2017
    « Les résultats déjà obtenus grâce aux missions de l’ALSR [sont] exceptionnels. Ces missions [ont] permis en une année l’interception et la destruction de plus de 1 000 véhicules tout-terrain franchissant illégalement la frontière. »

    Deux jours après Sylvie Goulard, Jean-Yves Le Drian, tout juste nommé chef de la diplomatie française, fait lui aussi le déplacement. Pour la huitième fois en moins de trois ans, il rencontre le ministre Sedki Sobhi. Après s’être complimentés sur « le niveau de confiance atteint », les deux hommes font un point sur le volet secret du partenariat militaire, comme le dévoile une note diplomatique du 11 juin 2017. « Les missions de l’ALSR [ont] été déterminantes pour l’identification et la désignation de nombreuses cibles », se réjouit le ministre égyptien. Un commentaire auquel Jean-Yves Le Drian a répondu par un « hommage au savoir-faire et à la précision des pilotes de l’armée de l’air égyptienne ». Presque un mois jour pour jour après cette séance d’autocongratulation, la « précision » de l’aviation égyptienne tue trois travailleurs, dont Ahmed El-Fiky, un ingénieur cairote, père de quatre enfants.

    Le 5 juillet 2017, Ahmed El-Fiky et deux de ses collègues – nous ne sommes pas parvenus à confirmer leur identité – travaillaient au pavage d’une route, à proximité de l’oasis d’Al-Bahariya, 32 000 habitants. Dans l’après-midi, alors qu’ils roulent en pick-up, les trois hommes s’arrêtent sur le terrain d’une mine de fer où ils ont l’habitude de se ravitailler en eau, avec l’accord de la direction du site. L’instant d’après, un avion égyptien fend le ciel et frappe la voiture, tuant Ahmed et ses deux collègues. Le site local d’information indépendant Mada Masr et la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera relatent l’événement, suivi de quelques messages sur les réseaux sociaux. Puis, plus rien… L’armée égyptienne aurait étouffé l’affaire. « A la morgue, des hommes cagoulés et vêtus en noir ont menacé la famille pour que le certificat de décès d’Ahmed indique ‘raison de la mort inconnue’ », assure à Disclose une enquêtrice du site Killed in Egypt, sous couvert d’anonymat.

    La mort d’Ahmed El-Fiky et de ses collègues n’est mentionnée dans aucun des documents transmis à Disclose. Mais deux jours seulement après le bombardement, un officier français s’entretient avec un général de l’armée de l’air égyptienne. « Le partenariat ne permet en aucun cas à l’ALSR de participer à des opérations de ciblage », martèle-t-il. Les informations transmises (…) doivent en effet être recoupées ». Quant au lieu de la frappe, il se situe dans l’une des zones de survol de la DRM à la même période.

    « Vous pouvez être assurés que la DRM continuera à être votre partenaire pleinement engagé à vos côtés » (Lettre de Florence Parly, ministre des armées, au ministre égyptien de la défense, le 31 juillet 2017).

    Près de deux ans après le début de la mission, les manquements de celle-ci deviennent une préoccupation majeure, non seulement à la DRM, mais aussi dans l’armée de l’air, qui s’inquiète de la persistance des frappes aveugles, comme en atteste cette note transmise à l’Elysée.

    Note du 23 novembre 2017
    « Par manque de moyens de surveillance, l’identification des pick-up ne peut être effectuée sans autre élément d’appréciation que le survol initial dont ils ont fait l’objet. Aussi, l’identification de certains véhicules et les frappes d’interdiction qui en découlent pourraient être soumises à caution. »

    Tout au long de l’année 2018, les missions s’enchaînent. Les F-16 égyptiens frappent à un rythme de plus en plus soutenu.

    Note du 1er avril 2018
    « Il semblerait que la patrouille des deux F-16 de l’Egyptian Air Force ait réussi à traiter six pick-up sur les huit observés. »
    Note du 5 juin 2018
    « Les coordonnées et la nature de la détection ont été transmis au partenaire (…) Deux des pick-up ont été détruits. »

    Début 2019, Emmanuel Macron et Florence Parly entament une visite officielle en Egypte. A cette occasion, le chef de l’Etat et sa ministre des armées sont abreuvés de notes. L’une d’elles, rédigée le 19 janvier par la cellule Afrique de l’Elysée, rappelle à Emmanuel Macron la « nécessité » d’un accord écrit garantissant « un cadre juridique solide » à l’équipe sur le terrain. Une autre, destinée à Florence Parly, l’exhorte à mettre fin aux dérives de l’opération.

