Étiquette : logiciels espions

  • Nexa Technologies et Amesys dévoilent le double jeu de Paris

    L’inculpation de cadres français pour avoir soutenu des dictatures africaines révèle l’hypocrisie et le double jeu de Paris.

    Par Kit Klarenberg, un journaliste d’investigation qui explore le rôle des services de renseignement dans l’élaboration de la politique et des perceptions. Suivez-le sur Twitter @KitKlarenberg

    Les poursuites engagées à l’encontre de grands chefs d’entreprise parisiens pour collaboration avec des gouvernements « ennemis » ont retenu l’attention des médias. Mais le fait qu’il s’agisse d’une pratique courante en France reste obstinément l’éléphant dans la pièce.

    Le 22 juin, il a été annoncé que quatre dirigeants d’entreprises françaises avaient été inculpés de « complicité d’actes de torture » pour avoir aidé les autorités nord-africaines à espionner des personnalités de l’opposition qui ont ensuite été détenues et torturées.

    Philippe Vannier, ancien directeur de la société de défense Amesys, et Olivier Bohbot, actuel directeur de Nexa Technologies, spécialiste de la sécurité intérieure, figurent parmi les personnes mises en examen. Le premier est accusé d’avoir fourni au gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi des solutions d’ »inspection approfondie des paquets », qui permettaient aux autorités d’intercepter secrètement des communications Internet privées. Le second aurait vendu le logiciel Cerebro, capable de tracer les messages et les appels en temps réel, au président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.

    Cette affaire a été largement rapportée par les médias, bien que très peu d’entre eux aient mentionné que l’accord entre Amesys et la Libye avait été signé à un moment où les relations entre Paris et Tripoli s’étaient améliorées, avec notamment une rencontre officielle entre Kadhafi et le président de l’époque, Nicolas Sarkozy, en décembre 2007. Depuis, il a été allégué que la campagne électorale de Sarkozy cette année-là a reçu jusqu’à 50 millions d’euros de paiements illicites de l’État libyen, et en mars 2018, il a été inculpé pour des délits de corruption.

    À l’inverse, la couverture médiatique n’a absolument pas tenu compte du fait que le soutien aux dictateurs en Afrique est non seulement de rigueur pour la France, mais qu’il s’agit en fait de la politique officielle du pays depuis des décennies.

    Connue sous le nom de « Françafrique », elle a été inaugurée en 1959, lorsque Paris a commencé à accorder l’autonomie à ses anciennes colonies et à ses possessions impériales dans le monde entier – dans de nombreux futurs États, cela a suivi des années de luttes armées brutales pour l’indépendance, tandis que dans d’autres, notamment en Algérie, les conflits ont fait rage pendant un certain temps par la suite. La même année, le président Charles de Gaulle a créé une unité spéciale, baptisée « cellule africaine », qui lui rendait directement compte et était chargée de maintenir l’influence économique du pays sur son « pré carré » (arrière-cour).

    Depuis lors, la France a tenté de maintenir cette influence par le biais de vastes réseaux politiques, commerciaux, financiers, militaires et de renseignement répartis sur tout le continent, soutenant des gouvernements complaisants, corrompus et répressifs au moyen d’élections truquées, de coups d’État, d’assassinats et d’actions militaires. Entre 1960 et 2020, Paris a lancé 50 interventions ouvertes distinctes pour protéger les dirigeants qu’elle avait choisis en Afrique. Les chiffres concernant les activités clandestines menées pendant cette période ne sont pas disponibles.

    Le Tchad offre un exemple particulièrement palpable de la Françafrique en action. Bien qu’il ait ostensiblement obtenu son indépendance en août 1960, le pays a vu des troupes y être régulièrement envoyées depuis, afin de protéger les dictatures successives et de faire respecter leur pouvoir.

    En mai 2016, les Chambres africaines extraordinaires ont déclaré Hissène Habré, président du Tchad entre 1982 et 1990, coupable de viols, d’esclavage sexuel et d’avoir orchestré le meurtre d’au moins 40 000 personnes pendant son mandat, et l’ont condamné à la prison à vie au Sénégal. Avant sa violente prise de pouvoir, il avait passé de nombreuses années à la tête du Conseil de commandement des forces armées du Nord, une milice rebelle qui a commis de nombreuses atrocités et s’est rendue tristement célèbre pour avoir pris des Européens en otage.

