Étiquette : Lobbying

  • Révélations : Réseaux d’influence marocains en Espagne

    Espagne, Maroc, Sahara Occidental, lobbying, Le Mirage, La Mamounia, espionnage, Pegasus,

    Le modus operandi du Maroc est (presque) toujours le même, pour amener de nombreux pays à servir ses sombres desseins, et à se plier à ses complots et caprices. Ses méthodes se résument en trois maitres-mots. A savoir : infiltration, corruption et chantage. C’est de la sorte que le palace de Marrakech Mammounia a été rendu célèbre, et qu’un livre-brûlot lui a même été consacré. Beaucoup de hauts responsables et d’élus français, reçus à l’œil dans cet hôtel de luxe, ont été filmés à leur insu dans des attitudes indécentes et humiliantes. Objectif : les faire chanter par la suite, et leur dicter leurs positions et déclarations, notamment concernant le Sahara Occidental.

    Le recours outrancier par les services de renseignements marocains au logiciel espion Pegasus entre également dans les expédients où l’immoralité le dispute allègrement à la vénalité. S’agissant de l’Espagne, s’il est désormais pleinement établi que Pedro Sanchez, le président du gouvernement espagnol, est victime d’un odieux chantage marocain, pour avoir retourné sa veste concernant la question de décolonisation du Sahara Occidental, à cause des affaires de son épouse menées au royaume chérifien, nous apprenons que cet individu est loin d’être le seul, et que le Makhzen, des années durant, a tissé un réseau tentaculaire au sein des circuits décisionnels et politiques du royaume chérifien.

    Les révélations qui concernent l’Espagne, parlent de toute une légion en passe de mener son travail de récupération et d’infiltration. Celle-ci, enhardie par la trahison de Pedro Sanchez, tente de pousser ses pions de plus en plus loin, et d’étendre et de diversifier son réseau tentaculaire. Cette manière de procéder n’est pas sans rappeler la méthode prisée par le lobby sioniste depuis le congrès de Bâle de 1897. L’empreinte d’André Azoulay y est particulièrement visible. Conseiller spécial de Mohamed VI, ce juif sioniste, gère carrément le Maroc par procuration. Dans le privé, le roi l’appelle carrément « tonton », ce qui donne une idée assez précise de cette proximité particulièrement toxique.

    L’USFP, un parti marocain réputé proche du Makhzen, reconnait que sa propagande envers Madrid est menée aussi bien par des diplomates, des artistes, des hommes politiques, des associations que des agents du renseignement ainsi que des opérateurs économiques. Le Maroc se targue ainsi de disposer d’une diaspora estimée à près d’un million de sujets de Mohamed VI, ce qui n’est en effet pas négligeable, d’autant que c’est utilisé à très mauvais escient.

    « Cependant, la première et la plus importante source de soutien espagnol à la cause du Makhzen, se trouve chez ceux qui, à un moment ou à un autre, ont occupé les bureaux de Ferraz 70. La liste des Pro -Marocain dans le PSOE est long : les anciens présidents Felipe González et José Luis Rodríguez Zapatero sont rejoints par les anciens ministres des Affaires étrangères Miguel Ángel Moratinos et Trinidad Jiménez ; l’ancienne vice-présidente María Teresa Fernández de la Vega ; anciens ministres José Bono et María Antonia Trujillo, figure mineure de « la famille socialiste » qui, en lot de consolation, devient ministre de l’Éducation nationale de l’ambassade d’Espagne à Rabat. Tous deux sont rejoints par leurs voyages sur l’autre rive de la Méditerranée, avec le corps d’un roi et sous l’invitation de la dictature marocaine ».

    Ces révélations ainsi que la longueur de cette liste donnent froid dans le dos. Le dernier voyage de Zapatero au Maroc a eu lieu la semaine dernière, en tant que l’une des vedettes d’un forum de dialogue entre les religions à Tanger. Nul doute qu’il s’agit là d’un vulgaire voyage d’agréments, et d’une forme de corruption qui ne dit pas son nom. L’importance des postes occupés par cette armée d’intrigants et de lobbyistes aussi. Et d’ajouter, sans surprise aucune que «Le lobby marocain en Espagne s’appelle PSOE», écrit le journaliste Javier Otazu dans ‘Le Maroc, l’étrange voisin’, republié ce mois-ci par Los Libros de Catarata.

    Otazu, ancien délégué de l’agence Efe à Rabat avec 16 ans de résidence et de travail dans le pays voisin, connaît le plus infime détail de la réalité marocaine aux multiples facettes. Otazu identifie même le cadre, le luxueux hôtel Le Mirage dans la charmante Tanger, où a commencé l’idylle du PSOE avec le Maroc, dont Pedro Sánchez et les ministres José Manuel Albares et Luis Planas sont aujourd’hui les dignes héritiers. Les cadres et élus du PSOE ont eux aussi leur palace de luxe, mais à Tanger, pas à Marrakech, où est situé le palace dédié aux dirigeants français.

    Le Mirage, réservé au PSOE ibérique, a dû en « ferrer « plus d’un à voir le peu d’empressement que met l’actuelle coalition gouvernementale à remettre à sa place Pedro Sanchez. Le Mirage compte en effet pas mal de gros poissons à son tableau de chasse. « José Luis Rodríguez Zapatero et Trinidad Jiménez y ont passé Noël en 2014 avec leurs familles, probablement sur les conseils de Felipe González, un habitué qui aimait tellement l’endroit qu’il a même acheté un manoir à proximité qu’il a gardé pendant plusieurs années et qu’il a ensuite revendu.

    Dans l’enceinte du Mirage, certaines des alliances les plus solides que le Maroc ait dans le monde se sont forgées », explique le journaliste. Certains des clients les plus illustres de l’hôtel, ajoute Otazu, « finissent par être récompensés par une invitation à la fête du trône, une somptueuse réception organisée dans un palais différent le 30 juillet de chaque année ». Parmi les lauréats figurent González et Zapatero, qui à leur tour ont été décorés de la « classe exceptionnelle Wisam Alaooui. Le même journaliste décrit Moratinos comme « le véritable factotum du lobby marocain en Espagne » . Or, les acquis marocains arrachés en Espagne ont beau paraitre impressionnants, ils n’en demeurent pas moins fragiles et éphémères, car obtenus par la tricherie, la corruption, le chantage et les mensonges.

    Mehdi Ghayeb

    La patrie news, 18 juin 2022

    #Maroc #Espagne #SaharaOccidental #Lobbying

  • Un « Wikileaks marocain » qui secoue le pouvoir

    Un « Wikileaks marocain » qui secoue le pouvoir

    Wikileaks, Marocleaks, Maroc, Sahara Occidental, hacker Chris Coleman, DGED, lobbying,

    Le monde vu à travers le prisme du Sahara occidental · Depuis deux mois, un faux profil met en ligne sur Twitter les secrets du royaume. Gouvernement et partis politiques n’osent ni analyser ni débattre des conséquences du piratage de milliers de câbles de la diplomatie marocaine.

    En apparence il n’est pas très professionnel, et pourtant il a réussi à mettre sens dessus dessous les autorités du pays réputé le plus stable de l’Afrique du Nord : le Maroc. Depuis le 2 octobre, un profil anonyme (@chris_coleman24)1 distille sur Twitter des centaines de câbles de la diplomatie marocaine, de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) — l’équivalent marocain de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine ou de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française — et aussi des courriels d’hommes de presse apparemment proches. Il a même mis en ligne des photos privées, comme celles du mariage de la ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, Mbarka Bouaida, qui n’ont guère d’intérêt.

    Tout cela est déversé sur le réseau dans le désordre le plus total — certains documents sont même mis en ligne trois fois — et dans les formats les plus divers. Celui qui se fait passer pour Chris Coleman, l’entraîneur de la sélection de football galloise, a commencé son déballage sur Facebook. Sa page a été fermée. Il a alors émigré sur Twitter, mais son compte a subi le même sort jusqu’à ce qu’il parvienne à convaincre l’entreprise de le rouvrir.

    Ses tweets renvoyaient à des documents mis en ligne sur des sites de stockage et de partage de fichiers tels Dropbox, Mediafire ou 4Shared, mais sur ces supports, ses comptes ont été clôturés. « C’est vrai que depuis quelques jours, le Makhzen2 a multiplié ses menaces pour me décourager », se plaignait-il sur Twitter. « Il a mobilisé d’importantes ressources, notamment financières, pour empêcher la diffusion des informations », ajoutait-il, tout en promettant de continuer à se battre au risque de sa vie. Les métadonnées qui accompagnent ses tweets donnent à penser qu’il est au Maroc, mais il se peut qu’il ait réussi le tour de force de tromper Twitter sur l’endroit où il se trouve.

    UN ÉTAT FÂCHÉ AVEC LES NATIONS UNIES

    Ce jeu du chat et de la souris démontre à quel point celui qui se cache derrière ce profil anonyme est, en apparence, aux antipodes du professionnalisme d’un Julien Assange, l’homme qui avait défié les États-Unis en 2010 en divulguant, avec la collaboration de quatre grands médias, 250 000 télégrammes du département d’État américain.

    Dans un de ses rares commentaires, « Chris Coleman », qui affiche ses sympathies pour l’indépendantisme saharaoui, a expliqué que son but était de « déstabiliser le Maroc ». Il n’a certes pas réussi à le faire, mais malgré son amateurisme sur les réseaux il a secoué le Makhzen.

    La qualité du matériel mis en ligne y est pour quelque chose. On y découvre un État marocain fâché avec le secrétariat général des Nations unies et dont les rapports sont également tendus avec le département d’État américain. Par exemple, le Maroc refuse depuis mai 2014 la prise de fonctions à Laayoune de la canadienne Kim Bolduc, nommée à la tête de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), le contingent de l’ONU déployé dans cette ancienne colonie espagnole.