    Note 22 janvier 2019
    « Des cas avérés de destruction d’objectifs détectés par l’aéronef sont établis (…) Il est important de rappeler au partenaire que ALSR n’est pas un outil de ciblage. »

    Pourtant, aucun accord ne sera signé ni la missi­on remise en cause. Le soutien à la dictature reste la priorité, quoi qu’il en coûte. Le 5 décembre 2020, Emmanuel Macron décore le maréchal Sissi de la grand-croix de la Légion d’honneur lors d’un dîner organisé à l’Elysée. Quatre mois après la cérémonie, la dictature commande discrètement 30 avions Rafale à la France, pour un montant de 3,6 milliards d’euros. Selon nos informations, l’armée française est toujours déployée dans le désert égyptien.

    MATHIAS DESTAL, ARIANE LAVRILLEUX, GEOFFREY LIVOLSI

    Disclose

    #Egypte #France #DRM #Mémos_terreur #Disclose #Opération_Sirli

  • L’Europe fait pression pour des élections libres en Libye

    Tags: Libye, élections libres, France, Allemagne, Italie – L’Europe fait pression pour des élections libres en Libye

    PARIS, 12 novembre (Reuters) – Les puissances mondiales feront pression pour que des sanctions soient prises à l’encontre de toute personne qui perturberait le processus électoral et la transition politique en Libye, ont-elles déclaré vendredi à Paris, bien que d’importants différends subsistent sur la manière d’organiser un scrutin destiné à mettre fin à une décennie de conflit.

    La réunion, à laquelle participaient les dirigeants de la France, de la Libye, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Égypte, ainsi que le vice-président des États-Unis, avait pour but de consolider le soutien apporté aux élections prévues le 24 décembre et aux efforts visant à éliminer les forces étrangères.

    Les élections sont envisagées comme un moment clé dans le processus de paix soutenu par l’ONU pour mettre fin à une décennie de chaos violent qui a attiré des puissances régionales et miné la stabilité méditerranéenne depuis le soulèvement de 2011 contre Mouammar Kadhafi, soutenu par l’OTAN.

    Les votes pour un nouveau président et un nouveau parlement sont encore incertains à six semaines de l’échéance, en raison des différends entre les factions libyennes rivales et les organes politiques sur les règles qui sous-tendent le calendrier électoral et sur les personnes qui peuvent se présenter. en savoir plus

    Les puissances mondiales ont déclaré qu’elles soutenaient un processus électoral « commençant » le 24 décembre, ce qui constitue un changement d’orientation par rapport à la demande antérieure de tenir les deux votes simultanément ce jour-là.

    Le Premier ministre italien Mario Draghi a déclaré qu’il était essentiel qu’une nouvelle loi électorale soit élaborée « avec l’accord de tous… pas dans les semaines à venir, mais dans les jours à venir ».

    Le Premier ministre libyen par intérim, Abdulhamid al-Dbeibah, a déclaré qu’il avait insisté, au cours de la réunion, sur les changements urgents à apporter aux règles électorales que les organes politiques libyens rivaux s’arrachent.

    Il n’y a pas encore d’accord sur la base constitutionnelle de l’élection, ni sur la question de savoir si M. Dbeibah lui-même, l’un des principaux candidats à la présidence, pourrait être autorisé à s’inscrire pour se présenter si peu de temps avant le scrutin et après avoir promis de ne pas y participer.

    Les querelles autour de l’élection menacent d’anéantir le processus de paix au sens large, qui comprend également des efforts pour unifier des institutions publiques longtemps divisées et pour retirer les mercenaires étrangers qui restent retranchés le long des lignes de front malgré un cessez-le-feu.

    Les puissances présentes à Paris ont décidé que « les individus ou entités, à l’intérieur ou à l’extérieur de la Libye, qui pourraient tenter d’entraver, de saper, de manipuler ou de falsifier le processus électoral et la transition politique » pourraient faire l’objet de sanctions.

    Elles se sont prononcées en faveur d’un processus « inclusif », un mot souvent utilisé dans le contexte des élections en Libye, pour permettre à tous les candidats de se présenter, y compris les chefs de faction qui divisent le pays.

    UN VOTE INCLUSIF.

    Le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’engagement des forces de l’Est de retirer 300 mercenaires étrangers dans le cadre d’un processus convenu entre les parties belligérantes de l’Est et de l’Ouest devait être suivi du retrait des combattants par la Russie et la Turquie.

    Paris souhaitait initialement que les dirigeants de la Russie et de la Turquie soient présents. La Turquie, qui craint que la France ne veuille accélérer le départ des forces turques de Libye, s’est jointe à Moscou pour envoyer des représentants de rang inférieur.

