L’interdiction aux anciens eurodéputés d’exercer une activité de lobbying auprès du Parlement pendant une période de six mois à partir de la fin de leur mandat, entrera en application le 1er mai.
Le Bureau du Parlement européen a décidé lundi d’interdire aux anciens eurodéputés d’exercer une activité de lobbying auprès du Parlement pendant une période de six mois à partir de la fin de leur mandat, dans une première mesure en réponse au «Qatargate».
«À la suite de l’approbation par les présidents de groupes politiques du Parlement du plan de réforme proposé par la présidente (du Parlement Roberta) Metsola, le Bureau a adopté la première décision d’exécution révisant les règles applicables aux anciens députés au Parlement européen», a indiqué l’institution dans un communiqué.
Cette décision, qui entrera en application le 1er mai, modifie les règles actuelles, datant de 1999, sur les prérogatives accordées aux anciens eurodéputés, à la suite du scandale de corruption présumée dit du «Qatargate», qui a éclaté en décembre dernier et ébranlé le Parlement européen.
Dans cette affaire ont été inculpés plusieurs députés européens, de même que l’ancien eurodéputé italien Antonio Panzeri, devenu responsable d’une ONG, qui a reconnu «avoir été l’un des dirigeants d’une organisation criminelle (…) en lien avec le Qatar et le Maroc».
Le scandale a conduit la présidente du Parlement, Roberta Metsola, à annoncer des réformes. La première décision adoptée lundi introduit une «période de réflexion» de six mois pendant laquelle les anciens députés n’ont pas le droit de faire du lobbying au Parlement.
«Passé ce délai, si d’anciens députés décident de mener des activités de lobbying ou de représentation auprès du Parlement européen, ils doivent s’inscrire au registre de transparence. Par conséquent, ils ne bénéficieront pas des droits d’accès et des facilités qui leur sont accordés en tant qu’anciens membres», souligne l’institution.
Le Parlement précise que d’autres mesures seront examinées dans les semaines à venir, «comme la participation de représentants d’intérêts à des événements organisés au Parlement», et que «parallèlement, la mise en oeuvre d’un certain nombre de mesures nécessitant des modifications du règlement du Parlement est en cours».
Un accord politique a été trouvé : le lobbying des anciens eurodéputés sera interdit au sein du Parlement européen pendant six mois à la suite du Qatargate.
Par Emmanuel Berretta
La réforme des règles éthiques au Parlement européen connaît une première avancée. Roberta Metsola, la présidente, a obtenu lundi du bureau du Parlement l’interdiction du lobbying des anciens députés durant les six premiers mois après la fin de leur mandat. Cette période dite de « cooling off » est le fruit d’un compromis entre les formations politiques du Parlement. Entendons-nous bien : ils peuvent se convertir au lobbying quand bon leur semble, mais ils ne peuvent exercer d’activité de lobbying auprès de leurs anciens collègues dans les six mois qui suivent la fin de leur mandat.
Dans l’affaire du Qatargate, l’ancien député socialiste italien Pier Antonio Panzeri s’était converti en activiste des droits de l’homme, une activité de lobbying parée de vertu trompeuse pour, en fait, étendre son réseau de corruption en faveur du Qatar et du Maroc auprès de ses anciens collègues parlementaires. Cette affaire a jeté une lumière crue sur l’accès illimité des anciens députés à l’enceinte du Parlement. Un privilège dont beaucoup se sont emparés pour pratiquer le lobbying sans déclarer cette activité au registre de transparence du Parlement. On ne comptait, en effet, que trois anciens députés officiellement inscrits au registre…
Les socialistes lavent plus blanc
Roberta Metsola s’est toutefois heurtée à certaines résistances, au sein même de sa famille politique, les démocrates-chrétiens du PPE. Lorsqu’elle avance cette proposition, elle préconise une période de « cooling off » de douze mois. Pour les députés PPE, c’est hors de question. En revanche, les Verts et les socialistes (qui ont des choses à faire oublier), la période d’interdiction doit s’étendre sur vingt-quatre mois. L’extrême gauche n’avait pas formulé clairement de période minimale mais, de toute façon, la période proposée lui paraissait trop courte.
Pour passer cette réforme, nul besoin de toucher au statut des députés ni de passer par la voie législative. Roberta Metsola avait besoin d’une décision de la CoP (Conférence des présidents de groupe politique) et du bureau du Parlement (composé des 14 vice-présidents, représentant les divers groupes politiques du Parlement). Sur le papier, les deux instances paraissent un peu redondantes. Disons que la CoP est davantage l’expression des partis politiques tandis qu’au bureau, les vice-présidents représentent un peu plus eux-mêmes que leur groupe. Il n’est pas rare que les vice-présidents issus de la même famille politique se divisent, par exemple.
La voix prépondérante de Metsola fait la décision
La CoP a adopté la proposition de Metsola il y a déjà quelques semaines. Lundi, c’était au tour du bureau de s’exprimer. L’affaire s’est présentée de manière plus délicate au point que les 14 vice-présidents se sont neutralisés à 7 contre 7. D’un côté, les votes favorables à la proposition : les vice-présidents PPE, Renew (libéraux) et ECR (souverainistes). De l’autre, 7 voix contre considérant que six mois d’interdiction, c’est trop court : les 5 vice-présidents socialistes, le vice-président des Verts et le vice-président de The Left (extrême gauche). En cas d’égalité, c’est donc la voix de la présidente Roberta Metsola qui est prépondérante. On peut donc dire que la Maltaise a obtenu la décision qu’elle souhaitait, même si au départ, sa proposition d’un an de cooling off était plus ambitieuse.
Techniquement, la durée de six mois correspond aussi à la période durant laquelle les anciens députés perçoivent une indemnité de fin de mandat, le temps de se retourner. « Si on avait allongé ce délai, il y avait un risque que les recours en justice aboutissent à une décision défavorable du juge pour un manque de proportionnalité de la mesure », indique-t-on au cabinet de la présidente. Si un ancien député déroge à la règle, les services du Parlement devront le signaler à la présidente Metsola, qui a le pouvoir de révoquer les droits d’accès de l’individu pris en faute, ainsi que les avantages attachés (accès au bar réservé au députés, couverture maladie, etc.).
La fin des accréditations illimitées
La réforme reste à affiner s’agissant des détails. Les anciens députés ne disposeront plus d’une accréditation illimitée (qui leur permettait aussi d’accréditer leur famille !). À l’avenir, ils devront justifier d’une accréditation journalière. Une application leur permettra de s’enregistrer à l’avance. S’ils se présentent à l’accueil du Parlement européen le jour même sans s’être annoncés, ils devront obtenir un badge au bureau des accréditations comme n’importe quel visiteur. Il est question d’aménager pour eux une voie rapide (fast lane, en anglais).
D’autres mesures sont en préparation concernant l’encadrement des événements organisés au sein du Parlement. Le registre de la transparence devra être plus systématiquement rempli par les participants, y compris pour les événements créés par les députés eux-mêmes et leurs coorganisateurs. Bref, on ne rentre plus au Parlement européen comme dans un moulin. On veut savoir qui est dans les locaux. Fin d’une longue naïveté.
Le thème abordé sur cette page, à savoir la nature des liens réels, supposés ou souhaitables entre politiciens binationaux et pays d’origine, est sulfureux, et le risque de se voir accusé de « faire le jeu de l’extrême-droite » est grand, sans parler des procès en diffamation… Pourtant, un débat de fond serait salutaire pour baliser le terrain et éviter certains dérapages, certaines manipulations de la part des gouvernements ou des lobbies des pays d’origine. A ma demande il avait brièvement eu lieu en 1993 au sein de la commission immigration-citoyenneté du parti Ecolo, sans aucune suite hélas (une importante motion avait pourtant été votée).
La transparence du débat est indispensable pour qu’il ne puisse y avoir de double langage, d’ »agendas cachés » des uns et des autres. Je publie donc ici e.a. les réactions de Fatiha Saïdi et de Sven Gatz, si d’autres personnes souhaitent s’exprimer j’insérerai leurs textes sans problème.