    Rabat met aussi constamment des bâtons dans les roues de la mission de l’américain Christopher Ross, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon au Sahara, un médiateur sourcilleux sur les droits humains et dans le fond favorable à l’octroi de l’autonomie à ce territoire pour résoudre le conflit. Dans un câble d’Omar Hilale, alors ambassadeur marocain auprès des Nations unies à Genève, il est décrit comme un alcoolique, devenu maladroit avec l’âge (il a 71 ans), qui n’arrive même pas à mettre sa veste tout seul.

    Le clou des révélations est sans doute l’accord verbal secret conclu en novembre 2013 à la Maison-Blanche entre le président Barack Obama et le roi Mohammed VI. Les États-Unis y renonçaient — comme ils l’avaient fait en avril de cette année — à demander au Conseil de sécurité l’élargissement du mandat de la Minurso pour qu’elle puisse s’occuper des droits humains, mais obtenaient en échange trois concessions. Le Maroc arrêtait d’abord de faire juger les civils par des tribunaux militaires ; il faciliterait ensuite les visites au Sahara des fonctionnaires du Haut Commissariat aux droits de l’homme et légaliserait les associations sahraouies indépendantistes comme le Collectif sahraoui des défenseurs des droits de l’homme (Codesa) du militant Aminatou Haidar. Sur ce dernier point, il n’a pas encore tenu promesse.

    Si les rapports du Maroc sont plutôt mauvais avec le secrétariat général de l’ONU, ils sont en revanche bien meilleurs avec les deux instances onusiennes que sont le Haut Commissariat aux droits de l’homme et le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), tous deux à Genève. La diplomatie marocaine a su s’y faire des amis parmi les hauts fonctionnaires qui la renseignent sur les initiatives de ses adversaires et l’aident même à faire avorter ou à dénaturer leurs projets. Pour exemple, le séjour presque clandestin à Genève, en 2012, de Mohamed Abdelaziz, le leader du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique3

    Quant aux agents de la DGED et à leurs collaborateurs, ils parviennent, moyennant finance, à ce que des journalistes et des think-tanks français, américains et même italiens produisent des articles et des analyses favorables aux thèses du Maroc et préjudiciables à l’Algérie et au Front Polisario qui revendique, depuis 1973, l’indépendance du Sahara occidental. La DGED s’emploie aussi, à travers des intermédiaires, à séduire le lobby juif aux États-Unis dans l’espoir qu’il pèsera auprès de l’administration Obama pour qu’elle soit plus compréhensive avec les thèses marocaines sur le Sahara. On apprend également qu’Israël et le Maroc maintenaient, du moins en 2011 et 2102, un dialogue politique permanent.

    La lecture de centaines de câbles montre, en définitive, une diplomatie marocaine qui voit le monde à travers la lorgnette du Sahara. Ce bout de désert est partout, dans les réunions du Conseil d’association avec l’Union européenne, dans les visites ministérielles en Europe ou dans les relations avec des pays aussi lointains que le Paraguay. Cette « monomanie » saharienne fait que le Maroc s’intéresse peu à d’autres débats qui traversent la planète. Il ne s’en mêle que s’il peut en tirer un profit pour ce que les diplomates marocains appellent la « question nationale ».

    AUCUNE RÉACTION OFFICIELLE

    Chris Coleman et ses tweets ont été, ces dernières semaines, dans toutes les conversations de couloirs du Parlement de Rabat, dans les cafés que fréquentent les fonctionnaires haut placés, dans les cocktails diplomatiques. Il n’y a eu, cependant, aucune explication publique du gouvernement sur cette faille dans le système de communication, ni sur l’enquête qui serait en cours ou sur ses conséquences politiques. L’opposition n’a pas, elle non plus, jugé utile d’interpeller l’exécutif.

    La presse, elle, est dans sa grande majorité passée en pointillés sur l’affaire, reprenant souvent la thèse de Mbarka Bouaida pour qui, derrière ce faux profil, se cachent des « éléments pro-Polisario » ayant agi avec l’appui de l’Algérie. Plus de deux mois après les premières fuites, le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar au Sénat et le porte parole du gouvernement Mustapha El-Khalfi devant la presse lui ont emboîté le pas : « C’est une campagne enragée, orchestrée par des adversaires, visant à porter atteinte au Maroc, à son image et à sa puissance ».

    Cette politique de l’autruche d’un gouvernement et d’une classe politique qui ne veut pas — qui n’ose pas — discuter de ce Wikileaks à l’échelle marocaine, marque aussi la différence avec les États-Unis qui, fin 2010, ont enquêté et se sont exprimé publiquement sur les répercussions de cet énorme déballage pour leur politique étrangère et leur image dans le monde. Le Maroc ne s’est pas risqué à cet exercice.

    Le pouvoir exécutif marocain n’est pas assez sûr de lui : il se sent trop harcelé sur « son » Sahara pour en débattre sur la place publique. Les quelques revers diplomatiques qu’il a subis lui font oublier que les poids lourds de la communauté internationale, à commencer par les États-Unis, souhaitent que l’autonomie soit la solution accordée pour mettre un terme à un conflit qui dure depuis 39 ans. Cela fait plusieurs années qu’ils le disent, tout comme l’Élysée et les successifs gouvernements de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale. L’indépendance du Sahara, craint-on, signifierait la déstabilisation du Maroc, ce dont personne ne veut en Europe ou en Amérique.

    Pour que l’offre marocaine d’autonomie aille de l’avant il faut cependant qu’elle soit crédible. Cela veut dire avant tout que Rabat doit arrêter de bastonner — ou pire d’emprisonner — ceux qui prônent l’autodétermination du Sahara et sortent dans la rue à Smara, Dakhla ou Laayoune pour la revendiquer.

    Ce message avertissant des conséquences néfastes d’une répression disproportionnée est transmis, de temps en temps, aux Marocains par leurs interlocuteurs occidentaux, à commencer par Christopher Ross, d’après les câbles consultés. Il a même été repris à demi-mot, en janvier 2014, par Driss El-Yazami, président du Conseil national des droits de l’homme créé en 2011, lors d’une discussion à Rabat sur la mise en œuvre de l’accord secret de Washington, selon un compte-rendu de cette réunion. Mais le message ne passe pas. Rabat fait la sourde oreille.

    Ignacio Cembrero

    Orient XXI, 15/12/2014

    #Maroc #Marocleaks #Wikileaks #SaharaOccidental #HackerChrisColeman #DGED #Diplomatie #Lobbying

  • Belgique: Comment le Maroc infiltre l’immigration et les institutions

    Belgique: Comment le Maroc infiltre l’immigration et les institutions

    Belgique, Maroc, RMI, immigration, communauté marocaine, lobbying,

    Le Makhzen ne ménage aucun effort afin de maintenir sa domination sur les ressortissants marocains installés sur le sol belge et qui restent néanmoins les esclaves soumis de la monarchie féodale, vassale du sionisme. Notre attention a été attirée par un ancien article daté de février 2010 de Baudouin Loos, journaliste du quotidien belge Le Soir, dans lequel il rapporte différents témoignages où l’on peut lire que le Makhzen s’efforce de récupérer des dizaines d’élus belges issus de l’immigration marocaine, et que la grande majorité de ceux-ci sont régulièrement invités par Rabat, le roitelet du Maroc s’assurant de leur allégeance. Comment s’en étonner, sachant que la pédophilie est très répandue surtout dans l’élite politique belge (voir les affirmations de Laurent Louis au parlement belge) et que le tourisme sexuel se pratique couramment au Maroc ; ces phénomènes sont très liés et constituent les deux facettes de la même médaille.

    Pour le député national Ecolo Fouad Lahssaini, «il est dommage que beaucoup d’élus issus de l’immigration n’ont pas envers l’avenir du Maroc une position consistant à promouvoir la démocratie et une économie saine, car le Makhzen, relais du conservatisme et du chauvinisme au Maroc, paralyse le développement et la vision des Lumières. Or, les Marocains ici ou là-bas n’attendent que cela : la démocratie et la transparence». Certaines sources évoquent même l’existence d’une cinquième colonne, puisque la plupart des élus belgo-marocains appartenant aux trois grands partis traditionnels sont loyaux au Makhzen comme, parmi tant d’autres, Abdelrhani Belhaloumi, conseiller communal écolo à Saint-Gilles, Mostafa Ouezekhti, PRL-FDF, et Fouad Ahidar, PS.

    Des Belges ont également succombé au chant des sirènes, comme Philippe Moureaux, ténor du Parti socialiste, ministre d’Etat, sénateur et ancien maire socialiste de Molenbeek, commune bruxelloise, époux en secondes noces d’une Belgo-Marocaine de 35 ans sa cadette, et qui a organisé des soirées en faveur de la marocanité du Sahara Occidental financées avec l’argent public. Philippe Moureaux, l’arroseur arrosé, a été éjecté de son fauteuil de bourgmestre, malgré son dévouement au Makhzen et son soutien inconditionnel au Maroc dans le dossier du Sahara Occidental. Retourner sa veste au gré du vent étant dans leur nature, les Marocains ont choisi un autre maître issu du Parti libéral. Dure a été la chute de Philippe Moureaux.

    Les propos tenus dans l’article du Soir n’ayant jamais été démentis, la véracité des témoignages s’avère donc le reflet de la réalité. Ainsi, d’après ces éléments, les nombreuses associations marocaines qui pullulent sur le territoire belge, les mosquées, les grands partis traditionnels, les conseils municipaux, les parlements et même le gouvernement sont tous infiltrés par des gens à la solde d’un Etat étranger. L’immigration marocaine en Belgique représentant environ 1 400 000 individus, la plus grande majorité d’entre elle vit dans la crainte du Makhzen qui exerce une pression en permanence. La présence des services secrets marocains en Belgique a d’ailleurs déjà provoqué quelques problèmes à la Sûreté de l’Etat belge dont le chef, Alain Winants, a dû exiger le rappel de trois agents au Maroc en 2008 pour leur «ingérence» et autres «activités hostiles».