    Ankara a émis des réserves sur le langage utilisé dans la déclaration finale concernant le départ des forces étrangères. Elle souligne la différence entre la présence de ses troupes en Libye, qui ont été invitées par un gouvernement reconnu par les Nations unies, et celles importées par d’autres factions.

    Des mercenaires du groupe russe Wagner sont retranchés aux côtés de l’Armée nationale libyenne (ANL), basée dans l’est du pays, qui a été soutenue dans la guerre par Moscou, ainsi que par les Émirats arabes unis et l’Égypte.

    Reuters

    #Libye #France #Allemane #Italie #Conférence_paris_Libye #Elections

  • Poutine, Erdogan et Tebboune snobent la conférence de Paris

    Tags : Algérie, Russie, Turquie, Libye, conférence de Paris – Poutine, Erdogan et Tebboune snobent la conférence de Paris

    On serait presque tenté d’y croire si on ne savait pas que tous ces beaux acteurs (Paris-Londres-Washignton) sont à l’origine de la déstabilisation de la Libye.

    La Libye a été encouragée par les puissances mondiales à s’en tenir à un plan d’élections présidentielles le 24 décembre, ainsi qu’à laisser les mercenaires étrangers derrière et à permettre à la nation de poursuivre son histoire.

    Vendredi, les dirigeants français, libyen, allemand, italien et égyptien, ainsi que le vice-président américain, se sont réunis à Paris pour un sommet international visant à renforcer le soutien aux élections du 24 décembre et aux mesures visant à éliminer les forces étrangères.

    Trois chefs d’Etat, et pas des moindres, ont manqué à l’appel de la Conférence de Paris sur la Libye qui s’est ouverte hier: Le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue turc, Recep Tayip Erdogan. Deux pays dont le rôle est prépondérant dans cette crise libyenne.

    L’Algérie est représentée par Ramtane Lamamra à la demande des autorités libyennes.

    La Russie a choisi la même option que l’Algérie. Poutine a dépêché son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Quant à Erdogan, les raisons de la non-participation tient à d’autres arguments.

    «Nous avons informé le président Macron de notre vision sur cette conférence, qui sera identique à celle de Berlin, et ce n’est pas réaliste, d’organiser deux conférences similaires», a expliqué le président turc, déclinant ainsi l’invitation à ce conclave parisien.

    Le monde occidental adore se réunir avec des invitées triés sur le volet autour de petits fours pour décider du sort du monde après l’avoir bien ravagé au passage.

    Aldjazaïr, 13/11/2021

    #France #Libye #Russie #Turquie #Algérie #Conférence_paris

  • L’Algérie refuse les messages d’apaisement de Macron

    Tags: Algérie, France, Macron, Tebboune, Libye, Mémoire, colonialisme – L’Algérie refuse les messages d’apaisement de Macron

    Les messages d’apaisement envoyés par le président français Emmanuel Macron n’ont pas trouvé la réponse espérée des autorités algériennes, qui semblent avoir décidé d’aller loin dans leur colère contre Paris, en réponse aux provocations inacceptables du président français.
    En confirmation de ce qui a été dit dans son entretien avec le magazine allemand « Der Spiegel » il y a environ une semaine, le président Abdelmadjid Tebboune a refusé de répondre par téléphone à son homologue français, et cette information a été rapportée par le journal français « L’Opinion » hier.

    Le journal précise que le président français a tenté de contacter son homologue algérien afin de le persuader de participer à la conférence de Paris sur la Libye attendue ce vendredi, mais il n’a pas reçu de réponse du président Tebboune, sachant qu’avant cet appel, Paris avait envoyé un message à cet égard aux autorités algériennes par la voie diplomatique.
    Le président Tebboune avait précédemment confirmé dans une interview au magazine allemand « Der Spiegel » qu’il ne répondrait pas au président français, s’il l’appelait par téléphone, dans une situation dans laquelle le chef de l’Etat a exprimé une vive colère contre son homologue français, qui a remis en cause l’existence d’une nation algérienne avant la brutale occupation française, devant un groupe de jeunes d’origine algérienne, selon ce qu’a rapporté le journal français « Le Monde ».