Visite de parlementaires belgo-marocains au Maroc
Quelques articles publiés cette semaine dans Le Matin du Sahara et du Maghreb (organe officieux du Makhzen)… qui était au courant en Belgique ???
Jeudi 6 Avril 2000 Les parlementaires belges d’origine marocaine ont eu une série d’entretiens avec des responsables marocains
Le Matin: [extraits] »(…) Les membres de la délégation ont exprimé, de leur côté, leur volonté d’apporter leur soutien s’agissant de la défense des intérêts du Maroc auprès des instances européennes (…) La délégation comprenant sept parlementaires et conseillers communaux belges d’origine marocaine ainsi que d’autres personnalités, est actuellement en visite au Maroc, où elle effectue une série de contacts avec des responsables gouvernementaux et des représentants d’organisations de la société civile. »
Commentaire: Qui a mandaté ces gens pour aller au Maroc, leurs partis (PRL, FDF, PS), leurs groupes parlementaires respectifs (au conseil régional bruxellois et au sénat) pour Mostafa Ouezekhti (PRL), Amina Derbaki-Sbaï (FDF), Sfia Bouarfa (PS), Mohamed Azzouzi (PS) et Mohamed Daïf (PS, conseiller régional et communautaire et sénateur fédéral) ? Que signifie « défendre les intérêts du Maroc » pour des parlementaires belges ? Qui a mandaté le président de l’Exécutif des Musulmans, Monsieur Maloujahmoune, qui était l’une des quatre « autres personnalités » qui les accompagnaient, avec Ahmed Medhoune, Adil Akalay et Abdelmajid Mouja ? [mise au point 19/4]
Vendredi 7 Avril 2000
Le Matin Un centre culturel à Bruxelles Un dialogue ouvert et des échanges sur le plan culturel entre les Marocains résidant en Belgique et leur pays d’origine [extraits] « (…) Le projet de création d’un institut euro-arabe de culture à Bruxelles, ont affirmé les membres de la délégation, est un projet d’envergure dans la mesure où il permettra de faire participer toute une série d’institutions à tous les niveaux, communal, fédéral, communautaire, régional et même au niveau européen, à l’instar de l’institut culturel de Paris. (…) La délégation de parlementaires belges d’origine marocaine est arrivée, dimanche soir, à Casablanca pour une visite de 5 jours dans le Royaume à l’invitation du président de la Chambre des Représentants. »
Commentaire C’est tout de même étrange, ce projet est celui de Monsieur Ouezekhti, qui l’avait évoqué dans son livre publié pendant la campagne électorale. D’après les responsables du Centre culturel arabe (centre.arabe@misc.irisnet.be), ce serait justement le même Ouezekhti qui aurait fait capoter leur projet, déjà très avancé avec la coopération d’un échevin FDF de la Ville de Bruxelles, d’ouvrir un nouveau Centre culturel arabe dans le quartier des Marolles à Bruxelles, sa motivation d’après eux étant qu’il souhaiterait qu’un tel projet reste essentiellement une initiative marocaine, et non une initiative de personnes indépendantes. Comment est-il arrivé à convaincre ses quatre collègues de la justesse de sa position ?
Samedi 8 Avril 2000
Le Matin: Rôle des députés européens d’origine marocaine pour le renforcement des relations avec l’UE – Un lobbying en faveur du Maroc Extraits: « Le Maroc compte beaucoup sur les députés européens d’origine marocaine pour défendre ses causes et renforcer ses relations avec les pays de l’Union Européenne (UE), a déclaré, lundi à Rabat, le premier vice-président de la Chambre des Représentants, M. Abdelaziz Alaoui Hafidi. Un tel rôle ne peut qu’être décisif dans l’exercice d’un lobbying en faveur du Maroc auprès de l’Europe, notamment en ce qui concerne l’instauration d’un véritable partenariat avec l’UE, a souligné M. Alaoui Hafidi lors d’un entretien avec une délégation de parlementaires belges d’origine marocaine, en visite actuellement dans le Royaume. M. Hafidi a appelé les mandataires belges à ne ménager aucun effort pour défendre les causes du Maroc, à leur tête l’intégrité territoriale du Royaume et à oeuvrer afin d’acculer à l’échec les manoeuvres de ses ennemis. (…) La délégation de parlementaires belges d’origine marocaine, est arrivée dimanche soir au Maroc pour une visite dans le Royaume à l’invitation du président de la Chambre des Représentants. Au cours de cette visite, qui se poursuivra jusqu’au 6 avril, les parlementaires belges auront une série de contacts, notamment à la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, au ministère des Affaires étrangères et de la Cooperation, et à la direction des investissements extérieurs, et à la CGEM, ainsi qu’avec des représentants de la société civile. »
Commentaires Il est intéressant de constater que la nouvelle tâche de nos conseillers régionaux et sénateur serait, selon M. Alaoui Hafidi, de « défendre les causes du Maroc, à leur tête l’intégrité territoriale du Royaume »: connaissent-ils d’ailleurs les positions de leurs partis respectifs (le PRL-FDF et le PS) à l’égard de l’occupation illégale du Sahara Occidental et du référendum d’autodétermination ?
Prenons par exemple la position de l’Internationale Libérale en 1996: »The Liberal International Congress, meeting on 5th – 8th June in Noordwijk, The Netherlands expressing its concern for the decision taken on 29th May by the United Nations Security Council not to organise the scheduled referendum for the Saharaui people to decide on the future political status of the Western Sahara; reiterates the Liberal Internationalís support for a fair and honest referendum as the only way out of the conflict and to avoid a new period of war in the Western Sahara; (…) strongly condemns the Kingdom of Morocco for its attempts to manipulate the referendum by introducing thousands of Moroccans in the electoral census approved by the UN calls upon the United Nations to keep the MINURSO blue helmet troops in the region (…). »
Un autre article est par ailleurs paru cette semaine dans Le Matin du Sahara et du Maghreb. Il indique peut-être la voie à suivre à ceux des parlementaires belgo-marocains qui sont censés, à moins que nous ayons mal lu les articles de presse, faire du « lobbying en faveur du Maroc auprès de l’Europe »: ils peuvent toujours demander à ce que soient rétablis les sièges des Marocains résidant à l’étranger au Parlement marocain… et y postuler !
« (…)M. Saïd Charchira, président du Forum des migrants de l’Union européenne (UE), a annoncé, mardi soir à Casablanca, la création prochaine du congrès des Marocains résidant à l’étranger. (…) M. Charchira a, par ailleurs, estimé insensé que les MRE ne soient pas représentés au Parlement marocain alors qu’ils sont quelque 2 millions de personnes à vivre à l’étranger. (…) » (Le Matin) ————————————————–
(19/4, P.Y.L.) Une importante rectification s’impose ici: contrairement aux premières informations reçues (émanant pourtant de plusieurs sources, mais une étude approfondie de l’isnâd permettrait peut-être de remonter à une source unique au départ ?), l’Assemblée (« Constituante ») des Musulmans de Belgique aurait bien été consultée par Monsieur Maloujahmoune, et aurait donné son accord à ce voyage. Toutefois, il convient de préciser que les modalités précises de ce voyage n’auraient apparemment été connues qu’au dernier moment, essentiellement sa limitation à des élus d’origine marocaine, ce qui ne serait pas clairement apparu dès l’invitation initiale et qui aurait peut-être donné un autre résultat lors de la consultation de l’Assemblée, voire sur la décision du président lui-même.
Par contre, le fait que le président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique ait été considéré par les autorités marocaines comme un personnage de même importance que les trois autres « personnalités » non parlementaires est en soi une insulte tant à l’institution élue des Musulmans de Belgique qu’à la communauté musulmane de ce pays qui est certes plurielle, mais avant tout « de Belgique » et non « du Maroc et de Turquie ». Cette tentative de récupération, cette manipulation scandaleuse doit être clairement dénoncée, elle l’a d’ailleurs déjà été sur le plan politique par la conseillère régionale Ecolo Fatiha Saïdi (voir ici), et il est à espérer que d’autres la suivront dans cette voie courageuse.