    Le rapport 2008 de la Sûreté belge signalait que le lobbying pouvait signifier «pousser une communauté à défendre les intérêts de son pays d’origine, parfois au détriment de ceux de son pays d’accueil, l’idée étant de rappeler qu’une communauté doit avant tout allégeance à son pays». L’ambassadeur du Maroc à Bruxelles, Samir Addahre, a déclaré dans un journal belge en septembre 2010 que l’intégrisme a pris pied en Belgique et que des poseurs de bombes s’y sont introduits, et que «dans le cadre d’une action concertée, le Maroc encadre la communauté marocaine de Belgique, en conformité avec les valeurs de tolérance et d’ouverture que nos deux pays partagent», confirmant ainsi l’influence du Maroc sur sa diaspora. Dont acte. Nul besoin d’ailleurs d’être professionnel pour exercer des activités de surveillance, de simples citoyens jouent les indicateurs, comme l’affirment d’autres témoignages qui évoquent le fait que bien des Marocains se portent volontaires par «patriotisme», pour les honneurs, des intérêts commerciaux ou même des petits trafics à protéger.

    Un député d’origine marocaine raconte les pressions qu’il a subies lorsqu’il a été invité en 2008 à une conférence dédiée à la position belge sur le Sahara Occidental, et où 90 % du public était composé de perturbateurs. Un caméraman filmait tout ce qui s’y déroulait à l’affût du moindre propos contraire aux intérêts marocains et les propos du député lui ont valu d’être qualifié de traître et de recevoir plus tard des menaces de mort. Il est des sujets qui ne doivent pas être évoqués sous peine d’être insulté, menacé, voire tabassé. Une marche citoyenne de la communauté belgo-marocaine s’est déroulée le 4 novembre 2012 pour peser sur le travail de négociation de Christopher Ross, l’émissaire de l’ONU. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’une manifestation spontanée, sauf qu’elle a été organisée en sous-main par l’ambassade du Maroc, qui a pesé de tout son poids pour une présence massive.

    L’épouse de l’ambassadeur, Samira Sitaïl, a démarché dans les rues et les commerces pour racoler les gens et les inciter à participer, les mosquées ont pris le relais et une troupe de chanteurs a même été déplacée du Maroc pour animer la manifestation. L’ambassadeur s’est joint à la marche avec divers élus, comme Fouad Ahidar, ainsi que le grand rabbin de la communauté juive en Belgique, Albert Guigui, qui avait été invité. L’ambassadeur, petit pantin aux mains de son roitelet n’a pas hésité à s’attaquer à l’Algérie qui n’a pas riposté en tolérant les propos contre notre pays dans le journal télévisé d’une chaîne publique belge, tout cela parce que nous n’avons pas un pouvoir fort. Le Maroc en profite pour mener campagne inlassablement via ses satellites implantés dans le cœur de Bruxelles, capitale européenne, et tout le territoire belge.

    Des questions essentielles se posent donc. Les élus qui ont prêté serment à la Constitution belge ont-ils le droit de prêter allégeance au roi du Maroc ? La Belgique peut-elle tolérer la présence d’élus d’origine marocaine qui soutiennent la politique du Makhzen concernant le dossier du Sahara Occidental, l’un des derniers territoires à décoloniser selon l’ONU ? La Belgique respecte-t-elle le droit international en prenant parti via ces élus contre le peuple sahraoui en faveur de la monarchie du cannabis et de la débauche ?

    La Maroc a inondé le territoire belge de cannabis en faisant des enfants belges des débris toxicomanes, la loi du pays tolérant la consommation jusqu’à 3 grammes par personne mais interdisant son commerce et sa distribution. C’est dire l’hypocrisie du régime belge qui permet aux Marocains de diffuser leur venin par le biais du cannabis. Le royaume de Belgique, laxiste, reste une terre promise pour le Makhzen et ses sbires avec la complicité des autorités belges qui ont besoin d’un électorat analphabète et illettré, bref des moutons à tondre qu’elles activent à chaque élection via des milliers d’associations marocaines surnommées ASBL (associations sans but lucratif subsidiées par l’Etat, qui sont en fait des commerces ou des cafés qui ne paient pas les taxes inhérentes à l’activité commerciale), et où le cannabis côtoie les thèses du Makhzen, très bon cocktail pour semer la propagande et maintenir la communauté marocaine dans la soumission totale au roitelet du Maroc.

    Mohsen Abdelmoumen, 13/03/2014

    #Maroc #Belgique #Immigration #RME #Lobbying #Corruption

  • La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine

    La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine


    Par Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images | 23/02/2011 (RUE89)

    Védrine, Bianco, Quilès : tous les ténors de la mitterrandie régalienne se bousculaient ce mercredi matin, aux radios, se disputant l’honneur de tirer le coup de grâce sur la moribonde diplomatie sarkozyenne, ses tapis rouges déployés sous les pas des tyrans, ses ambassadeurs à biscoteaux, sa bouffonnerie incessante.

    Ils emboîtent le pas à un collectif anonyme de diplomates atterrés, qui a fait connaître sa désolation dans Le Monde de ce mardi.

    De fait, ce qu’on appelait dans les livres d’Histoire « la diplomatie française » est en coma dépassé. Depuis quand ? Depuis qu’un catastrophique « machin » (Todd) en a pris les commandes ? Depuis la fin de la guerre froide, comme le soutenait ce mercredi Bernard Guetta sur France Inter, en élargissant la perspective ? On peut en disputer sans fin.
    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent »

    Diplomates, ministres, journalistes, se renvoient la responsabilité de la cécité sur les tyrannies vermoulues du « monde arabe ». Cette cécité a été la chose la mieux partagée des dernières décennies.

    Les journalistes n’en sont pas exemptés, avec cette réticence persistante à dire et nommer les choses. En face du brûlot des diplomates, Le Monde publiait mardi une page fort instructive de Natalie Nougayrède, intitulée « Etat par état, les révoltes arabes vues par le Quai d’Orsay ».

    Sur le Maroc, on y lit cette confidence (anonyme) d’un « connaisseur issu du Quai » :

    « Combien de ministres français ont séjourné gratuitement dans les palaces marocains depuis des années, au prétexte d’une visite de travail de trois jours qui commençait le vendredi, avec un entretien d’une demi-heure pour tout justifier. »

    Et un autre, « parlant de la masse d’informations collectées à la Mamounia sur les élites françaises » :

    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent. »

    C’est trop en dire, ou pas assez. Que savent ces diplomates anonymes ? A quelles orgies, à quelles bacchanales font-ils précisément allusion ? Rien n’en a jamais transpiré, à de très rares exceptions près. Que sait l’auteure de l’article elle-même ? Des noms, des dates !
    Ecoliers des révolutions arabes et non stupides professeurs

    Etrangement, on dirait que Le Monde lui-même n’a pas pris la mesure du basculement radical qu’imposent les révolutions arabes, et qui devrait nous faire désormais leurs « écoliers, et non leurs stupides professeurs », comme disait Badiou, dans une formule pénétrante.

    Ecoutons comme Natalie Nougayrède relate l’affaire du déjeuner Boillon, cet ambassadeur piégé « par sa propre brusquerie [Nougayrède ne parle pas d’arrogance] face à l’esprit soixante-huitard qui imprègne la Tunisie de la parole libérée, et ses journalistes branchés Facebook ».

    Si Boillon est seulement « brusque », alors les choses peuvent s’arranger avec un ambassadeur moins brusque. Si l’exigence des confrères tunisiens n’est que du « soixante-huitardisme », alors ces grands ados se calmeront tôt ou tard.

    Vivement que les journalistes français se fassent les écoliers de leurs confrères tunisiens, que se libère leur parole, et qu’ils se branchent Facebook. S’il en est encore temps, ce qui n’est pas certain.

    Le nouvel obs, 15 novembre 2016 

    #Maroc #France #Lobbying #LaMamounia #Corruption


  • La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine

    La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine

    La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine – France, Maroc, lobbying, corruption,

    Par Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images | 23/02/2011 (RUE89)

    Védrine, Bianco, Quilès : tous les ténors de la mitterrandie régalienne se bousculaient ce mercredi matin, aux radios, se disputant l’honneur de tirer le coup de grâce sur la moribonde diplomatie sarkozyenne, ses tapis rouges déployés sous les pas des tyrans, ses ambassadeurs à biscoteaux, sa bouffonnerie incessante.

    Ils emboîtent le pas à un collectif anonyme de diplomates atterrés, qui a fait connaître sa désolation dans Le Monde de ce mardi.

    De fait, ce qu’on appelait dans les livres d’Histoire « la diplomatie française » est en coma dépassé. Depuis quand ? Depuis qu’un catastrophique « machin » (Todd) en a pris les commandes ? Depuis la fin de la guerre froide, comme le soutenait ce mercredi Bernard Guetta sur France Inter, en élargissant la perspective ? On peut en disputer sans fin.

    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent »

    Diplomates, ministres, journalistes, se renvoient la responsabilité de la cécité sur les tyrannies vermoulues du « monde arabe ». Cette cécité a été la chose la mieux partagée des dernières décennies.

    Les journalistes n’en sont pas exemptés, avec cette réticence persistante à dire et nommer les choses. En face du brûlot des diplomates, Le Monde publiait mardi une page fort instructive de Natalie Nougayrède, intitulée « Etat par état, les révoltes arabes vues par le Quai d’Orsay ».

    Sur le Maroc, on y lit cette confidence (anonyme) d’un « connaisseur issu du Quai » :

    « Combien de ministres français ont séjourné gratuitement dans les palaces marocains depuis des années, au prétexte d’une visite de travail de trois jours qui commençait le vendredi, avec un entretien d’une demi-heure pour tout justifier. »

    Et un autre, « parlant de la masse d’informations collectées à la Mamounia sur les élites françaises » :

    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent. »

    C’est trop en dire, ou pas assez. Que savent ces diplomates anonymes ? A quelles orgies, à quelles bacchanales font-ils précisément allusion ? Rien n’en a jamais transpiré, à de très rares exceptions près. Que sait l’auteure de l’article elle-même ? Des noms, des dates !

    Ecoliers des révolutions arabes et non stupides professeurs

    Etrangement, on dirait que Le Monde lui-même n’a pas pris la mesure du basculement radical qu’imposent les révolutions arabes, et qui devrait nous faire désormais leurs « écoliers, et non leurs stupides professeurs », comme disait Badiou, dans une formule pénétrante.