    Et mardi, la présidence française a annoncé dans un communiqué que Macron avait exprimé ses regrets pour ce qu’elle a qualifié de « malentendu » avec l’Algérie, et a souligné que le gardien de l’Elysée avait « le plus grand respect pour la nation algérienne et son histoire, ” dans ce qui semblait être une tentative de corriger ce qu’il avait mal fait à cet égard.
    Dans le même contexte, l’Agence France-Presse (AFP) a cité un conseiller lors d’une conférence de presse consacrée à la prochaine conférence sur la Libye : « Le président de la République regrette la polémique et l’incompréhension résultant de ses déclarations (Macron) » et a souligné la nécessité de « s’en tenir au développement des relations » entre la France et l’Algérie, selon le responsable de la présidence française.

    Le conseiller à l’Elysée a ajouté que « le président Macron a le plus grand respect pour la nation algérienne, son histoire et la souveraineté de l’Algérie », et qu’il tient à renormaliser les relations bilatérales pour « l’intérêt des peuples algérien et français, mais aussi pour faire face aux grands défis régionaux, à commencer par la Libye, au motif que l’Algérie est un acteur clé dans la région ».

    Le président Tebboune avait auparavant confirmé qu’il ne ferait pas le « premier pas » pour réduire la tension entre l’Algérie et Paris, blâmant son homologue français pour l’aggravation des relations bilatérales au nom des calculs électoraux, sachant que Macron mène une course effrénée pour gagner. un second mandat aux prochaines élections présidentielles françaises au printemps de l’année prochaine, il a été accusé d’alimenter un vieux conflit qu’il aurait dû éviter, selon le magazine allemand Der Spiegel.

    La position de la présidence algérienne, qui rejette les efforts de pacification français, confirme que le retour à la normale des relations entre l’Algérie et Paris est devenu farfelu, du moins pour l’instant, au vu de cette dissonance persistante.

    L’Algérie avait convoqué son ambassadeur, Mohamed Antar Daoud, depuis Paris, et avait approuvé une décision d’empêcher le passage d’avions de guerre français au-dessus de l’espace aérien algérien, au moment où l’armée française menait des opérations militaires dans la région du Sahel, ce qui a allongé la durée du vol concerné de quatre à neuf heures.

    Mohamed Meslem

    Echourouk online, 10/11/2021

    #Algérie #France #Libye #Tebboune #Macron

  • Libye: L’Algérie décline l’invitation de Tebboune

    Tags: Algérie, France, Libye, Abdelmadjid tebboune, Emmanuel Macron – Libye: L’Algérie décline l’invitation de Tebboune

    L’Algérie prendra part à la conférence internationale sur la Libye, qui se tiendra vendredi dans la capitale française, pour tenter d’apporter un soutien aux élections du 24 décembre. C’est ce qu’a fait savoir ce mercredi à Alger, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

    Lors d’un point de presse tenu au Palais des Nations à l’occasion de la clôture des travaux de la Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes, le chef de la diplomatie algérienne a fait savoir que l’Algérie participera à la conférence internationale de Paris sur la Libye avec une délégation ministérielle. M. Lamamra a également expliqué que les relations tendues entre Alger et Paris, suite au grave dérapage du président français Emmanuel Macron, ne permettent pas pour le moment la participation du président de la République.

    Lamamra a laissé entendre qu’il sera à la tête de la délégation qui représente l’Algérie dans cette conférence, insistant sur le rôle crucial que joue l’Etat Algérien dans la résolution de la crise libyenne, qui perdure depuis la chute de l’ancien leader libyen, Mouammar Kadhafi.

    Il convient de souligner que les responsables de la plupart des pays impliqués dans le dossier libyen, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, seront présents. La Russie sera elle aussi représentée par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

    Lors du point de presse, M. Lamamra est par ailleurs revenu sur le lâche assassinat des trois citoyens algériens par l’armée du Makhzen, qualifiant ce barbare attentat d’ « acte délibéré » visant à bloquer tous les points de passage dans le territoire sahraoui et d’interdire la libre circulation, notamment après la dernière dérive du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

    Il a, dans ce contexte, insisté sur le droit de l’Algérie de prendre les mesures nécessaires comme riposte à cette agression, tout en soulignant que l’Etat Algérien assumera sa responsabilité pour la protection de ces citoyens et de leurs biens en dehors des frontières nationales.

    S’agissant de la question du statut d’observateur accordé à Israël par Moussa Faki, Lamamra a tenu à préciser que cette décision n’était pas compatible avec les principes fondateurs de l’UA, et qu’il s’agit notamment d’une mécanique institutionnelle qui n’était pas respectée.

    Il a aussi affirmé que tous les pays arabes faisant partie de l’UA, et « même ceux qui ont signé des accords de paix avec Israël comme l’Egypte », étaient contre cette décision « sauf le Maroc », qui a mis en place un lobby pour défendre les intérêts de son nouvel allié.