Quant aux complicités de cette manipulation en Belgique, on peut légitimement s’interroger dans la mesure où une initiative du Parlement marocain se serait naturellement adressée uniquement aux parlementaires fédéraux belges (la députée Agalev Fauzaya Talhaoui et les sénateurs SP Chokri Mahassine et PS Mohammed Daïf), laissant de côté de simples conseillers régionaux bruxellois dont on se demande bien l’intérêt qu’il y avait à leur rencontre avec autant de membres du gouvernement et du parlement marocains, ce d’autant plus qu’une visite au Maroc (actuellement en cours) du secrétaire d’Etat fédéral belge à la Coopération, Eddy Boutmans (Agalev) était déjà programmée, alors que le ministre des Affaires Etrangères Louis Michel (PRL) a fait plusieurs voyages officiels au Maroc avant et après son entrée au gouvernement en juillet dernier.
Il est en tout cas essentiel de casser ce monopole de fait du PRL dans les relations avec le Maroc et de privilégier, comme l’ont fait les écologistes, les relations avec les ONG et mouvements démocratiques marocains (en prenant soin de vérifier préalablement avec qui on travaille pour agir dans la clarté, étant donné que chaque syndicat et la plupart des ONG sont liés à l’un ou l’autre des partis politiques…) plutôt qu’avec des pouvoirs publics où l’esprit makhzénien et chauvin continue à prévaloir, comme le démontrent les atteintes à la liberté de la presse commises par le gouvernement de Monsieur Youssoufi, tant cette semaine que lors de la saisie de journaux qui avaient osé reproduire le mémorandum de Cheikh Yassine (voir aussi divers liens vers le Maroc).
Article du Matin (de Bruxelles) et mise au point de Fatiha Saïdi (Ecolo)
Suite à la publication [dans Le quotidien bruxellois Le Matin] de l’article ‘Un voyage singulier au Maroc’ signé par Alain Narinx, ce mardi 11 avril 2000, je souhaite en mon nom personnel apporter la mise au point suivante. Monsieur Narinx fait état dans son article de la visite au Maroc de parlementaires et de personnalités belges d’origine marocaine. Il signale également que les parlementaires écolos d’origine marocaine auraient décliné l’invitation à participer à la délégation parlementaire pour « n’avoir pu être prévenus à temps ».
Je regrette, d’une part, que monsieur Narinx n’ait pas pris la peine de s’assurer de la qualité de son information auprès des premiers intéressés et, d’autre part, si les parlementaires écolos ne se sont pas joints à la délégation, il s’agissait principalement de motivations de fond et accessoirement de forme. En effet, mon collègue Fouad Lahssaini et moi-même avons refusé de partir au Maroc, en l’absence d’un agenda politique clair qui effectivement se conjuguait à un départ précipité. Nous pensons, en effet, que la formation d’une telle délégation identitaire et sans considération pour les enjeux réels de la coopération belgo-marocaine est stérile. A ce titre, nous nous sommes interrogés sur l’agenda des rencontres de la délégation et sur leur portée politique. Au sein du mouvement écologiste, je fais le choix, au nom de la solidarité internationale, de soutenir les combats de la société marocaine chaque fois que les enjeux me paraissent importants et chaque fois qu’ils mettent en cause les intérêts des citoyens bi-nationaux Belges et Marocains.
Lors de la marche du 12 mars dernier, mes collègues Anne-Françoise Theunissen (députée régionale ECOLO) et Mirella Minne (députée fédérale ECOLO) se sont rendues avec moi à Rabat pour effectuer la marche des femmes qui revendiquent aujourd’hui leurs droits civils dans une société en pleine émergence démocratique. Nous y étions en tant que femmes politiques écologistes soucieuses de droits humains et de l’égalité de ceux-ci.
En tant que parlementaires belges et bruxellois, nos électeurs nous ont mandatés pour des objectifs précis et c’est au nom de ce pacte avec l’électeur que nous fondons notre action politique, non sur nos origines communes. Il va de soi que pour nous, l’identité ethnique ne peut tenir lieu d’horizon politique. La conséquence immédiate de cette position est que nous refusons de jouer le rôle d’une courroie de transmission politique ou d’un lobby, pour nos pays d’origine. Ceci étant, nous considérons qu’il est de notre devoir de soutenir les causes justes de la société civile marocaine et particulièrement lorsque ces causes ont des conséquences immédiates sur les immigrés marocains qui vivent dans notre pays.
Une telle mise au point en ce qui concerne les rapports avec le pays d’origine est nécessaire afin de couper court aux propos qui pourraient jeter une suspicion au sujet de la loyauté d’une catégorie d’élus envers les institutions de notre pays, la Belgique. Je tiens à m’écarter de ce type de sous-entendus dangereux et rappeler que l’apport des élus d’origine étrangère peut aussi contribuer à rehausser l’image de la Belgique à l’étranger pour autant qu’elle se fonde sur les valeurs universelles qui fondent notre démocratie. Je reste également convaincue que la maturité d’une démocratie multiculturelle passe aussi par la reconnaissance de ce type de questions et par la possibilité de les soumettre à un vrai débat démocratique.
Fatiha Saïdi
Députée bruxelloise ECOLO
Echange de courrier entre Sven Gatz (VU-ID) et Amina Derbaki Sbaï (FDF)
Mesdames Bouarfa et Derbaki-Sbaï
Messieurs Daïf, Ouzekhti et Azzouzi
Ref : br000413c.yip
Bruxelles, le 13 avril 2000
Chères et chers Collègues,
Je viens d’apprendre que vous vous êtes rendus récemment au Maroc sur invitation du Parlement marocain.
D’après le journal Le Matin vous avez eu des entretiens avec des responsables marocains et vous avez exprimé votre volonté d’apporter votre soutien à la défense des intérêts du Maroc auprès des instances européennes.
Selon la même source le premier vice-président du Parlement marocain a déclaré que le Maroc compte sur vous pour défendre l’intégrité territoriale du Royaume (marocain) et les causes du Maroc en général.
Chères et chers Collègues, loin de moi de contrôler votre travail parlementaire. Or, je ne critique pas votre visite au Maroc, mais je me demande sincèrement si vous vous êtes conscient dans quel pièce de théâtre vous jouez ou figurez. Je tiens à exprimer mes soucis, que, je ne puis que l’espérer, ne seront pas interprétés de votre coté comme un paternalisme quelconque.
Mon information est-elle correcte ?
Si c’est le cas, ne pensez-vous pas que vous donnez un drôle de message, qui peut être abusé par ceux qui se battent contre le modèle multiculturel bruxellois ?
Veuillez agréer, chères et chers Collègues, l’expression de mes sentiments distingués.
Sven Gatz
Président du Groupe
VLD-VU-O
(Sven Gatz est membre de la Volksunie (nationalistes démocrates flamands), où il a toujours eu des positions très courageuses (bien que parfois minoritaires) en pointe contre l’extrême-droite, pour le droit de vote des étrangers y compris non-européens et contre les discriminations et le racisme envers les immigrés et leurs descendants)
Pour le 13 juin prochain, des Algériens se sont portés candidats : certains aux élections européennes (Parlement européen), d’autres aux élections régionales ou sénatoriales (Chambre) belges.
Ce sont bien sûr des binationaux (Algériens et Belges). Ils sont souvent jeunes et très actifs dans le mouvement associatif.
Depuis quelques jours, des affiches avec leurs portraits, qualité et mots d’ordre circulent en Belgique. Au sein de la communauté immigrée, on parle d’eux avec une certaine fierté. On ne pense même pas aux courants politiques qu’ils représentent.