    Ecoutons comme Natalie Nougayrède relate l’affaire du déjeuner Boillon, cet ambassadeur piégé « par sa propre brusquerie [Nougayrède ne parle pas d’arrogance] face à l’esprit soixante-huitard qui imprègne la Tunisie de la parole libérée, et ses journalistes branchés Facebook ».

    Si Boillon est seulement « brusque », alors les choses peuvent s’arranger avec un ambassadeur moins brusque. Si l’exigence des confrères tunisiens n’est que du « soixante-huitardisme », alors ces grands ados se calmeront tôt ou tard.

    Vivement que les journalistes français se fassent les écoliers de leurs confrères tunisiens, que se libère leur parole, et qu’ils se branchent Facebook. S’il en est encore temps, ce qui n’est pas certain.

    Le nouvel obs, 15 novembre 2016 

    #Maroc #France #Lobbying #LaMamounia #Corruption

  • Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1

    Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1

    Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1 – Maroc, Ahmed Charaï, Vincent Hervouet, corruption, presse française, lobbying, Sahara Occidental, Algérie,

    Entre le journaliste de TF1 et le fonctionnaire de la DGED marocaine régnait la confiance au point de lui donner libre accès au serveur de la chaîne française la plus écoutée et la plus populaire. Voici un email à ce sujet:

    Si Morad- urgent

    —– Message transféré —-
    De : « HERVOUET, Vincent » VHERVOUET@tf1.fr
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Ven 7 janvier 2011, 15h 10min 45s
    Objet : TR: LCI – Récupération « Ainsi va le monde » du 06/01/2011

    Bonjour Ahmed,
    En suivant la procédure indiquée, tu dois y arriver…
    Cordialement, VH

    De : RENARD, Dominique
    Envoyé : vendredi 7 janvier 2011 15:00
    À : HERVOUET, Vincent
    Objet : LCI – Récupération « Ainsi va le monde » du 06/01/2011

    Bonjour,
    Vous pourrez récupérer et visionner l’émission « Ainsi va le monde » du 06/01/2010, en vous connectant sur le site FTP suivant :
    Site : https://echangehttp.tf1.fr
    Identifiant : transfert
    Mot de passe : transfert1
    L’émission se trouve dans le dossier nommé « Ainsi va le monde », en 4 parties.
    Cordialement,
    Dominique RENARD
    Chef de production
    Tel : +331 41 41 35 99
    Gsm : +336 60 33 28 76
    Mail : prodlci@tf1.fr
    drenard@tf1.fr

    Coordination Info
    Direction des Productions Extérieures
    1 Quai du Point du Jour
    92656 Boulogne Cedex

    Cette confiance est, évidemment, gracieusement payée. Hervouet et sa famille passait des vacances de rêve au Maroc dans des hôtels de luxe. Tout au frais de la DGED. Un scandale pour quelqu’un qui présidait l’Association de la Presse diplomatique en France.

    A l’instar de ses copains marocains, Hervouet vouait une haine viscérale aux sahraouis, au Front Polisario et à l’Algérie. Il n’hésitait pas à accuser le mouvement de libération sahraoui de « collision avec le terrorisme au Sahel » et à inviter Ferhat Mehenni dans les studios de TF1 en vue de lui permettre de distiller son venin contre les autorités algériennes et donner un coup de pub au dénommé MAK.

    Chris Coleman, un tweetos aux trousses des journalistes - Algerie-dz.com
    Chris Coleman, un tweetos aux trousses des journalistes - Algerie-dz.com
    Le Président Ferhat Mehenni invité de Vincent Hervouët sur LCI-Radio -  YouTube

    #Maroc #France #Presse_française #Vicent_Hervouet #TF1 #Algérie #SaharaOccidental

    Source : Marocleaks

  • Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc

    Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc

    Foreign Policy : Le marasme diplomatique du Maroc – Sahara Occidental, Israël, Etats-Unis, normalisation, Front Polisario, lobbying,

    Malgré la volte-face de Washington sur le Sahara Occidental, l’ancien chouchou des cercles politiques américains est plus isolé que jamais.
    Pendant longtemps, le Maroc a été un chouchou des cercles politiques de Washington. Le pays est souvent salué comme le premier à reconnaître l’indépendance des États-Unis (en 1777), et peu de choses se sont opposées aux relations maroco-américaines depuis. Les efforts de lobbying du royaume, par exemple, n’ont historiquement pas nécessité de gros efforts pour convaincre les législateurs américains des deux côtés de l’allée d’adopter une législation conforme à ses intérêts. Aujourd’hui, cependant, le consensus bipartisan américain autrefois inébranlable sur le Maroc s’est éloigné d’un soutien inébranlable. Le reflet le plus récent de cette tendance est le langage sceptique sans précédent à l’égard du Maroc introduit dans le projet de loi de crédits et la loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l’année fiscale 2022. Alors que le projet de loi de crédits 2022 du Sénat américain doit faire l’objet de négociations avec la Chambre, la NDAA a été adoptée par les deux chambres du Congrès. Ces deux textes de loi risquent d’envenimer les liens séculaires entre ces deux alliés historiques. Pour être sûr, les États-Unis ne sont pas le seul pays avec lequel le Maroc a subi des pertes diplomatiques récentes.

    Au cours de l’année écoulée, les gros titres ont dressé un tableau inquiétant du déclin de la diplomatie marocaine. Cela a laissé le pays relativement isolé, même parmi ses alliés traditionnels. En mars 2021, le Maroc a rompu toute communication diplomatique officielle avec l’Allemagne en raison d’une série de ce qu’il a qualifié de « profonds désaccords ». En mai 2021, le Maroc a retiré son ambassadeur en Espagne et a assoupli les restrictions frontalières avec l’enclave espagnole de Ceuta, située en Afrique du Nord, provoquant un afflux de milliers de migrants – dont de nombreux mineurs non accompagnés – sur le territoire espagnol et européen. Cette mesure a incité le Parlement européen à adopter une résolution qui considère que le Maroc a enfreint la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.

    En juillet 2021, des rapports ont allégué que des agents des services de renseignement marocains avaient piraté le téléphone du président français Emmanuel Macron ainsi que d’un certain nombre de fonctionnaires et de journalistes français. La France, habituellement fervente partisane de son ancienne colonie, s’est depuis murée. En septembre 2021, la Cour de justice de l’UE a annulé les échanges agricoles et de pêche entre le Maroc et l’UE. Le point commun de toutes ces querelles est la détérioration du corps diplomatique marocain, autrefois dynamique, à la suite de la nomination de Nasser Bourita, un bureaucrate subalterne sans affiliation partisane et au CV relativement mince, au poste de ministre des affaires étrangères du Maroc en 2017.

    Pendant son mandat, le Maroc n’a jamais été aussi aliéné de ses voisins et alliés. « Il y a un consensus général parmi les diplomates anciens et actuels que l’état de la diplomatie marocaine a atteint son point le plus bas depuis l’indépendance », a déclaré un diplomate marocain vétéran, qui a parlé à Foreign Policy sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Il a décrit la diplomatie marocaine actuelle en deux mots : « erratique et médiocre ». Maintenant, les intérêts marocains risquent de perdre le soutien de son allié le plus ancien et le plus fort : les États-Unis. Les choses ont commencé à mal tourner pour le Maroc après qu’il se soit retrouvé dans le collimateur de la campagne présidentielle américaine de 2016, lorsqu’il a été signalé que le roi Mohammed VI avait promis 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en 2015.

    Rapidement, la campagne de Donald Trump a intégré le rapport dans ses points de discussion comme un exemple présumé de la candidate Hillary Clinton s’engageant dans le « pay for play ». Pendant toute la durée du mandat présidentiel qui a suivi, Trump n’a tenu aucune réunion officielle avec le roi Mohammed VI. La rencontre la plus proche entre les deux chefs d’État a eu lieu lorsque des photos d’eux lors de la cérémonie de l’Armistice 2018 en France sont devenues virales : On pouvait voir Trump fixer un Mohammed VI endormi. Et puis, dans les dernières semaines du mandat de Trump, il a publié une proclamation qui reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental en échange de la normalisation des liens du Maroc avec Israël.

    Cette décision a immédiatement suscité une condamnation bipartisane à Washington. Le sénateur républicain Jim Inhofe et le sénateur démocrate Patrick Leahy ont été à l’avant-garde de cette critique, qui s’est poursuivie sous l’administration Biden. Inhofe et Leahy sont tous deux les auteurs d’une lettre du Sénat de février 2021 adressée au président américain Joe Biden, l’exhortant à revenir sur la décision de Trump, qu’ils qualifient de cautionner « les revendications illégitimes de souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental ». Le conflit du Sahara occidental a émergé après l’indépendance du territoire de la domination coloniale espagnole dans les années 1970.

    Le Front POLISARIO, pro-libération, a rapidement réorienté sa lutte armée contre le Maroc lorsque le royaume a pris le contrôle du Sahara occidental en 1975, et ce n’est qu’en 1991 que les deux parties ont accepté les termes d’un accord de cessez-le-feu négocié par l’ONU, s’engageant à organiser un référendum sur le statut du territoire. Plus de 30 ans plus tard, le vote n’a toujours pas eu lieu malgré le soutien massif de la communauté internationale et des Nations unies. Les projets de loi de crédits pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental.

    Inhofe est le membre le plus haut placé de la commission des services armés du Sénat et Leahy est le président de la commission des crédits, ainsi les projets de loi de crédits du Sénat pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental en comparaison avec les années passées. Dans les versions précédentes du projet de loi – qui, entre autres choses, décrit les crédits pour le Département d’État et d’autres opérations étrangères américaines – les dispositions relatives au Sahara occidental avaient été placées dans la section sur le Maroc.