    En 1974, le Conseil a notamment enlevé l’archéologue française Françoise Claustre. L’année suivante, la France a envoyé le commandant Pierre Galopin, conseiller du président tchadien de l’époque, Ngarta Tombalbaye, pour négocier sa libération. Au lieu de cela, il a été pris en otage, puis exécuté par les forces de Habré quelques jours seulement avant que Tombalbaye ne soit lui-même assassiné par des officiers de l’armée.

    Cependant, Paris a choisi de soutenir Habré, fournissant à son gouvernement un important soutien militaire et de renseignement, aidant le régime à écraser les troubles internes et les tentatives d’incursions des troupes libyennes dans le nord du pays. En outre, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le service de renseignement extérieur de la France, a fourni une formation et un soutien étendus à la nouvelle police secrète du président, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), parfois sur son propre sol.

    Les méthodes de torture couramment utilisées par la DDS consistaient notamment à brûler les détenus avec des objets enflammés, à leur pulvériser du gaz dans les yeux, les oreilles et le nez, à les obliger à avaler des quantités excessives d’eau et à les forcer à mettre la bouche autour des tuyaux d’échappement des voitures en marche. Les dossiers de l’agence, récupérés par Human Rights Watch en 2001, révèlent qu’au moins 1 208 personnes ont été tuées ou sont mortes en détention, et que 12 321 ont été victimes de graves violations des droits de l’homme.

    En 1983, la France a lancé l’opération Manta, son plus grand engagement militaire en Afrique depuis la guerre d’indépendance algérienne, afin de supprimer les factions rebelles soutenues par la Libye au Tchad. Au cours de cette opération, les troupes françaises ont été directement impliquées dans de nombreux abus graves commis par les forces gouvernementales, et des avions français ont été utilisés pour transporter des soldats ennemis capturés afin de les interroger, les torturer et les exécuter.

    Trois ans plus tard, l’opération Epervier a été lancée pour se défendre à nouveau contre l’avancée des forces libyennes. La France a ensuite maintenu une présence militaire permanente au Tchad jusqu’en 2014, avec des milliers de soldats et une constellation de bases militaires réparties dans tout le pays. Les moyens de l’opération se sont avérés décisifs pour aider le président de l’époque, Idriss Deby Itno, à repousser les assauts des rebelles sur N’Djamena, la capitale du pays.

    Itno – qui a chassé Habré en 1990 – était l’un des nombreux Tchadiens ayant reçu une formation militaire en France. Il a été tué en avril alors qu’il commandait des forces combattant les rebelles, dix jours après avoir remporté haut la main sa sixième élection présidentielle, à l’issue d’un scrutin largement critiqué comme étant truqué. « Je sais d’avance que je vais gagner, comme je l’ai fait au cours des trente dernières années », avait-il déclaré pendant la campagne.

    Le président français Emmanuel Macron a assisté à ses funérailles, ainsi que les dirigeants du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, tous des États qui accueillent actuellement des troupes françaises sous les auspices de l’opération Barkhane, qui a prolongé les vrilles de l’opération Epervier dans la région du Sahel. Leur présence est de plus en plus mal accueillie par les populations locales et a donné lieu à d’importantes protestations, mais il est peu probable qu’elles partent de sitôt. Comme l’a déclaré l’ancien président Jacques Chirac en 2008, « sans l’Afrique, la France glissera au rang de troisième puissance [mondiale] » – une perspective réaffirmée par un rapport officiel du Sénat français de 2013, intitulé « L’Afrique est notre avenir ».

    En tant que tels, les procès des cadres français inculpés pourraient donner lieu à des révélations très intéressantes, notamment pour savoir si la fourniture d’équipements de surveillance aux gouvernements égyptien et libyen a été autorisée, voire carrément dirigée, par des politiciens, des espions et/ou des officiers militaires français.

    Si ce n’est pas le cas, ils ont au moins beaucoup à offrir pour leur défense. Selon le ministère britannique des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement, le régime du président égyptien al-Sisi, depuis sa prise de pouvoir lors d’un coup d’État sanglant en 2013, est caractérisé par une escalade de la torture, des brutalités policières, des disparitions forcées, des décès en détention et d’autres horreurs. Sur la population carcérale du pays, qui compte environ 106 000 personnes, 60 000 sont des prisonniers politiques, et les lois sur la sécurité nationale permettent d’incarcérer des personnes sans inculpation ni procès pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans.