Ils sont algériens et c’est largement suffisant. Parmi les quelques candidats que nous avons pu contacter, Farida Bessa, journaliste ayant travaillé quelques années en Algérie à l’ENTV, où elle présentait entre autres le journal télévisé de 13 h, vit en Belgique depuis près de 5 ans. Elle a débuté à la radio belge et collabore aujourd’hui avec des TV arabes. Militant dans diverses associations de femmes et de promotion de l’immigration, elle est engagée dans la course électorale pour le Parlement européen sous la bannière du Parti réformateur libéral (PRL) qui fait liste commune avec le FDF et le MDC (centre-droit). «J’ai accepté d’être candidate à la condition de travailler pour la promotion de l’immigration. Je tiens à privilégier la défense des intérêts algériens et belges au sein du concert européen», affirme-t-elle. Dans le mouvement de la gauche, il y a Mouloud Atcheba, lui aussi journaliste. Il a travaillé dans les années 70 à Révolution africaine et à El Moudjahid. Installé depuis plus de vingt ans en Belgique, il se présente aux élections régionales sous les couleurs du Parti social chrétien (PSC). «C’est une manière pour moi de travailler pour une véritable citoyenneté de l’immigration en général. Je pourrai participer dans un sens positif à la promotion des relations belgo-algériennes qui connaissent ces derniers temps une véritable relance.», déclare-t-il. Mouloud est considéré ici comme le doyen des Algériens à s’intéresser au monde politique belge. Toujours à gauche, avec le Parti socialiste (PS), il y a encore un journaliste : Arezki Mokrane, qui collabore entre autres à la radio Chaîne III d’Alger. Il en est de même pour la jeune Ghezala qui est sur la liste PS. Ce sont des éléments qui sont présents dans le monde de la culture et des associations travaillant pour l’immigration.Chez les Verts (écolos), Senjak-eddine est un manager qui a un pied en Belgique et l’autre en Algérie. Pour tous les candidats, il est clair qu’ils tentent, en plus de leur mission d‘élus belges (en cas de victoire), de mener un travail de rapprochement avec le pays d’origine, l’Algérie. Ils sont conscients qu’ils peuvent influer sur les décisions politiques et économiques en faveur de l’Algérie. A titre comparatif, les Marocains, qui sont assez nombreux dans les institutions élues, constituent un véritable lobby qui défend l’intérêt de leurs concitoyens (300 000) vivant en Belgique et les intérêts commerciaux du Maroc. M’Hammedi Bouzina
Tags : France, BFMTV, Rachid M’Barki, lobbying, Maroc, Team Jorge, désinformation,
Licencié récemment pour avoir utilisé la chaîne au profit du Maroc, l’ex-journaliste de BFM TV, Rachid M’Barki, sera entendu prochainement par une Commission d’enquête parlementaire française.
« Le journaliste Rachid M’Barki, licencié pour faute grave par la direction de la chaîne BFM TV le 22 février dernier, sera bientôt entendu par la Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères », a rapporté le site d’information « Puremedias ».
Le même média précise que ladite commission est présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy.
« En auditionnant le journaliste, les députés souhaitent étudier les potentielles ingérences étrangères qui pourraient infiltrer les médias français », a ajouté le même média.
Il s’agit, également, a ajouté ce même média, « de déterminer si des acteurs étrangers influencent de quelque manière que ce soit la vie politique et économique nationale ».
Le président de la commission parlementaire a, toutefois, affirmé à « Puremedias », que « l’assemblée nationale avait tenté de joindre Rachid M’Barki une première fois, sans succès », et que « pour l’heure aucune date d’audition n’a donc été convenu avec l’ex présentateur ».
La direction de BFMTV reprochait à Rachid M’Barki particulièrement la diffusion d’un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur franco-marocain de 54 ans défend les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental.
Qatargate et Marocgate ont mis à jour les douteuses stratégies d’influence de ces pays au Parlement européen. Qu’en est-il d’Israël ? Plusieurs discrets lobbys sont à l’œuvre à Bruxelles pour inviter en Israël des élus et faire passer des messages contradictoires avec la politique officielle de l’Union européenne, notamment sur les colonies. Et ça marche : Israël est, avec l’Inde, en tête des destinations favorites des eurodéputés.
NATHALIE JANNE D’OTHÉE
Eurodéputé néerlandais conservateur, (membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens – CRE), Bert-Jan Ruissen, 51 ans, est un partisan engagé d’Israël, prompt à afficher bruyamment son soutien sans réserve sur les réseaux sociaux. Vice-président de la délégation des relations avec Israël au Parlement européen (D-IL), il défend sans nuances la colonisation israélienne et reprend systématiquement les éléments de langage sur les « terroristes » palestiniens. Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’une organisation très discrète basée à Washington, l’Israel Allies Foundation, qui n’est pas répertoriée dans le registre de transparence du Parlement européen et n’a pas de bureaux à Bruxelles, a pris en charge deux voyages en Israël de cet eurodéputé, en décembre 2019 et mars 2022.
En 2019, le député s’est même rendu dans les colonies, pourtant non reconnues par l’Union européenne. Présidée par Dave Weldon, un ancien représentant de Floride au Congrès, L’Israel Allies Foundation est une organisation de chrétiens évangélistes qui « considèrent l’État moderne d’Israël comme l’accomplissement des promesses prophétiques de Dieu concernant la terre d’Israël pour le peuple juif » et qui se donne pour mission « d’éduquer et de responsabiliser les législateurs pro-israéliens ». Tout un programme…
« L’IMPORTANCE DE RELATIONS ÉTROITES ENTRE L’EUROPE ET ISRAËL »
Si l’Israel Allies Foundation n’est pas représentée à Bruxelles, trois autres organisations le sont, et financent régulièrement des voyages en Israël pour les eurodéputés : l’European Leadership Network (Elnet), très active également en France, le Transantlantic Institute et le B’nai B’rith Europe. Si ces trois organisations sont officiellement indépendantes du gouvernement israélien, elles en défendent invariablement les politiques, suivant un agenda clairement nationaliste. Les objectifs affichés sur leurs sites web respectifs le confirment. L’European Leadership Network (Elnet) est un réseau qui « réunit des dirigeants qui croient en l’importance de relations étroites entre l’Europe et Israël, fondées sur des valeurs démocratiques partagées et des intérêts communs ».
Le Transatlantic Institute est l’émanation européenne du très connu American Jewish Committee (AJC) qui se présente comme « la principale organisation mondiale de défense des droits des Juifs » et dont l’objectif est de « combattre l’antisémitisme et toutes les formes de haine, renforcer la place d’Israël dans le monde et défendre les valeurs démocratiques ». La branche AJC Project Interchange a la charge de l’organisation des voyages, notamment le Transatlantic Institute.
Enfin, le B’nai B’rith est la plus vieille organisation juive connue et dit « lutter contre l’antisémitisme, le BDS et la négation de l’Holocauste » tout en « défendant les intérêts d’Israël ». Pour rappel, le mouvement Boycott, désinvestissement sanctions (BDS) a été lancé en 2005 par une grande majorité de la société civile palestinienne et a pour objectif de pousser Israël à se conformer au droit international par l’utilisation de méthodes non violentes. Il s’inspire directement des campagnes pacifiques ayant soutenu la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Le mettre sur le même pied que la lutte contre l’antisémitisme et la négation de l’Holocauste en dit long sur le programme de l’organisation.
EN TÊTE DES DESTINATIONS PRÉFÉRÉES DES EURODÉPUTÉS
Selon les informations trouvées dans les déclarations des eurodéputés, il semblerait que ces trois organisations aient organisé six voyages en Israël pour des eurodéputés depuis octobre 2019 : trois par Elnet, deux par l’AJC Project interchange et un par le B’nai B’rith. Une performance remarquable, car la période a été marquée par une impossibilité de voyager pendant tout 2020 et une partie de 2021 en raison de la pandémie de Covid-19. Enquêtant sur les suites du Qatargate et du Marocgate au Parlement européen, le journal belge Le Soir publiait lundi 13 février 2023 une enquête approfondie sur les voyages des eurodéputés payés par des tiers. Un article signé par Pauline Hoffman mettait le focus sur Israël, destination préférée des eurodéputés avec l’Inde. Il est rare que l’influence d’Israël au Parlement européen soit abordée dans la presse dans le cadre du Qatargate. Or cette influence est bien réelle, comme l’avait déjà montré un article de Grégory Mauzé publié par Orient XXI en janvier 2019, qui analysait l’activisme à Bruxelles des groupements favorables à Israël.