    « Nous ne pensions pas que cela reflétait la réalité ou le droit international », a déclaré Tim Rieser, conseiller principal en politique étrangère de Leahy et greffier démocrate de la sous-commission des crédits pour l’État et les opérations étrangères. « Donc, la première chose que nous avons fait au Sénat a été de séparer le Sahara Occidental et de le mettre sous sa propre rubrique comme une disposition générale ». Inhofe a fait écho à ce sentiment : « Cette section particulière devrait être protégée alors qu’elle avance dans le processus de négociation », a-t-il dit à Foreign Policy dans un courriel. Reconnaissant le mérite de Leahy pour le langage fort, Inhofe a ajouté, « cela envoie un message fort à l’administration Biden – c’est une priorité pour le Congrès, donc vous devez en faire une priorité aussi ».

    Si le projet de loi de crédits survit au processus de négociation de la Chambre, le placement du Sahara Occidental comme sa propre rubrique n’est qu’un des nombreux changements qui pourraient marquer un tournant dans les relations Maroc-USA. Le projet s’oppose également à l’utilisation des fonds pour la construction d’un consulat américain au Sahara Occidental, inversant l’inauguration nominale par l’administration précédente de ce qui allait finalement être un consulat dans le territoire contesté. En outre, le NDAA, qui couvre les crédits pour l’armée américaine, limite l’utilisation des fonds pour tout exercice militaire avec le Maroc, à moins que le secrétaire américain à la défense « détermine et certifie aux comités de défense du Congrès que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix final avec le Sahara Occidental. »

    Ayant passé à la fois le Sénat et la Chambre des représentants, il y a une forte probabilité que les exercices militaires annuels African Lion de cette année, le plus grand exercice du Commandement américain pour l’Afrique, passent entièrement à côté du Maroc. À l’exception d’une pause liée à une pandémie en 2020, la dernière fois que les exercices African Lion ont exclu le Maroc remonte à 2013, lorsque le Maroc a protesté contre le soutien américain à un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental. En réponse, les États-Unis sont revenus sur leur soutien au mandat. Beaucoup avaient prévu que, sous l’administration Biden, il y aurait une autre poussée pour inclure un mandat de droits de l’homme dans la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de MINURSO.

    Non seulement les Etats-Unis sont les auteurs de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui détermine le mandat et la durée de la MINURSO, mais le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a réaffirmé à plusieurs reprises la promesse de campagne de Biden de « remettre les droits de l’homme au centre de la politique étrangère américaine ». Inhofe et Leahy, ainsi que plusieurs autres sénateurs, dont le démocrate de l’Ohio Sherrod Brown et l’indépendant du Vermont Bernie Sanders, ont signé une lettre adressée à Blinken en octobre 2021, demandant l’inclusion d’un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le renouvellement de la MINURSO.

    Le 29 octobre 2021, le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui renouvelait la MINURSO sans mandat de surveillance des droits de l’homme. Dans son courriel adressé à Foreign Policy, M. Inhofe a qualifié le libellé de la résolution concernant les droits de l’homme de « sans dents ». Beaucoup ont été frustrés par l’ambiguïté de l’administration Biden sur sa position concernant le Sahara Occidental. « Ce qu’ils semblent faire, c’est de défendre cette position ‘neutre’ où ils n’ont pas embrassé la politique de Trump mais ne l’ont pas non plus rejetée », a déclaré Rieser. Pour Inhofe, le temps presse : « À ce stade, plus de 10 mois après le début de la nouvelle administration, je veux juste voir des actions ».

    Samia Errazouki

    Foreign Policy, 04/01/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #EtatsUnis #AnthonyBlinken #Israël #Normalisation #Lobbying

  • Secretary Clinton Visit to Morocco (*)

    Secretary Clinton Visit to Morocco (*)

    Secretary Clinton Visit to Morocco (*) – USA, Strategic Dialogue, Hillary Clinton, Lobbying, Edward Gabriel, Robert M. Holley, Western Sahara, Polisario Frente,

    Background
    Hillary Clinton’s scheduled February 26 visit to Morocco will very likely be her last trip to Morocco as US Secretary of State. She has made clear that she will not remain in her current position should President Obama win re-election in November. Consequently, her visit later this month will likely represent our best opportunity to secure a commitment from her to make significant progress on several important objectives that we have hoped to achieve during her tenure at the State Department. The visit will offer a good opportunity to consolidate progress made during Foreign Minister Fassi Fihri’s meeting with Secretary Clinton in Washington in March of last year, as well as a new opportunity to take an important step forward in consolidating US support for Morocco’s initiative to resolve the issue in Western Sahara.

    Objectives for the Visit
    Secure a public statement of support from the Secretary for Morocco’s reforms and the importance that the US attaches to working with Morocco as a partner in promoting progress in the Middle East and North Africa. In this regard, seek assurance of the Secretary to formally inaugurate the Strategic Dialogue announced one year ago.

    Gain Clinton’s support for committing US development resources to improving the lives of those living in the Southern Provinces as authorized in the December 2011 Omnibus Appropriations Bill that gives the Obama Administration a green light to use US funds in the Sahara provinces.
    Receive a commitment from the Secretary that the Department will respond to the Leahy language in a strong positively worded answer, in order to put this issue to rest, once and for all.

    Encourage the Secretary to reiterate US support for the Moroccan autonomy initiative as “serious, credible and realistic” and to state publicly that events in the region make a resolution of the Western Sahara issue through a political compromise a necessity in order to promote regional cooperation and integration, as well as combat the growing influence and activities of regional terrorist and criminal elements that seek to profit from the uncertainties of Arab Spring developments in the region.

    Suggested Points on Western Sahara
    Describe steps Morocco has taken in an effort to improve relations with Algeria and foster a better climate for regional cooperation and resolution of the Sahara. Explain Moroccan perception of the results of these efforts.
    Give Secretary Clinton a full understanding of Morocco’s commitment to resolving this issue as quickly as possible and explain the dangers of continued stalemate, especially as AQIM and other criminal groups seek to destabilize the region.

    Express Morocco’s appreciation for Congress’ authorization for the Obama Administration to use US development assistance funds to help improve the lives of those living in the Southern Provinces. Explain how such actions could help create a better climate for resolving the larger problem in the Sahara. Express willingness to work closely with the State Department and US development agencies to identify programs that could be implemented and suggest that a working level meeting in the near future should be arranged to address this opportunity to enhance US/Morocco efforts on this issue. This will be the one and only signal during her tenure that moves the WS issue incrementally forward. She should see it accomplished before she leaves office. This is one of the two most impactful items Clinton can do with Morocco before leaving office.

    The other issue that would leave an indelible Clinton signature is the US-Moroccan Strategic Dialogue. She should make sure that this Dialogue is established as an on-going process, and that the first meeting is held prior to her leaving office.

    Encourage Secretary Clinton to make a strong public statement of support for the need to resolve the Sahara problem and reiterate the need for compromise as she again expresses the US view of Morocco’s initiative as “serious, credible and realistic.” Anything less will be perceived as the State Department “walking back” previous commitments.
    In this regard reiterate Morocco’s commitment that the refugees in the Algerian camps are welcome to come home and will be assisted in building a new life for themselves and their families.

    Explain the consequences of the Leahy language to the bilateral relations and the perception by the Moroccan population. Specifically explain the importance of an unequivocal and strong positive response from the State Department in this regard in order to lay this issue to rest, once and for all.

    (*) Document elaborated by the former ambassador to Morocco, Edward Gabriel (just appointed by Joe Biden as a member of the U.S. Institute of Peace, pending Senate confirmation) and Robert M. Holley, member of the Moroccan lobby group in Washington.

    #Morocco #WesternSahara #FrentePolisatio #HillaryClinton #Lobbying #EdwardGabriel #RobertHolley #StrategicDialogue

  • Visite de la Secrétaire d’Etat Clinton au Maroc (*)

    Visite de la Secrétaire d’Etat Clinton au Maroc (*)

    Visite de la Secrétaire d’Etat Clinton au Maroc (*) – Hillary Clinton, Lobbying, Etats-Unis, Edward Gabriel, Robert M. Holley, Sahara Occidental, Dialogue Stratégique,

    Contexte
    La visite de Hillary Clinton au Maroc, prévue le 26 février (2012, ndlr), sera très probablement son dernier voyage au Maroc en tant que secrétaire d’État américaine. Elle a clairement indiqué qu’elle ne resterait pas à son poste actuel si le Président Obama était réélu en novembre. Par conséquent, sa visite plus tard dans le mois représentera probablement notre meilleure opportunité d’obtenir un engagement de sa part pour faire des progrès significatifs sur plusieurs objectifs importants que nous avons espéré atteindre pendant son mandat au Département d’Etat. La visite offrira une bonne occasion de consolider les progrès réalisés lors de la rencontre entre le Ministre des Affaires Etrangères Fassi Fihri et la Secrétaire d’Etat Clinton à Washington en mars de l’année dernière, ainsi qu’une nouvelle occasion de faire un pas en avant important dans la consolidation du soutien américain à l’initiative du Maroc pour résoudre la question du Sahara Occidental.

    Objectifs de la visite
    Obtenir une déclaration publique de soutien de la part du Secrétaire aux réformes du Maroc et à l’importance que les États-Unis attachent à la collaboration avec le Maroc en tant que partenaire dans la promotion du progrès au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. À cet égard, obtenir l’assurance du Secrétaire d’inaugurer formellement le Dialogue stratégique annoncé il y a un an.

    Obtenir le soutien de Clinton pour engager les ressources américaines de développement afin d’améliorer la vie de ceux qui vivent dans les provinces du Sud, comme autorisé dans le projet de loi Omnibus Appropriations de décembre 2011 qui donne à l’administration Obama le feu vert pour utiliser les fonds américains dans les provinces du Sahara.
    Obtenir un engagement du Secrétaire que le ministère répondra à la langue Leahy dans une réponse forte et positive, afin de mettre cette question au repos, une fois pour toutes.

    Encourager le Secrétaire à réitérer le soutien américain à l’initiative marocaine d’autonomie comme « sérieuse, crédible et réaliste » et à déclarer publiquement que les événements dans la région rendent nécessaire une résolution de la question du Sahara Occidental par un compromis politique afin de promouvoir la coopération et l’intégration régionale, ainsi que de combattre l’influence et les activités croissantes des éléments terroristes et criminels régionaux qui cherchent à profiter des incertitudes des développements du printemps arabe dans la région.