    Concernant la Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes, M. lamamra a fait savoir la diplomatie algérienne est appelée à redoubler d’efforts et à œuvrer à s’adapter aux objectifs stratégiques de la politique de refonte nationale que le président de la République s’est engagé à concrétiser dans le cadre de son processus d’édification de l’Algérie nouvelle.

    Cette démarche se concrétise à travers « une coordination étroite et efficace avec l’ensemble des services et des structures de l’Etat » dans ses activités liées aux actions extérieures ainsi qu’à travers l’ouverture aux opérateurs économiques dans les secteurs public et privé, les intérêts de l’Algérie étant imbriqués et indivisibles.

    Pour le chef de la diplomatie, cette initiative permettra de redynamiser la diplomatie algérienne et d’organiser son rôle pour l’adopter avec la nouvelle politique nationale et la nouvelle feuille de route

    Le ministre, s’est dit convaincu que les nouvelles nominations dans le corps diplomatique « contribueront largement à la nouvelle dynamique insufflée à l’action diplomatique, compte tenu des facteurs professionnels consacrant la volonté du Président de la République » de renouveler et de rajeunir le secteur et promouvoir la représentation de la femme, tout en mobilisant l’expérience de nombre de cadres via une approche intégrée visant la consolidation de notre diplomatie en termes d’interactivité et d’influence sur tous les plans, de manière a servir les intérêts suprêmes de la Patrie.

    Le Jeune Indépendant, 11/11/2021

    #Algérie #France #Libye #Macron #Tebboune

  • Pourquoi l’axe Alger-Tripoli devient « essentiel »

    Tags : Algérie, Libye, Maroc, Israël, Emirats Arabes Unis, EAU, Arabie Saoudite, France -Pourquoi l’axe Alger-Tripoli devient « essentiel »

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu hier, le vice-président du Conseil présidentiel libyen Moussa Al-Kouni, qui était accompagné du chef d’état-major libyen Mohamed Al-Haddad.

    Auparavant, le chef d’état-major de l’armée nationale, Saïd Chanegriha avait reçu au siège du ministère de la Défense nationale le chef d’état-major libyen Mohamed Al-Haddad et nombre d’officiers, qui étaient arrivés, lundi à Alger pour une visite officielle de deux jours.

    L’importance de cette visite libyenne de haut rang intervient dans un contexte de jeu d’alliances stratégiques dans la région Mena. L’Algérie, dont les principes historiques et la stature internationale dérangent beaucoup de nouveaux venus sur la scène politique mondiale, observe avec dépit les rapprochements (à ses dépens) qui se nouent et se dénouent à vue d’œil. Alors que Rabat se « grise » de sa « lune de miel » avec Israël, les Emirats contractent un dangereux échange avec l’entité sioniste sur le plan militaire et informationnel. Ryad n’est pas loin de ce jeu, et seul son statut de Gardien des Lieux Saints de l’islam l’empêche de se mettre de la partie de manière ostentatoire.

    Après avoir mis à terre le Machrek, le jeu de stratégies de puissance se tourne vers le Maghreb. L’attaque d’El Guerguarat en a donné le coup d’envoi. Aujourd’hui, plus personne n’est dupe du jeu des pays du Golfe, prompts à s’engager dans une médiation avec le Maroc, maos ô combien lents quant il s’agit de condamner le Maroc (Sahara occidental, Pegasus, les trois camionneurs assassinés, etc.). Les monarchies soutiennent les monarchies à fond. C’est l’évidence ; car la chute de l’une entrainera celle des autres; alors autant faire bloc compact.

    C’est dans ce contexte qu’apparait combien une alliance avec le voisinage immédiat est « essentiel » pour Alger : Tunis, Bamako, Niamey et Nouakchott ; mais Tripoli d’abord, tant le jeu sournois qui s’y dessine, avec un Haftar au service d’Israël et des objectifs franco-atlantistes, commande à plus d’attention et de stratégie. Remarquez qu’on a tenté de disqualifier tous ceux qui ont, parmi les responsables libyens, cherché l’appui de l’Algérie : Debibeh, El Mengoush, etc.

    Que l’état-major politique et militaire de la Libye s’appuie encore aujourd’hui sur Alger y trouve bon écho, c’est plus qu’une carte : un pouvoir. D’autant que ceux qui se sont engagés à mettre le plus grand pays de l’Afrique, des pays arabes et du pourtour méditerranéen ne semblent pas au bout de leurs menées de sous-sol.

    L’Express, 10/11/2021

    #Algérie #Libye #Maroc #Israël #Sahara_Occidental #Arabie_Saoudite #France #Mauritanie #Mali