Pour réaliser son enquête, Le Soir a épluché toutes les déclarations de voyages financés par des tiers déposées par les eurodéputés. Sur les 328 déclarations de voyages analysées, 30 avaient pour destination Israël. Cent quinze nuits ont été offertes à des eurodéputés dans des hôtels de luxe en Israël.
Infographie Le Soir, 13 février 2023
Liste des eurodéputés ayant voyagé en Israël entre le dernier trimestre 2019, 2021 et 2022
Date du voyage
Nom
Groupe
Pays
octobre 2019
Niclas Herbst
PPE
Allemagne
Dietmar Köster
S&D
Allemagne
David Lega
PPE
Suède
décembre 2019
Bert-Jan Ruissen
CRE
Pays-Bas
novembre 2021
Jens Gieseke
PPE
Allemagne
Andreas Schwab
PPE
Allemagne
Assita Kanko
CRE
Belgique
Elena Yoncheva
S&D
Bulgarie
Isabel Benjumea Benjumea
PPE
Espagne
Juan Ignacio Zoido Álvarez
PPE
Espagne
Andrus Ansip
Renew
Estonie
Manolis Kefalogiannis
PPE
Grèce
David Lega
PPE
Suède
Ljudmila Novak
PPE
Slovénie
mars 2022
Bert-Jan Ruissen
CRE
Pays-Bas
mai 2022
Antonio López-Isturíz White
PPE
Espagne
octobre 2022
Javier Zarzalejos
PPE
Espagne
Sven Mikser
S&D
Estonie
Lorant Vincze
PPE
Roumanie
Asger Christensen
Renew
Danemark
José Ramon Bauza Diaz
Renew
Espagne
Anna-Michelle Asimakopoulou
PPE
Grèce
Edina Tóth
Non inscrits
Hongrie
Isabel Wiseler-Lima
PPE
Luxembourg
novembre 2022
David Lega
PPE
Suède
Antonio López-Isturíz White
PPE
Espagne
décembre 2022
Karlo Ressler
PPE
Croatie
Leopoldo López Gil
PPE
Espagne
Inese Vaidere
PPE
Lettonie
Romana Tomc
PPE
Slovénie
LES COLONIES AU PROGRAMME DES VISITES Au-delà d’entretiens variés avec des interlocuteurs gouvernementaux et politiques israéliens, la sécurité d’Israël est centrale dans tous les programmes de voyage. Les eurodéputés ont ainsi l’occasion de visiter les tunnels construits par le Hezbollah à la frontière nord avec le Liban ou encore de visiter la région qui borde la bande de Gaza. Ils font des tours en hélicoptère vers la frontière israélo-libanaise ou au-dessus de Jérusalem. Ils reçoivent également des briefings sur la menace iranienne ou sur le financement du terrorisme. Il n’est étonnamment jamais question de la sécurité des populations palestiniennes, dont la responsabilité selon le droit international revient pourtant à la puissance occupante, donc à Israël.
Plus problématiques sont les parties de programmes qui font découvrir aux parlementaires européens les réalités sécuritaires ou économiques des colonies israéliennes illégalement construites dans le territoire palestinien occupé. Pour rappel, les colonies sont reconnues comme étant une violation grave du droit international, et considérées comme un crime de guerre par le Statut de Rome. Or les deux voyages organisés par l’AJC comprenaient des visites dans des colonies de Cisjordanie, celle de P’duel en octobre 2019 et celle d’Efrat en novembre 2022.
Et si l’Israel Allies Foundation invite avec l’eurodéputé Bert-Jan Ruissen 24 autres parlementaires internationaux en décembre 2019, c’est parce qu’ils défendent « la lutte contre le mouvement BDS et l’étiquetage antisémite des produits israéliens de Judée-et-Samarie ». La Judée-et-Samarie est le nom donné par Israël à la Cisjordanie. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient alors de confirmer, le 12 novembre précédent, que l’étiquetage des produits des colonies est obligatoire pour respecter le droit européen. La fondation chrétienne évangéliste semble vouloir outiller les participants pour qu’ils puissent décrédibiliser toute initiative politique qui porterait préjudice aux intérêts des colons israéliens.
Elle les emmène ainsi à un diner dans la colonie Psagot, magistralement décrite par l’écrivain Yonathan Berg dans Quitter Psagot, (éditions L’Antilope, 2021), qui exporte du vin notamment vers l’Union européenne. Les participants ont également l’occasion de se rendre dans la colonie industrielle de Barkan située dans le nord de la Cisjordanie, dont l’essor économique dépend en partie de sa capacité à exporter vers les marchés européen et américain. Ils ont par ailleurs eu l’opportunité de rencontrer Yossi Dagan, leader du Shomron Regional Council, un conseil regroupant une trentaine de colonies du nord de la Cisjordanie. Les participants ont enfin pu rencontrer le juriste Eugène Kontorovich, dont les théories remettent en cause le fait même que les territoires palestiniens puissent être considérés comme occupés.
LES ABONNÉS DE LA LIGNE BRUXELLES-TEL AVIV
La journaliste Pauline Hoffman le souligne, les 30 déclarations de voyage en Israël épluchées par Le Soir ne recouvrent pas l’entièreté des voyages offerts à des eurodéputés dans le pays. Elle note ainsi que sur les onze participants du voyage organisé par Elnet en novembre 2021, cinq seulement l’avaient déclaré. Cette révélation semble en avoir fait réagir certains. C’est le cas de l’Estonien Andrus Ansip (Renew, centre), de la Slovène Ljudmila Novak (Parti populaire européen, PPE, droite), de la Bulgare Elena Yoncheva (S&D, social-démocratie) et de l’Espagnole Isabel Benjumea Benjumea (PPE) qui ont tous modifié leur déclaration dans les jours qui ont suivi la parution de l’article du Soir. Seuls l’Espagnol Juan Ignacio Zoido Álvarez (PPE) et le Suédois David Lega (PPE) n’ont pas encore à ce jour déclaré ce voyage.
Au côté du pro-colon Bert-Jan Ruissen, le Suédois David Lega est par ailleurs le député ayant réalisé le plus de voyages en Israël, un avec chaque organisation : en octobre 2019 avec l’AJC Project Interchange, en novembre 2021 avec Elnet — le seul qu’il n’ait pas déclaré — et en décembre 2022 avec le B’nai Brith. Ses voyages successifs semblent lui avoir donné accès à des contacts privilégiés avec les dirigeants israéliens. L’eurodéputé s’affiche ainsi avec le président israélien Isaac Herzog en visite fin janvier 2023 au Parlement européen.
Autre grand voyageur, Antonio López-Isturíz White (PPE) a aussi effectué trois voyages en Israël en une année (novembre 2021, mai et novembre 2022) à chaque fois invité par Elnet (en coordination avec l’AJC en novembre 2022). Un vrai abonnement ! Son rôle de président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël pourrait le justifier. Mais le rôle de président d’une délégation avec un pays tiers n’inclut cependant pas d’en être le un fervent défenseur. C’est pourtant ce qu’est Antonio López-Isturíz White (PPE) qui, tout comme l’ancien président de la délégation (2014-19) Fluvio Martusciello (PPE), prend systématiquement des positions pro-israéliennes dans son travail au Parlement.