    Points suggérés sur le Sahara Occidental
    Décrivez les mesures prises par le Maroc dans un effort pour améliorer les relations avec l’Algérie et favoriser un meilleur climat pour la coopération régionale et la résolution du problème du Sahara. Expliquez la perception marocaine des résultats de ces efforts.

    Donner au Secrétaire Clinton une pleine compréhension de l’engagement du Maroc à résoudre cette question aussi rapidement que possible et expliquer les dangers d’une impasse continue, en particulier alors qu’AQMI et d’autres groupes criminels cherchent à déstabiliser la région.

    Exprimer l’appréciation du Maroc pour l’autorisation donnée par le Congrès à l’administration Obama d’utiliser les fonds d’aide au développement des États-Unis pour aider à améliorer la vie de ceux qui vivent dans les provinces du Sud. Expliquer comment de telles actions pourraient aider à créer un meilleur climat pour résoudre le problème plus large du Sahara. Exprimez votre volonté de travailler en étroite collaboration avec le Département d’État et les agences de développement américaines pour identifier les programmes qui pourraient être mis en œuvre et suggérez qu’une réunion de travail soit organisée dans un avenir proche pour aborder cette opportunité de renforcer les efforts des États-Unis et du Maroc sur cette question. Ce sera le seul et unique signal pendant son mandat qui fera avancer progressivement la question du SS. Elle devrait le voir accompli avant de quitter son poste. C’est l’un des deux points les plus importants que Clinton peut faire avec le Maroc avant de quitter son poste.

    L’autre question qui laisserait une signature indélébile de Clinton est le dialogue stratégique entre les États-Unis et le Maroc. Elle devrait s’assurer que ce dialogue soit établi comme un processus continu, et que la première réunion ait lieu avant qu’elle ne quitte ses fonctions.

    Encourager la Secrétaire Clinton à faire une déclaration publique forte de soutien à la nécessité de résoudre le problème du Sahara et à réitérer la nécessité d’un compromis lorsqu’elle exprime à nouveau la vision américaine de l’initiative du Maroc comme « sérieuse, crédible et réaliste. » Tout ce qui n’est pas le cas sera perçu comme un retour en arrière du Département d’Etat sur ses engagements précédents.

    A cet égard, réitérer l’engagement du Maroc que les réfugiés dans les camps algériens sont les bienvenus pour rentrer chez eux et seront aidés à construire une nouvelle vie pour eux-mêmes et leurs familles.

    Expliquer les conséquences du langage de Leahy sur les relations bilatérales et la perception par la population marocaine. Expliquez spécifiquement l’importance d’une réponse positive forte et sans équivoque du Département d’Etat à cet égard afin de clore cette question une fois pour toutes.

    (*) Document élaboré par l’ancien ambassadeur au Maroc, Edward Gabriel (vient d’être nommé par Joe Biden membre de l’Institut de Paix des Etats-Unis, en attente de confirmation par le Sénat) et Robert M. Holley, membre de groupe marocain de lobbyinf à Washington.

    SOURCE : Marocleaks, 01/01/2022

    #Maroc #HillaryClinton #Lobbying #EdwardGabriel #RobertHolley #SaharaOccidental #DialogueStratégique

  • Maroc: Mensonges de l’ambassadeur Gabriel sur l’Algérie (3)

    Maroc: Rapport de l’ambassadeur Gabriel sur l’Algérie (3) – Maroc, Edward Gabriel, Lobbying, lobby israélien, Etats-Unis, Marocleaks

    Le rapport suivant provient de sources ouvertes et fermées. Aucune des informations n’a été corroborée par des tiers.

    RAPPORT MENSUEL SUR LA SITUATION EN ALGERIE

    Résumé exécutif
    Tendances politiques

    – Le Général Ahmed Kherfi a été remplacé à la tête du DSI, la branche de sécurité intérieure du DRS, par le Général Bachir Tartag, qui a une réputation de brutalité dans la lutte contre la subversion islamiste.

    – Les élections parlementaires qui doivent se tenir dans la première quinzaine de mai semblent devoir être beaucoup plus transparentes que les scrutins précédents, et il est fort probable que les partis islamistes s’en sortent particulièrement bien.

    – Le régime semble se préparer à une transition soigneusement gérée vers un gouvernement de coalition dominé par les islamistes, même si cela risque de déstabiliser les « laïques-modernistes » au sein du régime lui-même.

    – Dans ce qui semble être un mouvement tactique avant les élections, le gouvernement a commencé à légaliser de nouveaux partis politiques, afin de s’assurer qu’aucun parti ne puisse obtenir une majorité absolue.

    Relations extérieures

    – La visite du ministre marocain des Affaires étrangères, S. Othmani, en Algérie – son premier voyage à l’étranger depuis sa prise de fonction – a été considérée comme un signe que le rapprochement entre Rabat et Alger progresse.

    – Othmani, comme ses collègues du nouveau gouvernement islamiste, n’a cependant pas les mains totalement libres, et ceux qui détiennent réellement le pouvoir à Rabat et à Alger semblent toujours réticents à faire des compromis sur les questions clés qui les divisent : la frontière et le Sahara occidental.

    – Le Maroc a été invité à participer à la deuxième conférence ministérielle sur la sécurité dans la région du Sahara et du Sahel, qui se tiendra à Bamako en février, en grande partie parce qu’Alger reconnaît désormais qu’une coopération internationale plus large est nécessaire pour relever le défi de la dissémination des armes de la Libye dans la région.

    – Une source à la présidence algérienne a parlé de manière désobligeante de la capacité du Polisario à contribuer à l’effort de lutte contre le terrorisme au Sahara.

    Sécurité

    – Après une accalmie, le niveau d’activité d’AQMI a repris fin décembre et en janvier. La plupart des incidents étaient comme d’habitude concentrés en Kabylie.

    – Dans la région d’Alger, les forces de sécurité ont affronté les djihadistes juste au sud de l’aéroport Houari Boumedienne.

    – Le gouverneur de la province d’Illizi, dans le sud-est, a été enlevé et retenu pendant un certain temps en territoire libyen avant d’être libéré par une milice libyenne.

    – Tant la branche sahélienne d’AQMI que le groupe dissident qui a enlevé trois travailleurs humanitaires occidentaux dans les camps du Polisario à Tindouf l’automne dernier ont publié des communiqués menaçant la France.

    Tendances politiques

    Alors que le régime algérien négocie avec précaution les changements provoqués par le  » printemps arabe « , un changement est intervenu à la tête de la cruciale Direction de la sécurité intérieure (DSI) au sein du service de renseignement et de sécurité du DRS. Le 22 décembre, le général Abdelkader « Ahmed » Kherfi, qui dirigeait la DSI depuis un peu plus de deux ans, a été remplacé par le général Bachir « Athmane » Tartag, un officier de carrière du DRS réputé pour sa ligne dure[1], qui a apparemment été rappelé de sa retraite pour l’occasion.

    Ce changement – officiellement rendu nécessaire par les problèmes de santé non spécifiés de Kherfi – a suscité un nombre inhabituellement élevé de commentaires dans les médias, la plupart spéculatifs (et peut-être encouragés par l’establishment militaire et sécuritaire lui-même), avec diverses explications avancées pour le changement au sommet de cette importante institution. El Watan affirme que Kherfi a été démis de ses fonctions en raison des « nombreux revers subis par les services de sécurité dans la lutte contre AQMI » ; la tâche de Tartag, affirme le journal, est « d’éradiquer les derniers foyers d’AQMI qui existent encore dans le nord du pays et de prévenir une éventuelle prolifération du terrorisme aux frontières avec la Libye, le Niger et le Mali, en particulier à la suite des grands bouleversements géopolitiques en Afrique du Nord ». Le Matin estime lui aussi que Kherfi a été écarté en raison de ses lacunes en matière de lutte contre le terrorisme, notamment à cause de l’enlèvement de travailleurs humanitaires européens dans le camp Rabouni du Polisario en octobre. La nomination de Tartag est « synonyme d’un changement stratégique dans les strates du pouvoir », affirme Le Matin. Le portail d’information spécialisé Kalima DZ note que le général Kherfi « n’a pas su, ou n’a pas pu, empêcher la propagation des émeutes, des grèves, des rassemblements et des médias et le retour de l’opposition radicale » et suggère que le général Tartag réagira plus rapidement, et plus durement, à des événements tels que les émeutes liées aux prix des denrées alimentaires qui ont secoué les villes algériennes il y a un an ; ainsi, « les généraux algériens ont décidé de lever un barrage contre la marée de l’histoire ». Un autre site spécialisé, Maghreb Intelligence, place quant à lui le changement à la tête de la DSI dans le contexte d’une lutte pour le poste de général de corps d’armée. Mohamed « Tewfik » Médiène à la tête du DRS lui-même, suggérant que Tartag est le dauphin préféré de Tewfik.

    Une source proche de Tewfik à qui nous avons parlé met le retrait de Kherfi sur le compte d’un « conflit commercial quelconque » et insiste sur le fait que le changement n’a rien à voir avec la succession de Tewfik – malgré les spéculations occasionnelles de la presse sur sa santé, le chef du DRS « ne va nulle part » dans un avenir prévisible, insiste la source. Malgré tout, le choix d’une personnalité aussi controversée que Tartag – qui serait certainement la cible de poursuites judiciaires de la part de groupes d’opposition algériens en exil pour des violations passées des droits de l’homme s’il devait un jour se rendre en Europe – n’est pas anodin et mérite une certaine réflexion.