    Pourtant, ce n’est qu’en décembre 2020 que Macron a accueilli al-Sisi pour une visite d’État de trois jours à Paris. Le boucher du Caire a remercié son « cher ami » pour l’ »accueil chaleureux » qu’il avait reçu, tandis que le président a rejeté les appels à lier les ventes d’armes à l’Égypte aux droits de l’homme. On ne peut s’empêcher de penser à l’observation de Balzac selon laquelle « les manières sont l’hypocrisie des nations », ou encore à celle de La Rochefoucauld selon laquelle « nous ne confessons nos petites fautes que pour nous persuader que nous n’en avons pas de grandes ».

    RT, 23 juin 2021

    Etiquettes : Nexa Technologies, Amesys, espionnage, dictateurs, répression, opposants, Philippe Vannier, Amesys, Olivier Bohbot, Mouammar Kadhafi, Al Sissi, Cerebro, logiciels espions, Françafrique,


  • Qu’est-ce qu’un logiciel malveillant et comment protéger votre téléphone?

    Au Nigeria, 1 téléphone mobile Android sur 9 serait infecté par un logiciel malveillant. C’est la conclusion d’une étude menée par une société de technologie mobile, Upstream, après avoir étudié 415 000 transactions.

    Le rapport est issu d’une étude qui s’est déroulée sur trois mois. L’étude avait pour but de déterminer les niveaux de fraude mobile dans le pays pendant la pandémie Covid-19, notamment entre novembre 2020 et janvier 2021.

    Les activités des logiciels malveillants peuvent aller de la simple modification des paramètres d’un téléphone mobile, à des fraudes plus dangereuses comme l’extraction de mots de passe et d’informations personnelles.

    Qu’est-ce qu’un logiciel malveillant ?

    Les virus et les logiciels malveillants sont des programmes qui peuvent s’attaquer aux ordinateurs, tablettes, téléphones et autres appareils numériques.

    Un virus est un petit programme conçu pour causer des problèmes en accédant à votre appareil. Il peut copier vos données personnelles ou ralentir votre appareil. Il se propage en se dupliquant et en s’attachant à d’autres fichiers.

    En combinant les mots « malevolent » (qui signifie « nuisible/malveillant ») et software (« logiciel »), on obtient le mot « malware » en anglais. Les virus ne sont qu’un type de logiciels malveillants parmi d’autres.

    Analyse de Qemal Affagnon, Directeur pour l’Afrique de l’Ouest de l’ONG Internet sans frontières
    Comment faire attention à ces logiciels et ne pas s’exposer ?

    Les gens ne font pas attention quand ils téléchargent des applications. C’est un constat que l’on peut faire dans de nombreux pays. Les mobinautes africains sont soumis aux menaces liées aux infections sur des appareils mobiles.

    Il y a de nombreux sites internet aujourd’hui, de nombreuses applications proposant des services attractifs. Malheureusement dans certains cas, ce type de services présentent de nombreux risques.

    Certains logiciels malveillants découverts sur des téléphones portables en Afrique permettent de soumettre des demandes frauduleuses au nom des utilisateurs des téléphones portable à l’insu de ces derniers.

    Face à une pareil menace, il est important justement que les mobinautes africains redoublent de vigilance et de prudence et adoptent une bonne hygiène numérique en mettant régulièrement leur téléphone à jour et en changeant leur code de sécurité.

    Avec les fonctionnalités liées au déverrouillage digitale ou facial, on peut collecter de précieuses informations qui couplées avec d’autres informations collectées en ligne ou concernant la mobilité des utilisateurs de téléphone peuvent être très précieuses pour construire un tissus économique qui peut profiter à de nouveaux acteurs sur le continent africain.

    Quels sont les dangers ?

    En Afrique en général, c’est le système prépayé qui domine. Ces logiciels malveillant soutirent du crédit téléphonique à l’insu des abonnés. C’est un vieux constat auquel les consommateurs de téléphonie mobile étaient confrontés et qui continue de se reproduire en Afrique aujourd’hui.