En témoigne la prise de parole de López-Isturíz White lors d’un débat sur la stabilité et la sécurité au Proche-Orient en novembre 2022 où l’eurodéputé fustige « l’obsession malsaine (du Parlement européen) pour le seul pays démocratique de la région, Israël ». Quant à Fulvio Martusciello, son commentaire dans un interview en octobre 2018 sur l’opposition de l’UE à la démolition prévue du village palestinien de Khan al Ahmar est éloquent : « Il ne serait pas correct, de la part des dirigeants occidentaux, de porter un jugement sur une question interne à Israël et nous devons respecter pleinement la souveraineté de l’État d’Israël ». Rappelons que le transfert forcé de populations occupées par un occupant représente une violation grave du droit international.
UN PARLEMENT EUROPÉEN SOUS INFLUENCE
Les voyages semblent une occasion de nourrir les eurodéputés déjà convaincus, mais aussi de progressivement en engager d’autres. S’ils se montrent intéressés et réceptifs, il leur sera ensuite peut-être proposé de faire partie d’un groupe d’amitié. Fondé en 2006, le réseau des European Friends of Israel prétendait rassembler tous les groupes d’amitié avec Israël, qu’ils soient des parlements nationaux ou du Parlement européen. Mais il semble avoir cessé de fonctionner depuis. Il est remplacé depuis juillet 2019 par le réseau Transatlantic Friends of Israel que l’AJC se vante d’avoir mis en place et qui regroupe 32 eurodéputés. L’Autrichien Lukas Mandl (PPE) en assure la présidence.
On y retrouve également les grands voyageurs, Ruissen (CRE) et Lega (PPE), ainsi que les présidents de D-IL, ancien et nouveau, Fluvio Martusciello (PPE) et López-Isturíz White (PPE). On y retrouve aussi deux vice-présidentes du Parlement européen, Nicola Beer (Renew) et Pina Picierno (S&D). Le Transatlantic Institute se vante de l’influence de son réseau au Parlement, notamment dans ce tweet où il loue l’initiative de Bert-Jan Ruissen de demander le conditionnement d’une partie de l’aide européenne à l’Autorité palestinienne à la suppression « de manuels scolaires antisémites ». La proposition de Ruissen prend place dans le débat général sur le budget de l’Union, alors que la question des livres scolaires a déjà contribué à retenir l’aide européenne à l’Autorité palestinienne entre septembre 2021 et juin 2022. Une étude commandée par la Commission européenne à l’Institut Georg Eckert avait pourtant réfuté les allégations d’incitation généralisée à la haine et à la violence dans les manuels scolaires palestiniens, et estimé que ceux-ci respectaient les standards de l’Unesco. Alors que la colonisation du territoire palestinien avance à grands pas, que la violence des colons ne fait qu’augmenter et que 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les civils palestiniens en Cisjordanie, la focalisation de nombreux eurodéputés sur cette question représente sans aucun doute la quintessence de ce que l’influence pro-israélienne peut avoir comme impact au Parlement européen.
LA DÉFENSE OUVERTE DES INTÉRÊTS DES COLONS
Durant la précédente législature (2014-2019), un groupe des Amis de la Judée-et-Samarie avait été fondé par l’ancien eurodéputé tchèque Petr Mach, en collaboration avec le leader du Shomron Regional Council, Yossi Dagan. Le groupe était ainsi autorisé à défendre de manière ouverte les intérêts des colons israéliens au sein du Parlement européen. Si le groupe d’amis a cessé d’exister à la fin de la précédente législature, Dagan est encore invité au Parlement européen par des eurodéputés amis. Le 11 janvier 2023, les fidèles partisans d’Israël que sont le Néerlandais Bert-Jan Ruissen (CRE) et le Tchèque Tomas Zdechovský (PPE) coorganisaient ainsi une conférence au Parlement européen avec le Shomron Régional Council de Dagan, qui faisait ainsi un retour remarqué à Bruxelles.
Sur l’affiche de l’événement (ci-contre) apparaît le logo du Golden Gate Public Affairs. L’organisation, fondée par Jenny Aharon qui se présente sur Twitter comme conseillère sur les relations UE-Israël, a récemment fait l’objet d’une enquête du site d’info belge Apache. L’article soulignait la capacité d’influence de l’organisation au sein du Parlement européen ainsi que du Parlement belge. Jenny Aharon est actuellement financée par le Shomron Regional Council de Dagan, et elle l’était auparavant par le puissant think tank israélien Kohelet Policy forum. Les informations trouvées en janvier dernier à propos de Golden Gate dans le registre de transparence du Parlement européen ne s’y trouvent désormais plus. Difficile de dire si cette disparition est due à l’article d’Apache ou simplement à une attitude plus discrète des lobbies à l’heure du Qatargate et du Marocgate.
UN RÉSEAU POUR DÉFENDRE LES ACCORDS D’ABRAHAM Les programmes des derniers voyages organisés pour des eurodéputés en Israël, que ce soit par Elnet, AJC ou B’nai Brith, présentent une particularité commune : l’organisation de briefings sur les Accords d’Abraham, accords de normalisation conclus par Israël avec les Émirats arabes unis et Bahrain en août 2020. Ils étaient complétés quelques mois plus tard par un accord de normalisation entre Israël et le Maroc, consenti par le Royaume chérifien en échange d’une reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ces accords font partie d’une offensive diplomatique israélienne visant à normaliser ses relations avec ses voisins arabes, tout en mettant sous le tapis la question du droit à l’autodétermination des peuples.
Et cette offensive semble soutenue par certains eurodéputés. Lors d’un débat sur les implications géopolitiques des Accords d’Abraham au Parlement européen en novembre 2020, Antonio López-Istúriz White se disait reconnaissant du soutien marqué par Josep Borrell à ces accords, mais déplorait par ailleurs que 80 % du discours du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères « fasse référence aux colonies et aux conflits entre Israël et la Palestine ». Lors du même débat, Bert-Jan Ruissen estimait que les Accords d’Abraham mettaient en lumière le fait que « l’Europe ne joue pour l’instant aucun rôle important dans le processus de paix » et cela parce qu’elle « continue à critiquer unilatéralement Israël ».
Et les voyages en Israël semblent en avoir inspiré d’autres. Un récent article du journaliste David Cronin, spécialiste du lobby pro-israélien à Bruxelles, sur Electronic Intifada révèle ainsi le malaise autour de la création au sein du Parlement européen du réseau des accords d’Abraham. Il serait présidé par l’eurodéputé voyageur suédois David Lega. Cronin indique que la création de ce réseau a été « inspirée » à Lega lors d’un de ses voyages en Israël. Mais l’ambiance post-Qatargate ne semble pas favorable aux réseaux d’influence étrangers. Annoncé depuis décembre, le lancement du réseau des accords d’Abraham tarde. Interrogé par Cronin, le bureau de Roberta Metsola semble avoir effacé l’événement de l’agenda de la présidente du Parlement européen, pourtant prévue au programme. Il est vrai qu’assister au lancement d’un tel réseau alors qu’on prétend lutter contre les influences étrangères au sein de l’hémicycle pourrait sembler incohérent.
Même s’il n’est pas question de valises de billets, Qatargate et Marocgate semblent avoir rendu les méthodes d’influence pro-israéliennes un peu moins acceptables. D’autant moins acceptables que les violations israéliennes du droit international et des droits humains sont de plus en plus nombreuses et apparentes, au point d’être aujourd’hui qualifiées par de nombreuses organisations de défense des droits humains de crime d’apartheid. Voyages, lobbies et groupes d’amitié pro-israéliens résisteront-ils aux efforts dans lesquels s’engage aujourd’hui le Parlement européen pour renforcer son indépendance et la transparence de ses travaux ? Mais surtout, le Parlement européen aura-t-il un jour le courage de traiter l’influence israélienne en son sein de la même manière qu’il traite aujourd’hui les influences qataries et marocaines ? Espérons-le.
Dans un document daté du 4 janvier 2013, l’ancien Représentant du Maroc auprès de l’UE, Menouar Alem, propose d’organise un « séminaire sur la régionalisaton avancée au Maroc ». « L’initiative a été « accueillie favorablement » par Antonio Panzeri, Président de la Délégaton Maghreb et co-Président de la Commission Mixte Parlementaire Maroc-UE et « nous a assuré de son soutien pour sa concrétisation », dit-il.