    Le changement à la tête de la branche sécurité intérieure du DRS intervient à un moment sensible. Bien que l’on puisse avoir le sentiment que le régime algérien a réussi à surmonter le pire des turbulences du printemps arabe, les prochaines élections législatives – qui doivent se tenir dans la première quinzaine de mai – risquent d’être un moment délicat. Les conditions ne sont peut-être pas réunies pour que les élections soient totalement libres et équitables (entre autres, les listes électorales, profondément défectueuses, n’ont pas été révisées, ce qui laisse la porte ouverte à des cas de vote multiple et à d’autres abus), mais les signes qui se dégagent jusqu’à présent indiquent que le régime se prépare à un scrutin qui sera considérablement plus transparent que les élections précédentes, au cours desquelles les truquages ont parfois été flagrants – un nombre important d’observateurs internationaux seront invités cette fois-ci, semble-t-il, et des urnes en plexiglas transparent sont censées remplacer les réceptacles éminemment bourrables utilisés par le passé. Les partis islamistes – qui bénéficient d’un soutien considérable au sein de la société algérienne dans son ensemble, et qui sont portés par les victoires électorales des islamistes au Maroc, en Tunisie et en Égypte – sont susceptibles de s’en sortir le mieux dans toute élection raisonnablement libre, et en effet, une majorité parlementaire islamiste ne pourrait en aucun cas être exclue. En effet, il semblerait que ce soit en prévision de cela que le MSP islamiste « formé à l’interne » ait annoncé le 1er janvier qu’il quittait l’Alliance présidentielle, dans laquelle il était associé au FLN et au RND depuis huit ans, pour faire cavalier seul (sans toutefois renoncer à ses portefeuilles ministériels pour le moment). Une « alternance à la marocaine » – un transfert soigneusement préparé et géré vers un gouvernement de coalition dominé par les islamistes – semble être la voie choisie par le régime, ou du moins une option qu’il est prêt à envisager. Objectivement, un gouvernement d’orientation islamiste n’est nullement incompatible avec les intérêts des principales parties prenantes du régime, pour autant que des garanties soient données quant à leur pouvoir et à leurs privilèges (immunité de poursuites pour les violations des droits de l’homme, respect des droits de propriété, y compris pour ceux dont la richesse a été acquise grâce à leur proximité avec l’appareil d’État, etc. ) – après tout, les gouvernements successifs de l’Alliance présidentielle, sous l’influence du MSP et de l’aile « islamo-conservatrice » du FLN dirigée par Abdelaziz Belkhadem, ont déjà fait beaucoup pour la réislamisation des mœurs sociales et, sans doute, de la loi. Mais subjectivement, le régime est encombré par l’héritage de la guerre civile des années 1990 et 2000, au cours de laquelle il s’est fortement appuyé sur le discours anti-islamiste, exposé de manière cohérente et persistante par les laïcs-modernistes non seulement dans les médias et la classe politique, mais aussi dans les propres rangs du régime, y compris dans l’armée et les services de sécurité. Ces éléments laïcs-modernistes seront certainement alarmés par le glissement vers un gouvernement ouvertement islamiste, ce qui pourrait provoquer des tensions au sein des propres organes du régime. Dans ce contexte, la nomination d’un officier ayant la réputation d’être un ennemi inflexible, voire brutal, des islamistes à la tête de la DSI pourrait avoir pour but d’apaiser ces craintes.

    Entre-temps, en préparant sa tactique pour les prochaines élections, le gouvernement semble faire tout son possible pour balkaniser le paysage politique, afin qu’aucune force politique ne puisse obtenir la majorité. Dans un renversement apparent des pratiques passées, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a donné le feu vert à au moins dix nouveaux partis pour tenir leurs assemblées constitutives et a laissé entendre que l’autorisation complète de fonctionner pourrait être délivrée dans un délai d’un mois seulement – bien avant les élections parlementaires. Parmi ceux-ci figurent au moins trois partis islamistes : Le Front National pour le Changement d’Abdelmajid Menasra (une scission du MSP), le Front pour la Justice et le Développement d’Ahmed Djaballah et le Parti pour la Liberté et la Justice de Mohamed Saïd. Si l’expérience marocaine suggère qu’une telle tactique peut être très efficace, il convient de considérer que la multiplication des groupes politiques est susceptible d’augmenter la charge de travail du DRS, et plus particulièrement de la DSI, qui s’est historiquement fait un devoir non seulement de surveiller toutes les formations politiques mais aussi de maintenir des agents d’influence en leur sein. Que ce soit par accident ou à dessein, la stratégie et la tactique actuellement adoptées par le régime algérien semblent être garanties pour renforcer encore davantage le poids spécifique du DRS en général, et du DSI en particulier.

    Relations extérieures

    Il y a plusieurs mois, on s’en souvient, des sources algériennes ont commencé à suggérer que, les anciennes certitudes régionales s’effritant autour d’eux, les dirigeants algériens pourraient envisager de rétablir les ponts avec le Maroc, dans l’espoir d’assurer au moins une relation stable avec un pays voisin. Plus récemment, peu après les élections parlementaires marocaines de novembre dernier, au cours desquelles le PJD, parti islamiste modéré, est devenu le parti le plus important, l’un des principaux dirigeants du parti nous a laissé entendre que l’un des points centraux de son programme de gouvernement était un « réexamen » des relations du Maroc avec l’Algérie et une remise en question créative de tous les différends entre les deux pays (voir AMSR #109). Avec la visite à Alger, cette semaine, du nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, Saadedine El Othmani (l’un des principaux dirigeants du PJD), ces tendances au rapprochement semblent enfin se rejoindre – une impression d’autant plus forte que les médias algériens ont annoncé que le Maroc participerait désormais aux réunions du groupe dit du pays du champ[2] consacré à la sécurité dans la région du Sahara et du Sahel, dont il était jusqu’à présent ostensiblement exclu.

    El Othmani a tenu à choisir Alger comme destination pour son tout premier voyage à l’étranger en tant que ministre des Affaires étrangères, mais il serait sans doute erroné d’y voir une révolution dans les relations entre les deux pays, ou même le début d’une telle révolution. Le PJD peut être sincèrement engagé à réorienter la politique étrangère marocaine vers des liens avec les pays arabes et musulmans, en commençant par mettre les choses au clair avec l’Algérie, mais dans ce domaine comme dans d’autres, ses mains ne sont pas entièrement libres. Le gouvernement élu, dominé par le PJD, est effectivement suivi par ce qui s’apparente à un gouvernement parallèle de conseillers royaux au Palais – parmi lesquels le prédécesseur d’El Othmani, Taïeb Fassi-Fihri, ami et associé de longue date du Roi, qui s’est vu attribuer un poste dans l’équipe du Palais dès qu’il a cédé le ministère des affaires étrangères – et il n’y a que peu ou pas de chance réaliste qu’El Othmani et ses collègues dépassent les limites fixées par le Palais.

    Bien sûr, en tant que ministre des Affaires étrangères, M. Fassi-Fihri avait lui-même, au cours des mois précédents, fait des déclarations positives sur la normalisation des relations avec l’Algérie (voir AMSR #109). Mais il ne peut y avoir aucune perspective de changement qualitatif dans les relations entre les deux pays tant que chacun continue à insister sur la capitulation totale de l’autre sur les deux principales pommes de discorde entre eux, à savoir la question de la frontière et le sort du Sahara occidental, et il n’y a encore aucun signe qu’Alger ou Rabat soit vraiment prêt à saisir ces orties[3]. En effet, El Othmani n’a pu discuter ni de la frontière ni de la question du Sahara occidental pendant son séjour à Alger. El Othmani et son homologue algérien Mourad Medelci se sont certes promis de se rencontrer pour des « pourparlers politiques » tous les six mois, et il a été annoncé qu’une Haute Commission Mixte Algéro-Marocaine se réunira à Rabat le 17 février, mais ces démarches s’inscrivent dans la continuité de la politique suivie par Fassi-Fihri. L’innovation la plus frappante du voyage d’El Othmani à Alger a sans doute été sa rencontre en tête-à-tête avec Boudjerra Soltani – le leader du MSP islamiste modéré, qui n’occupe aucune fonction gouvernementale – au siège du MSP le 24 janvier, à l’issue de sa visite officielle de deux jours.

    Le lendemain du départ d’El Othmani d’Alger, le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères, Amar Belani, a jeté un froid sur les informations selon lesquelles le Maroc serait invité à rejoindre le pays du champ. Le Maroc ne serait pas intronisé dans le groupe dirigé par l’Algérie, a-t-il expliqué, mais simplement invité, avec de nombreux autres pays, à participer à une réunion beaucoup plus large sur la lutte contre le terrorisme au Sahara, qui se tiendra dans la capitale malienne, Bamako, en février. « Le noyau central restera exclusivement limité à quatre pays – l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie – avec l’ajout probable de la Libye, lorsque les Libyens en feront la demande », a déclaré M. Belani au portail d’information TSA, alors que le Maroc est « un partenaire extra-régional qui n’est pas concerné par les réunions du pays du champ, comme celle qui vient de se tenir à Nouakchott. » En d’autres termes, ce à quoi le Maroc est invité est le suivi de la Conférence ministérielle sur la sécurité au Sahel qui s’est tenue à Alger en septembre dernier (avec la participation des États-Unis, des autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies et des pays de l’Union européenne).

    On est encore loin d’une véritable coopération en matière de sécurité. Mais l’invitation faite au Maroc de participer à la deuxième conférence ministérielle est une sorte de percée – malgré la pression de la France, Alger aurait refusé d’inviter les Marocains à la première édition en septembre (voir AMSR #107). Un membre du personnel de la présidence algérienne nous dit que la décision d’inviter le Maroc – ainsi que la Libye, la Tunisie[4] et l’Égypte – cette fois-ci est dictée par une simple nécessité : la nécessité de faire quelque chose contre la prolifération des armes libyennes dans la région du Sahara et du Sahel, y compris au Maroc, où les autorités ont saisi des armes importées clandestinement de Libye[5]. Une source politique mauritanienne, que l’on croit proche du président Ould Abdelaziz[6], va plus loin en affirmant qu’Alger a été « obligée de revoir sa stratégie » en matière de coopération antiterroriste, en grande partie parce qu’elle est « véritablement terrifiée par la possibilité de prolifération des armes libyennes » sur son propre territoire. Les Algériens ont été poussés dans cette direction par un certain nombre de signaux d’alarme, selon la source mauritanienne : la reprise de l’insurrection touareg dans le nord du Mali (où l’Algérie était censée être le garant de la paix et de la réconciliation nationale), menée par des combattants touaregs revenus de Libye avec d’abondantes réserves d’armes[7] ; une présence de plus en plus active dans le sud de l’Algérie d’unités d’AQMI répondant aux chefs sahéliens de l’organisation, Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeid ; et des renseignements fournis, selon la source, par les services de sécurité mauritaniens concernant un plan présumé d’AQMI pour la déstabilisation du sud de l’Algérie. Ces facteurs, combinés aux pressions exercées par les États-Unis, la France et (selon la source) la Mauritanie, auraient incité Alger à commencer à s’éloigner de la « conception rigide de la souveraineté » qui sous-tend sa doctrine en matière de sécurité et qui a constitué un obstacle à une coopération efficace dans la lutte contre le terrorisme transnational.