    Il faut éviter de télécharger des applications ou de solliciter des services depuis des sources parfois douteuses. Il est également conseillé de privilégier les applications proposées depuis Playstore ou Appstore . En plus si vous pouvez installer un antivirus sur votre téléphone, il est fortement conseillé de le faire.

    Il faut aussi bloquer l’installation de tout ce qui peut être application de provenance inconnue. Il faut aussi faire attention à ne pas cliquer sur les nombreuses publicités qui apparaissent sur votre téléphone quand vous l’utilisez.

    Que peut-il arriver à votre appareil ?

    Les logiciels malveillants sont conçus pour empêcher votre appareil de fonctionner correctement et parfois pour voler vos informations.

    Votre appareil peut être endommagé très rapidement s’il est infecté par un logiciel malveillant. Il peut se bloquer, redémarrer ou ralentir.

    Votre connexion Internet peut également être ralentie pendant que le virus cherche d’autres appareils à infecter ou transmet vos données à son créateur.

    Quels sont les types de logiciels malveillants ?

    Virus

    Un virus est un type de logiciel malveillant qui se propage par le biais de programmes normaux. Une fois que votre appareil a un virus, il peut se propager facilement et rapidement. Un virus peut simplement ralentir votre appareil – ou vous faire perdre toutes vos applications et tous vos documents !

    Vers

    Les vers peuvent se propager d’un appareil à l’autre, mais contrairement à un virus, ils n’ont pas besoin de s’attacher à d’autres programmes. Les vers peuvent se copier des centaines de fois, ce qui leur permet de nuire très rapidement à votre appareil et à d’autres appareils. Un ver peut se copier sur votre compte de messagerie et en envoyer une copie à tous vos contacts de messagerie !

    Cheval de Troie

    Un cheval de Troie (ou simplement un cheval de Troie) prétend être un programme utile et sûr, alors qu’en réalité il essaie d’attaquer votre appareil.

    Les chevaux de Troie doivent leur nom à l’histoire du cheval de Troie. On raconte qu’il y a de nombreuses années, l’armée grecque a amené un grand cheval de bois aux portes de la ville de Troie. Les habitants de Troie ont pensé que c’était un cadeau et l’ont fait entrer. Ils ne savaient pas que dans le cheval se trouvaient des soldats grecs prêts à attaquer. Pouvez-vous comprendre pourquoi un cheval de Troie sur un appareil porte le nom de cette histoire ?

    Logiciels espions

    Les logiciels espions sont des logiciels qui s’installent sur des appareils et volent des informations personnelles sur l’utilisateur, comme des mots de passe, des adresses électroniques et d’autres informations importantes. Il le fait souvent en enregistrant tout ce que l’utilisateur tape, ce que l’on appelle l’enregistrement des touches. Certains logiciels espions peuvent même utiliser votre webcam à votre insu.

    Comment éviter les virus ou les logiciels malveillants ?

    Les Africains ne sont pas à l’abri de l’exploitation ou du vol de leur données à travers leur téléphone, selon Qemal Affagnon.

    Il conseille d’être prudent lorsque vous utilisez votre appareil. Lorsque vous utilisez le Web ou le courrier électronique, ne cliquez sur rien sans savoir de quoi il s’agit. Vérifiez s’il s’agit d’un courriel que vous attendez d’une adresse que vous reconnaissez ou d’un site auquel vous êtes sûr de pouvoir faire confiance.

    Installez un logiciel anti-virus et effectuez des analyses régulières. Cela permettra de mettre en évidence tout logiciel suspect.

    Que révèle l’étude au Nigéria ?

    L’étude a révélé la présence d’environ 576 applications malveillantes dans le pays.

    Upstream a réalisé cette étude avec sa branche de cybersécurité, Secure D. Elle indique que nombre de ces applications sont toujours actives et n’ont pas encore été retirées de la boutique Google Play.

    Le rapport identifie les cinq principales applications au « comportement suspect » comme étant XOS Launcher, HiOS Launcher, Phoenix Browser, AHA Games et Cobo Launcher Easily DIY Theme.

    Dans de nombreux téléphones Android vendus au Nigeria, ces applications sont préinstallées. Par exemple, « com.android.fmradio », une application de lecteur radio, serait responsable de 99,8 millions de transactions frauduleuses.