Il rappelle « la nécessité fondamentale d’établir urgemment un groupe d’amitié Maroc-UE au sein du Parlement marocain. La création de cette instance parlementaire pourrait soutenir et renforcer une réunion de travail avec le Parlement marocain pour l’examen de cette question.
Menouar Alem propose « la création d’une agence de lobbying ». Cela « contribuera au renforcement de l’influence du Maroc au sein des institutions de l’UE notamment le PE. Cette agence pourrait agir pour soutenir l’action diplomatico-parlementaire visant la promotion et la défense des intérêts du Maroc dans le cadre du Partenariat Maroc-UE ».
Pour lui, « il y a lieu de réflechir sur l’opportunité d’établir une coalition parlementaire maroco-euroéenne, pouvant opérer en tant que réseau de pression composé de députés européens, d’eurodéputés, députés et conseilleurs marocains, afin de défendre les intérêts suprêmes du Royaume, à l’instar de la proposition faite par le Ministère pour l’établissement d’une alliance internationale pour le soutien des questions intéressant notre diplomatie ».
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Le licenciement du journaliste de BFMTV Rachid M’Barki en raison, entre autres, de sa partialité dans le conflit du Sahara Occidental risque de semer la zizanie parmi les journalistes franco-marocains opérant dans les chaînes françaises dont France2 qui en 2017, coupable de parti pris en faveur du Maroc dans le conflit qui l’oppose aux sahraouis.
Dans ce documentaire, qui relaie la position du Maroc sur le sahara occidental, Ali Baddou, prête sa voix aux aux images de Yann-Artus Bertrand. Selon le MRAP, le documentaire est un « publi-reportage financé par le pays désireux de se montrer sous un jour flatteur et s’apparente en fait à un outil de propagande du pouvoir marocain ». Voici le texte intégral de son commentaire:
France 2 relai du pouvoir marocain ?
En juin 2017, la chaîne publique France 2 a diffusé un film documentaire « Le Maroc vu du ciel » avec des photos d’avion de Yann Arthus Bertrand et des commentaires du journaliste Ali Baddou. Magnifiant le Maroc, vantant son développement et sa démocratie, il contribuait à la désinformation du public français, en affirmant notamment, au mépris du droit international, que le Sahara occidental était une province marocaine. Ce film avait suscité en 2017 de très nombreuses réactions par voie de presse et vers le médiateur de France Télévision qui avaient amené le photographe à préciser qu’il « s’associait à la douleur du peuple sahraoui et soutenait le processus démocratique exigé par les Nations unies ».
La direction de France 2 n’a tenu aucun compte de ses remarques, ni des protestations, puisqu’elle a reprogrammé ce film le mardi 10 décembre. Alerté par de nombreux comités locaux, le MRAP dénonce la rediffusion de ce film qui ressemble à un publi-reportage financé par le pays désireux de se monter sous un jour flatteur et s’apparente en fait à un outil de propagande du pouvoir marocain. Dakhla et El Aaiun sont présentées comme des villes marocaines. Le documentaire, qui n’est pas avare d’images vues d’avion, n’en donne aucune du mur de sable de 2700km qui scinde le territoire du Sahara occidental et sépare les familles sahraouies. Les commentaires dithyrambiques d’Ali Baddou relaient ouvertement les thèses du pouvoir marocain ; il va même jusqu’à prétendre que « la Marche Verte » de novembre 1975 était destinée à libérer pacifiquement les « provinces du Sud » de l’occupation espagnole alors que c’était le début de l’occupation et de la colonisation illégales du Sahara occidental condamnées par le Conseil de sécurité des Nations unies.
La carte du Maroc, présentée à plusieurs reprises, inclut le territoire du Sahara occidental alors qu’aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc. En 2016 et 2018, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a confirmé l’avis de la Cour de Justice Internationale de La Haye d’octobre 1975 en précisant clairement que le Maroc et le Sahara occidental sont deux entités distinctes et séparées selon le droit international. Le Sahara occidental est considéré par l’ONU comme un territoire non autonome en voie de décolonisation. Depuis 1991, une mission des Nations unies (Minurso) est en charge d’organiser un référendum d’autodétermination qui n’a pas encore été réalisé à cause des manœuvres d’obstruction du Maroc soutenue par certains pays, dont la France.
Au nom du droit des téléspectateurs à une information correcte et du droit du peuple sahraoui à une information objective sur la situation au Sahara occidental, le MRAP demande à la direction de France 2 de programmer un film sur le Sahara occidental (comme par exemple le film « Les Enfants des nuages » de Javier Bardem qui a reçu le prix Goya en Espagne) et d’organiser un débat contradictoire sur le conflit du Sahara occidental en donnant la parole à des juristes internationaux, des universitaires, des responsables d’associations françaises, marocaines, sahraouies et, bien sûr, aux représentants du Front Polisario qui lutte pour l’autodétermination et l’indépendance du peuple sahraoui.
Pour une fois, je peux apporter une bonne nouvelle : le lobby israélien ne va pas bien.
Un scandale de corruption connu sous le nom de Qatargate signifie que les élus bruxellois ne veulent pas être pris sous l’emprise de groupes de pression.
La pression pour une plus grande transparence semble avoir mis en péril une nouvelle initiative soutenant les accords d’Abraham – des accords de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes.
Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, avait indiqué qu’elle assisterait au lancement du soi-disant réseau des accords d’Abraham, plus tard ce mois-ci. Pourtant, lorsque j’ai contacté le bureau de Metsola, son porte-parole a répondu : « Selon les informations dont je dispose, aucune réunion de ce type n’a lieu. »
L’annulation de l’événement serait un revers pour David Lega, député suédois au Parlement européen (MPE), qui avait été nommé à la tête du réseau. Dans une vidéo récente, il a déclaré que la formation de l’alliance interpartis avait pris deux ans de travail.
La vidéo donne un aperçu de la façon dont les lobbyistes douteux se mêlent des affaires européennes. Lega a déclaré qu’il avait reçu «l’inspiration» pour former une alliance faisant la promotion des accords d’Abraham lors d’un voyage au Moyen-Orient. Le voyage a été organisé par le European Leadership Network, un groupe pro-israélien.
Un objectif central de l’alliance serait de trouver « de nouvelles façons de rassembler les majorités » au sein du Parlement européen, a déclaré Lega.
Cela en soi est troublant.
Le but tacite derrière les accords d’Abraham est d’encourager de plus grandes ventes d’armes entre Israël et d’autres États du Moyen-Orient, tout en retirant les droits des Palestiniens de l’ordre du jour . Lega souhaite que le Parlement européen appuie ces efforts.
Bien faire?
Mais ce qui est vraiment révélateur, c’est ce que la Lega a à dire sur le Qatargate et ses implications. Lui et d’autres défenseurs pro-israéliens sont clairement nerveux face aux allégations selon lesquelles le Qatar aurait versé une grande somme d’argent à certains législateurs avant la Coupe du monde.
« Les gens ont peur en ce moment et ils veulent montrer qu’ils font des choses pour empêcher cela », a déclaré Lega. « Mon inquiétude est que les limites qu’ils ont mises en place n’affectent pas les personnes qui veulent tricher, seulement nous qui voulons faire le bien. »
Loin de faire le « bien », Lega a répandu certains des mensonges les plus pernicieux d’Israël.
Avec quelques collègues, il a diffamé les groupes de défense des droits de l’homme palestiniens en les qualifiant de « terroristes ».
Et il a affirmé que le matériel antisémite est largement utilisé dans les écoles palestiniennes. Le lobby israélien colporte ce mythe depuis des lustres.
Le voyage susmentionné qui a donné à Lega «l’inspiration» pour travailler plus assidûment à la promotion des accords d’Abraham a eu lieu en novembre 2021. Enfreignant les règles du Parlement européen , Lega n’a pas enregistré sa participation au voyage à l’époque, a rapporté le journal belge Le Soir . .