    Selon la source politique mauritanienne, la tâche la plus difficile à laquelle les Mauritaniens ont été confrontés pour persuader les Algériens d’être plus accommodants a été de les convaincre que l’implication du Maroc dans la lutte contre le terrorisme transnational ne devait en aucun cas affecter la situation du Polisario. Pour sa part, la source à la présidence algérienne n’a fait que les plus brèves allusions au Polisario, notant que des questions avaient été soulevées dans les milieux politiques algériens quant aux raisons pour lesquelles la République arabe sahraouie démocratique n’avait pas été invitée à la conférence ministérielle de Bamako et affirmant que, bien que le Polisario soit bien sûr concerné par la lutte contre le terrorisme, il « ne dispose pas des moyens nécessaires pour y participer efficacement ». Cette évaluation plutôt laconique peut refléter un certain degré d’insatisfaction et de frustration de la part des dirigeants algériens face à l’attitude maladroite du Polisario à la suite de l’enlèvement des travailleurs humanitaires occidentaux du camp de Rabouni, près de Tindouf, que nous avons commenté dans notre dernier rapport.

    Sécurité

    Après une période exceptionnellement calme au cours des trois premières semaines de décembre 2011 (voir le rapport précédent), Aqmi a intensifié son activité dans les derniers jours de 2011[8]. Le mois de janvier a connu une nouvelle accélération, avec 23 opérations enregistrées jusqu’au 26 janvier.

    Comme à l’accoutumée, la grande majorité des opérations d’Aqmi se sont déroulées en Kabylie (sur 34 incidents enregistrés pour la période du 20 décembre au 26 janvier, 18 étaient à l’initiative d’AQMI, et parmi eux, pas moins de 14, pour la plupart des bombes en bord de route, ont eu lieu en Kabylie). Dans la région d’Alger, les forces de sécurité ont tendu une embuscade à deux djihadistes et les ont abattus le 8 janvier sur la route de Khemis el-Khechna à Hammadi, entre les wilayas de Boumerdès et d’Alger, à environ 10 km au sud de l’aéroport international Houari Boumedienne. Un soldat a été blessé et est décédé à l’hôpital quatre jours plus tard.

    Ailleurs, l’incident le plus remarquable s’est produit le 16 janvier lorsqu’un groupe d’hommes armés a enlevé le gouverneur d’Illizi, Mohamed Laïd Khelfi, près de Deb Deb et lui a fait traverser la frontière libyenne. Libéré par des combattants libyens le lendemain, il est rentré en Algérie le 18 janvier, souffrant d’une épaule cassée. Les trois ravisseurs étaient des habitants de la région qui protestaient contre les lourdes peines de prison infligées à leurs proches dans une affaire liée au terrorisme au début du mois de janvier[9]. La ville de Deb Deb avait été le théâtre de plusieurs manifestations et sit-in la semaine précédente, ce qui a incité le gouverneur à se rendre dans la ville dans l’espoir de calmer la situation, mais il a été enlevé sur le chemin du retour. Aqmi a publié une déclaration datée du 18 janvier « saluant l’intifada de notre peuple à Deb Deb » et déclarant son soutien à la « lutte pour la justice » des habitants. Elle a également mis en garde les nouvelles autorités libyennes contre la remise des ravisseurs à l’Algérie. Malgré son dénouement rapide, cette affaire est profondément embarrassante pour le gouvernement algérien. Le fait qu’un gouverneur régional ait été enlevé[10] aussi facilement par des « amateurs » dans ce qui devrait être une zone de haute sécurité près de la frontière libyenne entame sérieusement la crédibilité des services de sécurité algériens à un moment où la situation aux frontières de l’Algérie reste dangereusement volatile.

    À l’est, la Libye reste chaotique. Outre la contrebande d’armes, les autorités algériennes doivent désormais faire face à la menace d’incursions régulières de combattants libyens indisciplinés. En janvier, à deux reprises au moins, des combattants libyens ont arrêté des citoyens algériens qui, selon eux, étaient entrés en territoire libyen. Il ne peut être exclu que de telles incursions conduisent à des affrontements isolés entre les milices libyennes et les forces algériennes.

    De l’autre côté des frontières méridionales de l’Algérie, alors que la renaissance de la rébellion touareg dans le nord du Mali (voir ci-dessus) ajoute une autre dimension aux difficultés d’Alger, Aqmi elle-même a été relativement calme[11]. Le 12 janvier, cependant, Aqmi a envoyé une déclaration à une agence de presse mauritanienne affirmant disposer d’ »informations fiables » selon lesquelles la France, « avec le soutien de l’Algérie et de la Mauritanie », prépare une opération militaire pour libérer les otages occidentaux détenus par le groupe. Le communiqué avertit ensuite les pays européens qu’une telle action « reviendrait à signer l’arrêt de mort de vos citoyens ». La France a également été la cible de menaces de la part de Jamat Tawhid wal Jihad fi Gharbi Afriqqiya (Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe jusqu’alors inconnu qui a revendiqué le 10 décembre l’enlèvement de travailleurs humanitaires occidentaux au camp de Rabouni, près de Tindouf (voir AMSR n°108). Le 3 janvier, le groupe, qui décrit ses membres comme des dissidents d’Aqmi, a envoyé à l’AFP un communiqué « déclarant la guerre à la France, ennemie de l’Islam », accompagné d’une vidéo des trois otages capturés à Rabouni en octobre. FIN

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    [1] De 1990 à 2001 – une décennie qui comprend les pires années de la « sale guerre » algérienne – Tartag, alors colonel, a dirigé le Centre Principal Militaire d’Investigation de Ben Aknoun, à Alger, une unité du DRS qui avait la sombre réputation d’être un centre de torture et le port d’attache des escadrons de la mort.

    [2] « Pays du champ ». A ce jour, l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, qui, sur le papier du moins, participent au commandement militaire conjoint (CEMOC) pour le Sahara formellement établi lors d’un sommet à Alger en 2010.

    [3] Le site d’information algérien TSA a, il est vrai, rapporté que la police algérienne entreprend des « préparatifs techniques » pour l’ouverture de la frontière terrestre, suggérant que la frontière pourrait être ouverte au trafic dès le début du mois de mai, mais cette affirmation – qui n’est pas sans précédent – reste pour l’instant non confirmée.

    La date exacte de la deuxième conférence ministérielle n’a pas encore été fixée, semble-t-il, en partie parce que les organisateurs attendent toujours que la Libye et la Tunisie confirment qu’elles enverront des représentants[5].

    [5] Ceci est cohérent avec ce que nous avions entendu de sources marocaines à l’automne dernier. Une source non gouvernementale nous a dit à la mi-novembre : « Les forces de sécurité – police, garde-frontières, gendarmerie et forces auxiliaires – sont en état d’alerte maximum, avec des instructions spécifiques pour prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les cargaisons d’armes, qui sont censées être en route depuis la Libye, d’atteindre le territoire marocain. Les zones frontalières adjacentes à l’Algérie et à la Mauritanie font l’objet de mesures de surveillance exceptionnelles. … Au cours des dernières semaines, des véhicules transportant des étrangers ont [également] été arrêtés et contrôlés dans la zone située au nord de Laayoune, ainsi qu’aux points d’entrée de chaque ville et village sahraoui. La police admet librement qu’elle recherche des armes en provenance de Libye. »

    [6] Qui s’est rendu à Alger pour des entretiens sur la sécurité avec le président Bouteflika à la mi-décembre, on s’en souvient.

    [7] Les 16 et 17 janvier, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, un nouveau groupe issu de la fusion de factions rebelles touaregs maliennes, a lancé une offensive en attaquant les villes de Menaka, près de la frontière avec le Niger, d’Aguelhok et de Tessalit, près de la frontière avec l’Algérie. Un certain nombre de soldats algériens auraient été évacués de Tessalit. Le 26 janvier, les rebelles auraient pris le contrôle de la ville d’Aguelhoc, près de la frontière avec le Niger, et d’un camp abandonné de l’armée malienne à Léré, près de la frontière avec la Mauritanie. Un communiqué du gouvernement malien affirme que des « combattants d’AQMI » ont pris part aux raids aux côtés de combattants du MNLA, mais cela semble peu probable dans la mesure où l’une des plaintes des rebelles touaregs contre le gouvernement central est que celui-ci a effectivement donné carte blanche à AQMI pour établir un refuge dans les terres touaregs du nord du Mali.

    [Par conséquent, le niveau d’activité des djihadistes en décembre était, dans l’ensemble, comparable à celui des mois précédents (21 opérations en tout, contre 23 en novembre et 22 en octobre).

    Le 2 janvier, un tribunal d’Alger a condamné Abdelhamid Abou-Zeid, l’un des chefs d’Aqmi au Sahel et originaire de Deb Deb, à la prison à vie et cinq membres de sa famille à dix ans de prison chacun pour « formation d’un groupe armé international »[10].

    [10] C’est la première fois qu’un gouverneur régional est enlevé depuis le début des troubles.

    [La seule action rapportée du groupe est l’enlèvement d’un gendarme mauritanien le 20 décembre, à la suite duquel il a publié un communiqué demandant au « régime mauritanien » de libérer deux de ses prisonniers en échange de la libération du soldat.

    SOURCE: Marocleaks, 28/12/2021

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