    Upstream affirme que seuls 2,6 % des appareils dans le monde abriteraient des applications à haut risque. Elle ajoute que certains marchés mobiles sont plus ciblés que d’autres par les acteurs malveillants. Selon le rapport, le risque de fraude s’est accru lorsque davantage d’entreprises et de particuliers se sont tournés vers l’Internet mobile pendant la pandémie.

    Dimitris Maniatis, PDG d’Upstream, estime que les novices du numérique dans les communautés rurales, qui dépendent des téléphones mobiles pour rester connectés au monde, peuvent facilement devenir des victimes

    BBC News, 23 avr 2021

    Etiquettes : Informatique, téléphones portables, ordinateurs, logiciels, logiciels espions, virus, cheval de troye, vers, hacking, piratage,


  • La Jordanie veut s’acheter des logiciels espions israéliens

    La société israélienne NSO serait en pourparlers avec la Jordanie pour la vente d’une nouvelle technologie d’espionnage.

    La société israélienne de cyberespionnage NSO est en pourparlers avec le gouvernement jordanien concernant la vente d’une nouvelle technologie d’espionnage à Amman, rapporte Axios.

    Les services de renseignement jordaniens sont connus pour surveiller les groupes terroristes sur le sol jordanien, mais ils ont également été critiqués pour leur répression des critiques du gouvernement.

    Les pourparlers ont débuté l’année dernière et des représentants de NSO se sont rendus à Amman à cette occasion, rapporte Axios.

    NSO a été critiqué pour l’utilisation de ses technologies par des pays autoritaires du monde entier afin d’étouffer les militants de l’opposition.

    The Times of Israel, 21 avr 2021

    Etiquettes : Jordanie, Israël, NSO, logiciels espions, Pegasus, Whatsapp, espionnage,

  • Les dirigeants mondiaux doivent réglementer les logiciels espions et mettre fin à la surveillance des journalistes.

    La campagne du CPJ documente les liens entre l’espionnage et d’autres violations de la liberté de la presse

    New York, le 15 mars 2020 – À la lumière de dizaines d’incidents au cours desquels des journalistes et leurs proches ont été ciblés par des logiciels espions, le Comité pour la protection des journalistes a lancé aujourd’hui une campagne appelant les gouvernements à mettre fin à l’utilisation de logiciels espions et à prendre des mesures pour empêcher les États ayant un mauvais bilan en matière de liberté de la presse de se procurer de tels outils.

    Le CPJ a cartographié des dizaines d’incidents dans lesquels des journalistes et leurs proches ont été ciblés par des logiciels espions depuis 2011. Le projet s’appuie sur des recherches publiées et des entretiens du CPJ pour démontrer les implications mondiales pour la liberté de la presse de la surveillance à l’aide d’outils avancés vendus aux gouvernements pour l’application de la loi et la collecte de renseignements.

    « Une industrie secrète de logiciels espions a permis aux puissants d’espionner les journalistes et leurs proches et nous avons un besoin urgent de transparence et de responsabilité », a déclaré Robert Mahoney, directeur exécutif adjoint du CPJ. « C’est pourquoi nous demandons aux gouvernements d’interdire les attaques de la presse par des logiciels espions, et de sanctionner ceux qui continuent à les autoriser, à les mener ou à les faciliter – y compris les entreprises et les tiers qui fournissent la technologie et l’expertise derrière des portes closes. »

    De nombreux pays soupçonnés d’espionnage sont connus pour réprimer les médias, et les recherches du CPJ montrent que certains des journalistes ciblés, ou ceux qui ont un lien avec eux, ont également fait l’objet d’arrestations et de violences physiques en représailles de leur travail.

    Points clés :

    -Les logiciels espions peuvent exposer les communications avec les sources, suivre les mouvements d’un journaliste ou voler des informations privées, exposant ainsi les cibles à des attaques physiques et à d’autres formes de censure.
    -La carte interactive du CPJ répertorie 38 journalistes, commentateurs et leurs proches collaborateurs ciblés par des logiciels espions – souvent avec succès – ainsi que les États suspectés dans chaque cas et les entreprises qui les auraient fournis.
    -Les chercheurs ont attribué les attaques à des acteurs situés aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Maroc, en Éthiopie, au Mexique et en Inde.
    -Les cibles des logiciels espions étaient situées dans neuf pays, dont les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et la France.
    -Quatre sociétés accusées d’avoir fourni les logiciels espions sont basées en Israël, en Italie et en Allemagne.
    -Certaines des cibles ont été emprisonnées pour leur travail, notamment Omar Radi et Maati Monjib au Maroc, selon les recherches du CPJ.
    -Parmi les cibles non journalistiques figurent Griselda Triana, veuve du journaliste mexicain assassiné Javier Valdez, et Omar Abdulaziz, confident du chroniqueur saoudien assassiné Jamal Khashoggi du Washington Post.