Le Soir a constaté qu’Israël figure parmi les trois principales destinations des voyages entrepris par des députés européens à l’invitation d’organisations extérieures.
Bien que Lega ait enfreint les règles concernant l’un de ces junkets, il a fait des déclarations officielles après avoir participé à des voyages organisés par deux autres groupes pro-israéliens, le B’nai B’rith et l’ American Jewish Committee .
Il a également déclaré avoir discuté des accords d’Abraham lors de diverses réunions au siège du Parlement européen avec des diplomates et des lobbyistes.
Qu’il remette ou non de l’argent aux eurodéputés, il existe de nombreuses preuves qu’Israël et ses groupes de pression achètent de l’influence à Bruxelles.
Ils s’en sont tirés jusqu’à présent – peut-être en partie parce que certaines des plus hautes personnalités de la hiérarchie de l’UE se sont laissées charmer et compromettre par Israël.
L’année dernière, Roberta Metsola s’est adressée à l’Assemblée nationale d’Israël, la Knesset, en sa qualité de présidente du Parlement européen. Elle a passé deux nuits à l’hôtel King David de Jérusalem, l’État israélien prenant en charge la note.
Le Qatargate a poussé Metsola à s’engager à prendre de nouvelles mesures pour s’assurer que le Parlement européen n’est « pas à vendre ».
Son engagement en faveur de la transparence et de la probité est tardif.
Suite à son discours à la Knesset, j’ai fait une demande d’accès à l’information demandant à voir toutes les notes d’information qu’elle avait consultées lors de sa préparation.
Le Parlement européen a jusqu’à présent refusé de divulguer ces documents.
La culture du secret à Bruxelles est un problème majeur, qui permet sans doute la corruption. Jusqu’à ce que la culture change, les assurances que les politiciens ne sont pas à vendre seront sans valeur.
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Le lobbyste américain Toby Moffitt pour les démocrates demande 15.000 dollars par mois, soit 180.000 dollars par an en échange de ses services visant à édulcorer l’image auprès des institions américaines.
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par Notre Bureau De Bruxelles : M’hammedi Bouzina Med
Institutions européennes, siège de l’Otan et d’un grand nombre d’organisations internationales, 5.500 journalistes accrédités… Bruxelles est devenu un centre incontournable pour la diplomatie internationale et les stratégies d’intérêts.
Depuis l’élargissement de l’Union européenne aux 12 pays d’Europe centrale et orientale, passant ainsi d’une union de 15 à 27 membres, Bruxelles capitale de l’UE est devenue le premier centre de stratégie lobbyiste pour le reste du monde. Les gouvernements européens et autres y accréditent leurs diplomates les plus chevronnés. Les médias disposent parfois de plusieurs correspondants à tel point que Bruxelles dépasse aujourd’hui la capitale politique américaine, Washington, avec plus de 5.500 journalistes accrédités auprès des institutions européennes et de l’Otan. C’est sur ce terrain «fertile» que des intelligences construisent des stratégies d’intérêts et anticipent sur les événements internationaux.
Cette situation exceptionnelle de confrontation d’intérêts qu’offre la Belgique au reste du monde a donné naissance dans la société civile à un nombre incalculable d’associations de toutes sortes qui viennent en appui au travail diplomatique et politique de leurs pays respectifs. On y trouve même des associations qui s’intéressent à la défense de l’égalité des sexes dans l’armée, ou de promotion des arts anciens etc. Parmi les plus actives, il y a celles qui interviennent, en permanence, dans la vie interculturelle et religieuse. Rien que pour cette semaine (13 février), «l’Association des professionnels musulmans» organise des débats sur la diversité culturelle dans la vie professionnelle, plus un autre thème : la place de la religion dans le monde du travail. L’association «Europa muslim Network» a invité d’imminents spécialistes de l’Islam, dont Tariq Ramadan, pour une conférence (26 février) aux facultés de Saint Louis autour du thème «l’Europe, les musulmans et la question de la discrimination». Et si vous cherchez plus, il ne se passe pas un seul jour où les débats sur la question des musulmans en Europe ne se tiennent dans tel ou tel centre culturel, ou centre d’études.
D’autres types d’associations occupent ouvertement l’espace de la politique au profit de leurs pays d’origine ou de leurs communautés immigrées. Les Marocains et les Turcs sont sur tous les fronts. Le 5 février, à l’occasion du passage au Parlement européen d’une délégation sahraouie acquise aux thèses marocaines, une association marocaine, modeste par sa taille, a saisi l’occasion pour «improviser» une conférence au Centre international de presse (IPC) où un ancien membre fondateur du Polisario s’est usé à démontrer la « marocanité » du Sahara occidental. Il y a mieux, le Mouvement contre le racisme de Belgique (MRAX), dont la direction est à une écrasante majorité marocaine, ne fait plus la différence entre les missions originelles qui lui incombent et la politique du palais royal marocain. N’a-t-on pas vu l’ambassadeur du Maroc à la tribune, au côté du président du Mrax, défendre des questions de politique interne marocaines ? Ce qui a valu des remarques (sans conséquences d’ailleurs) des autorités belges lui rappelant que le Mrax est d’abord une association de droit belge qui intervient dans l’intérêt de tous les Belges.
Ce 6 février, le quotidien belge «Le Soir» a publié une enquête sur la mainmise des services du palais royal marocain sur la communauté marocaine. «Le royaume du Maroc exerce-t-il sur les Marocains de Belgique une influence sournoise ?», s’interroge le journaliste. Les Turcs, eux, privilégient le lobbying au profit de leur économie nationale. Les invitations sont adressées, régulièrement, soit par l’ambassade soit par des associations civiles aux journalistes de toute nationalité, les invitant à la présentation de tel produit de consommation ou de service, ou de telle entreprise économique. Je sais, vous vous demandez ce que font les Algériens de Belgique pour l’Algérie. Et bien il y a à dire. Certaines associations implantées surtout en Wallonie francophone se débrouillent pas mal. Celle qui regroupe les femmes étrangères à l’université de Louvain la Neuve, managée par une Algérienne, réussit à organiser une dizaine de rencontres par an sur des thèmes très variés.
Il y a aussi l’Association internationale de Belgique (AIB) qui regroupe de jeunes Algériens, étudiants et autres, très actifs en direction de la communauté. A l’occasion du décès de deux Algériens, dont un sans papiers, ils ont réussi, avec d’autres, à réunir très vite les finances nécessaires et dénouer les tracas administratifs, par exemple. Les services consulaires algériens appelés à la rescousse ont été surpris par tant de dynamisme. Et puis il y a ALGEBEL. Cette association a été créée, suite aux instructions de la présidence de la République de printemps dernier, pour rassembler tous les Algériens de Belgique et du Luxembourg. Un énorme défi. L’ambassade d’Algérie à Bruxelles a accompagné la naissance de cette association en lui prêtant, sur la demande des citoyens, assistance logistique et financière. Un bureau a été élu ainsi qu’un président.
ALGEBEL a organisé, le 16 janvier dernier, dans la ville de Mons, une soirée artistique mise à profit pour réfléchir à de futures actions. Aux dernières nouvelles, certains des 35 membres du bureau m’ont fait savoir qu’ils ne sont plus intéressés et que ce n’est pas sérieux etc. Ce serait un grand dommage, tant cette association dispose de compétences de qualités (ingénieurs, médecin, chercheurs…). Il ne faut pas juste qu’elle se transforme en organisateur de «soirées couscous», et uniquement cela comme le craignent certains diplomates.
Pour tout dire, Bruxelles offre, dans les limites légales, toute la liberté d’action pour qui souhaite être un acteur actif pour qui il veut. Cela peut-il être autrement lorsque vivent dans la capitale belge plus de 77 nationalités différentes ? La Belgique a fait de sa diversité une richesse. C’est cela aussi le gagnant – gagnant.