    Les recommandations du CPJ aux gouvernements et aux entreprises sur la manière de mettre fin à l’utilisation abusive des logiciels espions sont disponibles dans une note d’orientation détaillée. Le CPJ propose également des conseils de sécurité numérique aux journalistes sur la manière de protéger leurs informations, ainsi que des conseils spécifiques sur le logiciel espion Pegasus de NSO Group.

    Le 18 mars à 12 heures EDT, le CPJ partagera les résultats de ses recherches et discutera de l’impact des logiciels espions sur la liberté de la presse et la sécurité des journalistes lors d’un événement en ligne, « Une menace invisible : La liberté de la presse et les dangers des logiciels espions », avec des experts du CPJ, le blogueur saoudien Omar Abdulaziz, la journaliste d’Al-Jazeera Ghada Oueiss, et Bryan Fogel, directeur de « The Dissident ». Cliquez ici pour plus de détails et pour confirmer votre présence à l’événement.

    La méthodologie de la carte et de la recherche, compilée par Jonathan Rozen, chercheur principal du CPJ pour l’Afrique, peut être consultée ici.

    Committee to protect journalists, 15 mars 2021

    Tags : Logiciels espions, espionnage, répression, presse, journalistes, NSO, Pegasus, Whatsapp, Maroc, Maati Monjib, Omar Radi,

  • « La justice américaine examine le piratage de WhatsApp par une société d’espionnage israélienne »

    Le ministère américain de la Justice a demandé des informations sur la prétendue tentative de la société d’espionnage israélienne NSO de pirater les comptes de 1400 utilisateurs de WhatsApp.

    Les avocats du ministère ont récemment contacté WhatsApp avec des questions techniques, rapporte The Guardian. La prétendue tentative de piratage aurait été effectuée au début de 2019 et aurait déjà fait l’objet d’une enquête du FBI à l’époque. Plus tard cette année-là, WhatsApp a intenté une action en justice contre NSO. Dans ce cas, WhatsApp déclare que la société israélienne est «  étroitement impliquée  » dans les hacks WhatsApp aux utilisateurs.

    NSO fabrique des logiciels espions qui ne seraient livrés qu’aux gouvernements et aux responsables de l’application des lois. Pourtant, le logiciel espion de NSO serait utilisé par certains utilisateurs pour espionner des journalistes, des fonctionnaires et des organisations de défense des droits humains.

    Diverses cibles

    Les 1400 comptes qui, selon WhatsApp, étaient menacés par des logiciels espions de NSO appartiennent à toutes sortes d’utilisateurs. Il y avait un numéro de téléphone de la capitale américaine Washington D.C., mais aussi de nombreux militants politiques d’Espagne, des journalistes d’Inde et du Maroc, des dissidents rwandais et un clergé pro-démocratie du Togo.

    WhatsApp poursuit le fabricant de logiciels espions israélien

    Le logiciel espion le plus connu de NSO s’appelle Pegasus. Ce logiciel espion fonctionnerait à la fois sur Android et iOS, et pourrait écouter les cibles, prendre des captures d’écran et transmettre des données telles que l’emplacement, l’historique Internet et le carnet d’adresses de l’utilisateur.

    WhatsApp soutenu par des concurrents

    WhatsApp ne veut pas répondre au journal britannique. NSO dit qu’il n’est au courant d’aucune recherche. Le fabricant de logiciels espions revendique son immunité souveraine dans le cas de WhatsApp: aucune responsabilité pour ce que les gouvernements font avec les logiciels espions NSO.

    WhatsApp a déjà été soutenu par Google, Microsoft et Amnesty International dans l’affaire contre NSO. Le juge se prononcera prochainement sur l’affaire.

    RTL Nieuws, 1 mars 2021

    Tags : Whatsapp, NSO, espionnage, Pegasus, spuware, logiciels espions, Maroc